, Elle pourrait s'apparier au "mystère" de la poésie suivant Jean Paulhan, 855 à une piste pour "élargir la psychanalyse" comme semble l'indiquer le sous-titre de l'ouvrage de Michel Bousseyroux, thérapeute dans la "vignette" n'est pas exempt d'effets poétiques

J. Lacan, Et qui s'écrit, malgré qu'il ait l'air d'être sujet [?] J'écris pourtant, dans la mesure où je crois le devoir, pour être au pair avec ces cas, faire avec eux la paire, p.857

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, Présentations de malades de Jacques Lacan

, Mademoiselle Viviane, retranscription de la présentation du 30 avril 1976

, Aucune description de Mademoiselle Viviane par des médecins de l'hôpital Sainte-Anne n'accompagne cette présentation, Cette présentation correspond au cas numéro 7 du site de Patrick Valas 923

, Mlle Viviane marche jusqu'au fond de la salle et revient auprès du Docteur Lacan

, Mlle Viviane-Vous voyez, j'ai fait la promenade

, Dr Lacan-Dites-moi, est-ce que vous étiez comme ça avant vos médicaments ? Mlle Viviane-Non

, Dr Lacan-Vous vous rendez compte que vous êtes un peu

, Mlle Viviane-Un peu figée, oui, oui, c'est ça, je suis un peu figée : cela fait une différence, n'est-ce pas ?

, Dr Lacan-Vous devez vous rendre compte que ça a cet effet ; enfin, étant donné les médicaments que vous avez, c'est frappant

M. Viviane-oui,

, Dr Lacan-Alors, racontez-moi un peu les choses, puisque vous me dites que vous êtes en pleine forme, c'est une occasion pour le montrer

, Mlle Viviane-Le montrer par les médicaments... par la gentillesse des malades

, Dr Lacan-Il est très chic avec vous, c'est certain

, Mlle Viviane-Qu'est-ce qu'il vous a dit ?

, Dr Lacan-Il m'a parlé un peu de ce qui vous est arrivé dans votre enfance

, Mlle Viviane-Oui ?

, Dr Lacan-Racontez-moi ça ; si ça vous paraît déjà suffisant. Sans ça, je vous poserai des questions plus précises

, Mlle Viviane-Posez des questions

, Dr Lacan-Vous pouvez me dire dans quelle atmosphère votre enfance s'est passée

, Mlle Viviane-L'atmosphère où je me trouve ?

. Agadir, Dr Lacan-Racontez-moi votre histoire, qui commence, si j'ai bien entendu

, Mlle Viviane-Il y a eu la séparation de mes parents, qui m'a choquée énormément

, Dr Lacan-Qui s'est produite quand vous aviez quel âge ?

, Mlle Viviane-Seize ans. Alors, ça m'a tellement choquée que je suis tombée malade, et j'ai passé le CAP de sténodactylo en France et j'ai échoué

, Dr Lacan-Vous avez échoué à quoi ?

M. Viviane-au-cap-de-sténodactylo,

, Dr Lacan-Vous avez échoué ?

M. Viviane and -. Malade,

, Dr Lacan-Je croyais... j'ai cru comprendre que vous l'aviez, ce CAP

M. Viviane-non and . France, Je l'ai passé au Maroc vers treize ans ; et alors, après ça, j'ai eu un amour avec un jeune homme, puis j'ai été assez touchée par la rupture : la rupture m'a causé beaucoup de chagrin

, Dr Lacan-Expliquez-moi comment s'est produite cette rupture. Comment s'appelait ce jeune homme... si ça ne vous ennuie pas de le dire

M. Viviane-hubert,

D. Lacan-hubert and O. ,

, Mlle Viviane-Sa rupture a été très nette... très nette. C'était très net, et le motif de sa rupture

, Dr Lacan-Racontez-moi un peu ce qui s'est passé autour ; comment le connaissiez-vous ce jeune homme ? Mlle Viviane-Je l'avais connu au Maroc, à la plage, par l'intermédiaire de mon père, qui est professeur de maths. Je connaissais ce jeune homme

, Dr Lacan-Ce jeune homme, qui avait avec vous, si j'ai bien compris, du fait de votre père, quelles relations ? Mlle Viviane-Des relations très courtoises

, Dr Lacan-Qu'est-ce qu'il faisait avec vous, ce jeune homme ?

, Mlle Viviane-On se fréquentait

, Dr Lacan-Qu'est-ce que veut dire "on se fréquentait

, Mlle Viviane-Il était seul. Je me promenais avec lui. Je pouvais faire tout avec lui, sauf ce que je pense

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous voulez dire, en disant "sauf ce que je pense

, Dr Lacan-Quelle était la position qu'avait votre père ?

, Mlle Viviane-Mon père était contre. Ma mère était contre. Mes parents étaient contre ça. Ils ne voulaient pas que je fréquente

, Dr Lacan-C'est votre père qui vous l'a présenté. Il vous l'a présenté à quel titre ? Qu'est-ce qu'il faisait auprès de vous ?

M. Viviane-qu, est-ce qu'il faisait auprès de moi, mon père ou l'ami ? Dr Lacan-L'ami en question

, Je suis tombée amoureuse à l'âge de 16 ans, et c'était le grand amour, Mlle Viviane-Il voulait me donner des cours de mathématiques et d'anglais

, Dr Lacan-Vous étiez en France là ?

M. Viviane-oui,

, Dr Lacan-Et vous dites que c'est à Agadir que vous l'avez connu ?

, Le CAP, je l'ai manqué deux fois, j'ai passé deux ans à Agadir et je suis revenue un an à Paris

, Dr Lacan-En tout ? Mlle Viviane-Oui

, Dr Lacan-12 ans au Maroc, ça veut dire quoi, puisque vous me dites que vous l'avez quitté à

, Mlle Viviane-À l'âge de 16 ans

, Dr Lacan-À l'âge de 16 ans. Vous voulez dire quoi ? Que vous avez passé 12 ans au Maroc ? Il reste 4 ans ? Mlle Viviane-Oui

, Dr Lacan-Et ces 4 ans, où les avez-vous passés ?

, On n'a pas vécu toujours dans le même pays, j'ai vécu 2 ans à Inisgane, 2 ans à (blanc) et le reste du temps à Agadir. Voilà. Et ensuite, dans un hôpital. À cause de la rupture du jeune homme. On m'a empêchée de me suicider

, Dr Lacan-Vous vouliez vous suicider ?

, Mlle Viviane-Et un jeune homme m'a empêchée de me suicider à cause de son amour envers moi

, Dr Lacan-Jeune homme ?

, Mlle Viviane-Il s'appelle Jean-Pierre

, Dr Lacan-Qui était ce jeune homme ?

, Mlle Viviane-C'est un jeune homme qui travaillait bien, qui était sérieux

, Dr Lacan-Il vous a empêchée de vous suicider... vous étiez en train de faire quoi ? Mlle Viviane-Me jeter au métro

.. Dr-lacan-vous-jeter,

, Mlle Viviane-Au métro. Il m'en a empêchée

, Dr Lacan-Qui était ce Jean-Pierre ?

, Mlle Viviane-C'est un jeune homme sérieux, qui a du travail

, Dr Lacan-Qu'est-ce qu'il avait affaire avec vous ce Jean-Pierre ?

, Mlle Viviane-Il me courait après

, Dr Lacan-Il vous courait après... alors, c'était lui qui était amoureux de vous, p.312

, Nous avons été partout. Il a une voiture blanche, une DS qu'il avait comme voiture, et je le voyais partout, ça me réconfortait. Puis après

, Dr Lacan-Après il y a eu... expliquez-moi bien ce malentendu

, Mlle Viviane-C'est à cause d'une femme, une personne dont je ne dirai pas le nom. C'est comme ça

, Dr Lacan-Qui était cette personne ? Situez-la quand même ?

, Dr Lacan-Expliquez-moi

, Mlle Viviane-C'est-à-dire que Francette, ma soeur, voulait sa liberté. Elle voulait vivre indépendante de ma mère

, Dr Lacan-Parce que vous avez une soeur ? Vous pouvez peut-être me dire son nom ? Mlle Viviane-Francette

, Dr Lacan-Alors, cette Francette, elle a quel âge par rapport à vous ?

, Mlle Viviane-16 ans, 17 ans à l'heure actuelle

, Et quelle a été l'action de cette femme ?

, Mlle Viviane-L'action de la femme a été qu'elle voulait éblouir l'enfant pour profiter de sa mère

, Dr Lacan-Mais qu'est-ce qu'elle fait dans la vie cette femme, qui en somme, si j'ai bien compris

M. Viviane-elle-travaille,

, Dr Lacan-Elle travaille où ?

, Mlle Viviane-Comme coiffeuse, dans mon quartier

, Dr Lacan-Quel rapport entre cette femme et Jean-Pierre ? Parce que vous me dites qu'elle a joué un

, Mlle Viviane-Elle lui a sûrement monté la tête à Jean-Pierre, qui est venu se confier à elle, dans sa naïveté

, Dr Lacan-Il est venu se confier à elle... qu'est-ce que vous imaginez ?

, Mlle Viviane-Je n'imagine rien du tout ; je mets les choses où elles sont. Elle a enlevé l'enfant de ma mère ; ma soeur était d'accord. Elle est venue tout de suite se réfugier auprès de la dame qui était tuteur noir sur blanc

D. Lacan-la-dame and .. , Il y avait une dame qui était tuteur ?

M. Viviane-oui, Ils ont dit dans le papier de loi que France habitera chez la dame, et que ma mère est impuissante du point de vue matériel, que France vivra chez Mme M. et chez M. M

, Dr Lacan-Et où vit-elle, votre mère ?

M. Viviane and -. Paris, , vol.17

, Mon père doit m'envoyer dans un foyer d'accueil, comme quoi je suis indépendante, ou bien le Docteur Gorog va me chercher un logement pour que je sois indépendante, autonome vis-à-vis de mes parents, que je sois plus majeure que ça

, Dr Lacan-Qui veut ça ?

M. Viviane-ma-mère,-mon-père, . Le-docteur, and . Gorog, Ils veulent que je sois autonome, indépendante, vis-à-vis de ma mère, ça donnera moins de soucis

, Dr Lacan-Est-ce que vous savez que c'est votre mère qui vous a placée ici

, Mlle Viviane-Elle m'a placée ici parce que j'ai eu un gros chagrin

, Dr Lacan-Peut-être pouvez-vous me dire de quel ordre est ce choc psychologique

, Mlle Viviane-Certains moments, ça va bien, et tout d'un coup, il arrive un mauvais, une mauvaise nouvelle. Alors, ça m'a choquée et c'est ça qui m'a fait pleurer, et que je suis à l'hôpital à cause de ça. Sinon, je suis habituée ça se passe bien, ça se passe très mal

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui s'est passé très mal ?

, Mlle Viviane-J'étais très malade

, Dr Lacan-Vous connaissiez qui ?

, Mlle Viviane-Un jeune homme, Samuel. C'est moi-même qui l'ai nommé Samuel

, Dr Lacan-C'est vous-même qui l'avez nommé Samuel ? Et comment il est apparu dans votre vie

, Mlle Viviane-Il est apparu dans le sentiment

, Dr Lacan-Pourquoi dites-vous que c'est vous qui l'avez appelé Samuel ? Il ne s'appelle pas Samuel ? Mlle Viviane-Non, c'est moi qui l'ai nommé, qui lui ai donné son petit nom

, Dr Lacan-Oui, vous vous rendez compte que vous avez choisi ce nom

M. Viviane-romantique,

O. Dr-lacan-romantique, Mais quel est le mode de présence de ce Samuel dans votre vie ?

, Mlle Viviane-Le mode de présence, c'est pour mon bien-être, pour ma protection, etc. Après ; il allait très mal, il était très malade ; c'est ça qui m'a choquée le plus

, Dr Lacan-Dites-moi, par qui a-t-il été introduit dans votre vie

, Mlle Viviane-Par la rencontre d'inconnus. Je lui étais inconnue, il m'était inconnu

, Dr Lacan-Vous savez qu'il est aide-comptable ?

, Mlle Viviane-Oui, voilà. Il habitait juste près de chez moi

, Dr Lacan-Il habitait près de chez vous, c'est-à-dire près de l'endroit où vous viviez jusqu'à présent, c'est-à-dire, si j'ai bien compris, avec votre mère ? Vous viviez avec votre mère ?

, Mlle Viviane-Oui, je vivais avec ma mère, je vivais près de Maman, il était juste à côté de chez moi

, Dr Lacan-C'est-à-dire qu'il habitait rue des Dames ? 314

, Mlle Viviane-Oui, rue des Dames, mais pas maritalement. Il vivait avec? dans une maison à côté

, Dr Lacan-Il vivait avec? qu'est-ce que ça veut dire ? Il vivait maritalement ?

, Mlle Viviane-Non, il vivait juste à côté de chez moi

, Dr Lacan-Mais avec qui ? Avec qui il y a un rapport marital ?

, Mlle Viviane-Avec personne. Il vivait près de moi parce qu'il avait un sentiment pour moi, c'est tout

, Dr Lacan-Pourquoi avec-vous parlé de vivre maritalement ? C'est à propos de qui ?

, Mlle Viviane-De personne. Je ne vivais pas maritalement avec lui

, Dr Lacan-Qui est cette personne ?

M. Viviane-cette-personne,-c'est-un-ami-À-moi-que, Il était très chic, très honorable ; il n'a été introduit par personne, c'a été un hasard, on s'est rencontré comme ça

D. Lacan-expliquez,

, Mlle Viviane-Parce qu'il est tombé malade, la pleurésie. J'essaie de le sauver par tous les moyens

, Dr Lacan-Qu'est-ce que ça veut dire, par tous les moyens ?

