1.4 Conclusion

Nous avons, dans ce chapitre, tenté d'apporter une vision globale sur les processus cognitifs que met en jeu l'activité de conception créative. N'étant pas expert de ce domaine, nous avons essayé d'y porter un regard aussi détaché et modéré que possible, considérant toutefois cette connaissance comme une base indispensable à la conception de systèmes informatiques créatifs (nous entendons par la qui supportent l'activité humaine créative).

Ainsi, nous avons souligné en quels termes l'outil informatique pouvait favoriser la créativité dans la résolution de problèmes de conception créative en complétant et favorisant les activité d'exploration, de génération de solutions et d'évaluation. Il en ressort alors l'enjeu majeur de l'intégration, la transparence de l'utilisation de l'informatique dans la démarche créative. Bien que nous accordions aussi un certain crédit à une relative prise en compte des modèles cognitifs pour concevoir des systèmes ouverts à la création, il nous parait primordial que cette intégration passe par l'utilisation des techniques figuratives utilisées par le concepteur: le dessin sous toutes ses formes.

Nous nous sommes placés dans un cadre précis de conception créative, l'architecture. Il y a deux justifications à ce choix. La première est que, bien que l'on puisse dégager des notions génériques et communes à tous les domaines de la conception, les spécificités et détails de chacun d'eux sont à notre avis la clef de leur intégration dans la démarche. Les tentatives de standardisation montrent souvent leurs limites, et en particulier dans le domaine de l'interaction où les techniques actuelles s'articulent autour de la spécialisation à la tâche de l'utilisateur. Dès lors, il était important de choisir un domaine d'application pour nos travaux, ce qui n'est pas incompatible avec l'application de nos solutions à d'autres domaines, dans une démarche identique (voir le chapitre 5). La seconde justification est notre proximité et notre connaissance de spécialistes de l'architecture qui ont facilités notre appréhension de ce domaine.

La fin de ce chapitre précise donc les particularités de la conception architecturale, et notamment l'importance que tient le dessin dans ce processus, à notre avis encore plus marquée que dans les autres champs de la conception créative (ce que suggère la citation de Franck HAMMOUTHÈNE en début de ce chapitre). Nous avons précisé la place actuelle de l'informatique dans la conception architecturale, mais surtout expliqué les apports envisageables. Ces apports possibles se situent en grande partie au niveau des phases préliminaires, posant alors le problème de leur intégration. Car en effet, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, les logiciels actuels souffrent d'une profonde inadéquation avec ces activités, tout spécialement en terme d'interaction et de saisie des données numériques: ce que l'on appelle d'une manière générale la modélisation 3D.

Finalement, nous pouvons clore ce chapitre, en reprenant la définition de CAO que nous avions citée au début de cette étude: «Conception assistée par ordinateur ou C.A.O., ensemble des techniques informatiques qui permettent l'élaboration d'un produit nouveau. La conception assistée par ordinateur a de nombreuses applications dans l'industrie automobile et l'aéronautique». Nous avions noté l'aspect paradoxal de cette définition qui, bien que le terme contienne le mot conception, ne réfère guère aux aspect créatifs de la conception que nous avons soulignés dans ce chapitre. Les constats que nous feront dans le chapitre suivant confirment la justesse de cette définition en montrant que les logiciels actuels de CAO ne supportent pas (ou très peu) la créativité, et ne sont après tout que des techniques informatiques, des outils de « Construction d'Artefacts sur Ordinateur».

stuf
2005-09-06