Comment s'épuise le crime : contextes, parcours et représentations des processus de désistance sur le territoire parisien - TEL - Thèses en ligne Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2021

The unmaking of crime : contexts, pathways and representations of the processes of desistance in Paris

Comment s'épuise le crime : contextes, parcours et représentations des processus de désistance sur le territoire parisien

Résumé

Since the second half of the twentieth century, the punitive trend in our societies has led to prison overcrowding. In France, as of January 1, 2020, there were 70,651 inmates in prison for an accommodation capacity of 61,080. Public opinion, which is aware of this issue, and the media obsessed by street crime are exerting political pressure to devise ways of preventing young people from entering a career of delinquency and of reducing high rates of reoffending : three years after release, 2 out of 3 ex-prisoners return to prison.After the development of several sentence adjustments and alternative measures to prison — parole, probation, community service, and more recently, electronic monitoring — probation has had to face a great deal of criticism and develop new insights to respond to its detractors by empirically justifying its contributions. This is even more the case with the rise of rational choice theories to explain crime — highly critical of the role of prevention and probation — whose transcription into public policy in the form of systemic penal hardening has led to an increase in incarceration and reoffending rates.In response, research on desistance has emerged in the United States and has shown that the vast majority of people involved in offending eventually get out of it, often through pathways that stray from the perimeter of institutional actors' interventions, or sad to say, seek to escape their counterproductive effects. Studying the mechanisms that govern the process of desisting from crime in France is thus at the heart of this thesis. The approach presents the originality of collecting the experience of individuals in order to understand the course of desistance and thus completes insights into the effects on and reception by its public of penal policies.In the course of this research, allowed for by the opening of the probation services and those of the city of Paris, 33 tales of desistance were collected on the Parisian territory, using the biographical interview method. The inductive analysis of this qualitative material produced new knowledge on the pathways out of crime. Thus, this work has highlighted at least 3 major forces that are articulated in this process :• The influence of spheres of socialization which evolve, express themselves and/or fade in the reorganization of a path outside a former deviant referential.• The various stigmas and blocking representations to be deconstructed in order to bring about this change: about offenders ; about the money they yielded ; about the opportunities offered or denied by passing the “crime” square.• The key role of resource persons in such trajectories, which allowed to propose a typology of the trajectories of desistance according to their basic endowment of resources, their relationship to institutions and the progress in the constitution of new capitals to initiate and accomplish their conversion.This research is an encouragement to multiply the entry points for understanding the complex process of exits, including the viewpoint of the desisters. It aims to establish the basis for a longitudinal and systematized study of the future of those who withdraw to increase their chances of success and hasten the onset of their commitment to an exit.
Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la tendance punitive de nos sociétés a abouti à une surpopulation carcérale. En France elle s’élève au 1er janvier 2020 à 70 651 détenus écroués pour 61 080 places opérationnelles. L’opinion publique sensibilisée à cette thématique et un espace médiatique accaparé par les formes de la délinquance de rue exercent une pression politique pour concevoir les moyens de prévenir l’entrée des jeunes dans une carrière de délinquance et réduire les taux élevés de récidive : dans les trois ans après une incarcération, 2 sortants sur 3 retournent en prison.Après le développement de plusieurs dispositifs d’aménagements de peine et de mesures alternatives à la prison — la liberté conditionnelle, le sursis avec mise à l’épreuve, le travail d’intérêt général, et plus récemment le placement sous surveillance électronique — la probation a dû faire face à de nombreuses critiques et produire des pistes nouvelles pour répondre à ses détracteurs en justifiant empiriquement ses apports. C’est encore plus le cas avec l’essor des paradigmes de l’analyse rationnelle du crime — très critique sur le rôle de la prévention et de la probation — dont la transcription en politique publique sous la forme d’un durcissement pénal systémique a engendré une augmentation des taux d’incarcération et de récidive.En réponse, les recherches sur la désistance ont émergé aux États-Unis et prouvé que la grande majorité des personnes impliquées dans la délinquance finit par en sortir, souvent par des voies de traverses qui s’éloignent du périmètre d’interventions des acteurs institutionnels, ou pire, qui cherchent à se soustraire à leurs effets contreproductifs. Étudier les mécanismes qui président au processus de sortie des carrières dans la délinquance en France constitue ainsi le cœur de cette thèse. L’approche présente l’originalité de recueillir l’expérience de justiciables pour comprendre le déroulement de ce phénomène et complète ainsi le regard sur les effets et la réception de la politique pénale.Au cours de cette recherche, fondée sur l’ouverture des services de probation et de ceux de la Ville de Paris, la méthode de l’entretien biographique a permis de recueillir 33 parcours de désistance sur le territoire parisien. L’analyse inductive de ce matériau qualitatif a produit des savoirs nouveaux sur les modalités de sortie de la délinquance. Ainsi, ce travail a mis en exergue au moins trois grandes forces qui s’articulent dans ce processus :• L’influence de sphères de socialisation qui évoluent, s’expriment et/ou s’estompent dans la réorganisation d’un parcours hors de l’ancien référentiel déviant.• Les divers stigmates et représentations bloquantes à déconstruire pour opérer ce changement : sur les auteurs d’actes de délinquance ; sur l’argent qu’ils génèrent ; sur les opportunités que présente ou obère un passage dans la délinquance.• Le rôle clé de personnes-ressources dans de tels parcours : on propose une typologie des trajectoires de désistance selon leur dotation de base en ressources, leur rapport aux institutions et l’avancement dans la constitution de nouveaux capitaux pour entamer et accomplir leur changement.Cette recherche invite donc à multiplier les points d’entrée pour comprendre le processus complexe des sorties, en incluant le point de vue des désistants. Elle vise à établir les bases d’une étude longitudinale et systématisée du devenir des désistants pour augmenter leurs chances de réussite et hâter leur engagement vers une sortie.
Fichier principal
Vignette du fichier
74151_BENAZETH_2021_archivage.pdf (419.49 Mo) Télécharger le fichier
Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

tel-03258616 , version 1 (11-06-2021)

Identifiants

  • HAL Id : tel-03258616 , version 1

Citer

Valerian Benazeth. Comment s'épuise le crime : contextes, parcours et représentations des processus de désistance sur le territoire parisien. Science politique. Université Paris-Saclay, 2021. Français. ⟨NNT : 2021UPASU003⟩. ⟨tel-03258616⟩
556 Consultations
16 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More