, archives de l'art féministe et queer, des expositions, dans le fait d'avoir des documents, d'avoir un lieu comme aux États-Unis, une université des études de genres, une bibliothèque? Mais il n'y a pas d'appuis institutionnels. Ça ne fait pas longtemps qu'il y a des expositions d'art féministe. Par exemple, on nous a invitées il y a deux ans à l'exposition « Généalogies féministes de l'art espagnol, vol.9

. León, . Ils, D. Post-op, and . Medeak, Il y avait comme différentes salles, et la dernière s'appelait « Transféminismes ». Ils nous avaient demandé un texte pour le cartel et quand on est arrivé

, Il nous a dit qu'ils allaient le changer, mais on ne voulait pas. Le fait que nous, en tant qu'artistes, soyons intervenues sur le cartel nous paraissait important, ça devait être laissé visible parce que ça avait une signification en soi : à la première exposition qui reconnaît enfin une trajectoire d'art féministe, où on t'invite, on te fait ça et on met ce mot sur le panneau d'affichage? On se devait d'intervenir. Zoé : Je viens de penser à une autre question que je te pose avant d'oublier : l'adresse de votre site, c'est Besame el intro. C'est un groupe antérieur à O.R.G.I.A ? Bea : Non. C'est le nom de l'oeuvre dont je t'ai parlé, qui a été faite pour une sélection d'élèves de beaux-arts qui purent aller à ARCO présenter une pièce. O.R.G.I.A existait déjà et ce blog/page web a été fait, dans son intro apparaissent les petites machines cyborgs qui bougent et qui sont moitié machine, moitié corps humain, Dans le texte qu'ils ont mis apparaissait le mot consoladores 10 . C'est un mot repoussant du vocabulaire espagnol qu'on déteste, à la place on dit toujours disfrutadores 11 . Du coup, on a rayé ce mot et écrit disfrutadores, on a filmé ça et les caméras du musée nous ont filmées

, Mais c'est un travail tellement gros. Tu vois, il est là notre côté craignos ! La précarité doit bien ressortir quelque part

, Elle sort une des caisses où s'entassent des sextoys imparfaits : sur celui-ci une petite bulle dans le latex, sur tel autre la peinture s'est mal répartie. Elle me propose d'en choisir un ou deux en souvenir, c'est une sorte de rituel pour elle d'en proposer aux personnes qui visitent son atelier, Nous finissons l'entretien

«. Genealogías, Juin 2012 -février 2013, musée d'art contemporain de Castilla y León, pp.1960-2010

. Consolador and . Consolateur,

, Au contraire, il montre quelque chose de très commun, de très général, qui interpelle tout le monde parce que tout le monde sent qu'il y a là quelque chose ayant à voir avec sa vie. Pour l'instant, on tente de faire bouger le documentaire dans des festivals. Ensuite, on tentera d'arriver jusqu'à la télévision parce que là, il y a des gens qui ne s'y attendent pas. Parce qu'en même temps, après tout ça, on voudrait le laisser libre, toute personne intéressée va pouvoir le voir. Il est assez connu maintenant et il va l'être encore plus, mais on va essayer d'arriver là où les gens ne l'attendent pas. Et ça, c'est la télévision. On tente de le montrer dans des festivals de cinéma généraux, mais nous avons beaucoup plus de succès dans les festivals queers et de ciné alternatif, Disfrutador pourrait se traduire par « profiteur » ou « jouisseur ». bizarres qui font des choses bizarres

A. , Et elle m'a dit que je devrais me mettre en contact avec Diana Pornoterrorista. Du coup, je l'ai lue et ça a été impressionnant : tellement de connexions, tellement de similitudes ! Ce fut très enrichissant. Bien sûr, le monde queer est beaucoup plus politisé, il a beaucoup plus conscience de l'identité politique. Le monde de la diversité fonctionnelle, non. Ce ne sont pas des gens politisés. Du coup pour moi, ce fut brutal. Et pour le monde queer, c'était comme « on parle des corps différents, mais nous sommes toutes jeunes, blanches et belles. Ah ! Et regarde ceux-là, ils sont bizarres pour de vrai » (rires), Non, je n'en avais pas la moindre idée. Le lien s'est fait au travers d'une amie qui fait des recherches sur ça

, Il est venu pour donner une conférence, quand on a diffusé le documentaire, mais elle n'est pas traduite. Mais c'est la même ligne de conduite. Il s'agit d'expliquer les questions de diversité fonctionnelle en termes de culture. Comment tenter d'ajuster ces modèles de la normalité. Comment arriver à être normaux, au travers d'une critique de la normalité. Zoé : Est-ce que tu penses que

