R. Boudjedra, Lettres algériennes, op. cit

. Sous-titre-de-poste-restante,

«. Lettre,

, Julliard pour Yasmina Khadra et Calmann-Lévy pour Anouar Benmalek

P. Bourdieu and . Le-champ-littéraire, Actes de la Recherche en sciences sociales, n°89, 1991.

, est un mode narratif caractérisé par la fusion, dans le récit, d'éléments réalistes (lieu, époque, personnages, actions) et d'une vision du monde soulignant son mystère

, Cette fusion a lieu, en permanence, dans le creuset d'un style narratif hautement poétisé, exprimant l'exaltation de l'auteur, p.376

, Enfant fou de l'arbre creux, avec leur « omniscience restreintes et sélective » 377 et leur arasement stylistique : Si le cadre et les événements décrits dans le réalisme merveilleux sont naturels, ils sont présentés dans une langue qui les rend mystérieux. Le code surnaturel du réalisme merveilleux se trouve avant tout dans l'expression linguistique -donc dans le style. Mais ce style créateur de mystère n'est pas un simple fait esthétique plaqué sur le récit. Il fait partie intégrante, ici, d'un mode narratif où il n'est pas possible de faire la part du discours des personnages et de celui du narrateur, tant la narration passe sans effort, Cette définition du mode réaliste-merveilleux est d'autant plus éclairant qu'elle s'adapte aux particularités énonciatives du Serment des barbares et de L', p.378

N. Objectivité, il y a de fortes parentés entre ces dénominations, employées pour désigner, dans l'Allemagne des années 20, le travail d'un même groupe d'artistes, vol.9

, Michel Draguet associe Nouvelle Objectivité et réalisme magique dans un même mouvement (Michel Draguet, p.85, 1997.

E. Beaucamp, . Cité-par-hervé, and . Loilier, Histoire de l'art occidental, Éditions Marketing-Éditions de l'École Polytechnique, p.306, 2003.

, Notre répartition tend à simplifier. L'ancrage référentiel, la « poétisation de la fiction portée par une dynamique sentimentale et/ou idéologique », l'affleurement du surnaturel, la permanente « activité du narrateur allant au-delà de sa tâche première, qui est de raconter une histoire », la voix auctoriale caractéristique qui se mêle à celle de ses narrateurs avec lesquels elle entretient un rapport d'empathie, tous ces éléments s'appliquent aussi à Dis, Encore une fois, les frontières sont poreuses

C. W. Scheel, Réalisme magique et réalisme merveilleux, op. cit, p.152

, processus qui vous ramène à Ronsard, « mignonne allons voir si la rose », et puis qui vous ramène au Nom de la rose, je ne sais pas moi, rose, rose, rose? il y a toute un univers qui monte avec ce simple mot, p.419

. Ainsi, ésotérisme sert à signaler un rapport magique aux mots, l'idée qu'ils ont une vie propre, une part de mystère et d'autonomie. C'est une conviction que partage Rachid

, Mais il est vrai que les mots nous échappent quelque peu dans la mesure où ils ont plusieurs sens

, Ils sont glissants, instables et fuyants. Chaque combinaison leur donne une succession de sens, une accumulation d'interprétations, une superposition de malentendus

. C'est, pour cela que je suis souvent trahi par les mots. Ils me devancent constamment d'une façon définitive. Irrattrapable. Au fond les mots brouillent le sens du monde. Ils le dévoient parce qu'ils sont sournois, malléables et poreux. Ils s'effritent très facilement dans ma bouche

, Je ne les cherche pas. Ils m'habitent. Me squattent même. Me laissent perplexe, p.420

, De là l'idée, comme en réponse à la proposition de Maïssa Bey, qu'il faut « donner la parole aux mots » 421

S. Boualem, À voix nue, propos recueillis par Raphaëlle Rérolle et diffusés le 3 mars 2016 sur les ondes de France Culture, vol.3

R. Boudjedra, Lettres algériennes, p.20

M. Bey, Nouvelles d'Algérie, op. cit, p.128

, Ainsi la phrase sansalienne, bien souvent, exploite et combine tous les tropes qui permettent le retour de sonorités identiques, que cela relève, techniquement, ? de la simple assonance : Les gens sont tordus autrement, ils se divisèrent

, Ils sont pourtant embarqués dans la même galère et le chemin de celle-ci est bien celui de l'enfer, p.545

L. , , p.546

. Qu, est devenue notre brave maison, ses dahlias, ses fruits juteux, ses bancs de pierre, son sable chaud où tant de braves lézards bronzaient la gueule ouverte, p.549

?. De-l'homéotéleute, , p.550

, Je fonctionne comme un automate qui a épuisé ses piles, je cuisine du bout des doigts, c'est pâteux, crayeux, hideux, ou gélatineux, farineux, affreux, je ne sais pas, p.551

, crasseux sanieux venimeux il était, autant par vice que par plaisir, p.552

P. Du, ?] ils semblent toujours implorer le ciel et déplorer tant de choses sur terre, vol.553

C. ,

, Le Serment des barbares, p.135

, Enfant fou de l'arbre creux, p.351

-. Dis and . Paradis, , p.544

, Enfant fou de l'arbre creux, p.413

. Harraga, , p.831

R. Darwin, , p.1099

, Le Serment des barbares, pp.173-174

, ? de l'homéoptote : Qui coiffe qui, qui fait quoi, qui tue qui, est-ce qu'on en sort vivant, p.555

, Le repas sera bon, le repos doux, le rot mérité, p.556

?. De and L. Paronomase,

, Dans un brouillard de lumière intense et de poussière en transe, p.558

, Le plus souvent, plusieurs de ces tropes sont mobilisés jusqu'à saturation pour que triomphent les sonorités

, ils font du boucan, c'est la corrida, les sabots crissent dans le sable, ils s'agglutinent aux arrêts, le mufle fumant, s'époumonent pis que boeufs en rut, s'encornent durement pour s'arracher le pèlerin, p.559

, Dans les exemples précités toutefois, la quête de sens et le travail des sonorités semblent cohabiter à égale mesure. Ce n'est pas toujours le cas, et l'on voit bien souvent la prose sansalienne se laisser guider par le second, qui semble alors s'imposer. Le relevé qui suit donne un aperçu de ce phénomène

, ouais, nous a dit, cramoisi, un voisin de palier en pyjama, vol.561

, Un canichon totalement lavé du cerveau était lové entre ses nichons, des machins pour camion, capables d'éclairer une autoroute, vol.562

, Enfant fou de l'arbre creux, p.445

-. Dis and . Paradis, , p.562

, Le Serment des barbares, p.128

. Harraga, , p.770

, Le Serment des barbares, p.106

, Enfant fou de l'arbre creux, p.354

, Jeux de mots, p.445

, Nous l'avons pêchée dans Zarathoustra ou San Antonio, je ne sais plus, nous les lisions d'une seule et même main » 573 , professe Tarik dans Dis-moi le paradis, en écho à la propre jeunesse de l'auteur, qui réaffirme, dans « Alger/69 » 574 , son engouement pour le célèbre inspecteur aux « poussées rabelaiso-céliniennes » 575 imaginé par Frédéric Dard. C'est une influence majeure et une référence incontournable pour comprendre la place qu'occupent chez Boualem Sansal les jeux de mots, de préférence joyeusement approximatifs et tirés par les cheveux, « L'avenir était foutu mais nous tenions bon. Un clairvoyant vaut bien un aveugle au pays des borgnes, était notre devise

L. Calembour, « jeu de mots fondé sur des mots se ressemblant par le son, différant par le sens » 576 , prolifère tout particulièrement dans Le Serment des barbares, L'Enfant fou de l'arbre creux et Dis-moi le paradis. Il repose le plus souvent sur une simple homonymie : « les faits d'hiver et d'été » 577 , « le tacot était tubard jusqu'à fleur de pot » 578 , un « clerc obscur, vol.579

«. Et-puis-le-monde-qui-bouge, Le calembour sansalien déroute dans la mesure où, à l'inverse de son modèle revendiqué, il survient dans des romans qui ne s'affichent a priori pas comme humoristiques. Les incipit de ces trois romans, où se fixent un certain nombre d'attentes de lecture, sont caractérisés par une tonalité hiératique, grandiose et oppressante (Le Serment des barbares et L'Enfant fou de l'arbre creux), ou tout du moins sombre et désabusée (Dis-moi le paradis), vol.581

-. Dis and . Paradis, , p.551

«. Alger, , vol.69, p.20

. San-antonio, Éditions Fleuve noir, « Presses Pocket, pp.142-143, 1979.

B. Dupriez, Gradus. Les procédés littéraires (Dictionnaire), Éditions 10/18, p.101, 1984.

, Le Serment des barbares, p.84

, Enfant fou de l'arbre creux, p.484

-. Dis and . Paradis, , p.633

, Dans certains cas, j'ai suivi ses conseils, j'ai changé des noms et supprimé des commentaires. Dans d'autres, j'ai conservé ma rédaction, c'est important pour moi. Elle dit qu'il y a des parallèles dangereux qui pourraient me valoir des ennuis. Je m'en fiche, ce que j'avais à dire, je l'ai dit, point

B. Sansal and G. H. Être-Écrite-par-mme-dominique, Attribué à l'auteur du journal intime, cet avertissement devrait, en principe, se lire comme une protestation renforcée d'authenticité. En effet la fausse préface d'éditeur des XVII e et XVIII e siècles, comme le rappelle Christian Angelet, ne trompe personne et fonctionne bien davantage comme « le signal de la fiction » 640 et la réaffirmation du rôle du romancier. Le fait que ce soit le diariste lui-même qui s'exprime revitalise le topos et brouille les pistes. Mais, en réalité, c'est une manière encore plus nette d'insister sur la médiation à l'oeuvre dans toute prise en charge du réel, eût-elle les apparences de l'authenticité la plus parfaite. Le lecteur est averti : ne serait-ce que

, Au contraire, il entend la réhabiliter comme outil privilégié de son oeuvre d'historiographe alternatif, attendu que, comme le rappelle Anne Chevalier : « Le romancier n'est pas moins attaché à la recherche de la vérité que ne l'est un historien, mais son domaine, le fictif, n'est pas le même. » 641 L'auteur le réaffirme dans la troisième modulation 642 du topos de la fausse préface d'éditeur qu'il propose en ouverture de 2084, le roman le plus ouvertement fictif de son corpus : AVERTISSEMENT Le lecteur se gardera de penser que cette histoire est vraie ou qu'elle emprunte à une quelconque réalité connue. Non, véritablement, tout est inventé, les personnages, les faits et le reste, Boualem Sansal n'entend pas non plus discréditer la fiction dans sa capacité à dire le vrai

. C'est, une oeuvre de pure invention, le monde de Bigaye que je décris dans ces pages n'existe pas et n'a aucune raison d'exister à l'avenir

L. Village-de-l'allemand, , p.897

C. Angelet, . Le, . Du, and . Trouvé, , p.169

A. Chevalier, ». La, A. Goulet-(dir, .. ). , and L. Stéréotype, , vol.16, pp.153-164, 1994.

, Pour la préface d'éditeur du Quarto consacré à Boualem Sansal, voir infra, « L'auteur en question

. C'est-encore-la-chanson-de-la-jeune-maman, traduite par les soins du narrateur : C'était à cela qu'elle s'employait, laver des couches et des bavoirs, en chantant une petite chose romantique dont le refrain disait à peu près ceci : « Ta vie est ma vie et ma vie est ta vie et l'amour sera notre sang. » En abilang, la rime est riche, la vie se dit vî, l'amour vii et le sang vy. Au total, cela donne : « Tivî is mivî i mivî is tivî, i vii sii nivy. ». La déclaration d'amour était adressée à Abi, il ne faut pas se tromper, ce merveilleux vers sortait du saint Gkabul, vol.68

, Mais, par-delà la volonté de créer un effet de décalage humoristique, on retrouve dans ces chansonnettes tous les plaisirs de l'invention de l'enfant qui crée dans l'euphorie de l'apprentissage de sa toute nouvelle maîtrise du langage. Il en va de même, bien sûr, avec les ridicules prénoms monosyllabiques des personnages du roman, De la glose impassible de ces énoncés stupides naît évidemment l'humour

, Dans ces exemples, il est aisé de voir que, bien davantage que son modèle revendiqué

. Orwell, Boualem Sansal s'amuse et laisse libre cours aux plaisirs d'une invention débridée, paraissant plus proche en cela d'un Voltaire ou, surtout, d'un Rabelais, à propos duquel François Bon écrit : Rabelais nous sait déjà englués dans le récit par l'énumération de ces géants d'invention, il a une marche de manoeuvre pour le prochain écart. Et il nous promène, ménage son retard, et par lui cette respiration, ce repos uniques qui le caractérisent, donnent une telle lumière, un tel bonheur à son texte, une telle musique purement rythmique des espaces linéaires ; comme si ce qui faisait les très grands textes résidait moins dans leurs coups de force et leur démesure que leur capacité à organiser en

, C'est bien une dynamique de cet ordre vers laquelle tend Boualem Sansal, qui, dans la lignée de Rabelais, l'un de ses modèles revendiqués, cherche à obtenir la « lumière » et le « bonheur » par ces « quasi-relâchements » et cet « art d'une divagation

, Le Serment des barbares. Ainsi, cette influence rappelle que l'équivalence « Noir le pays

. Ibid, , pp.176-177

F. Bon and L. F. Rabelais, , p.74

C. Chaulet-achour and «. Noir-le-texte,

L. A. Réception-engagée,

, Mais cet engagement, à cause de la nature extrêmement sensible des sujets qu'il prend en charge, se heurte à de nombreux écueils de réception. Et c'est pourquoi une interrogation sur le possible rôle de la réception est, précisément, la principale clé de l'entreprise sansalienne 667 . Sans la participation active du lecteur, les voix engagées sont vouées à se dissoudre dans l'indifférence, en ayant suscité au mieux une vague et fugitive adhésion. La « littérature inquiète » contemporaine suppose qu'un auteur honnête est tenu d'admettre que son projet historiographique est nécessairement subjectif, orienté et lacunaire. Mais, pour cette raison, si le lecteur ne cherche pas à les confronter à d'autres textes, à les questionner, à les compléter, les historiographies romanesques sont vouées à ne rester que des collections vagues de subjectivités dissertant sur l'histoire tout en admettant qu'elles n'ont pas de légitimité à le faire. C'est une situation qu'un auteur engagé, Boualem Sansal est engagé

. Enfin, on peut toujours libérer les mots et voir où est-ce qu'ils vont nous entraîner ; si personne ne fait l'effort actif de se pencher sur le résultat, cela risque d'être interprété, tout au plus, comme des expérimentations formelles. Il s'agira donc

. Le-lecteur-et-boualem and . Sansal,

, Si nous parlons de réception ici et non pas simplement de lecteur, c'est parce que, au fil de sa notoriété, Boualem Sansal semble avoir pris en compte une réception qui ne le lit pas, et avoir ainsi, de manière originale

, Il convient d'être d'autant plus prudent sur cette question qu'elle est vite

, Les détracteurs diront que Boualem Sansal ne vise que les seuls lecteurs français : Répondant au cahier des charges de l'édition française et aux desideratas du « lecteur moyen français », s'empêtrant dans la qualification, autrefois épinglée par Malek Haddad, d' « Arabe de service », Sansal n'écrit pas pour les Algériens. Ce qu'établirait subséquemment une analyse du « lecteur implicite, Wolfgang Iser) dans ses textes et de la figure du narrataire, p.671

, Nassima Abadlia, dans une étude consacrée au Serment des barbares et à La Part du mort, relève toutes les occurrences d'arabe algérien, toutes les allusions à l'islam et toutes les références politiques et déduit de « l'absence de notes et de glossaires » que le lecteur implicite sansalien appartient à « une culture algérienne, arabomusulmane » 672 . Ce travail, très utile et complet par ailleurs, semble au fond vouloir prendre la défense d'auteurs régulièrement accusés de dédaigner les lecteurs algériens et de ne viser que la France en exploitant de manière racoleuse la détresse de leur pays

, texte et des spécificités de la poétique sansalienne. C'est une question qui est d'autant plus gênante qu'elle n'a pas vraiment lieu d'être : Boualem Sansal n'a pas choisi le français 673 , comme il n'a pas choisi de ne pas écrire en arabe. Les intentionnalités qu'on lui prête sur ce sujet sont donc, pour cette raison, injustifiées. Ce statut inconfortable, qu'il partage avec les écrivains francophones de sa génération, explique que l'auteur cherche, dès le début, à dépasser la dichotomie Algérie / France en refusant de choisir un lecteur précis -ce qu'il explique à Karim Amellal : BOUALEM SANSAL : Euh, par contre, par contre euh? le problème c'est? quand on commence à écrire, c'est là que vous êtes euh? y a une avalanche de questions parce que, tant qu'il suffit de lire et de réfléchir dans sa tête bon ben ça va hein, mais quand on commence à écrire? Attends mais? A qui je m'adresse là ? Parce que, si je dis ça euh, on a une idée du public moyen donc? Chez nous euh? Moi j