, Mlle Viviane-Par l'affection et la compréhension, parce qu'il se trouvait tout seul

, Dr Lacan-Quel a été l'ordre de votre présence auprès de ce Samuel ? Vous alliez le voir quand il était à l'hôpital

, il ne me l'avait pas dit parce qu'il ne voulait pas que je pleure. C'est lui qui était venu me voir en se trompant d'étage. Il a été en prison. J'ai cité trois témoignages pour le défendre de la prison

, Dr Lacan-Oui, alors, ça veut dire quoi ? Qu'il a tout à fait supplanté dans votre esprit ce Jean-Pierre ?

. Mlle-viviane-oui and . Jean-pierre,

. Dr-lacan-ce-jean-pierre,

, Mlle Viviane-Par moments, des fois, j'ai des souvenirs qui me restent encore dans ma conscience

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous voulez dire, des souvenirs ?

, Mlle Viviane-Des souvenirs avec le jeune homme que j'aimais

, Dr Lacan-Vous parlez de qui ?

M. Viviane-de-jean-pierre,

D. Lacan-de-jean-pierre,

M. Viviane-oui,

, Dr Lacan-Quel était ce jeune homme que vous voyiez dans une voiture blanche, toujours la même et qui, si j'ai bien compris, s'occupait beaucoup de vous ?

, Mlle Viviane-Oui, il s'occupait beaucoup de moi, il voulait m'épouser, moi aussi

M. Viviane-oui, Je le voyais partout, il me suivait partout. Il me courait après. Il ressentait des sentiments vis-à-vis de moi. Il avait du sentiment. La nature des relations, c'a été d'abord l'amitié

, Dr Lacan-Mais d'où venait-il, lui ? Parce que la voiture blanche, ce n'est pas le signe que vous connaissiez son adresse

, Mlle Viviane-Non, je ne la connaissais pas. Il me suivait partout, mais je ne connaissais pas son adresse

, Dr Lacan-Où est-ce qu'il habitait ?

, Mlle Viviane-À la rue des Peupliers

, Dr Lacan-Et comment l'avez-vous su ?

, Mlle Viviane-Parce que je l'ai vu monter les escaliers, je sais où il habite, je me rappelle bien. Il n'habite plus ici. Et alors, je savais où il habite

D. Lacan-qu, est-ce que vous appelez, dans cette occasion, mésentente ? Mlle Viviane-Ça veut dire qu'on s'est mal compris

, Dr Lacan-Vous avez déjà parlé de ce malentendu, ou mal compris. Mais j'aimerais savoir au moins l'idée que vous vous êtes faite de ce malentendu

, Mlle Viviane-Mal compris, parce qu'on devait se rencontrer, un événement est survenu ; ça s'est passé autrement

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui est survenu ?

M. Viviane-la-dispute, Ses parents l'ont disputé, au garçon. Le malentendu, voilà. C'est le malentendu, et après je n'ai plus pensé à ça

, Dr Lacan-Vous n'avez plus pensé à lui ?

M. Viviane-non, Je pense souvent à lui encore, un bon souvenir. Maintenant, je ne sais plus où il habite, je ne sais plus s'il est toujours au même endroit. Je ne sais pas? c'est malheureux. Ça, c'est la vie

, Dr Lacan-Vous dites dans la vie?

, On peut toujours imaginer la vie, le rêve. La vie n'est pas un film. Je me suis rendu compte que dans la vie, plus on est adulte, plus il faut faire face aux difficultés. Voilà? voilà. Je peux vous en raconter plus, Mlle Viviane-Il y a des hauts et des bas

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous attendez, maintenant, de ce Samuel ?

, Mlle Viviane-Je n'attends rien du tout. J'espère qu'on va se retrouver

, Dr Lacan-Vous espérez ?

, Mlle Viviane-Oui, j'espère

, Dr Lacan-Ce Samuel, c'est bien celui dont vous dites qu'il habite près de chez vous ?

, Mlle Viviane-Oui, il habitait près de chez moi. C'est fini, il n'y habite plus. Mais je crois qu'il habite rue? Dr Lacan-Rue ? 317

, Mlle Viviane-Rue des Dames. J'espère le retrouver dans les mêmes conditions, en bonne santé, un bon moral, etc. Je ne me souviens plus où il habite

, Dr Lacan-Vous attendez quand même quelque chose, puisque vous avez dit : j'espère que?

M. Viviane-oui, Ça se passera autrement, ça se passera très bien

, Dr Lacan-Et jusqu'où vous espérez que les choses iront ?

M. Viviane-eh-bien, . Ça-ira-dans-l'intimité-tenace, and . Voilà, Jusqu'à ça peut aller ? C'est peut-être de l'amour, je ne sais pas, on verra bien ce qui se passera. Voilà. En disant ça, j'explique les choses, c'est vrai ce que j'ai dit

, Dr Lacan-Non, non, mais je ne pense pas du tout rien de pareil

, Mlle Viviane-Alors, c'est tout ce que vous racontez ? Vous pouvez me poser d'autres questions si vous désirez, je répondrai (illisible). Il faut franchir les barrières, il faut être courageux

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous espérez franchir, avec ce Samuel ?

, Mlle Viviane-Toutes les difficultés, avec un grand ami

, Dr Lacan-Est-ce que vous espérez vous marier avec lui ? Je peux bien poser cette question

, Mlle Viviane-Pour l'instant, je n'y pense pas. Je pense surtout à l'amitié. J'ai besoin de contacts humains

, Dr Lacan-Ces contacts humains?

, Je me suis fait des amis, lui c'est pareil, moi c'est pareil

, Dr Lacan-Est-ce que, par exemple, il y a quelqu'un qui s'est fait une place dans votre coeur ? Mlle Viviane-Oui

, Dr Lacan-Samuel est dans votre coeur ? À Morel, est-ce qu'il y a quelqu'un pour qui vous avez une préférence ?

M. Viviane-oui, S. Ma-préférence-c'est-isabelle, and . Je-la-considère-comme-ma-grande-soeur,

, Dr Lacan-Vous la considérez comme votre grande soeur. Quel âge a-t-elle maintenant ?

, Notre amitié est si forte, est si pure, si belle, que la passion n'a pas de limites. Elle est très forte. Nous sommes comme des soeurs. Voilà, voilà tout ce que je peux dire

, Dr Lacan-Où en est une personne comme votre mère maintenant ?

, Mlle Viviane-On s'est très bien entendues, on s'est disputées à cause de ça, vous connaissez l'histoire de l'étage. On s'est bien entendues, les relations avec ma mère se passaient très bien, on s'aime bien? J'ai remarqué que quand je suis à l'hôpital, elle m'aime encore plus

, Dr Lacan-Est-ce qu'elle est venue ici vous voir ?

M. Viviane-oui,

, Dr Lacan-Vous êtes là depuis combien de temps ?

, Dr Lacan-Donc, vous avez fréquenté l'école au moins un petit temps

, Mlle Viviane-Un petit temps, oui

, Dr Lacan-C'est-à-dire combien de temps ?

, Je ne me rappelle plus si c'était un mois? attendez? oui, une semaine

, Dr Lacan-C'était à quel âge, ça, que vous avez fait l'expérience de l'école ? Mlle Viviane-J'avais 14 ans

, Dr Lacan-Pourquoi votre père vous a-t-il mis si tard à l'école, parce que quatorze ans, c'est quand même un peu tard pour entrer à l'école ?

M. Viviane-justement, Il faut mettre les enfants à l'école parce qu'ils ne sauront rien dans la vie, c'est vrai, ils ne sauront rien dans la vie

, Dr Lacan-Votre père lui-même-vous me dites qu'il était professeur-il devait donc savoir ça. Je comprends très bien que vous ne vous expliquiez pas

, Mlle Viviane-C'est-à-dire que mon père m'a mise trop tard à l'école, et j'ai très mal suivi

, Dr Lacan-À ce moment-là, qu'est-ce que vous saviez ?

, Étant petite, j'ai eu beaucoup de difficultés à lire, et mon père a mis deux ans pour me faire apprendre à lire. À la maison, c'est mon père qui m'a instruite, jusqu'au cours moyen 2 e année, et le niveau cours moyen 1 e année, CE 1, CE 2. La grammaire, les problèmes? il me faisait des cours de français, de grammaire, des compositions et du calcul. Voilà. Et j'ai eu beaucoup de difficultés dans les maths. C'est vrai, j'ai toujours eu beaucoup de difficultés en maths, jusqu'à 15 ans, Mlle Viviane-Je savais calculer, je savais compter et je savais lire. J'ai pu justifier quelque chose

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous faisiez à Lyon ?

, Mlle Viviane-J'envoyais mes devoirs, et ils m'envoyaient les compositions

, Dr Lacan-Comment avez-vous été à Lyon ?

, Mlle Viviane-Je n'étais pas à Lyon, j'étais inscrite à Lyon. C'est mon père qui m'a fait connaître

, Dr Lacan-Et alors, vous envoyiez? Mlle Viviane-Les devoirs, et ils me renvoyaient les corrigés

, Dr Lacan-Vous les envoyiez d'où ? Vous étiez où, à ce moment ?

M. Viviane, -. Agadir, and . Maroc, Il y a la banlieue d'Agadir et le petit village d'Inisgane. J'envoyais à Lyon, ils les renvoyaient de Lyon à Inisgane

, Dr Lacan-Cela mettait combien de temps ?

, Je recevais des tas de cours à faire, etc. C'était très dur, par correspondance, très dur. Mais j'ai bien travaillé, j'ai bien bossé à l'âge de 14 ans, et j'ai eu de très bonnes notes, des encouragements des professeurs, etc. Je ne me serais pas débrouillée toute seule

, Dr Lacan-Vous pourriez essayer de faire un petit calcul ?

, Mlle Viviane-Je ne m'en souviens plus

, Dr Lacan-Vous ne vous souvenez plus de quoi ?

, Mlle Viviane-Du calcul. Je ne suis pas bonne de ce côté-là, c'est

D. Lacan-Écoutez, Pourquoi vous servez-vous de votre main gauche ? Mlle Viviane-Parce que je suis gauchère

-. Dr-lacan and . Ça,

, On fait ça : 2 x 2 = 24 ; on fait ça, on met un zéro à côté : 240. Voilà. J'avoue que je ne suis pas très bonne de ce côté-là

, Dr Lacan-Essayez de faire une multiplication un peu plus compliquée. 437 par? Mlle Viviane-À deux chiffres, p.24

, Dr Lacan-Pourquoi avez-vous écrit 24 ?

, Mlle Viviane-Parce que ça m'est venu à l'idée

, Dr Lacan-Parce que ça vous est venu à l'idée. Eh bien essayez de faire cette multiplication-là

, Mlle Viviane (elle écrit)-437 x 24 = 10 488. Voilà. J'espère que je n'ai pas fait d'erreur

, Dr Lacan-Vous n'avez pas fait d'erreur du tout. Vous avez très bien effectué votre multiplication. Vous n'avez pas tellement de difficultés

, Mlle Viviane-Non, ça va tout seul, ça dépend

, Dr Lacan-Ça dépend de quoi ?

, Mlle Viviane-Ça dépend de ce qu'on me propose

, Dr Lacan-C'est vous qui avez proposé

, Mlle Viviane-Et j'ai ajouté 24

, Dr Lacan-Vous n'avez pas ajouté, vous avez mis 24 comme nombre par quoi multiplier le chiffre

, Mlle Viviane-Oui, voilà, voilà

, Dr Lacan-Et si je changeais de nombre qu'on appelle le multiplicateur ? Si je disais de faire 437 multiplié non pas par 24

, Mlle Viviane-C'est la même chose, je peux la faire, Dr Lacan-Oui, vol.3, issue.3

, Mlle Viviane-Je retiens 2 ; 9 et 2 = 11, 3 x 4 = 12 et 1 = 13 ; résultat 5 981. Je n'ai pas fait d'erreur ? Dr Lacan-Il y a une petite erreur

, Mlle Viviane-Ah bon ! Dr Lacan-Mais là, est-ce que vous ne pensez pas, p.321

, Mlle Viviane-3 + 3 = 9. C'est combien, d'après vous ?

, Mlle Viviane-Je me suis rendu compte, quand vous lisiez que j'avais fait cette erreur. Voilà, c'est tout ce qu'il faut faire ? Je peux vous faire une addition

, Dr Lacan-Non, ça va pour l'instant. Alors, votre soeur, comment s'appelait-elle ?

M. Viviane-francette,

, Dr Lacan-Vous l'avez dit déjà ; quelles sont vos relations avec elle ?

, On s'aime bien : on a des relations d'amour familial. On s'entend bien, on s'aime beaucoup. Je la verrai dimanche, parce que c'est mon anniversaire, Mlle Viviane-Des relations d'amitié

, Dr Lacan-C'est votre anniversaire dimanche ?

M. Viviane-oui and . Le-jour-de-ma-majorité, Ce n'est pas rien, que d'avoir 18 ans. C'est tout ce que vous allez me poser comme questions ?

, Dr Lacan-Ça a duré combien de temps, cette préoccupation par Jean-Pierre ?

, Mlle Viviane-Ça a duré un an. C'est ça. J'ai passé l'éponge, et j'ai pensé au futur

, Dr Lacan-Je ne comprends pas bien votre relation, comme ça, imaginaire

, Mlle Viviane-Ce n'est pas imaginaire, c'est réel. C'est ce que j'ai dit

, Dr Lacan-Vous ne vous êtes pas employée à le rendre plus réel, puisque vous lui avez donné vousmême le nom de Samuel

, Mlle Viviane-Oui, c'est moi qui l'ai nommé, voilà. Vous pouvez me poser n'importe quelle question. Qu'est-ce que vous voulez savoir ?

, Dr Lacan-Quelle est la façon dont vous concevez l'existence de ce Samuel ?

, Mlle Viviane-Je le conçois? qu'il y ait des hauts et des bas et qu'il faut savoir franchir les barrières, les difficultés

, Dr Lacan-Non, mais est-ce que vous êtes convaincue, comme pour Jean-Pierre, si j'ai bien compris? est-ce que vous êtes convaincue que Samuel, comme Jean-Pierre, s'occupe beaucoup de vous ?

