, Autrement dit, tout part du village et tout doit revenir au village. Sans lui, le diola n'existe pas

, ossature familiale s'est déformée avec les évolutions et différents parcours. Le contact avec d'autres groupes a créé une nouvelle identité. Nous pouvons céder à la tentation de l'appeler mondialisation

, Nous pensons que les transformations identitaires ne sont pas le propre d'une seule culture au détriment ou au profit d'une seule culture

, Nous ne pouvons ignorer que la structure familiale d'origine est différente de celle du pays d'accueil. Mais cette structure initiale n'est pas restée intacte

. Il, L'impact des nouvelles technologies est certain sur les individus, qu'ils soient autochtones ou allochtones. Cela a favorisé un élargissement des amis virtuels. Ce qui nous apparaît non négligeable, c'est le fait que la communication devient collective. Il n'y a donc plus de parole individuelle, mais un effet de masse, un buzz tel qu'il est appelé maintenant. La parole virtuelle prend donc le pas sur celle familiale et donc sociétale

, Le diola du 21em siècle s'est beaucoup transformé, mais pouvons-nous nous permettre de parler d'une aliénation culturelle, surtout, si nous tenons compte des différents profils qui se présentent à nous. Nous pensons plutôt à une altération des composantes de la culture

, qu'il y'a une altérité qui s'est construite au sein du groupe, à la faveur de l'évangélisation et de l'islamisation des uns et des autres. Les influences religieuses deviennent de plus en plus importantes, Ce pouvoir, nous l'avons analysé dans les associations et les autres regroupements d'abord, dans les relations entre les migrants eux-mêmes, mais aussi dans leurs relations envers le pays d'origine. Il a plusieurs formes d'expressions : politique, culturelle ou encore économique Les associations sont le lieu d'expression du pouvoir par excellence. Elles le sont, puisqu'elles cristallisent les sentiments des migrants. Elles peuvent même être considérées comme un défouloir pour leurs membres. Le fonctionnement et la gestion d'une association sont un indice de l'expression du pouvoir. En contexte migratoire, les associations loi 1901 ont un bureau et un règlement qui définissent le fonctionnement du groupe. Le pouvoir tel qu'il est pensé traditionnellement par les diolas peine à se conformer à la conception du pouvoir moderne

, Mais en contexte migratoire, et avec les influences des différentes cultures auxquelles les migrants diolas ont été en contact, l'expression du pouvoir sera plus complexe

, l'histoire a témoigné de monarchies et de populations bien hiérarchisées. C'est le cas pour beaucoup d'autres groupes de populations. Nous pouvons citer l'exemple des populations européennes dont les nations se sont d'abord construites autour de monarchies et d'un système de pouvoir vertical

, Il importe avant tout de définir les types de pouvoir habituels

, Il est à la base de toute autre expression du pouvoir. Il marque leur indépendance vis-à-vis de leurs parents migrants. Il leur donne la liberté d'expression, puisqu'ils ne vont pas craindre des sanctions d'un tiers. En détenant une liberté économique, Le pouvoir économique est très important pour les migrants

, Cette liberté ouvre la possibilité d'avoir un espace privé, à savoir le logement. C'est le marqueur d'indépendance par excellence pour les diolas

. Ainsi, au sein d'une association, on peut lire à travers les interventions et les comportements, l'expression de ce pouvoir économique. Le pouvoir économique est plus visible. Il s'exprime à travers les événements tél que mariage ou baptême principalement

, Les migrants vont démontrer leur pouvoir économique dans ce type de manifestation, de par leurs habillements et l'organisation fastueuse. Cela permet de se démarquer socialement des autres. Pour un mariage, le montant des dépenses varient entre 20 000 et 30 000 euros. Ces dépenses sont essentiellement centrées sur les mariés, la location d'une voiture, la salle, la décoration

, Au début de l'immigration, les migrants diolas avaient une seule destination de vacances et c'était le pays d'origine. Ce qui va beaucoup changer avec les nouvelles générations d'immigrés diolas et les descendants des premiers migrants, qui eux vont beaucoup investir dans leur nouveau pays. Pour des populations traditionnellement égalitaristes, l'aisance économique va être un déterminant d'une nouvelle stratification sociale. Il y aura une transformation des valeurs sociales avec une évolution des besoins et surtout des éléments de prestige

