F. Dekeuwer-defossez, , p.3, 2010.

F. Dolto, Les Etapes majeures de l'enfance, les Editions Gallimard, p.178, 1994.

, Ce n'est pas pour autant que nous mettrons en cause la formation académique et l'expérience professionnelle de Françoise Dolto que nous serons d'ailleurs amenée à citer dans ce travail

J. Pontalis-dir, N. L'enfant, and . De-psychanalyse, Editions Gallimard, vol.19, p.17, 1979.

M. Ndiaye, Mon coeur à l'étroit, Editions Gallimard, p.143, 2007.

A. Mary and D. S. , Attachement mère-enfant, Enfance, tome, vol.36, pp.9-10, 1983.

C. Hall, Violette Leduc la mal-aimée, Collection Monographique Rodopi en Littérature Française Contemporaine sous la direction de Michaël Bishop, p.30, 1999.

F. Dolto and L. Féminin, Articles et conférences, les Editions Gallimard, p.123, 1998.

P. Girard, OEdipe masqué : une lecture psychanalytique de "L'Affamée" de Violette Leduc, Editions Des Femmes, p.228, 1986.

. Cf, C. De, M. Siguret, and . Le-divan-de-patrick-delaroche, , 2013.

, Cette phrase clôt le passage, en revanche, elle ne met pas fin à l'irritation de la mère. La rage de cette dernière continue à s'exprimer dans la suite du passage qui, par l'irruption de Fidéline, se transforme en un contrepoint textuel s'opposant presque à la première section. La compagnie de « l'ange Fidéline » change la donne car «, p.130

F. Bravo-dir, , p.92

C. Siguret, , p.232

V. Leduc, , p.181

F. Bravo-dir, , p.100

M. Ndiaye and H. , les Editions de Minuit, p.50, 1999.

V. Leduc and L. Taxi, , p.18

S. Marson, Le Temps de l'autobiographie, Violette Leduc ou La mort avant la lettre, p.236, 1998.

V. Entretien, «. Leduc, . La-folie-en-tête, ». La-forme, P. Par-pierre-de-boisdeffre et al.,

V. Leduc, , pp.32-33

M. Ndiaye, Trois femmes puissantes, pp.267-268

L. Moudileno, ». Puissance-insolite-de-la-femme-africaine-chez-marie-ndiaye, and L. Créateur, , vol.53, p.68, 2013.

M. Ndiaye, Trois femmes puissantes, p.268

G. Genette and I. Figures, , p.213

V. Leduc, , p.87

. Ibid, , vol.94

. Ibid, , vol.88

. Ibid,

V. Leduc, , p.94

C. Jansiti, , p.239

R. Barthes, T. Todorov, G. Genette, and L. , Analyse structurale du récit, Communications, vol.8, p.168

S. Marson, Le Temps de l'autobiographie, Violette Leduc ou La mort avant la lettre, pp.236-237

F. Bravo-dir, , p.322

G. Corneau, Père manquant, fils manqué, Que sont les hommes devenus, les Editions de L'Homme, p.27, 2014.

M. Ndiaye, Les Grandes personnes, p.25

M. Ndiaye, Papa doit manger, p.86

J. Dumais and . En, France : la protection de l'enfance en cheminement, Violence et maltraitance envers les enfants, vol.1, p.77, 2009.

J. Costa-lascoux and L. Loi, , p.201

M. Ndiaye, Mon coeur à l'étroit, p.328

M. Ndiaye, Trois femmes puissantes, p.56

M. Ndiaye, Les Serpents, p.31

M. Ndiaye, Trois femmes puissantes, p.56

, une variante de cette occurrence revient notamment à la page 50, p.48

M. Ndiaye, Trois femmes puissantes, vol.62, p.93

D. Paulme, La Mère dévorante, Essai sur la morphologie des contes africains, Editions Gallimard, p.312, 1976.

, NDiaye brosse le portrait incongru de ces géniteurs, d'un côté le père qui commit un meurtre et la mère dont la ferveur est investie dans la distribution de prospectus annonçant « Ils sont parmi nous » et représentant « le dessin maladroit, presque risible, d'un ange adulte assis à table parmi les membres d'une famille extatique, le sourire pervers, p.149

M. Ndiaye and L. , , p.178

. Ibid, , vol.182

. Ibid,

M. Ndiaye, Papa doit manger, vol.10, pp.21-29

V. Leduc, La Folie en tête, p.155

V. Leduc, , p.177, 1945.

V. Leduc and L. Bâtarde, , p.221

V. Leduc, , p.254, 1945.

, Leduc assiste souvent à des scènes familiales qu'elle ne manque pas de relater ; d'où une certaine nostalgie exprimée par les nombreux exemples tels que : « J'enviais les jeunes mères épanouies, j'enviais leurs horaires : la tablette de chocolat, le petit pain, le lait, l'orange qu'elles ouvraient comme s'ouvre une fleur ; j'enviais leur calme, J'oubliais leurs charges, p.222

V. Leduc, , p.47, 1945.

«. Anna, Bébé est comme il est

P. Jacques and M. Ndiaye, , 2001.

, Marie NDiaye, Les Serpents, pp.74-75

M. Ndiaye, Papa doit manger, p.44

. Ibid, , pp.47-48

M. Ndiaye, Mon coeur à l'étroit, p.302

G. Molinié and L. Stylistique, , p.28

E. Mélétinski, «. L'étude-structurale, and . Conte, Morphologie du conte, p.222, 1970.

M. Ndiaye, Mon coeur à l'étroit, p.332

V. Leduc, La Chasse à l'amour, p.330

J. Dubois, F. Edeline, J. Klinkenberg, P. Minguet, F. Pire et al., , p.107

J. Pruvost-dir,

V. Leduc and L. Bâtarde, , p.50

D. Paulme, , p.26

P. Brunel and L. Mythe-de-la-métamorphose, Librairie José Corti, p.46, 2004.

D. Paulme, , p.11

P. Brunel, , p.57

. Ibid,

P. Lejeune and L. Pacte-autobiographique, Editions du Seuil, p.27, 1975.

P. Lejeune and L. Pacte-autobiographique, , p.27

, Mémoire de maîtrise, p.28

. Ibid and . Citant-dorrit-cohn,

D. Cohn, La Transparence intérieure, Modes de représentation de la vie psychique dans le roman, p.67, 1981.

M. Ndiaye, Mon coeur à l'étroit, pp.274-275

V. Jouve, « Pour une analyse de l'effet-personnage, Littérature, n° 85, p.105, 1992.

. Vincent-jouve, , p.109

H. Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, 1998.

M. Ndiaye, Les Grandes personnes, p.30

L. Desblache, , p.13

V. Leduc and L. Bâtarde, , p.51

C. Jansiti, , p.346, 1994.

P. Jacques and M. Ndiaye, , 2001.

A. Asibong and S. Jordan, , p.69

C. Argand and M. Ndiaye,

T. Todorov, , p.48

M. Riegel, J. Pellat, and R. Rioul, , p.580

T. Todorov, , p.85

L. Desblache, , p.18

M. Ndiaye and L. , , p.103

A. Asibong and S. Jordan, , p.29

M. Ndiaye and L. , , pp.103-104

T. Todorov, , p.174

M. Ndiaye, Trois femmes puissantes, p.30

T. Todorov, , p.52

D. Rabaté, , p.28

M. Ndiaye, Trois femmes puissantes, p.312

I. I. Chapitre, De la recréation Nous avons précédemment relevé la primordialité de la métaphore se muant en métamorphose, physique chez NDiaye, et menant au-delà du monde physique chez Leduc. Or, la plus grande des transformations se situerait en dehors de leurs ouvrages pour faire d'elles les principales sujettes à « la métamorphose [qui] correspond à un voeu secret 1 », à savoir celui du devenir écrivain. En effet, la « mue en artiste (?) est le développement idéal 2 », ici en ce qui concerne Kafka, pour qui, « écrire (?), c'est s'écrire, c'est décrire la métamorphose rêvée qui a permis la libération de l'écriture, -et devrait par conséquent permettre une autre métamorphose

, Toutefois dans des circonstances et pour des motivations dissemblables

, Leduc vint à l'écriture dans un élan d'émancipation, au moment où elle quitte sa mère et son beau-père et désire s'installer avec Denise Hertgès, qui n'est autre que Cécile de Ravages ou Hermine de La Bâtarde

, « Il n'y a pas lieu d'en douter : à vingt ans

, L'assouvissement de cette passion lui semble pourtant inatteignable, et la condition d'écrivain lui paraît être une situation à laquelle l

, Il ne me serait jamais venu à l'idée que je puisse devenir écrivain : c'était une situation trop élevée pour moi. » Cependant, un passage de son oeuvre évoquant cette période laisse planer le doute : « Je me relisais avec attendrissement. Je citais Henry Bordeaux mais je croyais quand même que ma prose était personnelle

, Sa vocation demeura latente jusqu'à l'année de ses « trente-neuf ans [où] Violette Leduc publie son premier livre et s'introduit grâce à Simone de Beauvoir dans le monde littéraire de l'aprèsguerre 6 . » Elle aspire alors à se libérer de son enfance par l

P. Brunel, , p.108

C. Jansiti, , p.75

P. Delerm, Ecrire est une enfance, les Editions Albin Michel, pp.25-26, 2011.

. Mémoire-de-master, , p.142

A. Asibong and S. Jordan, , p.47

«. Parent-d'eleve, ELEVE : Nous étions libres de décider en nous-mêmes que le maître pouvait, s'il le voulait, posséder nos enfants. Il suffisait, pour l'admettre, de ne poser aucun mot là-dessus. (?) PARENT D'ELEVE : Le poulet-frites revient un peu trop souvent, il faudra le signaler. Certains se plaignent de la ratatouille. PARENT D'ELEVE : Nous pouvions bien, Madame, considérer que de telles fantaisies ne sont pas si graves, Alors, alors, puisque tout est dit et bien dit je crois, depuis deux heures que nous sommes là ensemble réunis (?) 3 . » « PARENT D

, N'est-il pas plus important pour un enfant de savoir bien lire et bien compter et bien raisonner ? Plus important que de garder son petit corps intact ? PARENT D'ELEVE : Ce qui n'est jamais exprimé ne peut exister

M. Ndiaye, Les Grandes personnes, p.83

G. Molinié and L. Stylistique, , p.123

M. Ndiaye, Les Grandes personnes, p.32

M. Ndiaye, Les Grandes personnes, p.34

J. Dubois, F. Edeline, J. Klinkenberg, P. Minguet, F. Pire et al., , p.33, 1982.

C. Argand and M. Ndiaye, , 2001.

M. Ndiaye, Les Grandes personnes, p.33

, Marie NDiaye, Providence, p. 37. 2. Ibid, p.56

P. Bourdieu, Ce que parler veut dire, L'économie des échanges linguistiques, Librairie Arthème Fayard, p.20, 1982.

J. L. Austin, , p.203

, ?) le sens n'est dans aucun des groupes, ni même dans le détail microstructural des oxymores (?) mais dans la contradiction même (?). » Par ailleurs, chez NDiaye, « l'antithèse est parfois généralisée (?) l'énoncé est [alors] bâti sur une opposition globale entre ce qui est exprimé et l'opinion communément admise : c'est en cela que réside, très macrostructuralement, le paradoxe. » 1 Dans ces mouvements antagonistes, le flot des qualificatifs est continu ; les attributs se succèdent pourtant sans s'annuler. De cette manière, le personnage se prénommant Lucas est-il « le maître » à l'autorité unanimement reconnue -y compris par ses ascendants (« GEORGES : (?) Ce que le maître fait est bien fait

, « mon cher garçon 8 », Lucas devient une créature céleste pourvue d'une libido

«. Isabelle, Le petit ne nous accompagne pas, ce soir

, Il ne nous a pas prévenus, c'est inhabituel, je suppose qu'il a sa vie lui aussi, ce cher ange. GEORGES : Il a bien le droit d'aller tirer son coup de temps en temps 9

G. Molinié and L. Stylistique, , p.119

M. Ndiaye, Les Grandes personnes, p.81

M. Ndiaye, Les Grandes personnes, pp.62-63

G. Molinié and L. Stylistique, , p.133

M. Ndiaye, Les Grandes personnes, p.64

M. Ndiaye and L. Sorcière, , p.27

. Ibid,

, Périple au cours duquel l'écrivaine a, par ailleurs, découvert maintes contrées et les a explorées à travers le prisme de l'enfance, un point de vue leducien qui sera développé ultérieurement

, On s'est rendu compte après coup, dans le drame de Cormeilles, que les enfants avaient parlé. Les enfants disent simplement les choses à leur manière : en souffrant et en vomissant par exemple. J'ai rencontré, à Cormeilles, la peur des adultes à chaque étage. Peur des représailles, peur du regard de l'autre, peur de l'incompréhension, peur de déranger. Tout était bouclé. Entre soi. Mais il ne faut surtout pas se tromper et parler de sentiment en ce qui concerne l'instituteur. Il ne s'agit pas de tendresse mais de sadisme, p.429, 2004.

G. Neyrand, Evolution des savoirs sur la parentalité, Editions Fabert, p.31, 2016.

P. Lejeune, C. Viollet-dir, and . Genèses-du, Je, Manuscrits et autobiographie, CNRS éditions, p.296, 2000.

V. Leduc and C. , , p.170

C. Préface-de and . Jansiti, , p.11

V. Leduc, La Folie en tête, p.109

V. Leduc, Elle estime par ailleurs que vie et écriture se confondent et que la transcription n'est à aucun moment retranscription ; d'où l'incapacité de l'écrivaine à altérer ou à entamer l'immuabilité des malheurs, en l'occurrence enfantins. C'est en effet en ces termes qu'elle nie toute fonction exutoire de son écriture, en l'occurrence de L'Asphyxie et par là même renie son oeuvre puisqu'elle se révèle impuissante à remplir son rôle et trahit l'intention première de l'auteure : se libérer. Sa littérature échoue donc à se désembourber de l'aspect fabulateur que Leduc associe à ce terme. Ainsi assure-t-elle à Jacques Guérin ou à Simone de Beauvoir dans l'exemple qui suit, que la « littérature » ne prend aucunement part à ce qu'elle lui écrit : « Ensuite Toulouse. Je vous l'écris sans hésiter : ma cathédrale, mon choc, c'est la cathédrale d'Albi, La Chasse à l'amour, p. 209. mentales relatives aux résurgences mémorielles sont ainsi transfigurées ; d'images, elles acquièrent une tangibilité que l'auteure entretient par le biais de cet objet, à savoir le tablier, assurant le transfert entre les époques (révolue et actuelle) et les états (actanciel et actorial)

, « Mon enfance malheureuse est une croix que je porterai jusqu'à mon dernier souffle. J'avais écrit ce livre pour m'en débarrasser et mes tourments sont intacts 2

«. , Une nuée de souvenirs. Les cabinets chez la tante de Fidéline à Caroubles. Les cabinets dans la cour de récréation où j'attendais Isabelle

, Hortense et Victoire dont la compagnie -tout autant que l'état de grand délabrement 1, 1951.

