, Phénoménologie de la perception, p.251

, Du sens des sens. Contribution à l'étude des fondements de la psychologie, p.417

, Récits d'un pêcheur, p.210

, La Vie agitée des eaux dormantes, p.53

, Confession d'un pêcheur. Nouvelles bucoliques, op. cit, p.21

, La Boîte à pêche, p.71

L. Roman-du-saumon, , p.177

, Confession d'un pêcheur. Nouvelles bucoliques, op. cit, p.21

, La Vie agitée des eaux dormantes, p.41

, Confession d'un pêcheur. Nouvelles bucoliques, op. cit, p.82

M. Calarco and . Zoographies, Cité par Florence Burgat, Une autre existence. La condition animale, p.24, 2008.

, Avant-propos » de Pourquoi les oiseaux chantent, op. cit, p.7

W. Frans-de, Cité par Dominique Lestel, L'Animal singulier, Le temps des sciences, vol.32, 2001.

. Le-félin-géant, , p.344

«. Colette and . Regarde, Autres bêtes, p.195

J. Delamain, Les Jours et les nuits des oiseaux, op. cit., « Avant-propos, p.p. IX

A. Martignon, Les Bêtes chez elles, p.125

. Ibid and . Xii,

. Ibid and . Ix,

, Pourquoi les oiseaux chantent, p.3

J. Giono and C. , dans OEuvres romanesques complètes, t. I, édition établie par, p.201, 1929.

«. Colette and . Ailes, dans Aventures quotidiennes, OEuvres, t. III, op. cit, p.144

L. Roman, , p.83

. Ibid, Pour plus de précisions, voir l'ensemble du passage : « La croisade aéronautique, pp.77-86

J. J. Frederik and . Buytendijk, Traité de psychologie animale, p.118

. Ibid,

J. Pollock, ». Ecrire-le-mouvement, and D. Dans, Le naturalisme poétique de Lucrère à Lacan, p.23, 2010.

, Animaux familiers et farouches, op. cit, p.203

, Le Monde des champs, op. cit, p.24

J. Delamain, Pourquoi les oiseaux chantent, p.131

L. Harde, , p.204

L. Roman, , p.87

». «-passages-d'oiseaux and C. France, , p.146

. Ibid,

«. La, Animaux familiers et farouches, op. cit, p.215

, Pourquoi les oiseaux chantent, pp.36-37

. Ibid,

, cormorans, de sarcidiornis » 756 ; la vie des origines se renouvelle constamment : « Une vie inépuisable, plus forte que toute la faim des herbivores, jaillissait de l'humus et s'épanchait sur l'eau des havres » 757 . Ainsi comprend-on, en découvrant les nombreux tableaux de la faune paléolithique dressés par Rosny-Aîné, leurs suggestives énumérations, accumulations et hyperboles, que la nature quaternaire est « un monde perpétuellement bruissant, où les formes vivantes naissent, s'élèvent, bougent et respirent sans cesse, p.714

. Le-félin-géant, , p.451

, Dans une perspective mythologique, la figure de Pan chez Giono et d'Arbaud servent à évoquer les mouvements telluriques et les forces animales primitives. Chez Giono : les bêtes font irruption dans le village et s'accouplent, dans une orgie dionysiaque, pp.455-456

L. Chez-d'arbaud, . Bête, and . Vaccarès, au son de sa flûte, mène sa danse de « sabbat » qui fait tournoyer autour d'elle une manade gigantesque composée de milliers de têtes de bétail (La Bête du Vaccarès, pp.105-109

J. Chrétien and L. J. Spacieuse, Essai sur la dilatation, p.8, 2007.

, Au soleil des saisons, p.168

O. Rroû, , p.369

, Pourquoi les oiseaux chantent, p.19

A. Portmann, Jahrhundert : Eine enzyklopädische Darstellung ihrer Geschichte, Disziplinen und Aufgaben, dir. Fritz Heinemann, Stuttgart, Klett, 1959, p. 419 ; cité par Roger Alfred Stamm, « L'intériorité, dimension fondamentale de la vie », tr. Jacques Dewitte, dans Revue européenne des sciences sociales, Zur Philosophie des Lebendigen, dans Die Philosophie im XX, p.57

, Ce n'est pas le cas des écrivains du corpus, dont les textes montrent un même « perspectivisme subjectif » 361 , un aussi vif intérêt porté à la question de la signification qui, vol.360

. Ibid,

H. Gens and J. Von-uexküll, Le désir d'exploration du monde que pouvaient éprouver Rroû et Miraut, fait place chez Margot et Goupil à la nécessité de mesurer l'hostilité de significations imposées, donc des éléments ou objets, animés ou inanimés, qui les produisent. La pauvre pie, encagée dans la maison humaine, est « plus effrayée que jamais » 439 par « toutes ces choses qu'elle ne conn[aît] pas » et qui lui semblent « hostiles » : les « couteaux effilés », les « cuivres résonnant au moindre heurt » 440 ; mais également par des objets qu'elle reconnaît, comme « le tuyau métallique bien connu, le fusil qu'elle avait vu jadis entre les mains de l'assassin de Lièvre et des soeurs imprudentes » 441 . Est dévoilée magistralement dans ces pages, pourrait-on dire, ce que Straus nomme la « confrontation du Je avec le monde » qui consiste, principalement, à « passer de l'étrange au connu » ou « au familier » 442 , « [l]'étrange n'existant que par opposition à l'habituel et au familier » 443 . On conçoit comment l'« expérience sensorielle [des animaux] leur révèle le monde environnant, en raison du fait qu'ils sont primairement orientés vers celui-ci et l'explorent interrogativement, même si leurs questions n'atteignent jamais à l'ordre de la parole explicite » 444 ; et en effet, Pergaud traduit ici des perceptions, des processus cognitifs, des idéations, non des paroles : Deux idées directrices se combattaient dans sa cervelle : les mouvements et les bruits de l'homme lui étaient-ils favorables ou hostiles ; ou, pour être plus précis, car les deux idées qui la hantaient étaient bien définies et nettes, l'homme voulait-il la remettre en liberté ou la tuer ? car Margot ne songeait pas qu'il pût y avoir entre les deux de solution moyenne, CAPTIVITES Captives dans le monde humain, les bêtes sauvages, pour survivre, sont contraintes de maîtriser tout un ensemble de signes nouveaux

L. Pergaud, . La, and M. De, , p.119

. Ibid,

, Du Sens des sens. Contribution à l'étude des fondements de la psychologie, p.113

, Alain Berthoz met aussi en évidence la relation interrogative qu'entretient le sujet vivant avec le monde. Selon lui, le cerveau, qui est doté de « modèles internes du monde et du corps [?] qui reflètent les grandes lois de la nature, l'Umwelt de chaque espèce comme le disait von Uexküll et qui assurent la survie de chaque animal [?], est une machine proactive qui projette sur le monde ses interrogations, p.7

L. Pergaud, ». La-captivité-de-margot, and O. , au-delà, mènent à d'autres pays de bêtes, à d'autres toiles : « Quelles sont les relations entre toutes les araignées du jardin ? » 471 . A contempler la multitude de toiles qui peuplent le lieu évoqué par Goffin, on peut en effet se poser la question. Chacune, dans laquelle l'araignée passe le plus clair de son temps (car, écrit Andrée Martignon, « sa vie, c'est cela : attendre au fond d'un piège » 472 ) nourrit une limitrophie avec les autres domaines de bêtes, circonscrit, paradoxalement, un repli sur soi qui interroge, produit l'ouverture sur l'autre, créé des possibilités, via ces « routes internationales », de communication et de connexion intersubjectives. Martignon, qui s'aventure chez les bêtes, dans leurs milieux, p.125

. Sauvage, est littéralement criblé de toiles. Tous les buissons en portent

, De même, Giono, dans un autre contexte toutefois, imagine-t-il dans Jean le Bleu ce qui peuple mystérieusement la « vaste chambre sombre » de l'appartement de la tante Eulalie abandonné depuis des années : « de lourdes brumes habitées par des mondes et des mondes d'araignées » 474 . On identifie spontanément une toile d'araignée au « monde » de l'animal (comme on identifie la mare de Rana au « monde » dans lequel elle rentre après avoir échappé à la mort), un terme qui représente à la fois son univers subjectif et son territoire, son domaine, son pays. L'image de cette multitude de « mondes, Octobre est la grande saison de chasse des épeires. Les vastes réseaux de leurs pièges barrent les sentiers perdus et les pistes » 473

L. Roman, , p.52

, Les Bêtes chez elles, p.187

J. Giono and J. Le-bleu, dans OEuvres romanesques complètes, t. II, op. cit, pp.154-155, 1932.

L. Roman, Der stein von Werder [La Pierre de Werder], le motif de la toile d'araignée joue un rôle prépondérant. Il y en a une dans le jardin d'une maison située sur l'île de Werder en Estonie, près d'une fontaine où sont assises trois soeurs, les protagonistes, au-dessus de la « pierre de Werder » qui comporte une étrange inscription. Cette toile matérialise, de fait, l'Umwelt humain, les récits personnels narrés par chaque personnage (« First Coweb », « Second cobweb », « Third cobweb », selon les titres anglais des chapitres). Elle représente en outre le texte gravé dans la pierre qui diffère selon la lecture ou la mémorisation des personnages : chaque sujet humain ne perçoit ni ne retient les mêmes signes, Dans un roman méconnu de Uexküll, publié en 1940 et non traduit en français, p.74

L. Enfin and . Roman, est lui-même considéré implicitement comme une toile d'araignée tissée par l'auteur. Pour plus de précisions, voir Tobias Cheung, « Cobweb stories : Jakob von Uexküll and the Stone of Werder », Koht ja Paik / Place and Location, Studies in Environmental Aesthetics and Semiotics V, dir. Eva Näripea, Virve Sarapik, Jaak Tomberg, publié par The Research Group of Cultural and Literary Theory, pp.231-253, 2006.

E. Cris and A. ,

«. La and . Voix, accusatif de v?x « voix, son de la voix, accent, son, ton, mot, vocable » ; au pluriel : « paroles, propos »), au sens large toute trace ou manifestation sonore qu'elles produisent, exprime leur intériorité subjective, leur comportement, leur style d'existence. Avant même leur apparition visuelle, l'énigme qu'elles incarnent se manifeste à l'ouïe du chasseur, du pêcheur, du naturaliste ou du flâneur, par des signes sonores issus de leurs mouvements corporels et de leurs vocalisations : Peut-être plus directe et plus impressionnante encore que celle qui nous vient par les yeux est en effet la manifestation sonore des modes d

H. Hediger, Cité par Aleksei Turovski, « The Semiotics of Animal Freedom : A Zoologist's Attempt to Perceive the Semiotic Aim of H, A Lifelong Attempt do Understand Animals », dans Leaders in the Study of Animal Behavior : Autobiographical Perspectives, p.177, 1985.

. Qui-«-l'homme-n, est pas seul à parler -l'univers aussi parle -tout parle -des langues infinies », Novalis, L'Encyclopédie, traduction de Maurice de Gandillac, p.144, 1966.

O. Raboliot, , p.34

Q. Ma-joie-demeure and O. , , p.109

, Pourquoi les oiseaux chantent, op. cit, vol.172, p.150

, Les Paons et autres merveilles, p.42

L. La-fauvette-À-tête-noire, . Pinson, . Le-rouge-queue-de-muraille, L. Le-rouge-gorge, . Loriot et al., Il fut particulièrement marqué les chants qu'il y entendit durant les nuits de printemps et dont il trouva un écho stimulant dans Les Jours et les nuits des oiseaux publié par Delamain en 1932 : « Par la suite, j'ai écrit une oeuvre pour piano et orchestre que j'ai intitulée Réveil des oiseaux » 587 , une oeuvre qu'il dédia à son ami ornithologue. C'est animé d'une même volonté de poursuivre et d'appréhender le « mystère de la création, vol.585

, A ses yeux, les oiseaux « sont les messagers du divin » et les « premiers musiciens du monde » 588 , leur chant excède l'expérience humaine, celle du musicien et du poète : « Divinement parle Rilke : 'Musique : haleine des statues, silence des images, langue où prennent fin les langues? !' Le chant des oiseaux est encore au-dessus de ce rêve du poète, p.589

, Olivier Messiaen cités par Jacques Laccarière dans l'avant-propos de Jacques Delamain, Pourquoi les oiseaux chantent, Nature, p.9, 1990.

. Ibid,

. Ibid, Entre 1956 et 1958, Messiaen composa une oeuvre pour piano passée à la postérité, Catalogue d'oiseaux, jouée en 1959 pour la première fois par la pianiste classique Yvonne Loriot, pp.10-11

. Le and ;. Cetti, François-Bernard Mâche, qui fut l'élève d'Olivier Messiaen au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, se référant non seulement aux chants d'oiseaux, mais aussi aux chants des baleines et des loups, pense que « [l]es musiques animales nous rappellent l'existence d'un Eden perdu » (« L'homme qui écoute les oiseaux », art. cit, Fish choruses off Port Hedland, vol.3, pp.135-152, 1908.

, Paul Valéry singularise aussi, parmi toutes les voix animales, le chant des oiseaux. Il l'associe aux idées de mobilité et de liberté : « L'oiseau crie ou chante ; et la voix semble être à l'oiseau d'une valeur assez différente de la valeur qu'elle a chez les autres bêtes criantes ou hurlantes. L'oiseau seul et l'homme ont le chant. Je ne veux seulement la mélodie, 1980.

C. Langages,

. Le-matin, Les oiseaux « parlent »-ils ? Possèdent-ils un « langage » ? Ces deux termes soulignent-ils métaphoriquement que les oiseaux produisent des significations pour s'exprimer et communiquer entre eux, ou bien tendent-ils à montrer, en outre, que ces animaux possèdent, à l'instar de l'humain, la faculté du langage articulé que la tradition philosophique et épistémologique occidentales a longtemps dénié aux bêtes ? Jean de Bosschère pense que les oiseaux possèdent bien un « langage », c'est-à-dire selon lui la capacité de produire des « sons », de la « signification » pour communiquer, élaborer des « discours » et des « conversations » qui établissent des rapports intersubjectifs ; leurs « paroles » variées, expressions de leur pensée, ils chantaient chacun à leur façon. Je cherchais à les voir dans les feuilles, ils étaient toujours bien cachés, vol.590

, Ce sont des voix qui naissent de ce qui est ; nous les entendons aisément et possédons leurs pareilles. Mais comme il s'élève et se joue dans l'espace, et a pouvoir de choisir triplement ses chemins, de tracer entre deux points une infinité de courbes ailées, et comme il prévoit de plus haut et vole où il veut, ainsi l'Oiseau, jusque dans sa voix, est plus libre de ce qui le touche. Chant et mobilité, un peu moins étroitement ordonnés par la circonstance qu'ils ne le sont chez la plupart des vivants » (Paul Valéry, « Oiseaux chanteurs, Même en ce qui concerne les oiseaux, grands parleurs, sommes-nous parvenus à comprendre beaucoup de la signification des sons qui leur servent à s'exprimer entre eux ? Qu'avons-nous séparé dans le flot de paroles très différentes qui nous étourdit chaque soir, p.660, 1960.

G. Hegel, pour la dernière. Cité par Florence Burgat, « La voix des animaux », art. cit., p. 8, qui, commentant ces propos, précise : « Hegel s'éloigne ici de la tradition occidentale qui situe l'origine du langage dans le signe et non dans la voix, et pour mieux dire dans la suppression de la voix. L'animal s'expose dans sa voix, Encyclopédie des sciences philosophiques II, p.690

C. Silvestre and . La, , p.205

, Les expériences sur la cognition et les aptitudes langagières des perroquets existaient déjà au début du vingtième siècle. Dans son essai sur « Les chevaux d'Elberfeld, 1913.

. Le, Institut de psychologie zoologique de Paris, qui témoigne des capacités d'abstraction et d'apprentissage du langage humain que l'oiseau possède. Le psychologue habitua le sujet à reconnaître la petite « armoire » accrochée à divers endroits de la muraille du laboratoire où des interjections qui lui ont été serinés qu'il est difficile d'admettre qu'il n'ait pas fini par en percevoir la signification, Maeterlinck nous rapporte celle effectuée par Pierre-Hachet Souplet, pp.195-196

R. Descartes, D. Paris, C. Adam, P. Tannery, and . Vi, sq. (cité par F, Traité de psychologie animale, p.220, 1902.

P. Voir-irene, The Alex Studies. Cognitive and Communicative abilities of Grey Parrot, 1999.

, Afin d'expliquer le miracle, de tenter d'élucider ce que le psychologue Henri Piéron nomme au même moment, en 1913, « Le problème des animaux pensants » 615 , Maeterlinck soutient que les chevaux possèderaient des « facultés subliminales » 616 qui leur permettraient de trouver des éléments de connaissance « par d'autres chemins que ceux de nos sens habituels » 617 en communiquant avec l'humain de subconscient à subconscient, en puisant à la « substance psychique même de l'univers, non plus canalisée, isolée et spécialisée par l'homme, mais éparse, multiforme, et peut-être, si nous pouvions la dépister, égale en tout ce qui existe » 618 . Ainsi, leurs coups de sabots, p.148

H. Piéron, ». Le, and L. Psychologique, Henri Piéron (1881-1964) est le tenant d'une psychologie expérimentale inspirée par la réflexologie de Pavlov et le béhaviorisme dont il est un précurseur ; il dirigea le laboratoire de psychologie de la Sorbonne qu'il fonda en 1920 et occupa à partir de 1923 la chaire de Physiologie des sensations au Collège de France. Dans cet article publié dans la revue qu'il a créée et dirige depuis 1911, il fait le point sur le problème des chevaux d'Elberfeld et passe en revue les principales hypothèses avancées au sujet de leurs prétendues capacités : Pierre Hachet-Souplet évoque le « truc de dressage », Krall serait « un montreur d'animaux savants particulièrement habile » qui pourrait agir par la télégraphie sans fil. L'hypothèse inverse est celle des facultés abstraites des chevaux. Ensuite, on peut penser que la vision par le cheval de certaines images plus ou moins distinctes entraînerait des réponses définies par des coups de sabots en nombre déterminé, les chevaux devant être capables de compter le nombre de coups qu'ils frappent. L'hypothèse suivante de la télépathie implique que l'un des assistants connaisse le problème et sa solution. Enfin, il y a celle des signes inconscients de, vol.20, pp.218-228, 1913.

«. Les-chevaux-d'elberfeld, , p.155

, présent en tous les vivants et grâce auquel les chevaux « trouvent simplement et d'emblée la réponse à une énigme, vol.620, p.621

, « mots » et de « phrases » pour lesquels « il n'est encore en français ni dénomination spéciale ni alphabet ou notation, ni dictionnaire ou grammaire » 622 . Car « Noctu parle, Noctu a un langage, un langage embryonnaire, sans doute, mais qui mérite néanmoins d'être tenu pour tel » 623 . L'affirmation a de quoi surprendre, mais le narrateur mesure bien ce qui « sépare le mot du cri » 624 : il décèle dans les vocalisations de Noctu un système abstrait, conventionnel de signes, d'unités de signification qui permet à l'animal d'exprimer sa pensée et de communiquer, et il se plaît à imaginer qu'il sera un jour possible de constituer un, Chauve-souris, singes, langage originel Comment Noctu communique-t-elle avec son compagnon humain ? Au moyen de « petits cris

, Autrement dit, il attribue à la noctuelle la capacité d'utiliser un ensemble de mots pour s'exprimer, de relier et de combiner ces unités linguistiques pour structurer des énoncés (des propositions, des phrases) régis par certaines règles implicites, certains principes d'organisation. Retranscire ces mots et ces énoncés n

I. «-l'hôte-inconnu-»-dans-l'hôte-inconnu, , p.171

«. Les-chevaux-d'elberfeld, ». , and O. , Voici la conclusion qu'il formule dans « Les chevaux qui pensent » : « Je conclus avec Mme Drzewina, avec tous les êtres raisonnables qu'on se trouve pour le moment devant un mystère. Les faits admis, et on ne voit pas bien comment on pourrait ne pas les admettre, il n'y a qu'à ouvrir la bouche toute grande et à proférer : Ah ! ce qu'il y a de moins absurde comme explication, ce serait la transmission de pensées, mais c'est un mystère aussi, et expliquer un mystère par un mystère, cela ne mène pas loin. Il pourrait être tentant d'y voir un phénomène simple, qui avait passé inaperçu parce qu'on ne s'en était jamais occupé avec méthode. Les chevaux peuvent apprendre à unir l'exécution de certains actes avec l'audition de certains sons ou groupes de sons. Ils apprennent très vite que Huhau veut dire droite et Dia, gauche. Pourquoi n'apprendraient-ils pas de même ce que veulent dire manger, dormir, trotter, etc. Quand on dit à un cheval : Donne ton pied, il le donne. Affaire d'éducation élémentaire. Zariff est un cheval qui a poussé très loin ses études, Rémy de Gourmont consacre trois chroniques à la question, parues dans La Dépêche : « Les chevaux qui parlent, p.164, 1912.

, Le calcul est une faculté spéciale, sans rapports avec l'intelligence. Voyez Inaudi. Quant à la spontanéité, il en est d'autres preuves dans la vie normale des animaux. Le cheval a de la mémoire, il se sert des instruments nouveaux mis à sa disposition pour exprimer des états qui n'ont en soi rien de miraculeux. Voilà quelques-uns des thèmes qu'on pourrait développer à cette occasion. Je n'en reste pas moins, devant ces histoires

, Il fallait lui en offrir les moyens. Von Osten et Krall en auront peut-être été les Prométhées

L. Chauve-souris and O. , , p.94

. Ibid,

, oralise-t-il sa pensée à travers un chant monotone et mélancolique qui exprime « je ne sais quoi de réfléchi, de composé, de voulu » 634 , donc une intention créatrice (bien des années plus tard, Jane Goodall observera de même chez les chimpanzés de Gombe une étonnante expression rythmée : leur fameuse danse de la pluie 635 ). L'événement achève de convaincre l'écrivain que « les hommes ne sont pas les seuls êtres terrestres capables de parler, ou plutôt de converser entre eux » 636 , et lui fait envier « les explorateurs ou les savants qui sont allés se faire sur place une opinion pour ou contre la réalité des idiomes simiesques » 637 . Car depuis le début de XX e siècle, la question du langage des singes, plus largement celle du langage animal, dont s'empare en France une psychologie zoologique soucieuse de définir ses frontières et ses objets, auxquels il entendait qu'obéissent ses paroles » 633 . Ainsi, cet animal articule-t-il une suite de sons différenciés, périodiquement répétés, mésurés, 1907.

«. Dans-le-nord-du-laos and . Pépée, dont il entreprend d'étudier le chant mystérieux. Alors que, dans un premier temps, il conclut au caractère exclusivement inné et émotionnel de son langage, soulignant, dans la lignée cartésienne, que « [l']animal ne peut pas parler, il n'est qu'une machine », il révise ensuite son jugement : le singe possèderait, de même que ce merle buffle avec qui il cohabite à Hanoï, capable d'apprendre des mots humains, un gibbon femelle aux joues blanches (Hylobates leucogenys)

, Il n'est pas rare de voir, alors qu'un orage commence, des chimpanzés mâles se mettre debout, se dandiner d'un pied sur l'autre de façon très expressive, charger à travers la forêt, frapper le tronc des arbres et gifler le sol

T. Voir-marion, Histoire de la psychologie animale : la question de l'intelligence animale en France et aux Etats-Unis au début du XX e siècle », L'Homme et la société, L'Harmattan, pp.223-224, 2008.