M. Viviane-non, Mais je veux être convaincue qu'il s'occupera enfin de moi et qu'il veut s'occuper de moi. Je compte sur moi-même, c'est-à-dire que j'essaie d'être indépendante, même vis-à-vis de mes amis

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez "ne pas lui donner de soucis

, Mlle Viviane-Ne pas lui dire des choses négatives, plutôt dire des choses positives, ça serait beaucoup mieux ; c'est-à-dire m'apprendre moi-même à supporter les difficultés, les résoudre toute seule. Voilà ce que j'ai besoin de faire

, Dr Lacan-Vous avez causé un peu de soucis à Jean-Pierre

M. Viviane-oui, . Oui, and . Vrai,

, Dr Lacan-Qui est-ce qui se faisait du souci pour l'autre ? 322

M. Viviane and -. Moi, C'est moi qui se faisais du souci pour l'autre, et l'autre, c'est le jeune homme qui se faisait du souci pour moi. On se faisait du souci tous les deux. On se rencontrait, on voulait s'épouser, voilà. On était préoccupé par le mariage

, Dr Lacan-Mais il n'avait pas, d'après ce que j'ai entendu, il n'avait pas une pensée qui l'attachait à une autre ?

, Mlle Viviane-Non, il n'avait pas une pensée qui l'attachait à une autre, non

, Dr Lacan-Vous l'avez su, vous l'avez même cru à un moment

, Mlle Viviane-Oui, je l'ai cru pendant un moment

, Dr Lacan-Et qui était cette jeune femme, comment s'appelait-elle ?

, Mlle Viviane-Cette jeune femme ?

, Dr Lacan-La jeune femme dont vous avez cru que Jean-Pierre s'occupait à un moment

, et elle a fait beaucoup de mal à une autre personne. Elle s'est vantée d'avoir chipé l'enfant d'une autre femme de 23 ans. Elle s'est vantée de choses comme ça. C'est même pas vrai

, Dr Lacan-Comment s'appelait-elle ?

M. Viviane-madame, M. Odile, and M. ,

, Dr Lacan-Oui, et alors, c'est elle qui a détourné votre soeur ?

, Ma mère a attaqué. Ma mère a attaqué Mme M. pour détournement de mineure

, Dr Lacan-C'est elle dont vous ne vouliez pas dire le nom tout à l'heure ?

, Mlle Viviane-Je vous le dis. C'est préférable. Vous jugerez vous-même

D. Lacan-bon,

M. Viviane-gorog,

, Dr Lacan-Avec ce Gorog qui s'occupe tellement bien de vous, et en qui vous devez avoir, quand même, toute confiance, nous allons parler avec lui

M. Viviane-oui and O. , Il n'est pas là ? Dr Lacan-Il est là

. Mlle-viviane-oui, Elle se retourne et sourit au Dr Gorog

, Comment êtes-vous entrée ici ? C'est votre mère qui en a fait la demande ?

, Mlle Viviane-Oui, c'est ma mère qui en a fait la demande

, Dr Lacan-Il a fallu quand même, pour qu'elle demande que vous veniez ici, qu'il y ait des choses qui l

, Mlle Viviane-Ce qui l'inquiétait, c'était un chagrin que j'avais en moi-même, c'est ce qui l'inquiétait, voilà

. Dr-lacan-bien, Mlle Viviane sort de la salle

D. Gorog-la, . Histoire-de-jalousie, . Et, . La-fiancée,-ce-n'était-pas-jean-pierre, and . Hubert, Hubert a rompu avec Yvonne, et elle, elle a offert un châle à Yvonne, en quelque sorte pour se déculpabiliser, parce qu'elle avait l'impression que c'était à cause d'elle qu'il avait rompu. Tout le monde parle d'autonomie, mais il est manifeste que le père veut la reprendre, la mère veut la reprendre, la grand-mère veut la reprendre. Tout le monde veut la reprendre

, Dr Lacan-Comment l'avez-vous obtenu d'elle pour la dernière fois, son propos délirant

, Dr Gorog-Cette histoire des micros dans la chambre, c'était il y a quinze jours

, Dr Lacan-Faites-la revenir, pour essayer? parce que c'est quand même très frappant

, Dr Gorog-On a le sentiment d'un cycle : une énamoration apparemment qui vient quand même d'un homme qui a fait le premier pas. Puis quelque chose qui apparaît à ses yeux comme une demande en mariage. Puis à ce moment une mésentente

-. Dr-lacan and . Ébauché,

, Dr Lacan-Dites-moi, mon petiot, j'ai été vous faire rechercher. Dites-moi, est-ce qu'il y a des micros installés pour vous espionner ?

, Mlle Viviane-Non, pourquoi ? Dr Lacan-Parce que, il y a quinze jours, vous l'avez dit à Gorog

, Mlle Viviane-Oui, c'est vrai ce que j'ai dit, c'est vrai, c'est vrai

, Dr Lacan-Alors, quelle idée vous en faites-vous ?

, Mlle Viviane-Je pense que c'est passé, que c'est passé définitivement

, Dr Lacan-Qu'est-ce que ça veut dire, c'est passé définitivement ?

, Mlle Viviane-J'ai tourné la page sur cette question

, Dr Lacan-Oui, mais la question n'est pas de savoir si vous avez ou non tourné la page

M. Viviane and -. Vrai, ce que je dis. On m'a insulté de tous les noms

, Dr Lacan-On vous a insultée de tous les noms ?

M. Viviane-oui,

, Dr Lacan-Oui, mais quel rapport avec les micros ?

M. Viviane-aucun, On ne m'insulte plus à présent, parce que je suis à l'hôpital. On veut me faire du mal

, Dr Lacan-Quand vous en parliez, il y a quinze jours, vous croyiez à ce que vous disiez

, Mlle Viviane-Oui, et maintenant, j'ai changé d'opinion, p.325

, Dr Lacan-Vous avez changé d'opinion. Expliquez-moi un peu

, Mlle Viviane-C'est-à-dire, ce que j'ai dit, c'était? dans ce que j'ai dit au Docteur Gorog

, est-ce que c'est un vrai qui est encore actuellement présent ? Mlle Viviane-Non, ce vrai n'est plus actuellement présent

, Dr Lacan-Quel rapport y a-t-il? parce que vous m'avez dit, en somme, deux choses

M. Viviane-oui,

, Dr Lacan-Ou est-ce que se sont des micros émetteurs ?

, Mlle Viviane-Des micros émetteurs

, Dr Lacan-Ces micros, qu'est-ce que vous en entendiez ?

M. Viviane, -. , and ?. , Vous êtes une folle, vous êtes une salope

, Dr Lacan-Et qu'est-ce que vous en pensez maintenant ?

, Mlle Viviane-Ce que j'en pense ? Le monde est mesquin, méchant, cruel. C'est de la jalousie

, Dr Lacan-C'est une jalousie ?

M. Viviane-féminine,

, Dr Lacan-Féminine ? Alors qui était la personne supposée par vous être intervenue de cette sorte, qui supposez-vous ? Dites les choses simplement ; qui a mis les micros ?

, Mlle Viviane-Je ne sais pas, une inconnue, l'anonymat. C'est dans l'anonymat. Je l'ai supposé anonyme

, Dr Lacan-Vous avez bien quand même un petit soupçon du nom de la personne, qui ça peut-il être ? Mlle Viviane-Ça peut être une personne féminine qui m'a causé beaucoup de méchanceté

, Dr Lacan-Qui vous a causé des méchancetés, comme personne féminine, jusqu'à présent ?

, Mlle Viviane-C'était une personne féminine dont je ne sais pas le nom, ni l'adresse. C'est anonyme, voyez-vous, c'est anonyme

, Dr Lacan-Il reste que vous avez entendu

, Mlle Viviane-Oui, j'ai entendu des insultes

, Dr Lacan-Des insultes du genre : salope

, Mlle Viviane-Oui, voilà

, Dr Lacan-[?] il reste tout de même que vous les avez entendues, ces insultes. D'où les avez-vous entendues ?

, Mlle Viviane-Des oreilles

, Dr Lacan-Et alors, ça, vous avez tourné la page ?

, Mlle Viviane-Oui, j'ai essayé d'être courageuse et de penser au futur, à ce qui m'attend. Je crois que c'est la jalousie qui a causé tout cela

-. Dr-lacan and . Qu, on vous dit dans la rue, c'est encore maintenant ? Est-ce qu'il vous arrive

M. Viviane-oui, Depuis que je suis ici, je suis en protection. Je suis protégée. Je me sens protégée, donc il n'y a pas de problème

, Dr Lacan-Ça se rapportait à quand, ce que vous avez dit au Dr Gorog, il y a quinze jours. Lui, il me l'a dit. Cela se rapportait à quelle époque ? Ça se rapportait à des injures entendues à quelle époque ? Mlle Viviane-Au mois de mars

, Dr Lacan-Ça a commencé à un moment

M. Viviane-oui,

, Dr Lacan-Le mois d'octobre n'est pas juste avant le mois de janvier

, Mlle Viviane-Non, c'est avant le mois de janvier

, Dr Lacan-Ça a commencé en octobre ? Et puis après, qu'est-ce qui est arrivé ?

, Mlle Viviane-Après ça, il m'est arrivé de la paix

, Dr Lacan-Quelle relation faites-vous entre ces micros installés chez vous et les injures entendues dans la rue ? Ces injures entendues dans la rue, c'était aussi des choses que vous entendiez seulement, ou bien est-ce que vous voyez des gens vous cracher?

M. Viviane-oui, On m'a craché à la figure et j'ai vu une personne m'insulter. Je suis faite pour l'amour. On a voulu faire de moi une pute

, Dr Lacan-À cause de quoi ?

, Dr Lacan-Ces choses qui se passaient à la maison, vous auriez pu, peut-être

, Mlle Viviane-C'est ce que j'aurais dû faire

, Dr Lacan-Comment se fait-il que vous ne l'ayez pas fait ? Vous ne l'avez pas fait, pourquoi ? Mlle Viviane-J'aurais dû avouer ça à ma mère

, Dr Lacan-Vous n'aviez pas confiance ?

, Mlle Viviane-Non, je n'ai pas assez de confiance en ma mère

, Dr Lacan-Vous n'avez pas assez de confiance, pourquoi ? Mlle Viviane-Je me sentais un peu incomprise, un peu mal aimée

, Dr Lacan-Qui est-ce qui est mal aimée ? C'est vous ?

M. Viviane-c'est-moi and O. , Alors que je suis très bien aimée, j'aurais dû confier à ma mère tout ça

, Dr Lacan-C'est un fait que ça ne vous est pas venu à l'idée

, Mlle Viviane-Non, ça ne m'est pas venu à l'idée de lui en parler

, Dr Lacan-Cela prouve que vous ne la considérez pas comme tellement digne de confiance, p.327

, Mlle Viviane-Oui, voilà

, Dr Lacan-Néanmoins

M. Viviane-oui and D. Gorog, mais pas à ma mère, parce que je me sens incomprise, ma mère peut comprendre différemment ; il y avait un obstacle devant moi qui m

, Dr Lacan-Pourquoi vous ne me l'avez pas dit à moi, tout à l'heure ? Pourquoi avez-vous considéré? la page était tournée pour vous ou pour moi ?

, Mlle Viviane-Pour moi. Pour vous, elle n'est pas tournée

, Dr Lacan-Non, à la vérité, elle ne me paraît pas tournée

M. Viviane-oui and . Vrai, Elle n'est pas tournée pour vous, mais elle est tournée pour moi. Voilà. On dit que la vérité blesse

, Dr Lacan-La vérité, c'est quoi ? C'est ce qu'on vous dit ?

M. Viviane-oui,

, Dr Lacan-Ça veut dire que vous êtes une pute ?

M. Viviane-non,

, Dr Lacan-Je ne le pense pas non plus. Mais quand vous dites "la vérité blesse" c'est à ça que vous pensez ?

M. Viviane-oui, je pense à ça, oui. Je ne suis pas une pute. J'ai lutté pour ça. J'ai lutté pendant des mois et des mois

, Dr Lacan-Lutté pourquoi ?

, Mlle Viviane-Contre la prostitution

, Dr Lacan-C'est une carrière comme une autre

, Mlle Viviane-Je suis contre ça, et j'ai rencontré beaucoup de difficultés à cause de ça, parce qu'on voulait faire de moi une pute, une vicieuse. C'est pour ça que j'ai souffert, c'est pour ça

D. Lacan-qu, est-ce qui vous impute la putation ? Qui est-ce qui dit que vous êtes une pute ?

, Je ne suis pas faite pour l'amour, je suis faite pour le mariage, je suis capable de tenir un foyer, je sais comment faire. Vous allez dire que je suis ambitieuse, orgueilleuse. Non, je ne suis pas orgueilleuse, je dis les choses comme elles sont. J'aime le mariage, c'est tout à fait normal pour une jeune fille de vouloir se marier et avoir des enfants

, Dr Lacan-Ça vous est même pas venu à l'idée de parler de ces choses, dont vous avez parlé ici il y a quinze jours ?

, Mlle Viviane-Non, ça m'est pas venu à l'idée. C'est un petit oubli que je n'aurais pas dû laisser de côté, j'aurais dû m'expliquer plus longuement

-. Dr-lacan and . Fait, Est-ce qu'il y a eu d'autres oublis comme ça ?

, Dr Lacan-On discute?, vol.328

, Mlle Viviane-Sur des choses réelles, intéressantes

, Dr Lacan-Cette chose-là, elle est réelle ?

, Mlle Viviane-Oui, c'est réel, c'est vrai, c'est réel

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez réel ?

, Mlle Viviane-Réel, c'est quelque chose de vrai, qui existe actuellement. Voilà ce qu'est pour moi réel

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui existe actuellement ?