V. Leduc and C. , , p.55

V. Leduc, La Chasse à l'amour, p.360

. «-je-suis-morte.-hortense-vit, Je suis mitée 1 . » « Les deux jeunes filles couchées dans le même lit m'étaient indifférentes. Chaque chose en son temps, me disais-je. Mon adolescence, je l'ai pulvérisée avec Isabelle. Ma jeunesse, je l'ai broyée avec Hermine

, L'effet de dissymétrie suggéré par la présence vigoureuse du couple féminin qui, choisie, imposée puis dérobée à l'auteure (puisque cette dernière est finalement « abandonn[ée] 3 »), est doublé de la symétrie qui

«. La-métaphore-filée, ?) implique une logique d'intégration fondée sur le dégroupement initial de deux espaces mentaux

. L'écriture-de-son-enfance-par-leduc-ressortit-au-surgissement, une part, la présence de l'enfance étant imprévisible, et isotopique d'autre part, les associations thématiques répondant à « une première propriété de la métaphore filée [qui] concerne son caractère imprédictible 5 . » Cet aspect éruptif est accentué par l'irruption concomitante de deux univers a priori antagonistes, à savoir l'enfance et les immondices. Ainsi, Leduc expose une vision de son passé qui interpelle d'autant plus que, dans le cadre de ce rapprochement, l'« ontologie des représentations » est ici « maximale » 6 . En mettant en parallèle deux espaces dont la référentialité culturelle est fortement marquée

, Et si « la mémoire sensorielle procure (?) l'effet d'unité d'un objet ou d'un phénomène lors de sa perception 7 . », Leduc en concrétise l'ensemble par le biais de ce « mécanisme formel 8 » où la métaphore filée englobe

V. Leduc, La Chasse à l'amour, p. 356. 2. Ibid, p.365

D. Amiot-dir, , vol.5, p.113

L. Petit and L. Mémoire, Presses Universitaires de France, coll. Que sais-je, p.27, 2015.

D. Amiot-dir, , p.114

. En-caractères-d'imprimerie.-abandonne-moi, laisse-moi avec mes fleurs dans l'enclos de ma mémoire : ce sont des fleurs avec de l'amour et de la sueur, ce ne sont pas des virgules''. 1 » Le projet leducien est, par conséquent, empreint d'absurdité (qui, nous le verrons, est également textuelle), car tout en connaissant l'issue, l'auteure, sans atermoiement aucun, se lance à la poursuite d'une reconnaissance perdue avec sa naissance. Cette témérité avec laquelle Leduc se jette à corps perdu dans cette quête en s'y abîmant, laisse certains critiques, et notamment « Isabelle de Courtivron la consid[érer] comme la première femme faisant partie de cette tradition « des poètes maudits

. Leduc-entreprend, celle-ci trouvera le réconfort dans ce qui cause son tourment. L'enfance est ainsi lénifiante, elle apaise la douleur toujours vive de la blessure béante qu'elle a laissée

, Elle est également, certes autrement, un repère pour NDiaye qui, lorsqu'on lui pose une question quant à l'écriture, intègre spontanément cette dernière au cadre familial, et plus particulièrement ses enfants

«. Donc, vous écrivez à partir d'une charpente sommaire. D'un seul jet ou vous faites plusieurs versions ?

M. , Une seule version, à peu près définitive. J'écris le soir quand les enfants sont couchés. (?) Vos enfants ne vous voient pas écrire ?

M. N. Non, Je tiens à être disponible pour eux 3 . » Pour nos deux auteures, le cheminement de l'écriture est balisé par l'enfance, les deux étant indivisibles. Création et procréation sont solidement imbriquées, vu que pour NDiaye la conception de ses ouvrages est régie par son rôle de mère, et que pour Leduc, les figures de sa grand-mère et de sa mère s'imposent à chaque moment de la réalisation textuelle. Ainsi, au fond de la personne inaccomplie qui se cherchera tout au long de sa vie

, Cet intérêt pour l'art et son profond attachement à certains peintres nous renseignent sur sa personnalité, ses goûts, ses enthousiasmes et ses angoisses, mais aussi sur la genèse de son oeuvre

P. Lejeune and C. Viollet-dir, citant La Folie en tête, pp.105-106

C. Hall, , p.18

C. Argand and M. Ndiaye, , 2001.

R. Barthes, T. Todorov, and G. Genette, , pp.30-32

V. Leduc and C. , , pp.55-56

A. Breton, OEuvres complètes I, Bibliothèque de la Pléiade, Editions Gallimard, p.326, 1988.

V. Leduc and C. , , p.435

A. Breton and O. , , p.340

V. Leduc and C. , , p.12

C. Hall, , p.79

R. Bourkhis, Eléments de rhétorique, vol.76, 2012.

. Ibid,

, La scène se déroule lors du séjour passé avec Victoire et Hortense, à Saint-Cirq. « -Est-il là ? a demandé Hortense à la grande maigre, qui traversait la salle avec une bouteille de vin poussiéreuse. -Il est arrivé il y a cinq minutes? C'est pour lui. -Breton est dans le restaurant, a dit Hortense. C'était trop. Je lui ai coupé la parole : -Est-ce que je peux redemander du veau à la crème ? -Vous êtes drôle, a repris Hortense

, Il payait pour tous. Le restaurant changeait pendant qu'elles me parlaient. Les fleurs du village ouvraient leurs yeux. Pourquoi la voiture ne s'envolait-elle pas ? On dérange l'univers quand on écrit avec une souplesse d'étoile filante. Je retenais mon souffle, je retenais mon appétit, mes gestes et mes mouvements. Un poète, indifférent à ce qui l'entourait, raflait le village, les habitants. L'apercevrai-je en partant ? Les poètes se rendent invisibles. (?) Je n'ai pas voulu sortir la première. J'essuyai mon gros nez avec mes doigts

J. , Il nous tournait le dos. Hortense et Victoire le saluèrent. Gratuitement il ne pouvait pas les voir. Il causait. Son auditoire buvait ses paroles. Les jeunes filles à sa table me rappelaient les adeptes de Raymond Duncan. » (La Chasse à l'amour, pp.362-363

, La provenance sociale (n') est alors (qu') un milieu propice à la semence, à tout vent ; une parcelle de terre meuble et sans clôture laissant croître les germes (de la naissance) en branches ligneuses

, Cette France, Marie NDiaye le confesse (?), renvoie à l'origine modeste de la famille de l'auteur. A la question « Dans tous vos livres, les lieux sont minutieusement décrits et les personnages délibérément ordinaires : estce votre façon à vous d'être réaliste ? » Marie NDiaye répond sans hésitation : Oui, certainement. Je suis née dans un milieu, une famille, extrêmement ordinaires et même populaires puisque les parents de ma mère étaient agriculteurs. Toutes mes vacances je les ai passées dans un village de la Beauce, dans des intérieurs typiquement populaires français, « Marie NDiaye s'avère (?) comparable non seulement à un Kafka (?), mais également à des romanciers du réalisme français engagés dans le projet de représenter la « comédie humaine

, La réponse ci-dessus est en effet étayée de celles qui suivent

, « Vous avez vécu à Rome et à Berlin par la suite

M. , La campagne beauceronne est une campagne vraiment âpre et dure. Mais c'est celle qui m'a formée, Ces intérieurs-là, je les ai connus plus tard, à l'âge adulte. Je saurais les décrire, mais je ne les ressentirais pas comme ceux que l'on trouve dans En famille. Aimez-vous les paysages agricoles ? M.N. Non, pas spécialement

, identité et l'identique en variations. C'est ainsi que Leduc conçut la transcription de sa vie, somme toute de l'inchangeable, sous l'angle du différemment, « autrement » écrit. Ce qui, paradoxalement, relève de la gageure

, Comme dans tous mes livres, je parle continuellement de moi, je me demandais comment je pouvais recommencer en étant authentique et en en

P. Coulangeon, ». Culture, and S. , Les 100 mots de la sociologie

A. Asibong and S. Jordan, citant l'entretien de Catherine Argand avec Marie NDiaye, p.33

C. Argand and M. Ndiaye, , 2001.

, Sans compromissions, notre auteure suivit sa fougue ; et de la fusion des formations de son esprit et de ses déformations se compose l'alliage de la production leducienne. Elle hissa la bannière de ses folies (délirantes ou passionnelles) qu'elle revendiqua puisqu'elles sont constituantes de son être, et partant de son écriture, 1970.

». «-elle-m'appelait-«-maboule and E. N. , avait peut-être pas tort. Maboule ? Je l'aimais comme il n'est pas permis d'aimer à cinq ans. Tu n'as jamais été comme les autres, me reproche ma mère

, Outre la constante de l'amour filial qui a forgé l'écriture de Leduc, nous en notons deux

«. Cependant-la-vraie-Écriture, sans aller jusqu'à l'écriture automatique, c'est l'abandon, c'est suivre derrière son porte-plume tout en contrôlant. Seul le travail régulier procure ce relâchement fructueux des rênes que nous appellerons, puisque nous sommes lucides, demi-inspiration. Le travail c

, C'est en effet à un travail de longue haleine que s'est livrée Leduc puisque, en parlant de Ravages, elle affirme : « J'écris le même livre depuis quatre ans 3 . », ce qui a duré finalement six ans ; et cela fut le cas de toutes ses oeuvres, telles que La Bâtarde qui lui prit le même nombre d'années ou La folie en tête dont l'élaboration en nécessita cinq

, Cette vision est révélatrice de l'acharnement leducien à éprouver et contrecarrer son indolence

, En ce temps-là je tricotais ou j'écrivais ; j'écrivais ou je tricotais. Emmener partout mon cahier me procurait l'illusion de besogner 5

V. Leduc, La Chasse à l'amour, p.53

V. Leduc and C. , , p.84

V. Leduc, La Chasse à l'amour, p.361

V. Leduc and C. , , p.55

V. Leduc and C. , , p.183

C. Hall, , p.26

C. René-de, , p.34

, Presque un entêtement éthique à « se tenir », à ne pas sombrer tout à fait. Cent fois livrée au désespoir, cent fois elle se relève. 1 » Leduc fut, en effet

, Cet aspect tourbillonnant et obscur de l'oeuvre ndiayïenne est dû à l'état d'errance des protagonistes, au leitmotiv de « l'âme en peine (?), d'êtres perdus qui sont en quête d'une survie ou d'une vie meilleure 3 . » Cela fait, par ailleurs, écho à la préoccupation leducienne (bien que l'auteure-narratrice, dans son acharnement, trouve dans les jouissances ponctuelles de brèves compensations) qui est essentiellement la poursuite vaine de la félicité, du bonheur absolu et inatteignable. L'écriture de NDiaye a une force contondante, elle écrase sans trancher ; s'engager sur le chemin sinueux et cahoteux de ses romans, c'est être saisi d'un haut-le-coeur dont on ne saurait déterminer la cause, c'est éprouver un je-ne-sais-quoi d'émétisant. A force de fixer les destinées qu'elle met en lumière, on finit par être aveuglé, voire consumé. « En effet, dans une interview, on a posé à Marie NDiaye cette question : « quelle couleur donneriez-vous à votre travail ? » et sa réponse fut : « jaune, jaune acide, jaune citron ». Et, quand nous lui avons demandé à notre tour quelle est la signification de cette couleur dans ce contexte, elle nous a répondu ceci : « le jaune est pour moi la couleur de l'ambiguïté, du trouble, une couleur solaire qui peut très facilement tourner au verdâtre, au morbide. » C'est la couleur phare dans Rosie Carpe, « Ma rage pour mourir. Mon énergie pour ne pas mourir 2 . » Quant à NDiaye, dans son parcours diamétralement opposé, dans le sillage d'une existence qui se construit sûrement (alors que celle de Leduc fut orchestrée par la destruction)

V. Leduc and C. , , p.14

V. Leduc, La Chasse à l'amour, p.10

P. Jacques and M. Ndiaye, , 2001.

. Mémoire-de-maîtrise, , p.65, 2003.

, Qui suis-je ?'' [est] la question kafkaïenne par excellence, et on la retrouve fréquemment dans les oeuvres de NDiaye, p.121

«. A-destination-de-l'enfant and . Rudi, Et au lieu de nous laisser endosser tout le mal possible, au lieu de nous laisser vous aimer et vous protéger, vous êtes partis en douce, elle d'abord puis toi, comme si nous avions été vos geôliers, des esprits mauvais ou deux ogres attendant que vous ayez suffisamment engraissé 1

, Ainsi, le personnage du fils de Rudi et Eva fait-il écho à la petite fille du conte intitulé Le Souhait dont l'intrigue pourrait être formulée de cette manière : « Le souhait pourrait relever du sous-genre « conte de Noël ». En effet, le récit s'inscrit entre deux nuits de Noël où se produit un événement surnaturel : lors de la première, les parents voient s'exaucer leur souhait, mais, comme dans les contes, sous condition, puisqu'ils subissent en même temps une métamorphose : ils ne sont plus que deux coeurs dévorants d'amour, que l'enfant aura à charge de transporter partout avec elle, Rudi, en s'adressant à son fils de retour après des années de séparation, recourt-il ici à « l'image genres explorés par NDiaye

, Le personnage de Camélia portera les coeurs de ses parents en son sein comme la poitrine du Fils dans Les Grandes personnes abritera les parents vindicatifs de ce dernier

«. Le-fils, Ils me rendaient fou, là, entre mon coeur et mes poumons

, J'avais pour eux une pitié infinie, car ils étaient morts et se pensaient victimes d'une grande injustice

. Fais-le, profiter de la mort au lieu de nous comprimer dans ta poitrine à ressasser notre tourment, coincés entre ton coeur et tes poumons, fais-le, mon fils car nous sommes tes véritables parents et les premiers à t'avoir aimé, caressé, nourri 3 . » « Ils voulaient votre mort et que cela se fasse par mon bras, me disaient-ils à tour de rôle, fais-le mon fils, et nous pourrons enfin jouir du repos

J. Fils,

M. Ndiaye, Les Grandes personnes, p.41

A. Asibong and S. Jordan, , p.45

M. Ndiaye, Les Grandes personnes, p.44

, Est-ce que vous êtes prise entre deux mondes qui s'affrontent, celui du réalisme et celui de la magie ? -Oui, mais je n'ai pas le sentiment qu'ils s'affrontent, ils se fondent l'un dans l'autre avec une certaine harmonie à mon sens, il n'y a pas vraiment d'antagonisme je trouve, de même que dans la vraie vie, on peut très vite avoir l'impression d'effleurer un monde souterrain sans que

, Cette relation est non seulement énoncée sous le mode factuel, mais est également exprimée sous la modalité du sentiment : « Mon souhait : l'Afrique. J'aimerais passer un ou deux ans au Sénégal 3 . » De cette manière, voit-on se corroborer des convergences avec le genre merveilleux dans l'écriture ndiayïenne. Un rapprochement qui outrepasse toutefois tout déterminisme culturel et donc arbitraire. Il s'agit bien d'une orientation pour laquelle a opté l'auteure parmi tous les sentiers qui s'offr(ai)ent à elle. Cette corrélation est en premier lieu formelle. Comme dans le conte, l'oeuvre de NDiaye se présente souvent sous un aspect composite, intra-personnel et intra-scriptural, sont assumés, voire revendiqués

«. Le and . De, on quitte le fantastique pour entrer dans un genre voisin, l'étrange ou le merveilleux 4 . » Néanmoins, l'auteure oscille entre ces tendances scripturales et malgré le doute persistant, on décèle une réponse toutefois réservée. Il a été en effet noté que, sans moralisation explicite, un (et non l') ordre se rétablit au sein du maëlstrom ndiayïen, l'auteure attestant ceci : 1, 2001.