:. Antonio and . Oui, Avec des films, des livres, des bandes dessinées? La majorité des gens s'imaginent ce qu'est la diversité fonctionnelle à partir de la culture. Regard, Intouchables. C'est terrible parce qu'il y a très peu de récits sociaux, et ceux qui existent sont très pauvres. Donc, la culture est fondamentale, mais il lui faut des récits sociaux beaucoup plus riches, beaucoup plus divers. C'est l'idée du documentaire, une pièce de plus dans tout ce qu'il y a à construire. D'ailleurs, après le documentaire je me suis embarqué dans un autre projet, un film de fiction qui s'appelle Vivir y otras ficciones

X. Annexe,

, À l'étage d'en-dessous vivent des ami·es du sénégal. L'ensemble de ces personnes forme une communauté, partageant vie quotidienne et ressources économiques. L'entretien se passe dans le salon, en compagnie de Mery et Kiara, qui portent la voix du collectif. D'autres membres sont venus écouter un moment, Les membres d'Ideadestroyingmuros partagent un appartement non loin du centre de Valence, dans un quartier populaire

, Donner beaucoup d'attention à l'obligation du moment. Comme une stratégie, parce que le capitalisme demande à n'être en relation qu'avec le présent immédiat sans se préoccuper de l'histoire de chacun. Ça peut être de prendre son temps, de se préoccuper de son passé afin d'être plus forte pour agir le moment présent. On a besoin d'une stratégie. -Souvent, par nécessité, par manque de temps, les documents d'archives se perdent. On n'a pas de référence pour construire un discours. Il faudrait connaître toute l'histoire de ce qu'il s'est passé avant et la joindre à celle qui se fait aujourd'hui. Le fait est que c'est compliqué parce -Oui. On essaye toujours de faire en sorte que nos petites pratiques prennent une forme qui ne reste pas uniquement chez nous. Par exemple, la vidéo que tu as vue ou le projet postexotique sont en ligne. L'idée c'est que celui qui a le plus de privilèges doit les perdre, parce qu'à coup sûr il va connaître des choses meilleures. Il faut partager les choses. Et, comme on le dit, c'est facile, mais ce sont des efforts de chaque jour pour nous rendre compte que nous sommes dans un système conservateur et pour nous en éloigner. -C'est pour ça qu'il est indispensable de vivre près de gens qui viennent d'autres endroits et qui ont des références culturelles différentes, c'est comme ça que l'on a la possibilité de se confronter à d'autres référents, Zoé : Quand j'ai commencé à étudier l'activisme queer, j'ai vite senti les tensions entre la théorie et la pratique. Qu'est-ce que vous en pensez ? -C'est un sujet d'interrogation depuis que nous nous sommes rencontrées, avec la différence que chacune représente. Au fur et à mesure, cela a signifié s'interroger au-delà de ce à quoi chacune se référait et s'interroger à partir des relations entre nous et avec notre entourage. Parfois, en voulant construire des ponts plus intersectionnels, on a recours à la théorie pour chercher des références

. Zoé, Mais ce n'est pas conçu comme un ensemble de documents d'archives et « c'est bon, c'est fait ». On a des vidéos de performances, mais aussi de la vie quotidienne. C'est plus facile d'enregistrer une performance, mais c'est également important de garder ce que nous faisons ici, comment nous nous organisons, Je rebondis : est-ce que vous donnez beaucoup d'importance aux archives ? -Oui, on enregistre tout ce que nous faisons

, Se moquer beaucoup de nous-mêmes. -Je crois que dans les performances, oui, il y a une esthétique, peut-être obscure et qui a à voir avec le BDSM? Je ne sais pas? Tu dis queer, mais autant ça serait plutôt une esthétique BDSM? Dans le Kabaret, c'était plus? cabaret ! La première partie est assez classique, comme un cabaret typique, moins burlesque que moderne. C'est une blague sur l'esthétique du quartier et aussi sur l'esthétique pop. Ça spectacularisait un peu les choses. Il y a eu des moments où on avait une esthétique plus agressive. Aujourd'hui non. On essaye de faire que dans la vie, l'esthétique représente quelque chose. On travaille sur le fait d'amener quelque chose avec un message. -Il y a eu un moment où nous utilisions le drag king comme outil pour voir ce que signifiait d'être identifié à première vue comme un homme dans l'espace. Mais je crois que ça va au-delà du queer. Ana Mendieta l'a utilisé aussi, ce truc de se transformer, le masculin et le féminin? Ça a aussi à voir avec comment être plus en sécurité, comment réagir. Et ensuite rencontrer d'autres personnes. Par exemple, certains ici jouent du reggae, un autre est chanteur classique. Ce qui est merveilleux, Zoé : Et est-ce que vous diriez qu'il existe une sorte d'esthétique queer ? -On a fait le Borrador battonz kabaret, il s'agissait de se ridiculiser, ça avait avoir avec nous