, Mlle Viviane-Ce qui existe actuellement, c'est ce que j'ai dit où il y a du vrai. C'est-à-dire, je ne sais pas moi? attendez? ce qui existe, c'est mes pensées, mes opinions, c'est vrai

, Dr Lacan-Vous m'avez dit que vous répondriez franchement

M. Viviane-oui,

, Dr Lacan-Cela ne veut pas dire que pour autant vous m'avez dit tout

, Mlle Viviane-Je pense que j'ai tout dit. Si vous voyez des choses que j'ai oubliées, vous pouvez me les rappeler mais je pense que j'ai tout dit

, Dr Lacan-Vous ne m'avez pas du tout dit les choses essentielles

, Mlle Viviane-Ah bon ! Je les dirai plus tard

, Dr Lacan-Vous ne m'avez pas parlé d'Yvonne

, Mlle Viviane-Ah bon ! Elle était fiancée à un jeune homme

, Dr Lacan-Lequel ?

M. Viviane-hubert, Je suis tombé amoureuse de lui. Je n'ai rien dit

, Dr Lacan-Hubert, c'était quelqu'un que votre père avait introduit auprès de vous

, Mlle Viviane-Oui, voilà. Il était fiancé à une jeune fille

, Dr Lacan-Je ne suis pas arrivé à vous faire dire qu'il avait été introduit par votre père en tant que professeur

M. Viviane-oui and . Ça,

, Dr Lacan-Pourquoi vous ne m'avez pas dit ça ?

, Mlle Viviane-J'ai oublié, j'ai tellement de choses à dire que j'ai oublié. Je voudrais pouvoir les franchir

, Dr Lacan-Avec Yvonne, qu'est-ce qui s'est passé ?

, Mlle Viviane-Ce jeune homme-là, il était fiancé avec

, Tu ne dois pas être?"), tu dois les unir à jamais. Les unir pour toujours, c'est ce que j'ai fait, c'est ce que j'ai voulu faire

, Dr Lacan-Parce que ?

, Mlle Viviane-Elle a rompu parce qu'elle avait plusieurs raisons personnelles. Il était trop jeune pour le mariage (manuscrit

, Dr Lacan-Qui était un enfant trop gâté ?

M. Viviane-hubert,

-. F. Dr-lacan, Qu'est-ce qu'il avait comme âge ? Qu'est-ce qu'ils avaient l'un et l'autre ? Hubert avait quel âge ?

, Mlle Viviane-28 ans

, Dr Lacan-Et l'autre, Yvonne ? Mlle Viviane-30 ans

, Dr Lacan-Alors, qu'est-ce qui s'est passé entre vous et Yvonne ?

, Mlle Viviane-Il s'est passé que c'était une gentille femme. Elle a rompu avec le jeune homme parce qu'il était un enfant gâté, etc. J'ai offert un châle pour leur(s) (rayé : "affinités") (manuscrit : "intimité"). Après, il a aimé moi, Après

, Dr Lacan-Bon, mon petit? qu'est-ce que veut dire pour vous tourner la page ?

, Mlle Viviane-Ne plus penser au passé

, Dr Lacan-C'est ça ? Mlle Viviane-Oui, voilà

, Dr Lacan-Penser au futur, c'est penser à Samuel

M. Viviane-oui,

, Dr Lacan-Samuel, dont vous ne savez même pas où l'accrocher

M. Viviane-si, S'il vit encore auprès de moi à Clichy, je pense le voir

, Dr Lacan-Vous allez le voir quand ?

, Mlle Viviane-Quand je serai guérie

, Dr Lacan-Mais comment mettrez-vous la main dessus ?

, Mlle Viviane-Pour savoir où il habite ? c'est au Sacré-Coeur

, Dr Lacan-Mais comment savez-vous qu'il habite au Sacré-Coeur ?

, Mlle Viviane-Je sais qu'il habite au Sacré-Coeur, son pays natal. C'est sa petite ville natale

. Dr-lacan-c'est-le-sacré-coeur,

M. Viviane-oui, Il y a différents départements dans les régions. C'est une région qui est à lui

. Dr-lacan-ce-qu'on-appelle-le-sacré-coeur and . Paris,

, Mlle Viviane-Évidemment, si je le cherche? s'il a changé d'adresse, évidemment, je ne pourrai plus le retrouver. Si on se rencontrait, ça serait bien, mais s'il a changé d'adresse, ça serait difficile à trouver. C'est comme ça

, Dr Lacan-Alors, vous allez le recherchez ?

M. Viviane-oui,

, Dr Lacan-De quelle façon ?

M. Viviane-oui,

, Dr Lacan-C'est vous qui êtes allée lui porter ?

, Mlle Viviane-Je l'ai rencontrée par hasard ; j'ai été contente de pouvoir lui offrir le châle

, Dr Lacan-Vous aviez le châle déjà prêt ?

M. Viviane-oui,

, Dr Lacan-Comment se fait-il que vous l'ayez rencontrée ? Alors, vous aviez pris un rendez-vous ? Vous n'aviez pas le châle sur vous ?

, Je n'ai pris aucun rendez-vous ; je voulais le donner au jeune homme, donner le châle de ma part, puis ça s'est passé autrement

, Dr Lacan-Il a fallu tout de même que le Docteur Gorog fasse très attention pour obtenir tout ça de vous

, Mlle Viviane-Oui, c'est ça

, Dr Lacan-Parce que ce n'est pas venu d'un seul paquet

M. Viviane-c'est-venu-petit-À-petit,

-. Dr-lacan and . Ça, Par quoi avez-vous commencé ? De quoi lui avez-vous parlé d'abord ?

, Mlle Viviane-De mes chagrins et de la fugue de ma soeur. J'ai expliqué tout à l'heure ; c'est le plus important pour moi. Après, on a parlé des relations avec Yvonne et Mme M. Voilà, c'est tout. On s'est arrêté au stade d'une jeune femme dans cette conversation

, Dr Lacan-Vous avez encore beaucoup à lui raconter ?

M. Viviane-oui and B. ,

, Dr Lacan-Et pourquoi ce beaucoup qu'il y aurait à raconter après, vous ne me le racontez pas, à moi

M. Viviane-bon and . Eh-bien,-voilà.-l'histoire-de-ma-soeur, qui a voulu faire une fugue, elle a voulu avoir son indépendance avant sa majorité, alors qu'elle n'était pas majeure. Moi, j'ai dit : on va monter un peu là-haut pour voir comment ça se passe

, Dr Lacan-Qui a dit des gros mots ?

M. Viviane-la-jeune-femme and M. Madame, Cela a choqué ma mère ; ma mère a dit à ma soeur : si tu recommences à dire des gros mots, je t'enlève de cette pension. Alors, elle a fait une crise d'hystérie

, Dr Lacan-Ça s'est passé quand ça ?

, Mlle Viviane-Au mois d'octobre, novembre, décembre. Ça n'a aucune importance

, Dr Lacan-Madame M. n'était pas ?

M. Viviane-non, M. Madame, . Était, and . Soir, On prend le whisky, elle raconte des gros mots, ça a choqué ma mère, sa réprimande. Elle a fait la réprimande, et ça n'a pas plu à ma soeur. Ma soeur a fait une crise pour une réprimande, alors on l'a convoquée au juge. Partout où j'allais avec ma mère, partout, j'étais toujours avant avec elle pour la défendre

M. Brigitte, , vol.9, 1976.

, Nous reproduisons l'entretien in extenso tel qu'il est présenté dans le script figurant sur le site de Patrick Valas (cas n o 9) avec ses omissions et ses fautes d'orthographe. Nous avons mis en annexe le résumé de l'observation médicale ainsi que le commentaire de la présentation de Brigitte figurant sur la

, Dr Lacan-C'est pour moi ?

, Mlle Brigitte-Mais oui, c'est pour vous. On veut me valoriser

, Dr Lacan-On veut vous valoriser ?

M. Brigitte and -. Qu,

, Dr Lacan-Et alors, dites-moi l'idée que vous avez de votre valeur, parce que vous n'avez pas besoin de vous valoriser

, Mlle Brigitte-Si j'ai une valeur vraiment, il faut qu'elle soit reconnue par les autres. Si je ne suis pas reconnue par les autres

. Dr-lacan-c'est-Ça, En tout cas, moi je suis là pour ça

, Mlle Brigitte-Vous êtes là pour me valoriser. C'est gentil d'être venu

, Dr Lacan-C'est bien pour vous

M. Brigitte-je-ne-peux-pas-le-croire, Est-ce que je peux croire ce que vous dites ? Je peux imaginer que vous pouvez me cacher quelque chose. Auprès de vous, je ne sais pas. Cela n'a pas d'importance que je sache

, Dr Lacan-Ça revient au même. Dites-moi ce qui vous est arrivé, et pourquoi

, Mlle Brigitte-Pourquoi je suis ici ? Parce que j'ai toujours des problèmes avec mes employeurs. Je n'accepte pas qu'un employeur ait des ordres à me donner, lorsqu'il y a un travail à faire, qu'on m'impose des horaires. J'aime faire ce qui me plaît

, Dr Lacan-Duquel s'agit-il ? Parce que j'ai entendu un petit peu parler de vous. On m'a donné quelques lignes, comme ça, de ce qui vous est arrivé. Dites-moi de quel employeur il s'agit

M. Brigitte-le-dernier-employeur,

, Dr Lacan-Oui, c'est lequel ? Comment s'appelle celui-là ?

-. M. Mlle-brigitte,

, Dr Lacan-Qu'est-ce qu'il est ?

, Mlle Brigitte-Je ne sais pas. Je crois qu'il est médecin

, Dr Lacan-Pourquoi croyez-vous qu'il est médecin ?

, Mlle Brigitte-Parce qu'il me semblait avoir une compréhension vis-à-vis de moi, vis-à-vis de sa fille adoptive

, Dr Lacan-Il a une fille adoptive ? 335

, Mlle Brigitte-Il a accepté les enfants de la mère ; il a épousé la femme, puisqu'il aime sa femme, il aime ses enfants, même si les enfants ne répondent pas à son attente. C'est la fille épileptique

, Dr Lacan-Il s'agit d'une enfant ?

, Mlle Brigitte-Ce n'est pas une enfant. C'est une adulte mais elle a dû être enfant

, Dr Lacan-Expliquez-moi ce qui arrive à cette fille

, Mlle Brigitte-Il y a plusieurs filles

, Dr Lacan-La fille épileptique

, Mlle Brigitte-Qu'est-ce que vous voulez savoir ?

, Dr Lacan-Je voudrais savoir si vous avez assisté à quelque chose qui ressemblait à une crise

, Mlle Brigitte-Ça ne ressemble pas, c'est une crise

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui se passe ?

, Mlle Brigitte-Le sujet a un malaise, tombe par terre, et a un malaise ; il se raccroche un peu à ce qui? Dr Lacan-Expliquez-moi bien, Je sais que vous vous êtes occupée d'enfants?

M. Brigitte-inadaptés, Dans les hôpitaux psychiatriques, on vit bien pour son petit emploi

, Dr Lacan-Est-ce que vous pensez, vous, que vous avez été en passe d'être cataloguée comme ça ?

, des états de mon comportement d'enfant malade. Il y a eu la lecture, je voyais différents personnages, je voyais surtout les enfants malades

, Dr Lacan-C'étaient des enfants que vous voyiez? ?

M. Brigitte and -. Saint-chéron,

, Dr Lacan-Expliquez-moi. C'était il y a longtemps ça ?

, Mlle Brigitte-Il y a cinq ans

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui vous a poussée à aller à Saint-Chéron ?

M. Brigitte-je-ne-sais-pas, Je voulais un autre emploi ; j'étais à mon avis pas tellement appréciée. J'étais amenée à partir. J'étais la personne temporaire qui remplace une autre, trois semaines ailleurs, un mois ailleurs, un mois et demi ailleurs. Là

, Dr Lacan-À Saint-Chéron, c'est le souvenir que vous en avez gardé, c'est que vous étiez bien tranquille

, Mlle Brigitte-Avant Saint-Chéron, j'étais bien tranquille, justement précisément, pendant SaintChéron, on m'a amenée

, Dr Lacan-Qui vous a dit ça ?

, Mlle Brigitte-Je m'excuse, je peux boire un verre d'eau ?

, Dr Lacan-Bien sûr

, Mlle Brigitte-Je sais qu'il y a du monde autour de moi mais j'oublie complétement, p.336

, Dr Lacan-Oui, bien sûr, l'important, c'est quand même (illisible)

M. Brigitte-l'important,-c'est-la-rose,

, Dr Lacan-C'est ça qui est l'important ? Dites-moi quelle est l'importance de la fleur de l'églantine ?

M. Brigitte-c'est-une-fleur,-une-gentille-petite-fille, En marchant dans les chemins, j'ai remarqué au passage des mûres, des pruneaux, des fruits dans les vergers. J'ai fait des promenades à vélo. C'était un peu comme la chanson

, Dr Lacan-Il y a en effet une chanson comme ça

, Mlle Brigitte-Avec un vélo, on peut visiter différents endroits en se dépêchant un peu

, Dr Lacan-Tâchons de repartir de Saint-Chéron

, Mlle Brigitte-Qu'est-ce que vous voulez savoir ?

, Dr Lacan-J'aimerais savoir comment vous avez eu votre petit garçon

, Mlle Brigitte-Mon petit garçon? c'est lié... c'est lié à ma vie. On m'a fichue à la porte de Saint-Chéron

, Dr Lacan-La directrice vous a fichue à la porte, pourquoi ? Mlle Brigitte-Sans en avoir l'air, elle faisait de la politique? Dr Lacan-Vous vouliez quoi ?

, Mlle Brigitte-Faire un cirque du diable

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez

M. Brigitte-j'étais-maltraitée, . Exploitée, and . Démolie, Au début, ça me plaisait bien

. Ensuite, . Ensuite, and O. Mlle, m'a fichue? elle reconnaissait les gens, quelques orthophonistes, céramistes ; les autres, par contre, c'étaient des vrais pions

, Dr Lacan-Ah oui ? Mlle Brigitte-Qu'est-ce que vous en pensez ? Dr Lacan-Il se trouve que je la connais

, Mlle Brigitte-Personnellement ?

D. Lacan-oui,

, Mlle Brigitte-Vous l'avez contactée à la suite de mon traitement ?

, Dr Lacan-Absolument pas. Il se trouve que je la connais par ailleurs

, Mlle Brigitte-À ce moment-là?