A. Merdaci, . Le-printemps-israélien-de-boualem, and . Sansal,

N. Abadlia, . Portrait, and . Dans-le-roman-algérien-de-langue-française, Synergies Algérie n°8, p.234, 2009.

. Cf, A Rustle in History -Conversations with Boualem Sansal », entretien avec Dinah Assouline-Stillman : « Le français est quasiment ma langue maternelle

, judicieusement ouvert sur une interrogation cruciale : « Les conclusions que je peux en tirer sont : Boualem Sansal est imprégné de culture arabo-berbère, [?] et il ne cherche pas à "traduire" sa culture natale. La question qui surgit alors est : pourquoi ? » 676 C'est Boualem Sansal lui-même qui donne le principal indice dans l'émission radiophonique Boomerang : « [J'ai écrit Le Serment des barbares] en ne m'adressant pas spécialement aux algériens mais à toutes les bonnes volontés. » 677 En ce sens, la situation linguistique de l'auteur, souvent perçue comme un obstacle

. Le-lecteur-de-bonne-volonté, quelle que soit son origine, est la clé de l'entreprise sansalienne

, Or que serait la bonne volonté pour un lecteur ? Certainement pas

, où le narrateur raille l'agacement du lecteur irrité par une situation qui ne conforte pas ses attentes et ses préjugés : C'est bien lui, je crois, dont vous parlez dans vos nuits, dans vos réunions, dans vos émissions fantastiques, le pays étrange où les habitants ignorent qu'on peut être heureux de son vivant et où les dirigeants sont heureux d'être des ignorants jusqu'à la mort. Alors, Pierre et Farid dans la même galère

. Le, Le spectateur est un être fallacieux, c'est vrai, mais nous en avons transcendé la stérile avidité pour nous mettre à la place des acteurs. Difficile, la tension en ces hommes a été si grande que les mots ne suffisent pas, p.681

. S'esquisse-ici-l'idée-d'un, dans la mesure où atteindre des vérités inédites implique un véritable dépassement de l'auteur, ce dernier n'a rien à faire avec la « stérile avidité » d'un lecteur-spectateur, et n'a de fait aucune intention de la satisfaire. Ainsi, 676 Archive personnelle. Nous remercions Inès Horchani de s'être penchée sur la question

«. Le-choc-boualem and . Sansal,

, Voir le post-scriptum de L'Enfant fou de l'arbre creux

J. Moura, ;. Le, and B. Aschroft, ce processus engage le lecteur à s'investir activement dans les horizons étrangers où ces mots et expressions ont cours, Littératures francophones et théorie postcoloniale, vol.115, p.506

. Ibid,

«. Lorsque, âgé et fatigué, il a décidé de rentrer au pays, les Villatta lui ont demandé, moyennant une rétribution qu'il a refusée, de veiller sur leur caveau à Rouiba. Vous avez dit qu'il s'en acquittait avec soin, les deux frères ont été émus d

, Abdallah était un romantique, attaché à des valeurs crevées de nos jours : l'amitié qui ignore les frontières et les intimidations des chiens de douane, le respect dû au mort, l'humilité face à la vie, l'amour de la terre, Le policier n'avait rien appris mais l'homme était conforté dans ses intuitions, p.690

. Larbi, Idéalisation peut-être ? Il n'empêche que se dessine assez nettement une éthique, l'idée d'un « contrat moral » passé entre hommes de bonne volonté, et fondé sur des valeurs simples auxquelles il est difficile, en tant que lecteur, de ne pas adhérer. Encore ce lecteur pourrait-il penser qu'Abdallah est un parangon de vertu impossible à égaler et

, Boualem Sansal essaie donc de faciliter l'identification du lecteur aux hommes de bonne volonté qu'il met en scène. Les héros sansaliens, au premier chef, se voient ainsi affublés de certains défauts parfois rédhibitoires 691 . Ils partagent cependant une intelligence sociale qui les pousse à solliciter de l'aide auprès d'individus d'apparence peu engageante, mais chez lesquels ils savent instinctivement discerner un bon coeur. C'est ainsi que dans l'oeuvre de Boualem Sansal se déploie toute une galerie de personnages secondaires aussi braves que ridicules, Dans les romans qui suivent

P. Chaumet-s'entoure-ainsi-d'un-petit-trabendiste, auxquels il livre pourtant un vibrant hommage : Dis bien des choses à Zoulikha [?] Mon cousin le cadi a une grande maison, une sorcière qui roule le couscous de la fatalité comme pas une, un chat méphistophélique et bientôt une gentille folle avec un bébé invisible à l'oeil nu. Elle y sera heureuse ou alors l'amour ne signifie rien. Dislui tout ça, et dis-lui surtout qu'elle se magne les fesses si elle veut rester vivante. Vois l'éleveur de chevaux, dis-lui que bientôt nous ferons appel à son amitié pour enterrer deux belles crapules et

, Le Serment des barbares, p.165

, Nous reviendrons largement sur ces défauts, cf. infra, « Un vraisemblable narratif à la première personne : briser l'empathie

, Rue Darwin échappe à cette logique. Comme Larbi, pour des raisons différentes, Yazid est profondément seul

, Esprit de l'Or", c'est-à-dire "l'esprit des mots

A. Schmitt, Je réel/Je fictif, p.14

C. W. Scheel, Réalisme magique et réalisme merveilleux, op. cit, p.118

C. W. Citée-par and . Scheel, , p.114

J. Dauphiné, Ésotérisme et littérature, op. cit, p.15

. Ibid,

J. Tritter, L. Conte-philosophique, and O. , Je n'ai pas osé l'ouvrir mais je l'ai ouvert quand même, j'ai des droits chez moi. Inventaire : une queue de crayon, un pinceau, une épingle, une pièce de monnaie, encore une épingle, une photo en pied. Tiens, regardez-moi ça? un homme ! Trente-cinq ans, Visage banal? 716, p.12

, Prenez des limaçons, coupez-les en morceaux, mêlez avec de la poudre d'encens et d'aloès à parts égales, saupoudrez de farine folle prise non loin d'un moulin ou de coquilles de limaçons pulvérisées, avalez la pâte ainsi obtenue et vous verrez votre fluxion des yeux disparaître comme par enchantement. Si vous procédez au moment de la pleine lune et besognez vigoureusement votre femme vous aurez en plus de beaux garçons à la vue perçante. Arrosée d'essence de bergamote, la mélasse aura pour effet de chasser de la maison serpents

. Ma, est-ce que ça coûte d'essayer ?... mais où donc sont nos limaçons, p.717

, Dans ce dernier cas, l'implication du lecteur est, en outre, signalée par le mode impératif et la dimension évidemment prescriptive de la recette

D. Et and . Fait, Le narrateur du Serment des barbares a même tendance à adopter une posture franchement didactique, comme il appert dans les deux exemples suivants : [?] apprenez qu'ils font des crocs-en-jambe aux filles en talons et tirent des mollards à la figure des passants bien mis quand, tombant de leurs rêves d'une vie ailleurs, ils se retrempent dans le bain. Pensez aussi aux islamistes qui tuent sans discernement et jusqu'au décollage de l'avion et la distribution des mignonnettes qui est le début d'une vie de débauche mérité, Boualem Sansal fait un usage généreux de l'impératif

, Et : Parents, apprenez à vos filles la patience et dites-leur que le temps de l'amour est révolu par ordre divin ; elles comprendront que les islamistes y sont pour quelque chose et le reste viendra de luimême ; des gens pressés d'aller nulle part ou qui en reviennent dégoûtés, vol.719

, Dans l'extrait qui précède immédiatement, la prescription prend l'apparence d'un jeu de gigogne : un énoncé didactique, mais qui enjoint le lecteur à endosser le rôle de l'instructeur

, C'est peut-être parce que le didactisme est l'un des aspects embarrassants de l'engagement littéraire, ce dont Boualem Sansal paraît avoir conscience

. Harraga, , p.753

-. Dis and . Paradis, , p.587

, Le Serment des barbares, p.175

, 725 De fait, à la jonction des deux, cette intelligence du mal caractérise l'État totalitaire imaginé dans 2084 : Le plus extraordinaire dans l'affaire est qu'un jour, quelque part au coeur de l'Appareil, quelqu'un, un haut placé forcément, en lisant un rapport pris au hasard dans la multitude de rapports insignifiants que la machine reçoit en continu et archive à la tonne, à toutes fins utiles, p.170

«. Niveaux, , vol.727

, On le supporte parce qu'il est rigolo. Nous faisons semblant d'ignorer qu'il nous scie chez la concurrence, au Chihab, avec le même plaisir qu'il taillade celle-ci chez nous, au Bar des Amis. Grâce à lui, les deux maisons n'ont aucune chance de faire un jour cause commune contre qui que ce soit. La haine réciproque a obturé la rue, bétonné les esprits. À vrai dire, ML est un déséquilibré, son choix de vie n, En face, les hommes de bonne volonté partagent les mêmes valeurs, mais sont incapables de se structurer

. Dieu, ouverte aux quatre vents, il vient soulager son foie. C'est un drame que de haïr ce que l'on aime et de chérir ce que l'on rejette. Enfin, on prend ses amis comme on nous les donne, p.729

, Les conséquences sont lourdes car cette absence de fermeté et d'organisation pratique alimente un climat de suspicion généralisée où les hommes de bonne volonté se terrent dans un entre-soi amer : Tous des cons, nous autres Algériens, des naufragés dans le désert, ennuyeux à mourir, révoltés en cachette, en cercle fermé, emmurés dans le vent, La responsabilité d'un tel manque d'exigence stratégique n'incombe pas à l'État, p.730

, Il est également significatif que les démocrates du Bar des amis soient incapables de structurer leur parole. Ainsi, toujours par « gentillesse » 731 et par faiblesse, ils se choisissent un bien piètre modérateur de débat, en la personne d'Ammi Salah : 725 Ibid, vol.726, p.195

. Ibid,

I. Fellag,

-. Dis and . Paradis, , p.626

L. Fellag, Allumeur de rêves berbères, p.196

A. Salah, fut élu modérateur à l'unanimité à main levée. Il avait décidé qu'il serait candidat unique et que sa voix suffirait à son élection. Bon, le bar est son bien, ensuite il ne pife pas les ergoteurs, p.732

, Le débat est sapé avant même d'avoir commencé, parce qu'il s'instaure sur une base fondamentalement antidémocratique. Malgré leur bonne volonté, les clients du Bar des amis reconduisent ici très exactement ce qu'ils sont censés défaire

, Au lieu de chercher à les corriger cependant, les hommes de bonne volonté que décrit Boualem Sansal sombrent dans le fatalisme et diffèrent constamment la possibilité d'une action : Prenons-nous par la main et demandons-nous pourquoi rien n'est parfait autour de nous. Hé bien ! apprendre est un futur et probablement le restera jusqu, Ces dysfonctionnements dans l'organisation et la structuration d'une parole contestataire sont une aubaine pour l'État, et compromettent d'emblée toute possibilité de succès, p.733

, Tarik met en sourdine sa propre injonction à agir alors même qu'il est conscient, comme il le dit ailleurs, que « le mal progresse plus vite que nous n'avançons dans la compréhension de nous-mêmes. » 734 Dans ce contexte : Ne restent visibles que les directeurs de conscience

, On pense qu'ils se dispersent dans les tripots de la périphérie, les ruelles sans âmes, les arrière-cours désaffectées, les stades clandestins, les criques connues des seuls pêcheurs où voir taquiner le mérou, la bouteille, le dé ou le banjo est un régal pour les mouettes. Ils réapparaissent à la nuit tombée, après la prière de la icha, Difficile de savoir où vont les braves gens et ce qu'ils font de leur amertume, p.735

, En l'absence d'une réflexion et d'une organisation préalable, les actions effectives, quand elles se produisent, sont désordonnées et naïves : Pris par l'action, excités, énervés, exaltés, nous avons oublié de réfléchir, le coeur était absent. Le devoir a dicté nos actes, la bravade a guidé nos pas, le risque a gonflé notre vanité. Nous avons manqué l'essentiel : comprendre, ouvrir son coeur aux causes profondes. Nous avions devant nous une aberration de l'histoire et nous l'abordions par une toquade, p.736

-. Dis and . Paradis, , p.597

-. Dis and . Paradis, , pp.659-660

, Il découvrit aussi, perçues par tous très tôt, mais minimisées, relativisées par lourdeur, peur, calcul, porosité de l'air ou simplement parce que les alerteurs manquaient d'acuité et de voix, les prémices de ce que serait le monde avant peu, si rien n'était fait pour remettre les choses à l'endroit

, Tout était visible de chez prévisible mais ceux qui disaient « Jamais ça » et ceux qui répétaient « Plus jamais ça » n'étaient pas entendus, p.740

B. Sansal, L. De, and . Écouter, Avec l'informatique, l'automation et les méthodes modernes de manipulation des masses, le grand Miracle est à notre portée. Qu'on songe à tout ce qui a pu être infligé à tant d'honorables peuples avec des bréviaires aussi nuls que Mein Kampf, et des moyens dérisoires de pays plutôt sousdéveloppés : le « Livre rouge, p.741

, Bien sûr, les propos de Rachel sont amers et pleins d'une ironie sombre. Mais ils tendent aussi à indiquer que, réversiblement, ces nouveaux dispositifs pourraient être utilisés par des gens de bonne volonté afin qu'ils s'organisent et se structurent

A. Le-blogueur, Tous les potins, tous les coups bas, les coups tordus, en gros, tout le off du village, tout ce que les gens disent tout bas et n'osent pas crier haut était divulgué en vrac sur BalBala News, le blog sulfureux de Aziz. Ce n'est pas la première fois que notre cyber-zorro comparaît pour ses scoops au vitriol. Mais va l'arrêter. Il n'en est que plus féroce, Et les gens, les jeunes surtout, viennent vers lui comme on va se plaindre à John Wayne : « Hé, tu sais quoi ? Hier, ils ont embarqué Kaddour le tôlier, p.250

L. Village-de-l'allemand, Et lui, il écrivait, il écrivait, il consignait le moindre écart et balançait tout sur son Note-book qui ne le quitte jamais. Comme ça. Brut de décoffrage. Sans filtre ni filet. Que sa gouaille fiévreuse et son inconscience du danger en guise de gilet pare, p.997

, Ces nouvelles formes d'engagement, parées des attraits de la nouveauté, semblent promises, dans l'oeuvre de Mustapha Benfodil, à pallier les insuffisances d'un militantisme artistique gangréné et suspect, comme le souligne Marwan, le héros d'Archéologie du chaos (amoureux), dans son « Manifeste du Chkoupisme » : L'art militant a vécu. La littérature n'a pas pour mission de changer le monde mais seulement de le singer. S'il ne fait que cela, un artiste engagé est un artiste encagé. Régimenté. Il devient un fonctionnaire de la colère, p.743

, Histoire et la mémoire du peuple détournées par la propagande officielle » 745 , « casser l'Ordre narratif dominant et provoquer un bouleversement de champ sémantique national » 746 . Mais, par opposition aux formes traditionnelles de l'engagement littéraire, le héros de Mustapha Benfodil encourage à « ouvrir un maquis littéraire sur internet » 747 , à « multiplier les blogs subversifs » 748 et à pratiquer en permanence le « happening » 749 -ce que le Aziz du Point de vue du mort accomplit de fait : il s'immole en plein palais de Justice, Marwan poursuit sensiblement les mêmes objectifs que ceux qui sont énoncés dans l'oeuvre sansalienne 744 : « se réapproprier l

D. Fait, D'autres craignent cependant que cette rénovation apparente de l'engagement soit, en l'absence d'une une réflexion collective préalable, un trompe-l'oeil. C'est ce que cherche à démontrer Rachid Boudjedra dans Printemps. Amina peut bien se dénuder sur les réseaux sociaux et faire un instant le buzz ; c'est dans l'indifférence générale d'un Occident qui l'a brièvement encensée qu'elle doit ensuite en payer le prix. Son action, courageuse et spectaculaire, s'avère cependant vaine, les nouvelles technologies sont investies de fortes attentes en ce qu'elles seraient à même de révolutionner des formes d'engagement littéraire et politique jugées obsolètes et stériles

M. Benfodil, L. Point-de-vue-de-la, M. , and A. Dante, , pp.24-25, 2013.

M. Benfodil, Archéologie du chaos (amoureux), op. cit, p.250

, Avec cependant une dimension anarchiste et révolutionnaire qui n'apparaît pas chez Boualem Sansal

. Ibid,

. Ibid,

, Mais Amina craqua au bout de deux mois de prison et de vindicte nationale

, Insulta ses amies féministes et les accusa de racisme, de xénophobie et d'islamophobie. Ainsi fut-elle libérée et le peuple musulman en liesse l'acclama à sa sortie de prison comme le peuple en liesse acclama le général dictateur égyptien et sanguinaire à sa sortie de prison, Hélas ! Aussi ! C

, Et il est inutile, bien sûr, de compter sur un appui extérieur : les médias occidentaux, enthousiasmés par l'idée d'une émancipation 2.0 des pays du monde arabe, ont tôt fait de braquer leurs projecteurs sur ce type de buzz, mais se détournent ensuite rapidement de ceux qu'ils ont fugitivement encensés. Ils ne s'intéressent pas aux suites, Rachid Boudjedra insiste sur l'idée qu'aucune révolution ne peut advenir sans un long et patient et travail d'introspection culturelle et d'organisation collective en amont, ce qui doit passer la revalorisation du militantisme politique 751

R. Boudjedra and . Printemps, , pp.264-265

, En l'occurrence, pour lui, il s'agit du communisme dont il déplore la diabolisation alors qu'il était la seule force à opposer à l'islamisme au sein des classes populaires

. À-titre-d'exemple, voir les commentaires qui suivent l'article de Youssef Benzatat, Boualem Sansal et les contrebandiers de l'histoire, pp.28-2017

, Il y apparaît nettement que, grâce à l'Internet, Boualem Sansal parvient à susciter un véritable débat algérien sur l'histoire, l'identité et la politique, atteignant, de fait, 2017.