. Le-gibbon, Boutan pose le problème du langage animal en citant deux thèses opposées qui donnent une idée du panorama scientifique d'alors, Les sons appris du langage humain ont une signification précise : ils ont la valeur des Mots qu'on peut définir, vol.67, p.64, 1913.

R. Garner, « D'après mes connaissances sur le règne animal, j'ai la ferme conviction que tous les mammifères possèdent la faculté du langage (faculty of speech), qui affirme dans The Speech of Monkeys, vol.1892, p.173

. Aristote, Les Parties des animaux, texte établi et traduit par Pierre Louis, p.10, 1956.

«. Le-rire-du-chien, La Vie des bêtes, p.231

. Ibid,

. Ibid,

. Ibid,

. Ibid,

, mais il accepte encore une gorgée de lait crémeux, l'avant-dernière, puis la presque dernière » 669 . Il emploie aussi le monologue rapporté ou « discours mental d'un personnage », monologue intérieur « suppos[é] restituer ce qu'un personnage se dit à lui-même effectivement » 670 , mais qui révèle aussi, dans le passage suivant, ce que le chat, d'après l'interprétation que l'humain peut faire de son regard plongé dans le sien (ou celle du narrateur qui raconte la scène), pourrait penser ou ressentir (un sentiment de contrariété, une émotion de colère), narrateur » 668 : « -C'était bon ? Tu n'as plus faim, mon petit Rroû ? Il n'a plus faim

, se font finalement à travers l'échange de regards, chaque ami sachant, par habitude, lire dans les yeux de l'autre : -Ah ! cette fois, Rrou, je te préviens : si tu recommences, je te chasse. Rroû recommence, en regardant Clémence dans les yeux. Me chasser ? Il ferait beau voir ! Me chasser ? Quand j'ai la gentillesse de me blottir dans ton tablier, de te prêter, à toi toute seule, ma grâce soyeuse, ma douce chaleur, ma joie de jouer avec ton aiguillée de fil ! A la bonne heure ! Tu es longue à comprendre

A. Michelet and M. Comme, choisit de verbaliser par citation hypothétique de pensées, le comportement et les vocalisations animales : « Ne voyant rien, n'entendant rien [elle cherche ses petits], elle s'est retournée vers moi, comme pour m'interroger, me dire 'Mais où sont-ils ? Où est-elle ?

, « Elle va me taquiner, et me forcer de prendre garde

, Je sais, par expérience, ce que signifient ces petites malices d'enfant mutin : 'Voyons, joue avec moi' » 673 (le « on » indéfini, similaire à celui que l'on trouve chez Genevoix, en se substituant au pronom « elle » désignant Minette, tend ici à effacer la distinction humain/animal, à produire un effet d'empathie qui facilite ensuite la traduction dans le langage humain, par citation de pensée, du comportement de la chatte

D. Cohn and L. Transparence-intérieure, Modes de représentation de la vie psychique dans le roman, p.29, 1981.

O. Rroû, Je souligne. Sophie Milcent-Lawson signale l'utilisation par Genevoix et Pergaud du monologue narrativisé, choix technique significatif qui leur permet de représenter la subjectivité animale, voir son article cité : « Zoographies. Traitements linguistique et stylistique du point de vue animal en régime fictionnel, p.103

D. Cohn and O. , , p.95

O. Rroû, Sur le monologue intérieur chez Pergaud et Genevoix, voir Sophie Milcent-Lawson, « Zoographies. Traitements linguistique et stylistique du point de vue animal en régime fictionnel, pp.102-103

M. Chats, , pp.99-100

, Je souligne. -Alors ? -Elle ne dirait pas 'me-rrouin' si elle était en chasse ! Ce qu'elle dit là -et c'est même assez curieux -c'est l'avertissement, p.46

, du fait de sa coexistence avec l'humain. Ainsi, Fastagette, une petite chatte blanche dont on découvre dans Autres bêtes, le bref autoportrait, considère-t-elle le « langage » de ses semblables comme « assez obscur », les « mots » qu'ils prononcent, elle les perçoit en étrangère comme le fait « la terre entière, de la Souris jusqu'aux Deux-Pattes » 680 , ou pour ainsi dire en humaine : ce « parler, Parfois, l'animal lui-même perçoit sa propre langue comme une langue étrangère ou du moins une langue avec laquelle il n'est plus familiarisé et qu'il ne pratique plus, ou peu, vol.681

, une seconde nature, par l'intermédiaire de laquelle il acquiert un 'qui' » 684 . Le fait de le faire parler (outre celui de lui attribuer un nom), de transformer, via le monologue intérieur (discours que l'animal s'adresse à lui-même et adresse à un auditeur-lecteur), la voix animale en voix narrative, parachève significativement le processus de personnalisation et, loin d'exprimer un sentimentalisme enfantin, contribue à rétablir un équilibre existentiel entre humains et animaux. Outre l'autoportrait de bête, genre prisé par Colette, notamment dans Autres bêtes 685 et La Paix chez les bêtes (l'a-t-elle inventé ? elle semble du moins être la première en langue française à l'utiliser autant), la biographie ou le portrait animal, la saynète, le dialogue théâtral, le conte

». Lola, Envers du music-hall en 1913, portrait d'une petite chienne qu'a dû connaître Colette lorsqu'elle produisait des numéros de pantomime entre 679 Ibid, pp.56-57

«. Colette and . Fastagette, Autres bêtes, p.170

. Ibid,

D. Lestel, Voir l'ensemble du chapitre, « Extension de soi et co-identité, pp.137-162

». Simplette, ». Le-petit-chat-noir, «. Fastagette-;-«-noir, ». Ernesse, ». La-chatte-au-miroir et al., leur est largement consacrée, les textes suivants : « Le siamois, pp.184-186

, « La petite chienne à vendre », La Paix chez les bêtes, ibid, pp.33-37

C. Miomandre, qui convient à la nature de Séti, le caméléon d'Egypte avec lequel le narrateur humain coexiste. L'animal ne possédant pas de voix, il communique via sa teinte corporelle, des « changements de couleur » de peau qui « expriment ses sensations personnelles, et je dirais volontiers qu'ils font partie de son langage » 696 ; ils traduisent esthétiquement, vol.697

. Rigoureusement, Quand on l'a compris tout à coup, quelle joie ! » 698 . La vraisemblance des observations comportementales rapportées par le narrateur laisse place, à certains moments, à une nette humanisation de l'animal : le fréquenter continuement, quotidiennement, nourrit le désir du narrateur de le voir parler, aussi imagine-t-il les mots qu'il souhaiterait l'entendre prononcer, transforme-t-il son « langage sans mots » 699 en langage humain. Les propos surprenants de l'animal, cités sous la forme d'un monologue intérieur, qui retranscrivent les colorations de l'épiderme (son langage corporel), visent à rétablir un équilibre ontologique entre l'humain et lui. Tous deux sont des êtres animés dotés des mêmes fonctions physiologiques fondamentales et des mêmes organes ; au sein du vivant ou implicitement sur l'échelle de l'évolution, ils ne sont que peu éloignés l'un de l'autre et appartiennent à la même « fraternité » animale. Ils sont des parents biologiques liés par d'étroits liens d'amitié et de solidarité : cette petite forme s'adressait à moi dans un langage sans mots, un langage d'une clarté d'autant plus éblouissante. Elle me disait : 'Vois ! je suis un rocher, je suis une pierrerie, j'appartiens au règne minéral, des petits animaux comme Séti, équivaut à un système de « signes » non verbaux grâce auquel ils expriment leur intériorité (leurs « désirs », leurs « besoins »), il faut avoir la curiosité de les repérer et de les interpréter afin d'établir avec eux une communication : « Ce qu'il y a de plus intéressant

. Mon-caméléon, , p.60

. Giono, . Travers-antoine, and ». Le-protagoniste-de-«-prélude-de-pan, Tu n'as pas plus de droit que la bête » 701 . Si homme et bête possèdent un « sang de la même couleur » et des conditions vitales similaires, c'est qu'ils appartiennent à la même communauté animale, ils sont frères, ont les mêmes droits de vivants, il n'y a donc pas lieu de faire preuve de cruauté envers la colombe comme le fait ce bûcheron qui lui a cassé l'aile pour l'empêcher de s'envoler et l'apprivoiser de force. Si dans « La grande barrière », la communication entre l'humain et l'animal échoue, la pitié du narrateur ne faisant que terroriser la hase blessée, ici la compassion d'Antoine devient un refuge pour l'animal meurtri et le dialogue s'instaure, car lorsqu'Antoine, incarnation de Pan possédant la capacité de panser les blessures physiques et morales des animaux, ordonne à Boniface de laisser la colombe, celle-ci est touchée par cette voix, aussi. Et cette voix, ça avait dû être un peu d'espoir pour elle. Et, elle devait la connaître d'instinct, parce qu'aussitôt, il paraît, la voilà qui se ramasse, la voilà qui supprime son mal d'un coup de volonté, la voilà qui tend brusquement la voilure de ses plumes, Je la garde, disait l'homme. Elle est à moi. De quel droit, toi, tu l'as prise et tu l'as tordue ? De quel droit

, Pour Giono comme pour Montaigne, chaque bête possède un « langage » spécifique, un « parler », un « idiome » qui, maîtrisé par l'humain, peut guérir la blessure ontologique et tisser la relation éthique

. Ailleurs, . Dans-le-grand, and . Troupeau, amitié » 703 pour Thomas, le berger de son troupeau qui le laisse à Julius pour que ce dernier guérisse sa blessure ; la bête s'adresse à Thomas dans sa langue en « ronfl[ant] le grand mot d'amour des béliers » 704 dont on ne sait précisément la teneur, dont on ne connaît l'articulation sonore, car le verbe introducteur du fragment de discours indirect, « ronfler

, cette fois-ci, en discours direct, l'homme

. «-prélude-de-pan, Je souligne, p.450

T. Le-grand, , p.560

, répond dans son propre langage comme si la bête pouvait le comprendre 705 . Il semble, quoique le texte ne le précise pas, p.561

, Bobi et son cerf Antoine, l'ancien animal de cirque qu'il a apporté sur le plateau

. Grémone, elle peut donner lieu à un décryptage de la part de l'homme qui doit finement analyser le comportement de l'animal, ses mouvements corporels et ses vocalisations. Par exemple, les gémissements et les coups de sabot, un jour, sur le seuil de la porte, signifient quelque chose que Bobi ne saisit pas d'emblée : « Qu'est-ce que tu vois, ditil, qu'est-ce que tu sens, toi ? » 706 . Il incite le cerf à poursuivre son discours silencieux. En frottant son museau sur sa manche, inquiet, impatient, ce dernier fait référence, si l'on en croit les propos de Bobi rapportés en discours direct, à la beauté du ciel et des arbres, à la fertilité naturelle

. Oui and . Oui, Le passage surprend car nous n'avons pas trace, dans l'intervention du personnage, ni dans le discours narratif, des questions de l'animal (qui seraient quelque chose comme : « Tu as vu, Bobi, combien le ciel est beau ? » « Regarde les arbres, les as-tu vus ce matin à travers le brouillard ? » « Sens-tu la terre ? ») : sont-elles toutes contenues dans le frottement de museau ? Le cerf signifie-t-il bien tout ceci ? Ce discours adressé au cerf correspond-il à une série d'hypothèses abductives, émises à partir de ce que l'humain connaît du comportement de son ami ? Ou n'est-il que pure invention ? De fait, Bobi possède une sorte de don pour comprendre les animaux dont son cerf, « une science de bête » 708 qui lui permet d'inférer, à partir de signes à nos yeux anodins ou relativement pauvres en signification, une intention formulée comme série d'énoncés, comme discours animal élaboré, anthropomorphisé toutefois par son contenu implicite mais non par sa formulation car nous n'avons, par exemple, vol.707

«. , Ah ! si je m'en vais, mon bel Arlésien, c'est que le destin tire ma veste, va, sans ça, on serait resté ensemble jusqu'au bout de la vie, p.561

, Que ma joie demeure, p.508

. Ibid,

. Ibid,

, Benveniste commenta minutieusement la découverte de Frisch et reconnut dans la communication des abeilles, ce qui est en effet une condition du « langage », la mise en oeuvre d'une « aptitude à symboliser : il y a bien une correspondance 'conventionnelle' entre leur comportement et la donnée qu'il traduit. Ce rapport est perçu par les autres abeilles dans les termes où il leur est transmis et devient moteur d'action » 727 . En d'autres termes, les abeilles possèdent « la capacité de formuler et d'interpréter un 'signe' qui renvoie à une certaine 'réalité', la mémoire de l'expérience et l'aptitude à la décomposer » 728 . Malgré cela, le linguiste ne voit finalement dans cette communication qu'un « code de signaux » 729 , pour plusieurs raisons : les abeilles ne produisent pas, à l'instar des humains, d'actes phonatoires ni de réponses dialoguées aux danses des butineuses ; il n'y a pas non plus selon lui de reproduction ni de transmission du message dansé, de construction d'un autre message

, Quand bien même, la littérature a le droit et le plaisir de faire parler les bêtes, Maeterlinck ne s'en prive pas lorsqu'il arrive, ainsi qu'il l'écrit lui-même, « devant l'inconnu » 731 (l'inconnu du langage) : « Chaque jour, dès la première heure de soleil, dès la rentrée des exploratrices de l'aurore, la ruche qui s'éveille apprend les bonnes nouvelles de la terre : 'Aujourd'hui fleurissent les tilleuls qui bordent le canal, enfin, il souffre d'un contenu global non décomposable en unités distinctives signifiantes, en phonèmes et morphèmes 730

, Comme l'écrit Dominique Lestel : « Actuellement, on suppose que les abeilles établissent de véritables cartes mentales à partir desquelles elles peuvent s'orienter dans leur environnement, et que les danses peuvent être réexaminées dans cette perspective » (Les Origines animales de la cutlure, p.175

E. Benveniste, . Communication, ». Et-langage-humain, P. De-linguistique-générale, and T. I. , Au même moment, Raymond Ruyer réfléchissant sur le « mystère du langage », soutient que l'aptitude à symboliser est le fait exclusif de l'humain : « Le pas décisif vers l'humanité est franchi lorsque le signal-stimulus devient signe-symbole, c'est-à-dire lorsqu'il est compris non plus comme annonçant ou indiquant un objet ou une situation voisine ou prochaine, mais comme pouvant être utilisé en lui-même, pour concevoir l'objet même en l'absence de cet objet, vol.41, p.1011, 1964.

E. Benveniste, , p.60

, On peut aussi y voir, comme l'écrit Sophie Milcent-Lawson au sujet de Rroû, commentant l'apparition tardive dans ce roman de le langage articulé étant censé être, répétons-le, La Vie des abeilles, p.9

P. Joseph-de, Et le merle siffle : 'Voici l'ogre ! Alerte !' et les mésanges s'égosillent à chanter : 'Alerte ! Il prend le bois !' et la pie, dont la voix est retentissante, qui aime à se percher à la pointe des peupliers, vers les quatre horizons : 'A l'assassin !' » 737 . De telles scènes sont bien connues des habitants des campagnes eux-mêmes alertés par les cris d'oiseaux dont le narrateur traduit ici la signification globale. L'appréciation du comportement animal et du contexte dans lequel il s'inscrit, autorise et crédibilise ces transpositions linguistiques. Ces dernières reproduisent assez fidèlement les cris des oiseaux

, cette interprétation de vocalisations animales révèle, pour citer Anne Simon, « un engendrement au moins partiel des langages humains à partir des formes animales » (dans le passage cité : des formes sonores), plus indirectement leur appartenance à l'« archè » originelle, car, selon l'idée déjà soulignée, c'est parce que les bêtes « partagent avec les humains des schèmes existentiels liés non seulement à une origine

S. Milcent-lawson and «. Zoographies, Il y a quelque chose ? demande Kiki. / -Bien sûr, presque moitié du bol. Ici, on a toujours de quoi? Dis donc, je connais un gaillard qui ne retourne plus à Solaire ? / -A tout à l'heure, dit, Traitements linguistique et stylistique du point de vue animal en régime fictionnel, p.101

, D'autres échanges apparaissent dans les chapitres IX à XIII, intitulés respectivement « Câline, pp.388-402

«. Le-renard-», C. N. Travaux, and . Ii, Précisons que bêtes et humains ont en outre une même manière de se rapporter au monde et aux autres vivants parce qu'ils produisent et interprètent des signes (le monde est une sémiosphère 739 , le processus de sémiose consubstantiel à la vie), ils configurent, vivent au sein d'un Umwelt. Ils communiquent fondamentalement de la même façon par transmission de messages, en exerçant une influence sur les autres vivants, p.137

, Chez l'humain, la fonction de communication attribuée au langage verbal ne constituerait qu'une adaptation sélective ne remplissant pas ses fonctions initiales, une « exaptation, p.741

, De fait, le langage ne serait, selon l'hypothèse de Sebeok, que la spécialisation tardive d'un système cognitif de modélisation du réel commun à l'humain et à l'animal (« a primary modelling system, p.742

. Bref,

A. Simon, Une arche d'études et de bêtes », art. cit, pp.12-13

, en accord avec la sémiotique globale de Sebeok, Jesper Hoffmeyer le définit comme suit : « The semiosphere is a sphere just like the atmosphere, the hydrosphere, and the biosphere. It penetrates to every corner of these other spheres, incorporating all forms of communication : sounds, smells, movements, colors, shapes, electrical fields, thermal radiation, waves of all kinds, chemical signals, touching, and so on, langages et processus sémiotiques interconnectés formant et rendant possible l'espace culturel), pp.299-310

, Sebeok propose cette définition générale de la communication : « communication can be regarded as the transmission of any influence from one part of a living system to another part, thus producing change, Communication », dans A Sign is Just a Sign, p.22

J. Selon-le-concept-de-stephen, E. S. Gould, and . Vrba, Exaptation ? a Missing Term in the Science of Form, vol.8, pp.4-15, 1982.

, Pour la sémiotique russe, le « système primaire de modélisation » correspond au langage humain qui représente selon Sebeok le « système secondaire de modélisation » (« secondary modelling system ») apparu par exaptation. A ses yeux, le « système primaire de modélisation » élabore des modèles non verbaux du monde qui régissent les comportements de tous les organismes vivants, gouvernent leurs opérations logiques et biologiques, et il existe en outre un « système tertiaire de modélisation » (« tertiary modelling system »), celui-là même que les Russes avec Lotman qualifient de « secondaire » : le système culturel tel que l'humanité seule peut l'élaborer grâce aux subtilités du langage (la religion, le mythe), ce dernier étant, précisons-le, refusé aux bêtes par Sebeok. Pour plus de précisions, Sebeok emprunte cette notion de « primary modelling system » à la sémiotique russe, à l'école de Moscou-Tartu qui l'utilise à partir de 1967, mais il le réinterprète à la lumière de la théorie de l'Umwelt, pp.139-149

, de nos jours), qui célèbre, dans la région de Bigorre évoquée, la mise à mort d'un cochon préalablement engraissé (le célèbre « porc noir de Bigorre » ou « porc gascon ») : l'occasion pour le paysan de « s'approvisionner de charcuterie, de morceaux fins et de graisse pour toute l'année » 746 et d'inviter le voisinage. La première surprise consiste à découvrir d'emblée, en début de récit, la biographie d'un cochon bien particulier, « le cochon de Lastapis », dont le narrateur restitue la perspective subjective (pensées, sentiments, émotions, histoire et durée vitale), au lieu du déroulement et des caractéristiques de la fête qui nous sont livrés plus tard. La seconde surprise advient avec ce dialogue entre animaux, La fête du cochon », c'est-à-dire cet événement annuel bien connu des campagnes françaises au début du XX e siècle (qui existe encore, sous d'autres formes

A. Simon, Une arche d'études et de bêtes, p.13

A. Simon, « La zoopoétique : un engagement proprement poétique en études animales », entretien cité avec Alain Schaffner, p.221

. Joseph-de-pesquidoux, . La, and . Du-cochon, Chez nous. Travaux et jeux rustiques, t. I, op. cit, pp.77-78

. Le-cochon, L. Lu, and . Fontaine, Mieux vaut ainsi, comme lui, manger peu mais être libre de vivre, ce dont prend d'ailleurs conscience le cochon qui regrette « le gland séveux et l'eau vive et la liberté perdue ». Le dialogue fabulaire a une fonction éthique d'abord parce qu'il délivre un message en dévoilant une vérité sur la condition animale dont il précipite, met en abyme le caractère tragique, confirmé par la fin du texte (le cochon meurt, Marinette, l'humaine qui s'occupait de lui, en conçoit du chagrin ; cette pitié contraste avec la description factuelle préalable de la mise à mort de l'animal qui est dépecé en mets, converti en objet gastronomique). Ensuite, en ce qu'il transforme l'animal en locuteur sujet, la « subjectivité » pouvant être ici définie avec Benveniste comme « la capacité du locuteur à se poser comme 'sujet' », « [e]st 'ego' qui dit 'ego' » 747 : « Je suis le cochon de Lastapis », voici une sorte de cogito animal liant l'être, la conscience pychologique et le langage (le discours oral) 748 . Ainsi l'animal se présente-t-il au sanglier, son frère sauvage, or si l'on suit le linguiste, « la conscience de soi n'est possible que si elle s'éprouve par contraste. Je n'emploie je qu'en m'adressant à quelqu'un, qui sera dans mon allocution un tu. C'est cette condition de dialogue qui est constitutive de la personne, car elle implique en réciprocité que je deviens tu dans l'allocution de celui qui à son tour se désigne par je » 749 . Par conséquent, c'est dans l'échange dialogué que le cochon se constitue, s'actualise en personne animale (la narration biographique qui restitue son milieu subjectif, proche par son message qui met l'accent sur le sort tragique de l'animal engraissé pour être tué (« Mais quant à moi qui ne suis bon / qu'à manger, p.79

, « conversation », mais aussi « récit imaginaire », « récit légendaire », « pièce de théâtre », entendons le terme largement), permet une extension significative du domaine de la subjectivité animale, Le recours à la fable (du latin fabula, « propos », « paroles

E. Benveniste and . De-la-subjectivité-dans-le-langage, , pp.259-260

, une idée similaire : « Je suis Rrou », mais il s'agit apparemment d'une citation de pensée ou d'une traduction dans le langage humain de ce que Rroû, qui ne parle pas encore à ce moment-là de l'histoire, aurait pu dire, ou encore d'une traduction globale de sa trajectoire initiatique et de son comportement

E. Benveniste and . De-la-subjectivité-dans-le-langage, , p.260

. Ibid,

, Se confirme implicitement l'idée antérieurement évoquée qu'« il est possible de lire la fable comme un discours zoologique (elle parle, littéralement et avec pertinence, des caractères animaux [tout en les faisant parler]) » 752 . La légende limousine qui intéresse le narrateur, anodine par comparaison avec l'histoire du cochon, propose une interprétation du cri matinal du coq, manifestation subjective éminemment associée à l'image que nous avons de lui. L'intrigue est simple : les poules trouvent le coq « trop vieux et radoteur », ce dernier leur prouve qu'il a toute sa place dans le poulailler en criant à pleine voix, alors qu'elles dorment : -L'aurore me chauffe ! -Ah ! Ah ! il chante encore assez bien, ce vieux barbon, dit une poulette. Il vaut mieux ne pas lui faire grise mine : il se, dresser des portraits rustiques de bêtes, mais sa tâche est plus folklorique. Le coq, par exemple, « tient son rôle dans les légendes paysannes, c'est un personnage ; bien souvent les conteurs lui prêtent un langage assez retors qui piperait le renard même

. Doit-on-tirer-un-enseignement-de-cette-histoire and . Perdue, Ou plus simplement l'illustration anecdotique d'une vérité millénaire, selon laquelle, quoiqu'il arrive, quelles que soient les crises, le chant du coq accompagnera toujours le lever du jour, voire même, l'énoncé est performatif, le fera naître puisque « le jour vient à son appel » ? Des fables, des scènes du quotidien, Colette en imagine un grand nombre, s'essayant à des genres variés, dans une tentative, sans doute, de mieux cerner l'objet de son discours : la vie des bêtes. Le dialogue théâtral, tel que le présente « Capucin et Adimah », un texte méconnu d'Autres bêtes 754 , peut servir à mettre en scène très simplement huit jours de la vie de deux chats : Adimah, une femelle, et Capucin, le mâle qui la courtise

, Animaux familiers et farouches, op. cit, pp.105-106

A. Zucker, Sur les fables ésopiques : morale de la fable et morale du récit, p.49

, Animaux familiers et farouches, op. cit, pp.106-107

. «-capucin, ». Adimah, and C. Dans, Autres bêtes, pp.168-170, 1935.