, Dr Lacan-C'est tout à fait exact

, Mlle Brigitte-C'est comme ça que vous la connaissez. Je pense que c'est elle qui est la plus malade de tous les enfants

, Dr Lacan-C'est ce que vous pensez, revenons à? Mlle Brigitte-? Nos moutons

, Dr Lacan-Je veux dire que si j'ai bien compris ce qu'on m'a dit, c'est à Saint-Chéron que vous avez eu cet enfant

M. Brigitte-que-j'ai-eu-mon-enfant, Vous dites mon enfant à moi, mais vous ne pensez pas mon enfant. Je ne l'avais pas dit, mais je pense que vous l'avez dans la tête. Moi, j'ai deviné que vous pensez vos enfants

, Dr Lacan-En quoi est-ce que vous pensez que vous avez deviné ?

, Mlle Brigitte-Parce que vous pourriez être mon père ou mon grand-père

-. Dr-lacan and . Évident, je pourrais être grand-père. Mais dites-moi comment vous avez eu cet enfant ? Mlle Brigitte-Comment je l'ai eu ? Comme tout un chacun. À moins? on ne sait jamais?

, Dr Lacan-Mais enfin, pouvez-vous savoir que ce n'est pas par l'opération du Saint-Esprit ?

, Mlle Brigitte-Non, je sais que c'est par l'opération de la chair

, Dr Lacan-Vous devez bien savoir si vous y êtes pour quelque chose, si ce n'est pas par l'opération du Saint-Esprit. Qu'est-ce qui s'est passé entre vous et le père de cet enfant ? Parce qu'il a un père, cet enfant? Mlle Brigitte-Oui, il a eu un père. Il a forcément eu un père? à moins que ce soit une grossesse nerveuse

, Dr Lacan-Le propre d'une grossesse nerveuse, c'est qu'il n'y a pas d'enfant. Cet enfant, où est-il ?

M. Brigitte and -. Jolie, chez une nourrice. Il est très bien. C'est une femme ordonnée, propre? Il lui manque peut-être quelque chose

, Dr Lacan-Peut-être vous

, Mlle Brigitte-Oui, peut-être moi

, Dr Lacan-Est-ce que vous avez eu des nouvelles de cet enfant ?

M. Brigitte-récemment, Hier, j'ai reçu une lettre plus une photo qu'elle m'a adressée, également en me disant qu'actuellement, si je voulais l'avoir au téléphone, je pouvais lui téléphoner quand je voulais? depuis un an ou deux? maintenant on s'amuse à me faire confiance. Je pense que je pourrai le reprendre lorsque j'aurai une bonne santé et que je pourrai travailler

, Dr Lacan-En quoi n'êtes-vous pas en bonne santé ?

, Mlle Brigitte-J'ai des choses dans la tête. C'est la tête

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui se passe dans votre tête ?

M. Brigitte and -. Trouver-une-place-dans-la-société, Je ne la trouve pas. Je suis à la recherche d'une place, pour moi

, Dr Lacan-Vous ne voulez pas de votre place ?

, Mlle Brigitte-La mienne ne me plaît pas. C'est une petite place. J'en veux une grande

, Dr Lacan-Quelle serait votre idée de la place que vous mériteriez ?

, Mlle Brigitte-Je voudrais avoir la place d'une mère qui aime bien son enfant, d'une mère attrayante. Je voudrais être à la place des gens notables. Les gens notables, on les respecte davantage que les gens ordinaires, les gens de la vie de tous les jours

, Dr Lacan-Parlons un peu de votre place au départ, vol.338

, Mlle Brigitte-De départ, c'est-à-dire ?

, Dr Lacan-Votre place

, Mlle Brigitte-Pourquoi vous dites "de départ" ? Au temps de mes parents ? J'ai une place importante dans ce sens

, Dr Lacan-Vous aviez une place importante, vous étiez l'aînée

, Mlle Brigitte-Vous savez tout ça ?

D. Lacan-Ça,

M. Brigitte-j'étais-l'aînée-d'une-famille-de-six-enfants, À chaque fois qu'elle partait, ma mère, pour une nouvelle maternité, c'est moi qui prenais sa place. Je lavais les couches, je rangeais, je m'occupais de la maison surtout à chaque fois qu'elle partait pour une maternité. Mais pendant qu'elle était là, je ne l'aidais pas, je ne faisais même pas mon lit. Lorsqu'elle était partie, je faisais tout. J'étais efficace. Je voudrais savoir que je suis efficace

, Dr Lacan-Est-ce que cette efficacité, vous vous êtes trouvée croire, pendant un moment, que vous étiez gênée ?

M. Brigitte-oui, parce que j'y mettais tout le coeur que peut avoir une jeune femme, une jeune fille plutôt? gênée à cause de la société qui veut reconnaître quelqu'un comme tel à condition qu'il soit sanctionné par un diplôme. J'étais efficace, mais il n'y avait rien qui justifiait, je n'avais pas de diplôme, je ne pouvais pas m'introduire partout comme cela, sans avoir de diplôme. J'avais une expérience personnelle

, Dr Lacan-Vous avez fait des études ?

, Mlle Brigitte-Je n'ai fait que des études d'enseignement technique. Dès la fin des études primaires, j'ai eu le certificat d'études, et ensuite, j'ai suivi des cours de sténo dactylo dans un collège

, Dr Lacan-Est-ce qu'il y a un moment où vous vous sentiez? je peux dire ça comme ça? hypnotisée ?

, Mlle Brigitte-S'il y a un moment où j'ai pensé que j'étais hypnotisée ? Non, je ne l'ai jamais pensé, sauf dernièrement

, Dr Lacan-Racontez-moi ce qui s'est passé récemment

M. Brigitte-un-jour, J. Devais, and . Normalement, Je suis restée au lit très, très tard, mais je n'avais pas du tout envie de dormir, ni mal dans le dos

J. , Je lisais, j'écrivais beaucoup, pendant toutes ces veilles. J'ai pensé qu'effectivement j'avais été hypnotisée

. Dr-lacan-c'est-Ça-qui-vous-l'a-fait-croire, Est-ce que ça vous a rejailli sur votre passé. Est-ce qu'à partir de là, de cette lecture, vous vous êtes aperçue que vous vous étiez trouvée dans le passé hypnotisée, c'est-à-dire poussée à un certain cheminement qui n

, Mlle Brigitte-En effet, je m'étais identifiée à une personne qui ne me ressemble pas

, Dr Lacan-Qui est cette personne qui ne vous ressemble pas ?

, Je venais voir ces gens-là. J'avais des relations avec ces gens-là

, Dr Lacan-Vous les connaissez depuis 17 ans, ou depuis l'âge de 17 ans ?

, Je me suis identifiée à cette fille qui? Dr Lacan-Qui est cette fille ?

M. Brigitte-marie-aline,

, Dr Lacan-Marie-Aline qui ?

M. Brigitte-marie-aline and F. ,

, Dr Lacan-Où l'avez-vous connue ?

, Mlle Brigitte-Dans ma prime enfance, j'avais six ou sept ans. Nous étions un groupe de petites filles

, Souvent je la peignais. Et parfois, elle avait un peu un côté méchant, comme tous les enfants. À son tour elle m'avait dessinée. Elle m'avait faite toute moche. Elle m'a dit : tu vois, je t'ai faite toute moche. C'était rien que pour m'embêter, elle me disait que j'étais toute moche. J'avais un peu de peine, J'avais remarqué qu'elle était blonde, beaucoup plus jolie que les autres

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous voulez dire ? C'était votre amour pour cette petite fille ?

M. Brigitte and -. , pour une poupée qui s'appelait Danielle. Je crois que je l'aimais. Les chats. J'ai eu de l'amour envers les chats ? Je n'ai pas d'amour envers mes parents. Mes parents ne me donnaient pas l'affection

, Dr Lacan-Dites-moi, vous parlez de votre mère ?

, Mlle Brigitte-Je parle de ma mère

, Dr Lacan-Vous parlez un petit peu de votre mère

, Mlle Brigitte-Qu'est-ce que vous voulez savoir ?

, Dr Lacan-Je voudrais savoir quelles sont les nouvelles que vous avez eues de lui

, Mlle Brigitte-Depuis quand ? Il est décédé, mon père, depuis deux ans déjà

, Dr Lacan-Deux ans? vous l'avez su quand ?

, Mlle Brigitte-Je l'ai su un peu de temps après ma première hospitalisation à Clermont-de-l

, Dr Lacan-Expliquez-moi votre hospitalisation

, Mlle Brigitte-On m'a indiqué l'adresse

, Dr Lacan-Vous alliez à la clinique de Laborde. Qu'est-ce qui vous a orienté à la clinique de Laborde ?

, Mlle Brigitte-Je me suis un peu affolée à un moment donné. J'avais connu par des amis ; j'ai rencontré un jeune homme qui voulait me défendre

, Dr Lacan-Qui s'appelait comment ?

M. Brigitte-robert, Ce n'est pas grave de se faire appeler Robert quand on s'appelle Jacques

, Dr Lacan-Vous l'avez connu comment, ce Robert ?

, Dr Lacan-Vous faites toujours du stop, p.340

, Mlle Brigitte-J'aime bien voir des gens différents, voir un peu ce qu'ils sont. Je joue les espions

, Dr Lacan-Si mon souvenir est bon, c'est comme ça que vous avez connu celui qui est le père de votre fils

, Mlle Brigitte-C'est un peu de cette façon-là. Je m'étais trompée de train. J'ai atterri dans une ville où je ne voulais pas aller

, Dr Lacan-Laquelle ?

, Mlle Brigitte-Étampes. C'est là que je l'ai rencontré

D. Lacan-christian, Comment s'appelait-il, ce Christian de son nom de famille ?

, Il avait de grosses difficultés

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui l'avait conduit là ?

, Mlle Brigitte-Détournement de fonds de caisse, etc

D. Lacan-oui,

, Il était peut-être révolté envers la société. Il a reporté la faute sur lui. Il s'est culpabilisé. Il s'est arrangé pour faire retomber la faute sur lui. Est-ce que toute cette assemblée? est-ce que c'est normal que je parle de mon cas devant tout le monde, Mlle Brigitte-Mais ce n'est pas un délinquant. Peut-être il avait de bonnes raisons

, Dr Lacan-Moi, ça me paraît normal. Ce sont des gens qui, de toute façon, s'intéressent à votre cas

M. Brigitte-oui, Si c'était des gens anonymes ?

D. Lacan-non, ce ne sont pas des gens anonymes, ce sont des gens choisis. Les personnes qui viennent ici, ce sont des gens? d'ailleurs, vous devez reconnaître un certain nombre de gens du service. Alors, qu'est-ce qui s'est passé avec ce Christian ?

, Mlle Brigitte-Il s'est passé? Évidemment, j'ai eu un rapport sexuel avec lui, qui était d'ailleurs pratiquement le premier rapport à peu près normal que j'avais avec un homme

, Dr Lacan-Le premier rapport à peu près normal ?

M. Brigitte-oui and P. Qu, il y avait vraiment accouplement. Et il ne s'est pas rendu compte. Je n'arrivais pas à m'exprimer de ce côté-là, on peut dire ça ?

, Dr Lacan-Combien de temps avez-vous vécu avec lui ?

, Mlle Brigitte-C'était vraiment de la bagatelle

, Dr Lacan-Où viviez-vous avec lui ?

M. Brigitte-partout, Au bout d'un mois, la propriétaire nous mettait dehors, évidemment. Je crois que je faisais un peu la folle, ça m'amusait. Parfois, j'ai l'impression que je l'aime, Nous avons logé dans différents hôtels

, Dr Lacan-Il n'y a pas de raison que je ne sourie pas. Dites-moi

M. Brigitte and -. Chou, C'est agréable, en somme, mais c'est surprenant. Mon petit chou? vous ne m'avez pas dit salope ou putain. Je rigole un peu fort, mais c'est un fait exprès, ma réaction à

L. Le-raisonnement and . Comportement,

D. Lacan-oui,

, Mlle Brigitte-Tantôt on peut avoir trois ans pour ce qui nous arrive, tantôt on peut avoir 15 ans, tantôt on peut avoir 25 ans ou 30 ans. J'ai un âge ou un autre quand il y a quelque chose qui m'arrange. J'avais une mère qui me servait

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous voulez dire ?

, Mlle Brigitte-Elle me servait des animaux (?) ... elle me servait

, Dr Lacan-Qu'est-ce qu'elle vous servait ?

M. Brigitte-elle-en, Et moi je ne faisais pas exprès, vraiment. Dr Lacan-Où est-ce qu'elle vit ?

, Dr Lacan-Pour l'instant ?

, Dr Lacan-Elle vit avec qui ?

, Mlle Brigitte-Avec une personne, évidemment

, Dr Lacan-Ça veut dire ?

, Mlle Brigitte-Une personne. Vous êtes une personne, vous. Moi aussi, je suis une personne

.. Dr-lacan-quelqu'un-qui,

, Mlle Brigitte-Qui est un ouvrier. Qui est gentil. Un peu odieux, quoi

. Dr-lacan-c'est-celui-qu'elle-a,

, Mlle Brigitte-Pour l'instant, pas question

V. S. Dr-lacan-et-alors, je veux dire, les, combien de frères et de soeurs ? Mlle Brigitte-Deux soeurs et trois frères

, Dr Lacan-Deux soeurs et trois frères ? Ils vivent

, Oui maintenant elle ne les a plus à charge

, Dr Lacan-Il a quoi ? Il y a trois ans de distance à peu près entre vous et chacun d'entre eux ? Mlle Brigitte

, Dr Lacan-Le petit a quel âge ?

M. Petit, le plus petit a seize ans

, Dr Lacan-Celui qui est âgé de seize ans a aussi débarrassé le plancher ?

, Dr Lacan-Votre soeur, c'est

M. Brigitte-ma-soeur-qui-est-mariée, Il habite chez elle, quoi. Les gens de mon service... je ne suis pas aidée pour... mon beau-frère et ma soeur. Ils le font parce que mon beau-frère travaille. Ils m'avaient proposé de recevoir mon fils. Maintenant, je n'ai plus personne

, Dr Lacan-Ils vous avaient proposé ça ?