, En échange de son don, tout est centré autour de lui. Il est, avec ses accompagnateurs, honoré et occupe la place d'honneur. Le temps d'une journée ou d'une soirée, il est le roi. Il existe à travers cette grande reconnaissance. Dans une société où l'aisance matérielle était jusque-là taboue, nous allons assister à un véritable étalage de richesse, La puissance du parrain ou de la marraine en contexte migratoire, outre son pouvoir économique, se mesurait par sa popularité et donc sa capacité de mobilisation

E. Ile-de-france, En avril 2014, lors d'une fête associative 361 , la marraine avait offert 1500 euros pour soutenir l'association qui l'avait choisie. Cela valorisait également l'entourage de la marraine, nous avons assisté à plusieurs cérémonies

, Ce qui renforce aussi, d'une certaine façon le pouvoir que peut détenir les associations, notamment, les membres des bureaux des dites associations. Cette reconnaissance était encore plus importante quand le choix se porte sur un migrant par les gens de son village d'origine. C'est un retour triomphal pour l'immigré parti du village. Il est donc compréhensible que des migrants puissent s'activer, Etre choisi parrain ou marraine était si important, qu'il va parfois être l'objet de lobbying auprès des décideurs

J. Filaf, , vol.14, 2014.

. Visibilité, Ils investissent la terre, qu'ils ont quittée, pour s'expatrier. Ne pas être reconnu par le village, est une rupture et un rejet que les immigrés ne peuvent concevoir

E. En-fait and L. Fait-de-s'investir, Au cours des débats sur les problèmes des associations de villages, on entend souvent quelqu'un dire « Personne n'aime mon village plus que moi ». Par contre, on ne l'entend jamais d'une collectivité locale. Le village, est fait pour être adulé. Les communes, le département ou encore la région, on s'en sert. C'est un outil de développement. Cela les immigrés l'ont bien compris, mais n'arrivent pas encore, à transcender, un amour et une volonté de propulser leur village devant. Ce qui est difficile à concevoir pour ces migrants, c'est d'accepter que développer une commune, c'est développer leur village. Dans ce cas, développer le village, est une auto réalisation. La réussite du village est un signe évident de la réussite de ses migrants. C'est le village qui doit briller. Mais dans l'imaginaire des migrants, le village ne doit pas briller, sans eux. En fait, une certitude ressort de nos différentes rencontres, pour reprendre les propos d'un migrant que nous avons interrogé lors du master : les « diolas sont centrés sur le village, et au sein du village ils sont centrés sur leur quartier

, Comment intégrer les migrants diolas, dans une nouvelle dynamique de développement, qui doit placer la commune d'abord, le département et enfin la région, La question du territoire, va toujours ressurgir

, Au-delà, d'un affrontement, pour la réalisation des projets, il y'a la question existentielle, de compter parmi les siens. Le président de la communauté rurale cède la place à un maire dans ce nouveau découpage administratif. Mais, au-delà de ce fait, il y'a le recul des villages qui perdent de leurs pouvoirs au profit des communes. La terre qui était une propriété exclusive des familles, du village

L. Co, Marie Christine Cormier, dans un rapport de l'Orstom 367 , parle des expériences du PIDAC 368 et du SOMIVAC 369 , ou encore de la CARITAS 370 , pour fixer les populations diolas dans leurs villages. Il s'agit certes, de migrations saisonnières

. Cependant, on tient compte des modalités d'attributions des financements, on peut se 367 ORSTOM : Office de la recherche scientifique et technique outre-mer, remplacée par l

, PIDAC : Projet Intégré de Développement Agricole de la Casamance 369 SOMIVAC : Société de Mise en valeur de la Casamance 370 CARITAS : structure humanitaire fondée par le Secours catholique modifiée. Les populations locales

, Ce triangle, tient compte, cependant des politiques locales, et pour fonctionner, doit compter sur les migrants, qui servent de relais entre les locaux, et les bailleurs. Le véritable décideur est celui qui apporte ses capitaux. Cependant, ces capitaux, il ne peut les injecter, que dans le cadre d'une entente, d'accords préalables sur le principe du partenariat. L'enjeu majeur du Co-développement, c'est de défendre des projets plus importants, qui ne peuvent être soutenus, qui sont les bailleurs, les migrants et les populations locales

, Au niveau du PAISD, les associations de migrants diolas ne sont pas les plus engagées. Très peu de réalisations dans les régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda, portées par les associations de migrants diolas sont relevées par cette structure

, Il faudrait donc une meilleure compréhension de tous ces regroupements, qui, ont jusque-là oeuvré de façon solitaire et individuelle pour le développement de leurs villages d'origine