. Au-bataclan, un pantomime humoristique ; la Petite Chienne de Dialogues de bêtes (le personnage apparaît dans « Une visite »), au salon des Dessinateurs humoristes (Firmin Gemier jouait Toby-Chien et Suzanne Desprès, Kiki-la-Doucette), au cours d'un spectacle organisé la même année au théâtre Antoine 756 . Elle a en d'autres termes éprouvé le besoin d'incarner ses bêtes littéraires, de se métamorphoser en animal pour sans doute mieux saisir leur manière d'être (pour La Chatte amoureuse, qui prend taille humaine dans l'histoire, Colette revêt un costume de chatte), et parce que les bêtes ont prise sur elle, hantent ses mots et son imaginaire, avait-elle le choix ? Ressort ici le caractère zoopoétique hybride de sa création littéraire et artistique, sans doute autant animalisation qu'anthropomorphisation. Dialogues de bêtes, dont la première édition parut en 1904, inaugure le genre éponyme en s'intéressant à la vie quotidienne d'un chien et de son amie chatte qui vivent sous le même toit, Toby-Chien et Kiki-la-Doucette ci-dessus mentionnés 757 . Ces dialogues sont un mélange d'observations de détails vrais et de comédie légère, de « vaudeville » : si Colette veut éviter le vaudeville proprement dit et son comique fondé sur une psychologie par trop primaire, le choix qu'elle a fait d'une sorte d'optique théâtrale lui impose le respect des personnages qu'elle crée ; il lui faut entrer dans leur peau, et donc s'imaginer de l'intérieur ce qu'elle constate, avec acuité, de l'extérieur. Cette projection par sympathie implique bien évidemment une démarche analogique, concrets des chats, via la parole, on peut néanmoins se poser la question de la représentation scénique de tels textes, et constater, avec étonnement, que Colette joua elle-même certains de ses personnages animaux : en 1912

. Colette, ou peut-être sous les traits de « Elle », l'humaine qui, avec son compagnon « Lui », selon la distribution indiquée, sont des « seigneurs de moindre importance » 759 . Ainsi nommés, les humains, qui ne prennent qu'exceptionnellement la parole dans « Le voyage », sont renvoyés dans les marges de l'énonciation dont l'espace est occupée par

. D'après-la-société-des-amis-de-colette, . Colette, and . Scène, , 2018.

. Dialogues-de-bêtes-qui-paraît-au-mercure-de-france, ». Comporte-quatre-textes-:-«-le-dîner-est-en-retard, . Le-premier, ». Feu, ». Le-voyage et al., Mirbeau fait de même dialoguer chien et chat, Dingo avec Miche, la chatte de la famille et son amie. L'interaction, dans le cadre narrée (Dingo aventureux entraîne Miche hors du foyer), différencie comme chez Colette la nature, Celle qui en revient », « Les bêtes et la tortue, pp.213-221

M. Mercier, notice de Douze dialogues de bêtes, dans Colette, OEuvres II, p.1283

;. Colette, M. Paris, and . De-france, Une fois n'est pas coûtume, l'humain, non pas l'animal, est l'autre, un être « de moindre importance », de moindre valeur ontologique, un impersonnel désigné globalement comme catégorie spécifique, implicitement l'humain. L'espace énonciatif, donc subjectif (et scénique) est occupé par les bêtes, protagonistes, personnes animales au sein du langage mais aussi bien hors de lui (« L'installation de la 'subjectivité' dans le langage crée, dans le langage et, croyons-nous, hors du langage aussi bien, la catégorie de la personne » 760 ), le « je » officialisant en quelque sorte l'existence reconnue par ailleurs aux bêtes par l'auteure, avec toutes les capacités subjectives que cette notion suppose (cognitives, émotionnelles, sémiotiques, narratives?). Autrement dit, Colette donne la parole à Toby-Chien et à Kiki-la-Doucette, doubles littéraires des bêtes de chair et d'os avec qui elle a coexisté, dialectiquement, tissent leur subjectivité respective dans l'opposition, p.18, 1909.

D. Lestel, Hétéronomes (ils sont dépendants de leur relation avec certains humains) ils ont acquis une conscience-étendue accrue [qui « dote l'organisme d'un sentiment élaboré de soi et en fait une identité et une personne qui s, des « sujets hétéronomes forts, vol.761

, Au cours des interactions fréquentes avec l'humain auxquelles ils sont exposés, ces animaux développent une représentation plus précise d'eux-mêmes, une mémoire plus riche et des capacités d'anticipation augmentées. Ce sont d'authentiques personnes 762

, Si l'on se penche sur l'oeuvre de Kipling, on découvre qu'il a comme Colette imaginé le personnage de Toby-Chien (« Toby Dog »), mais dans un récit autobiographique, narré par l'animal lui-même, paru en 1930, or Claudine à l'école est publiée en 1900 (chez Conan Doyle, un autre chien « Toby » aide Sherlock Holmes dans ses enquêtes 764 ), Cette manie de faire parler les bêtes tient aussi, sans doute, à ses influences littéraires : « Moi, je dissimule des histoires de bêtes merveilleusement contées par Rudyard Kipling (en voilà un qui connaît les animaux !), vol.763

E. Benveniste and . De-la-subjectivité-dans-le-langage, , p.263

, Animal singulier, p.57

, 38 pour la citation entre crochets dans laquelle Lestel commente le concept de « conscienceétendue » emprunté à Antonio Damasio, The Feeling of What Happens. Body and Emotion in the Making of Consciousness, p.58, 1999.

C. Colette, I. Oeuvres, and O. , citée par Michel Mercier, notice citée de Douze dialogues de bêtes, La Paix chez les bêtes, Autres bêtes, p.1280

«. Toby-se-trouva-Être-une-créature-très-vilaine, voisin de Colette) : « Ils parlaient tous à la fois, avec la conviction que donne une surdité volontaire, et songeant à Kipling, au peuple singe, j'ai murmuré, aux poils longs et aux oreilles pendantes, brun et blanc, moitié épagneul, vol.765, p.273, 2005.

. Baloo, « pas de langage » propre, ne se servant que « de mots volés, p.766

. Il-faut-imiter-mowgli and C. Fait, ce qui signifie se mettre à leur place et connaître leur langage (l'enfant humain apprend à « parler poliment aux abeilles sauvages quand il recontr[e] par surprise un de leurs essaims à cinquante pieds au-dessus du sol ; les paroles à dire à Mang, la Chauve-Souris, quand il la dérang[e] dans les branches au milieu du jour ; et la façon d'avertir les serpents d'eau dans les mares avant de plonger au milieu d'eux » 767 ). La poétique de Colette, notamment le motif du « paradis terrestre » commenté en première partie (qui peut être pour l'écureuil Pitiriki, le jardin de la maison parisienne ; pour Toby-Chien et Kiki-la-Doucette, selon Francis Jammes, « l'appartement de M. Willy. Le caoutchouc et le palmier probables de [son] salon donn[a]nt, toutes proportions gardées, l'impression de la violente flore édénique » 768 ), s'inspire d'une telle éthique de la communication, l'image d'une primordiale alliance entre bêtes et humains, d'un « temps où les bêtes parlaient », celui-là même auquel (ne) fait parodiquement (pas) allusion Jules Renard : « Pas mal ! et il [le perroquet] avait bien quelque mérite au temps où les bêtes ne parlaient pas, les « maîtres mots [lois] de la jungle » pour établir une saine communication avec les autres bêtes et de bons rapports sociaux

C. Colette, . En-ménage, I. Oeuvres, and O. , citée par Michel Mercier dans sa notice de Douze dialogues de bêtes, La Paix chez les bêtes, Autres bêtes, p.1280

R. Kipling and L. Livre-de-la-jungle, , p.41, 1973.

F. Jammes, , p.6

J. Renard, . Histoires, L. Op.-cit.-;-», . Genre-humain, ». Origines-du-langage.-une-encyclopédie-poétique et al., L'auteur précise comment Renard envisage la société littéraire du début du XX e siècle : « L'absurdité du passage au négatif (au temps où les bêtes ne parlaient pas) fait de cette prise de parole l'affichage d'un modernisme imbécile, qui parvient à la fois à être enthousiaste (toutes les bêtes ont du talent) et blasé (Pas mal !), Citation empruntée à Michel Jourde, « Le temps où les bêtes parlaient, p.192, 2006.

, Jourde cite également le fabuliste latin Babrius qui situe l'origine de ses fables (p. 184) : « Du temps de la race d'or, les animaux possédaient aussi un langage articulé, connaissaient les paroles que nous échangeons, Babrius and Phaedrus, p.185, 1965.

, de la parole ou à tout le moins d'un mode complexe de communication que l'on traduit intuitivement dans des mots humains. Cette nécessité anthropologique, rêve millénaire de l'humanité, naît sans doute de ce constat que les bêtes communiquent entre elles, échangent, se comprennent 773 , signifient, elles aussi, insistons sur ce point. A la saison des amours, pour s'intimider et impressionner la femelle, les chats mâles, à la nuit, « amorc[ent] un interminable dialogue, sans autre mimique que le jeu des oreilles couchées et ramenées, les yeux clos et rouverts, l'expressif sourire menaçant sur les dents visibles, et la soufflerie bruyante par les narines, entre deux répliques? » 774 . Comment communiquent les perdreaux au petit matin ? Ils « 'rappellent' sans retenue, en trottant dans la rosée sur leurs pattes rouges. Ils se disent les nouvelles de la nuit qu'ils passent dispersés, Dialogisme Le merveilleux et le fabulaire constituent pour ainsi dire la doublure du réel tant il est difficile, souvent, de ne pas doter les bêtes avec lesquelles nous vivons et celles que nous rencontrons dans leurs milieux naturels

, Ailleurs dans le même ouvrage, des précisions sur la voix animale aident à se représenter l'échange intersubjectif tel qu'il peut s'observer dans nos campagnes : « Puis le vieux croassa avec des intonations différentes, rapporter indirectement les dires des bêtes, dans l'exemple cité via le discours narrativisé, vol.776

, Ce passage étonnant tend à montrer que même au sein de chaque espèce les bêtes n'ont pas le même langage : le parler du bélier, celui des loutres, sont des dialèctes étroitement liés aux lieux dans lesquels ils vivent, l'idée peut surprendre mais elle se trouve confirmée par de récentes découvertes en éthologie. Dominique Lestel rappelle par exemple que les « vocalisations de certains animaux présentent des distinctions individuelles ou régionales, pp.500-501

, lémurs Catta, oustitis, tamarins, singes-araignées, langurs Niligiri, singes bleus, macaques rhésus, loups, ratons-laveurs, chauves-souris, oiseaux, pingouins, baleines pilotes, et orques sont dans cette situation » (Les Origines animales de la culture, p.173

«. Prrou, La Paix chez les bêtes, p.18

«. Épervier, Chez nous. Travaux et jeux rustiques, t. II, op. cit., p, p.181

«. La-revanche-du-corbeau, ». , and O. , cependant Genevoix attribue ici aux oiseaux, en outre, la capacité de transmettre un énoncé plus élaboré, voire une narration qui rapporte la lutte du braconnier contre le sanglier qui l'a gravement blessé, le vieux Pigache. De Cherville, dont on a examiné la conception du « langage » animal (la faculté de communiquer par modulation syllabique, aux autres bêtes et aux humains, des sensations et des pensées), s'intéresse également aux cris des pies, « manifestation très ostensible » à ses yeux « des devoirs de la solidarité » 784 ; l'espèce de « gazouillement rauque et cadencé » qu'elles font perpétuellement entendre « signifie certainement, que tout va bien » 785 , les soudaines « clameurs suraiguës » suivant l'apparition d'une figure suspecte, « sauve-qui-peut ! » 786 . Les oies font aussi société dans leur langage, se protégeant contre les ennemis au moyen de cris particuliers ou se taillant dès l'aube « de petites 'bavettes' », jasant « par une succession de notes guturrales et saccadées, dans lesquelles on surprend plus d'une demi-douzaine d'intonations, très distinctes » 787 , de quoi parlent-elles ? A condition d'interpréter leur comportement en faisant preuve d'empathie et en le contextualisant, on peut voir par ailleurs dans la réunion d'une mère lézard et de son petit capturé, une interaction affectueuse, Toutes les bêtes des Orfosses surent que le tueur était couché dans sa maison, et que de très longtemps elles n'auraient rien à craindre de lui » 783 . On sait les cris d'alarme caractéristiques des geais et des pies, que comprennent les autres bêtes, p.175

, Le Monde des champs, op. cit, p.158

. Ibid,

. Ibid,

, Les Bêtes chez elles, pp.170-171

, comme les fourmis, mais encore à l'aide d'un langage plus ou moins articulé ». Les communications entre animaux mises au jour par les écrivains du corpus touchent à tous les motifs qui définissent la vie des bêtes, dont, récurrents : le danger, la lutte, le territoire, la reconnaissance d'autrui, l'amour, l'amitié, l'alimentation. Qu'elles soient directement verbalisées ou rapportées indirectement par le narrateur, qu'elles prouvent ou postulent la capacité du langage articulé ou l'existence d'un langage comportemental corporel, elles présentent les bêtes comme des êtres de dialogue qui se déterminent par rapport à autrui, dans une relation intersubjective. Envisagée en termes de sémiose et de signification, l'intercommunication animale est basée sur une production et une interprétation de signes verbaux ou non verbaux, sur la co-transmission de messages influençant, modifiant, pour cette citation et les deux suivantes. plusieurs entomologistes qu'ils communiquent entre eux, non seulement par les antennes, p.52

, elle est l'expression d'un engagement intercorporel grâce auquel le sujet animal interagit avec d'autres sujets de façon permanente, il les implique et est impliqué par eux comme le « corps grotesque » vis-à-vis du corps des autres (animaux et humains) 791 . L'identité du Soi (l'existence animale en ellemême) est « dialogique » dans la mesure où chaque sujet animal projette sur le monde et sur les autres vivants, via des cercles de signification, des processus de sémiose, son univers subjectif (le modèle subjectif qu'il a d'eux, son Umwelt). Le dialogue est fondamentalement une disposition de l'être à échanger avec autrui, à se tourner vers lui ou à ne pas pouvoir s'en couper, à créer de la signification en se comportant ou par le fait même d'exister ; selon Bakhtine : « La vie est dialogique de par sa nature. Vivre signifie participer à un dialogue, interroger, écouter, répondre, être en accord, Augusto Ponzio dudit concept bakhtinien (auquel il conjoint la théorie de la « sémiotique globale » de Sebeok 790 et le concept uexküllien d'Umwelt), vol.792

, Qui envisage notamment la sémiose comme consubstantielle à la vie : voir Thomas A. Sebeok, Global Semiotics, 2001.

A. Voir, . Ponzio, . Dialogism, B. Biosemiosis, . Dialogism et al., Consulté le 19 janvier 2019. Pour Bakhtine, « le corps grotesque est un corps en mouvement. Il n'est jamais prêt ni achevé : il est toujours en état de construction, de création et lui-même construit un autre corps ; de plus, ce corps absorbe le monde et est absorbé par ce dernier » (Mikhaïl Bakhtine, L'oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au moyen âge et sous la renaissance, Semiotics Institute on Line », traduit de l'italien par Susan Petrilli, p.315, 1988.

. Ibid, Voici la version française de sa citation en anglais de Bakhtine : « Témoin et juge. Dès l'apparition de la conscience dans le monde (dans l'être), et peut-être même dès l'apparition de la vie biologique (peut-être que non seulement les animaux mais aussi les arbres témoignent et jugent)

L. Pierre-reste-de-pierre, Et le soleil, qui reste physiquement identique à lui-même, est devenu autre, par la prise de conscience qu'en ont eue le témoin et le juge. Il a cessé d'être simplement, il a commencé d'être en soi et pour soi (ces catégories apparaissent à ce moment pour la première fois) et pour autrui, parce qu'il s'est reflété dans la conscience d'autrui (témoin et juge) : par là, il s'est radicalement modifié, enrichi

S. G. Bakhtine-;-moscou and . Bocharov, Ponzio s'intéresse par ailleurs dans le cours cité, à l'article publié en 1926 par Bakhtine sous le nom de son ami biologiste, Ivan Ivanovitch Kanaev, « Contemporary vitalism », dans lequel Uexküll est mentionné, et qui s'inscrit en faux contre Hans Driesch et sa conception de l, Estetika slovesnogo tvorchestva, p.149, 1979.

, Bakhtine y insiste sur l'unité de l'organisme et du monde, sur la relation dialogique tissée entre son corps et le monde

A. Simon, . Bakhtine, and . De-celle-de-dialogisme, Si le roman peut rendre compte des mondes et des affects animaux, c'est justement parce qu'il permet à la langue de s'actualiser dans une diversité incroyable de points de vue, eux-mêmes fondés sur cette faculté qu'est l'empathie, et sur sa fille, la projection narrativisée : 'la simulation mentale consciente de la perspective subjective d'autrui' pourrait bien s'avérer consubstantielle à la création romanesque » (« La zoopoétique, une approche émergente : le cas du roman, p.53

. Commentant-le-«-carnavalesque-»-bakhtinien and . Qu, il associe à l'idée de « grande expérience », Ponzio renvoie à cette signification de « religo » latin pour mettre au jour le lien qui relie tous les êtres vivants, leurs corps et les signes qu'ils produisent et rencontrent : « The carnivalesque participates in the 'great experience' which offers a global view of the complex and intricate life of bodies and signs

. Insectes, Il lui serait pourtant possible de raconter la vie d'une abeille, d'un termite ou d'une fourmi, mais il lui faudrait pour cela « ajouter un merveilleux imaginé ou complaisant au merveilleux réel », or son intention est justement de ne pas composer « une biographie romancée, comme il est de mode d'en faire en ce moment, animaux Les biographies de Maeterlinck sur les insectes sociaux étudient des histoires spécifiques, non des histoires individuelles 803

, Réaumur fut le successeur, qui « inventa les véritables méthodes d'observation scientifique, créa le microscope, imagina les injections conservatrices, disséqua le premier les abeilles, précisa définitivement, par la découverte des ovaires et de l'oviducte, le sexe de la reine qu'on avait crue roi jusqu'alors » 805 . En d'autres termes, l'histoire de l'abeille naît avec la création d'une méthodologie scientifique qui permette d'analyser précisément la physiologie de l'insecte. La « marche de la science », écrit même Maeterlinck dans La Vie des fourmis, « c'est ainsi que marche l'histoire, car la myrmécologie n'est au fond que l'histoire d'une peuplade insolite » 806 . Ainsi, l'amélioration des méthodes d'observation, Celle de l'abeille commence selon ses dires au XVII e siècle avec « les découvertes du grand savant hollandais Swammerdam », dont

, le savoir est divulgué dans une bibliographie spécialisée que Maeterlinck, comme il le fait pour les abeilles et les termites, passe en revue systématiquement

, A moins que l'on n'envisage la ruche, la fourmilière et la termitière comme une « un individu unique, un seul être vivant dont les organes, formés d'innombrables cellules, ne sont disséminés qu'en apparence, mais restent toujours soumis à la même énergie ou personnalité vitale, à la même loi centrale » (La Vie des termites, p.104

, La Vie des abeilles, op. cit, p.11

, La Vie des fourmis, p.115

, Eugène Marais qui lui intenta un procès, d'honnêteté ! Maeterlinck aurait plagié dans La Vie des termites (1931) plusieurs passages de son ouvrage paru en 1925, Die Siel van die Mier (L'Âme des termites), il lui aurait en particulier emprunté l'idée d'unité organique de la termitière et le néologisme « nasicorne, 2008.

, La Vie des abeilles, p.204

, La Vie des termites, p.13

, La Vie des fourmis, p.112

M. Foucault, Les Mots et les choses. Une archéologie des sciences humaines, p.150, 1966.

, La Vie des abeilles, p.15

, La Vie des termites, vol.42, p.74

, guerriers ou « mercenaires fidèles et toujours héroïques, d'une Carthage impitoyable » 816 , sa « loi de fer, plus dure que celle de Sparte, vol.817, p.74

, Araignée de verre, le romanesque peut même s'incarner dans les noms d'espèces : « Au royaume des insectes, la famille des Arachnides est l'une des mieux douées et des plus romanesquement baptisées » 818 ; jusqu'à évoquer

;. Walckenaer, ». La-brunette, and ». La-circé, On mesure ici le pouvoir de la nomination qui fait advenir, en quelque sorte, en la singularisant, l'existence animale. Il la rend représentable et l'investit d'un potentiel narratif. Maeterlinck souligne aussi l'importance, pour « ingrates et arides » qu'elles paraissent, des « descriptions systématiques » 821 sans lesquelles « nous n'aurions pas de langue commune, nous ne saurions de qui ni de quoi nous parlons » 822 . L'histoire naturelle classique a globalement inventé « une langue au second degré » 823 pour rendre intelligible la nature, pour constituer, écrit Foucault, « comme descriptible et ordonnable à la fois tout un domaine d'empiricité » 824 : « Les choses et les mots sont très rigoureusement entrecroisés : la nature ne se donne qu'à travers la grille des dénominations, le programme d'une féérie shakespearienne » tant il semble que les araignées concernées « sont prêtes à jouer leur rôle, déjà caractérisées et costumées par leur nom, p.50

L. De-verre, , p.11

. Ibid, , p.12

, op. cit, p.158

L. De-verre, , p.21

, « Céphalothorax brun-rouge, lisse, garni de poils noirs fins, formant en avant trois lignes longitudinales. Partie céphalique très longue, ses côtés presque parallèles. Yeux supérieurs assez gros, égaux, formant une ligne très légèrement courbée en avant, l'intervalle des médians à peine plus étroit que celui des latéraux, ceux-ci légèrement soulevés. Ligne oculaire antérieure droite, les médiums un peu plus petits que les supérieurs et beaucoup plus serrés, presque connivents, plus petits aussi que les latéraux de la même ligne, pp.19-20, 1875.