S. Boualem, pour que les idées circulent, pour que les débats que l'on fait, pour que les bonnes idées que l'on peut émettre arrivent même chez les islamistes, puis peut-être? ils sont pas tous drogués par la religion, il en est qui sont à des étapes? qui pourraient dire? "Ah, j'ai entendu leur discours, ils ont peut-être raison aussi ; attention, peut-être il faut freiner, dissidence », épisode 4 : « parler surtout, beaucoup, beaucoup

, Le Serment des barbares, p.165

. Oui, Messaoud le trabendo, Salim le flic taxieur, mon vieux cousin le Cadi qui connut mes deux pères et mes deux mères, l'abominable sorcière de Tiaret, le vieil éleveur de chevaux tenant écurie à Béni Slimane, à main droite de la mosquée des Innocents, au sud de Tissemsilt, et vous, les condamnés à mort qui, taisant vos derniers soucis, n'avaient donné ce qu'un homme peut offrir de mieux : une prière ? Allais-je oublier Zoulikha ? Quelle femme abandonnerait la prostitution pour s'occuper d'une folle et d'un bébé de chiffon ? Et les autres, mis sur notre chemin par la divine miséricorde ? Sans rien attendre, ils nous ont offert un salut, une cache, une explication ou un conseil, un camembert de Tizi Ouzou accompagné d'un rouge de Mascara, un asile dans un salon de coiffure ; et en supplément, des sourires tout chauds et des regards complices tout plein. Ce n'était rien, mais nous étions des parias, nous avions de la reconnaissance à revendre, j'en savais un bout depuis mon embarquement dans le vol AH 2001 et mon débarquement dans la fournaise d'Alger, armé d'intentions jusqu'aux dents, les unes en bois, les autres plus subjugantes qu'un rendez-vous d'amour. N'y ai-je pas rencontré les rois de l'amitié, p.755

, Boualem Sansal exprime en effet l'idée que les Algériens ne se parlent plus ni ne se concertent 757 , de là leur abattement et leur déconsidération de dispositifs démocratiques qu'en réalité, ils n'utilisent pas, ou mal 758 : Des tunnels ont été creusés sous la maison, des trappes dissimulées sous les tapis et de faux murs dressés au cul des couloirs pour échapper aux descentes de police et au regard perforant des faux mendiants. On doit le savoir et y croire : sous les apparences d'une joyeuse pagaille, une grande nation est en train de naître sous sa houlette. Le Cadi écrit partout dans le monde et peut-être a-til saisi le maire d'Avalon pour solliciter volontaires et subsides, Il s'agirait ainsi de réparer le lien social et de refonder une morale mise à mal par la décennie noire 756, p.759

L. , dans tous ses romans, plutôt positif : les bonnes volontés existent, p.473

C. and A. Benmalek, Chroniques de de l'Algérie amère, op. cit., p. 26 : « [La] mise à mal de la morale la plus élémentaire a été aggravée par le retour sans conditions de ceux qu

. Cf, Poste restante : Alger, p.11

. Cf and . Le, Boualem Sansal nuance toutefois ce propos sévère : « Et les journaux indépendants, comme s'il s'agissait d'une leçon de civisme mal apprise à méditer de nouveau : si vous aviez bien voté, ceci ne serait pas arrivé. Qui leur dira enfin à tous que nous ne savons pas voter, que ce n'est pas facile quand le peuple ne sait pas où est son pays, Serment des barbares, p. 308 : « Encore faut-il cesser de voter avec les pieds et de croire que la peste se guérit par le choléra s'il plaît à Dieu ». Voir aussi Poste restante : Alger, p. 27, sur le référendum du 29 septembre 2005. Ceci étant, dans « L'Âge de raison, p.760

, Toute la question est de savoir comment ces bonnes volontés peuvent se fédérer, comment enclencher le processus décrit par L'Enfant fou de l'arbre creux : « Au départ, il y a une délibération, s'ensuivent des actes, un engrenage s'enclenche, un processus se met en route qui brusquement se brise, libérant des potentiels ignorés? » 761 . Et c'est, évidemment, la principale mission que s'assigne l'engagement sansalien : permettre la « délibération » et la circulation des idées de manière à relier entre elles toutes les bonnes volontés 762 . Ainsi

, Le premier soupçon qui pèse fortement sur la littérature engagée, c'est d'abord celui de l'autoritarisme et du « parler pour ». Boualem Sansal y a très largement réfléchi dans son essai historiographique, Petit éloge de la mémoire

, À cet égard, le Petit éloge de la mémoire s'inscrit dans la continuité polémique de deux romans algériens francophones de l'omniscience et qui eux aussi entendent travailler à une définition de l'identité algérienne. Le premier de ces deux romans, Idris 764 , s'ouvre sur une saisie vertigineuse de l'histoire du peuple algérien, Cette autorité serait d'abord, pour Boualem Sansal, celle dont on crédite dangereusement les historiens, mais aussi les narrateurs omniscients

, La grande originalité de ce premier chapitre, dont a pu s'inspirer Boualem Sansal, p.250

, Enfant fou de l'arbre creux, p.443

, Ce qui explique aussi pourquoi Boualem Sansal tente de revaloriser des entreprises collectives, cf. David Grossman, Boualem Sansal, « L'Appel de Strasbourg pour la paix

, Les deux pages qui suivent sont tirées de notre communication, « Le Petit éloge de la mémoire de Boualem Sansal : une fiction historique à l'assaut du discours identitaire officiel », Driss Aïssaoui, Vincent Simédoh (dir.), « Fiction et Histoire en littératures française et francophone, pp.57-66

A. El-hammamy, ;. Idris, . Alger, and . Sned, Quatre traits principaux, liés les uns aux autres, distinguent le protagoniste d'une histoire antagonique : 1°/ Il possède, dès le début de l'histoire, les "bonnes" valeurs (il "a raison"). 2°/ Il fait partie d'un groupe avec lequel, à la limite, il se confond. 3°/ Il se bat, en tant que membre du groupe, pour la réalisation de "bonnes" valeurs. 4°/ En ce qui concerne son adhésion à ces valeurs -donc, p.776, 1948.

, Sur ce point, il faut convenir que le roman sansalien se rapproche du « roman antagonique » dont parle Susan Rubin Suleiman. Pour Boualem Sansal, s'il est bien nécessaire de contrer l'autorité dangereuse induite par une forme

. Il-y-aurait-donc-un-Équilibre-À-trouver, attendu que tous deux ont finalement la même conséquence : interdire l'émergence d'une pensée individuelle raisonnablement affirmée. Ainsi, l'engagement sansalien essaye d'établir que le subjectif n'est pas forcément relatif, comme s'en explique l'auteur au début de Gouverner au nom d'Allah : Cet opuscule qui traite de la montée de l'islamisme dans le monde arabe n'a d'autre prétention que celle que peut avoir un écrivain qui s'emparant d'un sujet, essaie de le regarder d'une certaine manière, appelons-la littéraire, autrement dit avec sa subjectivité, et l'espoir cependant que cette subjectivité atteigne quelque part une certaine vérité. Pour autant, ce n'est pas « le flou artistique » qui est recherché, p.778

, il ne craint pas d'être didactique et de se présenter comme le détenteur d'une « certaine vérité ». Cette fermeté serait indispensable dans un contexte où le débat est bloqué par la paralysie du jugement qu'a fini par entraîner un relativisme culturel que Boualem Sansal trouve dangereux : De plus, un peu partout, et paradoxalement dans les pays de vieille démocratie, le politiquement correct, inspiré par la peur ou le souci de ne pas exacerber les tensions entre les communautés, fait des ravages

. Ibid,

, On touche même là à un point particulièrement sensible chez les auteurs qui entendent lutter contre l'islamisme. L'islamisme se construit autour de quelques valeurs simples, qu'il oppose au chaos ambiant de l'Occident et des transfuges du monde arabe. Et c'est justement la simplicité affichée de ses valeurs qui lui permet de mépriser ses adversaires, en proie à un doute permanent et dont l'absence de certitudes montre bien l'irrecevabilité de sa vision du monde. Il n'est pas question de répondre à une pensée simpliste par une autre pensée simpliste, mais tout de même de s'affirmer en se

. Gouverner-au-nom-d'allah, cessé de chercher notre chemin. L'islam versait dans le fascisme et le pouvoir dans la terreur et nous nous interdisions encore de juger. J'aurais voulu lui dire que regarder le feu à travers le carneau de l'âtre est une chose et être pieds et poings liés dans la fournaise en est une autre. J'étais tentée de lui dire qu'on ne juge pas comme des juges ou des policiers mais comme des êtres humains qui ne comprennent pas et qui voient pourtant bien ce qui fait mal, p.11

, Juger est comme respirer, on ne doit jamais se départir de ce pouvoir, nous le tenons de Dieu, il est toute notre humanité, il ne faut ni le sous-traiter ni l'accorder à je ne sais quel vent, levé on ne sait comment par on ne sait qui

, La tirade de Lamia s'inspire sur ce point d'Albert Camus pour mieux s'en séparer. Que l'on songe à La Chute, où Clamence aboutit au raisonnement inverse : Vous parliez du Jugement dernier. Permettez-moi d'en rire respectueusement. Je l'attends de pied ferme ; j'ai connu ce qu'il y a de pire, qui est le jugement des hommes. Pour eux, pas de circonstances atténuantes, même la bonne intention est imputée au crime

C. and A. , Camus s'est bien attelé à une « entreprise de refondation, à la fois fiction des "raisons", sinon des justifications. Son histoire personnelle, son ignorance, son origine sociale ou ses frustrations profondes, en un mot "la douleur

E. Ajoute, On peut aussi mourir atrocement dans La Peste (la scène de l'agonie de l'enfant est insoutenable, mais il n'y a pas de criminel direct

. Harraga, , p.887

A. Camus, L. Chute, ;. Gallimard, and «. Folio, , pp.116-118, 1956.

S. Doudet, ». , and È. Morisi, Camus et l'éthique, Classiques Garnier, p.106, 2014.

, la vision actuelle d'une mesure camusienne apparaît aujourd'hui dominante et très valorisée. La mesure est ainsi brandie comme l'une des qualités indispensables de l'intellectuel qui entend déchiffrer le réel et prendre position. Boualem Sansal, qui revendique l'héritage camusien, ne souhaite pourtant pas en assumer toutes les implications, et cherche, précisément, à renégocier l'idée de mesure qui lui est attachée. Car, mal comprise, cette mesure peut s'apparenter à de la tiédeur, de la lâcheté, et éloigner des évidences morales. Elle risque même de devenir l'auxiliaire des coupables en empêchant la formulation indispensable

, On notera que Camus est nettement plus circonspect avec le "réel" et que ses articles à Combat, comme les Lettres à un ami allemand, expliquent parfois (mais pas toujours) la violence nazie sans jamais transiger avec elle. Ils la considèrent comme intolérable. Nulle compassion dès lors, nulle compréhension n'est possible. Le monde de la fiction se distingue fermement sur ce point de la réalité, aux yeux de Camus. » On peut néanmoins supposer que le grand public, que vise Boualem Sansal, connaît surtout le Camus de la fiction

F. Noudelmann, /. Sartre, and . Camus, Boualem Sansal se démarque sur ce point de son modèle et refuse le statut d'homme du « compromis » 791 aujourd'hui mis à l'honneur chez Albert Camus, mais qui l'a conduit au déchirement intérieur et, surtout, au silence. C'est tout l'enjeu de l'échange entre Boualem Sansal et Jean Daniel, qui lui reproche ses « outrances capricieuses » 792 et l'invite à examiner avec soin la récupération fâcheuse qui pourrait être faite de ses propos, p.63

. Tu and J. Cher, et je tirerais plaisir et honneur à te suivre dans ce raisonnement, mais je ne le peux pas, je ne veux pas être élégant, cela me tuerait de l'être, Je te rappelle que dans les États que ces ambassadeurs représentent à Paris, ville des lumières jusqu'à nouvel ordre, on censure les écrivains, on les surveille à les rendre fous, on les veut obéissants et obséquieux et, quand il plaît au chef, p.793

, Boualem Sansal exprime l'idée que, face à des adversaires impitoyables, la mesure et la nuance, « l'élégance » en somme, peuvent être des faiblesses. C'est au fond une hypothèse assez proche de la critique que Fellag fait des « escargots » qui restent passifs « pour faire plaisir », « par gentillesse », « reni[a]nt leurs idées » 794 . En creux, l'idée commune que la mesure, lorsqu'elle devient paradoxalement excessive

, de simplifier exagérément sa position pour permettre l'émergence d'un vrai débat. Dans la lettre précitée, Jean Daniel rappelle à Boualem Sansal la politique colonialiste de l'État d'Israël et met en garde son interlocuteur : « Il ne faut pas que notre indépendance profite à nos ennemis. Il est plusieurs Algéries, mais il y a deux Israël, 791 Ibid, p.275

J. Daniel, ». Lettre-ouverte-À-boualem-sansal, and L. Obs, , 2012.

B. Sansal and . Moi, Boualem Sansal, je réponds à la lettre ouverte de Jean Daniel, pp.11-2012

L. Fellag and O. De-rêves-berbères, Mais pour Boualem Sansal, la mesure est, sur ce sujet aussi, impossible en l'état actuel des choses. Dans sa réponse à Jean Daniel, il refuse absolument de nuancer son éloge d'Israël par une critique, même discrète, de son gouvernement, et ne dit pas un mot des « colons » pourtant évoqués à deux reprises par son interlocuteur. C'est que, dans la logique sansalienne, il faut que quelqu'un accepte de ne pas être mesuré et se dévoue dans l, vol.795, p.196

, L'auteur semble penser que, sur certains sujets, l'expression sincère d'une pensée nuancée est louable mais contre-productive : ceux qui la reçoivent auront tendance à n'en retirer que ce qui les arrange et ignoreront le reste

, Il se place ainsi dans le sillage d'un Kateb Yacine, qui ne dit pas autre chose dans un entretien accordé à Hafid Gafaïti : Dans un pays comme le nôtre où il se pose des problèmes urgents, il faut prendre nettement position. Or, on noie le poisson. En général, des décisions sont prises qui sont mi figue mi raisin parce qu'il n'y a pas de débat, Boualem Sansal estime donc qu'il faut réanimer la parole en tenant une position ferme, et refuser la nuance pour mieux faire naître le débat 796, p.797

, On ne peut effectivement pas débattre si une position antagoniste parfaitement nette n'a pas été tenue, en l'occurrence ici celle d'un intellectuel issu du monde arabe qui affiche un soutien sans réserve à Israël 798

, est prête à se lancer dans le débat ainsi rendu possible. C'est donc au lecteur qu'il appartient d'apporter les nuances que l'auteur ne s'est pas autorisées. C'est à lui qui, in fine, est encouragé à faire la part des choses et à exercer son esprit critique. C'est pourquoi Boualem Sansal met constamment en garde son lecteur, comme ici, dans Gouverner au nom d'Allah : « On se gardera de généraliser et de prendre pour vérité vraie les assertions des uns et des autres, Mais cela n'est valable que si l'on a en face une réception qui, elle, vol.799

. L. Cf and . Peste, 51 : « L'important, dit Castel, n'est pas que cette façon de raisonner soit bonne