M. Riegel, J. Pellat, and R. Rioul, , p.300

A. Asibong and O. Shirley-jordan, citant « la revue Amina, pp.37-38

T. Todorov, , p.29

M. Delorme and M. Ndiaye,

C. Argand and M. Ndiaye, , 2001.

N. Crom and «. , Je ne veux plus que la magie soit une ficelle », entretien avec Marie NDiaye, Télérama, 2009.

C. Bremond, ». Morphologie-d'un-conte-africain, and C. , Etudes Africaines, vol.19, p.486, 1979.

D. Paulme,

C. Argand and M. Ndiaye, , 2001.

C. Thomine,

C. Argand and M. Ndiaye, , 2001.

D. Paulme, , p.29

C. Thomine, aimer l'idée ») empruntée par l'auteure pour faire part de ses aspirations ou intentions quant à l'écriture, et y voit-on un inventaire procédant d'un semblant de théorie ndiayïenne, celle-ci, loin d'être manichéenne, comporte maints aspects qui peuvent se révéler antagonistes. Cela est toutefois le propre d'une auteure qui intègre dans son métier non seulement le versant intellectuel (qui se manifeste, à l'instar de Leduc, entre autres par l'intérêt porté au choix des mots : « C'est un processus tellement intellectuel, je trouve, que celui de l'écriture, et l'attention à la phrase, aux mots, op. cit. Ici observe-t-on la structure anaphorique (« aimer que

D. Paulme, , p.11

G. Calame-griaule and «. Une-affaire-de-famille, Pontalis dir., Destins du cannibalisme, Nouvelle revue de psychanalyse, Editions Gallimard, p.173, 1972.

D. Paulme, , p.303

G. Calame-griaule, Une affaire de famille, p.185

M. Ndiaye, Mon coeur à l'étroit, p.262

L. Moudileno, , p.74

, Lydie Moudileno apporte par ailleurs une autre précision en affirmant que « si l'ancrage toponymique est minimal concernant l'espace français, il est en revanche assez fort concernant la période africaine de Fanta et de Rudy. » (Ibid.) Cela, sans corroborer l'idée d'enracinement dans la culture paternelle

D. Rabaté, , p.13

M. Ndiaye and L. Diablesse, Mouche de l'école des loisirs, 2011.

A. Asibong and S. Jordan, , pp.40-41

M. Ndiaye, La Diablesse et son enfant, pp.20-21

. Le, Aussi le « pourquoi » de Lagrand résonne-t-il, le lecteur se l'appropriant. Les interrogations se font également écho et se transmettent dans « la tradition orale 1 » dont les thèmes s'inscrivent sur un fond social ; d'où l'intérêt porté par « l'ethnologue soucieux de déceler, sous l'affabulation, la mise en question de problèmes que la société qu'il étudie n'a pu résoudre de façon entièrement satisfaisante et que ses membres ne cessent de se poser, génération après génération 2 . » Ce questionnement atteint, de surcroît, des sphères plus abstraites

, le bon conteur laissant à son public le soin de tirer du récit une morale qui n'est pas toujours évidente 3 . » Ainsi l'implication du destinataire se révèle être un enjeu capital du récit dans ses variantes orale et transcrite, et l'éveil du lecteur, de tout âge, est sine qua non à la bonne réception de l'ouvrage. NDiaye

, Littérature enfantine ou littérature tout court, c'est une question de syntaxe, pas de sujet. (?) C'est la forme qui est allégée et non le fond, vol.4

, une ce que l'on ne peut trouver dans l'autre afin de formuler des prémices de réponses aux questions que l'auteure ne cesse de poser. Et si, comme évoqué antérieurement, l'hypotexte, en comparaison avec l'hypertexte, paraît d'une constitution fluette, on pourrait, a contrario, y voir un texte rassemblé dont les éléments clés ne se dispersent et ne se perdent pas dans l'abondance d'un plus ample ouvrage. Aussi le lecteur, qui se penche sur l'exploration du conte La Diablesse et son enfant, y trouverait-il des indices escamotés dans la pièce théâtrale. Alors que le personnage de Providence est catalyseur d, Face à des oeuvres appartenant à des genres différents mais somme toute comparables, il semble possible de puiser dans l, p.45

M. Ndiaye, C. Connan-pintado, and «. Enfant, Autrement, coll. Mutations, p.193, 2000.

A. Asibong and S. Jordan, , p.42

M. Ndiaye, La Diablesse et son enfant, p.32

. Ibid, , p.10

M. Ndiaye and R. Carpe, , p.266

. Ibid, par ailleurs ne mange rien, n'aime rien? 1 ». En effet, l'existence de Titi représente dans Rosie Carpe un axe narratif central (en dépit du rôle figuratif de l'enfant jusqu'à sa réapparition à la fin de l'oeuvre) dont on pourrait voir l

, « Dans les légendes de tous les peuples on trouve le thème de l'enfant persécuté, qui survit à la persécution et se trouve habilité par elle aux plus hautes destinées 2 . » Sous l'image allégorique de « l'enfant [qui] s'accouche seul

, Et] se nomme lui-même 3 », nous pouvons voir le versant plus vraisemblable du sujet traité par NDiaye : face à l'incompétence voire la malveillance parentale, l'enfant est souvent livré à lui-même, est amené à se construire seul, en définitive à exister par ses propres moyens. Titi n'a pas succombé à la maladie, « a su mener sa barque 4 » concède Rosie

«. Mais-ce-n'est-pas-cela, Il le voyait bien : que Titi ne fût pas mort alors que Rosie avait souhaité sa mort si profondément, qu'il fût devenu professeur de mathématiques au collège, propriétaire d'une voiture et d'une maison à Morne-à-l'Eau, une obscure réticence dans la volonté de Lagrand l'empêchait d'y croire

, Ainsi l'accent est-il mis sur l'opulence dans laquelle le corps chétif et exsangue de Titi se répandra pour évoquer un prolongement qui confère au personnage une plus grande envergure : la prospérité n'étant que le pendant de la postérité. Cette dernière, dont la réalité est constatée par un Lagrand en désarroi

M. Ndiaye and R. Carpe, , p.272

D. Paulme, , p.253

M. Ndiaye and R. Carpe, , vol.5, p.324

, tous les deux, mais [il] est moins fort qu'elle. Il n'a jamais été costaud 1 . » Le rôle social de Titi se limite à celui du réprouvé sur lequel on ne cesse de s'acharner

, « La fin même ne voit pas l'Enfant réintégré dans la société

L. Cependant and . Déconvenues-de-lagrand-n, un homme de bien, doté de la faculté de se mettre littéralement à la place de l'autre, de souffrir pour lui. Il essaie de faire les choses de la manière la plus correcte possible 3 . » Grâce à cette capacité à l'empathie et à son aménité (car l'image prégnante du personnage est celle d'un homme accueillant Rosie Carpe en Guadeloupe, alors que le propre frère de celle-ci, Lazare, s'était soustrait à son devoir dont s'acquitte, affablement, celui qui « devait s'incliner, étant si grand

, L'individu donné en exemple (?) c'est l'homme moyen, sans ambition excessive, mais patient, serviable et bon voisin 5 . » Ici distingue-t-on les deux aspects ayant, tous deux, rapport à l'humanité et déterminant la réalisation de l'individu : l'homme procréant et bienveillant est celui qui assure d'une part la continuité de l'espèce, et d'autre part participe à l'unité communautaire. NDiaye a donc attribué la première forme de réussite à Titi (à savoir sa nombreuse progéniture) et a gratifié Lagrand de la deuxième, faisant de lui, y compris sur le plan actantiel, l'axe central autour duquel les autres personnages gravitent, « La réussite individuelle compte peu en regard de la survie du lignage et de la bonne entente nécessaire à la vie en commun

R. , En effet, il existe un point commun décisif entre ces trois instances actorielles : l'abandon parental que, nous l'avons précédemment vu, l'auteure estime inadmissible. Certains événements ressortiraient ainsi à une fonction de « réparation » selon la terminologie proppienne, Marie Carpe et affranchie de la dégradation dans laquelle la tenait Titi), p.329

D. Paulme, , p.267

C. Argand and M. Ndiaye, , 2001.

M. Ndiaye and R. Carpe, , p.13

D. Paulme, , p.49

V. Propp and E. M. Mélétinski, Morphologie du conte suivi de Les Transformations des contes merveilleux et de L'Etude structurale et typologique du conte, traductions de Marguerite Derrida, Editions du Seuil, p.66, 1970.

V. Propp and E. M. Mélétinski, , p.225

D. Rabaté, , p.26

J. Vincensini-dir, , pp.127-128

C. Argand and M. Ndiaye, , 2001.

;. Titi, La dualité sous-tend par ailleurs la schématique des contes où on montre « le modèle des deux conduites entre lesquelles chacun peut toujours choisir 2 ». L'image centrale de la littérature orale n'échappe pas à cette dichotomie, ainsi voit-on la figure de la mère scindée en deux : « la mère sous son aspect bénéfique [qui] participe à la création du monde 3 » s'opposant à « la mère dévorante, dont la fureur de destruction n'a d'égale que sa fécondité 4 . » L'élément féminin demeure central dans la culture populaire, et si chez Perrault la matrice génératrice est ingurgitée, dessinant un schéma régressif et esquissant le thème de l'anthropophagie où l'ascendance féminine est la victime et l'objet, celle-ci est souvent un sujet agissant dans le conte africain où elle est investie d'un rôle de protection, ou représente une entité d'anéantissement et d'engloutissement. En effet, on y retrouve le dénouement récurrent où le héros est « sauvé (?) par l'intervention de sa mère, lequel le personnage sera désigné même à l'âge adulte), les couleurs ternes et celles « miroitante

. «-l', opposition mort/vie qui double celle entre mère dévorante et mère bénéfique en reflète d'autres

, un des « enseignements » consistant dans le fait qu'« un certain équilibre doit être respecté 8 » (bien que cela ait une teinte phallocratique étant donné qu'il s'agit de « l'instauration d'un ordre viril qui succède au chaos 9 . ») NDiaye également, nous l'avons évoqué, a fait le choix d'« ordonner le chaos », néanmoins l'équilibre escompté n'est nullement dû à un quelconque pouvoir humain mais à une force universelle qui rétablit l'ordre. Cependant, cette puissance ne jugule pas toujours les flots destructeurs des personnages, p.14

D. Paulme, , p.311

G. Genette, Discours du récit suivi de Nouveau discours du récit, Collection Points Essais, p.338, 2007.

M. Ndiaye and R. Carpe, , p.270

G. Genette, Nouveau discours du récit, p.336

D. Paulme, , p.33

M. Ndiaye, , p.17

». L'auteure-place-le-début-de-son-roman-sous-le-signe-;-«-jeu and ». , du mensonge en en développant l'isotopie ; d'où la métaphore filée : « secrètement » (p. 11) « dissimuler » (lad p. 12) « simulait » (lad p. 14) « théâtre, « figure dramatique, p.17

M. Ndiaye and L. , , p.139

, renvois au monde merveilleux permettent une densité sémantique, voire stylistique dans la mesure où s'y concentrent la métonymie-synecdoque, la connotation, ou encore la diatypose étant donné l'intensité et la condensation descriptive des symboles, p.403

. La, La prépondérance, déjà relevée, du questionnement chez NDiaye est, au premier abord, visible à travers la ponctuation -le point d'interrogation s'imposant comme un fort marqueur textuel. Cela est vrai dans les romans de l'auteure aussi bien que dans ses contes pour enfants. Ce qui oppresse les personnages des romans, tel que le motif récurrent de l'obligation de l'attachement filial et de l'acceptation du marquage intergénérationnel, « car (?) comment prétendre n'être pas ce qu'on ne voulait pas être, ce qu'on avait pourtant le droit de ne point vouloir être 1 ? », se muent d'un tourment habitant en l'occurrence Malinka, en un sujet posé sous le regard de l'enfant, qui va de pair avec celle des figures protéiformes qu'elle met en scène, s'accompagne de celle du message et de la portée métatextuelle

, Ce rôle [qui] résout les contradictions entre la structure et les événements, entre la continuité et l'histoire, entre la société et l'individu 2 . » A l'image de ses romans, ses oeuvres destinées à la jeunesse s'érigent en manifestes

, Et bien que « la concession de Marie NDiaye à l'âge du public visé consiste à veiller, elle qui dit ne se ''pose[r] absolument pas la question du bonheur'', à ce que, dans ses livres pour enfants, ''la fin ne soit pas désespérante'' » 3 , l'auteure ne semble pas tenir à ce que la clausule de ses contes soit réjouissante pour autant. Ses personnages demeurent en butte au problème et à la problématique (car l'écrivaine ne cesse de susciter et d'inciter à la réflexion) de l'intégration familiale, et plus largement, communautaire. Et si la diablesse (re)fonde (le texte « pla[çant] les enfants dans de stimulantes situations-problèmes 4 », la version retenue dépendra de leur « lecture créatrice 5 ») un foyer, elle demeure apatride, et son exclusion est d'autant plus radicale qu'elle s'associe à celle de la petite fille qu'elle recueille. Par ailleurs, NDiaye ne lève pas le voile sur ce qui unit la diablesse à l'enfant : la cellule familiale est-elle due au lien du sang ou à un regroupement d'individus semblables ? Le seul, contre les exclusions et les abus, elles font ainsi défaut à la fonction de conciliation entre l'individu et son environnement micro et macro social, p.16

C. Argand and M. Ndiaye, , 2001.

P. Jacques and M. Ndiaye, , 2001.

C. Argand and M. Ndiaye,

P. Jacques and M. Ndiaye,

A. Asibong and S. Jordan, , p.46

, Au fil des méandres, des allers et retours temporels de ce curieux récit, Marie NDiaye se livre à une peinture indirecte d'elle-même, à un autoportrait en écrivain, dérivant d'un lieu à un autre, d'un fantôme à un autre 1 . » Si ce lien entre les deux oeuvres, à savoir Autoportrait en vert et La diablesse et son enfant, est extrapolation, il semble évident que les expériences et l'existence de NDiaye (en l'occurrence, en parlant de cet « autoportrait », l'auteure évoque un schéma ternaire dont les éléments sont la mère, les enfants et la littérature 2 ) s'incrivent en filigrane dans ses ouvrages, « Avec Autoportrait en vert -ce vert dont Michel Pastoureau dans son Dictionnaire des couleurs nous rappelle l'origine diabolique

, Ainsi l'image représentant l'auteure semble-t-elle plus trouble que ne laissent voir les contours dessinés d'une carrière littéraire sans à-coup, plus fragile et tremblante que ne laissent percevoir les réponses assurées de NDiaye. Cette dernière, faisant transparaître une enfance fébrile, nous permet d'entrevoir une adulte dont le reflet imperturbable s'estompe pour montrer un visage plus en proie aux interrogations et aux incertitudes qu'il n'y paraissait. Et à ces questionnements qui, probablement, se bousculaient dans sa tête d'enfant, devenue grande, l'écrivaine tente d'y trouver une réponse

«. N. , Pourquoi écrivez-vous ?

