5.2.2 Application de la méthode à l’inversion de la SSS à partir des mesure de SMOS

Dans le cas de la mesure de T b par SMOS, on dispose de N mesures de Tb supposées indépendantes (N dépend de l’emplacement de la ligne de mesure dans la fauchée)
[Tb1,Tb2,...,TbN],

du même pixel vu sous N angles d’incidence différents

[h1,h2,...,hN ],

avec des erreurs de mesure sur Tb (en écart type)

[sT1,sT2,...,sTN ].

On suppose que l’on a aussi une estimation initiale du paramètre exogène SST, et dans certains des scénarii de U, que l’on appelle respectivement (SST)0 et (U)0 (ces estimations peuvent provenir de mesures satellitales ou de modèles météorologiques). Les incertitudes respectives sur ces paramètres initiaux sont sU et sSST. On cherche alors à déterminer la SSS et son incertitude sSSS par un processus itératif. On commence par fixer une estimation initiale de la SSS (dans notre cas (SSS)0 = 34 psu). Nous n’avons pas observé d’influence notable de (SSS)0 sur le résultat de l’inversion, mais elle influence un peu la rapidité de convergence du calcul. On obtient à partir du modèle direct d’émissivité décrit dans le chapitre 4, une estimation initiale des N températures de brillance donnée par

(T  ) = f [(SST) ,(U ) ,(SSS) ,h].
  bi 0         0    0     0  i

De ces estimations, on dérive les écarts dTbi entre les Tb estimées ((Tbi)0) et les Tb mesurées définis comme

 |_       _|    |_               _| 
   dTb1        Tb1- (Tb1)0
   dTb2        Tb2- (Tb2)0
 |_   ...   _|  =  |_      ...       _| .
  dT         T   - (T  )
    bN         bN     bN 0

En posant dSSS = SSS - (SSS)0, dSST = SST - (SST)0 et dU = U - (U)0, on a

 |_       _| 
  dTb1         |_        _| 
  dTb2          dSSS
 |_   ...   _|  = J . |_  dSST  _| ,
  dT             dU
    bN

J est la matrice jacobienne au point [(SST)0,(U )0,(SSS)0] donnée par

      |_                                  _| 
       @Tb1/@SSS   @Tb1/@SST   @Tb1/@U
       @Tb2/@SSS   @Tb2/@SST   @Tb2/@U
J  =  |_     ...           ...          ...     _|  .
       @T  /@SSS  @T   /@SST  @T  /@U
         bN          bN          bN

En utilisant aussi la SST et U comme des mesures indépendantes au même titre que les Tbi, on obtient les systèmes suivants

 |_      _|    |_                                   _| 
 dTb1        @Tb1/@SSS   @Tb1/@SST   @Tb1/@U
 dTb2        @Tb2/@SSS   @Tb2/@SST   @Tb2/@U     |_        _| 
   ...             ...           ...         ...        |_  dSSS  _| 
 dT     =   @T   /@SSS  @T  /@SST   @T  /@U   .  dSST   ,
 |_ dSbSNT  _|   |_    bN 0        bN1         bN0      _|    dU
  dU             0          0          1

que l’on normalise par les écarts types pour le résoudre au sens des moindres carrés. On a alors

 |_  _|    |_                                                          _| 
dTb1/sT1      1/sT 1× @Tb1/@SSS   1/sT1× @Tb1/@SST    1/sT1× @Tb1/@U
dTb2/sT2      1/sT 2× @Tb2/@SSS   1/sT2× @Tb2/@SST    1/sT2× @Tb2/@U     |_  dSSS  _| 
... =           ...                   ...                  ...         . |_  dSST  _|  ,
dTbN/sTN     1/sTN × @TbN/@SSS  1/sTN × @TbN /@SST  1/sTN × @TbN/@U       dU
 |_ dSST/sSST _|    |_         0                1/sSST               0          _| 
dU/sU             0                   0                1/sU

que l’on réécrit

(  y  )
   y1        (  x1 )
    2.    = A .  x2   .
    ..           x3
   y34

À l’état initial, on a y33 = y34 = 0 car SST = (SST)0 et U = (U)0. (SST)0 à la surface du globe est déduite de la climatologie Reynolds ([76]) (voir la figure 4 de l’article section 5.2.3) et (U)0 est déduit des mesures satellitales QSCAT illustrées sur la figure 4.38 (bas). L’incertitude sur la SST est fixée à sSST = 1oC. L’incertitude sur le vent dépend du scénario envisagé (voir l’article section 5.2.3) ; si l’on dispose de vents instantanés, sU est de 1.5 m.s-1 pour 3 m.s-1 < U < 15 m.s-1 , de 2 m.s-1 pour U < 3 m.s-1 et de 10% de U pour U > 15 m.s-1. Si l’on utilise une moyenne sur 10 jours et 200x200 km2, sU est une combinaison de l’erreur précédente et de la variabilité du vent sur 10 jours, 200x200 km2 deduite de l’écart type des mesures de vents par le satellite QSCAT (figure 7 de l’article). La matrice A est calculée avec le modèle direct d’émissivité. On résoud alors le système pour obtenir x avec la méthode exposée dans l’annexe O. À partir de x, on réévalue la SSS, la SST et U et on obtient de nouvelles estimations

(SSS)1  =  (SSS)0 + dSSS                        (5.25)
(SST)1  =  (SST)0 + dSST                        (5.26)
  (U)   =  (U) + dU                             (5.27)
     1        0
On recalcule A au point ((SSS)1,(SST)1,(U)1, et de nouvelles estimations
(Tbi)1 = f [(SST)1,(U )1,(SSS)1,hi].
On en déduit un nouveau y, pour lequel on va chercher un nouvelle solution x. On itère ainsi jusqu’à ce que la méthode ait convergée, c’est à dire jusqu’à ce que
 V~ ----------------------------------
  (DnSSS  )2   (DnSST  )2  (DnU  )2     -10
    -sSSS-   +  -sSST--  +   -sU--  < 10   .
(5.28)

Dn X = (X)n - (X)n-1 représente la correction apportée à la variable X à la nième itération sur sa valeur après la (n - 1)ième itération.