K. Yacine, Un homme, une oeuvre, un pays, entretien réalisé par Hafid Gafaïti, op. cit, p.45

K. Daoud, -298) équivalent dans l'outrance apparente du positionnement à « Je suis allé à Jérusalem et j'en suis revenu riche et heureux ». Il est à noter que Boualem Sansal précise et nuance sa pensée au cours de l'un de ses entretiens avec Raphaëlle Rérolle, invitant à ne pas jeter l'anathème sur l'ensemble d'un peuple et d'une culture au motif que l'on désapprouve ses dirigeants, cf. « Boualem Sansal : dissidence, Ce pourquoi je ne suis pas "solidaire" de la Palestine » (cf. Mes Indépendances, op. cit, p.296

. Gouverner-au-nom-d'allah, , p.32

, Non loin de là, il y en a près d'ici. Nous les entendons se gausser de notre témoignage, avec une légèreté marquée pour cacher leur envie de nous brûler la gueule. Qu'en est-il de l'enfant fou, du vagabond, de la gare, de l'usine à gaz transformée subrepticement en usine à glace ? Que sont devenus Gourari et ses émirs, comment est mort Mokhtar ? Qui a tué les survivants ? Qui a donné Pierre ? C'est quoi son évasion ?, S'il est des langues ingrates et des oreilles fallacieuses, il y a les gorges chaudes, p.807

, On comprend donc que, pour Boualem Sansal, il ne faut pas tout miser sur la chimérique conversion de lecteurs virtuels qu'il désapprouve moralement : les opposants directs mais aussi, les voyeurs

. Cela-lui-permet, . Plutôt-que-de-se-placer-en-moraliste, and . De-considérer-d'emblée-son, Que l'on considère aussi le prologue du Petit éloge de la mémoire : « Alors, mettons-nous en mouvement, donnons libre cours à nos émois et partons à la recherche de nous-mêmes et de ce que fut notre mère patrie. Quelque part, ne l'oublions pas, nous sommes des chasseurs d'impossible » 810 . Le lecteur s'en trouve assurément valorisé : son sens de l'écoute et sa curiosité paraissent immédiatement attestés. Ainsi semble-t-il préférable de valoriser ce qui est déjà là que de hasarder d'hypothétiques conversions à l'action. Et d'ailleurs, quelle action au juste ? Le lecteur peut s'effrayer d'un appel culpabilisant et inhibant à un agir abstrait car mal défini. L'appel à l'action, pour pouvoir fonctionner, C'est évidemment très net dans l'adresse de Poste restante Alger : « Soeurs et frères, Mes chers compatriotes, Mes bons Amis, vol.809

, Enfant fou de l'arbre creux, p.112

, Fouad Laroui évoque ces derniers dans sa préface à la 2 ème édition de De l'islamisme, pp.10-12

, Autrement dit, je croyais que leur critique de l'islamisme n'était qu'une facette de leur critique de tous les fondamentalismes religieux. Et puis, je croyais qu'ils faisaient tous, comme moi, une claire distinction entre la foi individuelle, qui est en soi respectable, et la "religion organisée, Je croyais que tous les adversaires de l'islamisme étaient de bonne foi et qu'ils rejetaient en lui l'aspect totalitaire qu'on éprouve dans toutes les religions

. Sur-ce-point and . Déchanter, Leur critique se limite à l'islamisme, elle ne s'étend pas à tous les fondamentalismes religieux. Quant à faire la distinction entre la foi individuelle et la "religion organisée", ils s'y refusent. Certains nient même que cette distinction soit possible. » 809 Poste restante, p.11

, Petit éloge de la mémoire, p.11

, Tu les remercieras de t'avoir donné la vie et tu leur diras que tu en profites autant que possible, sans folie ni arrogance. Pour le reste, l'Holocauste et toutes les barbaries de ce monde, prie Dieu que cela ne se reproduise jamais. C'est tout ce que tu peux faire. Lis, milite si tu veux, apporte ta petite pierre, mais pas davantage. Tout ce que tu feras de plus viendra du diable, ça voudra dire que tu auras versé dans la haine, que l'esprit de revanche s'est emparé de toi. Malheur à toi si la fascination du Mal te prend, 811 , à réfléchir, éventuellement à apporter une contribution à sa portée, comme le dit à Rachel son pragmatique patron et ami, M. Candela : « [?] Écoute-moi donc

C. Dans-la-main, Autrement dit on soigne le mal par l'oubli qui est le mal absolu. J'étais déçu. Mais pas tant. Il est bon que les choses se passent aussi de cette manière. J'attendais de M. Candela qu'il m'éclaire, il m'a éclairé

, Rachel n'est pas convaincu mais il faut admettre que la suite donne raison à son interlocuteur

, que ne cautionne évidemment pas Boualem Sansal, les prescriptions de Candela sont plus ou moins celles que suivent les personnages sansaliens qui réussissent le mieux. Pierre et Tarik se réunissent et s'efforcent d' « apporter leur petite pierre à l'édifice ». Les coups d'éclats, comme celui de Larbi ou de Malrich, sont sublimes mais ne portent aucun fruit. Le but n'est donc pas d'inviter à une action aussi spectaculaire qu'isolée, mais de regrouper un maximum de bonnes volontés

, Boualem Sansal se rapproche ainsi d'une sensibilité contemporaine qui « au lieu de vouloir supprimer la passivité du spectateur en réexamine l'activité » 813 . Il s'agit bien de valoriser ce qui est déjà accompli, ici lire et accepter d'écouter une voix dissonante. Revoir ses ambitions à la baisse, c'est s'offrir plus de chance de créer une réelle mobilisation, sans quoi le lecteur peut fuir devant l'ampleur de la tâche, ou tout du moins adhérer abstraitement sans pour autant se sentir véritablement concerné

, Dans les limites de l'essai, et si la finalité est la discussion

L. Village-de-l'allemand, , pp.954-955

J. Rancière and L. Spectateur, , p.83

, Et c'est pourquoi l'aporie constitutive de l'engagement littéraire, qui est de ne pas avoir le destinataire qu'on aimerait pourtant convaincre -aporie qui devrait se trouver en principe aggravée par la situation d'énonciation particulière des littératures francophones -, se trouve partiellement résolue. C'est

, Si on lui demande principalement de lire et de parler, il importe par-dessus tout qu'il soit un bon interprète, et un bon interlocuteur. C'est-à-dire, on s'en doute, pas un analyste littéraire ni un rhétoricien hors pair, mais quelqu'un qui sait décoder les signes et qui, à défaut

. Le-lecteur-prudent-le-lecteur-«-de-bonne-volonté-»-est-un-lecteur-prudent, Il sait qu'éclaircir le réel n'est pas chose aisée, et qu'avoir le sentiment contraire est suspect. Encore une fois, il ne s'agit pas de partir du principe que toute prise de position sur le réel, parce qu'elle est nécessairement orientée, est finalement relative. Il convient en revanche d'avoir la conscience permanente que les relais d'analyse du réel sont faillibles, et de ne pas accepter de s'en remettre à une univocité

, Boualem Sansal espère avant tout convaincre, et il se refuse à frapper de caducité les idées qu'il défend par une trop grande prudence dans la manière de les exprimer. Toutefois, il cherche à obtenir que le lecteur garde toujours à l'esprit qu'il a affaire à des idées qui sont, littéralement, reçues. C'est la raison pour laquelle l'attention du lecteur doit donc être fréquemment dirigée vers les dispositifs par lesquels ces idées s'expriment. En ce sens, Boualem Sansal fait de son oeuvre le lieu d'une propédeutique

, Conscient des apories de l'engagement littéraire « des écrivains d'antan », avec lequel il souhaite renouer, Boualem Sansal ne souhaite pas pour autant faire preuve d'autoritarisme : guider trop fermement le lecteur, c'est lui donner de mauvaises habitudes de réception

, Pour sortir de l'impasse, il valorise son lecteur et lui propose des pistes méthodologiques. À cet effet, il lui présente des personnages en butte aux limites de l'interprétation individuelle, ainsi que des figures d'enquêteurs plus ou moins heureuses. Interpréter Quand l'accès au réel se dérobe, il ne reste qu'une seule solution : l'interprétation. C'est à condition toutefois qu'elle n'en vienne pas à constituer un facteur d'éloignement supplémentaire. Les héros sansaliens sont, de manière générale, de « braves gens », des « hommes de bonne volonté, Néanmoins, il lui paraît tout aussi inacceptable de diluer ses idées dans une prudence excessive

, Larbi détient en fait dès le début la réponse à ses questions. Il l'a pourtant refoulée et il ne parvient pas à lire en lui-même pour la retrouver. Ses investigations laborieuses, qui empiètent sur la part dévolue à l'action, auraient pu être évitées. Alors que son enquête piétine, Larbi retourne là où « tout a commencé » 815 , au cimetière musulman. Ce moment du texte est fondamental : Soudain, son oeil intérieur parle, Malgré leurs qualités morales évidentes, ils ne parviennent pas à déchiffrer les signes ni à les connecter à une appropriation personnelle qui permettrait l'action, vol.814

, Pour Abdallah, la scène est dépouillée à alerter des badauds aguerris. La foule se désagrège ; [?] là ! une ombre se détache? un homme? il s'approche de la tombe d'Abdallah? C'est à ce moment que Larbi, mû par la curiosité ou par la compassion pour son client, Larbi se retourne une nouvelle fois. Il voit l'homme debout, la tête penchée sur la tombe. Ses lèvres remuent. Prie-t-il ? Parle-t-il au mort ? Le temps d'un clignement, autour, des ombres sur lesquelles il ne put accrocher aucune réalité

. Oui and . Ça, L'homme, c'était Aoudia, il crache sur la tombe d'Abdallah, vol.816

, En se reportant à la première version de l'enterrement du Moh et d'Abdallah, on y trouve effectivement ceci : « Un tracas poursuivait [Larbi]? Une ombre qui trottait derrière lui sans pouvoir le rattraper

, Enfant fou de l'arbre creux, p.494

, Le Serment des barbares, p.383

, ! » 822 ; Yazid connaît très bien la vérité de sa filiation : Et puis quoi, ce que je voulais taire, ce que j'ai réussi à effacer de ma mémoire, je le savais, je l'ai toujours su, au détail près, et c'est parce que je le savais que j'ai réussi à ne jamais y penser. Il n'y a pas d'oubli sans une vraie mémoire des choses, p.823

. Bien-sûr, Mais certains personnages sont plus excusables que d'autres. Larbi évolue dans un environnement essentiellement hostile où le regroupement de bonnes volontés ne paraît pas possible : tous les justes semblent condamnés à plus ou moins court terme. Tout concourt donc à infirmer sans cesse des analyses qui sont, on s'en aperçoit rétrospectivement, toutes exactes. Tragiquement seul, Larbi sait interpréter, Boualem Sansal veut signifier par là le poids de la doxa et des tabous

Y. Rachel, C. Et-lamia, E. Delbo, J. Wiesel, P. Semprun et al., je n'ai pas trouvé un mot de haine, l'ombre d'une envie de vengeance, pas la moindre expression de colère. Ils ont simplement raconté leur quotidien avec tout le détail dont ils étaient capables, et cet art qui est le leur, ils ont dit ce que leurs yeux ont vu, ce que leurs oreilles ont entendu, ce que leur nez a senti, ce que leurs mains ont touché, ce que leurs dos et leurs pieds ont porté de fatigue et de souffrance. Ils ont raconté comme une caméra restitue des images, comme un magnétophone restitue des sons. Ils parlent de leurs bourreaux en disant : « Tel, l'officier X, a dit ceci, il a fait cela, tel jour, telle heure. » Ils parlent de leurs compagnons en disant : « Untel a dit ceci, il a fait cela, un matin il est parti, on ne l'a plus revu. » Pourquoi, cette distance ? Elle me pose problème. Où est la colère ? Où est la haine, où est l'appel à la vengeance, où est l'envie de tout détruire

. Harraga, , p.891

R. Darwin, Est-ce qu'il ne voit pas, dans la couchette voisine, Beppo le Grec, qui a vingt ans, et partira après-demain à la chambre à gaz, qui le sait, et qui reste allongé à regarder fixement l'ampoule, sans rien dire, et sans penser à rien ? Est-ce qu'il ne sait pas, Kuhn, que la prochaine fois ce sera son tour ? Est-ce qu'il ne comprend pas que ce qui a lieu aujourd'hui est une abomination qu'aucune prière propitiatoire, aucun pardon, aucune expiation des coupables, rien enfin de ce que l'homme a le pouvoir de faire ne pourra jamais plus réparer ? Si j'étais Dieu, la prière de Kuhn, je la cracherais par terre. » C'est toute la colère que j'ai trouvée dans le livre de Primo Levi Si c'est un homme. Il constate que rien, ni les prières, ni le pardon, ni l'expiation, ne peut réparer et il s'arrête là. Je ne comprends pas. À ma manière, je suis un rescapé, mais moi je ne trouve pas assez de mots, je n'ai pas assez de force en moi pour dire ma colère, p. 1084. pourrait couvrir la douleur qui s'est élevée de cet endroit. On en parle comme ça, comme d'un jour sans lumière qui serait tombé par hasard sur le monde. On parle du Mal absolu et des souffrances incommensurables qu'il nous a infligées. « Kuhn est fou

, Rachel Schiller provoque le malaise parce que sa lecture avide des témoignages des survivants de la Shoah se double d'un paradoxal refus d'en accepter le propos. Drogué à la culpabilité, il recherche désespérément dans le corpus concentrationnaire tout ce qui lui permet de l'accroître, et refuse symétriquement tout ce qui serait susceptible de l'apaiser. Cela s'effectue au mépris des rescapés, avec lesquels il entre dans une concurrence victimaire aussi malvenue que malsaine. Lire, pour Rachel, ne sert donc strictement à rien

, Elle n'a pas vieilli d'une ride. Parfois elle me saute aux yeux, m'agresse, je suis comme mis en demeure de passer aux aveux et de me réprouver séance tenante, et d'autres fois elle s'annonce, un malaise avant-coureur, une sensation de gêne, de honte, de trahison, puis l'image se révèle, toujours la même, se fait nette, exagérément, comme mieux obséder, Yazid passe son temps à relire le passé, à scruter sa mémoire pour en tirer du sens : L'image me hante depuis longtemps, p.825

. On-retrouve and . Dans-le, Serment des barbares, le motif de l'image intérieure qui refuse de parler. Mais, plus encore que Larbi, Yazid a la réponse à ses propres questions depuis bien longtemps : « Toi, je ne sais pas si tu es arrivé dans la poche de ta mère ou si elle t'a fabriqué ici », me lança Faïza, moqueuse

L. Village-de-l'allemand, , pp.1052-1053

R. Darwin, , p.1093

. Houda, pour lui dire bonjour, alors peut-être que les choses ont coïncidé? et, du coup, Djéda qui croit en Dieu ne pouvait pas te faire zigouiller, tu étais la petite chair de sa chair. » Que voulait-elle ?, Avait-elle le droit ? À dix ans, sait-on toutes ces choses ? N'en sait-on pas déjà davantage ? En parlait-on vraiment aussi crûment, p.826

, En définitive, sa quête de sens le conduit donc à une réponse qu'il connaît depuis le début, comme il le dit lui-même : Que puis-je dire ? C'est bête et perturbant, je découvrais que l'histoire que je voulais tant savoir était très exactement celle que je savais depuis le début et que je m'étais évertué à cacher. C'est peut-être une loi essentielle de la vie qui veut que l'homme efface son histoire première et la reconstitue de mémoire comme un puzzle impossible, dans le secret, à l'aune de son expérience et après bien des questionnements et des luttes, ainsi et seulement ainsi il peut faire le procès du bien et du mal, ces forces qui le portent dans la vie sur le chemin de son origine, On ne saurait faire plus clair. Les propos de Faïza, limpides, ne posent aucune difficulté d'analyse. On voit pourtant Yazid les ignorer pour se lancer, sa vie durant, dans des spéculations oiseuses, p.827

, 828 tant qu'il en est encore temps. Car, pour avoir trop tardé, pour s'être complu dans des hypothèses et des interprétations qui le détournaient de l'évidence, Yazid a, sans la moindre équivoque, raté sa vie : Il est une chose que je regrette amèrement, je n'ai jamais dit ni à l'une ni à l'autre : « Maman, je t'aime. » Je ne les ai jamais prises dans mes bras. J'ai toujours eu peur de me trahir

, Il est trop tard, je leur dirai tout un jour, dans une autre vie, celle-ci nous a pas mal échappé, elle est passée sans nous, p.829

, La part de responsabilité du personnage est immense, d'autant plus que, alors même qu'il ne cesse de déplorer le silence des autres, il se tait dès qu'il en a l'occasion. Il tait à sa mère la radicalisation du jeune Hédi. Il tait à ses frères et soeurs l'état de santé de leur mère