, crochets très longs, un peu renflés à la base ; bord inférieur de la rainure présentant deux pointes très écartées, dont la première très forte ; bord supérieur pourvu de trois pointes plus petites et égales. Abdomen allongé, rétréci en arrière, brun, garni de poils soyeux, de même couleur

M. Foucault, Les Mots et les choses, op. cit, p.172

, Avec une telle classification de la nature, « la vie n'existe pas » 826

, On ne peut pas dire que Maeterlinck rende compte dans son ouvrage de la « psychologie » de l'argyronète aquatique, il en restitue toutefois le mode de vie, les spécificités comportementales en accord avec le projet de « biographie » 828 exposé dans l'introduction : « notre sujet [?] est la vie dramatique, ingénieuse et pour ainsi dire humaine de l'Argyronète » 829 . A l'étude descriptive se mêle le récit des épisodes marquants de sa vie émouvante qui tient de l'aventure « fantastique » 830 , de l'« obscure et ingrate tragédie » 831 . A l'approche généralisante, l'individualisation grâce à laquelle nous découvrons, au chapitre XIV, une période de la vie de sept araignées provenant des marais de Bosshot et leur sort respectif : une est morte de maladie, de misère ou d'inanition, car je n'avais à lui offrir que des mouches dont elle ne voulait point ; une autre fut dévorée par ses compagnes, une autre s'évada, trois se fabriquèrent un petit oeuf de cristal extrêmement clair dans lequel elles se retirèrent et noires et nues, dorment les pattes en l'air, la septième, peut-être faute de nourriture ou de matière première, « il n'est jamais fait allusion aux moeurs, aux habitudes, aux particularités, à la psychologie, en un mot à la vie des insectes. Ils sont considérés comme des cristaux, des objets morts, des fiches ou des numéros, vol.827

, Dans un style proche de celui de Jacques Delamain, l'auteur nous présente les petites bêtes aquatiques familières des pêcheurs et des curieux. Les divers chapitres correspondent à divers modes et lieux de vie : la surface et immédiatement sous la surface, p.173

. Ibid,

, Le petit Peuple des ruisseaux, pp.58-60

, On se demande d'où viennent et où vont ces vers portés par le courant, pourquoi ils se comportent de la sorte (le courant les a-t-il enlevés ou bien s'y trouvent-ils de leur plein gré ?), quelle est la nature des relations entre eux puisqu'ils se déplacent en groupe comme des « compagnons », donc à l'instar d'animaux sociaux. Pour peu qu'on prenne la peine de s'intéresser à ces petits invertébrès en fournissant un effort d'empathie, on se rend compte qu'eux aussi existent, qu'ils sont des sujets au moins au sens uexküllien du terme, qui perçoivent, agissent, s'orientent dans un milieu signifiant, qu'ils sont « sujets de leurs expériences » 839 . La narratrice rencontre et observe des histoires animales : « Dans le coeur des églantines de juin c'est par douzaines que sont les cétoines : la belle, en bronze vert, la petite, mouchetée noir et blanc. Elles courent en tous sens, des étamines aux pétales. Que cherchent-elles ? A s'apparier. [?] Même histoire chez les clairons noirs et rouges, chez la punaise verte, chez la cigale » 840 . Au mois d'octobre, c'est la reproduction des scolies, la narratrice découvre une union brutale qui n'est finalement pas une attaque mortelle, l'intrigue animale se dénoue : « En épée courbe, il arqua l'abdomen, cherchant, pressant et battant à grands coups irrités, qui ont marqué l'observatrice, identifiables sur la page au moyen d'une date (jour, mois, saison) et faisant l'objet d'un développement de longueur variable, de quelques lignes à plusieurs pages : « 12 juin

L. Textes-de-jacques-delamain, qui nous racontent la vie des oiseaux de France au fil des saisons, sont de même le lieu de multiples histoires (intrigues) animales que nous saisissons sur le vif ; il utilise aussi la narration-description simultanée et le présent de l'indicatif pour créer un effet de direct. Quoique nous ne découvrions qu'un moment de ces histoires, celles-ci se déploient de manière sous-jacente ; les oiseaux, en somme, se révèlent 838 Ibid, p.155

F. Burgat, Une autre existence. La condition animale, op. cit, p.355

, Les Bêtes chez elles, p.165

, Quel est cet oiseau, à quoi ressemble-t-il ? Comment vit-il ? Comment se déroulent ses noces ? L'imagination du lecteur souhaite intuitivement répondre à ces questions, appréhender l'histoire de l'animal, la reconstruire, mais les connaissances lui font défaut. Le portrait que donne Delamain du grèbe castagneux dans un autre ouvrage, la seconde partie de Portraits d'oiseaux publiée en 1952, nous éclaire : on y apprend qu'il s'agit d'un « petit canard qui, en toutes saisons, nage sur nos rivières au courant tranquille », qu'il possède un plumage d'un « brun foncé », « compact et bien appliqué contre la partie antérieure de son corps », « lâche et gonflé autour d'un soupçon de queue » 844 : l'aquarelle de Roger Reboussin, exposée en regard du texte, complète la description et donne à voir plus efficacement l'expressivité formelle de l'oiseau. Ses noces sont « exemptes de cérémonial compliqué sinon de manifestations sonores -ce hennissement en trilles de l'espèce et qui traduit chez elle l'émotion amoureuse » 845 . Logé parmi les « tiges de roseaux ou de massettes », son nid se compose « d'herbes aquatiques accumulées jusqu'à dépasser la surface de l'eau » et ses oeufs, « normalement trois à six, [sont] d'un blanc crayeux, vite brunis et tachés dans l'humidité ambiante » 846 . En outre, c'est un oiseau « nageur et plongeur » qui se nourrit de « punaises d'eau, larves de libellules, de phryganes et autres insectes aquatiques, ainsi que fragments végétaux », apprécie « le vairon et l'épinoche » 847, être des potentialités narratives plus ou moins actualisées selon la scène représentée. Il suffit d'une observation, d'une simple perception 842 pour déclencher la mise en histoire : « Dans l'eau même, parmi les sagittaires et les joncs auxquels il s'est amarré, le petit radeau flottant du Grèbe Castagneux contient déjà des oeufs, vol.843, p.164

, il pas déjà configuration dans la moindre construction mentale, voire dans la moindre perception ? Un simple projet, un souvenir, la sensation d'être au milieu d'un processus, par exemple d'être au milieu de la lecture d'un chapitre, de commencer ou de terminer une affaire, même s'ils ne font pas l'objet d'une représentation extériorisée, d'un discours adressé à autrui, reposent incontestablement sur une configuration temporelle fondée sur des ressources symboliques, p.52

, Pourquoi les oiseaux chantent, p.118

. Ibid, , p.10

. Ibid,

, Il s'agit d'un récit généalogique qui nous donne aussi accès à l'existence propre de chaque membre de la famille et vise à élucider des questions scientifiques sur la pariade, l'alimentation, l'incubation et l'éducation des jeunes. L'intention de l'auteur, vulgarisante, est d'éviter « les détails techniques d'un article d'Ornithologie » 854 , pour mieux susciter l'intérêt du lecteur « en faisant vivre sous ses yeux un couple de ces beaux oiseaux de proie, vol.853

, celles-ci ne relevant pas de « ce qui pourrait être l'objet d'une science ou d'une science systématique » 858 , sinon plutôt d'« histoires propres » présentant « tous les degrés allant de la transparence apparente à l'incompréhensibilité » 859 . Les histoires, dans son optique, existent avant même d'être entrevues et expérimentées par un observateur extérieur, elles fondent la narrativité de l'être animal. C'est parce que celle-ci lui est consubstantielle que l'animal apparaît à l'observateur sous la catégorie de l'histoire et peut se déployer, de manière plus ou moins explicite, dans une narration. Intéressons-nous, par exemple, au lion encagé d'un jardin zoologique : Le lion porte avec lui son histoire. Il est vieux ou jeune, domestiqué ou sauvage, bien portant ou malade, il montre également des déterminations liées à son emprisonnement, il est assis derrière des barreaux de fer. Tout cela, et bien plus encore, surgit lorsque nous le voyons et que nous en parlons. Il [?] surgit en tant qu'histoire comportant de nombreuses déterminations solides, une biographie, qui se perd dans l'horizon. Dans cet horizon surgissent des points fixes. Son âge fait envisager sa naissance et, par le fait même, la relation à ses parents, Bêtes d'exposition Il semble bien que le phénoménologue Wilhelm Schapp ait vu juste, pour lui l'animal ne peut « venir à notre rencontre que sous la catégorie de l'histoire, vol.856

, Ce lien se prolonge vers l'arrière en une série

, Empêtrés dans des histoires. L'être de l'homme et de la chose, pp.164-165

, « Enchevêtré » dans des histoires, selon la traduction de Ricoeur, p.163

, qu'il est impossible d'embrasser du regard. Le lion individuel s'insère ainsi dans la race des lions et trouve dans cette race sa place déterminée non échangeable 860, p.163

, représentent leur espèce à travers leur apparence, provoquent chez la visiteuse la volonté d'appréhender ce qu'ils rendent visible ; la spectatrice s'intéresse davantage à la physionomie de la lionne chez qui, des « stries de son palais à sa lourde queue, tout [?] est matière de choix, simplicité terrible, réussite. A ses côtés la grosse crinière mêlée, le nez plus plat, la morne ostentation du lion nous laisse froids » 861 . Bien que celle-ci ne soit pas explicitée par l'écriture, lion et lionne portent en eux une histoire individuelle, ils surgissent sous les yeux de l'observatrice en tant qu'histoire, en tant que lion et lionne pouvant faire l'objet d'une biographie, c'est-à-dire d'un récit qui raconte leur trajectoire vitale singulière et les péripéties de leur existence 862 . La panthère observée dans le même texte s'appréhende aussi, si l'on s'intéresse un tant soit peu à elle, comme histoire, vol.863

, Je ne veux pas savoir s'ils sont nés au loin, si la cage noire du bateau les apporta aveugles et confiants, s'ils ont têté, à une mamelle de caoutchouc, Qui sont ces léopards, dans cette autre cage ? « Ils sont deux, deux frères

. Ibid, Une autre existence. La condition animale, op. cit, pp.363-364

C. , La panthère noire et les lions », dans « Paradis terrestres, p.674

, On entend par 'biographie' le tracé d'une vie en tant que vécue par le sujet lui-même : la biographie est l'expérience vécue envisagée dans la singularité de sa trajectoire ; c'est le caractère vécu qui confère à un parcours de vie son unicité. La notion de biographie comprend, sinon la mémoire gardée d'une manière ou d'une autre de telle ou telle vie, du moins le fait de reconnaître que des vies ont été vécues, p.353

, « La panthère noire et les lions, p.673

V. Classifier-le, Derennes convient qu'il faut du temps et beaucoup d'application pour pénétrer les vies des bêtes

, Les scientifiques qui focalisent sur le degré d'intelligence des animaux font fausse route et il faut revoir les classifications de l'histoire naturelle enseignée aux écoliers, afin de « classer les êtres vivants en deux grandes catégories, selon que les individus des diverses espèces sont ou non capables de montrer de la personnalité ou de n'en montrer point » 871 . En somme, il faut s'intéresser à la personnalisation à l'oeuvre dans le vivant, ce que ne fait pas l'histoire naturelle classique dont les grilles de dénomination « sont si prodigieusement dénuées d'intérêt » qu'on en vient à « regretter le temps [jusqu'à la fin du XVII e siècle] où l'on traitait de poissons les cachalots, les veaux marins, les huîtres, les grenouilles et les étoiles de mer pour la raison que ces êtres vivent dans l'eau » 872 . Pour faire court, « tout ce qui date de plus de quatre-vingt ans, nous pouvons éclairer l'histoire d'une vie de bête avec honneur, et aussi avec plus de certitude que celle, par exemple, d'un grand homme ou d'une époque » 869 . L'essayiste met sur le même plan l'étude scientifique, la biographie personnelle et la biographie historique qui relèvent pourtant de problématiques différentes, vol.870

, Derennes l'a dans le collimateur parce que son oeuvre « s'est imposée comme un monument aux fondements inébranlables, et sur lesquels toute l'histoire naturelle

L. Chauve-souris and O. , , p.117

, Emile et les autres, p.61

L. Chauve-souris and O. , , pp.111-112

, Emile et les autres, pp.32-33

». Noctu, . Le-grillon, ». Grillon-;-le-lézard-vert,-«-filon, ». Matoutou, «. La-grenouille-verte et al., ? Attention, toutefois (et Derennes, qui a l'ambition d'élaborer une « introduction à la méthode en sciences naturelles » 880 , rejoint ici Maeterlinck), à ne pas fictionnaliser la vie des bêtes. Une « biographie » animale doit mesurer le degré d'individualité et de personnalité d'une bête au moyen d'une méthodologie scientifique rigoureuse, en refusant toute invention romanesque (Derennes cible ici les récits de Pergaud, précisément « Le Viol souterrain » évoqué en début de seconde partie) : « Un livre de la Chauve-Souris est intitulé La plus piteuse bestiole sous le ciel. Si celui-ci était une biographie romancée, je verrais assez bien, sacrifiant à une mode, l'histoire de Nyxe sous ce titre : La Vie artiste et voluptueuse de la Taupe? » 881 . La tentation du romanesque est pourtant grande lorsqu'il s'agit de dévoiler, par exemple, et ce au moyen de l'observation et l'analyse scientifiques, le mystère de la naissance de Zompette. Car comment se fait-il qu'une légion de bébés-rainettes soit découverte en pleine forêt landaise, Or elle n'est point véritablement scientifique, l'un de ses défauts majeurs étant qu'elle s'appuie sur les observations inexactes de correspondants et sur une connaissance livresque indirecte : elle ne va pas « contempler le réel à sa source, vol.875, p.196

, Dieu, les bêtes et nous. Les Porte-Bonheur, op. cit, p.13

, Emile et les autres, ibid, vol.878, p.198

A. Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, p.505

E. , Les Porte-bonheur, op. cit., « Préface, pp.7-19

L. Porte-bonheur and I. , faudrait écrire la vie des anguilles comme une anguille pourrait l'écrire » 891 , y est plus nettement fictionnalisée, reconstituée en « passionnant roman », en « livre d'aventures, vol.892, p.237

, On sait en outre qu'à la faveur de la nuit et de l'astre lunaire, car on les découvre, nouvelles, au petit matin, qu'elle scelle ses toiles : elle les confectionne et les fixe en sécrétant de la soie, elle obstrue les ouvertures, les espaces où elle se déploie. Pas de référence dans ce bref portrait à l'Histoire naturelle apparemment revendiquée dans le titre de l'ouvrage, mais sans doute le pluriel, « Histoires naturelles », indique-t-il un affranchissement par rapport à l'influente science ou sa réécriture 894 . Si l'on en croit Léon Guichard, le titre réfère à l'oeuvre de Buffon 895 , ce que vient confirmer « Dindes » où le célèbre naturaliste est explicitement mentionné : « Noble dinde, lui dis-je, si vous étiez une oie, j'écrirais votre éloge, comme le fit Buffon, avec une de vos plumes, Une petite main noire et poilue crispée sur des cheveux, vol.893

, « Le plus noble conquête que le cheval ait faite est celle de l'homme, cet animal, vol.897

, Le Roman des anguilles, p.16

, Histoires naturelles, op. cit, p.133

C. Le-précisent-alain-romestaing and A. Schaffner, « Les écrivains, il faut le souligner, n'ont jamais abandonné les 'Recherches sur la nature' (traduction plus littérale de 'l'histoire naturelle') qu'ils ont transformées en 'histoires naturelles

X. X. Aux, ils ont constamment réécrit l'Histoire naturelle de Buffon (modèle principal mais pas exclusif) -à la lumière du darwinisme et de la biologie -de façon fidèle ou infidèle, déformante, caustique ou fantastique » (Alain Romestaing et Alain Schaffner (dir, Histoires naturelles des animaux XX e -XXI e siècles, p.10

L. Guichard, Histoires naturelles, p.14

, Guichard précise en outre l'influence qu'ont exercé sur Jules Renard le Jardin d'Acclimatation et le Jardin des Plantes où il aimait se rendre, p.16

, Moins anecdotique qu'il n'y paraît, la réécriture suggère que le cheval domine l'humain, qu'il l'a domestiqué. La relation entre eux s'inverse ; alors que Buffon anthropomorphise l'animal, Renard transforme l'humain en animal de labeur et le remet ainsi à sa juste place parmi les êtres animés. En outre, il n'entend pas rédiger une Histoire encyclopédique de la nature sinon capturer plus modestement, en bon « chasseur d'images », selon l'expression introductive du recueil, ce qui s'offre à la perception de l'observateur dans une campagne qui évoque celle de sa, qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats, vol.898

«. Le-ver, En voilà un qui s'étire et qui s'allonge comme une belle nouille, Les animaux de la basse-cour et du foyer, les bêtes des champs et des bois se présentent sous la forme d'impressions visuelles, 0900.

«. La-puce, Un grain de tabac à ressort » 901

«. Le-papillon, Dans la tradition de l'histoire naturelle, les naïfs portraits de bêtes procèdent à la « nomination du visible » 903 , ils mêlent passages descriptifs et récits d'anecdotes. Celui du « Cochon » 904 , descriptif et généralisant, brosse l'apparence et le comportement animal (flairer le sol, oreilles, yeux, corpulence, poils, se vautrer dans la boue). Il n'est pas contextualisé et définit l'espèce. En général, on découvre sur le vif (grâce au présent de l'indicatif), in medias res, une scène du quotidien, que le narrateur, « éthologue avant la lettre » 905 , nous raconte, et qui individualise l'animal, Ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleurs » 902

«. ,

. Buffon, Histoire naturelle des animaux, Lecène et H. Oudin, p.13, 1749.

L. Guichard, « Introduction » citée, p.16

, Histoires naturelles, op. cit, p.95

. Ibid,

M. Foucault, 144 : « L'histoire naturelle, ce n'est rien d'autre que la nomination du visible. De là son apparente simplicité, et cette allure qui de loin paraît naïve tant elle est simple et imposée par l'évidence des choses. On a l'impression qu'avec Tournefort, avec Linné ou Buffon, on s'est enfin mis à dire ce qui de tout temps avait été visible, mais était demeuré muet devant une sorte de distraction invincible des regards. En fait, ce n'est pas une inattention millénaire qui s'est soudain dissipée, Les Mots et les choses. Une archéologie des sciences humaines

. «-le-cochon, , p.75

A. Schaffner and ». Intériorités-animales, 109 : « Les 'histoires naturelles' sont les images mentales et verbales produites par cette observation des animaux dans leur milieu 'naturel'. En d'autres termes, le chasseur d'image est un éthologue avant la lettre

L. Canard and L. Suit, Le Boeuf », la mort animale sert à faire ressortir une histoire d'amitié entre deux boeufs, « Castor » et « Pollux ». C'est au départ un jour comme un autre : « La porte s'ouvre ce matin, comme d'habitude, et Castor quitte, sans butter, l'écurie. Il boit à lentes gorgées sa part au fond de l'auge et laisse la part de Pollux attardé. Puis, le mufle s'égouttant ainsi que l'arbre après l'averse, il va de bonne volonté, avec ordre et pesanteur, se ranger à sa place ordinaire, sous le joug du chariot » 910 . Mais un événement survient qui trouble l'ordre des choses : par la cour, les domestiques affairés crient et jurent comme à l'approche d'un étranger. Est-ce le sage Pollux qui, Ils reviennent des chaumes où, depuis ce matin, ils paissaient, vol.908, 0906.

