7.2.2 Projection des polarisations

Les six antennes du STARRS sont polarisées linéairement dans une direction contenue le plan Pa défini par l’axe Z
 A de l’avion et par la direction de visée de l’antenne A (c’est le plan transversal à l’avion). Je vais déterminer comment relier cette polarisation (que j’appelerai polarisation x) aux V- et H-pol. La géométrie du problème est illustrée sur la figure 7.14.


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FIG. 7.14: Géométrie du calcul de la polarisation dans un référentiel incliné résultant du mélange des polarisations verticale et horizontale.


Les polarisations verticales et horizontales ont été définies dans la section 4.1 par rapport au plan d’incidence Pi : la V-pol est contenue dans Pi et la H-pol est orthogonale à Pi. Le plan Pi est défini par la normale à la mer N et par la direction de visée de l’antenne A. Quand l’avion est à l’horizontal (i.e. que hT = hR = 0), les directions N et ZA sont confondues. Les plans Pi et Pa sont par conséquent eux aussi confondus, et donc la polarisation x appartient à Pi ; il s’agit donc de la V-pol. De même, lorsque l’avion est incliné uniquement dans le plan transversal (i.e. hR/=0, hT = hL = 0) alors Pi et PA sont aussi confondus et la X-pol correspond à la V-pol. Lorsque l’avion est incliné de sorte que ZA n’appartienne plus à Pi, alors Pi/=Pa et la X-pol n’est plus identifiable à la V-pol. La X-pol est alors un mélange de polarisation entre la V- et la H-pol (voir figure 7.14). L’intensité du mélange de polarisations est déterminé par l’angle a entre la X-pol et la V-pol. On déduit alors la Tb en polarisation x (Tx) des relations données dans l’annexe J.4 et particulièrement de l’équation J.101. On a alors, en négligeant le troisième paramètre de Stokes,

Tx - ~  Tvcos2 ap + Thsin2ap,

ap = (h', f',hR,hT,hL) est fonction de la direction de l’antenne dans le repère de l’avion et de l’attitude de l’avion. Pour déterminer l’écart entre la X- et la V-pol, soit Tx - Tv, on définit DT b = Tv - Th , et il vient

(DTb)pol = Tx - Tv = - DTb sin2ap.


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FIG. 7.15: Variation de l’angle de rotation des polarisations pour les données EuroSTARRS avec l’angle d’incidence, pour les six antennes, à partir des données du vol Gascogne.


Comme avec le STARRS on ne dispose pas de mesures sur deux polarisations orthogonales, on ne peut se ramener à une Tv et une Th à partir de la seule mesure de Tx. Pour comparer le modèle et les mesures, j’ai donc transformé les Tb en V- et H-pol simulées par le modèle en une estimation de Tx pour chaque mesure EuroSTARRS. En effet, la transformation des Tx mesurées en Tv et Th aurait nécessité de faire une hypothèse sur DTb. La grandeur de la correction a appliquer va donc dépendre de deux termes, DTb et sin2ap. Le premier terme est faible pour les faibles angles d’incidence, car Tbmer diffère peu entre les V- et H-pol. Ce terme va augmenter avec l’angle d’incidence jusqu’à une centaine de Kelvins à h = 60o. Il n’y a pas de relation simple entre ap et h, car pour un h donné, ap va dépendre de l’attitude de l’avion. La variation des ap, calculé à partir des données EuroSTARRS/Gascogne, avec l’angle d’incidence est illustrée sur la figure 7.15. En règle générale, la rotation des polarisations est d’autant plus forte que l’angle d’incidence de l’antenne est faible et que le tangage est élevé. Sur la figure 7.15, on distingue des ”langues” verticales qui correspondent au moment (17h30) où l’avion a subit un fort tangage, conjugué à un faible roulis, causé par changement d’altitude.


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FIG. 7.16: Différence entre la température de brillance en polarisation x (Tx)du STARRS, et celle émise par la mer en polarisation verticale Tv. Ces Tb sont simulées par le modèle d’émissivité à partir des données du vol Gascogne.



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FIG. 7.17: Histogramme de la différence entre la température de brillance en polarisation x (Tx) du STARRS, et celle émise par la mer en polarisation verticale Tv. Ces Tb sont simulées par le modèle d’émissivité à partir des données du vol Gascogne.


Aux faibles h, où le mélange de polarisation est fort (i.e. ap est grand), Tbmer diffère peu entre la V- et la H-pol (voir la figure 4.30), alors qu’aux grands h, où l’écart de Tbmer entre les polarisations est fort, Tx est essentiellement sensible à Tbmer en V-pol (faible ap). Par conséquent, les effets de DTb et de sin2ap vont se compenser de sorte que l’effet du mélange des polarisations est modéré (voir la figure 7.16) ; il est inférieur à 4 K pour la majorité des mesures (voir la figure 7.16), sauf aux très grands angles d’incidence de l’ordre de 80o où il peut atteindre 10 K (voir la figure 7.17). On peut remarquer sur la figure 7.16 que les ”langues” sur la figure 7.15 se traduisent par des ”langues” de 4 à 5 K d’amplitude.