. Ibid, , pp.1112-1113

. Ibid,

, pas à Farroudja mourante qu'il savait qu'elle était sa véritable mère. Et, bien qu'ayant conscience d'être « le dernier vivant de l'antique tribu » 830 , il opte finalement pour l'exil. En d'autres termes, Yazid interprète inutilement, p.1223

C. Yazid, » 831 À ce jeu de l'autoanalyse, elle se montre en apparence impitoyable avec elle-même : Je ressentais un drôle de sentiment. La culpabilité ? Il y a de ça, je l'ai serrée, elle s'est libérée d'un coup. La mettre en demeure de s'instruire était une autre erreur, elle se voyait ridiculisée, coupée du monde. La colère, le dépit qui vient de l'échec, de? ? Pas seulement, la rage, l'envie de? La jalousie, quoi, la jalousie maternelle ! Oui, c'est dit. Chérifa se donne au premier venu et à moi qui l'aime, qui lui offrait ma vie, ma maison, elle refuse jusqu'à sa simple présence, Lamia sait « tout des longues nuits vouées au silence et au jeu sans fin de l'introspection, p.832

, Les qualités d'interprétation de la jeune femme sont gâchées par l'usage qu'elle en fait. Ce gaspillage est redoublé chez elle par une pratique intense de la lecture entendue exclusivement comme échappatoire au réel : Un conteur qui ne laisse pas de marge de manoeuvre à ses héros n'a pas sa place au souk. On vient au conte parce que précisément on en a assez du mektoub, on veut voir des gens agir, décider, ruser, se planter, se dépatouiller comme un chat, gagner la partie, Mais cette introspection est stérile, parce qu'elle parvient à des conclusions sans doute assez fines, mais aussi très égocentrées, p.833

C. Rachel, La lecture aide Lamia à approcher le réel dans toute sa dimension insaisissable et à accéder à une pensée dissidente. Mais il lui manque une étape : elle s'arrête au stade de la comparaison, et ne tire pas les leçons qui affleurent pourtant dans ses analyses, quoique pour des raisons différentes, Lamia se réfugie dans les livres, p.1209

. Harraga, , p.726

, Pour lui, le franc c'est du papier journal, il regrettait amèrement le mark souverain qui avait bâti la puissance de la mère patrie et encore plus l'avènement de l'Europe qui est en train de la miner lentement mais sûrement. « N'y gagnent que les profiteurs et les chômeurs », a-t-il conclu. C'est un discours d'extrême-droite où je ne m'y connais pas. La maman d'Ophélie s'en régale devant moi toute l'année. J'ai pris un air raciste et j'ai renchéri : « Et les étrangers ! » Quand je lui ai dit que j'étais allemand, p.854

C. De-quelle, , p.842

, Il interprète avant d'écouter, en conséquence de quoi il tente de jouer un rôle qui n'est peut-être pas celui qui est attendu, et que son absence de duplicité naturelle l'empêche de toute façon

, Encore ignore-t-il, à ce moment précis, qu'il a en face de lui un homme « envoyé par le ciel » 843 qui, par un hasard spectaculaire, a bien connu son père. Il reproduit pourtant exactement les mêmes erreurs avec Adolphe : J'ai respiré un bon coup et je me suis fait l'attitude du gaillard qui sait terroriser les filles qui ont des nattes, L'inconvénient est double : non seulement la discussion est orientée, mais en plus, Rachel la rend incohérente

, Euh? je cherche des témoignages, des archives? j'écris un livre sur mon père et son combat pour le salut de l'humanité, l'hitlérisme n'est pas mort que je sache » 845 . Il s'avère qu'Adolphe est un personnage particulièrement abject, mais en mentant, en apparaissant comme ce qu'il n'est pas, Rachel oriente son témoignage. Mû par sa soif de culpabilité, Rachel pousse en fait son interlocuteur à dire ce qu'il a le moins envie d'entendre, ce qu'Adolphe accepte malheureusement de bonne grâce

L. Village-de-l'allemand, , p.934

, Regard embrumé sur une amnésie volontaire. C'était clair, l'homme et ses amis avaient suivi la même voie que papa. Ou l'inverse. Pouvait-il en être autrement, les jeunes sont ainsi, ils se suivent, se précèdent, ils sautent dans le premier train qui passe sans voir où il va, p.846

, Encore une fois, les interprétations à vide de Rachel l'empêchent d'observer et d'écouter. Tout semble indiquer, dans l'attitude du vieil homme, un passé dont l'évocation est douloureuse

, Rien ne garantit, en admettant que le personnage soit effectivement un ancien SS, que son émotion ne traduise pas le remords, plutôt que la nostalgie. C'est pourtant l'analyse hâtive et définitive que tire Rachel de la situation

. Larbi, Au contraire, il écoute et s'ajuste après coup. Youssef et le vieil Allemand réagissent de la même manière : « C'est le passé? le réveiller n'apporte rien de bon » 847 pour l'un, « Il n'y a rien à dire, fiston, c'est le passé » 848 pour l'autre. Larbi comprend, s'adapte et « argument, vol.849

, Ils sont présentés à la manière d'archives brutes, avec une nette asymétrie entre les prises de parole de l'enquêteur, essentiellement contenues dans de très courtes questions, et les réponses des témoins, très développées et très longues. On observe même, dans la retranscription des témoignages, la présence de didascalies, comme ici dans Le Serment des barbares : Sommes-nous plus libres ? ? Le prix n'a pas suffi

L. Ou and L. Dans, Enfant fou de l'arbre creux : 846 Ibid, p.935

, Le Serment des barbares, p.257

L. Village-de-l'allemand, , p.935

, Le Serment des barbares, p.258

L. Village-de-l'allemand, , p.936

, Emportées par la marée, elles découvrent en elles des fantasmes d'une familiarité folle ; la révolte des gueux, c'est aussi des viols mémorables au château, Le Serment des barbares, p.861

, Le statut du narrateur oscille : il se situe à mi-chemin entre le témoin et le voyant

P. La-semi-omniscience-du-serment-des-barbares-procède,-À-y-bien-regarder,-d'une-donnée-toute-simple-:-le-narrateur and . Qu, il appartient au régime de la fiction, n'a aucune prise sur ce qui l'excède : les figures qui renvoient explicitement au référent réel. C'est une évidence que les son récit, dont il connaîtrait la moindre pensée secrète, il appelle lui aussi à être relativisé. Là encore, Boualem Sansal, en court-circuitant discrètement l'illusion romanesque, semble vouloir réactiver des évidences : toute transcription est médiation et réappropriation. Ainsi, le narrateur n'est pourtant pas, en dépit des apparences, en concordance parfaite avec le personnage de Larbi. Deux indices alertent le lecteur : il y a dans le roman de rares moments où le personnage de Larbi s'exprime

, 862 On s'aperçoit alors que le registre lexical du polar qui est celui de Larbi au discours direct n'a rien à voir avec la narration dominante qu'on hésite de fait à lui attribuer. L'autre indice, encore plus frappant, est que la rencontre avec le juge nous apprend que Larbi s'exprime en arabe algérien. 863 Le narrateur assume donc ouvertement une présentation indirecte, puisque traduite, de son personnage principal. Dans le même ordre d'idée, le langage de Gacem, très familier dans le discours direct qui le restitue, ne ressemble en rien aux cogitations que rapporte le narrateur, et qui ont subi l'arasement stylistique. L'arasement stylistique et énonciatif rapproche le narrateur de la figure de l'auteur. Tous deux signalent ainsi qu'ils remanient le référentiel, le mettent en intrigue et rejettent la vraisemblance trompeuse des démarcations stylistiques et énonciatives. De la sorte, le narrateur-auteur indique qu'il s'agit de son interprétation du réel, que les personnages sont ses créations

. Ibid, 165 : « Le policier pensa qu'il idéalisait le vieux bonhomme mais il ne doutait pas de ce fait

, ferait-elle exception ? Bien au contraire, l'omniscience est impossible en ce qu'elle se heurte à l'inimaginable, et le narrateur abandonne symboliquement une partie de ses prérogatives, vol.865

, Cela vient d'abord de ce que 2084 hérite de l'ambiguïté énonciative de son modèle, ainsi soulignée par Bernard Gensane : « "ça" parle, mais qui exactement parle (un témoin neutre, un témoin engagé, un essayiste désintéressé ou un polémiste ?) on ne peut pas toujours le dire. » 866 Jean-Louis Tritter y insiste à son tour : Qui est ce narrateur qui raconte d'un point de vue omniscient une histoire où il prend parti, dans une langue qui, de son propre avis, est destinée à disparaître pour être remplacée par une nouvelle ?, Boualem Sansal renoue avec une narration omnisciente apparemment plus conventionnelle. L'autorité du narrateur omniscient n'en est cependant pas moins problématisée et donc, implicitement, discutée, p.867

, Boualem Sansal ne cherche pas à résoudre ces ambiguïtés. Bien davantage, il les exacerbe de telle sorte que le lecteur se trouve franchement perplexe lorsqu'il tente de mettre bout à bout les différents éléments qui permettent une caractérisation du narrateur. A priori, il s'agit d'un 865 Ibid, p.26

B. Gensane and G. Orwell, Vie et écriture, op. cit, p.35

J. Tritter, L. Conte-philosophique, and O. , véritable narrateur omniscient, capable de focalisations internes, et dépositaire d'une connaissance parfaite du système qu'il décrit, dont il est en mesure de dévoiler les ruses et le fonctionnement totalitaire. C'est un narrateur érudit, p.137

. Abistan-sans-histoire--ce-paradoxe-Étant-aussi-celui-de-l'hypotexte-orwellien, Quelques indices laissent entrapercevoir qu'il fait partie des agents de ce système : [?] il n'était pas la création d'Abi instruit par Yölah comme nous l'enseignons depuis 2084, il viendrait de loin, du dérèglement interne d'une religion ancienne qui jadis avait pu faire les honneurs et les bonheurs de maintes grandes tribus des déserts et des plaines, dont les ressorts et les pignons avaient été cassés par l'usage violent et discordant qui en avait été, p.868

. Le-pronom-«-nous-»-interpelle, conduisant à identifier le narrateur à un relai de la propagande historique du pouvoir abistanais. Le narrateur est un pur produit de l'Abistan, et ses connaissances deviennent imprécises dès qu'elles portent sur l'ancien monde. En ce cas, peutil vraiment être entièrement fiable ?

, Si elle n'est pas dépourvue d'une dimension parodique et satirique, la narration de George Orwell n'en paraît pas moins froide et oppressante. 2084 s'inspire en partie de ce modèle, mais c'est pour mieux mettre en évidence le fait que, fréquemment, le narrateur déraille, comme le montrent nettement ces quatre extraits saugrenus : Chaque phrase était ponctuée d'un, vol.869, 1984.

». «-yölah-est-juste, «. Yölah-est-patient, ». , «. Yölah-est-grand, ». et al., repris par dix mille gosiers étreints par l'émotion. Puis on priait au coude à coude, on psalmodiait à tue-tête, on chantait des odes écrites de la main d'Abi, et on recommençait jusqu'à l'épuisement. Et arrivait l'instant fort

, Il fallait ensuite rôtir toute cette viande. Les flambées se voyaient de loin, l'air se chargeait de gras et la bonne odeur de viande braisée allait titiller tout ce qui dans un rayon de dix chabirs portait nez, groin, vol.870

, Nous l'avons gardé pour la fin car la chose est horrifiante même pour des croyants affranchis (disons dubitatifs) : les murs du ghetto étaient couverts de graffitis tracés au clou, p.251

B. Gensane and G. Orwell--vie, horreur, avec des excréments humains, moquant l'Abistan, ses croyances et ses pratiques, écrits dans l'une ou l'autre langue usitée dans le ghetto. Les dessins obscènes ne manquaient pas, ils étaient lisibles par eux-mêmes. Sur des murs, ici et là, des graffitis en habilé que Koa put déchiffrer, vol.870, p.24

». Bigaye, ». Bigaye-est-un-bouffon, and «. Bigaye, roi des aveugles ou prince des ténèbres ? », « Abi = Bia » (en habilé, bia veut dire quelque chose comme : « rat porteur de la peste » ou « homme retourné, Balis vaincra

, Ati et Koa avaient hâte d'oublier ces horreurs, leur souvenir dans leur mémoire les signalerait aux V à leur retour à Qodsabad, leur sonar n'aurait pas à les scanner longtemps pour disjoncter. Nos amis en tremblaient, vol.871

, On sortait des sentiers battus, Tout cela était ennuyeux et du plus habituel mais, pour qui avait l'oreille exercée et l'oeil vif, il y avait du neuf dans ce concert de ronrons et de contre-ronrons. Et pour du neuf, c'était du neuf, p.872

, le clan Bri investissait la sienne dans l'analyse et la prospective, dans l'organisation et l'efficacité, dans le travail en laboratoire et le test en réel. Et donc, très tôt, il avait compris l'intérêt de suivre ces deux hurluberlus si pleins d'entrain et de les pousser dans la bonne direction. Ils serviraient bien à quelque chose. C'est ainsi qu'ils avaient abouti chez Toz, orientés par un passant pas si anonyme que ça, puisqu'il avait dit s'appeler Hou, et par le mockbi Rog qui à bien voir ressemblait plus à un aiguilleur d, Contrairement aux autres clans qui investissaient leurs colossales fortunes dans la force brutale et l'apparat

, Ils étaient attendus et la suite de leur parcours était déjà écrite en forme de destin voulu par Dieu. Fin de la première étape. Sacré Toz, il les avait superbement embobinés, il les avait emprisonnés dans un entrepôt sous couvert de les aider à fuir, p.873

L. L'aposiopèse and . Parenthèses, l'épanorthose, la ponctuation expressive, la coloration humoristique de certaines phrases (« tout ce qui portait groin, museau, ou bec »), les formules pompeuses (« Nos amis en tremblaient »), les choix lexicaux incongrus (« hurluberlus »), les embardées faussement enthousiastes (« Bravo, Ram », « Très fort ») : tout concourt à remettre en question le sérieux d'un narrateur qui se révèle étonnamment babillard. Par contamination

, On objectera que le lecteur de 2084 sait qu'il a affaire à une fiction pure et dure, et qu'il n'est donc nul besoin de problématiser la fiabilité du narrateur. Ce n'est pas si sûr, tant l'hypotexte 871 Ibid, pp.111-112

. Ibid, soit le lecteur s'entête à suivre, en dépit du bon sens, la mauvaise piste sur laquelle l'auteur l'a précipité, soit il accepte de reconsidérer 2084 sous un autre angle, celui d'une fiction qui, par définition, ne peut être reçue telle quelle, p.227

B. Sansal-refuse-le-dogmatisme and . Recourir, bien plus efficace, de diffuser les valeurs que l'on chérit. C'est de les proclamer haut et fort, et de les incarner pleinement. » 877 D'un autre côté, l'auteur se refuse à transiger avec ses convictions démocratiques

. Il-cherche, , vol.878

, Quelles que soient les qualités intrinsèques d'un porte-voix politique, qu'il soit réel ou fictif, il semble peu souhaitable, pour Boualem Sansal, de trop investir sur un seul homme, fût-il le représentant d'idées auxquelles on adhère. Pour engager véritablement le lecteur dans une action démocratique « à hauteur de l'homme, Un vraisemblable narratif à la première personne : briser l'empathie moins actifs, vol.879

T. Todorov, La Peur des barbares, p.193

, Encore que l'idée d'un « jugement ethnocentrique » ne convient pas ici -sauf à considérer que les écrivains démocrates issus du monde dit musulman sont, de fait, à rattacher à l'Occident, dont les idéaux démocratiques serait la propriété exclusive. La prise en compte de ceux qu'André Versaille appelle « les résistants musulmans » (cf. Les Musulmans ne sont pas des bébés phoques, op. cit., p. 164) de manière discutable d'ailleurs -tous ne se revendiquent pas musulmans), c'est-à-dire des, p.217

, peu d'intérêt et qu'elle peut même s'avérer contreproductive. C'est qu'il y a les grandes lignes de l'engagement démocrate laïque, aussi généreuses qu'abstraites, et il y a les questions concrètes posées par leur application. Il y a le message de fond, la base démocrate-laïque qui n'appelle pas, pour l'auteur, à être débattue, et il y a celui qui le porte : que fait-il de ce message ? En est-il digne ? Comment l'incarnerait-il ? En brisant l'empathie et en forçant l'auteur à juger la personnalité de ses narrateurs, Boualem Sansal l'amène à s'affirmer en tant qu'individu pensant et citoyen, et à se demander ce qu'il ferait de mieux. Ce n'est pas tout d'être d'accord abstraitement, il faut s'engager activement, Camus et l'éthique, p.11

