, La prépondérance assumée de l'imagination littéraire sur le fait historique a conduit Usigli, comme nous l'avons vu, à revendiquer « la vérité poétique » face au « caractère historique ». Pour sa part, le narrateur-auteur de Noticias del Imperio tente de se montrer plus conciliant quant à la reconnaissance du facteur historique dans la construction du roman. La réponse à cette question, comme l'admet ce narrateur, réside davantage dans la sincérité de l'historiographe plongé dans ses sources que dans la véracité historique. On peut affirmer que c'est dans ce principe que réside ce que certains critiques qui ont écrit sur Noticias del Imperio telles que Nathalie Sagnes ou Elisabeth Corral Peña considèrent comme rigueur historique. Tout d'abord, comme l'a affirmé Jacques Le Goff, ce que vient confirmer Del Paso, le rejet d'une idéalisation de l'histoire, sacralisée de façon immuable en Histoire avec un H majuscule, se fait évident. L'histoire n'a pas de privilégiés, réaffirme et donc relativise l'historien français : « tout est historique, donc l'Histoire n'existe pas ». Par ailleurs, et sur ce point Del Paso et Meyer s'accordent, « l'histoire des événements, des Mexicains » : un narrateur-auteur, assumant le rôle d'historiographe, y théorise sur un phénomène qu'il appelle « la fascination de l'histoire » et qui a concerné bon nombre d'écrivains

J. Meyer, Ce statut de scribe se voit « choisi » pour concrétiser les acteurs de l'Intervention ; cependant, l'historien met en garde : cela implique une responsabilité, une obligation morale que le narrateur-historien définit comme un phénomène humain. Ainsi le narrateur-historien précise quel est le code de l'historien, revendiquant ainsi une singularité marquante face à l'impossibilité d'appréhender le fait historique et à la tentation de céder à la littérature, véritable chant de sirènes. C'est ainsi qu, comme nous pouvons l'observer tout au long de Yo, el francés, admet pour sa part que la frontière entre les domaines historique et littéraire est un fantasme planant constamment sur l'historien, influençant également sa façon de relater les faits, conformément au principe de rhétorique de Cicéron qui énonce : « docere, delectare, movere

J. Goff, considère comme le privilège visuel de l'historien, tout à la fois voyant et voyeur

, Comme nous l'avons déjà étudié dans notre première approche du roman de Fernando del Paso, aussi bien l'imagination littéraire appliquée à l'histoire et au personnage historique que les différents modes et les différentes distances assumées par la voix narrative, exercent sans limite et sans interdit ce privilège du voyeur. Cependant dans le travail de non-fiction de Jean Meyer, comme on peut le constater à la lecture de l'ouvrage, ce voyeurisme trouve des limites, qui sont les limites de la vérification du fait historique, et l'historien adhère à certaines règles préétablies. « Il indique ses trucs » comme l'explique le narrateur-historien. C'est en ce sens que s'établit chez le narrateurhistorien une sorte d'impunité de la première personne, dont l'authenticité reste évidente, contrastant avec les pièges auxquels a recours la voix narrative dans le roman. Cette voix ne réclame pas la moindre légitimation à son lecteur, Si nous appliquons cette définition classique de l'historien à l'instance narrative de Noticias del Imperio ainsi qu'à celle de Yo, el francés, nous pouvons dire que dans ces deux oeuvres, le voyeurisme de l'histoire s'exerce à différents degrés

. Ainsi, D. Dans-l'oeuvre-de, and . Paso, le caractère fictionnel et ludique s'impose à son caractère référentiel ; par conséquent, le savoir historique, malgré la rigueur de ses sources, ne manque pas de se remettre en question, jusqu'à faire perdre au lecteur, par moments, toute confiance et toute certitude dans la version qui lui est livrée

. Meyer, il met en exergue l'engagement du narrateur-historien, aussi bien envers le récepteur de son oeuvre, qu'envers les faits et les personnages de son récit. La compilation minutieuse de la mémoire épistolaire que recèle la correspondance entre ces militaires et leur famille qu'à réalisée Jean Meyer, constitue un autre exemple, car il s'agit bien de documents écrits, des façons différentes dont travaillent le romancier et l'historien. Fernando del Paso, comme nous pouvons l'observer dans son roman, faisant appel à la sincérité narrative d'un historien fidèle à ses références et à ses sources

, En résumé, dans Noticias del Imperio, le narrateur-historiographe préfère donner une grande liberté à son hypothétique lecteur afin que ce dernier puisse exercer une liberté à l'égard de l'information reçue, lui donnant même la possibilité de la visualiser comme un modèle

Q. Au-narrateur-historiographe-de-yo, qui prend la part de responsabilité que lui confère sa fonction, il opte pour transmettre au lecteur un compromis entre la valeur de l'histoire et celle des histoires que lui-même privilégie. Ainsi, Jean Meyer assume le fait que le caractère limité de la vérité historique fait partie de la défaite de l'historien face au romancier. Toutefois, c'est dans cette défaite que réside la beauté de l'histoire, ou mieux, de ce conglomérat de microhistoires. Une beauté qui, comme celle du diamant brut, réside dans l'éclat de sa pureté : « Tu es historien, mais ce que tu aimes, c'est une histoire comme celle-là

M. Jean, , p.20

L. By, D. Biart, and . Flor, 1877) by Gustave Aimard and, on the Mexican side, 1868.

. Mateos, We have completed our analysis with a complementary study of El Tuerto es Rey (1970) by Carlos Fuentes. Regarding more contemporaneous historic and literary creations, we chose to include Noticias del Imperio, 1943.

, Second Mexican Empire, exotism, serialized fiction, historic drama, historic novel, Mexican identity, Mexicanity, poetic, semiotic ; Tragedy, collective memory, historiography, French Intervention

, ED 120 -Littérature française et comparée. 4, rue des irlandais75005 PARIS