C. Qu, il est mort (a-t-il été conduit à l'abattoir ?) que Pollux a été remplacé par « un autre » boeuf, par une autre personnalité animale

, Présent dans la majorité des chapitres du Monde des champs (1898), il sert notamment à illustrer une vérité comportementale, à montrer que la théorie avancée naît d'une pratique de terrain, d'une observation concrète de la vie de certains individus animaux, Gaspard de Cherville fait aussi usage du récit d'anecdote pour portraiturer les bêtes de la campagne, p.33

L. Bouc, , p.83

L. Moutons, , p.58

L. Lapins, , p.85

. Ibid,

, Ce spectacle, nous l'avons eu quelquefois, et la bête qui nous le donnait a également témoigné de la constance et de la prédilection pour le petit être qu'elle avait allaité. Cette chèvre appartenait à un incorrigible ivrogne? » 913 . Ainsi commence l'« histoire d'une bonne nourrice ». L'anecdote relate souvent un fait étonnant ou vient corriger un préjugé communément admis : l'âne n'est pas stupide, il possède non seulement une bonne mémoire, mais en outre « la faculté d'associer deux idées, de réunir deux faits différents, de les comparer et de se décider pour celui qui lui présente le plus d'avantages, « on a des exemples de chèvres ne se refusant pas à laisser des enfants s'alimenter directement à leurs mamelles

L. L'étonnante-vérité-doit-Être-prouvée and . Narrateur, Estil possible qu'une poule commune produise autant d'oeufs que l'extraordinaire Red Cap anglaise ? « J'en ai connu un exemple l'année dernière. Cette pondeuse de génie appartenait au perruquier de mon village? » 916 : nous est narrée l'« histoire d'un poulet » devenu l'« ami » d'un petit garçon, l'animal meurt prématurément ; sa grand-mère l'ayant cuisiné, l'enfant refuse, on s'en serait douté, de le manger : « -Il a raison, le petit gars, quand on a aimé une bête comme l'a été celle-là, on ne se régale point de sa carcasse ! » 917 . (Les poulets fermiers et les poulets de batterie élevés de nos jours possèdent aussi une « histoire », se diton, vol.915

, Le narrateur communique souvent avec le lecteur pour mieux l'impliquer dans son récit, il le mène sur le terrain où il faut nécessairement aller pour « étudier dans sa vie privée » 918 l'animal : « Si vous pêchez à la ligne ou si vous appréciez le charme de contempler, enfoui dans les herbes de la rive, le ciel se mirant dans la nappe éclatante de la rivière, vous ne manquerez pas d'occasions de faire la connaissance du rat d'eau » 919 . On peut alors repérer aisément son habitation

, Par exemple la chatte « Raton », sauvée de la noyade et adoptée : voir Le Monde des champs, op. cit, pp.11-15

. Ibid, , p.2

. Ibid,

. Ibid,

, On nous a dit sur cet animal qu'il était particulièrement « vaillant », en effet : « un jour, au moment où un gros rat d'eau sortait de son trou, un chat qui s'était tenu caché dans les roseaux s'élança pour le saisir. Le rat se déroba, puis, se retournant par une brusque volte, il lui tint tête, dressé sur ses pattes de derrière, en poussant un cri qui ressemblait à un ronflement » 921 . Au fil des sorties dans la nature, le rat d'eau élit toujours domicile dans la berge, vol.920

C. Cherville and . Expérimenté, Les histoires de chasse et de pêche, qui aident à dresser le portrait des bêtes de la campagne, peuvent d'ailleurs être considérés comme des histoires naturelles. Est-ce à dire que l'auteur (le narrateur) néglige le savoir naturaliste livresque ? Non, il connaît ses classiques, il les cite de temps à autre pour confronter leurs théories à ses observations personnelles qu'il présente comme des vérités zoologiques, sans recourir à chaque fois, ce serait impossible, à l'anecdote. « Buffon a représenté l'écureuil comme un vivant symbole de l'activité, de l'industrie et de la propreté, vol.922

, Il est vrai qu'il consacre une bonne part de la journée à lustrer son museau avec une vivacité qui a fait croire à quelques observateurs légèrement superficiels qu'il se frottait joyeusement les mains. Mais ce souci de la belle tenue de l'extérieur, on le retrouve non seulement chez tous les oiseaux, mais chez beaucoup de quadrupèdes sauvages

, Buffon ou ses congénères sont moins utiles à l'auteur qu'un traité de chasse : « Tous les anciens traités de chasse révèlent des ruses pour amener les vanneaux à descendre des hauteurs où ils s'ébattent. La plus banale consiste à étendre sur le sol un mouchoir blanc

. Deyeux, La citation cynégétique agrémente et justifie le portrait de cet oiseau « [d]oué de l'instinct de prudence à un très haut degré » 925 . Fruits d'une longue pratique de terrain, les traités et livres de chasse rassemblent un important savoir sur les bêtes et sont aussi, à ce titre, des ouvrages naturalistes. Le premier d'entre eux fut sans doute, vol.924, p.64

. Ibid,

, Irait-on jusqu'à affirmer avec le narrateur commentant la férocité de la mésange, afin de simplifier le système de la classification classique, que « la classification la plus rationnelle des êtres consiste à les diviser en mangeurs et en mangés » 927 ? Pourquoi pas, en outre, dans le but de mettre en évidence la nécessité d'une pratique de terrain pour portraiturer la vie des bêtes, inventer, selon le titre d'un autre de ses ouvrages, « l'Histoire Naturelle en action » 928 ? Si l'on en croit les sous-titres des deux premières éditions, il s'agit d'y présenter des « croquis, contes, récits et aventures » qui sont des « esquisses de la vie des bêtes, précision, à instruire ses lecteurs en leur communiquant sa science avec un grand talent d'exposition, et à tracer, dans le domaine limité qu'il s'était assigné, la première esquisse d'une véritable histoire naturelle, vol.926

, Ce dernier s'élabore au fil de la chasse, de manière plus ou moins marquée, ou, c'est souvent le cas, préalablement à sa narration pour mieux l'introduire et l'illustrer. Ainsi, dans « Rappel » apprend-on comment comment grandissent les halbrans dans leur milieu, quels sont leurs prédateurs naturels, avant de découvrir comment les humains les chassent : « Et voilà qu'un matin, alors que, « A l'époque où nous étions sous l'uniforme, m'en avez-vous fait conter des histoires de chasse, des histoires de bêtes, d'insectes, d'arbres

, Le Monde des champs, op. cit, p.240

L. Gaspard-de-cherville, Histoire Naturelle en action. Croquis, contes, récits et aventures, Paris, Firmin-Didot, 1873. Le sous-titre de la deuxième édition est modifié : L'Histoire Naturelle en action. Esquisses de la vie des bêtes, 1879.

, « histoire naturelle en action » n'est pas évidente car, de fait, De Cherville multiplie dans cet ouvrage les références naturalistes livresques : il cite Geoffroy Saint-Hilaire, pp.1772-1844

. Wotton, , p.14

P. Belon, Noël Chomel, p.146

. Pline, , vol.210, pp.289-291

. Buffon, , p.143

, Il est assez difficile à certains moments de savoir dans quelle mesure il critique, confronte leurs thèses aux siennes propres ou les assimile à son propre discours, p.296

. Chasses and O. France, L'auteur s'adresse en ce début de préface à « Maître Armand Simard », un camarade de la guerre de, p.45, 1914.

, p. 8. bonde sont apparus des hommes et des chiens ! » 932

. Cruelle, par exemple les « époques de l'amour et de la maternité -les deux états les plus merveilleux de la vie d'un être » 933 , qu'il faut savoir préserver. Elle ne consiste à certains moments, notamment dans « La toilette de l'hermine et le bain de la bécasse » et « Le verger silencieux, vol.934

, A première vue, on peut en dire autant des textes de Joseph de Pesquidoux dont un certain nombre narrent des histoires de chasse et de pêche. D'autant qu'on ne trouve que très incidemment une référence directe à l'histoire naturelle, par exemple, réfléchissant sur le mystère de la naissance des anguilles, il évoque « Aristote » qui « les croyait filles du limon » 936, 0937.

«. Le, Il appartient à l'ordre des pachydermes, à la famille des sulliens », « le sanglier est omnivore » 938 ; « la fouine. C'est un carnassier digitigrade » 939 ; le lièvre « est de la famille des rongeurs, ou encore des léporidés » 940 . C'est du côté de la confection globale des portraits d'animaux (notamment ceux de l'anguille, du sanglier, de l'épervier, du renard, de la fouine

». Rappel and I. , , p.75

«. Voyages-de-noces, ». , and I. , La parade nuptiale du grand coq de bruyère et celle de la bécasse, s'avèrent étonnament expressives, la manière dont la poule de la perdrix protège ses petits nous surprend, pp.134-137

». Rappel, 74 : « Le signor Ulysse Aldrovandi, qui vivait à Bologne sous le du Primatice, écrivait : Allabrancos vocitant anatum pullos? Allabrancos à l'époque du Primatice ! Ca ne date pas d'hier

. Ibid,

«. La-chasse-au-sanglier, , p.4

«. Bêtes-de-nuit, , p.213

». «-une-chasse-au-lièvre and O. , Certains passages chez de Pesquidoux semblent révéler un travail de réécriture de l'oeuvre du naturaliste où on lit, par exemple, à propos du renard : « La plupart de nos renards sont roux ; mais il s'en trouve aussi dont le poil est gris et argenté ; tous deux ont le bout de la queue blanc. Les derniers s'appellent en Bourgogne renards charbonniers, alimentation, amours, ponte des oeufs, naissance et croissance des petits?), comment on les chasse ou on les pêche (à l'exception du hibou parmi les animaux cités) et, dans certains cas, comment on les mange. Les portraits de Buffon, plus anthropomorphiques, sont similairement organisés, p.55

O. Pesquidoux and . Trouve, Ou encore, concernant les moeurs prédatrices de l'animal, chez Buffon : « S'il peut franchir les clôtures ou passer par-dessous, [?] il ravage la basse-cour, il y met tout à mort, se retire ensuite lestement en emportant sa proie, qu'il cache sous la mousse ou porte à son terrier ; il revient quelques moments après en chercher une autre, qu'il emporte et cache de même, mais dans un autre endroit ; ensuite une troisième, une quatrième » 945, Roux, il l'est entièrement, sauf quelques décolorations aux pattes et à la queue, et gris il l'est sur la tête et le corps, queue et pattes restant noires, vol.944

E. Dans-la-place, Au sujet du sanglier, Buffon écrit : « Ces animaux sont singuliers ; l'espèce en est, pour ainsi dire, unique ; elle est isolée ; elle semble exister plus solitairement qu'aucune autre » 947 ; « On appelle, en termes de chasse, bêtes de compagnie les sangliers qui n'ont pas passé trois ans, parce que jusqu'à cet âge ils ne se séparent pas les uns des autres

. De-pesquidoux-précise-;-«-sanglier, du latin singularis, seul, parce que cet animal vit solitaire. Dès qu'il est fait, en possession de sa taille, de sa force et de ses armes, il quitte sa bande et s'enfonce dans les

R. Le, Histoire naturelle des animaux, p.260

R. Le, Chez Nous. Travaux et jeux rustiques, t. II, op. cit, p.131

. Ibid,

R. Le, , p.252

R. Le, , pp.137-139

. Le-cochon, L. Le-cochon-de-siam, and . Sanglier, Histoire naturelle des animaux, op. cit., p. 93. 948 Ibid, p.100

, On rencontre toutefois, chez Joseph de Pesquidoux, preuve du changement de statut de l'animal qui a cours en ce début de XX e siècle, des portraits d'animaux individuels : « Hallali », on l'a souligné, narre la manière dont un chevreuil vit sa propre traque, et restitue la trajectoire vitale de l'animal (on apprend où il naquit et vécut, au sein de sa harde, avant d'être capturé, Chez les deux auteurs, les portraits modélisent des espèces animales, définissent des vérités zoologiques générales

«. La-fête-du-cochon and ». , raconte la vie (le vécu subjectif) d'un petit cochon noir d'Armagnac, nourri et choyé, qui finit débité chez le boucher. D'autres textes, « Lou flic

A. Enfin, Soleil des saisons (1932) et Animaux familiers et farouches, 1936.

C. Silvestre, Ce qui compte aux yeux de lecteurs pétris depuis l'enfance par les histoires d'animaux (celles de Buffon et de Jules Renard, pour ne citer que deux exemples) et habitués, pour nombre d'entre eux, à fréquenter les bêtes et à les observer, c'est de les rencontrer à nouveau dans les textes en les appréhendant spontanément à travers la description de ce qu'elles donnent à voir, l'exposition de la manière dont, en les traquant et en les capturant, on parvient à les mieux connaître et à vivre d'intenses émotions, la narration d'anecdotes, d'historiettes singulières qui les rendent plus vivantes à nos yeux. Le caractère hybride de l'histoire naturelle est frappant : elle « contient à la fois l'histoire et la description, l'intertextualité et l'affabulation : elle démontre a fortiori le besoin du récit et des discours surgissant au contact de la vie animale, le besoin de raconter des histoires d'animaux, et souligne l'importance du récit dans l'élaboration du savoir sur les bêtes » 950 . C'est sans doute parce que l'être animal est fondamentalement narratif, qu'il vient à notre rencontre, comme l'écrit Wilhelm Schapp, rassemblent tout un assortiment de portraits d'animaux champêtres inspirés, à l'évidence aussi, par l'histoire naturelle qui décidément se révèle être une source d'inspiration littéraire

«. La-chasse-au-sanglier, ». , and O. , Une analyse plus poussée des portraits de bêtes de Joseph de Pesquidoux confirmerait sans doute son travail de réécriture de l, p.1

A. Romestaing, A. Schaffner, and «. De, Silvestre présente la particularité de prêter attention à la place occupée par l'animal dans l'imaginaire populaire, les superstitions (le crapaud aurait des vertus médicinales 953 ) et les légendes locales qu'il évoque régulièrement ; dans certains textes, par exemple dans « Le chat » et « Abeilles » 954 , on rencontre en introduction l'histoire de la vision artistique et naturaliste de l'animal depuis l'Antiquité. Très souvent, bien entendu, comme chez Buffon, Gaspard de Cherville et Joseph de Pesquidoux, l'animal se définit aussi par la façon dont on le chasse ou dont on le pêche, pour le plaisir ou parce qu'il représente une menace, et par la façon dont on le mange. En somme, Silvestre approche l'animal sous divers angles, de façon multiple, en ceci son bestiaire rappelle une ancienne manière de faire l'histoire d'un animal, que Foucault définit en ces termes : Jusqu'à Aldrovandi, l'Histoire, c'était le tissu inextricable, et parfaitement unitaire, de ce qu'on voit des choses et de tous les signes qui ont été découverts en elle ou déposés sur elles : faire l'histoire d'une plante ou d'un animal, c'était tout autant dire quels sont ses éléments ou ses organes, que les ressemblances qu'on peut lui trouver, les vertus qu'on lui prête, les légendes et les histoires auquelles il a été mêlé, les blasons où il figure, les médicaments qu'on fabrique avec sa substance, les aliments qu'il fournit, ce que les anciens en rapportent, ce que les voyageurs peuvent en dire. L'histoire d'un être vivant, c'était cet être même, une mise en récit, sa représentation sous la forme d'histoires et d'anecdotes, p.9

, son utilisation allégorique et son mode de génération ; son habitat et les palais de ses légendes, sa nourriture et la meilleure façon de le mettre en sauce 955

«. Buffon, ». De-la-manière-d'étudier-et-de-traiter-l'histoire-naturelle, and H. , , p.28

. Ibid,

. Le-crapaud, Animaux familiers et farouches, op. cit, p.90

, Une archéologie des sciences humaines, op. cit, p.141

. Individualisation, . Personnalisation, and . Vies-animales,

, en privilégiant la mise en récit, en narrant une profusion d'histoires et d'anecdotes. La classification du vivant, surtout dans sa version systématique, n'est pas la « vie », Maeterlinck et Goffin insistent sur ce point, bien qu'ils utilisent par ailleurs les catégories qu'elle propose. De façon originale, Derennes entend refonder la classification classique à partir des notions d'individualité et de personnalité, en d'autres termes en singularisant les vies animales, il estime en somme que chacune, du moins potentiellement, possède une histoire propre. On n'est pas loin de la position de Wilhelm Schapp qui, visant la biologie cellulaire, souhaite que « les histoires [soient] le modèle et la base pour les sciences de la nature, Inspirées par l'histoire naturelle et dialoguant avec elle, les biographies animales étudiées abordent la question de la représentation de l'être animal sous l'angle de l'élaboration d'un savoir, d'une somme de connaissances

, elle est un mode de connaissance indispensable, qu'elle parachève ou rend possible l'assimilation du savoir exposé par ailleurs dans les descriptions. Tim Ingold, qui inspire ce développement, précise qu'en soi le savoir n'est pas classificatoire sinon plutôt narratif, intégré dans des histoires qui relient, rassemblent ce qui a été hiérarchisé et fragmenté par la classification. Il est processuel, se construit en action, en mouvement, Cette apparition de l'histoire dans les textes naturalistes où s'élaborent des portraits descriptifs généralisants, tend à prouver qu

, Empêtrés dans des histoires. L'être de l'homme et de la chose, p.175

T. Ingold, Selon les propres mots de l'auteur : « knowledge is not classificatory, Stories against classification. Transport, wayfaring and the integration of knowledge », dans Being alive, p.159

, « The integration of knowledge, in short, does not take place 'up' the levels of a classificatory hierarchy, but 'along' the paths that take people from place to place within the matrix of their travelling. [?] I have already shown that the epitome of vertically dans bien des ouvrages du corpus, l'histoire prédomine sur la classification, comment le récit de vie, individualisant et personnalisant, parvient sans doute à mieux traduire, recréer, imaginer l'originalité de l'être animal. Comme l'écrit Jean de Bosschère, critiquant la description naturaliste qui n'est d'après lui « pas d'une utilité supérieure à l'examen d'un oiseau empaillé » : « il y a un terrain où l'écriture est d'un plus grand secours, p.958

, Récits naturalistes, documentaires L'ouvrage de Francis de Miomandre présente l'intérêt d'entretenir un dialogue constant avec les écrits naturalistes sur le caméléon

P. Bert, . Duméril, ). Lantz?, and . Séti, Cette « biographie » 959 vise à faire connaître l'espèce caméléon à partir de l'observation d'un individu particulier, à nous faire assimiler un savoir zoologique général via la narration d'une vie originale. La description et l'explication, la réflexion abstraite sur la nature de l'animal, c'est-à-dire sur « les particularités de son aspect et de ses moeurs », sur « ses curieuses modifications de forme et de couleur, [?] ses mouvements, vol.960

, la volonté, la sensibilité, l'intelligence de ceux que nous appelont injustement les êtres inférieurs -chameau, castor, lion, éléphant, buffle sauvage, chien, chat, etc. », « mettre en relief par des observations personnelles, des expériences précises, dans le cadre qui leur est propre, la psychologie de chacun de ces animaux », non pas écrire des « monographies zoologiques » sinon « des récits the story. In a classification, as we have seen, every element is slotted into place on the basis of intrinsic characteristics that are given quite independently of the context in which it is encountered, and of its relations with the things that presently surround it, that preceded its appearance, or that follow it into the world, L'ouvrage satisfait aux exigences de la collection « Scènes de la vie des bêtes » dans laquelle il est publié chez Albin Michel : « publier des ouvrages sur la vie, p.160

, Les Paons et autres merveilles, p.67

. Mon-caméléon, , p.173

. Ibid,

. Ibid and . Quatrième-de-couverture,

, Mon Caméléon est l'histoire d'un animal racontée par l'humain qui coexiste avec lui et en vient à le considérer comme un « ami » 962

«. Cette, Car il lui en fallait un, n'est-ce pas ? et digne de lui

. Pharaon-»-963, Pourquoi le fallait-il ? Pourquoi remplacer le nom commun ou le nom d'espèce par un nom propre ? Pour octroyer à l'animal la possibilité ou le droit d'être unique, pour l'investir d'une personnalité singulière que les futures observations du narrateur vérifient

, L'attribution du nom propre revêt une importance particulière : « Donner un nom à un individu, c'est le désigner comme mortel, comme existence finie

. Derrida, . Cela, and . Qu, il laissera, à son caractère irremplaçable » 964 . « Séti » est irremplaçable en effet : lorsqu'il meurt, le narrateur l'enterre près du lac du Bourget « où il avait connu les heures les plus parfaites de sa vie » 965 de bête, dans un petit cercueil, sous un tertre de terre orné d'une pierre tombale où il grave les caractères suivants : « CI-GÎT SÉTI / IX. VIII. MCMXXIX » ; le texte reprécise immédiatement : « Le 9 août était la date de sa mort » 966 . L'hommage se poursuit avec un « CHANT FUNEBRE » 967 et la persistance de l'animal dans la mémoire du narrateur huit ans après : « Huit ans se sont déjà écoulés. Il me semble que c'était hier. Je n'ai jamais oublié ce merveilleux petit animal, p.190

F. Burgat, Une autre existence. La condition animale, op. cit, p.362

. Mon-caméléon, , p.159

. Ibid,

, Tu reposes ici, créature verte et douce, sous ce saule qui ne t'avait pas prévu, dans ce coin du monde où tu connus deux saisons de félicité au milieu du soleil et de l'ombre des peupliers, sous les feux croisés de nos regards attendris, parmi les proies merveilleuses : les gros scarabées cuirassés d'émail, les papillons ruisselant de sucre d'or, les mantes de bénédiction, pp.161-162

. Michel-de-montaigne and . Essais, Parce que c'était lui, parce que c'était moi', faudrait-il dire ici par excellence -et Montaigne ne récuserait probablement pas cette extension aux animaux, lui qui ne craignit pas d'écrire que quand il jouait avec sa chatte, il se demandait lequel d'entre eux tirait son passe-temps de l'autre ! » (Une autre existence, p.361

«. Pierre-tombale and . Séti, symbolisation, nomination, titre d'une histoire singulière qui n'appartient plus à l'animal mais que l'humain peut convoquer à tout moment. De tels rites funéraires témoignent d'après Rémy de Gourmont du renouement de la « vieille fraternité » entre l'humain et l'animal, abolie par le christianisme, car les Anciens, Martial par exemple, les accomplissaient déjà pour leurs chiens 970 ; l'animal est le frère de l'humain. La culture bédouine, dont Elian-J. Finbert se fait l'écho dans La Vie du chameau (il fut affecté à l'Imperial Camel Transport Corps durant la guerre de 14, un groupe de chameliers qui supporta l'armée de terre britannique dans la campagne du Sinaï et de la Palestine, honoré, devient un corps symbolique qui se pérennise dans la mémoire humaine en s'associant aux souvenirs agréables d'une vie partagée

, « Ses chameaux sont pour lui comme s'ils étaient les membres de sa famille ; en vérité, ils sont bien plus encore, comme s'ils étaient issus de lui, sa propre postérité » 972 . Les vies du bédouin et du chameau sont indissociablement liées, chacun s'avérant, pour citer Wilhelm Schapp, un « être co-empêtré » 973 dans l'histoire de l'autre, qui ne peut se définir et se comprendre que dans sa relation

«. Jamais and ;. , Il n'est pas exagéré d'avancer qu'ils forment à eux deux un seul être » 974 . En somme, il faut pouvoir expérimenter ce lien pour parvenir à cerner précisément la nature de l'animal. C'est d'ailleurs sa propre expérience de chamelier, l'amitié qu'il a notamment liée avec Ghazala, la chamelle évoquée antérieurement, sa vie partagée avec elle, qui a poussé Finbert à composer ce « documentaire » 975

«. Funérailles-canines, ». , L. Chat-de-misère, and O. , Si les cimetières pour chiens sont nouveaux au début du vingtième siècle, précise l'auteur, leurs funérailles ne sont pas rares : « On enterrait ces jours-ci, en grande pompe, un chien, p.62

, On ne voit pas bien pourquoi, honorant les restes humains, on mépriserait les restes d'un chien qui nous aima fidèlement. Le ridicule de la manifestation susdite s'abolit peut-être dans le sentiment, pp.61-62

, Empêtrés dans des histoires. L'être de l'homme et de la chose, p.165

, de révéler plus justement a posteriori, et « objectivement », la vie du compagnon : « On trouvera plus loin les souvenirs de ces lointaines équipées dans le désert, les expériences que j'ai tirées de ma camaraderie avec le chameau, et que j'ai rapportées sous forme d'observations objectives, qui n'ont nullement l'ambition d'être complètes ni définitives, afin de réhabiliter cet animal et de lui rendre justice » 978 . Le bédouin vit l'histoire du chameau de l'intérieur, pour ainsi dire, il en connait les moindres détails et s'avère le plus à même d'en restituer la vérité : De chacun d'eux il sait l'histoire compliquée depuis sa naissance jusque dans ses moindres incidents, ses habitudes, son origine, sa descendance, sa généalogie, ses goûts particuliers, ses défauts, ses réserves de résistance. Celui-ci est né à tel point d'eau, au passage d'un ami, au mariage d'un fils aîné, lors de tel événement marquant de la tribu, seulement une signification à l'intérieur de l'histoire » 976 . Ainsi, l'enchevêtrement de sa propre histoire dans l'histoire de l'animal permet à l'humain, à travers la « communauté de leur vie, vol.977, p.16

, 980 indique certes l'exercice par l'humain de ce que Derrida nomme le « pouvoir de nommer » 981 , donc une certaine forme d'aliénation de l'animal, mais elle est dans le même temps la reconnaissance d'une singularité existentielle et elle octroie à la bête nommée le pouvoir « de répondre de son nom » 982 , de dialoguer, de signifier intelligemment : « Le nomade donne aussi à chacun de ses chameaux un nom particulier auquel il répond » 983 . Le choix du nom, en outre, découle directement du mode d'être de l'animal, de son allure ou de son tempérament, il le symbolise ainsi de façon plus concrète et plus sensée : « Ces noms se rapportent le plus souvent à des dénominations figurées