, Ils ont été formatés à une compétition entre villages, et non à se fédérer pour former des grands empires. Comment dans ce cas, penser à créer un empire, fut-ce un ensemble économique ? L'objectif, c'est d'arriver à fondre tous les intérêts et à développer une région, L'histoire des migrants diolas est faite de relation directe à un village

. Le-groupe-ethnique-diola-reste-une-théorie, Ainsi de partenaires avec les structures existantes dans le pays d'accueil, se développe une rivalité que l'on peine à dénoncer. Le malaise des immigrés face à ces situations est perceptible. Il faut aussi questionner la maitrise des règles de coopération de la part des parties concernées. Les rapports ne sont pas forcément Conclusion Les migrations, sont au coeur des débats internationaux actuels. Elles sont le problème. Quelles solutions faut-il apporter à ce phénomène ? Nous pensons, qu'il faut d'abord poser le débat et questionner les règles de départ. Ce qui est loin d'être simple. Notre constat est que l'immigration est prise dans une grande homogénéité qui nie la grande diversité du monde des migrants. A notre sens, un groupe qui a du mal à transcender les différences zonales et à s'unifier. En outre, en parlant de la coopération bilatérale, les immigrés se retrouvent frustrés à l'arrivée

, L'histoire des migrations, comme l'ont soutenu les premiers spécialistes des questions migratoires, comporte deux aspects qui vont nous permettre d'écrire cette grande histoire des migrations du monde : l'émigration et l'immigration

. Or, les analyses et les débats sur les migrations se résument surtout à l'immigration. Faut-il ignorer la part la plus importante, qui est la partie émigration ?

. C'est-cette-partie and . Qui, à notre sens permet de mieux cerner les phénomènes migratoires. Nous avons choisi d'interroger les migrations diolas

, nous en arrivons à la conclusion, qu'il y'a une base commune aux migrations, c'est la détermination de trouver un ailleurs meilleur que chez soi, ou plus clairement trouver quelque chose que l'on n'a pas chez soi. C'est la première explication que nous avons et que l

, Tableau récapitulatif des migrations et associations diolas ANNEES 1950, 1960.

, BIBLIOGRAPHIE Annales sénégalaises de 1854 à 1885 : suivi des traités passés avec les indigènes

P. Maisonneuve-frère and C. H. Leclerc, , p.1885

P. Ansart, Les sociologies contemporaines, troisième édition revue et augmentée, 1990.

W. Beaud-stéphane and . Florence, Plan annuel d'investissement 2009 de la Communauté rurale de Suelle BAUM, Robert, Shrines of the slave-trade. Diola religion and society in precolonial Senegambia, 1999.

U. Beck, Pouvoir et contre-pouvoir : à l'heure de la mondialisation, 2002.

Y. Benguigui, Mémoires d'immigrés : l'héritage maghrébin, 1997.

. Blanchet-alain and A. Gotman, L'enquête et ses méthodes, 2007.

A. L'entretien and . Colin, 126 p BONIN Hubert, CFAO (Compagnie française de l'Afrique occidentale) : cent ans de compétition, Economica, vol.560, 1987.

. Bosc-pierre-marie, Une organisation paysanne face à la gestion des ressources, Basse Casamance, Sénégal, CIRAD, 2005.

;. Bourdieu-pierre, E. Durkheim, L. Suicide, D. Louis, and J. Favret--saada, 182 p BOURDIEU, Pierre, « Les rites comme acte d'institution », in, Actes de la recherche en sciences sociales, La domination masculine, éditions du seuil, collection Points, vol.43, p.445, 1966.

. Feldman-nehara, L'ethnicisation des rapports de genre: les fonctions ambivalentes des femmes dans une association d'immigrés maliens Migrations Société: Femme dans la migration, vol.17, pp.107-118, 2005.

;. Vincent and C. Freedman-jane, Les relations hommes-femmes et la formation de l'identité casamançaise, 2000.

B. France, . Editorial, L. Friedberg-erhard, and . Pouvoir, Éditions du Seuil

. Godelier-maurice, Sociétés à big men, sociétés à grands hommes : figures du pouvoir en Nouvelle-Guinée, p.91, 1990.

. Girard-jean, Associations traditionnelles en Casamance et monde moderne

. Dakar, , vol.146, 1964.

. Girard-jean, Genèse du pouvoir charismatique en Basse-Casamance sénégal, vol.364, 1969.

. Guillo-bertrand-de-suduirant, Kassoumaye : Une case en Casamance, Confluences, 2005.

