L'image des légumes : discours, représentations, et pratiques de consommation en France - TEL - Thèses en ligne Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2018

The image of vegetables : speeches, representation and consumption habits in France

L'image des légumes : discours, représentations, et pratiques de consommation en France

Résumé

Since the establishment of the PNNS (National Health Nutrition Program) in 2001 in France, everyone knows that we must eat vegetables daily, and from a very young age, to enjoy a balanced diet. In the country whose "gastronomic meal" was certified in 2010 by the UNESCO Intergovernmental Committee for the Safeguarding of the Intangible Cultural Heritage of Humanity, the food culture has, for twenty years, seen its tradition based on on taste and commensality, disrupted by an increasingly functional approach to nutrition, focused on nutrition and health.The French eater is, in this context, beset by contradictory discourses on food, but which tend for the most part to make him responsible and potentially to make him feel guilty. Impregnated with a food culture of pleasure and freedom, it undergoes a real upheaval of the values ​​related to food.One could then think that the practices have changed and that the consumption of vegetables, today highlighted by the public health policies, has strongly increased. Paradoxically, this is not the case. The latest CREDOC study even shows that "in 2016 (...) we have never had so many large consumers of fruits and vegetables, whether in children or adults. "(2017). In addition, "reaching the benchmark of five fruits and vegetables a day is primarily done by consuming more fresh fruit" (Ibid.).However, while the latest studies show a general decline in vegetable consumption, the certified classes of society are the only ones that maintain a higher consumption, mainly of fresh vegetables. The question then is whether the vegetable would not be on the way to becoming a new distinctive food, concentrating the dominant values ​​of our super-modern society (Augé, 1994) taken over by the "upper middle" categories, such as freshness, lightness, naturalness, etc. If we can bet a diffusion of practices today minority from the top of the social ladder down, following the theories of social innovation observed throughout history, it seems relevant to be interested the brakes and levers, beyond the material conditions, the consumption of vegetables among these eaters.To understand, interpret and analyze the consumption of vegetables in France, it is a question here of studying the imaginary that they deploy among the most consuming eaters, because if "all social fact must be studied from the material and from the mental point of view "(Corbeau, Poulain, 2002), the parameters of rational choice are far from sufficient, in the case of food in general, and vegetables in particular, to understand their low consumption. In this context, the consumption of vegetables is understood as a source of distinction and social integration.From the field survey on 20 eaters, limited in number but extended by the multiple survey protocols deployed, from socioprofessional categories graduates, it is to understand the relationship between sensory experience and even polysensory, sensitive (multimodal) attached to vegetables and concomitant representations.From the tasting experience to the "image of taste" (Boutaud, 2005) of vegetables, through the context and the modalities of their consumption, the idea is to grasp, on the ground and in a very concrete way, the way in which the numerous media discourses on vegetables, constitutive of social imaginaries on the subject, are received, perceived, appropriate and more or less integrated into the practices of the eaters, themselves located at the crossroads of a bundle of favorable factors or not in the image of vegetables, at different scales, consciously or unconsciously.
Depuis la mise en place du PNNS (Programme National Nutrition Santé) en 2001 en France, chacun sait qu'il faut manger des légumes quotidiennement, et ce depuis le plus jeune âge, pour bénéficier d'une alimentation équilibrée. Dans le pays dont le « repas gastronomique » a été labellisé en 2010 par le comité intergouvernemental de l'UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine immatériel de l'humanité, la culture alimentaire a donc vu, depuis une vingtaine d'années, sa tradition basée sur le goût et la commensalité, bouleversée par une approche de plus en plus fonctionnelle de l'alimentation, centrée sur la nutrition et la santé.Le mangeur français est, dans ce contexte, assailli de discours contradictoires sur l'alimentation, mais qui tendent pour la plupart à le responsabiliser et potentiellement à le culpabiliser. Imprégné d'une culture alimentaire de plaisir et de liberté, il subit un véritable bouleversement des valeurs liées à l'alimentation.On pourrait alors penser que les pratiques ont changé et que la consommation de légumes, aujourd’hui mise en valeur par les politiques de santé publiques, a fortement augmenté. Paradoxalement, ce n'est pas le cas. La dernière étude du CREDOC montre même qu’« en 2016 (…) on n’a jamais eu aussi peu de grands consommateurs de fruits et légumes, que ce soit chez les enfants ou les adultes. » (2017). Par ailleurs, « l’atteinte du repère de cinq fruits et légumes par jour se fait avant tout en consommant plus de fruits frais » (Ibid.).Or si les dernières études montrent une baisse générale de la consommation des légumes, les classes diplômées de la société sont les seules qui conservent une consommation plus forte, principalement de légumes frais. La question est alors de savoir si le légume ne serait pas en passe de devenir un nouvel aliment distinctif, concentrant les valeurs dominantes de notre société surmoderne (Augé, 1994) reprises à leur compte par les catégories « moyennes supérieures », telles la fraîcheur, la légèreté, le naturel, etc. Si l’on peut gager une diffusion des pratiques aujourd’hui minoritaires du haut de l’échelle sociale vers le bas, suivant par là les théories de l’innovation sociale observées au fil de l’histoire, il semble pertinent de s’intéresser aux freins et leviers, au-delà des conditions matérielles, de la consommation des légumes chez ces mangeurs.Pour comprendre, interpréter, analyser la consommation des légumes en France, il s’agit ici d’étudier l'imaginaire qu'ils déploient chez les mangeurs les plus consommateurs, car si « tout fait social doit être étudié sous l'angle matériel et sous l'angle mental » (Corbeau, Poulain, 2002), les paramètres du choix rationnel sont loin d'être suffisants, dans le cas de l'alimentation en général, et des légumes en particulier, pour comprendre leur faible consommation. Dans ce cadre, la consommation de légumes est appréhendée comme source de distinction et d’intégration sociale.A partir de l’enquête de terrain sur 20 mangeurs, restreinte en nombre mais étendue de par les multiples protocoles d’enquêtes déployés, issus de catégories socioprofessionnelles diplômées, il s’agit de comprendre le rapport entre l'expérience sensorielle et même polysensorielle, sensible (multimodale) attachée aux légumes et les représentations concomitantes.De l’expérience de dégustation à l’ « image du goût » (Boutaud, 2005) des légumes, en passant par le contexte et les modalités de leur consommation, l’idée est de saisir, sur le terrain et de façon très concrète, la manière dont les discours médiatiques nombreux sur les légumes, constitutifs des imaginaires sociaux sur le sujet, sont reçus, perçus, appropriés et plus ou moins intégrés dans les pratiques des mangeurs, eux-mêmes situés à la croisée d’un faisceau de facteurs favorables ou non à l’image des légumes, à différentes échelles, consciemment ou inconsciemment.
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tel-02071265 , version 1 (18-03-2019)

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  • HAL Id : tel-02071265 , version 1

Citer

Hélène Burzala Burzala-Ory. L'image des légumes : discours, représentations, et pratiques de consommation en France. Sciences de l'information et de la communication. Université Bourgogne Franche-Comté, 2018. Français. ⟨NNT : 2018UBFCH036⟩. ⟨tel-02071265⟩
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