M. Brigitte, On en a parlé. J'ai été quelquefois passer les week-end avec mon fils. Maintenant, il n'en est plus question, parce qu'ils n'ont plus de place, à moins que

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous allez faire de cet enfant ?

, Mlle Brigitte-Pour l'instant, il est bien là où il est. J'espérais très rapidement le reprendre, avoir un métier, une situation. J'ai peur de vivre

, Dr Lacan-Qui est-ce qui vous fait du mal, mise à part Madame O

, Mlle Brigitte-Les autres, il y en a encore d'autres. Il y a Marie-Aline F. Elle me fait du mal

.. .. Dr-lacan-marie-aline,

M. Brigitte-je-ne, De toute façon, je ne lui ai pas dit que je venais ici

, Dr Lacan-Pourquoi auriez-vous pu penser lui téléphoner ?

, Mlle Brigitte-Pour faire un texte. J'aurais aimé faire un test ; qu'ils sachent que je suis à nouveau hospitalisée pour savoir s'ils viennent me voir

, Dr Lacan-Cette Marie-Aline, ce n'est pas celle dont vous m'avez déjà parlé ?

M. Brigitte-oui,

, Dr Lacan-C'est elle que vous aimiez bien ?

M. Brigitte-c'est-sa-petite-soeur-que-j'aimais-bien.-ensuite and E. , Il semblait que nous nous ressemblions. Il semblait, mais elle ne me ressemblait certainement pas. Mais moi, j'ai imaginé qu'elle me ressemblait. Ce que je recherchais dans mon idée, c'est de ressembler à quelqu'un. C'est la condition de vie. C'est pourquoi je recherche leur vie à eux, je veux leur prendre leur vie, je n'ai pas de vie

, Dr Lacan-Ce n'est pas des choses qu'on imagine facilement ! Vous avez fait pas mal de lectures ?

M. Brigitte-oui and . Lu, Je suis peut-être influencée par ce que j'ai lu. Quand j'avais 17 ans, j'ai commencé à lire Sartre

, Dr Lacan-Il vous a influencée. Expliquez-moi comment il vous a influencée ?

, Mlle Brigitte-Comment je m'en rappelle ? Il décrivait toujours comme malade, comme pas bien portant quelque chose qui n'allait pas, un copain qui laisse tomber des machins comme ça. Il écrivait bien

-. Dr-lacan and . Quand,

M. Brigitte-juste-À-la-sortie-du-collège, J'ai commencé à travailler presque à 17 ans. À ce moment-là, j'ai lu Jean-Paul Sartre, et je lisais Simone de Beauvoir en même temps. Je savais qu'ils étaient amis, je lisais en même temps Simone de Beauvoir

, Dr Lacan-L'émotion liée à quoi, à un mot ? 345

, Mlle Brigitte-À plusieurs mots, oui

, Dr Lacan-Par exemple ?

, Mlle Brigitte-Les mots qui me rappellent l'enfance. Le mot paternel me plaît. Si on dit "maternel

, Dr Lacan-Quels mots, encore, par exemple ?

M. Brigitte-le-mot, Quand je garde les enfants, je dis "maternage". Moi, j'aurais voulu qu'on le fasse pour moi aussi. J'ai toujours pensé. C'est quand j'ai rencontré Madame Morin

, Dr Lacan-Parlez-moi de Madame Morin. Vous l'avez connue où ?

. Dr-lacan-c'est-À-elle and . Qu,

, Mlle Brigitte-Oui, c'est elle qui m'a

, Dr Lacan-Quand est-ce que vous avez connu Chertok ?

, Mlle Brigitte-La date, je ne m'en souviens plus. Cela fait dix mois. Je l'ai consulté

, Dr Lacan-Pourquoi vous l'avez consulté ?

M. Brigitte and -. , avais des problèmes vis-à-vis de mon fils. J'étais toujours énervée. Quand j'arrivais le soir il ne voulait pas manger comme je voulais

, Dr Lacan-Comment, quand vous arriviez le soir ?

, Mlle Brigitte-De mon travail

, Dr Lacan-À ce moment-là, vous vous occupiez de lui. Cela ne va pas de soi, puisque vous m'avez dit qu'il était en nourrice

, Mlle Brigitte-À ce moment-là, je m'occupais lui

, Dr Lacan-Vous avez passé un certain temps où vous vous occupiez de lui. Combien d'années ?

, Mlle Brigitte-Presque deux ans, à peine deux ans

, Dr Lacan-Oui, et alors, qu'est-ce qui vous a poussée à aller consulter le Docteur Chertok ?

, Quand on accouche, c'est quand même pas ordinaire. Le rôle d'une sage-femme qui vous accouche, parce qu'elle est gentille avec vous mais tomber amoureuse en plus de la sage-femme, l'aimer plus que son fils, c'est un peu fort. C'est Madame Tauchon qui était la sage-femme. J'aimais beaucoup moins mon fils que Madame Tauchon, C'est un peu gros, non ? Dr Lacan-Voyons quand même la gamme des amours qui ont été les vôtres

M. Brigitte and -. ,

, Dr Lacan-Dans quel sens ?

M. Brigitte-l'homme and .. , je me suis aperçue qu'il y a avait autre chose à faire qu'à m'aimer. Ils ne pourront m'aimer comme eux aiment leur famille. Ils ne pouvaient pas m'aimer

, Dr Lacan-Faisons quand même à peu près une liste. Ce père de votre enfant, est-ce que vous l'avez aimé ?

, Sur le plan affectif, j'aurai pu l'aimer, mais il est parfois trop futile et parfois trop violent, comme mon père. Ce n'est pas des hommes de ce type-là que je recherche. Souvent, une jeune fille, elle recherche un père à travers son mari, une image de son père. Ce n'était pas du tout ce que je recherchais

. Dr-lacan-ce-n, on parle beaucoup à tort et à travers. Alors, cette Madame Cauchon ?

, ce lapsus bien avant vous, peut-être parce qu'en ce moment-là, je n'étais pas en psychothérapie. Effectivement, Cauchon, Tauchon

, Dr Lacan-Alors, cette Tauchon, c'était la personne

M. Brigitte-oui-passe-le-torchon, J'ai pensé une fois à torchon, et une fois à cochon. Ça allait après. Je ne vous en dis pas plus

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous voulez dire en disant que je le sais déjà ?

, Mlle Brigitte-Ce n'est pas la peine que je vous raconte mon histoire. Vous avez vu mon dossier. J'ai un dossier grand comme ça

, Dr Lacan-En effet, mais c'est parce qu'on me l'a raconté

, Mlle Brigitte-On vous l'a raconté ? On vous a raconté l'histoire, quoi

, Dr Lacan-Oui, c'est quelque chose qui flotte, comme ça

, Mlle Brigitte-Moi, j'aimerais mieux vivre suspendue

, Dr Lacan-Vous aimeriez vivre suspendue ? Expliquez

, Une robe suspendue... j'aimerais vivre comme un habit. Si j'étais anonyme, je pourrais choisir l'habit auquel je pense, Mlle Brigitte-Vous pensez peut-être à une robe suspendue

, Dr Lacan-Vous avez trouvé plus fort que vous. Dites-moi qui ?

, Mlle Brigitte-Vous

. Dr-lacan-pourquoi, vous considérez que pour l'instant

, Mlle Brigitte-Vous avez une position de supériorité par rapport à moi. Vous représentez la science, de grandes choses. Moi, je représente la vie de tous les jours

, Dr Lacan-Comment est-ce que vous appelez ça... tirer les ficelles ?

, Mlle Brigitte-Prendre en main les ficelles

, Dr Lacan-Pourquoi est-ce que je tire les ficelles ? J'essaie justement de comprendre le mieux que je peux. Qu'est-ce qui vous fait penser que

, Mlle Brigitte-Je suis avec vous. Vous ne me laissez même pas le temps de terminer ce que j'ai à exprimer. Hop ! vous

. Dr-lacan-c'est-un-petit-peu-le-fait-que-j,

M. Brigitte-le-champ-de-quoi, , p.347

, Dr Lacan-Le champ de ce qui a fait jusqu'à présent votre vie

, Mlle Brigitte-Effectivement, derrière chez moi, il y avait un champ où je me promenais, un champ de blé... un champ de mots. Je m'amusais avec les personnalités des coquelicots

, Dr Lacan-Ce n'est pas complétement invraisemblable parce que c'était peut-être ce que vous cherchiez

M. Brigitte-oui,

, Dr Lacan-Vous vouliez faire quelque chose comme institutrice pour ces pauvres enfants. Vous croyez que c'est ça ?

, Mlle Brigitte-Je crois que c'est ça, oui. À travers le travail, j'ai été amenée à vivre pendant un certain nombre de mois en faisant des choses qui ne me plaisaient pas. Je recherchais toujours à trouver une place, et à trouver un chez moi chez les autres

, Dr Lacan-Oui, ce sont des choses... j'essaie de vous les faire exprimer comme vous le sentez

, Pour exprimer mes pensées, il y a un langage que j'aime, un langage que les médecins adoptent. J'aime ce langage. Il représente peut-être une couche de la société ce langage. Le langage que j'ai parfois, c'est le langage des médecins, Mlle Brigitte-Des choses que je n'arrive pas à exprimer

, Dr Lacan-Donnez-moi par exemple une idée de ces langues que vous inventez

M. Brigitte and -. , des mots qui viennent à la bouche, des expressions qui finissent comme les mots qu

, Dr Lacan-Comment avez-vous eu l'idée des sons qu'on trouve en Russie ?

, Mlle Brigitte-Comment j'ai eu l'idée ? Par moi-même. C'est moi qui l'ai inventé

, Dr Lacan-C'est un russe inventé. Donnez-moi une petite idée

, Mlle Brigitte-Des mots ? Je peux le faire par écrit si vous voulez. Mais pas comme ça, c'est déjà quelque chose. Je n'ai pas envie d'être la risée de tout le monde

, Dr Lacan-Vous n'êtes pas du tout la risée. Tout le monde est là, très intéressé par ce que vous dites

, Mlle Brigitte-Ils n'ont pas ri, mais il ont souri. En ce moment, Monsieur le Chat

, Dr Lacan-Pourquoi Monsieur le Chat ?

, Mlle Brigitte-Parce que j'ai été poursuivie par des mâles. Dernièrement, il y avait un gros chat, un gros minou qui me suit. C'est un gros minou persécuteur. Je donne des âmes aux animaux. Je donne une âme à une chenille que j'écrase avec mon vélo. Une fois, j'ai vu ses boyaux jaunes

, Dr Lacan-Alors, ce gros minou en question, comment est-ce qu'il intervient ? Quel est son rapport avec vous ?

, faire une prisonnière dans une prison, alors qu'en réalité... il espérait que je sortirais de mes fantasmes à travers mes

, Dr Lacan-Qu'est-ce que c'est que ce chat ?

M. Brigitte-c'est-un-symbole, On dit que le chat chasse la souris ? Il y a des bêtes qui chassent l'homme

, Dr Lacan-Expliquez-moi quels sont vos rapports avec ce personnage

, Mlle Brigitte-Le personnage de la souris

, Dr Lacan-C'est le chat ou la souris ?

, Mlle Brigitte-Le chat, ce n'est pas moi. Moi je suis

, Dr Lacan-C'est vous la souris

, Celui qui attrape une souris, c'est parfois un chat. Attraper une souris, je me dis, à mon tour on va m'attraper, Mlle Brigitte-On veut m'attraper

, Dr Lacan-Où le sentez-vous ce chat ? Tout à l'heure vous m'avez indiqué dans votre dos

, Je ne m'étais pas du tout fait cette idée. J'avais pris un café pour me remonter un petit peu, sans être fatiguée, Mlle Brigitte-Dans mon dos ? J'ai dit dans mon dos ? Je n'ai pas dit dans mon dos ! Ah, si, si

, Dr Lacan-Vous avez pensé que vous étiez hypnotisée ? Et qu'est-ce qu'il y a d'autre, dans ce fil-là ? Est-ce qu'il y'a d'autres façons de

, Mlle Brigitte-Est-ce qu'il a des personnes qui jouent aussi avec les autres, quoi

D. Lacan-oui,

, Je pense qu'on veut gagner. Je continue à voir ce personnage

, Dr Lacan-C'est pour cela que vous continuez à voir quel personnage ?

, Mlle Brigitte-Le clown... moi-même

, Dr Lacan-Qui est le clown ?

M. Brigitte-le-clown,-c'est and . Moi, Le clown qui pense, le clown qui pleure, les clowns qui ont faim, qui ont peur

, Dr Lacan-Vous êtes fatiguée ?

, Mlle Brigitte-J'aurais peut-être mon petit déjeuner, puisque j'ai été gentille

, Dr Lacan-Parce que vous considérez que vous avez été très gentille... vous avez fait un effort

, Si je suis malade, je me présente en malade. Si je ne suis pas malade, vous me traitez en autre chose

, Dr Lacan-Aujourd'hui, je ne vous ai pas traitée comme une malade

M. Brigitte-quand-même,

, Dr Lacan-Dites-moi ce que vous en pensez. Vous êtes une vraie malade ou une fausse malade ?

M. Brigitte-je-ne-sais-pas.-Être-vrai, Je ne suis ni une vraie malade ni une fausse malade. Je ne suis ni vraie ni fausse. J'existe comme malade. Mais le problème, c'est par rapport à être ou ne pas être. Je fais ce que j'ai envie. Si j'ai envie d'être une vraie malade, je suis une vraie malade

, Dr Lacan-Ce dernier événement, c'est quand même la photo que vous avez reçue de votre fils, J'ai cru comprendre

M. Brigitte-oui, Madame Bruno était plutôt réticente à mon égard. À force, elle commençait a en avoir marre, elle était méchante avec moi. Elle m'a envoyé la photo, c'est gentil. Elle m'a dit que je pouvais le voir quand je veux

, Dr Lacan-C'est des choses qui arrivent, ça

, Mlle Brigitte-Ça dure combien de temps ?