M. Ndiaye, Je me revois très bien (et c'est aussi précis et coloré dans mon souvenir que certaines scènes de films), petite fille, accoudée à la fenêtre ouverte de ma chambre un après-midi d'été et regardant aller et venir sur le parking les habitants de la cité de Fresnes où je vivais alors. Je sens encore l'odeur pas désagréable du goudron fondu au soleil, des pneus brûlants, et je ressens comme je le ressentais la ferveur particulière qui animait les voix, les gestes, parce que c'était l'été et qu'il faisait si chaud, Cette question est fatalement liée pour moi à l'enfance

, NDiaye s'y attelle encore en scrutant ses congénères, en disséquant, avec ces mêmes sens aiguisés depuis son enfance, telle une entomologiste d'une rigueur et d'une précision inouïes, les plus infimes vibrations de l'âme humaine et les plus subtils tressaillements du corps. Et, incontestablement, p.12

P. Jacques and M. Ndiaye, , 2001.

, Gilles Anquetil et François Armanet « Se définir, c'est se réduire », entretien avec l'auteure, Bibliobs, 2009.

, Dans un flux de mots qui requiert la sagacité, car « lire un texte non ponctué oblige une lecture à haute voix afin de retrouver le rythme interne des phrases ; cette absence de ponctuation apporte un certain mystère, un balbutiement énigmatique, qui enrichit la lecture 1 », l'auteure laisse refléter son propre mystère. En outre, en appelant son lecteur au discernement, elle lui délègue une tâche qui fait écho à celle dont elle peine à s'acquitter : cerner une existence riche en contradictions. Le paradoxe leducien s'écrit et se vit

, Les écritures de nos auteures se rejoignent dans le surréalisme expressif

F. Leduc, La deuxième développe un imaginaire des faits, la première exalte un imaginaire des effets. L'écriture, que l'illégitimité leducienne a marquée et démarquée, s'en accommode par la transfiguration du repoussant en captivant

, Leduc et NDiaye se situent dans un au-delà du réel (le surréalisme étant courant littéraire ainsi que fonctionnement de l'esprit) où chacune se déploie, à sa manière, et où toutes deux donnent de l'envergure à l'enfance, celle-ci prenant son envol, portée par le mystère abyssal dont les auteures l'entourent et qui trouve source chez NDiaye dans l'amplitude extérieure de l'écrivaine, et chez Leduc dans sa profondeur intérieure. D'où l'intimité dont est empreint le processus de transcription leducienne, l'auteure plaçant son oeuvre au sein d'un schéma binaire -et à l'instar de NDiaye

, NDiaye nous transporte dans des mondes parallèles où les créatures étranges pullulent et où le temps se disloque par l'effet des projections et rétroprojections), elles se rencontrent néanmoins dans leur choix d'une représentation de l'enfance comme légende. Légende puisque, chez Leduc, on oscille entre le vrai et le faux des souvenirs. On est sous l'emprise d'un narrateur enfant (L'Asphyxie) ou d'une adulte-enfant 1. Rolande Causse, Si les deux auteures divergent, la première défrichant et labourant le champ de l'intime, la deuxième explorant les combinaisons de l'infini, p.193

V. Leduc and C. , , p.84

L. Bâtarde, On est assailli par une présence qui émane, survient de toute part, ne se laissant jamais oublier, on assimilerait ainsi l'enfant à une puissance indiscernable surgissant et sonnant tel un rappel à l'ordre

, Légende également chez NDiaye étant donné que l'enfant est, d'une part, métamorphose, et d'autre part, résurrection. Il est ainsi un survivant aux tentatives de suppression et d'éviction

C. Dans-rosie, Révélation, Les serpents ou encore Trois femmes puissantes, Titi, Jacky et Khady Demba sont des incarnations d'êtres dont la force est inébranlable en dépit des assauts

, Titi demeura en vie, qui plus est prospère ; prénommé France) et sa désincarnation puisque Nancy l'appelle en ces termes : « Jacky, mon ange 1 » et que la grand-mère le concède : « Le garçon était une sorte de saint malgré sa laideur 2 ». En Khady Demba c'est l'enfant imprégnée de son être qui fit preuve d'une grande ténacité et d'une force de résistance incommensurable, presque inouïe, se cristallisant en « l'immanence d[e] (son) nom, dont les effets incantatoires apportent une note quasiment mystique au récit 3 » qu'accroît l'onction de la martyre par sa métamorphose en un oiseau s'affranchissant des frontières et des humains qui l

. En-définitive, . Leduc, and . Ndiaye, nos deux auteures se rejoignent ainsi dans la vision d'une enfance transcendante puisque vouée à l'éternité des légendes. Elles se dévoilent dans et pour l'enfance dont elles sont aussi bien destinatrices que destinataires. Cependant, la pérennité des légendes ne réside-t-elle pas dans l'intrication de la vérité et de la fabulation ? L'autobiographie leducienne et la fiction ndiayïenne ne sont-elles pas le résultat d'un savant mélange du vrai

M. Ndiaye, Les Serpents, p.36

L. Moudileno, , p.70

J. Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?, les Editions Gallimard, p.46, 1948.

, Etant donné que cette notion de responsabilité découle de « la fonction de l'écrivain [qui] est de faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne s'en puisse dire innocent, pp.29-30

, il faut que le dévoilement-création par quoi le lecteur le découvre soit aussi engagement imaginaire dans l'action ; autrement dit, plus on aura le goût à le changer et plus il sera vivant 1 . » Par ailleurs, le synthétisme des figures du conte n'est pas uniquement un maillon de la ainsi immanents au monde réel, en sont indissociables. Par conséquent, quand NDiaye concède trouver ce monde effrayant ou quand elle évoque son regard perçant et ses sens affûtés comme prémices de sa vocation d'auteure, elle laisse entendre qu'elle n'a pas tout à fait quitté un état d'enfance qu'elle prolonge grâce à ses ouvrages. L'enfance est donc sémantiquement constitutive de son écriture, non dans sa connotation d'immaturité (vu que l'auteure porte sa voix et ses oeuvres jusqu'à l'aboutissement), mais dans son refus d'un monde rigidifié dans l'injustice. L'enfance est donc la témérité rejetant la laideur (des actions et partant de ceux qui les accomplissent), et paradoxalement, en transformant ses personnages en ogres, si rebutants soient-ils, dans un mouvement pour le transcender. (?) Ainsi du monde romanesque, c'est-à-dire de la totalité des choses et des hommes : pour qu'il offre son maximum de densité

, Tandis que cet état d'enfance se lit en filigrane dans le texte ndiayïen, il est crié haut et fort chez Leduc. En effet, les références de cette dernière à l'immuabilité de son âge se font redondantes et révélatrices, si ce n'est d'un statut inchangé, du moins d'une nostalgie pour un état originel immaculé

«. Qui-est-ce, V. Leduc, ;. Relisons-le, and . Ça, Des femmes trichent, des femmes souffrent. Elles plaisent : elles effacent leur âge. Je claironne le mien puisque je ne plaisais pas, puisque j'aurai toujours mes cheveux d'enfant 2 . » Cette auto-perception est partagée par l'entourage de l'auteure, tant et si bien que notre vision de l'être leducien devient indéfectiblement enfantine. En dépit de son excentricité, l'auteure semble donc partager un attribut a priori commun à ceux qui ont pour univers la création, comme si pour s'adonner à leurs tâches, il leur faut se réinventer continuellement, L'arrière-grand-mère de son arrière-grand-mère après tout, pp.67-68

V. Leduc and L. Bâtarde, , pp.19-20

P. Delerm, René de Ceccatty, op. cit, p.48

C. Jansiti, , p.346, 1994.

«. , Moi petit bébé dans le temps ? Ce sont des bêtises, ce sont des calmants. 1 » Pérenne ou rêvée, l'auteure ne veut guère se détacher de sa condition enfantine dans laquelle elle se reconnaît. Son enfance lui demeure un trésor qu'elle s'évertue à préserver, des « trésors à [re]prendre » au fil de l'écriture, à inscrire au long des pages. L'enfance est non seulement réminiscences surgissant au gré des associations, elle prend forme et est indéfiniment incisée par l'invariable « plume Blanzy-Poure », ciselée telle une pierre, une pierre précieuse que l'on garde jalousement. Leduc, en écrivant son enfance et son état d'enfant, n'a nulle prétention à les transcender. A l'inverse, humblement, elle les retravaille amoureusement, fidèlement, en dépit des déchirements. En effet, l'aspect manuel en lequel Leduc reconnaît le processus de transcription a préalablement été souligné. L'auteure a, par ailleurs, Mes pieds n'effleuraient pas l'allée quand j'étais assise dans un jardin ? Le passé est un imposteur

«. Sur-un and . Point, tout le monde est à peu près d'accord : il existe une corrélation entre le développement de la littérature autobiographique et la montée d'une nouvelle classe dominante, la bourgeoisie (?). A travers la littérature autobiographique se manifestent la conception de la personne et l'

, Si l'on pose comme postulat l'appartenance de l'oeuvre leducienne à une catégorie littéraire, et partant sociale, l'auteure semble s'en démarquer quant à l'intention textuelle. Le narcissisme n'existe guère chez Leduc, si elle traite de son enfance

, Je suis loin d'être irréprochable -sans avoir commis des saloperies irréparables -et je croyais à l'immense indulgence de ceux qui aiment nos livres, qui se disent que les livres sont pétris aussi avec nos imperfections, nos déchets, notre enfance

V. Leduc, La Chasse à l'amour, p.29

P. Lejeune and L. Pacte-autobiographique, , p.340

V. Leduc, J. Correspondance, and . Guérin, Par ailleurs, son égotisme n'est pas égocentrique, il est souffrant, torturé. En nous parlant d'elle-même, l'intention de Leduc est de nous plaire. L'écriture est ainsi une opportunité d'adoption

, Il a en effet été souligné par la critique que l'auteure fait le choix de s'effacer dans certains de ses récits, dans L'Asphyxie par exemple, « Leduc (?) ne donne aucune forme de nom propre au personnage central, la narratrice

;. ». Leduc-(berthe and . Dans-l'affamée, « la narratrice du récit n'aura pour nom que le pronom de la première personne, du moins jusqu'au passage vers la fin du texte où le personnage l'interpelle par son prénom, Violette. Le prénom paraît ici, non pas comme ce qui désigne sa propre identité (je m'appelle?), mais comme un nom donné, ou prêté, par autrui (on m'appelle?) 2 . » Ce nom que l'auteure ne veut imposer, voudrait-elle que son lecteur le lui accorde en la reconnaissant (dans la pleine acception du terme) ? Probablement. Toutefois, l'aspiration leducienne est également sociale dans la mesure où cette réhabilitation ne peut se faire que par le biais des institutions familiale et communautaire

. «-l', Par contre, le point de vue est dépendant de la présentation du livre. Pour démontrer la malléabilité et l'importance du point de vue, les psychologues en question choisissent justement l'effet-titre. Le titre sert à activer un cadre de référence sans lequel le sens et le souvenir du texte sont fortement appauvris (?). C'est aussi l'unité minimale qui doit rester dans la mémoire du lecteur ; à défaut, coupé de son " état-civil

«. Cet, récits de Violette Leduc comme ceux d'une enfant essentiellement illégitime. L'auteure emprunte ainsi un chemin à rebours : elle place son oeuvre dans la sphère de l'aveu pour affaiblir dès le premier abord la force des a priori et alléger le poids de l'ordre établi, et en désamorçant le préjugé du lecteur, elle ne s'en fait que mieux accepter. Car « si je me dévoile dans mon intimité, c'est pour mieux me dénoncer dans mon abjection 2 », estime Catherine Cusset. L'oeuvre leducienne résonne comme un gigantesque mea-culpa

«. Vont-ils-m'obliger-À-dire, Elle a été victime d'un lâche. Ils me précèdent là où je vais, ils tripotent ma raison avec leurs doigts sales. Qu'ai-je fait d'irréparable ? Je ne méprise pas mon prochain, je n'humilie pas les enfants. Médisante ? Vous l'êtes tous, médisants. Inauthentiques ? Je ne veux pas peiner. Être brutale, c'est facile 3 . » Ce choix est également, Elle n'a pas fauté

, Et bien que les titres, ndiayïens notamment, relèvent de différentes cultures, l'interprétation du lecteur se détermine, dès le seuil du livre

, un système organisationnel régit le monde littéraire et peut, entre autres, amener un auteur, même sans qu'il s'y engage entièrement, sur un chemin jusque-là inexploré, et pourtant se proposant à lui en raison des « conventions collectives » passées entre auteurs et lecteurs par l'intermédiaire des éditeurs, vol.1, p.138

J. Zufferey-dir, Autofiction : variations génériques et discursives, Au coeur des textes, vol.22, p.209, 2012.

V. Leduc, La Chasse à l'amour, p.45

, Cela n'englobe toutefois que partiellement les titres éponymes tels que Rosie Carpe ou Ladivine car ceuxci relèvent d'une certaine dimension iconographique vu la charge connotative dont ils sont porteurs

F. Au-roman, bien que la catégorisation de cette oeuvre parmi les récits de vie ne puisse être qu' « implicitement » déduite du recours à l'une des deux manières d'établir un « contrat autobiographique » selon Lejeune, à savoir « le pacte du titre » et le « pacte liminaire » 3 . Ceuxci signifiant, respectivement, « l'emploi de titres » et le développement d'une « section initiale du texte où le narrateur prend des engagements vis-à-vis du lecteur » 4 . Si le terme « engagement » semble abusif pour décrire l'oeuvre ndiayïenne

«. Cernons-d'abord-ce-texte-hybride-en-termes and . Généraux, A la fois album et journal intime, il est composé à la première personne par une narratrice qui semble avoir plusieurs choses en commun avec NDiaye : toutes les deux sont écrivains, toutes les deux sont mères de jeunes enfants au moment où le texte est écrit, toutes les deux sont mariées avec un Jean-Yves (?), toutes les deux sont filles d'un père africain et d'une mère française, toutes les deux habitent au bord de la Garonne 5 . » Cet autoportrait est peint en vert qui est la couleur de l'ambivalence, puisqu'elle est déterminée par l'auteure comme « une teinte ambiguë. Le vert est la couleur de la prospérité, de la nature, et en même temps, une couleur étrange, qui porte malheur et fascine 6 . » L'apport et quand « par hasard, p.339

, Toute catégorisation étant omise sur la couverture du livre, nous userons de cette désignation à différencier, selon Lejeune, de l'appellation « roman, [qui] dans la terminologie actuelle, implique pacte romanesque, alors que récit est, lui indéterminé, et compatible avec un pacte autobiographique, p.27

P. Lejeune and L. Pacte-autobiographique, , p.30

A. Dir, , p.75

, citant un entretien avec Sandrine Audrerie, « Marie NDiaye, sa vie en rose », section Lettres, 15 janvier, p.166, 2005.