, En même temps, le lecteur est amené à identifier les possibles déviances de l'engagement démocratique et donc à les éviter soi-même, ce qui est une manière indirecte de s'impliquer

. Ainsi, les narrateurs sansaliens, même porte-paroles de l'auteur, sont tous, sous certains aspects, antipathiques ou irritants. Deux grandes tendances se dégagent chez ces chantres du discours démocrate laïque : la mégalomanie et la passivité geignarde

, Dans la catégorie des mégalomanes, le cas le plus spectaculaire est indiscutablement celui de

P. Chaumet, . De-l'enfant-fou-de-l'arbre, and . Creux, Or force est de constater que le propos de Pierre, bien souvent, déraille. Ce narrateur affiche ainsi une tendance marquée au préjugé raciste, décrétant par exemple à Farid, son codétenu algérien : « Tu es jeune, arabe et en cela porté sur le pessimisme et la fainéantise. Et bien entendu, tu n'admets pas l'optimisme chez les autres » 881 . Par ailleurs, sa conception de l'amitié virile est, pour le moins, discutable, comme en atteste le message très misogyne qu'il adresse chaleureusement à son ami Salim : J'avais un deuil à passer, je biberonnais à tout va, je pissais comme une madeleine. Si tu as besoin d'un pied-à-terre pour violer des filles ou planquer des paquets, mon appartement est à ta disposition. Après deux siècles de ronronnements et de bon voisinage, il va découvrir le tintamarre arabe, le merguez tueur d'ozone, les inondations express et les disparitions inexpliquées, Parce qu'il semble recevoir le blanc-seing de la deuxième voix narrative du roman et parce qu'il relaie la plupart des convictions sansaliennes, p.882

, Enfant fou de l'arbre creux, p.463

, démocratique doit être organisé collectivement et équitablement par l'implication raisonnable de chacun, p.511

L. Dans-dis-moi-le-paradis and . Du-personnage-de-tarik, On retrouve chez ce dernier la même tendance au préjugé xénophobe, s'agissant des asiatiques : « Une odeur de graillon indéchiffrable s'en échappait, elle avait la faculté d'attirer les chats, le mets préféré du chinetoque » 885 , ou encore des tribus du Hoggar : Une clameur joyeuse retentit dans le ciel. Peut-être venait-elle de l'intérieur de nos têtes, nous étions soulagés et heureux, l'idée de finir dans la marmite du missionnaire nous poursuivait depuis le moment de notre rapt, p.886

, Bien qu'en apparence le narrateur se fasse le chantre de la cause féminine, ses beaux discours ne se traduisent pas en actes dans la mesure où sa propre épouse est considérée avec un certain mépris, reléguée au rôle d'épouse encombrante et de mère, par opposition à Romyla et à Farida, les sémillantes cousines occidentalisées : En préparant la chambre de Farida, j'eus un pincement à l'aine. Le froufrou des draps, le galbe de l'oreiller, les rideaux tirés de cette façon qui fait de l'intimité un scandale me tournèrent la tête. À dire vrai, maman est une bonne fille, si j'insistais avec ma façon de dire les mots, p.887

. Ailleurs, et la façon dont il traite sa propre épouse, sans penser apparemment à connecter les deux : [?] maman souffre de méfiance morbide, elle voit des assassins partout. Quelquefois, elle me regarde de loin, les yeux mi-clos, puis quitte précipitamment le salon. Elle déteste mes amis, abhorre notre bar, ferme tout à double tour et ne me dit jamais où elle va. Plusieurs de ses copines ont été égorgées par leurs maris ou les frères de ceux-ci, et combien d'autres ont été dépouillées de leurs biens et répudiées aussitôt. Je sais aussi que celles qui se disent heureuses en ménage en parlant de leurs jules passent en vérité la nuit à trembler, voit apparaître nettement le hiatus entre les discours compréhensifs que Tarik tient sur les femmes, p.888

, Le décalage est criant : ce narrateur progressiste se flatte de son ouverture d'esprit concernant la question féminine quand il la considère sous un jour abstrait. Pourtant, il ne songe

-. Dis and . Paradis, , p.550

C. Pierre-enfin, Tarik se montre volontiers autoritaire à mesure qu'il s'affirme comme chef de son expédition humanitaire : Pas de vote, pas de courte paille, je dirigerai l'expédition. Qui l'ouvre le premier emporte le morceau ! Le plus ancien dans le grade le plus élevé, ça compte aussi. Ça marche comme ça, p.891

Y. Cf, . Khadra, and &. Qu, Tu es menacé de mort par les barbus et tu oses encore traîner dehors à des heures impossibles", qu'elle me tançait, Leila. C'était comme ça toutes les nuits. Moi, je m'en tapais d'être canardé ou égorgé. Je voulais vivre normalement. Et toutes les nuits, tenue en alerte, Leila se faisait un sang d'encre dans le salon en priant pour que je rentre sain et sauf. Elle m'accueillait avec une colère désespérée, où l'ancien journaliste Sid-Ahmed raconte à Zine les circonstances qui ont précédé la mort de son épouse Leila, « brillante avocate au barreau d, pp.206-207

. Cf, On ne peut atteindre un Don Quichotte, sa tête est pleine de rêves fous, de révolte, d'amour fabuleux. Là où nous voyons des moulins à paroles et des malandrins en carrosse contre lesquels il faut sans hésiter rompre des lances, Que dire ? Doc a franchi une limite, p.686

, Ce dernier rêve d'un libérateur dans lequel, de toute évidence, il se projette : Ce n'était pas d'une commission dont nous avions besoin, ni d'un Trublion malade, mais d'un homme éblouissant de simplicité, habillé de blanc, ceint d'une couronne d'épines, capable de dire : honte à vous, Hommes d'Alger. Je suis venu vous dire : qui manque à un enfant insulte Dieu ; qui tue une femme détruit la vie, La mégalomanie de ce personnage pourtant présenté de manière largement positive transparaît également dans son fantasme messianique, qu'il partage, d'ailleurs, avec Pierre Chaumet, p.892

, En bravant la loi pour venir en aide aux cholériques du M'cif, Tarik commet une action particulièrement courageuse. Néanmoins, Boualem Sansal suggère que les actions de cet ordre risquent fort d'être portées par des égos proportionnels à leur démesure. Or, en cas de triomphe, comment gérer, ensuite, pareil égo ? L'écrivain, qui se présente comme l'humble continuateur de l'oeuvre de Tarik auprès de la clientèle du Bar des Amis, alerte le lecteur en ce sens dans l'épilogue : « On leur touchera aussi un mot des hommes providentiels et de ce qu'il reste de leur passage au pouvoir : des sauterelles n'ayant plus rien à bouffer. » 894 Le lecteur, en dépit de l'admiration que suscite Tarik, est bien forcé de connecter cet avertissement au fantasme messianique du personnage, Tarik franchit un pas supplémentaire lorsque, s'adressant à ses comparses du bar, il reprend à son compte le célèbre leitmotiv christique : « En vérité, je vous le dis, mes frères » 893

, À l'opposé de ces hommes de bonne volonté, mais sujets à la mégalomanie, se trouvent les contestataires passifs, principalement incarnés par Rachel Schiller et par Yazid. Ces narrateurs-là, à l'inverse des premiers, ne prétendent pas à l'action politique

, Ils n'en servent pas moins à questionner les motivations de l'adhésion à un discours engagé

, Enfant fou de l'arbre creux, p.416

-. Dis and . Paradis, , p.583

. Cf and . Khalida, Messaoudi et la déception de Boualem Sansal, « L'Âge de raison », p. 165. et la manière dont ces motivations peuvent à terme desservir l'entreprise démocratique

, Certains réagissent en raison de la fascination qu'ils éprouvent pour l'énergie d'un meneur d'hommes. Pour d'autres, l'adhésion passe par l'indignation, indignation qui s'obtient

P. Or, Ce sont des narrateurs que le sort semble victimaire qu'avec un discours conquérant. Mais l'accumulation de la plainte, en se chargeant d'accents tragiques, tire du côté de la fatalité, et contredit en cela la possibilité d'une action. C'est pourquoi Boualem Sansal cherche à problématiser ce type de discours en travaillant, là aussi, Rachel et Yazid sont pathétiques 896

. Pathétique, Rachel Schiller l'est, assurément, jusque dans la mise en scène macabre de son suicide

, Il faut cependant insister sur le masochisme du personnage, ainsi que sur son égocentrisme plaintif, fait pour mettre l'esprit critique du lecteur en éveil. « Je réagis, bien sûr, je ne suis pas de ceux qui se complaisent dans la souffrance et je hais toute idée fixe, vol.898

, la « fantasmagorie » stérile qui suit cette déclaration démontre exactement l'inverse : Pour moi, c'est tout un monde qui m'est tombé sur la tête, c'est tout le Mal depuis les origines qui me regarde dans les yeux, me fouille le coeur, les tripes, qui se rappelle à mon souvenir, qui me rappelle à son bon souvenir, me parle sans cesse de ce qui fut, de ce que nous fîmes. Cette image me torture, le brouillard m'étouffe, j'ai mal au crâne? ça bourdonne? il y a comme une clameur? je vois un camp lugubre? une procession d'ombres? des hommes, des femmes, des enfants, innombrables, nus, décharnés, qui avancent en bon ordre sous le regard glacé d'un SS vers un immense brasier, qui? au secours !? Je m'enfonce dans la fantasmagorie? J'appelle à l'aide? je cherche mon père? [?] Ah ! le voilà, impeccable dans son uniforme noir, rehaussé par un brassard rouge fameux? Il me sourit? de ce beau sourire de père, tendre et sévère? Je ne sais comment c'est arrivé, je suis avec lui, comme à la maison à Aïn Deb, nous habitons un beau chalet à l'écart du? le camp? le stalag? il y a un joli bois devant, des fleurs et de belles couleurs

. Cf and . Supra, « Le rire sansalien » L'absence d'humour, ici, est un signal discret mais alarmant

, Rachel présente certains points de contact avec Hamlet, dont il est une figure inversée, hanté par les victimes de son père, quitté par une Ophélie aussi terre-à-terre que le personnage original est éthéré

L. Village-de-l'allemand, , p.959

, dans la lignée de Pascal Bruckner et de son Sanglot de l'homme blanc 900 , les « athlètes de la commisération [?] souvent de comédie, perpétuellement bourrelés de remords à l'égard de ce qu['ils] n'ont même pas commis » 901 . Certes, la sincérité de Rachel ne saurait être remise en question, mais c'est, en un sens, encore plus alarmant. Même dépourvue des sèmes de tartufferie auxquels Pascal Bruckner et André Versaille l'associent, cette compassion aussi ardente qu'abstraite pour les victimes, et ce désir trouble d'endosser la responsabilité de leur tragédie se donne à voir sous un jour parfaitement stérile : un personnage qui s'autodétruit dans l'indifférence générale sans avoir rien accompli. Il s'agit donc pour l'auteur d'amener à la remise en cause du pathétique comme vecteur d'un engagement sain et productif, de manière générale mais aussi, plus spécifiquement, en l'appliquant à la situation algérienne. Si Le Village de l'Allemand ranime les spectres de la, dérive stérile de l'engagement que Boualem Sansal réprouve, ne serait-ce que par sa promotion de l'essai Les Musulmans ne sont pas des bébés phoques où l'on voit André Versaille fustiger

«. Escargot, 902 fellagien s'il en est, Boualem Sansal rappelle toutefois que ce processus doit de l'islamisme en Algérie. Cette gêne, procédant de la culpabilité d'appartenir à une certaine élite, a parasité une dénonciation lisible du phénomène 903 . L'auteur en pointe ici le caractère néfaste : elle est une douleur que l'on s'inflige, qui ne rend en rien justice aux victimes et qui, en définitive

L. Yazid and . Narrateur-de-rue-darwin, est sans doute l'émanation la plus subtile de la réflexion que mène Boualem Sansal sur le pathétique comme frein à l'émergence d'un engagement collectif efficace. La difficulté tient ici à l'identification

, Boualem Sansal lui-même, du narrateur à l'auteur 904 . En vérité Yazid, égocentré

P. Bruckner, L. Sanglot-de-l'homme-blanc, and O. Cit, Ce dernier a d'ailleurs réactualisé son analyse en produisant un essai sensiblement proche de celui d'André Versaille, paru la même année (cf. Pascal Bruckner, Un racisme imaginaire, 2017.

A. Versaille, Les Musulmans ne sont pas des bébés phoques, op. cit, p.15

L. Fellag, Allumeur de rêves berbères, p.196

C. Boualem, Sansal : dissidence », épisode 4 : « on disait c'est rien, ça va passer, c'est des jeunes, ils sont malheureux?

. Cf and «. Infra,

, L'un met en avant sa volonté de parler, l'autre choisit de garder un silence coupable. L'un attire l'attention sur son désir de rester en Algérie

, Celui aussi qui a gâché sa propre vie : quand Yazid se résout enfin à quitter l'Algérie, il n'a plus aucun projet ni perspective : « À mon âge, on commence à penser à sa santé » 906 sont les derniers mots d'un roman qui se clôt dans la tristesse et les questions non résolues. Mais Yazid porte également de lourdes responsabilités : par sa lâcheté et ses silences, sa mère est morte sans avoir revu ses enfants dispersés de par le monde, et, plus grave peut-être, il manque à un devoir collectif : « Si regret il y avait, c'était d'avoir tant tardé pour nous parler. Il n'y avait plus de famille autour de nous, autour de moi, personne pour hériter de notre histoire, Rue Darwin est le récit de l'échec d'un narrateur qui agit toujours quand il n'est plus temps, vol.907

D. Et, . Fait, and . Inviter, Yazid se montre en effet volontiers fataliste : « Si un miracle se produit, Dieu de miséricorde? » 908 , « Pourquoi cela, mon Dieu ? » 909 . Il entre sur ce point en discordance nette avec Boualem Sansal, qui attire ainsi l'attention sur la lâcheté du personnage. Cette lâcheté se traduit également par un dysfonctionnement de la parole, qui va du silence à une nette propension du personnage au mensonge : « Je lui avais promis que le benjamin, son Hédi chéri, serait là, lui aussi » 910 . Ces dénoncée également, l'abnégation plaintive du narrateur : Parce qu'elle ne voulait pas les inquiéter, nous avons fait silence sur sa maladie. Je leur disais qu'elle était fatiguée, qu'elle se languissait, qu'elle attendait de leurs nouvelles et qu'elle espérait les voir très vite. La formule avait quelque chose de subliminal, p.1223

. Ibid,

. Ibid,

. Ibid,

, leur faire dresser l'oreille, les émouvoir, éveiller en eux le désir de venir vérifier par eux-mêmes, p.1078

. Parfois, étais payé de mes ruses, ils écrivaient plus souvent, ils étaient chaleureux et tendres, ils promettaient de venir. Aussitôt, maman se portait mieux

, Et moi, je pouvais reprendre un peu de forces, p.911

. Yazid, Dans la dernière phrase de l'extrait cité, qui se trouve isolée sur la page et qui clôt le chapitre, le pronom tonique contraste avec la posture d'humilité et de dévouement du narrateur. Yazid se perçoit comme un martyr qui se sacrifie en silence pour le bien d'une fratrie ingrate et oublieuse, qu'il cherche pourtant à ménager et à préserver. En réalité, il ment purement et simplement à ses frères et soeurs

, Si l'auteur utilise bel et bien Yazid pour diffuser certaines de ses idées et de ses analyses, il s'emploie toutefois à limiter l'adhésion spontanée du lecteur. Il l'appelle ainsi à une indispensable distance critique à l'égard d'un narrateur qui proclame lui

. Fait-que-mentir, Yazid est un personnage qui parasite la justesse de ses propres analyses par une tendance constante à clamer ses lacunes et ses manquements, sans pour autant chercher à y remédier. Il fait preuve d'une lucidité sur lui-même et sur les autres qui devient scandaleuse parce qu'il ne l'utilise que pour se plaindre. Or le constat plaintif ne suffit pas et ne saurait se substituer à l'engagement. Par des signaux discrets, Boualem Sansal se désolidarise de son narrateur et de son égocentrisme stérile. Yazid est loin d'être entièrement discrédité mais il relaie mal les idées démocratiques

D. Ainsi, B. Le-dispositif-imaginé-par, and . Sansal, les narrateurs homodiégétiques équivalent plus ou moins à des amis avec lesquels on est d'accord sur le fond, mais qui se montrent agaçants, qui vont parfois trop loin -ou pas assez, en fonction des cas

, L'auteur en question

S. Le-récit-de-soi-sortait-partiellement-disqualifié-de-dis-moi-le-paradis-913, il semble en aller tout autrement dans Rue Darwin que l'auteur tend, de plus en plus, à présenter comme une autobiographie