, Dr Lacan-Combien de temps que nous bavardons là ? Eh bien, vol.1

M. Brigitte-ce-n'est-pas-Énorme and N. , Par contre, les consultations chez les psychothérapeutes, chez les psychanalystes, ne durent pas plus d'une demi-heure, entre une demi et trois quarts d'heure, parfois un peu moins. J'étais vraiment très malheureuse... je pouvais à ce moment-là... J'aimerais recevoir un cadeau. Si on me demandait ce que je veux

, Dr Lacan-Ah oui ?

B. Mlle, La première que j'ai eue, c'était moi qui me l'étais offerte. Je l'ai balancée, pourtant elle marchait bien. Si on voulait me faire un cadeau, si on voulait m'en faire un

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous souhaiteriez, maintenant en sortant d'ici ?

, Mlle Brigitte-J'aimerais retrouver la situation que j'avais avant d'aller chez Cohen. Je faisais le ménage dans la chambre

, Dr Lacan-Et si vous arriviez à ça, cela vous permettrait de reprendre votre emploi

M. Brigitte-oui and .. , de toute façon je n'aime pas... je me demande ce que je peux faire

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous considérez comme étant votre métier ?

M. Brigitte-le-métier-que and . En-vue-de-trouver-une-place-dans-la-société, Mon rôle, à travers les études que j'ai faites, c'est trouver une place dans la société, jouer un rôle dans la société... les mondes imaginaires... je suis les papiers, j'en jette, j'en rejette, j'en cumule. J'aime bien le papier. J'aimerais savoir que quand j'ai envie de quelque chose... à travers les petits papiers, les petites cartes, quand j'en aurai besoin, par bonne habitude. Sauf mes fiches de paie. J'ai travaillé n'importe où, partout. Ce sont des fiches qui ne servent à rien. Quinze jours par ci, quinze jours par là. Aucune référence, alors que ça fait dix ans que je travaille

D. Lacan-bien, On se quitte ?

, Mlle Brigitte-On se quitte bons amis ? Pour célébrer cette séparation

J. Préféré-un-bon-petit-beaujolais,

, Dr Lacan-Ça vous est arrivé combien de fois, de traverser un hôpital psychiatrique ?

, Un à Clermont-de-l'Oise, un à Caen, un à Paris. La prochaine fois, ce sera en montagne

, Dr Lacan-Comment êtes-vous allée à Caen ?

, un gros camion sur lequel était marqué Caen. J'ai dit : je vais aller à Caen. Aussi j'ai

, Dr Lacan-Comment est-ce que vous vous êtes fait admettre à l'hôpital psychiatrique ?

, Mlle Brigitte-Je suis arrivée un soir à une heure absolument indue. J'ai raconté au type du baratin

, Dr Lacan-Un baratin de quel genre ?

, Mlle Brigitte-Que je suis persécutée... alors on m'a hébergée, parce que j'étais malade. Si je n'avais pas été malade

, Dr Lacan-Mais enfin, d'où preniez-vous cette idée d'être persécutée ? Où l'aviez-vous attrapée ?

M. Brigitte-j'avais-conscience-que-j'étais-suivie, Quand je suis arrivée à Laborde, le médecin, Danièle Sabourin, elle n'est pas de l'assistance sociale, elle a marqué syndrome persécutif. Ce n'était pas vrai, je ne présentais pas un syndrome, j'étais réellement persécutée. Quand je me balade dans la rue, il y a des gens qui me font des signes. J'en ai vu une qui avait pris mon gilet pour me persécuter

, Dr Lacan-Votre gilet ? Votre gilet réel ?

, on ne fait plus ce genre de modèle, il est démodé. Je l'avais acheté à la Redoute ou aux Trois Suisses, dans un catalogue, on reconnaît bien mon gilet. Je n'étais pas arrivée tout à fait par hasard à Caen, ni à Paris. C'est par hasard parce que les gens me le disaient. Je me disais : qu'est-ce que les gens veulent de moi ? C'est pour ça que je voulais savoir

, Dr Lacan-Cette histoire de gilet qu'on vous a pris, vous l'avez reconnu sur quelqu'un d'autre, ça s'est passé quand ?

, Mlle Brigitte-Très exactement après une semaine

, Dr Lacan-Vous étiez ici il y a une semaine

M. Brigitte-dans-le-parc,

D. Lacan-dans-le-parc and .. ,

, Mlle Brigitte-Là où il y a l'ensemble des pavillons. Le parc c'est ça. Tous les pavillons qui sont plantés là

, Dr Lacan-Donc, c'est en sortant de votre pavillon que vous l'avez reconnu

, Mlle Brigitte-Sur une fille qui soi-disant était malade. Elle prenait mon identité ? Elle racontait des choses qui

, Dr Lacan-Est-ce que c'est à la portée de tout le monde de prendre votre identité ?

. Mlle-brigitte-oui,

, Dr Lacan-Là, c'est non seulement prendre votre identité, c'est prendre un objet qui vous appartient. Et alors, il ne vous est pas venu à l'idée de vous demander

, Mlle Brigitte-Elle est passée devant moi en marchant assez vite, un petit peu comme quelqu'un qui ne voudrait pas avoir affaire à moi. L'avant-veille, ou la veille, elle m'a raconté des histoires. Elle disait : moi

, Dr Lacan-Donc, c'est une personne que vous aviez déjà repérée

, Si elle n'avait pas connu mon histoire, elle n'aurait pas porté sur elle mon gilet

, Dr Lacan-Comment le savez-vous ? Où elle l'a pris ?

M. Annie and C. ,

. Le-titre, Observations médicales : le cas de Madame Annie C, Présentation publiée dans la revue La célibataire n o 1, 1998.

D. Lacan-bon, Dites-moi un peu ce dont vous vous souvenez et de la façon dont vous êtes venue ici. Je crois que c

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous pensez de votre état ?

, Mme Annie C.-En ce moment, je suis très angoissée

, Je dois dire, parce que je n'ai pas commencé de parler avec vous. J'ai quand même tiré quelques informations des personnes qui vous suivent, qui s'occupent de vous. En ce moment, vous êtes très angoissée. Comment considérez-vous cette angoisse ?, Dr Lacan-Vous êtes très angoissée

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous voulez dire en disant que vous êtes très angoissée ?

M. Annie, C. -eh-bien, and . Serre, et je me mets à transpirer et à bafouiller plus ou moins, et je? je suis coiffeuse, je ne travaille pas depuis le mois de novembre. J'ai essayé d'aller faire un stage de recyclage, et j'avais tellement peur que je ne pouvais rien en tirer. Je manque de confiance en moi, alors que quand je suis malade

, Dr Lacan-Comment voyez-vous ça, trop de confiance en vous ?

, Mme Annie C.-Comment je le vois ? Je ne le vois pas

, Dr Lacan-Peut-être que vous pouvez, enfin, je vous fais là-dessus tout à fait confiance, puisque vous êtes pour l'instant dans un état qui paraît tout à fait rassis? n'est-ce pas ?

, Mme Annie C.-Tout à fait? ?

D. Lacan-rassis, Je veux dire un état tout à fait sensé, n'est-ce pas?

, Mme Annie C.-En ce moment, je suis sensée, oui

, Dr Lacan-Est-ce à dire que vous considérez vous-même que dans ce moment où vous vous sentez comme cela, à portée d'obtenir beaucoup de choses, est-ce que vous pensez qu'à ce moment-là

, Dr Lacan-Est-ce que vous pensez que quand vous êtes?

, Mme Annie C.-? euphorique ?

, Dr Lacan-C'est vous qui appelez ça comme ça

M. Annie and C. -ce-n'est-pas-moi, Je me sens euphorique, j'ai l'impression que tout va me réussir, que je n'ai pas de problème, que tout va me tomber du ciel et que ce sont des esprits qui m'aident, que ce sont des gens morts qui m'aident. J'ai l'impression que c'est proche de moi et que ce sont eux qui me font agir et agir bien, alors que je n'agis pas bien. Je crois que ce que je fais, je le fais, poussée justement par ces esprits et que ces esprits me font faire les choses convenablement

, Avoir tous les droits, qu'est-ce que ça veut dire ?

M. Annie and C. , Je me prends pour un être exceptionnel et j'ai l'impression que j'ai le droit de dire certaines vérités que je pense aux gens qui m'entourent, si bien que je fais des scandales. D'habitude, je suis plutôt réservée, alors qu'à ces moments-là je vais vers les gens, même des gens que je ne connais pas, et j'ai l'impression que ce sont des amis moi, Ça veut dire pouvoir faire tout ce que je veux, puisque tout ce que je veux, je crois que c'est bien

, Dr Lacan-Pourquoi ? Parce qu'ils subissent?

M. Annie, C. Ne, and . Pas, Au début, les gens ne se rendent pas compte que je suis malade, parce que j'ai l'air de parler de manière sensée

, Dr Lacan-Dites-moi, par exemple, un petit bout comme ça de ce qui est possible quand vous êtes dans cet état que vous avez appelé vous-même euphorique

, Mme Annie C.-Par exemple, je suis? Dr Lacan-Donnez m'en un exemple?

M. Annie and C. , Je suis allée au Cirque d'Hiver ; j'ai assisté à des numéros de cirque ; j'étais persuadée que j'étais capable de faire tous les numéros, et je suis même allée jusqu'à penser qu'on allait me les faire faire, que j'allais les faire, Je suis venue à Paris avec un dompteur, avec des fauves

, Dr Lacan-Douée ou aidée ?

, Mme Annie C.-Les deux. Je crois que j'ai tous les deux

, Dr Lacan-Ce dompteur, comment l'avez-vous connu ?

M. Annie and C. -sa-mère-habite-louviers, Comme je me trouvais dans une situation difficile, j'étais en divorce avec mon mari, j'avais des ennuis, j'ai rencontré cette dame chez des amis ; elle m'a invitée chez elle à déjeuner. Comme son fils allait à Paris au Cirque d'Hiver pour passer à la Piste aux Etoiles

, Dr Lacan-Ça s'est passé quand, ça ?

, Dr Lacan-Comment est-ce que ça a tourné en hospitalisation, qu'est-ce qui s'est passé ?

, Mme Annie C.-Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé

, Dr Lacan-Il y a bien eu quelqu'un qui a pris l'initiative de vous amener ici par la main

M. Annie and C. , Il paraît que c'est moi qui ne me sentais pas bien, et j'ai demandé à venir. Je ne me sentais pas bien

, Dr Lacan-Vous aviez des troubles. Qu'est-ce que vous appelez troubles ?

M. Annie and C. , Je souffrais de certaines choses ; par exemple, à un moment, j'avais mal au ventre et j'avais l'impression d'accoucher, les douleurs que je ressentais? je ne peux pas dire ce que je ressentais, c'est très difficile à exprimer. C'est vague, c'est loin ; ce sont des phénomènes que je ne ressens plus et que j'ai du mal à expliquer

, Dr Lacan-Il n'y a pas vraiment lieu

, Mon père a dit à mon mari que pour me guérir, j'avais besoin de coups de

D. Lacan-oui, Et votre mari, alors parlez-m'en?

, Mme Annie C.-(hésitation)

, Dr Lacan-Je vous demande pardon ; cela vous ennuie tellement ?

M. Annie and C. -non, Mon mari, c'est un brave type, quelqu'un de très gentil, quelqu'un que j'ai fait souffrir et que je n'aime sûrement pas suffisamment

, Dr Lacan-Et comment ça se fait, puisque vous en parlez comme cela, que vous puissiez porter ce témoignage ?

, Mme Annie C.-C'est parce que c'est comme ça, je ne l'aime pas suffisamment

, Dr Lacan-Pas suffisamment ?

M. Annie and C. , Je ne l'aime pas suffisamment pour le rendre heureux, je le rends malheureux, c'est pour ça que je veux le quitter souvent, quand je me sens bien ; quand je me sens mal

, Dr Lacan-Il vient vous voir ici ? Je sais, on ne va pas parler de la ville où vous fonctionnez d'habitude. Vous voulez m'en parler ? Où elle est ?

, Mme Annie C.-Où habite mon mari ? Louviers

. Dr, Lacan-C'est pour ça qu'il?

M. Annie and C. , Il n'est pas venu me voir beaucoup parce que je ne voulais pas le voir. J'étais en divorce, je ne voulais pas le voir. Quand j'ai commencé à aller très mal, à me déprimer, j'ai demandé au Docteur Duhamel qu'il appelle mon mari pour qu'il vienne me voir

, Dr Lacan-Et ce divorce ?

, Dr Lacan-Ah oui, c'est au nom de quoi que vous aviez?

, Mme Annie C.-? voulu divorcer ?

D. Lacan-oui,

M. Annie and C. , Au nom de quoi ? Parce que je vous dis

, Dr Lacan-Vous avez des relations avec quelqu'un d'autre ?

M. Annie and C. , Ce n'est pas ça qui m'a fait divorcer

, je voulais vivre seule, je me suis aperçue que je n'en étais pas capable

, Dr Lacan-Qui étaient, si je peux me permettre de vous demander ça, ces autres personnes ?

, Mme Annie C.-Il y en a eu quelques-uns

. Dr-lacan-c'est-de-quel-ordre, Quand vous êtes portée par cette inspiration

M. Annie, C. -que-je-couche-avec-n'importe-qui-?-c'est, and . Vrai, Parce que je parle un peu avec les gens, je me sens très liée. Si vous voulez, quand je suis exubérante, les gens qui sont autour de moi, mes amis, ne me comprennent plus. Ils ont tendance à me laisser. Comme je manque d'affection, je vais en chercher ailleurs. Je parle avec des gens. J'ai l'impression que les gens m'aiment

, Dr Lacan-Des relations de quoi ?

, Mme Annie C.-Des relations sexuelles, si vous voulez

, Dr Lacan-Qu'est-ce que c'est que les relations sexuelles ?