A. Dir, , p.196

M. Ibid, P. Ndiaye, and . Casanova, Les Mardis littéraires, France culture, 15 janvier, pp.156-157, 2005.

V. Leduc and C. , , p.232

, Jean Bellemin-Noël recourt à cette terminologie qu'il définit ainsi : « ''ma légende'' -autrement dit, selon l'étymologie, ce qui s'est inscrit en moi comme digne d'être collationné sinon d'être lu. Notre vie, lorsque nous y pensons ou que nous en parlons, p.157

, En effet, « tout le monde connaît le soupçon qui pèse sur l'écriture-femme : avouée ou non, elle serait toujours autobiographique, soupçon qui en dit autant sur le statut accordé au genre (« on écrit sa vie par manque d'imagination ») que sur celui de la littérature de femmes. Et contrairement aux récits de vie masculins, ceux rédigés par des femmes ne seraient ni littéraires, ni édifiants, Cette dépréciation de l'écriture des femmes ne va pas sans relents sociaux, p.156

, Nous remarquons par ailleurs que le « je » classique n'est pas au centre des préoccupations leduciennes, il est donc relégué à un plan secondaire. Le pronom de la première personne sera souvent évincé par l'emploi de la troisième personne du singulier. « Parler de soi à la troisième personne peut impliquer soit un immense orgueil (?), soit une certaine forme d'humilité (?), pp.7-8

L. Lejeune and . Pacte-autobiographique, Les explications que l'on retiendra ici sont l' « humilité, pp.16-17

, Tu t'appelais Leduc. Je m'appelle Leduc'' 1 », estime Anaïs Frantz en citant La Bâtarde. Ainsi, le nom maternel n'est pas celui de la honte

. «-"apprends, Je lui racontais les fautes d'orthographe de Napoléon. Elle ne se prenait pas pour Napoléon, elle soupirait. Dans ces moments-là, je voudrais déposer mon livre de grammaire à ses pieds, sur un coussin de camélias. J'aurais reçu d'elle des messages, non des lettres parce qu'elle craignait de mal tourner ses phrases. Ses messages sont abstraits comme elle-même

, L'être maternel demeure immatériel, insaisissable, d'autant plus qu'il ne se réalise jamais dans l'écriture. Serait-ce pour rattraper cet acte (les mots et les phrases sont justement le seul moyen pour que l'on prenne acte de la réalité de l'être) manqué que la fille écrit la mère

, Pourrait-on donc supposer que la venue de Leduc à l'écriture soit, non pas par haine de la mère, mais par amour ? Leduc inverserait-elle le schéma prégnant dans la littérature féministe où « il s'agira, pour Huston, d'écrire avec le sang de la mère, vol.3

, mais également une mère admirable, et non seulement admirée. L'amour incommensurable que Leduc porte à Berthe étant resté lettre morte, l'auteure l'écrit dans toute sa puissance, avec tous ses espoirs, et ses déceptions. Chez celle-ci passion et désamour se confondent sans aucune possibilité de les disjoindre, car « Ne meurs pas tant que je vivrai. Retournons en arrière, porte-moi comme tu me portais, ayons peur ensemble des rats que tu devais enjamber dans le couloir de ta chambre. Ton sang ma mère, le ruisseau de sang jusque dans l'escalier quand je suis sortie de toi, les flots de sang du moribond. Les fers, les forceps, L'écriture aurait permis de transcrire ce que Violette aurait voulu que Berthe soit, un être que l'on n'abandonne jamais à l'oubli

, Et si le rejet d'une mère ne peut être synonyme d'indifférence

, L'indétermination leducienne quant à sa propre désignation signifie l'interrogation inhérente à l'écriture comme quête identitaire. En cela, l'oeuvre de Leduc relève d'une vision moderne du moi instable et morcelé aspirant à l'unité et l'intégrité ontologique. Ainsi, « chez Violette Leduc (?), le « je » ne se laisse écrire que parce qu'il est distinct du moi, un moi anhistorique, mouvant, qui cherche une raison d'être, un logos, p.64

M. Brioude, Anaïs Frantz et Alison Péron dir, p.8

V. Leduc and L. Bâtarde, , p.62

, Marianne Camus dir, p.69

V. Leduc and L. Bâtarde, , p.25

. «-l', intérêt agressif d'une femme pour son enfant est toujours de l'intérêt, vol.1

«. La and . Le-non-intérêt, Si Berthe n'est pas Violette, Violette est Berthe. En effet, l'auteure semble s'être approprié toutes les hantises maternelles ; d'où le consensus par lequel on s'accorde à percevoir l'écriture leducienne comme la reproduction d'une parturition douloureuse, dans son déroulement. Mais également dans sa continuité, étant donné que la souillure placentaire collera à la chair maternelle et en deviendra d'autant plus visible, d'autant plus honteuse

. Leduc, en écrivant les malheurs maternels tente-t-elle ainsi d'en soulager Berthe ?

. Probablement, Et si l'on considère que l'auteure voulut conquérir une légitimité qui lui a été refusée par la figure paternelle, pourrions-nous envisager que la véritable personne envers laquelle elle estima devoir se racheter est bel et bien Berthe ? Leduc assure avoir effectué un travail introspectif afin d'atteindre une certaine acceptation de sa disgrâce physique

. Ma-laideur, je l'ai triturée dans tous les sens. (?) On porte sa croix, pendant qu'on écrit on la dépose, et ensuite on la reprend, eh bien, tout de même, je me suis un peu autopsychanalysée. Je souffre moins si, quelquefois

, avec ses aspirations -l'éducation de sa fille qui sera une compensation de sa privation d'instruction -, ses déceptions -provoquées par la gent masculine incarnée en la personne d'André Debaralle -, ses craintes -de voir sa fille suivre ses pas de mère-célibataire dont elle ne connaît que trop les tribulations et les exécrations sociales) permettrait, par procuration, un processus psychothérapeutique permettant d'alléger le fardeau maternel. Et les nombreuses métaphores assimilant l'auteure -souvent en mal d'inspiration et de mots -à une femme en gésine, Ce travail, nous pouvons l'envisager sous un autre angle, car l'incorporation totale et absolue de l'être maternel, p.118

M. Landrot, Autofiction comme tentative de renaissance

M. Brioude, Anaïs Frantz et Alison Péron dir, p.9

, Car même si l'on attribue volontiers à Sachs le mérite d'avoir exhorté Leduc à se soulager en écrivant ses souvenirs d'enfance, l'absence de ceux-ci aurait été rédhibitoire, ce d'une part

V. Leduc and L. Bâtarde, , p.311

«. Ils and . Dans-le-bureau, la mine triste. -C'est trop long, c'est trop lourd, dit le secrétaire de la publicité avec son fume-cigarette au coin de sa bouche

L. Camel, ma mère fumait une Camel quand nous sortions, l'expression "c'est lourd, rien ne manquait : ma mère et M. Poupet m'anéantissaient, vol.1

. L'omniprésence, maternelle est perceptible dans ses traces que les pas de l'enfant épousent. Celle-ci ne dérogera pas aux consignes de Berthe, et dans le domaine de la procréation (les relations amoureuses de la narratrice excluant l'enfant, sinon l'avortant) et dans le domaine de la création : la mère étant son inspiratrice

«. Qu, est-ce que je ferai plus tard ? Je serai libraire, je lirai toute la journée sans couper les pages, je ne quitterai pas ma mère 2 . » Le livre et la mère

S. Le-lien-entre-la-mère, Tout ce qui est dit est trahi, tout ce qui est exprimé est subverti. En effet, dans une lettre à Jacques Guérin, l'auteure réitère sa déclaration d'amour pour sa mère (l'adoration de Violette pour Berthe s

. «-merci-de-tout-mon-coeur-jacques, Oui mais c'est le passé. Ma mère est devenue de la littérature depuis que j'ai écrit sur elle. Je l'aimais fort quand je me taisais. Je l'ai exploitée 3 . » Leduc estime avoir utilisé sa mère, et par voie de conséquence, son enfance, les deux étant indivisibles

, Simone de Beauvoir et l'auteure s'entretenant de la rédaction de L'Asphyxie, l'évocation de l'enfance et celle de la mère se répondent irrémédiablement

, « Elle a voulu que je vienne m'asseoir près d'elle, à sa droite

V. Leduc and L. Bâtarde, , p.69

V. Leduc and C. , , p.229

, Elle enfilait son petit manteau de fourrure, elle me parlait encore de mon enfance, de ma mère 1 . » La publication de ses souvenirs d'enfant s'apparente pour Leduc à une spoliation de celles dont la vie est relatée (outre Berthe, la grand-mère Fidéline), mais surtout à sa propre dépossession. En écrivant sa vie, l'auteure estime la condamner à l'immobilisme des caractères d'impression, la vider de son sens, et se vider elle-même de sa personne, Oui je buvais du thé. Oui mes souvenirs d'enfance lui plaisaient

«. Épreuves,

E. Les and C. , Un mot à double sens. Mon coeur battait plus vite, ma main tremblait à cause de mes chagrins d'enfant imprimés noir sur blanc

, Comment parviendrais-je à rectifier le regard bleu acier de ma mère, l'hémorragie de Fidéline ? Me disais-je. Je perdais mon identité, Paule Allard mettait les crises de fureur de ma mère, la douceur céleste de Fidéline dans ma main. Elle me les reprit

. Ainsi, Leduc perçoit sa littérature comme une lutte, entre la vie qui habite chaque

, de la solitude et de l'amour, de la pénurie et de l'abondance, de la coquetterie et de la laideur), et c'est de la même manière que son parcours d'écrivain sera appréhendé

. «-ce-n, était que le combat d'une morte avec des morts. Mes folies à huit ans... (?) je ne veux pas revoir mes folies changées en caractères d'imprimerie. Abandonne-moi

. Silencieuse and . Gallimard, Les piles d'exemplaires sur la table, les liasses d'étiquettes recommencèrent à me délabrer : je croissais et multipliais pour m'annuler. Le parfum de sa poudre s'en alla aussi 1 . » La mère est appelée sous l'apparence d'un oiseau survolant et surplombant les personnages et les lieux, y compris celui où l'auteure, victime de son tiraillement, se livre à son propre « combat ». Cette métaphore maternelle du volatile signifie ainsi l'hégémonie de la figure de Berthe dont l'image est persistante

P. Ainsi and . Leduc, l'écriture de sa vie est source de déchirement provoqué par la trahison commise à l'encontre de sa mère mais également de son enfance, l'auteure exprimant, franchement

. «-j'étais-seule,-j'étais-courageuse.-mes-feuillets-noircis-m'absorbaient.-je-ne-bombais-pas-le-torse, . Seul, M. De, and . Sachs, Par conséquent, si l'on veut considérer l'oeuvre leducienne du point de l'autobiographie selon la détermination de Lejeune ce serait en insistant sur la notion d'engagement, non pas en tant qu'entière souscription à la clause relative à la véracité des faits relatés, mais en tant que promesse formulée et accueillie par l'auteure de ne laisser ni péricliter le visage de Berthe, ni se défraîchir ses souvenirs d'enfance. L'autobiographie, étant gage d'éternité de celui qui (et de ceux à propos desquels on) écrit, revêt donc cette dimension séduisant une auteure qui voulait, en écrivant redonner vie, notamment à sa grand-mère Fidéline. Toutefois cet acte d'écriture signe ses propres limites

V. Leduc, La Folie en tête, pp.105-106

, Cela semble évident puisque « nos premiers souvenirs varient avec l'âge où ils sont évoqués et (?) tout souvenir travaille en nous sous l'influence de notre évolution psychologique, de nos dispositions et des situations. A moins d'être solidement encadré dans un complexe de circonstances objectivement repérables, ce qui est rarement le cas lorsqu'il est d'origine infantile, un souvenir risque beaucoup d'être plus à l'image du présent que du passé. » (Henri Wallon, p.52

V. Leduc, La Folie en tête, p.15

. Votre-formule, Signé avec son propre sang ! En réalité, ce pacte implicite engage l'auteur auprès de son lecteur

«. Aussi, implique-t-il une valeur d'échange qui est susceptible de corrompre le récit autobiographique

. Toutefois, est-il adéquat pour qualifier le projet littéraire de l'auteure, et devrions-nous préférer la désignation d'autofiction, elle aussi fortement usitée, ce qui est susceptible de trop en élargir le champ 2 ? En effet

V. Leduc,

«. Cette, . De, . Rousseau, . Stendhal, . Vallès et al.,

. «-a-mon-sens, W ou le souvenir d'enfance de Georges Perec, Les Mots pour le dire de Marie Cardinal (ainsi peut-être, mais dans un contexte particulier, que La Bâtarde de Violette Leduc et les premiers récits de Jean Genet ?) peuvent être classés dans cette rubrique, en dehors des romans de Doubrovsky seuls L'Âge d'homme et La Règle du jeu de Michel Leiris, p.38

, L'empressement théorique créant à l'envi de nouvelles terminologies concerne également l'autofiction, et ce à l'exemple du « néologisme forgé par Arnaud Schmitt [qui] paraît de nature à clarifier la situation » selon Philippe Gasparini qui estime que « le concept d'autonarration ne désigne pas un genre mais la forme contemporaine d'un archigenre, l'espace autobiographique, Il recouvre des textes strictement autobiographiques, pp.312-313, 2008.