X. Annexe and . Biosynapse,

, Nous nous connaissons depuis des années par le réseau militant LGBT de Montpellier et nous avons fini par militer ensemble autour des questions queers et féministes. Ce n'est pas tant pour son militantisme queer que je l'interroge, mais pour son passé de militante écologiste et pour ses expériences sur Second Life, un programme de réalité virtuelle, Nous nous retrouvons dans un café

, On faisait tous un peu de 3D, j'étais avec des hackers, certains recherchés dans leur vie parce que trop activistes? Et tout ça, c'était en 2007/2008 principalement. À la fin, j'avais sur Second Life des copains qui avaient aspiré l'interface pour recréer Second Life sur leur serveur à eux. Ça marchait moins bien, mais on n'avait pas besoin de payer. Bref, quand je les ai tous rencontrés, on était sur l'île de Marc. On y faisait des réunions. Le bas de son île était dédié à l'écologie. En l'air, il y avait des plateformes avec des oeuvres d'art numériques. On recevait des gens comme Denis Maupin sur Second Life. On parlait du réchauffement climatique, on faisait des stands sur l'huile de palme, sur la biodiversité en méditerranée? On a fait quelques conférences aussi? J'avais fait un jeu où on portait des chapeaux moches, en forme de légumes, il fallait s'associer pour trouver quelle plante fonctionnait avec quelle plante, laquelle protégeait une autre plante, c'était de la permaculture. J'avais aussi fait une conférence sur les cosmétiques toxiques. On faisait aussi des flash mobs. On végétalisait des endroits, on était allé faire ça sur l'île de l'UMP. On avait aussi débarqué sur l'espace de pub des galeries Lafayette, avec des pancartes et des t-shirts avec des slogans. C'était moche, Biosynapse : Alors, pour te faire un petit résumé : quand tu te connectes à Second Life, tu crées un avatar et tu donnes à ton personnage un prénom et un nom de famille. Tu as le choix entre une quinzaine de noms prédéfinis par Linden. Linden c'est l'entreprise qui a créé Second Life. Tu arrives avec ton personnage a priori non genré et assez neutre. À toi de définir, en fonction de ta carte graphique, la qualité du graphisme que tu veux. Tu peux créer des objets aussi. Sachant que ton nom et ton prénom sont toujours affichés au-dessus de ton personnage, tout le monde sait si tu es là ou non. Du coup, ce n'est pas rare que les gens créent d'autres personnages pour être tranquilles quand ils travaillent sur Second Life ou quand ils y ont d'autres activités que leur activité principale. Quand je suis arrivée, j'ai rapidement rencontré les groupes écologistes et j'ai rapidement milité avec eux. J'ai rencontré une association qui s'appelait Aire et qui travaillait sur l'écologie x 3 : l'écologie psychique, environnementale et sociale. Zoé : Ces trois écologies, tu les connais de Second Life ? Biosynapse : Oui, j'ai rencontré ces concepts sur Second Life avec Marc Moana, qui était Marc Blieux dans la vraie vie, qui a un musée d'art contemporain à Moulin. C'est en fait sa maison aménagée

, Je n'ai jamais eu la peau verte ni ma queue de serpent, je n'ai pas cherché à le recréer physiquement. Quand je dis que je n'étais pas la personne que je renvoyais au monde, ce n'était pas tellement physique. Les gens ne me connaissaient pas parce que j'étais cette sirène trash à l'intérieur et il fallait que je l'aborde dans mes choix de vies, et pas dans mon physique, et c'est là où je suis sortie de Second Life en disant « je suis écologiste et je t'emmerde », là où j'ai dit que je suis lesbienne, « allo maman, assied-toi j'ai quelque chose à te dire ». Aujourd'hui, avec l'exploration de l'avatar, je suis plus moi dans le sens où j'affirme plus facilement qui je suis. Là où ça a changé, c'est que j'ai ouvert ma gueule. Ça m'a fait affirmer que je suis cette personne. Je fonctionne comme ça. Et si ça ne te plaît pas, c'est à toi que ça pose un problème. L'avatar m'a permis de dire que je ne suis pas obligée de faire ce que je ne veux pas. Je ne suis pas obligée de baiser avec mon mec si je ne veux pas. Je ne suis pas obligée de jouer la mascarade devant des gens pour faire plaisir à des gens qui me faisaient taire. Et si j'ai envie de m'intéresser à l'écologie, je fais ce que je veux. Et je fais ce qui m'intéresse, et oui je milite, Les contacts « réels » ne savaient pas qui j'étais parce que je ne le reflétais pas dans les échanges et aujourd'hui je ne reflète toujours pas qui je suis physiquement, mais je m'en fous. Aujourd'hui, je n'ai plus rien à prouver physiquement

F. Le-café, ce qui nous a forcées à écourter la conversation. Mais nous avons souvent reparlé de ce lien à l'avatar et de l'implication du corps