Reevaluating the conviction of ethical monism through the prism of neorepublicanism : on the relevance of a perfectionist approach to modern political freedom
Réévaluer la condamnation du monisme éthique au prisme du néorépublicanisme : de la pertinence d’une approche perfectionniste de la liberté politique moderne
Résumé
Condemning ethical monism is not enough to define modern political freedom. We oppose the position inspired by Isaiah Berlin, that acknowledging value pluralism as an ontological reality would entail that freedom is the absence of ethical constraint. We prove instead that ethical monism is a complex concept. It does imply at least two versions: a “full-blown monism” which restricts liberty, and a “pluralist monism”. The consistency of the latter lays on the distinction between ontological and epistemological premises, which allows it to combine an ethical constraint regarding the horizon of human existence with the individual freedom to define the content of the good life. Then “pluralist monism” permits a redefinition of perfectionism, through a clearer separation from paternalism which is opposed to individual freedom.The study takes roots on the classical question of distinguishing between liberties of the ancients and of the moderns – as in Benjamin Constant’s theory – and between positive and negative freedom as Berlin did. But it mainly underlines a deeper issue: instead of identifying which conception of freedom is best, we reveal that we must firstly question the relevance of our basic conceptual tools about freedom. Applying this viewpoint change to the neorepublican case, we make possible the refounding of a modern civic virtue respectful of pluralism. Hence we develop a “post-Pettit” perfectionist neorepublicanism that explains how a well-understood ethical monism can be the condition for realizing modern political liberty.
Condamner le monisme éthique ne suffit pas à définir la liberté politique moderne. Contrairement à la thèse, inspirée par I. Berlin, selon laquelle la reconnaissance du pluralisme des valeurs comme réalité ontologique impliquerait que la liberté suppose l’absence de toute contrainte éthique, nous démontrons que le monisme éthique est un concept complexe. Il comprend au moins deux variantes, le « monisme complet » liberticide, et le « monisme pluraliste ». La cohérence de ce dernier repose sur la distinction entre deux prémisses – ontologique et épistémologique – lui permettant de conjuguer une contrainte éthique quant à l’horizon de l’existence humaine avec la liberté individuelle de définir le contenu de la vie bonne. Le « monisme pluraliste » permet alors de redéfinir le concept de perfectionnisme en le séparant plus clairement du paternalisme, qui s’oppose à la liberté individuelle.Cette étude s’enracine dans la question désormais classique des distinctions entre libertés des anciens et des modernes chez Constant, et libertés positive et négative chez Berlin. Mais elle souligne surtout que la tension problématique est plus profonde : au lieu de chercher à identifier la meilleure conception de la liberté, nous démontrons qu’il faut avant tout interroger la pertinence des outils conceptuels fondamentaux à partir desquels nous nous posons la question de la liberté. Ce décentrement du regard, appliqué au cas du néorépublicanisme, rend possible la refondation d’une vertu civique moderne respectueuse du pluralisme. En développant un néorépublicanisme perfectionniste « post-Pettit », nous faisons du monisme éthique bien compris la condition de la liberté politique moderne.
Origine : Version validée par le jury (STAR)