L. Djéda, après l'indépendance, grâce à « quelques quintaux d'or offerts au gouvernement » de devenir « une héroïne, une amie de la Révolution et du Peuple » 914 , avant qu'une mort suspecte ne permette la nationalisation de ses biens. Daoud, le frère du narrateur, envoyé à l'étranger en raison de son homosexualité, s'est converti au judaïsme au sein duquel il a trouvé une nouvelle famille. Hédi, un autre demi-frère, a une trentaine d'années de moins que son aîné, raison pour laquelle ils n'ont jamais pu communiquer : c'est une manière de mettre en scène le fossé qui sépare l'ancienne génération, élevée dans la langue et la culture françaises, de la génération post-indépendante, dont l'éducation arabophone et religieuse est présentée comme le levain de la radicalisation. Ainsi, Hédi s'est voué au djihad et il est parti l'idée d'un double négatif. Encore faut-il y avoir prêté attention et avoir confronté les nombreuses dates qui

. Cf, . Supra, and . Et-le-récit-de-soi-?-»,

R. Darwin, , p.1151

, Sansal lui-même qui, dans ses discours paratextuels 916 , impose progressivement la lecture autobiographique, d'abord en la relativisant : Ce n'est pas une oeuvre autobiographique bien que je m'inspire de ma propre histoire. En réalité, je ne connais pas mon histoire familiale, juste quelques bribes, p.917

, Pour éviter les frictions dans la famille, j'ai déguisé beaucoup de choses, bien que restant dans le droit fil de la vérité telle que je la perçois. Je suis le narrateur et l'auteur

, Quarto consacrée à l'auteur, ainsi que dans la série d'entretiens accordés à Raphaëlle Rérolle, d'emblée avertie : « Ma vie est très romanesque » 919 . Effectivement, si l'on résume : Boualem/Yazid passe les premières années de sa vie dans un village reculé de l'Algérie où sa grand-mère paternelle, la toute puissante Djéda, règne en maître. Elle dirige d'une main de fer un clan séculaire auquel elle a donné une nouvelle prospérité en ouvrant des bordels, Jusqu'à ce que finalement, les grandes lignes de l'enfance de Yazid soient présentées comme authentiques dans la section « Vie et oeuvre » de l'édition

, Quelques années plus tard, la mère évincée décide de récupérer son enfant et organise son enlèvement. Âgé d'à peu près 8 ans, le petit garçon passe alors des fastes de la demeure de l'aïeule à la pauvreté du logement que sa mère, remariée, a trouvé dans le quartier populaire de Belcourt, rue Darwin. Si l'on excepte la variante de Rue Darwin où la mère de Yazid n'est en vérité pas la sienne

R. Darwin, Dans la nouvelle « Souvenirs d'enfance et autres faits de guerre » 920 , les premières années de Boualem Sansal se résument ainsi : né à Teniet el Had

, Épitexte et péritexte (la préface de l'édition Quarto)

. «-retour-À-la-rue-darwin, entretien avec Boualem Sansal », propos recueillis par Nadia Agsous

. «-a-rustle, History -Conversations with Boualem Sansal

S. Boualem,

, « Souvenirs d'enfance et autres faits de guerre

, « pas fini d'apprendre à trottiner sur [ses] quatre pattes » 921 . La famille s'installe à Vialar

, Grâce à ses appuis dans la hiérarchie, la mère trouve quelques années plus tard un F3 dans le quartier du Ruisseau, ce qui lui permet d'accueillir décemment ses fils. Le trajet de Tiaret à Alger est marquant : il s'effectue « sur la benne d'une camionnette bâchée » dont le chauffeur, « un maquignon », ressemble à « un flibustier qui venait de kidnapper quatre pauvres orphelins » 922 . Au plus fort de la guerre, La mort de son mari la laissant démunie, la mère de Boualem Sansal trouve un travail grâce à l'institutrice Mme Dupuis et part vivre à Alger

. Violette, une famille pied-noir amie, leur confient le logement qu'ils doivent abandonner dans la précipitation de l'exil

C. Dans-la-nouvelle-«-ma-mère-»-qu'apparaît-djéda, Elle s'alloue pour ce faire les services d'un « homme, genre maquignon en affaires » qui attire les trois garçonnets dans la benne de sa « camionnette, une guimbarde bâchée » 923 pour les conduire à Belcourt. Privés du confort auxquels ils étaient habitués, les trois garçons en veulent à leur mère qui souffre en silence. Faute d'argent et de place, elle finit par les envoyer vivre chez son propre père, dont on sait seulement qu'il s'agit d'un «, vol.924

. Ma-mère, , p.324

, Boualem Sansal prend toujours des précautions qui montrent qu'il refuse de sceller un quelconque pacte autobiographique. C'est ainsi qu'au moment de la parution de Rue Darwin, il fournit à BiblioObs cette facétieuse explication : [Rue Darwin] a été très difficile à écrire. Il ne fallait blesser personne, et en même temps rendre compte de mes difficultés. Djéda, par exemple, je ne savais plus très bien qui elle était pour moi quand je me suis mis à écrire : une grand-mère ? Elle avait élevé mon père. Mais mon père était-il le fils de sa soeur ? Ou celui de sa cousine ? Les Algériens disent tous « mon frère » pour présenter un ami. Alors, si on prend ça au premier degré, on est vite perdu

. Dans-«-ma-mère, une première version de son enfance rue Darwin est présentée avant d'être brutalement révoquée : Je pourrais raconter plein de choses passionnantes [?] Je pourrais vous dire que nous avions un voisin illustre, un certain Albert Camus, p.927

, Par là, le lecteur est averti : l'écriture autobiographique n'est pas garante d'authenticité. Elle est soumise au fantasme, aux oublis, à l'autocensure, à une perception du temps et des événements appelée à évoluer. Cette réflexion sur l'autobiographie, somme toute assez traditionnelle, mérite d'être réactivée dans la mesure où la littérature francophone algérienne est investie d'attentes documentaires par son lectorat occidental, ce dont Boualem Sansal a conscience : « [?] il ne faut pas me prêter des qualités que je n'ai pas, c'est l'Algérie qui intéresse les gens dans beaucoup de parties du monde » 928 . Les modulations du récit de soi chez Boualem Sansal s'expliquent aussi par la finalité engagée de son entreprise d'écrivain

A. Schmitt, Je réel/Je fictif, p.22

«. La-frontière-entre-islamisme, ». , E. Avec-grégoire, and . Leménager,

. Ma-mère, , p.328

«. , ». , and A. Ghanem,

P. Vilain, Autofiction en théorie, suivi de deux entretiens avec Philippe Sollers et Philippe Lejeune, Éditions de la transparence, p.14, 2009.

A. Merdaci, . Le-printemps-israélien-de-boualem, and . Sansal,

, Tout ce que j'écris est vrai », interview par Jeune Afrique, 2005.

. «-retour-À-la-rue-darwin, ». Sansal, N. Agsous, ;. La-frontière-entre-islamisme, ». et al., ennemis éternels des peuples arabes ? Faux : c'est un rabbin qui a prêté assistance à la famille de Boualem Sansal, abandonnée à sa misère 933 . Il fallait sans conteste renvoyer les piedsnoirs en France ? Faux, des amitiés fortes s'étaient nouées : c'est une institutrice française qui « jusqu'après son départ en France en, p.28, 1962.

, ont confié avant l'exil la garde de leur confortable appartement à la famille démunie de Boualem Sansal. L'histoire de l'Algérie a commencé le 1er novembre 1954 ? Faux, et Boualem Sansal peut en témoigner, lui qui a vécu à Vialar, « jadis le grenier à blé de Rome » 936, Ce sont aussi des pieds-noirs qui, dans certaines versions 935

L. Dans-le-récit-de-soi-de-rue-darwin, pérecienne, s'établit sur la paradoxale affirmation de l'oubli : « cette partie de ma vie s'était jouée dans un autre monde, et ce monde a disparu, et ses souvenirs avec. » 937 Dès l'incipit, le lecteur est ainsi orienté vers une lecture problématisée des liens entre fiction et récit de soi. Que l'on considère maintenant l' « Avertissement de l'éditeur » de la section « Vie et oeuvre » du Quarto : La Vie et oeuvre que l'on va lire ne prétend pas donner une version complète des événements qui se sont déroulés en Algérie, 1949.

, Ils sont vus à travers le prisme de Boualem Sansal et privilégient les acteurs et les faits qui l'ont marqué à titre personnel

, Boualem Sansal dispose de peu de traces tangibles de son enfance et de son adolescence, p.938

, Tout se passe en fait comme si la section « Vie et oeuvre » du Quarto pouvait être lue comme une oeuvre de Boualem Sansal à part entière, jusqu'à cet « Avertissement de l'éditeur

S. Boualem,

, « Souvenirs d'enfance et autres faits de guerre, p.44

S. Boualem, , p.38

, « Souvenirs d'enfance et autres faits de guerre, p.41

R. Darwin, , p.1074

«. Vie, , p.20

O. Parce-que and . Nora, image de l'auteur sans avoir souvent lu une seule ligne de lui [puisque] l'effet charismatique propre à l'écriture ne repose plus sur la lecture, mais sur l'audition et la vision » 939 , Boualem Sansal cherche à repenser le rôle d'une réception qui ne se limite plus au seul lecteur de l'oeuvre littéraire. À cet égard, il est très significatif que la biographie du Quarto entremêle données biographiques, extraits de fictions et chronologie de l'histoire algérienne en mettant tout sur le même plan. Le lecteur néophyte qui, incité par la médiatisation de Boualem Sansal, entame la section « Vie et oeuvre » du Quarto se retrouve en quelque sorte obligé de tout lire. S'il ne le fait pas, il est mis face à la superficialité de ses attentes et s'exclut de la communauté

, La section « Vie et oeuvre » du Quarto, avec son accumulation de textes tant fictionnels que référentiels, devient, elle, le lieu d'une virtuel idéal, susceptible de se confronter véritablement aux textes, quand bien même ses attentes auraient été, initialement, documentaires. Quand bien même également ce lecteur serait venu à l'auteur aguiché par la promotion plutôt racoleuse des médias occidentaux ou par les polémiques qui ont entouré la sortie de romans comme Le Village de l'Allemand ou 2084. Il faut rappeler ici que Boualem Sansal dit écrire « pour les bonnes volontés » 940 . Les dispositifs qu'il met au point, élaborés en conséquence, auraient alors pour fonction d'éprouver ces « bonnes volontés ». L'auteur, qui essaye d'élargir son lectorat grâce à une certaine simplification de son style, espère vraisemblablement que ce travail de sélection ne profitera pas qu'aux seuls clercs, et que les « bonnes volontés » ainsi révélées seront de tous horizons sociaux et géographiques, Comme partout chez Boualem Sansal, la réception est ainsi fortement théorisée : il faut se méfier des formes du discours spontanément associées au vrai, apprendre à les sonder, à les confronter à d'autres textes, à les compléter par des recherches personnelles. L'apparente objectivité du discours biographique devient le reflet, à l'échelle individuelle, de l'objectivité falsifiable du discours historique, pp.10-11

«. Le-choc-boualem and . Sansal, Radio Boomerang. d'une lecture cursive, qui oblige sans cesse à s'arrêter, à revenir et à se souvenir

S. De-manière, Ceux-ci deviennent toutefois particulièrement déstabilisants lorsqu'ils font office d'entrée en matière, comme c'est le cas dans Dis-moi le paradis. Le roman, en effet, s'ouvre sur ces mots énigmatiques : « Je le rencontrais entre deux voyages, au Bar des Amis. Il avait le coeur à rien, mystère demeure dans les premières pages du chapitre suivant : l'écrivain disserte sur son retour en Algérie après un séjour en France. Et même lorsqu'elle survient, l'élucidation est partielle : « Le problème est ailleurs. D'avoir tant côtoyé le Doc, j'ai perdu le fil de mes idées, j'ai épousé les siennes » 942 . Une page plus loin, l'écrivain fait enfin les présentations officielles : Tarik est son nom. L'un des nôtres, une victime de la télé, l'a baptisé Doctaric, nous l'appelions plutôt Ricky-la-Gangrène en considération de ce qu'il oeuvrait en qualité de rebouteur au service traumato du CHU Mustapha-Pacha. Depuis son retour de M'sila, il respirait la tristesse. Nous ne cherchions pas à savoir de peur de l'attraper. Nous avions notre part de douleur, Boualem Sansal s'attache, dans ses trois premiers romans, à freiner dès l'incipit l'élan d'une lecture rapide. L'auteur, qui multiplie les procédés de déconstruction et d'inversion syntaxiques, recourt régulièrement aux énoncés cataphoriques, p.943

, Et même le lecteur le plus attentif est contraint à revenir en arrière, pour s'assurer que c'est bien la tristesse qui caractérise le mystérieux inconnu évoqué dans l'incipit

-. Dis and . Paradis, , p.519

D. Fait, Boualem Sansal semble résolu à avertir d'emblée le lecteur qu'il ne lui sera pas possible d'aller « droit aux articulations du texte » 946 . La mise en place de l'intrigue du roman s'effectue en effet au compte-goutte, chaque élément étant noyé dans un flot discursif, dès Le Serment des barbares

, Les funérailles sont celles-de Si Moh ; un personnage important, un commerçant richissime, le meilleur des hommes, p.947

. La-foule, S. La-mise-en-terre-de, and . Moh, La rumeur marchait à tire-d'aile. À la dernière pelletée, tout a été dit sur la mort de Moh. La balle assassine serait islamiste et la réponse au riche commerçant qui en avait marre de se faire pomper par les moudjahidin, les combattants de la foi. D'aucuns, qui croient dur comme fer que l'État machine le terrorisme, tenaient pour évident que le meurtre, la liquidation, disaient-ils en s'approchant, bruissait comme un essaim d'abeilles dérangé dans ses coutumes, vol.948

, Entre ces deux éléments narratifs, un prologue grandiose et mythique consacré à l'histoire de

. Rouiba, bâtiment et diverses esquisses de critique sociale portées par l'insinuation et par l'allusion. Tout est mis en place pour rendre nécessaire la pratique de nombreux allers et retours dans le texte, va-et-vient indispensables à la recomposition de l'intrigue naissante. L'exercice est d'autant plus ardu que Larbi, le héros du roman, dont l'introduction enclenche véritablement le récit, p.949

, oeuvre dès l'incipit, définit ainsi, en creux, deux exigences de lecture que l'auteur refuse de combler et qu'il décourage immédiatement : la clarté, recherchée par les lecteurs avides de se documenter sur l'Algérie

R. Barthes, L. Plaisir, and . Texte, Éditions du Seuil, p.22, 1973.

, Le Serment des barbares, p.71

. Ibid, Dis-moi le paradis, roman où s'alternent deux voix narratives, comporte de cette manière un chapitre dont l'écrivain est apparemment l'auteur : tout concourt en tout cas à le lui attribuer. Son introduction, d'abord : « C'était vendredi. Le Bar des Amis était bondé comme tous les vendredis » 950 , dans une répartition où il semble entendu que l'écrivain rédige tous les chapitres qui prennent pour cadre le Bar des amis. Son style ensuite, absolument identique à celui de l'écrivain, et donc, à celui de Boualem Sansal : apostrophe commune à tous les narrateurs sansaliens (« Dieu, quelle pitié cette mort brutale » 951 ), emploi dominant des pronoms « on » et « nous », pratique de l'anastrophe (« Comment les faire fuir sous d'autres cieux est le grand sujet » 952 ), progressions phoniques (« les langues se prenaient dans les mots, les dents se fermaient sur du mou » 953 ) et même, allusion probable, à travers le choix des toponymes énumérés, aux autres romans de Boualem Sansal : Dans un silence éberlué, nous avons écouté M'sila et ses dérives dans l'espace et le temps. Nous avons vomi Alger, sa pagaille, sa racaille, ses batailles catastrophiques pour le pouvoir, p.954

, Le lecteur est manifestement encouragé à identifier formellement l'écrivain comme source énonciative. Or, contre toute attente, un examen attentif du chapitre révèle que c'est Tarik qui en est le narrateur, qui est le seul à pouvoir reconnaître l'enfant : J'en étais à m'interroger sur la fragilité des choses quand soudain [l'enfant] apparut dans l'encadrement de la porte

, Les amis, me croyant l'objet d'une vision, se mirent à gesticuler en choeur. -Hé, pourquoi t'as la bouche ouverte, p.955

. Le-lecteur-pressé-risque-de-ne-s, apercevoir que trop tard que quelque chose dissone : comment se fait-il, par exemple, que l'écrivain reconnaisse immédiatement l'enfant qui fait irruption dans le bar et en éprouve un tel choc ? Et voilà le lecteur obligé de revenir en arrière, à la recherche de l'élément en l'absence duquel sa compréhension est gênée. Ainsi, pour Boualem Sansal, la lecture ne doit pas être une fuite en avant vers le dénouement, et ne se saurait se restreindre à un simple survol. C'est d'ailleurs ce qu, p.661