, Empêtrés dans des histoires. L'être de l'homme et de la chose, p.179

J. Derrida, Animal que donc je suis, op. cit, p.38

. Ibid,

. Ibid, A chaque nom de bête son portrait détaillé, en voici deux exemples : « Voici Naama, l'Onduleuse, dont la démarche rappelle l'autruche lorsqu'elle se dandine légèrement ; ses membres sont effilés ; sa robe est blanche comme la fleur de la camomille et lisse comme du satin ; son caractère est doux : une simple pression et elle file du bon côté, devançant même les gazelles, même le vent

V. Wodheida, ». La-majestueuse-;-«-emile, and «. Roussotte, l'épique ; bête massive, elle est voûtée comme une nef, avec une bosse énorme et une encolure puissante ; les fortes dimensions de son ossature, sa haute taille en font un animal géant, mais ses Ceux que choisit Derennes pour ses bêtes

». «-la-jaune, L. Blanche, ». , «. Golo-le-tigre, ». Koko et al., ne traduisent que dans une moindre mesure leur manière d'être (certains indiquent une particularité physique, d'autres l'appartenance à une espèce ou à une famille zoologique, « Emile » est un prénom humain 985 ), ils les individualisent néanmoins tout autant et symbolisent leur personnalité. Cette dernière notion, on l'a souligné, est chère à l'auteur qui souhaite grâce à elle refonder la classification traditionnelle du vivant et rendre justice à ce que sont réellement les bêtes. Comme Finbert, il théorise à partir de ses observations personnelles

L. , Est-il possible, par exemple, qu'une chatte allaite un rat blanc qui devienne le compagnon de jeu de ses fils, ainsi que l'ont rapporté certains journaux ? La réponse est aisée : « Je savais de tels faits parfaitement possibles, les ayant expérimentés moi-même de la part de ma siamoise Nique [?] dont on trouvera plus loin la biographie » 987 . A chaque animal nommé dans Emile et les autres et Les Porte-Bonheur, sa biographie, celle-ci n'est jamais très longue et vise avant tout à mettre en lumière la personnalité de chaque bête (« Traitant ici de la personnalité chez les bêtes, que puis-je faire de mieux que d'esquisser quelques biographies, de façon fruste, mais avec la plus scrupuleuse exactitude ? » 988 ), en s'intéressant à certains faits, évènements, comportements étonnants, un mode de vie particulier, vol.986

. Vieille and . Qu, énonce que la durée de la vie, pour les animaux, est en proportion directe [?] de la durée de la gestation chez la mère ; d'autres déclarent : les animaux qui vivent le plus longtemps sont ceux dont les formes sont proportionnées et nobles ; la marque tribale sur son épaule brille comme une rose ; son trayon verse de riches flots de lait à la première pressée des doigts ; fine et sèche, sa tête un peu camuse au bout de la courbure du cou se balance avec élégance ; les oreilles plantées haut, toujours attentives, les prunelles saillantes, indiquent l'excellence de sa race, « suffit à nous démontrer deux erreurs nouvelles de nos naturalistes classiques dont un (Buffon), pp.117-118

, Ma grand'mère en avait un qui s'intitulait Adolphe? J'aime beaucoup les prénoms d'hommes pour les chats? -J'en ai connu un, à Chelles, qu'on avait nommé Jacques, et cela lui allait, ma foi, comme un gant ! / -Nous appellerons donc celui-ci : Emile » (Emile et les autres, p.81

, La naissance de la chatte se perd dans l'histoire familiale : « [Du temps] où mon grand-père Cassan vint habiter à Villeneuve-en-Agenois la maison que lui léguait Vidalone Vidal, fille de son grand-oncle Vidal (Calixte), la Vieille était déjà là » 990 ; sa mort, qui marque le jeune écrivain, finit par advenir : « La Vieille mourut comme d'autres entreprennent une série de pensées ou inaugurent un rêve, sans en avoir trop l'air, femelles sont les moins fécondes » 989, p.87

, Est-il pour autant, au sens fort, une personne dotée d'un sentiment élaboré de soi, consciente de son identité dans le temps et pourvue de capacités de mémorisation et d'anticipation augmentées du fait de sa coexistence avec l'humain 993 ? Emile, mais aussi Filon son lézard vert et son chien Patou, si l'on en croit l'occurrence suivante, le sont : « Filon était un homme et une personne pour moi, Aux yeux du biographe, le chat « est celui de nos familiers chez lequel la personnalité naturelle se laisse observer le plus facilement, vol.992

, La définition convainc peu, ailleurs la « personnalité » désigne « cette différenciation d'être à être d'une même race » 995 , donc ce qu'on entend habituellement par « individualité » et que Derennes, faisant sienne la définition qu'en donne son ami Paul Léautaud (Maurice Boissard), théorise de la sorte : Il n'y a pas un animal qui ressemble à un autre. Ce sont les serins ou les gens qui les ignorent totalement qui se figurent que toutes les bêtes sont pareilles. Pour eux, un chat ou un chien sont ni plus ni moins qu'un autre chat ou un autre chien. Les animaux sont comme nous. Ils ont chacun leur individualité. Celui-ci n'est pas celui-là, qui, à son tour, n'est pas cet autre. Je le vois bien dans ma petite troupe de chats, On peut dire que la personnalité commence où la figure des bêtes est capable de s'adapter à leurs émotions » 994

&. Quoiqu, Derennes a le mérite de poser sérieusement la question, au début du XX e siècle, de la personnalité des bêtes et de la figurer lui-même, non seulement dans ses ouvrages naturalistes, à travers de brefs récits biographiques et des théorisations abstraites, mais en 989 Ibid, p.98

, Je reformule la définition de la personne animale selon Lestel, citée supra p. 344, qui fait de l'animal un « sujet hétéronome fort

. Dieu, Bêtes et nous. Les porte-bonheur, op. cit, p.53

, Emile et les autres, p.52

, Le texte, publié sous le nom de Maurice Boissard, pp.89-90

, outre, de façon plus fictionnelle, dans des biographies romancées telles Mouti, chat de Paris (1926) et Mouti, fils de Mouti (1927) qui racontent la vie de deux chats parisiens

. Romans, Chats Rythmée par de nombreuses péripéties, leur « vie est tout un roman » 997 : les deux chats sont adoptés par une famille humaine dont ils s'affranchissent pour aller « vers l'inconnu » 998 . Mouti père, courtisant une chatte à qui il donnera quatre enfants, découvre une nuit de printemps le Jardin des Plantes où il fait la connaissance des bêtes de la ménagerie

, Capturé par la fourrière puis adopté par une humaine qui finalement le met dehors, il trouve refuge dans une cave et dépérit peu à peu, jusqu'à que sa famille humaine le retrouve et décide à contrecoeur de l'euthanasier. Mouti fils, qui avait, à la place de son père, reçut une nuit du plomb dans les fesses (les deux histoires sont intriquées), est recueilli par le gardien en chef du Jardin des Plantes et vit heureux dans son pavillon, bien décidé à rester un ami des humains. Mais lorsque son maître le bat, il s'enfuit dans les rues inconnues et trouve, chez une rôtisseuse, un foyer et une épouse chatte qu'il trompe bientôt, s'attirant divers ennuis. Son premier maître chagriné finit par le retrouver et se lit d'amitié avec cette rôtisseuse qui devient sa bien-aimée, Quittant alors son appartement bourgeois du Square Monge et sa famille humaine, il y vit durant plusieurs mois et y devient un chat redouté qui tente de convaincre les autres bêtes d'entrer en rébellion contre les humains pour qu'elles recouvrent leur liberté perdue

, Les deux romans nous plongent dans l'univers humanisé de chats qui parlent comme des humains mais adoptent des comportements et un mode de vie par ailleurs assez vraisemblables, vivent des aventures et des émotions qui sont aussi celles des chats avec qui nous coexistons ; certains passages frappent par la façon dont ils mettent en lumière l'élaboration de l'Umwelt, la relation de signification établie par l'animal avec son entourage

, De temps à autre, au détour d'une anecdote, pointent les théories de Derennes sur la personnalité des bêtes, leur familiarisation et domestication par l'humain

C. Derennes, . Mouti, and . De-mouti, dans Les OEuvres libres, vol.69, p.57, 1927.

. Ibid, Ces deux romans, prolongeant en quelque sorte les biographies de chats esquissées dans les textes naturalistes (les noms des bêtes concernées apparaissent d'ailleurs dans Mouti, chat de Paris), donnent à voir et à vivre la vie animale. Le déploiement durable du discours narratif, le flux d'affects qu'il véhicule en nous, notre identification aux personnages animaux personnalisés, ont sur nous plus d'impact que le discours abstrait de l'essai. Cela tient au pouvoir de langage romanesque, spécifiquement humain, qui parvient contradictoirement à nous faire croire et participer à la vie d'une bête, à sa manière d'habiter le monde. Comme l'écrit Anne Simon, l'écriture romanesque fait jouer un certain nombre de positionnements psychiques et de procédés narratifs qui conduisent l'humain à démultiplier ses points de vue, voire à en expérimenter d'autres. Avec le roman, on sort des concepts frontaux d'animalité et d'humanité, pour entrer, en crabe, dans des mondes animaux dont la caractéristique langagière nous permet, moins paradoxalement qu'il n'y paraît, de participer à un monde peuplé et de nous ouvrir à l'altérité, p. 91. temps, leurs capacités mémorielles et réflexives, les thèses naturalistes d'un Buffon. En général, thèses et théories se diluent dans le récit, sont mises en pratique dans la narration des événements de la diégèse

. Faire-d'un-chat-un-héros-de-roman and . De, Genevoix qui imagine Rroû en 1931, dont l'intrigue n'est pas sans rappeler celle de Mouti, chat de Paris : fuir le foyer, partir à l'aventure pour vivre une vie de bête libre, accéder à la maturité en surmontant des épreuves, dépérissement physiquement et moral, retour au foyer. Genevoix eut un chat prénommé « Rroû » avec qui il vécut durant plusieurs années dans sa maison des Vernelles : la fiction naît de cette histoire partagée avec l'ami animal, elle se nourrit, comme chez Derennes, d'une coexistence quotidienne avec lui, d'un co-enchevêtrement de l'histoire humaine et d'une histoire animale qui est déjà, en soi, « roman », intrigue. Genevoix nous la résume dans Jeux de glaces 1000 , la vie quotidienne de l'animal, sa disparition une nuit d'hiver, son retour au printemps, efflanqué et mourant, avant de confesser : « J'ai conté cette histoire presque sans y rien changer. C'est Rroû. J'ai dit que c'était un roman

. La-zoopoétique, , p.74

. Op and . Cit, , pp.851-852

, de la reconstruction imaginaire de ce qu'elle put être durant plusieurs mois. L'écriture romanesque se conçoit comme dévoilement progressif de l'expérience vitale de l'animal réel, la recréation « panique » de son itinéraire, c'est-à-dire inspirée par l'invisible et le mystère ou la surnature, une « réalité seconde » 1002 avec laquelle l'auteur entre en relation. L'imaginaire, le rêve investissent le réel, l'interprètent : Il était revenu, solitaire, vers la maison au bord du talus, le bois d'hiver, la mare gelée, le creux des branches où niche l'écureuil, la neige poudreuse où la queue du renard inscrit les cercles de sa chasse, les pièges et le fusil de l'homme. Je le suivais par la pensée. Il n'était pas une heure où il ne m'apportât quelque révélation soudaine, une lumière oubliée qui m'était comme une découverte. S'il est une poésie panique, c'est au coeur du monde où elle règne que j'ai suivi de saison en saison, p.852

, grâce auquel le chat accède à la connaissance de soi. Qu'elle soit la citation d'une pensée probable, la traduction dans le langage humain de ce que Rroû, qui ne parle pas encore à ce moment-là de l'histoire, pourrait dire, ou encore une interprétation de l'intrigue par le narrateur, cette affirmation, qui proclame l'affranchissement de l'animal dans la vie sauvage, s'avère dans le même temps la reconnaissance d'une histoire partagée avec l'humain, le prénom demeurant celui que ce dernier a souverainement choisi pour lui (il aurait pu choisir son prénom animal, car si l'on en croit Derennes, « les bêtes domestiques ont deux noms : celui que leur imposent les deuxpieds, La force de Rroû tient à la façon dont il parvient à nous faire vivre la perspective subjective de l'animal, son ontogenèse et les péripéties de sa vie, en accord de vraisemblance globale avec ce que pourraient en dire les éthologues ou avec ce que l'on souhaiterait qu'ils en disent

, Selon le concept maintes fois réitéré de l'auteur, extrait ici de Trente mille jours, pp.852-853, 1003.

F. Mouti and . De-mouti, , pp.61-62

C. Lisée, . Comme-pergaud, ». Miraut, and . Chasse, On a étudié la coïncidence de l'intrigue et de l'ontogenèse de l'animal, la façon étonnante dont Pergaud imagine la complexification et l'enrichissement de son Umwelt, c'est-à-dire son apprentissage du monde à travers ses rencontres avec des objets et des êtres inconnus qui induisent en lui de nouveaux cercles de signification. La croissance du chien et les péripéties qui rythment sa vie est indissociable de l'histoire de son maître, on retrouve ici l'idée d'un co-enchevêtrement, d'un rapport d'interdépendance ontologique qui unit l'histoire animale et l'histoire humaine, nourrit la diégèse, fonde le projet romanesque. Le Roman de Miraut raconte au fond une histoire bien commune : celle d'un chien de chasse et son maître, Toutefois

, Mais aux yeux de Pergaud, Miraut est, tout autant que Napoléon, matière à roman, un être exceptionnel, un très fin limier dont la réputation transcende les frontières de la région : « les professionnels de la chasse n'ignoraient pas qu'il se trouvait quelque part, dans une commune appelée Longeverne, un chien courant vraiment extraordinaire » 1007, Gaspard de Cherville racontait déjà Les Aventures d'un chien de chasse 1005 ), les biographes préférant plutôt écrire, comme le précise Alain Schaffner, des biographies de Napoléon 1006

R. Dans-ce, Sansonnet de ne pas être seul en ce monde ; il avait reporté sur le compagnon de ses misères le besoin d'aimer qui débordait de son coeur depuis qu'il était séparé des siens. L'affection de Thibault pour son chien avait été féconde ; dans la communion incessante de leurs pensées, les instincts affectueux et l'intelligence de celui-ci s'étaient à la fois miraculeusement développés, et l'humble bête était devenu un ami dont la société était pleine de charmes. Ils n'avaient point appris à parler la langue l'un de l'autre ; ils avaient mieux fait, ils se comprenaient sans rien dire. Rien de ce qui se passait dans l'âme de son maître n'échappait à l'animal, l'amitié existant entre el vieux braconnier Thibault et son chien Sansonnet et tout aussi forte que celle liant Lisée à Miraut : « Thibault devait à, pp.249-250, 2018.

A. Schaffner, . Les, . Dans-le-roman-de-miraut, L. Chien-de-chasse-de, and . Pergaud, dans Mondes ruraux, mondes animaux. Le lien des hommes avec les bêtes dans les romans rustiques et animaliers de langue française (XX e -XXI e siècles, p.30

L. Roman-de-miraut, , p.222

, Lisée le considère comme un membre de la famille, donc comme une authentique personne : « un dernier né, un Benjamin chéri pour toutes sortes de raisons, d'abord pour la difficulté éprouvée à le faire admettre au logis, puis pour ses qualités personnelles extrêmement rares et précieuses, enfin pour la gloire qu'il lui avait value, pour la réputation qu'il lui avait faite et aussi pour cette affection que, par réciprocité, le chien lui avait vouée aussi » 1009 . Cette réciprocité affective qui fonde une communauté d'émotions, détermine, à travers les motifs de la séparation et des retrouvailles étudiés antérieurement, une bonne part de l'intrigue. Le Roman de Miraut est avant tout une histoire d'amitié entre un chien et son maître, le récit d'une vie partagée. Pour ainsi dire, l'un ne peut exister sans l'autre, leur séparation douloureuse, avant leurs retrouvailles si intensément joyeuses, le prouve, et l'affirmation citée de Lisée, véhémente et sans appel, selon laquelle, tant qu'il serait vivant, Miraut et lui ne se quitteraient plus 1010 . Le désespoir engendré par la séparation de l'homme et de l'animal, qui fait donc ressortir la force du lien qui les unit en même temps que la distance qui les sépare, Schapp y voit, l'idée mérite réflexion, une « parabole de l'être co-empêtré de l'homme et de l'animal dans une histoire, une allégorie de l'abîme entre l'homme et l'animal et du pont pardessus cet abîme ou bien, autrement dit encore, elle est également une île dans l'horizon de l'animalité telle qu'elle vient à notre rencontre, une île qui porte et qui éclaire le domaine entier de l'animalité » 1011 . L'exemple paradigmatique que le philosophe fournit pour appuyer sa thèse est celui d'Ulysse rencontrant, après vingt ans de séparation, son chien Argos : « Ulysse revient à sa cour royale comme un mendiant. Vieux, malade et méprisé, Argos est couché sur le grand tas de fumier devant le portail du palais, 1008.

, L'amitié entre Dingo et son maître est tout aussi forte, quoique Dingo ne soit pas tout à fait un chien : « Par une habitude séculaire et aussi, je suppose, par une illusoire ressemblance

, Alain Schaffner, art. cit, p.31

, que je serai ici et vivant, mon chien y restera avec moi, et merde pour ceux qui ne seront pas contents ! », Le Roman de Miraut, p.230

, Empêtrés dans des histoires. L'être de l'homme et de la chose, p.166

, Du moins si l'on en croit Sir Edward Herpett, l'ami du narrateur qui dresse en détail dans cette lettre citée, le portrait naturaliste de l'animal après avoir raconté l'histoire de ses origines : il est issu d'une portée de six petits mis au monde par une femelle dingo que le scientifique a capturée en Australie, dans la brousse, Guinée, mais plus grands que ce dernier. Ils tiennent surtout du loup, du loup de Russie », ils en ont « la férocité carnassière » 1013

, Evoluant d'abord dans « les régions ingrates de la science et ses lourds adverbes, p.1016

. («-physiologiquement, le portrait prend un tour lyrique, inspiré toutefois par la manière naturaliste de décrire au présent le détail de la physionomie (« Vêtus d'or et de feu, avec des dessous de bistre clair, hardis, fiers, très souples, les muscles puissants, la mâchoire terrible, la tête allongée que surmontent deux oreilles pointues toujours dressées? » 1018 ), et le comportement d'espèce via la narration d'anecdotes modélisantes (« par les froides nuits sans lune de ce curieux continent, il n'est pas rare que les dingos se réunissent en bande, dix, quinze, souvent moins, jamais plus, 1017.

. Dingo, Depuis longtemps, je voulais consacrer un livre à Dingo? Dingo, c'était une bête magnifique, très curieuse, d'une vitalité extraordinaire? Imaginez-vous un chien très haut, à longs poils, dressant ses oreilles courtes et traînant derrière lui une queue fournie et soyeuse de renard

. Originaire-de-l'australie-centrale and . Le-dingo, il avait gardé son âme primitive et ses instincts libres et farouches? Il tenait à la fois du renard et du loup, dont il possédait les terribles mâchoires? Au reste, Dingo n'était pas un chien, si j'en crois les savants, si habiles à créer d'inutiles classifications

O. Mirbeau and . Dingo, , p.44

. Ibid,

, Oise, l'auteur et sa femme y résident à partir de mai 1904, p.37

. Ibid and . Michel, Contart évoque les influences naturalistes probables de Mirbeau, qui auraient pu l'aider à confectionner le portrait de son héros fictif

L. Nazzi and . De-dingo, Octave Mirbeau nous parle de son prochain livre? », cité par Michel Contart, art. cit, pp.1-2

, Mais le Dingo qui inspira le héros romanesque ne semble pas être l'un des chiens avec lesquels Mirbeau vécut, quoique deux d'entre eux se nommaient bien « Dingo

, grand caniche ou chien de berger selon les témoignages 1022 . Plus qu'un « roman » à proprement parler, Dingo s'apparente à un « récit hybride où la fable est matinée d'autofiction » 1023 . Car derrière le chien sauvage qui ne ressemble pas au dingo australien qui lui ne possède pas de longs poils, ni de queue touffue de renard, ni ne s'adapte aisément à la vie civilisée, se cache Mirbeau qui trouve dans son héros fictif un moyen d'expression privilégiée, un porte-voix pour une satire sociale annoncée, Pierre Michel démontre que celui qui inspira très probablement le personnage fictif fut son chien prénommé « Canard » 1021 (!)

, et pour une critique globale de la nature humaine : « Mon livre, ce sera donc la vie de Dingo? Quand on a longtemps vécu avec les hommes, on sent le besoin de se retourner vers les bêtes et de se pencher sur elles? Au moins, leur férocité n'est point un calcul ni un lieu? [?] Je n'ai pas pris mon parti de la méchanceté et de la laideur des hommes? » 1025 . Dingo, pourvu de capacités étonnantes, détecte instinctivement chez les gens, qu'il met en garde, cette laideur et cette méchanceté et il aide les pauvres et les opprimés que la société rejette. L'animal possède une authentique conscience morale et converse avec les autres bêtes dans un équivalent du langage humain (traduit pour nous comme tel), Barcis) où il vécut entre 1904 et 1908) : « Mon livre contient des vues et des jugements sur les choses sociales, 1024.

