La métallurgie dans la Porte de Bourgogne au 17e siècle - TEL - Thèses en ligne Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2023

Metallurgy in the Porte de Bourgogne in the 17th century

La métallurgie dans la Porte de Bourgogne au 17e siècle

Résumé

Already marked for a long time by the exploitation of the polymetallic mines of Rosemont, the Porte de Bourgogne sees, from the end of the 16th century to the 1680s, the establishment of a large number of large forges, with in chronological order those of Chagey, Audincourt, Blussans, Belfort, Grandvillars and Lucelle, which swarm in the Ognon valley with those of Bonnal, Montagney and Larians. The production of these forges far exceeded the needs of a population decimated by the Thirty Years War.The predominant economic model, and deeply innovative, is that of mass production, fully exploiting the capacities of the establishments, sold through complex merchant networks, which go from Geneva to Schaffhausen, and from Strasbourg to Bern. The large forges thus belong to an intermediate economic model, between the two dimensions established by Fernand Braudel of the local market economy and the capitalist world of the large international merchants. They presuppose major contributions of capital, both to build up supplies and to ensure credit for resellers, which only the big merchants can provide.The history of these forges thus represents a fight for the distribution of the added value between the lord owners, who hold the mines, the forests and the hydraulic resources, their farmers masters of the forges, and the big merchants, between the landed property, technical knowledge and commercial and financial networks. Caught in the crossfire, the forge masters, and in particular the Barbaud family, carried out strategies aimed at ensuring their supremacy, which ranged from the purchase of seigneuries followed by the creation of new factories, to attempts to establish a monopoly of production over an area stretching from the Val-de-Saône to the Black Forest, strategies that came up against the reactions of the lords, those of the merchants, and the lack of sufficient capital, despite the resources provided by the salt traffic , the stranglehold on the king's farms and the exploitation of the silver mines, the successive support of the Colbert and Louvois clans, and the matrimonial alliances established both in Basel and in Geneva. Their resolute adherence to Protestantism and the impact of Louis XIV's wars on trade to Switzerland and Germany further complicate the situation.Other actors participate, at their level, in this complex game, and in particular the village communities, who discover that the user forests, hitherto under-exploited, take on with the presence of the forges a value that they intend to haggle. . The economic benefits of the factories, through the internal workers who hold empirical know-how, and the external workers who ensure the supply of mines and charcoal, are combined with major changes in traditional lifestyles and mixtures of populations that interpenetrate with difficulty.
Déjà marqué de longue date par l’exploitation des mines polymétalliques du Rosemont, la Porte de Bourgogne voit, de la fin du 16e siècle aux années 1680, l’implantation d’un nombre important de grosses forges, avec dans l’ordre chronologique celles de Chagey, d’Audincourt, de Blussans, de Belfort, de Grandvillars et de Lucelle, qui essaiment dans la vallée de l’Ognon avec celles de Bonnal, de Montagney et de Larians. La production de ces forges dépasse de très loin les besoins d’une population décimée par la Guerre de Trente Ans.Le modèle économique prédominant, et profondément novateur, est celui d’une production de masse, exploitant pleinement les capacités des établissements, écoulée à travers des réseaux marchands complexes, qui vont de Genève à Schaffhouse, et de Strasbourg à Berne. Les grosses forges appartiennent ainsi à un modèle économique intermédiaire, entre les deux dimensions établies par Fernand Braudel de l’économie de marché locale et du monde capitaliste des grands marchands internationaux. Elles supposent des apports en capitaux importants, tant pour constituer les approvisionnements que pour assurer le crédit aux revendeurs, que seuls les grands marchands peuvent fournir.L’histoire de ces forges représente ainsi un combat pour la répartition de la valeur ajoutée entre les seigneurs propriétaires, qui tiennent les minières, les forêts et la ressource hydraulique, leurs fermiers maîtres de forges, et les grands marchands, entre la propriété foncière, le savoir technique et les réseaux commerciaux et financiers. Pris entre deux feux, les maîtres de forge, et en particulier la famille Barbaud, mènent des stratégies visant à assurer leur suprématie, qui vont de l’achat de seigneuries suivi de la création de nouvelles usines à des tentatives d’établissement d’un monopole de la production sur un périmètre allant du Val-de-Saône à la Forêt-Noire, stratégies qui se heurtent aux réactions seigneuriales, à celles des marchands, et au manque de capitaux suffisants, en dépit des ressources procurées par le trafic du sel, la mainmise sur les fermes du roi et l’exploitation des mines d’argent, de l’appui successif des clans Colbert et de Louvois, et des alliances matrimoniales nouées tant à Bâle qu’à Genève. Leur appartenance résolue au protestantisme et les incidences des guerres de Louis XIV sur le commerce en direction de la Suisse et de l’Allemagne compliquent encore la donne.D’autres acteurs participent, à leur échelle, à ce jeu complexe, et en particulier les communautés villageoises, qui découvrent que les forêts usagères, jusque-là sous-exploitées, prennent avec la présence des forges une valeur qu’elles entendent bien marchander. Les retombées économiques des usines, à travers les ouvriers internes détenteurs des savoir-faire empiriques, et les ouvriers externes qui assurent l’approvisionnement en mine et en charbon de bois, se conjuguent avec des modifications fortes des modes de vie traditionnels et des mélanges de populations qui s’interpénètrent difficilement.

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  • HAL Id : tel-04524746 , version 1

Citer

Michel Estienne. La métallurgie dans la Porte de Bourgogne au 17e siècle. Histoire. Université Bourgogne Franche-Comté, 2023. Français. ⟨NNT : 2023UBFCA008⟩. ⟨tel-04524746⟩
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