C. Guillaumin, Sexe, Race et Pratique du pouvoir : l'idée de Nature, 1992.

L. L'harmattan and . Nicole, Classes sociales et pouvoir : les théories fonctionnalistes, vol.360, 1978.

F. Linares-olga, Going to the city... and coming back? Turnaround migration among the Jola of Senegal, Africa: Journal of the International African Institute, vol.73, pp.113-132, 2003.

S. Linares-de, Olga « Shell middens of lower Casamance and problems of

». Diola-protohistory, West African Journal of Archaeology

. Ibadan, , vol.I, pp.23-54, 1971.

F. Linares-olga, . Prayer, . Power, and . Production,

. Senegal, , pp.280-1992

. Manga-jean-baptiste and . Valter, Chanter les ancêtres pour enraciner les vivants chez les Jóola de Casamance

. Manga-jean-baptiste and . Valter, Une monarchie dans un état postcolonial

, Anthropologie de la royauté à Oussouye (Sénégal) thèse soutenue le 05 février, 2015.

P. Marchesin, Les nouvelles menaces : les relations Nord-Sud des années 1980 à nos jours, Karthala MARUT Jean Claude La question de Casamance (Sénégal), vol.8, 1999.

;. Mathieu-nicole-claude, . Mc-dowell-linda, . Gender, . Identity, and . Place, Les difficultés d'implantation de la chefferie coloniale dans les pays diola de Basse Casamance, Place et rôle des femmes dans les stratégies de reproduction sociale familiale en milieu rural de Basse Casamance, vol.89, pp.2-7384, 1988.

. Pare-ibrahima, Évolution économique de la Casamance, vol.130, pp.1880-1930, 1981.

, Les paysans du Sénégal. Les civilisations agraires du Cayor à la Casamance, 1966.

A. Petit, Des funérailles de l'entre-deux Rituels funéraires des migrants

, Manjak en France Archives de sciences sociales des religions, pp.131-132, 2005.

. Pheterson-gail, . Le-prisme-de-la-prostitution, L. Paris, B. 'harmattan, ;. Du-féminisme et al., Théories de l'ethnicité suivi de Fredrik Barth, Les groupes ethniques et leurs frontières, PUF, Paris, 270 p QUIMINAL Catherine; TIMERA Mahamet 1974-2002 Les mutations de l'immigration ouest africaine, Hommes et migrations, vol.211, pp.19-32, 1997.

. Quiminal-catherine and . Emigrés, immigrés : de l'associatif au politique, vol.24, pp.91-110, 2005.

;. Quiminal-catherine, C. Gens-d'ici, . Bourgeois, ;. Andréa, and . Tripier-maryse, Sociologie de l'immigration, La découverte, 123p. ROBIN Nelly, « Le déracinement des populations en Casamance. Un défi pour l'État de droit, Revue européenne des migrations internationales, vol.22, pp.153-181, 1991.

. Roche-christian, Histoire de la Casamance, Conquête et résistance : 1850-1920, Karthala, vol.408, 1976.

. Rowland-robyn, Woman herself : a transdisciplinary perspective on women's identity, vol.232, 1952.

L. Sabatier-antoine and . Sénégal, sa conquête, son organisation, pp.1364-1925

. Saglio-christian, L. Casamance, and . 'harmattan, , vol.176, pp.2-85802, 2004.

. Sayad-abdelmalek, L'immigration ou les paradoxes de l'altérité : 2. Les enfants illégitimes SAYAD Abdelmaleck, 1999, La double absence, des illusions aux souffrances de l'immigré, p.448, 2006.

G. Snyder-francis, Capitalism and Legal Change: An African Transformation, vol.334, 1981.

G. Snyder-francis and . Land, Law and Economic Change in Rural Senegal: Diola Pledge Transactions and Disputes, Social Anthropology and Law, vol.14

S. York and . Francisco, , pp.113-158, 1977.

P. Tabet, Sexualité des femmes et échange économico-sexuel, 1998.

. Sénégal, , vol.383, pp.1816-1920, 1974.

. Teixeira-maria and . Sorcellerie, Les Soninkés en France : D'une histoire à l'autre, Karthala VAN DEN BERGHEN Constant et MANGA Adrien, Une introduction à un voyage en Casamance : Enampor, un village de riziculteurs en Casamance, Cahiers d'études africaines, vol.292, p.2738479618, 1996.

. Weber-florence, W. Côté-:-Étude-d'ethnographie-ouvrière, and . Max, Economie et société, p.1, 1971.

. Weber-max, L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, 2000.

S. London, Y. Publications-ltd, and . Nira, Gender and Nation, 1997.