«. Voir-pierre-michel and . Dingo, « L'idée de faire d'un chien fabuleux un véritable héros de roman est sans doute très ancienne, puisque, lors de son séjour à Audierne, en 1884, Mirbeau écrit à un ami qu'il 'possède un chien tout à fait mystérieux et dont l'immoralité est prodigieuse, pp.5-6

. Volé-en-norvège, P. Un-paysan-breton,-ce-chien-mythique-est-judicieusement-nommé-canard, and . Qu, il plonge comme ces volatiles et qu'il rapporte des mulets, des turbots et même des langoustes'? 'D'un naturel doux et affectueux' -ce qui ne l'empêche pas d'avoir 'failli étrangler un ivrogne' et rompre 'les os du chien du maire' -, il semble 'très heureux de partager [la] solitude' de l'écrivain exilé, dont il sera dorénavant 'un compagnon précieux'. Peu après, dans une de ses Lettres de ma chaumière de 1885, Mirbeau évoquera son ancien complice, disparu sans laisser de traces, dans une nouvelle intitulée 'Les eaux muettes', où il chantera les exploits de ce 'serviteur attentif, ingénieux, désintéressé et fier', qui était doté d'une 'épaisse crinière d'or fauve' et d''yeux jaunes terribles et doux', 'pareils à ceux des lions', et qui, déjà, 'comprenait toutes choses'. Ce Canard, qui par bien des côtés rappelle les 'bons chiens' chantés par Baudelaire, mais dont les yeux jaunes et terribles ont quelque chose de surnaturel, voire de diabolique, est l'ancêtre direct de Dingo, canidé à la double nature

, Voir l'enquête de Michel Contart

P. Michel and . Dingo, de la fable à l'autofiction », introcution citée, p.3

L. Nazzi,

. Ibid,

, On comprend pourquoi Pergaud, craignant dans un premier temps d'être accusé de plagier son maître, retrouva à la lecture de Dingo toute sa sérénité : les deux romans sont fort différents, le sien s'attachant à dresser le portrait très vraisemblable, sans personnification symbolique, d'un chien de chasse. Remarquons néanmoins avec le vétérinaire Michel Ontart que le comportement global de Dingo correspond à celui de la plupart des chiens (et Mirbeau les connaît bien, pour les avoir côtoyés toute sa vie) : ses jeux et espiègleries de jeunesse, ses préférences alimentaires, ses actions prédatrices et meurtrières, ses fugues, son amitié envers les chats, son aversion pour certains humains, inférieures » 1026 . Dingo ressemble plus à un « substitut mythique » 1027 de l'auteur, à son « vengeur symbolique » 1028 , qu'à un dingo domestiqué bien qu'il en ait l'allure

, On mesure comment l'écrivain souligne la puissance d'incarnation du langage romanesque grâce auquel il devient l'être animal dont il raconte la vie, se met dans sa peau, prend son corps selon l'un des sens d'incarnatio : « action de prendre un corps » 1031 . L'animal, en retour, a prise sur lui et investit son psychisme, il vient l'habiter en enchevêtrant son histoire dans la sienne et en lui révélant alors, seulement, de l'intérieur, et non pas abstraitement de l'extérieur à la façon de l'histoire naturelle classique, les « vérités » de son être, Biographies d'animaux sauvages Méditant sur la genèse de ses héros de roman, Genevoix, dont on aurait aimé qu'il raconte aussi la vie d'un chien, confesse dans Jeux de glaces : « J'aurais pu dire en vérité

O. Dingo, , p.94

P. Michel and . Dingo, de la fable à l'autofiction », ibid, p.7

A. Dinar, L. Auteurs, M. Paris, and . De-france, , p.106, 1942.

C. Voir-michel,

, Jeux de glaces, p.853

, En latin ecclésiastique (CNRTL)

M. Sacotte, comme individu : « une créature qui a une personnalité qui la distingue des autres, en particulier par ses particularités cognitives ou comportementales ou par les spécificités de son caractère, qui permettent de la caractériser sans ambiguïté une fois nommée et qui montrent des préférences » 1037 . Renard, taupe, fouine, lièvre, écureuil, grenouille, pie, belette, martre, putois, coq, canard, hirondelles, corbeaux, vipère, lézard, mésanges, fauvettes, blaireau, Pergaud s'intéresse à la vie de ces bêtes sauvages et familières de nos campagnes, digne selon lui d'être narrée et mise en intrigue. Pourquoi insiste-t-il autant sur les rapports de prédation qui la régissent et provoquent des mises à mort de bêtes ? Je pense que Pergaud souhaite faire ressortir le tragique de la condition animale comme d'autres écrivains, retenus quant à eux par l'histoire littéraire officielle, expriment le tragique de la condition humaine. Déconstruire l'anthropocentrisme prévalant à son époque en démultipliant les manières de mourir, donc les perspectives animales, les singularités existentielles et biographiques. Découvrir la façon dont l'animal vit sa propre mort ou celle de son prochain, l'anticipe, ses angoisses existentielles, cela nous touche particulièrement et renforce le sentiment de fraternité que nous éprouvons envers lui et que l, La captivité de, p.9

». Margot and . La, ce motif de la mort des bêtes, globalement la conscience qu'elles ont de leur propre existence et la mise en lumière de leurs capacités subjectives (émotionnelles, sémiotiques, cognitives, langagières), le nom qui leur est attribué et leur identité sociale, joints à une anthropomorphisation maîtrisée, tendent, de fait, à les personnaliser. C'est un processus intuitif : « Peut-être est-ce là le principal effet d'un récit portant sur un animal : on suit une histoire, l'histoire de quelqu'un qui par la fréquentation dans la durée

D. Lestel, Animal singulier, p.35
URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00198441

A. Romestaing and . Vers, Les romans et nouvelles évoqués dans ce développement vérifient, p.145

, mais aussi de l'amitié et de quelques autres attachés à un idéal ; 2) la densité des événements, et la mise entre parenthèse du répétitif et du quotidien ; 3) la fréquence des extrêmes et des purs (le très beau et le très laid, le sublime et l'infâme) par rapport au mixte, Alain Romestaing et Alain Schaffner y font référence dans « Romanesques animaux, p.1245, 1990.

. Le-récit-de-la-vie-de-lam, la truite est-il personnalisant ? Il l'est, d'après Louis Roule, professeur de zoologie au Muséum, qui fut aussi pêcheur 1039 , qui lui attribue, on a cité l'extrait, le mérite de raconter l'histoire d'une truite « d'une autre manière, et du dedans, en prenant la bête pour ce qu'elle est vraiment, pour un être actif qui vit personnellement son existence, et qui doit servir de sujet au récit. C'est là ce qui donne son vif intérêt à Lam, 1040.

, en 1990, a été séduit par la mise en roman du savoir zoologique constitué par les frères Massé 1041 . L'incarnation des connaissances zoologiques dans le héros animal, leur mise en situation dans son histoire particulière, leur fondu dans l'intrigue et les péripéties de sa vie, est à l'origine d'une implication imaginaire et affective du lecteur que les textes zoologiques ne peuvent produire : « On pénètre dans la rivière avec Lam, la truite ; on l'accompagne au cours de son existence et de ses nombreuses péripéties ; on prend part à ses plaisirs, à ses appréhensions, à ses douleurs

. Sous-une-forme-romancée,

, L'échappée de Lam attirée par « une saveur de vase fertile et d'herbes pourrissantes, p.1043

S. Dans-le, On apprend par exemple que la larve affamée du dytique saisit ses proies au moyen de ses « suçoirs largement ouverts », leur « inject[e] un acide paralysant qui dissout et digère le tissu vivant » 1044 ; que le dytique adulte sait « effriter les étuis, rompre le grillage de soie des chrysalides, 1045.

«. Naturaliste and . Tiens-des-deux.-l'un, ne va jamais sans l'autre. Tous deux, faisant bon ménage, associent leurs penchants et leurs efforts. Le naturaliste n'oublie pas, pour la réussite de ses récoltes destinées à l'étude, les artifices de la pêche, ni les moyens qu'il emploie ; et le pêcheur s'évertue à surveilller toutes choses, à profiter des moindres incidents, cherchant à mieux savoir ce qui se passe dans le monde des eaux, et comment la vie s'écoule au long de la rivière. Le tout se rassemble, se totalise, se résume en une ardente curiosité, toujours en éveil, prête à tous les instants. Les meilleurs moments du naturaliste sont souvent ceux où la pêche languit, où l'attention s'excite à trouver les causes de cet arrêt, p.61

P. Préface-de-lam, . Vii, and . Je-souligne,

. C'est-sylvain-massé, qui composa la première version du manuscrit, qui fut ensuite retravaillé par son frère écrivain et corrigé par Edouard Peisson chez Larousse, comme le précise Joël Cornuault dans la récente réédition de l'ouvrage : Sylvain et Ludovic Massé, Lam, la truite. Livre de nature et poème de la rivière, p.7, 2017.

L. Roule, , pp.p. VII-VIII

. Lam and . Larousse, , p.107

. Ibid,

, Le Roman de la rivière est certes inspiré par le mode de vie des poissons d'eau douce, leur comportement spécifique, les relations de prédation qui régissent leurs rapports

«. Narcisse, Les temps étaient révolus depuis que le nénuphar avait fleuri. La grappe des oeufs gonflés se détacha du jonc? » 1046 ), s'imagine en interaction avec les vies des autres poissons et êtres aquatiques, j'entends par là que la narration de sa vie implique celle de la vie des autres bêtes, que le développement de l'intrigue principale configure un réseau biographique : les histoires animales s'enchevêtrent les unes dans les autres pour nous faire vivre le « roman de la rivière », pas seulement les péripéties de Narcisse. On s'identifie néanmoins au jeune brochet grâce auquel on pénètre mieux dans cet univers mystérieux, comme lui on s'instruit auprès de Kiss l'anguille, détentrice d'un savoir qui se construit avant tout dans une exploration du monde, une pratique de terrain, dans des interactions sociales et des rencontres et à travers la narration d'histoires qui, au lieu de fragmenter, relient, rassemblent 1047 . Rappelons que la personnalisation animale, marquée, L'ontogenèse du héros brochet, Narcisse, que nous découvrons dès les premières lignes du roman

, Enfin, le merveilleux permet aussi à Francis Jammes de personnaliser le héros de son

, Assise et les autres bêtes mourantes, les éperviers, le hibou, les colombes, le loup et les brebis, l'épagneule, qu'il mènera au Paradis des bêtes, le refusant pour lui-même. Un éclairage rétrospectif nous donne la possibilité de relire le récit premier et vraisemblable de sa vie quotidienne, dans lequel il se présente comme un individu lièvre (on se figure que la plupart des représentants de son espèce, dans nos campagnes, mènent une vie similaire), de façon plus personnalisée : il sera ce lièvre

G. Ponsot and L. Roman-de-la-rivière, Les Editions G. Crès et C ie, p.11, 1922.

, Kiss raconte les histoires suivantes : « Histoire de Kiss, pp.229-233

. Histoire-digne-d'être-narrée, . Le-«-sauvage-»-exclut-;-«-ouarâ, and . Fuir, a choisi de rester auprès des humains qui vont causer sa mort, celle-ci se narre peu à peu, de l'intérieur, à mesure que la lionne dépérit physiquement et moralement. Elle vécut une jeunesse heureuse en Afrique, auprès de son maître et finit ses jours dans une cage trop étroite de la ménagerie du Jardin des Plantes : « Une cage : trois mètres sur trois mètres de plancher incliné, un plafond à bout de bras, des murs jaune sale, des barreaux de fer » 1049 . Le récit, qui connut un vif succès à l'époque, dénonce, à travers l'histoire de Ouarâ, la condition de vie des bêtes encagées et la manière dont le zoo les réduit à des qualificatifs vides de sens : « Au-dessus d'une cage : LIONNE. Felis leo. Don de M. Prud'homme » 1050 . Elle n'est plus « Ouarâ, la lionne », celle dont les trente premières pages du récit ont raconté l'heureuse jeunesse africaine, sinon une représentante parmi d'autres de l'espèce lion. Le nom latin paraît pompeux, redondant, il ne nous apprend rien et ne renvoie qu'à lui-même, classifie superficiellement sans restituer la profondeur et la complexité d'un vécu. L'histoire contre la classification, la thèse de Tim Ingold se révèle ici avec force. La visibilité forcée, violente, réifie les animaux parce qu'elle nie leur histoire, donc leur existence et tout ce que ce terme suppose (capacités émotionnelles et affectives, sémiotiques, cognitives, sociales). Les « 'Lions, panthères, pumas' » sont qualifiés de « carnassiers » 1051 , c'est-à-dire d'animaux voraces qui se nourrissent de chair, or ce n'est pas l'image que l'on se fait de Ouarâ à la lecture de sa biographie, elle est tout autre chose : une bête aimante et fidèle, qui a lié une amitié durable avec son maître humain, tendre, joueuse et sociable, pourvue d'un riche univers subjectif et de capacités que nous possédons nous-mêmes. Le zoo confine à l'absurde : il est censé donner à connaître des bêtes rares, sauvages, exotiques, mais de fait il n'en expose que l'apparence visible décrépie. Lorsque la jeune lionne pousse de petits grognements pour jouer avec les visiteurs, ceux-ci, « [p]aquets d'humanité désespérément sombres », « foule, qui ne comprend pas » 1052 , se moquent d'elle. (Ils ne souhaitent pas, eux, faire « la moitié du chemin » et se « donn, or ces bêtes sont intimement familières, tout autant que les chiens ou les chats. Le texte le plus saisissant à mes yeux, p.37

C. , La panthère noire et les lions, pp.674-675

, Si de Pesquidoux ne pose pas explicitement la question de la légitimité d'une alimentation carnée dont il fait l'éloge dans ce récit et dans quelques autres, la biographie qu'il propose de cet animal la soulève implicitement. Comment tuer, dépecer, en effet, pour ensuite le manger, un animal que l'on a « choyé, gâté », auquel on a donné une « place dans la famille » et traité « comme un enfant » 1057 ? Qui ressent des joies et des peines, pense, dialogue avec ses congénères (avec son cousin le sanglier) comme nous le faisons entre humains ? La force de ce récit biographique, si court soit-il, car il ne fait que sept pages, consiste dans le dévoilement du vécu subjectif de l'animal, dans la façon dont il parvient à faire naître en nous un sentiment de fraternité : nous ne sommes pas si différents de cette bête (ce que confime, sur un autre plan, la biologie : le porc domestique est génétiquement, anatomiquement, physiologiquement très proche de l'humain). De manière très contradictoire, nous nous régalons de sa chair et éprouvons en même temps de la compassion envers lui. Sa fin nous émeut particulièrement puisque ses maîtres le séquestrent

«. Ouarâ-la-lionne, , p.53

F. Burgat, ». La-raison-carnivore, L. 'humanité-carnivore, and O. , La raison s'avère « fondamentalement violente contre la nature et contre les animaux, p.32

«. La-fête-du-cochon, , p.82

, voici le sort tragique de l'animal d'élevage : Le cochon dort. La porte de sa loge s'ouvre. On le réveille. Il s'ébranle, pas à pas, lourdement, l'oeil clignotant. Il est saisi, lié, renversé dans un pétrin, la mâchoire serrée dans un « endort », rejet de chêne tordu, il est maintenu par les quatre hommes aux quatre membres. C'est la première violence qu'il subit. Il se débat, il pousse des cris prolongés. [?] Mais les clameurs de l'animal se sont vite tues, il gît, la gorge ouverte horriblement. Et la maîtresse de maison, à genoux, recueille, sous l'énorme tête inerte, Fête sacrificielle, rituel de mise à mort présenté comme l'événement le plus important de sa vie

C. De-«-lou-flic, autour de laquelle pourtant se construit l'ensemble de la biographie de quatorze pages, n'est pas montrée, sans doute par pudeur

, On ne montre pas la mort d'un chien qui devient un ami et un membre de la famille, une personne à certains égards, comme l'on expose celle d'un cochon destiné à être mangé, qui se pratique selon un rituel ancestral et définit un patrimoine gastronomique. Le chien, on « veut le pendre, pour le tuer vite, sans qu'il souffre » 1063 , pour lui éviter une douloureuse agonie, celle d'un Finaud, par exemple, qui connut « douze heures atroces d'agonie » avant de « trépass[er] dans une crise terrible » 1064 . Mais le vieil homme « retarde toujours la date », il « songe à ce compagnon qu'il va falloir sacrifier, il repasse en son esprit l'histoire de cette créature attachée et dévouée 'qui s'est ruinée au travail' » 1065 pour mieux se réapproprier sa vie, sans doute, pour la retenir narrativement et combler le vide qui déjà s'installe en lui, conjurer le sort inévitable, rendre hommage à l'ami. La rétrospection biographique se construit dans l'expérience de la mort comme si la prochaine disparition de l'animal faisait surgir sa narrativité fondamentale. Elle commence de façon caractéristique avec la naissance du chiot, la présentation de la génitrice et de la lignée (l'histoire du chiot s'entrelace avec celle de ses ancêtres, Jeanty Parins ne se résoud que difficilement à tuer son vieux chien, cette « bête amie » 1061 qui a partagé sa vie durant quatorze ans : il décide finalement de demander à son ami lou Poun « de pendre l'animal, loin de lui, sans qu'il le sût? » 1062, pp.80-81

. Lou-flic, Chez nous. Travaux et jeux rustiques, t. II, op. cit, p.171

. Ibid,

L. Pergaud and L. Roman-de-miraut, Finaud est le chien que Lisée eut avant Miraut, p.37

. Lou-flic, , pp.159-160

. De-celui-d'une-personne, Elevé attentivement, dressé avec précaution, « notion par notion » 1067 le métayer a vu « son instinct se changer peu à peu en facultés humaines presque ! » 1068 ; le chien est par exemple devenu capable, comme son maître, de compter les bêtes de l'étable (boeufs, vaches, bouvillons, génisses) : « 'Compte : un, deux, trois?' Lou Flic regardait, notait dans sa tête, allant et venant sur les talons du métayer, et ses yeux roux, striés de points rouges, qui avaient l'air de se dilater, répondaient : 'J'ai compris?' » 1069 . A l'instar de Miraut, lou Flic est un chien d'exception, son nom même, « lou Flic », s'avère « un hommage rendu à son intelligence et à sa fidélité, l'une et l'autre de longue réputation, et, plus que bien des gens, le souci émouvant du devoir » 1066, 1070.

«. Sur-la-mort-d'un-petit-chien-;-de-maeterlinck, Il n'a pas eu d'histoire » 1071 . On découvre dans les lignes qui suivent une brève biographie de l'animal qui nous fait à nouveau comprendre combien la mort de l'ami implique la nécessité de se réapproprier narrativement sa vie, d'en recréer l'histoire. Il a bien eu une histoire, quoiqu'en dise l'auteur (son maître), dont ce dernier nous fournit quelques éléments : le chien, né à Paris mais qui vécut à la campagne où l'on suppose qu'il mourut, lui a été offert par un ami qui l'a nommé « Pelléas ». On découvre, de son propre point de vue, pp.160-161, 1904.

, raconte les trois premières années de la vie d'un cheval de course exceptionnel qui annoncent sa destinée glorieuse, semblable, rien de moins, à celle de l'étalon syrien d'Alexandre le Grand qui « triomphait de même à Olympie », il y a deux mille ans, une « victoire hippique arrachée devant la Grèce assemblée, Chez Nous. Travaux et jeux rustiques, t. II, ibid, p.53

M. Maeterlinck, ». Sur-la-mort-d'un-petit-chien, . Dans-le-double-jardin, . Paris, and . Bibliothèque-charpentier, Anthologie des bêtes, p.297, 1904.

, est l'occasion pour l'auteur de montrer la richesse de la subjectivité du chien qui, il n'en doute pas, a « la même valeur que la nôtre » 1073 : Il s'agissait encore de faire pêle-mêle, des milliers de constatations urgentes et curieuses. Il fallait, par exemple, sans autre guide que la douleur, apprendre à calculer l'élévation des objets du haut desquels on peut s'élancer dans le vide, se convaincre qu'il est vain de poursuivre les oiseaux qui s'envolent, et qu'on ne peut grimper aux arbres pour y attraper les chats qui vous conspuent ; distinguer les nappes de soleil, où le sommeil est délicieux, des flaques d'ombre où l'on grelotte ; remarquer avec stupéfaction que la pluie ne tombe pas dans les maisons, que l'eau est froide, inhabitable et dangereuse, tandis que le feu est bienfaisant à distance, mais terrible de près ; observer que les herbages, la cour des fermes et parfois les chemins sont hantés de gigantesques créatures pourvues de cornes menaçantes, monstres peut-être débonnaires, » 1072 . Plonger dans l'univers subjectif de l'animal pour révéler comment il le construit quotidiennement revient à compenser littérairement la brièveté de son existence

!. -ah and . La, Tiens ! on frappe doucement à la fenêtre bleue qui donne sur le jardin. -Qu'est-ce donc ? -Rien, une branche d'aubépine qui vient voir ce qu'on fait dans la cuisine fraîche. Les arbres sont curieux et souvent agités : mais ils ne comptent point, on n'a rien à leur dire, ils sont irresponsables, ils obéissent au vent qui n'a pas de principes. -Mais quoi ? -J'entends des pas !... -Debout, l'oreille en pointe et le nez en action !

, Pierre Loti choisit avec « Vies de deux chattes », qui se développe sur une centaine de pages, de l'inscrire dans la durée. Le récit incarne d'autant mieux la durée vitale qu'il se déploie plus longuement. Il nous raconte la vie des deux « héroïnes » 1077 qui vécurent aux côtés de l

M. Blanche-et-moumoutte-chinoise, histoire s'associent dans mon souvenir à quelques années relativement heureuses de ma vie » 1079 ; la clôture du récit, après l'enterrement de Moumoutte Blanche (Moumoutte Chinoise a déjà disparu), insiste sur cette idée : « Mon regret était moins pour elle-même, indéchiffrable et douteuse petite âme, que pour sa durée qui venait de finir. C'était comme dix années de notre propre vie, que nous venions d'enfouir là dans la terre? » 1080 . Récit de souvenirs, portrait de bêtes disparues, le texte est pour ainsi dire hanté par la mort et imprégné par un sentiment de pitié que l'auteur ne réserve d'ailleurs pas aux seules chattes qu'il a aimées ; le titre du recueil, Le Livre de la pitié et de la mort, se justifie pleinement. La pitié naît généralement de la perception, au fond des yeux des bêtes, chat, chien, singe, d'une « âme [?] aussi douloureuse pour un instant que l'âme humaine », qui tout à coup se révèle et cherche « mon âme à moi, avec tendresse, supplication ou terreur? » 1081 . Le propos frappe par sa portée déconstructrice, parce qu'il met en lumière, c'est commun chez Loti, la proximité ontologique entre les humains et les animaux, « les noms qu'elles portaient dans leur vie réelle » 1078 . Il s'agit autant d'une biographie animale que d'un texte autobiographique, les vies humaine et animales étant indissociablement intriquées : « Les deux chattes dont je vais conter l, pp.302-303

«. Vies-de-deux-chattes, ». , L. Livre-de-la-pitié, and M. De-la, , p.54

. Ibid,

, Et elle continuait de me regarder, mais de me regarder dans les yeux, ce qui déjà indiquait dans sa petite tête tout un monde de conceptions intelligentes : il fallait d'abord qu'elle comprît, comme du reste tous les animaux supérieurs, que je n'étais pas une chose mais un être pensant, capable de pitié et accessible à la muette prière d'un regard ; de plus, il fallait que mes yeux fussent pour elle des yeux, c'est-à-dire les miroirs où sa petite âme cherchait anxieusement à saisir un reflet de la mienne 1085 ? Ce regard, « un regard humain » 1086 , aura raison du narrateur et achèvera de le convaincre, quelques mois plus tard, de la ramener en France : « cette petite plaintive, aux yeux humains, me tenait par la pitié profonde » 1087 . Les chapitres V à X racontent la coexistence du narrateur avec Moumoutte Chinoise dans la petite chambre du bateau sur lequel il parcourt le monde, qui précipite, en quelque sorte, le tissage des liens car c'est un espace clos, étriqué, et parce que les deux êtres y passent beaucoup de temps ensemble : huit mois. L'intercorporéité, les échanges de regard, les « 'matérialités' de l'animalité » 1088 , adviennent de façon routinière, se crée peu à peu entre les deux êtres un rapport de dépendance affective, de compréhension partagée : « une intimité s'établit entre nous deux, en même temps que nous acquérions une faculté de pénétration mutuelle très rare entre un homme et une bête » 1089 . Le développement de la relation amicale entraîne la personnalisation de l'animal qui devient une authentique « petite personne » 1090 , lève la patte de devant « à la façon de ces personnes qui, en prenant un objet, Deux semaines après qu'elle eut trouvé refuge sur son navire où elle vécut sept mois, c'est au moyen du regard que Moumoutte Chinoise cherche à sceller « le pacte d'amitié » 1082 qui la liera au narrateur jusqu'à sa mort 1083 dans la maison française ; le passage anticipe étonnamment la théorie de l'esprit et montre combien « l'animal arrive parfois à déstabiliser l'âme de l'homme, vol.1084, p.78

, Cette amitié que l'animal éprouve envers l'humain est énigmatique : « Mystère immatériel peut-être, mystère d'âme, que l'affection constante d'une bête et sa longue reconnaissance?, p.106

D. Lestel, Les Amis de mes amis, p.100

, « Vies de deux chattes, p.73

, Les Amis de mes amis, p.55

, « Vies de deux chattes, p.70

, Moumoutte Blanche, de même, est « [e]xtrêmement soignée de sa personne » 1093 , elle ressemble tant à la défunte Moumoutte du Sénégal que se crée entre elles, lorsque le narrateur la voit, « une sorte d'illusion de personnes » 1094 . Enfin, sur le déclin, Moumoutte Blanche comme Moumoutte Chinoise contractent des maladies qui désorganisent « leurs petites personnes » 1095 . Loin d'être trivial et superficiellement sentimentaliste, le concept de « personne » animale chez Loti s'emploie au sens fort, parce que ce dernier trouve chez les bêtes une âme proche de la nôtre, des capacités et des facultés similaires : l'intelligence, le raisonnement ou la cognition, l'empathie et la lecture des états mentaux d'autrui, les affects, les sentiments, les émotions. Le texte littéraire répond intuitivement, sur la base d'observations et d'anecdotes du quotidien vécues par l'auteur lui-même, au questionnement récent de l'éthologie que soulève par exemple l'ouvrage d'Yves Christen, L'Animal est-il une personne, p.97, 2009.