P. Gasparini, Poétiques du je, Du roman autobiographique à l'autofiction, pp.178-179, 2016.

, Jean Bellemin-Noël, p.163

, Et Marine Landrot remarque également : « Loin d'être un suicide, l'autofiction fut chez elle une tentative de renaissance sans cesse renouvelée 2 ». On met de cette manière l'accent sur la nouveauté inhérente à l'univers leducien, d'autant plus qu'on applique le terme d'autofiction à propos de cette oeuvre a posteriori

. Cependant, on utilise l'un ou l'autre terme d'autobiographie ou d'autofiction, ce qu'on ne peut mettre en doute, c'est bien la jonction, au sein du même texte, de la réalité et de l'invention. De cela les illustrations sont nombreuses

. «-c', est au début des années quarante que Violette se fait avorter à cinq mois et demi de grossesse. Elle échappe de justesse à la mort. Contrairement à ce qu'elle raconte dans La Bâtarde

C. , exploration minutieuse des manuscrits par Catherine Viollet qui énumère en particulier toutes les versions de « l'épisode « Thérèse et Isabelle » [dont] il existe (?) de nombreux éléments concernant la genèse 6 » Viollet finit ainsi par interroger : « ne serait-il pas souhaitable d'éditer la version dactylographiée ? Ce serait rendre justice à un écrivain pour qui la frontière est floue entre écriture romanesque et écriture autobiographique (?), vol.7

, Ce travail incessant de réécriture est souvent mis en évidence dans les études consacrées

, Leduc où celui-ci est représenté par l'image de « mille-feuille » tant les changements apportés 1. Philippe Gasparini, Autofiction, p.319

M. Landrot,

, Joël Zufferey dir., op. cit, p.83

C. Jansiti, , p.97

P. Lejeune and C. Viollet-dir, En effet, C. Viollet dresse l'inventaire de tous les textes qui ont été à l'origine de l'oeuvre : « -la version manuscrite, couvrant environ trois mille pages (?) ; il faut y ajouter plusieurs centaines de feuilles volantes, qui ne sont encore ni classées ni étudiées ; -la version des deux dactylographies (1954-1955) (?) ; -la version du « faux » manuscrit d'Ibiza (?) ; -la version partielle, insérée dans La Bâtarde, pp.118-119

P. Lejeune and C. Viollet-dir, par l'auteure à son texte sont nombreux, et expliqués, entre autres, par les phénomènes de censure, p.122

, origine : l'écrivain a superposé, en les collant soigneusement, au recto comme au verso, plusieurs pages les unes sur les autres, jusqu'à obtenir quatre, parfois cinq couches de papier superposées. Pages arrachées à d'autres cahiers semblables, qui correspondent à autant de phases, ou de campagnes de réécriture successives : une pratique du palimpseste qui fait de chaque cahier une sorte de ''mille-feuille'' 1 . » La dimension fictionnelle apportée par Leduc à son oeuvre est par ailleurs concédée à plusieurs endroits du texte où on relève ceci : « Archange, « Il reste à préciser que ces cahiers manuscrits de Ravages (cahiers d'écolier de 200 pages environ) sont beaucoup plus épais qu'à l

, Par conséquent, il semble évident que Leduc recourt largement à l'imagination pour réinventer sa vie. D'un autre côté, elle s'acharne à exhumer ses souvenirs, en particulier ceux de ses premières années. Le processus mnésique est finalement assimilé à une séance de voyance par le biais de l'anaphore « je vois

«. , Mes cicatrices aujourd'hui sont jolies, elles sont toutes en forme d'ellipse. Un insecte mystérieux? pardon lecteur, je m'interromps. Me déciderais-je enfin à me souvenir de mes quatre ans, de mes cinq ans ? Je vois un escalier raide, étroit, je vois des éclats de verre en bas de l'escalier, je vois? Je ne vois plus rien. Le souvenir de ma chute et de ma blessure m'est épargné 4 . » Nous constatons ici, que le lecteur est fortement investi dans le processus de remémoration. En effet, les interpellations du lecteur se multiplient et le discours métadiégétique prend de l

P. Renard and M. Hecquet, , p.111

V. Leduc and L. Bâtarde, , p.124

». «-archange and M. Gabriel-ou, son mari durant une année et dont Violette fit la rencontre dans une salle de cinéma)

. «-a-gauche-;-?)-lecteur and . Je-détaille.-j'embrassais, J'étreignais les bois, je caressais des yeux la route, je respirais sa poussière au creux de ma main 1 . » « Lecteur, je dois encore te la décrire si tu veux la voir à l'intérieur 2 . » Car c'est surtout le lecteur qui la guide dans ses choix scripturaux. Le texte leducien la genèse littéraire. Nous l'avons évoqué, Leduc interpelle souvent son lecteurenfant, et dans ce contexte la relation maternelle qu'elle tisse avec son destinataire paraît des plus infrangibles, puisque par son écriture elle établit un lien solide entre ses livres-enfants 5 et ses lecteurs-enfants

V. Leduc, La Chasse à l'amour, p. 392. 2. Ibid, p.432

. L'aspect-métadiscursif-introduit-en-effet-ce-que-genette-appelle-«-analepse-explicative, Le destinataire est doublement présent dans l'oeuvre puisque la narration leducienne varie au motif de laisser le lecteur découvrir le monde de l'auteure qui est alors amenée à interpeller ce dernier afin de clarifier son choix, p.391

G. Genette and I. Figures, , p.242

, Les exemples illustrant ce lien que Leduc entretenait avec ses livres et qui se perçoit alors comme un corps écrivain-mère « Il s'appelait Ravages, mon pauvre petit. Ils t'ont séparé de toi-même, ils m'ont séparée de toi. Ce sont des tristesses qui traversent ma tête avec des mouvements d'ondulations. Je ne guérirai pas de notre amputation. » (La Chasse à l'amour, p. 24) « Mon livre La Vieille fille et le mort a paru

«. Ils and . Au-pilon-l'asphyxie, Il est vrai, il représente un malheur. C'est une nécessité pour l'éditeur, c'est une humiliation pour l'auteur. Si je pouvais me cacher sous les arbres qu'on abat pour se chauffer l'hiver? Il est maigre, mon mort aux jambes pendantes. Il n'était rien, il est mon géant. (?) On cachait mon enfant, maintenant on le tue. L'éditeur manque de place. Il prenait donc tant de place dans la cave, mon petit rachitique ? (?) Je devrais me réjouir, la pâte servira pour le papier manuscrit d'un jeune génie. Je ne me réjouis pas. Mon enfant est piétiné après avoir été séquestré, pp.142-143

V. Leduc and L. Bâtarde, , p.241

, hésitaient (?) pas à voir en Violette un « monstre d'égocentrisme » (comme elle le disait d'ailleurs volontiers d'elle-même 1 », Leduc n'est nullement narcissique. Car si l'on estime que le texte autofictionnel est tourné vers son auteur

. «-on-reproche-À-l'autofiction-de-favoriser-le-narcissisme, . Ce-n'est-pas, and . Vrai, Ainsi que le disait Camille Laurens, quand on parle de soi, on parle aussi forcement des autres 2 . » Cela est d'autant plus vrai chez Leduc qui non seulement parle des autres (à savoir sa mère et sa grand-mère) mais parle également aux autres en transformant chacun de ses mots en un don. Don de soi en premier lieu, bien que l'auteure tienne un discours ambivalent, voire paradoxal quant à la transcription de son enfance qu'elle estime avoir souillée au lieu de l'ennoblir par cet acte. Don en second lieu de son ouvrage, laborieusement et scrupuleusement érigé. Et, justement, on pourrait beaucoup reprocher à Leduc, sauf d'avoir toujours agi en son âme et conscience. Dans la préface qui a largement contribué au succès de La Bâtarde, Simone de Beauvoir a affirmé que « tout écrivain qui se raconte aspire à la sincérité : chacun a la sienne

, Sans remettre en question la justesse de ces propos, nous ne ferons qu'en élargir la signification en apportant une rectification par l'omission de la particule pronominale « se » pour se contenter du « qui raconte ». En effet, la sincérité est rarement celle des faits (qui s'apparenteraient à des aléas vu qu'ils sont toujours sujets à caution ou objets de discrédit), elle est celle des actions. Et en écrivant, Leduc a transmué le plomb en or ; elle a exhaussé son expérience en la partageant, et a tenté de s'exaucer (telle qu'elle voudrait être) en érigeant son enfance du rang de faits

«. Leduc]-s'est-donné-naissance, Celle qui écrivit au début de La Bâtarde : « Je suis née à la pointe d'une plume » ne s

J. Arrougé, « Mon choc n'est pas unique », Intervention au Colloque international « La Bâtarde a 50 ans », organisé par Mireille Brioude, Anaïs Frantz et Alison Péron, 2014.

J. Jeannelle and C. Viollet, Genèse et autofiction, Academia Bruylant, p.65, 2007.

P. De and L. Bâtarde, , p.15

V. Leduc, ;. Correspondance, C. Note-de, and . Jansiti, Leduc est une auteure qui s'est enfantée de sa propre bâtardise, qui en faisant imploser le personnage et en compromettant son accomplissement personnel, en a par ailleurs explosé les limites puisque, sans appartenance, l'écrivaine s'appropria toutes les origines et emprunta tous les chemins, son oeuvre offrant maintes formes d'expression. Elle a, incontestablement, existé grâce à son prénom, Violette, sceau de l'enfant, naturelle (en effet, Carlo Jansiti explique : « Le docteur Baude (?) déclare l'enfant sous le patronyme de Violette et les prénoms de Thérèse, Andrée. Sa mère (?) ne reconnaîtra sa fille que deux ans et deux mois plus tard, pp.28-29

. Somme and . Leduc, Telle qu'elle se perçoit (« Entre l'accident et ma mort, il y aura une étincelle de solitude 2 . »), Leduc est perçue, en l'occurrence par l'épicier chez qui elle acheta son déjeuner en sortant de l

, Un autre reconnaît mon martyre comme ils reconnaissent un enfant le jour de sa naissance 3 . » Cette solitude contraignit l'auteure à explorer toutes les formes d'existence, vol.aussi est

C. Elle and . Ndiaye, métissage, bien que cette dernière l'ait vécu comme un enrichissement et non comme un déchirement. La bâtardise de Leduc est ainsi fondatrice de son oeuvre, à plusieurs égards, dont l'aspect le plus important et aussi le plus surprenant

, Je ne me sens jamais une bâtarde, jamais, jamais. Sauf, j'ai une petite nostalgie quand je vois un bébé, un petit garçon sur les genoux de son papa, qu'on fait sauter, et il se niche dans le cou de son père

C. Jansiti, , p.31

V. Leduc, , p.32

V. Leduc and L. Chasse, je n'arrive pas à le trouver. Alors, à ce moment-là, je le répète, j'ai une nostalgie, mais pas une souffrance. Ma mère a souffert, ça a été son calvaire, p.142

V. Leduc-aura and . De-maître, un véritable exploit littéraire en nous convainquant de la prédominance d'un fait qui, en réalité, ne représente qu'un événement (certes premier mais non primordial) parmi tant d'autres. Cela transforme, non seulement son oeuvre, mais également son existence

. «-comme-c'est-facile-de-tromper-le-monde, , vol.2

B. Simone-de, et bien que le contexte s'applique à une scène racontée à cette dernière, le sens y est

, Je suis née pour hurler, je me taisais toute l'année 3 », n'a, en réalité, cessé de déclamer et de clamer sa détresse comme seule preuve de vie. Leduc a magistralement transmué ses joies et accomplissements (à l'exemple d'une certaine notoriété acquise grâce à la publication de La Bâtarde dont Leduc tait le succès dans les récits qui lui ont fait suite) en d'infinies turpitudes, tant et si bien que d'aucuns la perçoivent comme une figure sombre, alors qu'en réalité, l'auteure est toujours restée en quête de clarté. Par sa vision manichéenne, L'auteure possède un don pour l'éloquence et une force persuasive exceptionnels étant donné que celle qui affirma ceci : «

, est là où je me désole sur moi-même, je crois que je suis très timorée, je voudrais retourner en arrière, je voudrais encore pleurer dans le métro parce que rien ne va, je voudrais encore chercher de librairie en librairie mes livres en vitrine (?), car tout de même

, Pièr Girard explique d'un point de vue psychanalytique l'influence de la bâtardise dont les effets se mesurent proportionnellement à l'influence maternelle. « Cette incapacité à vivre, qualifiée de « pente névrotique », trouve, selon J. Piatier, son fondement dans une naissance illégitime dont le malheur retentit tout au long de sa vie de bâtarde. Sans doute, mais c'est un peu bref : ce n'est pas l'illégitimité qui est traumatisante, c'est la parole de la mère sur cette naissance, sur Violette elle-même, fille sans père et image vivante de la défaillance de celui-ci ; ce sont les prédictions, les mises en garde, les revendications à l'endroit de l'enfant qui s'adressent en fait au géniteur ; c'est la non-reconnaissance de Violette comme objet spécifique du désir de la mère et l'interdit de son propre droit à l'autonomie et au désir, et ce depuis qu'elle est au monde. » (p. 43 citant J. Piatier, « Le beau cri d'une jeune fille dérangée, Le Monde, p.28, 1970.

V. Leduc and C. , , p.157

V. Leduc, Ravages, p.269

, La force leducienne est de se retrouver dans les endroits les plus sombres (nous avons déjà évoqué sa ténacité). Son être ne s'éprouve pas dans le confort mais dans la peine, 1970.

, Ma maman le disait 1 » : en grande enfant, Violette a ainsi « déjà gagné sa place dans le monde

, Car les larmes sont expression et transmission, nous les retrouvons sur ses pages. Leduc a en effet, « Une écriture qui pleure à la place de l'auteur. Le trajet de la plume sur le papier n'en finit pas de tirer sa larme sous le regard « appliqué » du lecteur ». Le point de vue est confus

«. Souvent, il y a quelque chose d'incompréhensible et d'absurde que la littérature clarifie, transfigure. La littérature peut transformer des histoires navrantes et tristes en récits tristes encore mais sublimés. Rien que de transformer des êtres qui vous ont fait mal en personnages peut vous aider à comprendre l

. L'oeuvre-de-ndiaye-est-incontestablement-romanesque and . Théâtrale, cependant ses destinataires se plaisent à y déceler des traces autobiographiques, notamment dans En famille où une « une jeune fille issue d'une mère française et d'un père africain, surnommée Fanny par l'une de ses tantes, cherche à obtenir à la fois recognition de ses proches et une reconnaissance identitaire qui légitimerait son appartenance géoculturelle 5 . » Ce phénomène

, « Les lecteurs ont pris le goût de deviner la présence de l'auteur (de son inconscient) même derrière des productions qui n'ont pas l'air autobiographiques

V. Leduc, La Chasse à l'amour, p.37

D. W. Winnicott and L. 'enfant, Les premières relations, Traduit de l'anglais par Annette Stronck-Robert, les Editions Payot, p.85, 1971.

A. Frantz-a-Évoqué and . Du-titre-l'affamée, ce paradoxe leducien, l'auteure se nourrissant de sa propre faim. « La privation (la « faim ») y cache un excès, un surplus, une marge dans la marge. Toute « fin » accroît la « faim » de l' « l'affamée », gardant vive la tentation et relançant la tentative à l'infini. » (Anaïs Frantz, « Les retours de la pudeur, Protée, vol.38, p.88, 2010.

A. Frantz, L. Les-repentirs-d'une-bâtarde, . De-violette, and . Leduc,

C. Argand and M. Ndiaye, , 2001.

A. Dir, , p.15

P. Lejeune and L. Pacte-autobiographique, On pourrait considérer que l'interprétation d'une fiction sous un éclairage autobiographique est abusif, pourtant comme l'on pourrait emprunter « la formule de Serge Doubrovsky dans Le Livre brisé : ''Si je me remémore, je m'invente, p.45

. «-ainsi-mauriac, introduction de commencements d'une vie : « "Seule la fiction ne ment pas : elle entrouvre sur la vie d'un homme une porte dérobée par où se glisse, en dehors de tout contrôle, son âme inconnue, vol.2

, Ainsi la frontière entre récit de vie s'avère ténue, ce qu'énonce NDiaye, à demi-mot

M. «--alors-est-ce-qu'on-peut-considérer-que-pour-un-Écrivain and . Ndiaye, des parents pas tout à fait à la hauteur sont une espèce de cadeau, littéraire en tout cas ? -Certainement, certainement. Il faut les remercier. -Vous vous défendez beaucoup de l'autobiographie, n'est-ce pas ? -Oui. -Est-ce qu'elle vous rattrape quand même, malgré vous, parfois ? -Est-ce qu'elle me rattrape malgré moi ou est-ce que je la laisse me rattraper sous mon contrôle, c'est peut-être plutôt ça. Je la laisse me rattraper en en jouant mais en même temps, je me laisse aller à ça avec un certain plaisir en essayant que ça ne ressemble pas à un étalement. -Alors vous trouvez que l'étalement c'est dégoûtant

, Je ne trouve pas que ce soit dégoûtant. J'aime bien lire, j'aime énormément même

. Paradoxalement, Elle avoue donc : « Finalement, j'exerce un contrôle très réduit sur ce qui m'anime au moment où j'écris 4 . » Cependant, que l'on fabule ou que l'on transcrive, ce qui semble le plus important n'est pas la littéralité mais la littérarité. Certains parleraient d'authenticité (« La vérité du témoignage est également indexée sur la simplicité, et donc la franchise, de la langue 5 »), d'autres de style

, Joël Zufferey dir, p.188

P. Gasparini, Du roman autobiographique à l'autofiction, François Mauriac. Commencements d'une vie, 1932, dans oeuvres autobiographiques, François Durand (ed) Paris Gallimard. « Bibliothèque de la Pléiade, pp.65-67, 1990.