. Ibid,

, Qui manquait-il ? Ah oui, CAC 40 ! Il en avait encore pris pour six mois, ce ne sera jamais que la deuxième fois de l'année. Une mauvaise affaire avec un autre grand boss. Finalement, nous ne l'aurons vu que peu, p.956

, On déploie une telle autre variété d'efforts qui, s'ils étaient mis au service de la cause, rendraient le logement abondant et à la portée des nomades tout en laissant un gentil profit à ces méchantes gens. Ainsi n'est pas, le système tourne à l'envers et ses hommes n'ont pas le sens du bien. Le regard innocent n'entrave que pouic. Son remue-ménage est indescriptible et sa finalité obscure : voyez : il exploite près de deux millions de bras, avale bon an mal an six à sept millions de tonnes de ciment, En mettant en évidence la composition du roman, Boualem Sansal invite son lecteur à garder 'antécédent : À moins d'être un coquin, on ne peut réussir dans le bâtiment, p.957

C. , identification de l'antécédent, placé en concurrence avec deux autres substantifs masculins au singulier qui le séparent de ses reprises anaphoriques. Il est à cet égard tout à fait intéressant de noter que, dans la version allemande du Serment des barbares, le traducteur a opté pour une résolution de ces ambiguïtés

. Jadis, il y a une vie d'homme, elle embellissait l'entrée est d'Alger [?] On l'a voulue impressionnante

, Les Algérois, qui ne vont plus nulle part, vous diront avec une certaine commisération qu'y aller par Rouiba est le pire des chemins, p.958

, à sa traduction allemande : 956 Ibid, p.663

, Le Serment des barbares, p.88

, So lebt es und so stirbt es sic him Städchen Rouiba. Der Tod steht Gewehr bei Fuß und müht sich nach Kräften, den Untergang zu beschleunigen. Schwach ist der Trost, daß das Übel nicht nur hier zuschlägt, p.71

V. Einstmals and . Einem-menschenleben, war Rouiba ein Kleinod am Ostrand von Algier

, Darüber ist Rouiba selbst zum Schatten geworden, so hektisch, trostlos und beàngstigend wie eine Stadt, die sich zum Krieg rüstet, Rouiba ist eine verkrebste Warze an der östlichen Flanke der Hauptstadt

, Die Einwohner Algiers, die nirgendwo mehr hingehen, pflegen nicht ohne Mitgefühl zu sagen, der schlimmste aller Wege, um dorthin zu kommen, sei der Weg durch Rouiba, p.959

, On pourrait objecter que ces incipit rebutants attestent plutôt d'un phénomène inverse

, Bouaem Sansal écrirait d'une seule traite sans se préoccuper du lecteur, qu'il malmènerait par

, comme ça vient ; puis je passe un an ou deux à l'établi comme un artisan, à arrondir, à lustrer pour essayer de faire une oeuvre littéraire. C'est donc essentiellement un travail sur les textes, sur les mots et la ponctuation, p.960

, Un tel « travail sur les textes, sur les mots et la ponctuation » suggère que les choix de l'auteur sont mûrement réfléchis. L'hypothèse d'un lecteur involontairement malmené ne résiste pas, du reste

. Il-est-vrai-qu'à-partir-de-harraga, le style se simplifie, mais s'observe toujours, d'une part, la volonté d'empêcher une lecture fluide. Que l'on pense par exemple à 2084, et à ces prénoms monosyllabiques inconfortablement ressemblants. Du héros Ati à Abi, l'incarnation absolue du mal, il n'y a qu'une lettre qu'il faut bien se garder de confondre au risque d'aller vers de fameux contresens. C'est de cette vérité que s

. Boualem-sansal-le-reproche and . Suivant, Et d'ailleurs, votre héros pourquoi est-ce qu'il s'appelle Ati par rapport à Abi ? [?] c'est la merde, après pour s'y retrouver on est obligé de

B. Sansal, Der Schwur der Barbaren, traduit en allemand par Regina Keil-Sagawe, Gifkendorf, pp.6-7, 2003.

C. C. Cf, «. Achour, and . Noir-le-texte, relire, pour savoir lequel est en train de faire l'andouille 961 ». Et c'est très précisément ce que semble viser Boualem Sansal, qu'un lecteur sérieux soit « obligé de relire, p.12

D. , Ce sont les personnages « effrayés, affamés, transis, trempés comme des chiffons » 964 du Village de l'Allemand. C'est « l'effroi et le grouillement de la misère » 965 de Rue Darwin. Par là, la mémoire du lecteur sansalien est sans cesse exercée, a fortiori quand ce leitmotiv est, comme c'est le cas pour Harraga

, La volonté permanente d'exercer la mémoire du lecteur excède chez Boualem Sansal le seul leitmotiv et prend parfois les allures d'un contrôle de lecture. Ainsi, dans Le Serment des barbares, le personnage de Kaddour n'est-il mentionné que deux fois, à deux cents pages d'intervalle 968 . C'est encore plus net dans Harraga, où Lamia s'interroge : Et pourtant, elle me faisait peur, cette solitude. Jalouse, vindicative, elle me voulait tout à elle, ses murs ne cessaient de se rapprocher en fronçant du sourcil

, Il s'agit là d'une question dont un lecteur exigeant, entraîné à garder la mémoire du texte

N. Poincaré and L. Club-de-la-presse,

. Petit-Éloge-de-la-mémoire, , p.130

L. Village-de-l'allemand, , p.1017

R. Darwin, , p.1138

. Harraga, , p.892

, « Notre vie ne nous appartient en propre qu'à moitié, je le découvre jour après jour. Et il n'est pas dit que la part qui nous échoit est plus essentielle que celle qui nous échappe, p.815

, Je me posais la question de savoir si notre vie nous appartenait en propre ou si elle appartient aux autres, ceux qui nous la donnent ou ceux qui nous la prennent. Je ne sais pas, j'ai une réponse a contrario : lorsque nous sommes seuls maîtres de nos vies, c'est que nous sommes vraiment bien seuls, nous sommes morts, p.838

, Je me demandais si notre vie nous appartenait en propre et je désespérais de lui trouver un sens. Tout vient en son heure. Étais-je bête quand je m'interrogeais ainsi, je ne savais rien, en ce temps j'étais une morte qui venait à peine d'ouvrir les yeux sur la vie, p.892

, Le Serment des barbares, pp.78-212

. Harraga, , p.736

L. , écouter [Lamia] dire elle-même son histoire, ce qu'elle fait en quatre actes, correspondant aux quatre saisons, et bien sûr un épilogue qui entrebâille une fenêtre de l

, être en mesure de répondre à la question d'Ati, à condition toutefois qu'il ait fourni un travail de mémorisation du texte 971 : Serait-ce cette chose

A. , Le mot « torture » avait été prononcé par un vieillard convulsé mais il n'en connaissait pas le sens, il l'avait oublié ou ne voulait pas se le dire, ce qui ajouta à l'effroi. Il s'en alla à reculons en marmottant des choses : «, p.973

, Passés avec succès, ces tests de lecture doivent permettre d'établir une connivence et un rapport d'égalité entre l'auteur et son lecteur, connivence qui s'exerce au détriment de personnages moins bien informés, ou dont les facultés mémorielles sont freinées par la multiplication de leurs péripéties. Ce privilège, cependant, n'est pas offert

B. Dans-l'engagement-tel-que-le-redéfinit and . Sansal, Le bon lecteur, suivant l'analogie qu'établit l'auteur, a toutes les chances d'être également un bon citoyen, qui sait déchiffrer le réel et donc, opérer ses choix en connaissance de cause. Il importe cependant, pour que le lecteur puisse acquérir une pleine autonomie intellectuelle et devenir ainsi ce citoyen réfléchi, que ses lectures soient non seulement rigoureuses, mais aussi nombreuses, variées, pleinement investies, maîtrisées et confrontées les unes aux autres. Cela passe par l'appropriation de réflexes qui doivent accompagner la réception des textes : la recherche, et la comparaison. Boualem Sansal, pour aider à leur acquisition

, Ce travail de mémorisation doit permettre au lecteur d'éviter de reproduire les mêmes erreurs que les héros sansaliens eux-mêmes, cf. supra., « De mauvais interprètes, p.172, 2084.

, Internet peut décourager le lecteurcitoyen car il favorise l'accumulation profuse d'information. Cependant il offre aussi, dans le même temps, un remède, insatisfaisant peut-être, mais bien réel. C'est pourquoi Boualem 'Algérie : La 6 e flotte existe-t-elle maintenant que Lénine est mort ? L'armée a-t-elle bétonné la frontière ouest ? Lui n'hésitera pas à envahir la maison sitôt qu'il aura fini de nous nous égorger ; il le désire depuis si longtemps, c'est un rapace. Certes, mais à bien voir, l'invasion d'un roi qui a ses qualités n'est-t-elle pas préférable à celles des mollahs de Téhéran et des mabouls de Kaboul. Dites, si on lui livrait le Polisario qui nous revient cher, véritablement de prétexte à rester passif et à se détourner des textes au motif qu'ils brassent des données incompréhensibles et inaccessibles. Certes, l', p.978

. L'énonciation-est-instable and . Lui, Le lecteur qui cherche à recevoir le texte comme un documentaire sommé de l'instruire est définitivement laissé au bord du chemin. Pour celui qui refuse, en revanche, d'être impuissant face au texte, une recherche s'impose, et elle n'a rien d'insurmontable : il lui suffit en vérité, de taper « Tindouf » et « Polisario » dans un moteur de recherche ou d'accéder sur internet à une carte de l'Algérie. À partir de là, les allusions s'éclairent, « la frontière ouest » est celle qui sépare l'Algérie du Maroc, le « roi » est celui du Maroc, et il est question ici du conflit territorial qui oppose les deux pays, est introduit sans antécédent. Les données référentielles sont partielles, filtrées par l'allusion, et ne sont pas glosées

, et que c'est surtout au lecteur occidental que semble adressé le premier volet de cette propédeutique visant à l'acquisition d'un savoir-recevoir à exercer en dehors de l'oeuvre sansalienne. Ceci étant, Boualem Sansal essaye d'élargir cette initiation à la recherche à son lectorat algérien, On pourrait objecter que le lecteur algérien n'a pas besoin de faire ces recherches

, Le Serment des barbares, pp.171-172

, Apprenons ceci : après le foot, les mots croisés sont le hobby chéri de l'Algérien lettré. C'est une façon de vivre acquise lors des années chape de plomb et botte militaire. C'était une époque. En décryptant du matin au soir, on avait l'impression de faire intelligence avec les grandes puissances et de marquer des points, c'était bon. Les chefs d'alors ne pigeaient que dalle à cet exercice biscornu mais très vite ils virent tout le mal qu'ils pourraient en tirer, la chose étant abrutissante pour ses adeptes. Le quadrillage sans issue de la grille n'était pas si étranger dans la soudaineté de leur intérêt. Sous couvert de promotion de la culture moderne, ils oeuvrèrent à sa propagation, mots croisés, « sport national » de l'Algérie indépendante, et dont le narrateur du Serment des barbares livre une analyse éloquente 987 : Dans l'atmosphère formolée de son réduit, p.988

S. Le-besoin-«-décrypt-;-»-et-de-déchiffrer, exprime impérieusement, a fortiori dans un contexte où le réel est opaque. Il s'assouvit cependant de manière superficielle et improductive. Le potentiel est bel et bien là, mais il est détourné et réorienté loin du réel, ce que symbolise la grille de mots fléchés où le langage est, par définition

, Abistan repose sur une date dont personne ne sait à quoi elle renvoie. Or, ce que montre l'auteur est que les Abistani n'acceptent pas cette ignorance, et qu'ils s'emploient activement à résoudre l'énigme : La numérologie devint un sport national, on additionna, on retrancha, on multiplia, on fit tout ce qu'il était possible de faire avec les nombres 2, 0, 8 et 4. Un temps fut retenue l'idée que 2084 était tout simplement l'année de naissance d'Abi, ou celle de son illumination par la lumière divine intervenue alors qu'il entrait dans sa cinquantième année d'âge. Le fait est que personne, déjà

, Dans un univers où les V traquent la moindre pensée contestataire et où il n'y a plus d'archives, entamer un travail de recherche paraît sinon impossible, du moins risqué. Mais les Abistani aspirent au savoir, et possèdent de l'énergie interprétative à revendre. Il s'en faudrait de peu pour que, redirigée vers le réel, cette énergie ne vienne à bout du système

D. Voir-aussi and . Paradis, Il occupait les esprits jusqu'aux mots croisés d'El Moudjahid, le journal du peuple. Nous le lisions avec passion, une vraie drogue. À part la date, tout était faux » et « Alger/69, pp.55-56

, Le Serment des barbares, p.21, 2084.

, Au plus haut degré de cette confiance investie, le lecteur, s'il accepte l'implication et la collaboration que lui propose l'auteur, devient alors un égal. C'est ce que montrent ces injonctions à la recherche

«. Le and . Dans-le-piège, il cherchera plutôt à approfondir sa connaissance pour rester maître de son jugement. » 990 Il apparaît ici que « le lecteur avisé » est considéré comme un individu indépendant, dont le jugement, à condition qu'il se soit construit à l'aide de recherches personnelles

D. Petit-Éloge-de-la-mémoire, Si vous en avez les moyens, poursuivez, allez en Égypte, au pied des pyramides ou du temple de Memphis ou à Louxor, dans le temple d'Osiris le protecteur des morts, ou celui d'Amon Râ à Karnak ou de ce qui reste des merveilles de la Cité de l'Horizon, à Amarna, ou des bastabas de la Vallée des Rois, habillez-vous d'un pagne, couvrezvous la tête d'un foulard selon votre coutume, oignez-vous le visage d'huile de palme ou de graisse d'oie, et croyez-moi, p.991

. Dans-dis-moi-le-paradis-enfin, La vie est une effroyable alternative. Cette nuit, je dormirai rongé par le doute. Je suis trop souvent à M'sila par la pensée, je ne sais plus où j'en suis physiquement. Le lecteur cherchera, ce sera sa contribution à notre rédemption, p.992

L. Ainsi and . Lecteur, s'il accepte de coopérer, n'est plus perçu dans un rapport de transmission verticale

, C'est finalement cette redéfinition de la place du lecteur qui semble permettre la sortie de l'impasse dans laquelle se trouve l'engagement littéraire. Boualem Sansal refuse l'autoritarisme parce qu'il a conscience d'être lui-même, nécessairement, univoque

. Gouverner-au-nom-d'allah, , p.26

, Petit éloge de la mémoire, p.25

-. Dis and . Paradis, , p.641

, Sansal est particulièrement représentatif de ces évolutions, qu'il illustre presque toutes : une réflexion historiographique poussée qui va dans le sens d'une recréation sensible de la matière manquante, une revalorisation de la fiction

, Dans son introduction à Pour une esthétique de la réception, Jean Starobinski rappelle que pour Hans Robert Jauss et Hans-Georg Gadamer, « toute oeuvre est réponse à une question, et la question qu'à son tour doit poser l'interprète, consiste à reconnaître, dans et par le texte de l'oeuvre, ce que fut la question d'abord posée, et comment fut articulée la réponse » 6 . Ainsi, « l'interprétation a pour tâche d[e] déceler la question à laquelle, Boualem Sansal se démarque toutefois particulièrement, c'est dans sa théorisation poussée du rôle de la réception, théorisation construite sur une analogie entre le lecteur et le citoyen « de bonne volonté

, Sansal ne fait pas partie de ceux-là et reste, en l'état actuel des choses, un auteur qui accepte que cette question soit posée au roman algérien. Il cherche cependant une nouvelle manière d'y répondre

R. Dans-son, les dangers le guettent : quand un missile tombe, les carreaux "dégringolent des fenêtres". Et comme à tout moment il peut mourir, l'homme fait le bilan de sa vie

. Kadhafi, Il se souvient que, jeune homme, il fut l'amoureux éconduit d'une femme aux "yeux plus grands que l'horizon", "les cheveux noirs jusqu'au fessier". Il se venge sur toutes les autres, qui, lorsqu'elles lui cèdent, sont "terrassées à ses pieds". La Dernière Nuit du raïs est un modèle de littérature pour qui aiment les clichés et le style ampoulé. » Ce qui est intéressant et mériterait d'être étudié plus avant est qu'à y bien regarder, en écartant la question de la délocalisation des intrigues et une veine sentimentale un peu plus marquée, l'esthétique khadrienne n'a pas tant évolué que cela, dont la pleine lune se sentait à l'étroit dans l'infini

J. Starobinski, introduction à Hans Robert Jauss, Pour une esthétique de la réception, p.18

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