, Trop souvent nous nous efforçons d'enlever aux animaux le trait original qui crée précisément un commencement de personnalité » 1098 . Il suffit d'observer les bêtes avec qui nous vivons pour s'en convaincre : « Celle-ci a, dans son humeur

P. Minette and C. Ou-ma-sauvage-tigrine,

Y. Christen, Animal est-il une personne ?, op. cit, p.534

, Emile et les autres, p.150

, Mes Chats, op. cit, p.53

!. , Zizi, l'une des enfants de Tigrine, qui possède comme les autres chats évoqués un « visage » 1100 , est une véritable « petite personne » 1101 ; Toto, une chatte du canton de Vaud, sur la rive du Léman, que la narratrice ramena à la vie, devient, 1102.

E. Minette and ». Ressemble-«-À-une-seconde-maîtresse-de-maison, Du partage d'intérêts, d'affects, d'émotions au sein du foyer humain et du developpement de la relation amicale émergent, on le constate à nouveau, les personnalités animales : La personne animale se révèle ainsi [?] à travers la relation amicale plutôt qu'elle ne lui préexiste. A cet égard, on peut évoquer une seconde naissance, culturelle, de l'animal en question et essayer de conceptualiser ce qui entre en jeu en termes de contagion ontologique. Ce processus incontestablement anthropocentrique (et assumé comme tel) s'appuie sur une durée partagée entre l'homme et l'animal, en particulier sur la capacité narrative de l'humain et sur sa propension à raconter des vies d'animaux, 1103.

, Ahténaïs Michelet ne s'en prive pas : son ouvrage raconte les vies d'une multitude d'amis chats avec lesquels elle vécut, dont les histoires personnelles s'entremêlent intimement à la sienne propre et à celle de sa famille

M. ». , le 12 mars 1849, à son entrée dans sa nouvelle maison des Ternes : « Amaible surprise, je l'avoue. Trouver le logis déjà tout peuplé de ces favoris de l'enfance, c'était presque comme une douce habitude aux lieux que je venais habiter, 1105.

, Car l'écrivaine coexistait enfant avec pas moins de dix-sept chats dans la maison familiale

, Elle porte en elle, lorsqu'on la découvre, cette histoire partagée avec eux comme Mouton et

, De leurs noces bientôt célébrées sont issus La Dorée, Minet et Pluton, Mouton meurt subitement d'un coup de fusil, Minet et La Dorée ne tardent pas non plus à périr. Le regard de la narratrice se centre sur Minette et sur Pluton avec qui elle noua une forte amitié, dont elle dresse des portraits détaillés et nous raconte finalement aussi la mort, qui l'afflige beaucoup, Minette portent en eux celle qu'ils ont tissée avec leurs précédents maîtres humains

«. Coqueluche, qui a des petits auxquels sont donnés des noms illustres : 1099 Ibid, pp.53-54

, Les Amis de mes amis, p.138

, Mes Chats, op. cit, p.33

«. Pompadour and ». Toussaint-louverture, Mais les Michelet repartent bientôt et laissent les trois chats aux nouveaux locataires, l'écrivaine apprend la mort de Coqueluche l'année suivante mais on ne sait ce que devinrent ses petits. Ensuite, un long chapitre nous fait connaître Tigrine et sa descendance

L. Zizi and . Tisserand, Le récit devient alors le « Journal des enfants de Tigrine » 1107 , nommés Jésule (Trott), Paul Meurice, Zizi, Pluton (Monsieur le Curé), il narre de façon détaillée leur évolution vitale, le développement de leur organisme et de leur intelligence, l'éveil de leur personnalité et le façonnement de leurs caractères marqués, leurs jeux, semaine après semaine jusqu'à ce qu'ils aient sept semaines et demies et se dispersent dans de nouvelles familles. Enfin, le dernier chapitre montre « Quelques portraits de chats », d'abord « Les chats de Montauban » aux destinées diverses

, Moquo, moins sauvage que sa mère Blanquette

B. «-la, Blonde d'Aix » qui tient de la panthère

L. «-mademoiselle-bibiche and . Chatte-de-genève, dont la narratrice se demande si elle pourra un jour enfanter, et Toto déjà évoquée dont trente pages

, à mesure que l'on découvre les vies personnelles des nombreux chats de l'écrivaine, celle du rhizome, chère à Deleuze et Guattari, conviendrait assez bien pour souligner l'absence de hiérarchisation biographique, la génération et l'entrecroisement de trajectoires vitales singulières plus ou moins actualisées par l'écriture, leur évolution parallèle ou indépendante mais liées entre elles dans la personne de la narratrice, p.123

, avec les premières phrases et qui se perd en arrière dans les ténèbres » 1109 , et dans le même temps, en tant qu'« histoire vivante » lue ou écoutée, elle « se devance en permanence puissamment elle-même » 1110 puisqu'elle est narration, et donc s'oriente nécessairement vers un après, d'autant qu'elle retranscrit une durée vitale. La mort d'une bête signe sans doute la fin de l'histoire mais elle peut se continuer dans la descendance si celle-ci existe ou se redécouvrir lors d'une relecture à travers le souvenir que l'on conserve d'elle. L'accès à l'humain et à l'animal ne se fait qu'à travers les histoires dans lesquelles tous deux sont coempêtrés, ontologiquement co-enchevêtrés. Pour le dire autrement, les histoires « forment le propre de l'animal » 1111 et de l'humain, elles tiennent lieu de l'animal et de l'humain, même de la plante, précise Schapp. Le besoin fondamental que nous éprouvons de mettre le vivant en histoires provient de sa narrativité fondamentale, p.167

». Prrou and L. Shâh, Ces brefs textes de quelques pages, plutôt que de résumer l'évolution vitale des animaux, d'en figurer le déploiement temporel, se contentent d'en présenter les habitudes quotidiennes et les traits de personnalité, l'apparence physique, l'allure. Un moment anecdotique, quelques jours, quelques mois tout au plus de l'existence des bêtes sont évoqués. Quoiqu'ils ne soient pas à proprement parler des récits de vie, à les lire on a tout de même l'impression d'être en présence d'histoires animales qui, de fait, quoiqu'à peine entrevues, de la nécessité de retranscrire à travers l'écriture un vécu partagé avec les bêtes. Les biographies de chats, nombreuses, prédominantes, expriment la force du lien qui unit l'écrivaine tout au long de sa vie à ces animaux du foyer, p.111, 1916.

P. Ibid, , p.115

P. Colette, . De-chats, A. Paris, and . Michel, On s'interroge par exemple sur la vie passée de Prrou dont on apprend en début de récit qu'elle vit seule lorsque la narratrice la rencontre, dans un jardin abandonné : « Quand je l'ai connue, elle gîtait dans un vieux jardin noir, oublié entre deux bâtisses neuves, étroit et long comme un tiroir. Elle ne sortait que la nuit, par peur des chiens et des hommes, Scènes de la vie des bêtes », 1950, p. 8. posthistoire occultées, les détails biographiques qui nous manquent, 1113.

. D'où-vient-elle, Bâ-Tou », c'est la cloture du récit qui, de façon inattendue, nous intrigue et déclenche l'interrogation : on y apprend que la narratrice s'est vue contrainte de donner l'« amie » 1114 éponyme, devenue difficile à gérer, au jardin zoologique de Rome. On relit alors son portrait : « Elle était grande comme un chien épagneul », sa robe parsemée de « taches noires » 1115 , son nom, « Bâ-Tou », signifie « le chat » mais l'animal n'est jamais qualifié comme tel : « le chat dissimule et simule. Bâ-Tou ne cachait rien » 1116 : n'est-elle donc pas un chat ? Elle se révèle sauvage et dangereuse, puissante, effraie les chats du voisin, attaque un jour la narratrice et finit par la faire « trembler » 1117, Depuis combien de temps vit-elle ici ? A-t-elle été abandonnée par des humains

, L'incipit des « Deux chattes » saisit aussi une histoire animale sur le vif dès les premières lignes : « Il n'est qu'un jeune chat, fruit des amours -et de la mésalliance

. Moune, Il porte sur son pelage les rais de la race, les vieilles marques de l'ancêtre sauvage » 1118 . La narratrice insiste sur le fait qu

«. Colette and . Prrou, La Paix chez les bêtes, p.17

«. Colette, ». Bâ-tou, L. M. De, and C. , , p.131

«. Les-deux-chattes, ». , and I. , Les nombreux mâles des jardins d'Auteuil aussi sont issus de cet ancêtre commun qui a par conséquent engendré une pluralité de vies au fil des millénaires. Cette référence anecdotique au père « rayé », cette insistance sur l'héritage commun, non exceptionnel du jeune chat qui n'est qu'un fils de rayé, a ainsi pour effet implicite de bâtir un arrière-plan généalogique, de créer un effet de profondeur historique, de montrer qu'un seul individu peut engendrer une pluralité d'histoires. La narrativité de l'être animal est pour ainsi dire contenue dans ses gènes puisque c'est en se reproduisant qu'il les transmet et crée biologiquement d'autres existences, d'autres durées vitales, d'autres intrigues animales. Les rayures, mais aussi « un voile floconneux et bleuâtre de poils longs » qu'il tient du « sang de sa mère » 1119 (une chatte persane), l'apparence animale, témoignent d'une histoire morphogénétique et évolutive. Les motifs de la maternité animale, des amours, temps de mentionner sa lignée sauvage, donc de l'inscrire dans l'histoire des origines de sa race, p.137

. Colette, Prrou a cinq petits avec qui elle part vivre chez la narratrice ; Nonoche a été dix-huit fois mère et s'apprête à le devenir à nouveau puisqu'en fin de récit elle délaisse son actuel petit, déjà sevré, pour rejoindre un matou qui vient de la courtiser ; la Noire, protagoniste de « Chats » qui raconte les batailles nuptiales auxquelles ces bêtes se livrent, possède cinq petits quand s'ouvre le récit : « Ils sont cinq autour d'elle, tous les cinq issus de la même souche et rayés à l'image de leur ancêtre, le chat sauvage » 1120 (notons la référence, à nouveau, à l'ancêtre sauvage). Chaque petit, mais les textes ne nous racontent pas ces histoires, engendrera à son tour d'autres chats. L'histoire animale se devance en permanence elle-même, l'être animal contient en lui la pluralité des histoires potentielles de ses descendants, autant d'histoires qui peuvent être ressaisies par l'écriture. Chats et chiens de Paris Inlassablement durant près de vingt ans, Léautaud ressaisit dans son journal les histoires de ses rencontres avec les bêtes perdues, abandonnées et maltraitées des rues de

. Paris, Chaque bête évoquée, et il y en a plusieurs centaines, porte en elle son histoire dont on mesure intuitivement, grâce à l'élan compassionnel qui anime l'auteur

, Toutes ces bêtes que l'apôtre souhaite sauver, qui donnent aux humains bien plus qu'elles ne reçoivent, sont des individualités singulières qui souffrent et meurent comme nous et à cause 1119 Ibid, p.137

. Colette, ». Chats, and I. , Ce soir, à sept heures, en revenant, j'en trouve un petit, feu, assis devant la grille du Luxembourg, juste au coin de la rue du Luxembourg et la rue de Vaugirard. Je l'ai caressé. Il me suivait très bien » 1121 . Ce chien perdu porte un « simple collier de cuir, sans même de plaque » 1122 ; l'objet lui attribue symboliquement, à défaut d'une identité précise, une histoire co-enchevêtrée avec celle d'un humain dont on ne saura rien puisque le chien s'enfuit, c'est un échec, de nous : « On n'arrête pas d'en trouver, p.141

E. Le-texte and . Bref, Un mois plus tard, la veille de Noël, le chroniqueur dénonce une fois encore de la cruauté humaine : Les histoires de bêtes perdues, abandonnées, dont des gens veulent se débarasser sous les prétextes les plus divers et souvent les plus futiles ! J'en apprends tous les jours de nouvelles. Cette après-midi, dans la cour du 18 rue de Condé, une jolie et toute jeune chatte noire, là depuis ce matin. La concierge s'est informée dans la rue. A personne ! Abandonnée là sûrement ce matin. J'ai réussi à la caser au collège Sévigné, sans rebondissements : « Jeudi 25 novembre. Ce soir, à six heures, en sortant du Mercure, remis chez son maître, D r Ferté

, Quelle est cette jeune chatte noire du 18 rue de Condé ? On n'en sait rien, on imagine fugitivement son histoire, des hypothèses affleurent à notre conscience sans que nous les explicitions forcément : est-ce une chatte abandonnée à cet endroit par des maîtres qui ne pouvaient l'assumer ? Est-elle issue d'une chatte des rues ? Qui sont ses frères et soeurs et sont-ils en vie ? Vivait-elle dans ce même quartier ? Ce peut être aussi un animal mis à la rue à cause d'un concierge qui veut éviter qu'il y ait trop d'animal dans sa résidence et que la chatte y accouche de nombreux petits, le début du texte qui évoque un autre animal, confirme cette possibilité : « Mais que d'autres histoires de bêtes perdues, Les histoires malheureuses prolifèrent, incarnées par les chiens et les chats rencontrés quotidiennement, Léautaud y fait au moins référence dans son journal pour témoigner de leur existence et de la condition tragique des bêtes des rues, 1125.

, Léautaud explicite souvent lui-même le questionnement : « Malheureuse bête

O. Bestiaire, Texte rédigé le 30 novembre, p.106, 1909.

. Ibid,

, Raspail

, terrée quelque part et n'osant plus en sortir, ou simplement assommée par un de ces hommes du chantier ? » 1126 . Il ne se fait en général pas d'illusion sur le sort qui échoie aux chiens perdus, l'histoire est toujours la même : « Et voilà deux chiens qui auraient pu être recueillis, remis à leur maître, peut-être, et qui vont aller grossir le nombre des victimes de laboratoire » 1127 . Au sujet de deux autres chiens aperçus à la jonction de la rue de Seine et de la rue Mazarine, un « petit griffon jaune » et « un grand noir

. Fourrière, enfermés là sans le moindre égard, séparés sans doute l'un de l'autre, et le pauvre blessé laissé sans soins, en attendant tous les deux le martyre du laboratoire, 1128.

, Au lieu de préciser l'histoire individuelle de chaque bête rencontrée dans les rues de

D. Paris and . Sa-trajectoire-vitale, Léautaud se contente de noter l'histoire de sa rencontre avec elle, comment il la sauve ou tente de le faire et l'aspect tragique de sa condition que son évidente détresse fait d'autant plus ressortir (Léautaud traduit finement le comportement animal, les expressions émotionnelles). Son journal ressemble à une vaste chronique animalière. Quand bien même l'évocation de l'animal est réduite à son strict minimum

, On en vient comme Léautaud à vouloir sauver ces bêtes malheureuses et, quoique nous ne découvrions pas le détail de leur histoire, nous l'interrogeons à chaque fois de manière plus ou moins consciente. L'une des forces du Bestiaire est à mon sens de faire ressortir, à travers une poétique du rhizome, en quelque sorte, l'existence d'une pluralité d'histoires animales qui ne sont toutefois qu'entrevues, qui s'entrecroisent ou évoluent en parallèle et sont toujours, car il s'agit de chiens et de chats, coenchevêtrées dans des histoires humaines. Les préhistoires et les posthistoires (les généalogies) s'avèrent sans cesse, Comme je l'ai souligné, je pense que la compassion de l'auteur, que nous éprouvons aussi, est à l'origine de cet effet de lecture

, L'individualisation animale est plus marquée dans le dernier tiers du journal 1129

, à la maladie et à la mort des bêtes amies avec lesquelles Léautaud 1126 Ibid, p.67

, Texte du 22 avril 1912, p.183

, A partir du mois de février 1912, pp.170-253, 1913.

, issu du même recueil, est le portrait d'une chienne menteuse, malicieuse, caractérielle, qui en fait voir de toutes les couleurs à ses maîtres : « Je suis vilaine, hein ? Vous m'en voulez ?

, Allons ! ne faites pas des yeux tristes, ne hochez pas la tête : 'Poucette, Poucette?' Acceptezmoi telle que je suis, toute bouillonnante de ténébreuse malice, et menteuse, menteuse !, 1132.

«. La-chienne-jalouse-»-présente-une-chienne-possessive, Je te garde, parce que tu Lui est chère » 1133 ; « La chienne trop petite » s'intéresse au tempérament démoniaque, durant les premières semaines de son adoption, d'une toute petite chienne qui voue un grand amour à ses maîtres : « celui d'une chienne trop petite, enragée d'un orgueil de naine et d'une allégresse de farfadet, mais celui d'une amie qui se donne ! Je me souviens, moi, de ma soudaine gravité

. C'en-Était-fait-;-«-le-'je',-c'est-n'importe-qui and . Suis-n'importe-qui, importe qui doit pouvoir dire 'je' pour se référer à soi, à sa propre singularité » 1135 . Le pronom explicite en quelque sorte la capacité de chaque animal d'affirmer son originalité existentielle, « ce pouvoir de se tracer, de se tracer ou retracer un chemin de soi », « cette aptitude à être soi-même, et donc cette aptitude à être capable de s'affecter soi-même, de son propre mouvement, de s'affecter de traces de soi vivant, et donc de s'autobiograparapher, en quelque sorte » 1136 . Surtout quand il est associé au nom de l'animal : « Je m'appelle Simplette. Et j'ai bien fini par mériter mon nom » 1137 . Le Siamois, quant à lui, ne reconnaît pas le nom commun qui définit son espèce car il agit comme un chien : « Ils me nomment Chat. Pourtant je m'évertue à caninement les suivre, sur la plage, en forêt, et jusqu'au grisant marécage gorgé de bêtes molles et confuses qui ploient sous les pattes » 1138 . Le Matou, enfin, s'affranchissant des maîtres humains, affirmant sa liberté, revendique le pouvoir de ne pas être nommé par eux et de rejeter le nom qu'ils lui donnent, de choisir librement un nom qui sied mieux à sa personnalité, je vous aimais » 1134 . L'utilisation du « je » sert à chaque fois à définir une personnalité singulière, comme l'écrit Derrida, p.24

«. La-chienne-jalouse, ». , and I. , , p.13

, « La chienne trop petite, p.42

, Animal que donc je suis, p.75

«. Colette, ». Simplette, and . Dans-«-chats, Autres bêtes, p.166

L. Siamois, , p.165

, ai laissé sur les toits, au creux glougloutant des gouttières, sur la mousse écorchée des vieux murs : je suis le matou. Qu'ai-je à faire d'un autre nom ? Celui-là suffit à mon orgueil. Ceux pour qui je fus autrefois « Sidi », le seigneur chat, ne m'appellent pas : ils savent que je n'obéis à personne. Ils parlent de moi et disent : « le matou ». Je viens quand je veux

. Lui, Certes, l'humain, bien des textes le prouvent, par sa cruauté érige la grande barrière, creuse l'abîme qui le sépare des bêtes, mais l'amitié et la compassion qu'il leur voue aussi, les liens qu'il développe avec elles en partageant leur vie, retissent la relation fraternelle primordiale

, L'homme trouve ainsi sa place dans une arborescence [un maillage] dont il est un noeud parmi d'autres [?] : ce qui importe ce sont les différenciations multiples qui distinguent l'être humain des autres formes de vie » 1142 , leur parenté biologique et ontologique sur cette « Terre peuplée des humains et des animaux de l'Arche », une terre qui « 'ne se meut pas' (Husserl) car elle est l'archè originaire, le sol et le principe qui précèdent toute spatialisation. Elle supporte les séjours diversifiés de vivants caractérisés par la profusion dans l'espace, cela incite à penser « l'unité généalogique du vivant et non pas [les] définitions essentialistes des différents 'règnes' ou 'ordres

, leur interdépendance et l'éthique qui doit régir la manière dont nous les considérons et cohabitons avec elles, on sait combien la situation environnementale (zoo-écologique) est préoccupante aujourd'hui. Il faut dans un premier temps reconnaître l'existence des bêtes et leurs capacités, la richesse de leur vie subjective en reproduisant avec les écrivains, heuristiquement, le geste créatif qui configure peu à peu ces vies et ces existences depuis la perception des premiers signes. S'ouvrir au mystère vital qu'elles incarnent si bien, cultiver l'émerveillement, Les textes étudiés nous font apprécier la multiplicité animale et la variété des relations entre les bêtes et les humains

L. , en particulier sa dimension interdisciplinaire, j'espère l'avoir montré, est à même de cerner les enjeux multiples attachés à la question animale littéraire en reliant les savoirs théoriques issus de diverses disciplines ; elle développe une pensée complexe (elle tisse ensemble 1144 ) qui répond à la complexité du vivant et à celle de la création littéraire

J. Schaeffer, La Fin de l'exception humaine, op. cit, p.164

A. Simon and . Du, Arche : la littérature entre zoopoétique et zoopoéthique », L'Esprit créateur, p.83, 2017.

«. Au, Au second abord, la complexité est effectivement le tissu d'événements, actions, interactions, rétroactions, déterminations, aléas, qui constituent notre monde phénoménal » (Edgar Morin, Introduction à la pensée complexe, p.21, 2005.

, qui interrogent le « domaine spécifique de la littérature » 1145 . C'est justement parce qu'elles sont marginales au regard de l'histoire littéraire officielle dont elles constituent un point aveugle, qu'elles méritent notre attention critique et amicale

, Quelques lignes plus loin, l'écrivain met en avant une citation de Rimbaud dont la portée déconstructrice intéresse mon propos : « La chanson également nous a paru mériter un chapitre. Nous aurions pu également donner des études sur le texte publicitaire, la bande dessinée, le reportage, l'entrevue, etc. A ce propos, on se souviendra de ce que dit aimer Rimbaud dans Une Saison en Enfer : 'La littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, Histoire des littératures 3, op. cit., p. XII

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