P. Jacques and M. Ndiaye, , 2001.

A. Dir, , p.188

P. Gasparini, Ce n'est pas un caractère, ni une caractéristique : en tout cas, ce n'est pas seulement une caractéristique. C'est une caractéristique euphorique, comme on dit en sémiotique, c'est-à-dire qui agit comme moteur de jouissance, qu'il s'agisse de singularité individuelle ou collective, quand ça arrive. Ce n'est pas non plus statique : ni une chose, ni un trait, ni un état. C'est à la fois des points de vue croisés de la production et de la réception, un conglomérat consubstantiel de forces, d'attractivité, d'activisme sémiotique. Ce n'est pas un lieu, fût-ce un lieu textuel, même si ça se produit forcément à l'occasion d'un lieu, d'une configuration, On cherche à comprendre, à mesurer, ce qui, d'un discours textuel donné fait qu'on se dit qu'il a du style, que donc on reste tant soit peu scotché à sa lecture (?), p.248

, Ce qui se dit difficilement à travers les mots, s'exprime par le corps. Le recours à l'image des « caresses » par Georges Molinié, n'est pas innocent (d'ailleurs, il le confirme en renchérissant : « Je sexualise normalement bien davantage le modèle 2 »). Cet éveil des sens suscité par une lecture prenante

C. Achache, Anne Garréta et Cécile Vargaftig s'entretenant à propos de l'oeuvre leducienne

«. Dans-ce-qu'elle-raconte-de-sa-vie,-c'est-une-tricheuse.-c'est-Ça-qui-est-magnifique, Quand Violette Leduc dit que ''c'est vrai'', c'est par rapport à ce qu'elle ressent. Ce n'est pas par rapport à l'exactitude des faits réels. C'est comme un peintre qui se demanderait si ce qu'il peint est ressemblant. Ce ne sont pas les peintres les plus intéressants qui font des toiles en se souciant de l'imitation du réel. Je ne pense pas que Violette Leduc se soit posé la question de la vérité ou du mensonge 3 . » Par cette remarque, nous nous rapprochons d'une observation faite précédemment sur l'aspect cinématographique de l'oeuvre ndiayïenne

J. Gardes-tamines-dir, Style et création littéraire, Actes de la journée d'étude de la Sorbonne du 22 mai 2009, organisée par Joëlle Gardes Tamine et Georges Molinié, Honoré Champion Editeur, pp.13-15, 2011.

M. Brioude, Anaïs Frantz et Alison Péron dir, p.189

E. Le-monde, Et celui du lecteur en second lieu puisqu'il est placé au coeur de l'écriture à travers le style hybride ndiayïen, se situant à mi-chemin entre naturalisme 1 et fantastique

, D'où une approche analytique de la nature humaine que l'on dissèque pour l'étudier de plus près, et que l'on peut de cette manière décrire minutieusement, sans que cela n'induise une impression de claustration qui est conjurée par l'invocation de l'instance lectoriale avec sa force interprétative. Afin que son écriture ne soit pas étouffante, NDiaye a trouvé la parade, et tout en préservant son lecteur d'une sorte d'asthénie intellectuelle

«. Lorsqu, on parle de réduire l'écart entre les moyens de représentation et la chose représentée, on prend la chose représentée pour objet et non pour second sujet (tu)

, Le réalisme chosifie l'homme, or ce n'est pas une façon de réduire l'écart. Le naturalisme, avec son penchant pour l'explication causale de l'acte et de la pensée de l'homme (sa position de sens dans le monde), chosifie l'homme plus encore. La démarche "inductive

. La-«-représentation-»-chez-ndiaye, En laissant libre cours aux inventions de son récepteur, l'auteure avance sur la corde raide de la précision vague en y entraînant ce dernier, pris alors d'une sensation grisante. Car de son poste d'observateur, il devient acteur, et en fin horloger

, minutieux sur un texte prolixe et pléthorique en détails ; cependant, cela ne semble pas être le but poursuivi par l'auteure qui écarte toute intention naturaliste : « J'aime l'idée de fresques, qui donne l'idée d'une société, mais malheureusement je n'ai pas ce sens de l'histoire. (?) Après vingt ans d'écriture, on connaît ses limites. Il y a des renoncements. Souvent un écrivain fait ce qu'il fait parce qu'il ne peut pas faire autre chose. C'est difficile d'avoir à la fois le sens de l'intime et le sens de l'histoire. » (Nelly Kaprièlian, « L'Ecrivain Marie NDiaye aux prises avec le monde, L'atmosphère dans laquelle nous plonge NDiaye paraît l'effet d'une recherche soutenue du développement et d'un travail, 2009.

M. Bakhtine, En équilibriste, Leduc également conçoit son oeuvre ; et ici nous aborderons les deux aspects évoqués ci-dessus pour les percevoir du point de vue leducien, le premier étant la notion de fidélité représentative abordé par Bakhtine, et le deuxième étant le moyen par lequel le lecteur devient un compagnon d'écriture, voire un compagnon de vie. En effet, l'oeuvre leducienne se situe à l'orée de deux mondes qui se complètent. Le sien qui s'ouvre sur l'autre en lui tendant sa main représentant les multiples interpellations du lecteur évoquées précédemment, et celui de ce destinataire qui, par sa perception, achève la construction de l'oeuvre. En s'adressant à l'autre, l'auteure cherche à s'en faire adopter, à intégrer un regard sinon complaisant, du moins affectueux, qui adoucirait le regard que Violette porte sur ellemême, Esthétique de la création verbale, Edition Gallimard, p.321, 1984.

«. Le-dessein-biographique, intimité d'un lecteur qui participe du même monde de l'altérité ; ce lecteur occupe la position d'un auteur. Le lecteur critique perçoit la biographie comme matériau quasi brut susceptible de recevoir une forme et un achèvement artistique

, Et c'est ainsi que le théoricien russe définit « l'exotopie

«. Dans-l'acte-de-compréhension and . Dans-le-temps, dans l'espace, dans la culture -par rapport à ce qu'il veut comprendre. N'en va -t-il pas de même pour le simple aspect extérieur de l'homme que ce dernier ne peut voir ni penser dans sa totalité, et il n'y a pas de miroir, pas de photographie qui puisse l'y aider ; son aspect extérieur

«. , elle est naturellement soumise en même temps à l'impératif de ressemblance au niveau du modèle, mais ce n'est qu'un aspect secondaire. Le fait que nous jugions que la ressemblance n'est pas obtenue est accessoire à partir du moment où nous sommes sûrs qu

M. Bakhtine, , p.172

P. Lejeune and L. Pacte-autobiographique, , p.40

. C'est-en-fusionnant-ces-propos-que-l'on-tentera-de-déterminer-le-projet-leducien-d'écriture-de-soi, Le rôle attribué au lecteur serait celui de comprendre, car sans comprendre on ne peut concevoir l'univers de l'auteure, mais également d'aimer cette dernière d'où l'importance de la confiance dans -pour ne pas parler de « pacte » qui semble dépasser l'intention de Leduc -l'accord qui, à l'inverse implique une certaine entente entre les deux parties. Ce que l'écrivaine recherche est finalement une relation sincère et ce dans les deux sens : d'un côté Violette accueillant généreusement le lecteur en lui offrant son monde 1 et de l'autre le destinataire qui ne doute pas de l'intention de cette dernière de se livrer entièrement, franchement et sans fard. L'intégrité serait ainsi « visée ». Par ailleurs, l'image qui viendrait compléter la perception que l'on a de soi, ce que Bakhtine nomme « l'exotopie », serait celle non plus d'un étranger qui reçoit l'oeuvre biographique

M. De-cette, dignement représenté par le lecteur, supplante graduellement des suppositions théoriciennes concernant un étiquetage théorique de l'oeuvre leducienne. Car, en définitive, « aucune autobiographie ni aucune autofiction ne peut être la photographie, la reproduction d'une vie. Ce n'est pas possible

, En effet, l'auteure en déclarant « Je vous accorde que je me suis lancée à la conquête de la chair et de la création des livres 3 », établit entre les deux compléments du verbe une conjonction qui se transformerait, sans heurt, en une juxtaposition à la fois syntaxique et sémantique. « La conquête de la chair » se confond alors avec « la création des livres ». Catherine Viollet a notamment mis en exergue la sexualisation de l'écriture chez l'auteure, ainsi note-t-elle : « Pour Violette Leduc, l'acte d'écrire et l'acte d'aimer se confondent souvent, s'entremêlent de diverses façons : ''Ecrire. L'amour après l'amour. Je me 1. « Violette anticipe un lecteur inscrit amical. Sans réticence, elle l'exhorte à la mansuétude et lui fait des offrandes lyriques : « Le mois d'août aujourd'hui, lecteur, est une rosace de chaleur. Je te l'offre, je te la donne, p.435

. Jean-louis, Jeannelle et Catherine Viollet (dir.), op. cit, p.63

V. Leduc and C. , , p.98

, 1 » Cependant, l'auteure travaille non seulement ses mots, mais également son environnement, et même ceux qu'elle connut, à savoir Marc et Cécile, dont elle anime les corps pourtant endormis. En effet, « elle manie les mots comme sa propre chair et contraint la syntaxe à accueillir des phrases courtes qui brouillent l'espace-temps. Des phrases en mouvement, comme l'auteur qui craint les corps à l'arrêt. 2 » Comme l'auteure qui tente de faire sien l'univers des mots, courbais, je me redresse : mon désir de mieux écrire

, la fois cultivée et redoutée par l'écrivaine, des personnages dont la présence est cruciale dans l'existence leducienne. Cet aspect, l'autre représentation de « l'impossible » qui n

, Jacques Guérin était conscient qu'il fut « objet de fixation et (?)

. Si-«-ce-qui-compte, est faire du sens et peu importe la vérité à proprement parler, il s'agit d'établir une cohérence et une continuité dans le récit de sa vie 4 », établir une continuité avec son lecteur n'est pas moins important. D'après Roland Barthes, écrire « c'est engager un rapport difficile avec notre propre langage : un auteur a plus d'obligation envers une parole qui est sa vérité qu'envers le critique 5 . » Cette vérité, Violette 1. Catherine Viollet, « Violette Leduc, de Ravages à La Bâtarde », site officiel de l'Institut des textes et manuscrits modernes, 26 septembre, p.117, 2006.

F. Swialty, V. Leduc, ». , and R. , Cette prose poétique de quelques pages est une transcription de la hantise, mêlée à la fascination, qu'éprouve Leduc face à la masse endormie à côté d'elle, la laissant en proie à sa solitude, à ses craintes. Ce dormeur dont on devine qu'il est Jacques Mercier (Marc ou Gabriel dans ses ouvrages) que Violette épousa et dont elle se sépara une année plus tard, pourrait également être Cécile ou Hermine si l'on fait abstraction des passages relatifs au sexe masculin (par ailleurs ces passages permettent d'établir un lien avec la nouvelle La Vieille fille et le mort, un mort qui représenterait non plus Jacques Mercier le mari, mais Jacques Guérin, l'homosexuel auquel Leduc voue un amour impossible). Cela pourrait être corroboré par le témoignage de Michèle Causse, une amie de Leduc, recueilli par Carlo Jansiti : « ''Violette ressentait comme une trahison le sommeil de l'être aimé, se souvient Michèle Causse. Elle le vivait dans une détresse et une terreur telles qu'elle était capable de verser un pot d'eau glacée sur Denise endormie d'épuisement.'' » (Carlo Jansiti, op. cit., p. 80) Dans ce texte, l'effleurement des corps passifs laisse libre cours non seulement à une imagination habitée par la multitude d'entités et images qui animent les oeuvres de l'auteure, mais également à ses pires cauchemars comme le décès de sa grand-mère. Ces deux axes, à savoir le travail sur les mots et les obsessions morbides par lesquels Leduc est travaillée sont annoncés dès l'incipit : « Je hais les dormeurs. Ce sont des morts qui n, Cette hantise des corps amorphes, des êtres plongés dans la torpeur, trouve une illustration probante dans le texte leducien « Je hais les dormeurs », publié dans L'ARBALETE, revue de littérature, imprimée tous les six mois sur la presse à bras de Marc Barbezat, vol.13, p.9, 1948.

C. Jansiti, , vol.294, 1992.

A. Strasser, « De l'autobiographie à sa réception : quand les lecteurs prennent la plume », Littérature N° 162, Voix plurielles, p.96, 2011.

R. Barthes, Critique et vérité, Collection « Tel Quel, p.34, 1966.

M. Leduc, NDiaye la trouvent dans le prolongement qu'elles construisent en allant à la rencontre de leurs lecteurs

, Et si Leduc s'adresse au corps de l'autre, c'est parce que le sien est demeuré sans attaches. Ainsi en parlant de sa mère l'attendant dans la gare de Besançon

. Christine and . Michel, Elle ne m'a pas donné la main. Affligeante comparaison. Privation éternelle, privation lancinante 1 . » Paradoxalement, c'est dans ce « sans » que réside justement sa force. Parce que la sagesse réside dans une curiosité naturelle, et que « la question du philosophe, une fois dépouillée des formes solennelles ou sévères, est toujours enfantine : qui interroge sans nécessité est enfant 2

, Une oeuvre fait éclater les frontières de son temps, elle vit dans les siècles, autrement dit, dans la grande temporalité, et, ce faisant, il n'est pas rare que cette vie (et c'est toujours vrai pour une grande oeuvre) soit plus intense et plus

, Parce que l'écriture doit se libérer de la nécessité, elle est sans contraintes. « Je n'ai pas besoin d'écrire 4 ». Violette Leduc est surtout une auteure sans prétention. Sa simplicité enfantine, parfois puérile, désarme par une innocence que, d'ordinaire, on conçoit difficilement chez un adulte 5 . Elle se place ainsi souvent comme sa propre critique

, Je sortis de la salle de rédaction, la ville me montra ses griffes. Toi écrire oh la la parlons-en chuchotèrent dans mes yeux les paillettes d'un escalier de métro. Tu passais, nous existions. C'était cela te mettre à écrire avec tes petits yeux

V. Leduc, La Chasse à l'amour, p.328

P. Valéry, Mauvaises pensées et autres, Collection Blanche, Gallimard, p.12, 1942.

M. Bakhtine, , p.344

, Je volerai ses chats en prenant pour moi ce qu'elle a acheté pour eux. Ils auront les arêtes, je mangerai la chair. J'emporterai les saucisses dans les champs, ils se contenteront de la peau. Le lait, ils peuvent le boire. Je préfère son pastis. Elle m'hébergeait. Ce fut une lubie. Elle ne veut plus m'héberger. C'est une autre lubie. (?) Je ne serai pas la nurse de ses chats. J'entends déjà leurs miaulements. Je leur en veux à ceux-là. Je ne suis pas responsable de leur emprisonnement. Ça miaule, ça miaule. Je ne veux pas les nourrir ? Ce sont les chats d'Emilie. Elle dédaigne les autres, p.405

, Qu'est-ce que j'ai à vous contempler ? Nous sommes une nativité. Nous te plaignons, grenouille. Pourquoi grenouille ? Tu te gonfles, parasite des grandeurs. Pitié, il faut que j'écrive un récit. Pars. Pas maintenant. Je m'en irai, j'écrirai, ce sera changé. Je vous regarde pour vous regarder. A bas les lustres de opéras, n'est-ce pas ? Oui. Les coquelicots incendiaient les blés, Je vous décrirai. Tu n'en seras pas capable. C'est vrai, je ne vous voyais pas. Tu commences à nous exploiter

, Les appellations « ma petite », « pauvre enfant » ou « fillette » suggèrent l'amateurisme avoué, concédé par l'auteure, faisant référence au dénuement, la précarité, voire la petitesse de celle qui se croirait à la mesure de l'écriture. Les appellations renvoyant à l'enfance dénotent le rapetissement de Leduc qui prétend à l'écriture, qui se mesure au projet littéraire semblant alors démesuré. Une démesure dont Leduc prend le contre-pied d'un côté par l'auto-infantilisation, l'autodénigrement donc, et d'un autre côté par la focalisation, l'identification d'un interlocuteur, en l'occurrence « les paillettes d'un escalier de métro », devenu par synecdoque

V. Leduc-qui, Nous sommes une nativité » : le monde naît au moment où s'ébauche le dessein d'écriture. Celle-ci suscite en effet une stimulation sensorielle amplifiée, intense qui, destinée à alimenter les ressources de l'auteure, devient perception aiguisée de l'univers. L'auteure est alors sensible aux infimes composantes de son environnement qui, du fait de son fourmillement, est grossi et surgit désormais grouillant, effarouchant (« la ville me montra ses griffes ») et farouche puisqu'il se montre indomptable pour celle qui veut le saisir pour l'écrire. Ce monde dont la force est révélée, est par ailleurs révélation. En effet même, voire surtout, ses infinitésimales manifestations sont teintées de sacralité (vu la connotation christique de la « nativité »). Cette aura, enveloppant ce monde encore inatteignable, le préservant de toute instrumentalisation, auréole également ce qui serait la consécration de l'univers : son écriture -et la consécration propre de la narratrice : l'écriture. Ce pouvoir mystifié et mystique (cela rejoint la vision quasi animiste dans l'oeuvre leducienne, puisque le monde et les êtres n'y sont pas uniquement évoqués, ils y sont invoqués) requiert un rite, acquiert une clarté de vision qui lui dévoile les richesses que recèlent les objets les plus anodins, pp.311-313

, et l'écriture apparaissant sous les mêmes traits, le lien est solidement établi entre ces deux dispositions, associées dans ce passage

, Et c'est justement sous des figures d'enfants que sont présentés les auteurs fréquentés par Violette, dont Nathalie Sarraute : « Chaque fois que Colette Audry appelait Nathalie

. Sarraute-natacha and . Natacha,

, Une Russe adulte devenait une enfant 1 . » Et Leduc ne se départit pas de cette vision étant donné que l'évocation de l'association écrivain/enfant s'impose presque autant de fois que N. Sarraute est citée : « "Colette Audry m'appelle Natacha parce que je suis russe", m'a dit soudain une enfant désemparée 2 . » La redondance de ces désignations ne fait que renforcer leur aspect performatif

, L'appellation non seulement implique le changement de statut, mais l'instaure. Elle modifie le regard de l'autre et celui que l'on porte sur soi-même. La qualification n'est plus extrinsèque, elle prévaut comme valeur intrinsèque à l'être. L'adhérence de la dénomination en fait une détermination foncière

, Je jouais mon rôle d'enjôleur, celui que j'avais joué dans le garni de Vincennes, avec mon béret basque penché d'un côté. Si je buvais sec, c'était pour jouer aussi les alcooliques, pour être remarquée, admirée. Ne pas être raisonnable me semblait fabuleux. Ah que j'ai joué de bon coeur les enfants terribles ! Je désirais effrayer Nathalie Sarraute comme d'autres désirent rassurer 3 . » Notons au passage que l'auteure se qualifie d'enfant également, à ceci près qu'elle est aussi « terribl[e] ». L'enfance se fait écho dans une reproduction de cour d'école, un univers marqué par l'intimidation qui migre vers le monde de Leduc, figure en l'occurrence tyrannique, du moins prétendument, face à celle impressionnée, déconcertée de sa camarade, « Dès que Nathalie Sarraute se délivrait de sa vie intérieure, elle ressemblait à une petite fille qui descend d'un traîneau

, Sarraute, nous relevons dans l'oeuvre leducienne maints passages où Jean Genet est, pareillement (et différemment puisque la relation de Violette avec ce dernier, bien que ou parce qu'elle le tînt pour le génie de son siècle, était de loin plus houleuse qu'avec Sarraute), considéré comme un enfant. L'infantilisation de l'autre est rapprochement, voire appropriation, Outre les références à l'infantilisation de N

V. Leduc, La Folie en tête, p. 64. 2. Ibid, p.118

, ascendant se conçoit, se reçoit dans la sphère enfantine. Sans cela, il demeurerait conceptuel

, L'enfance est en effet tangible (l'icône devenant ainsi corps) et immuable (la relation du procréateur à sa progéniture étant persistante, inaltérable). L'enfance permet ainsi de toucher (à) l'autre, de le faire sien -un lien est alors tissé par l

«. Pauv and &. , La jeunesse est non seulement dans la conception de la littérature (l'écrivain se maintenant dans un état d'enfance quasiment inaltérable) mais également dans sa perception

, L'enfance dénote ainsi un double état de virginité et de réceptivité émotionnelle et intellectuelle

E. , découv

. «-je-relis-miracle-de-la-rose, Fièvre, palpitations, frissons comme au temps de ma première lecture, il y a dix-neuf ans. J'étais une adolescente de trente-huit ans, je découvrais le bonheur d'adorer, celui d'admirer. Je suis une adolescente de cinquante-sept ans, je découvre le bonheur d'adorer, celui d'admirer 2 . » La lecture

. Dans-un-État-d'enfance and . Fortiori, le franchissement de l'étape de l'écriture représente une totale immersion dans le monde enfantin se manifestant par une expansivité attentionnée et joyeuse

«. Pris, Je cueillis un globe blanc place du Palais-Royal, je jouai au ballon dans les rues de Paris. Je donnai le globe à un encaisseur, j'envoyai des gestes et des messages de tendresse aux cyclistes 3

, sous les traits d'un être dont les membres (éléments palpables du règne animal, végétal ou minéral, ou représentations intangibles) s'assemblent et se désassemblent sans limite aucune

. Celui-ci-est, un être hybride, qui n'a d'immuable que ses métamorphoses, une créature quasi mythologique. Et justement, en représentant cette dernière

, Leur cheminement scriptural est jalonné d'une enfance omniprésente, mais quand celle-ci s'efface et se tait, nos deux auteures lui prêtent leurs voix ; elles défendent l'enfant par la puissance de leurs mots. Ces mots seraient, par ailleurs, des témoins fidèles, ou seulement inspirés

. Damnation and . Explorer, Elle est placée sous le signe de la multiplicité vu qu'elle est tour à tour sacralisée, dévouée, immuable, pudique, torturée, rancunière, bienveillante, abandonnée, recueillie, désirée, fantasmée, hallucinatoire. L'enfance est, en outre, différentes présences puisqu'elle se fait fulgurances ou se tisse dans les ramifications relationnelles. Elle est ponctuelle, scénique ou hypertrophiée. Tous ses attenants, images, objets, jeux ; les liens, aux pairs, pères et mères, qui la définissent ; la chronologie qui la situe sans toutefois la cloisonner

, En effet, chez Leduc, le ballet incessant des personnages, des créatures vivantes et des objets, de même que la succession des événements relatés en masse, vouent à l'échec toute tentative d'établir un ordre suivant ce que l'on pourrait estimer comme important ou futile. Y compris dans les scènes marquantes de L'Asphyxie, Outre ces thèmes et la manière dont ils ont été abordés, ce qui retient notre attention en explorant les oeuvres de nos deux auteures

E. Ndiaye, impérissable impression d'avoir vécu le temps de la lecture dans un travers les romans ou les pièces théâtrales de l'auteure, nous vivons par-delà la réalité, en compagnie de personnages aux visages changeants, d'animaux et de végétaux presque parlants, face à des revirements déstabilisants

«. Elle, ?) travers[e] son siècle en défiant conventions et préjugés. Elle (?) traqu[e] les non-dits, les faux-semblants, les clichés, les lieux communs, les vérités établies, qu'elles soient littéraires ou existentielles, avec une originalité

, Elle aborde l'écriture de façon quasi-instinctive. » « Ses textes (?) se caractérisent par des thématiques récurrentes comme la famille et l'exclusion sociale, qui prennent place dans une atmosphère échappant à toutes les tentatives de catégorisation. (?) Car, (?) « ni les genres littéraires, ni l'expectative du public, ni les lois du marché (littéraire) ne l'intéressent ». » « Le lecteur se sent poussé à remplir les manques

, De tels extraits montrent que les convergences des univers de nos auteures comptent plusieurs de voir, dans les caractéristiques attribuées à l'une, des traits qui pourraient, tout autant

, Le lien à l'enfance se traduit par la profonde inscription des oeuvres leduciennes et ndiayïennes dans le monde enfantin. Monde à l'écoute duquel Violette Leduc se prête tout entière en faisant corps avec son environnement, en s'y immergeant pour en devenir le réceptacle. L'enfant est taillé au coeur de l'univers dont il prend toutes les formes puisque chez

N. Ndiaye, il est présence animale ou végétale, se confondant ainsi entièrement avec 1. Carlo Jansiti, Violette Leduc, « hors du cercle, Le Magazine Littéraire, « Les romancières françaises, 2010.

J. Biehler and M. Ndiaye, Acta fabula, vol.15, 2014.

M. Brioude, Anaïs Frantz et Alison Péron dir., op. cit., p. 54. sur l'enfant. J'ai l'impression que le discours sur l'enfant est toujours tributaire de tout un héritage culturel et mythologique 1

, quelle valeur peut-on accorder à une représentation élaborée par un adulte, tout talentueux soit-il, mais à l'évidence imprégné de codes culturels dont les chaînes sont infrangibles ? L'écriture de l'enfance est-elle condamnée à une stérilité ontologique (si l'être enfantin ne peut s'y réaliser), et cognitive (si la figure littéraire ne peut effleurer, A défaut de voir l'enfance dans les événements ou dans les personnages, nous la verrons dans les mots

. Poursuivons-ce-raisonnement, on estime que nul écrivain-adulte ne peut octroyer au personnage-enfant la « place » qu'il mérite, et par lequel on pourrait envisager une démarche nihiliste faisant table rase de toute la littérature -notamment autobiographique, qui a pris pour centre la figure de l'enfant -pour reconsidérer une autre vision assujettie elle aussi aux a priori sociaux desquels on ne peut se désenchaîner : le regard que porte le récepteur sur une auteure, et en particulier Violette Leduc et Marie NDiaye. Le genre semble en effet dicter une lecture qui se conjugue au féminin et

, Les plumes ne tarissent pas non plus concernant ce sujet, cheval de bataille, en l'occurrence des « féministes anglaises et américaines [qui] ont appelé "gender" les caractéristiques mentales et tant historiquement que géographiquement ?

, Cette vision sociale, imposant l'intrication de l'appartenance sexuelle et de la conception littéraire, et partant la désignation d'écriture féminine, détermine-t-elle réellement la perception de l'enfance ? On aurait tendance à croire que cela est le cas car l'individu est un, et l'univers que l'on porte est indivisible de son identité (sociale, bon gré mal gré). Cependant, Leduc, comme NDiaye, se sont attaquées à l'ordre établi, et ce en abordant des sujets dérangeants en rapport avec les maltraitances subies par l'enfance. Toutefois, elles ne s'y arrêtent pas

, Plus rares sont les études et recherches sur le « mystère », l'inconnu de l'enfance : potentiel, charge émotionnelle, relation intime avec les forces de la nature, don mediumnique pour communiquer. Depuis des siècles, le discours sur l'enfant met beaucoup plus l'accent sur son immaturité que sur son potentiel

P. Si-l'on-est-incapable and . Quignard, Et à cette fin, la richesse perceptrice se révèle essentielle. Et elle l'est chez Leduc et NDiaye, puisqu'elle détermine la perception de leurs propres êtres. En effet, transparaît ici un autre point commun qui unit nos deux auteures

, Autoportrait en vert, c'est l'autoportrait de qui ? Qu'est-ce que vous diriez Marie NDiaye ? -Je dirais que c'est mon autoportrait à travers des images de femmes diverses

E. Dans-un-autre-entretien, NDiaye entérine cette vision qu'elle qualifie par le terme riche en significations : « multiple

. «-j'espère-que-n, Je suis un être humain qui écrit, et voilà ! Et j'essaie d'être multiple justement, et je ne suis pas une femme de 39 ans qui écrit, comme je ne serai pas une femme de 50 ans qui écrit, j'espère 4 . » « Je n'arrive pas à me voir, moi, comme une femme noire. Je ne me vois pas, en fait, je crois. Ça rejoint un peu la question d'être une femme qui écrit. Je ne me vois ni comme une femme qui écrit

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«. , A ma table je suis libre. Devant une feuille de papier je n'ai pas peur, alors que dans la vie je ne veux pas déranger l'ordre établi

, Mais ne s'y attaquent-elles pas déjà rien qu'en écrivant l'enfance, car outre les non-dits liés à l'univers enfantin, les sévices et les agressions

«. Constater, ?) la réticence de mes collègues -réticence sensible même chez ceux qui avaient longtemps pratiqué la psychanalyse d'enfants -à dire l'effet produit en eux par la rencontre avec l'enfant

, Faute de pouvoir définir exactement cet « effet-enfant », on pourrait parler de l'appel de l'enfant

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, Chapitre II : Duplications???..????????????????.??..??p, vol.87

A. , De la socialisation : l'enfant entre ordre et désordre social?

, Deuxième partie : Créations, de l'infinité à l'unicité?????????, p.153

, Chapitre I : De l'univers??????????????.?????, p.153

A. , Entre deux mondes???????????, p.154

. L'enfance-entre-perte, ???????p. 154. a. L'indéfini?????????????....?????p. 154. b. L'indéfinissable

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B. , Monde exploré, mondes inexplorés????????????

, De la source?????????????????????p. 212. 2. Des profondeurs???????????????????, p.228

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, Du monde : planche de salut????, p.276

, Chapitre II : De la recréation??????????

A. , enfance qui se raconte : entre énonciation, renonciation et dénonciation????????????????????.??p, p.285

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R. De-la, , p.311

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, À destination de l'enfant???????...????????.p. 336. 2. Voyage vers l'enfance????????, p.366

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