, Mme Annie C.-Vous savez, dans ces périodes-là, ce que je fais, je ne me rends pas compte

, Dr Lacan-Il vous arrive de quoi? ? D'aborder quelqu'un ?

M. Annie and C. -non, je n'aborde pas les gens dans la rue. Les gens me parlent, et je me laisse aborder facilement par les gens

D. Lacan-oui,

M. Annie and C. , Je vous dis, au début, on ne se rend pas compte de ce que je suis ; on me prend pour une originale, les gens s

, Dr Lacan-Cela mène à quoi ? À quelle grandeur ? À de fréquentes rencontres ? Il vous arrive

M. Annie and C. Savez,

, Dr Lacan-C'est ce qui me frappe. Vous ne savez pas qui est-ce qui vous a amenée ?

M. Annie and C. , est ma mère et mon beau-père et des amis qui étaient chez moi, c'est moi qui ai demandé qu

, Dr Lacan-C'est vous qui avez demandé ?

M. Annie and C. , Je voulais venir ici pour prouver que la première fois, on m'avait enfermée pour rien

, Dr Lacan-Parce qu'il y a eu une première fois ?

M. Annie and C. ,

, Dr Lacan-Racontez-moi ça. C'était quand ?

, Mme Annie C.-C'était après la naissance de mon fils

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui s'est passé, alors, à la naissance de votre fils ?

M. Annie and C. , Je ne sais plus, j'étais heureuse, et puis je me suis mise à débloquer, je ne sais pas pourquoi. Comme je débloquais, les gens qui étaient autour de moi m'ont rejetée et à ce moment-là? Dr Lacan-Quand ?

M. Annie and C. , avais un ami à ce moment-là. J'ai fait tellement de scandale partout autour de lui qu'il a été obligé de me rejeter

, Dr Lacan-Vous aviez, si j'ai bien entendu ce qu'on m'a dit, vous n'aviez pas seulement un ami

M. Annie and C. -non, J'en avais deux, parce qu'il y en avait un qui ne pouvait pas me contenter sur le plan sexuel, un que j'aimais. Je les aimais bien tous les deux, ils m'apportaient chacun des choses différentes

. Dr-lacan-oui,

, C'étaient des gens de Louviers ?

, Dr Lacan-Qui était la personne de Paris ? C'était celle qui ne vous satisfaisait pas ?

M. Annie and C. Ça, C'est un homme qui avait beaucoup de qualités, que j'admirais profondément, je l'aimais. On peut aimer quelqu'un même s'il ne peut pas vous contenter sur le plan sexuel, si cette personne a une valeur et si en plus elle vous aime

M. Annie and C. ,

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous ratez ?

, Je n'arrive pas à faire le travail convenablement

, Dr Lacan-Mais du fait que vous en avez été capable, il y a quand même toutes les chances

M. Annie and C. , Mais entre-temps, la mode a changé, il y a d'autres choses à faire, d'autres choses à apprendre, et je ne me sens pas capable de les apprendre parfaitement

, Dr Lacan-Bon, alors nous nous trouvons devant la mémoire d'un état que vous qualifiez vous-même d'exubérant, et puis actuellement

, Mme Annie C.-Non, je crois que je me sous-estime

, Dr Lacan-Que vous ne retrouverez pas vos facultés ?

, Mme Annie C.-C'est exactement l'opposé de ce que je suis quand je suis malade

, Dr Lacan-Si, vous êtes peut-être aussi malade maintenant parce que cela existe, ces états oscillants

, Mme Annie C.-Oui, je suis malade en ce moment, sûrement

, Dr Lacan-Oui, donc vous pouvez toujours penser que vous allez retrouver un état moyen

M. Annie and C. Souhaite,

, Dr Lacan-Vous le souhaitez

, Mme Annie C.-Je l'espère

, Dr Lacan-Vous allez retourner avec votre mari et votre enfant ?

M. Annie and C. ,

D. Lacan-quand,

, Mme Annie C.-Je ne sais pas

, Dr Lacan-Vous allez vous fier à l'avis des médecins ?

M. Annie and C. ,

, Dr Lacan-J'aimerais quand même que vous me donniez une idée de ce qui vous porte quand vous êtes dans des états

, Mme Annie C.-Ce qui me porte ? Mais je n'en sais rien

, Dr Lacan-Mais comment ça se présente pour vous ?

, Mme Annie C.-Je ne peux pas vous le dire

, Dr Lacan-Comment faut-il sentir ces "esprits" ? C'est des esprits qui sont tous de l'espèce de votre grand-mère ? Des personnages de votre lignage ?

M. Annie and C. ,

. Dr-lacan-Ça,

, Mme Annie C.-Je ne le crois pas maintenant

, Dr Lacan-Mais à ce moment-là, vous le croyiez

M. Annie and C. , je crois que c'est des esprits qui m'aident, qui veulent me faire?

, Dr Lacan-Oui. À combien de temps ça remonte ?

, Dr Lacan-À partir de quand ça a commencé, cet attachement à des livres ?

, Mme Annie C.-Des livres de quoi, de philosophie, de religion ?

, Dr Lacan-Il y a deux choses, les livres de philosophie, de religion, et puis il y a les romans qui jouaient une fonction que vous repérez comme analogue

, Mme Annie C.-Je ne comprends pas ce que vous venez de dire

, Dr Lacan-Vous repérez que les romans ont joué la fonction des livres de religion et de philosophie

M. Annie, C. -j'essaie-d'expliquer, and L. Choses, J'ai l'impression que tous les gens qui lisent un livre subissent l'atmosphère du livre

, Dr Lacan-Quelle éducation avez-vous reçue ? Les écoles que vous avez traversées ?

C. Dr-lacan-jusqu'en-première,-où-?-mme-annie and . Paris,

, Dr Lacan-Et qu'est-ce qui vous a fait, enfin, abandonner ?

M. Annie and C. , Abandonner mes études ? Le manque de courage. J'ai raté mon bac, et comme mes parents ne me poussaient pas tellement

, Dr Lacan-Qu'est-ce que ça veut dire, je sortais. C'était votre volonté ?

M. Annie and C. , Je ne me plaisais pas tellement chez moi, alors je sortais. Je sortais l'après-midi

, Dr Lacan-Vous avez actuellement combien d'enfants ?

M. Annie and C. ,

, Dr Lacan-Et c'est au second que vous avez eu ces choses qu

M. Annie and C. ,

, Dr Lacan-Maintenant, vous avez peut-être l'idée que vous avez eu des idées bizarres à ce moment-là. Ou bien est-ce que vous êtes toujours sur le pied de penser que c'était tout à fait légitime ?

, Mme Annie C.-Je sais bien que tout n'est pas normal

, Dr Lacan-Donnez-moi une idée de ce qui était-à vos yeux de maintenant-pas normal ? À vos yeux de maintenant, vous dites que vous n'étiez pas normale à ce moment-là

M. Annie and C. Voulu-mon-enfant-parce-que-je-me-sentais-bien-dans-ma-peau,-j'étais-heureuse, Je me suis dit : je vais faire un enfant parce que je me sens bien. Je pourrai bien l'élever, ça sera un enfant extraordinaire, parce que moi, je suis extraordinaire. Au moment où j'ai conçu mon enfant, je pensais déjà à ça. Je voulais un garçon. Comme c'est un garçon qui est né, j'ai cru que ce serait une réincarnation du Christ quand il est né. Je croyais aussi être d'essence divine

, Dr Lacan-Et votre autre enfant, il est de quel sexe ?

M. Annie and C. -c'est-une-fille,

, Dr Lacan-C'est pour ça que vous vouliez un fils. C'est parce que?

, Mme Annie C.-Parce que j'ai toujours préféré les garçons

M. Annie and C. , Que j'étais comment ? Tout le monde dans la vie a des phases de dépression, se sent triste et heureux à d'autres moments. De toute façon

, Dr Lacan-Des raisons, c'est justement ce qu'on apprécie mal

, Mme Annie C.-Je n'ai pas toujours été malade mentale puisque?

, Dr Lacan-Puisque ?

, Mme Annie C.-Puisque j'étais quelqu'un de bien

, Dr Lacan-Mais je suis tout à fait persuadé que vous étiez, vous êtes quelqu'un de bien

M. Annie and C. , Tout le monde est quelqu'un de bien de toute façon

, Dr Lacan-Vous n'avez pas une petite trace de déblocage, avant l'époque la plus récente ?

M. Annie and C. , est quand j'ai commencé à vouloir être parfaite. J'avais un tel besoin d'affection, je voulais m'améliorer. Quand j'y arrivais, j'étais heureuse, mais c'était souvent contre mon gré

, Alors, j'étais triste, parce que je me disais : c'est vraiment dur d'être parfaite

, Dr Lacan-Vous savez que ce n'est pas d'hier que vous êtes comme ça, avec ces réactions, dont le plus frappant c'est cette tristesse qui succède à ce que vous appelez vous-même votre euphorie

M. Annie and C. , Depuis quand?, Quand on vole trop haut, on retombe? Dr Lacan-Tout est là

, Mme Annie C.-Je ne sais pas

, Dr Lacan-Quand vous étiez au lycée, est-ce qu'il y a eu quelque chose qui ressemblait à ça ?

M. Annie and C. , étais au lycée, quand j'étais jeune, j'étais chez mes parents. Mes parents se disputaient tout le temps, ce n'était pas la vie rêvée. En plus, j'étais grosse, j'étais malheureuse. Mes parents ne comprenaient pas que ça me rendait malheureuse

, Dr Lacan-Ça vous rendait très malheureuse d'être grosse ?

, Mme Annie C.-Ça me complexait, si vous voulez

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez être grosse ?

, Mme Annie C.-Avoir 20 kilos de plus que maintenant, c'est être grosse

, Dr Lacan-Combien vous aviez, à ce moment-là ?

, Mme Annie C.-Je pesais presque 70 kilos, j'en pèse 50 maintenant

, Dr Lacan-Comment c'est arrivé, cette chose-là ?

M. Annie and C. ,

, Dr Lacan-Vous avez perdu parce que vous avez?

, Dr Lacan-Vous avez?

M. Annie and C. , avais le moral, j'arrivais à suivre mon régime, mais quand je n'ai pas le moral, je fais de la boulimie, j'ai tendance à manger. Maintenant, je fais attention. Quand je me sens bien, je mange normalement. Je ne sais même plus maintenant quand je me sens bien

, Dr Lacan-Ça ne me paraît pas? vous-même avez eu là-dessus un flottement?

, Mme Annie C.-Sur quoi ?

S. Madame,

, Cette présentation correspond au cas n°2 du site de Patrick Valas. Nous avons déplacé les notes

, Suivent deux phrases manuscrites : « L. entrait généralement en poursuivant un dialogue avec la personne présentée. C'est sans doute à sa réaction devant l'assemblée que L

, Dr Lacan-Nous sommes tous médecins, et naturellement tous s'intéressent à vous. Racontez-moi un peu comment tout cela est parti. Qu'est-ce que vous faites ?

S. Mme and . Kinésithérapeute,

, Dr Lacan-Kinésithérapeute? et comment avez-vous été amenée à faire ce métier ? Peut-être pouvezvous en dire quelque chose ?

S. Mme, avais loupé mes examens, pour continuer la médecine. Comme j'étais mariée, j'ai fait la kinésithérapie

, Dr Lacan-Comme j'étais mariée? qu'est-ce que cela veut dire ?

, Mme S.-Pendant que mon mari continuait ses études

, Dr Lacan-Il continuait ses études de quoi ?

S. Mme and . Médecine,

, Dr Lacan-Votre mari est médecin ?

S. Mme,

!. Dr-lacan-ah and . Oui, Cela a un intérêt ; on ne me l'avait pas dit. On m'a dit pas mal de choses, mais on ne m'avait pas dit cela. Vous avez donc fait kinésithérapie ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Il y a combien de temps de cela ? Vous avez souffert de vos échecs ?

S. Mme, est en 1962-1963 que j'ai commencé

, Sautons à l'autre bout. Comment avez-vous été amenée ici ?

S. Mme, Comment je suis venue ici ?

, Dr Lacan-Comment êtes-vous venue ici ? C'est une question qu'il est naturel que je vous pose

S. Mme, Parce que cela n'allait pas très bien

, Dr Lacan-Vous n'alliez pas bien? qu'est-ce qui n'allait pas ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Vous aviez commencé de dire : j'avais essayé? essayé de quoi ?

S. Mme and . Disparaître, C'est pour cela que mes amis m'ont amenée ici

, Dr Lacan-Vos amis, c'est-à-dire qui ?

S. Mme and . Proches, Une personne que je connaissais

!. Dr-lacan-ah and . Oui, Qui est-ce, cette personne ?

S. Mme, P. -madame, and B. Le-docteur,

, Dr Lacan-C'est un copain à moi, cela m'intéresse. C'est lui qui vous a envoyé ici ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Cela fait combien de temps aujourd'hui ?

S. Mme, Je ne sais pas le temps exact, je ne sais pas. Je sais que je suis entrée ici le 20 décembre. Je ne sais pas depuis combien de temps avant j'étais malade? 10 jours, 15 jours? je ne sais pas. Cela n'est pas long

S. Mme, Dr Lacan-Vous m'avez dit que vous aviez voulu disparaître. Vous avez tout de même fait quelque chose ?

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous avez fait ?

S. Mme and . Tentatives, Une fois en voulant me pendre

, Dr Lacan-Un rasoir? vous vous êtes coupée où ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Vous avez voulu vous trancher?

S. Mme and . Vu-que-c,

, Dr Lacan-Est-ce que vous avez une idée de ce pourquoi vous vouliez, comme on dit

S. Mme and . Peur-de-ne-pas,

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui vous poussait ? Vous avez une idée? pourquoi vous vouliez faire cela ?

S. Mme, avais peur de ne pas surmonter ce qui m'arrivait

, Dr Lacan-Surmonter ce qui vous arrivait. C'est bien de cela qu'il s'agit. Qu'est-ce qui vous arrivait ?

S. Mme, étais en instance de divorce avec mon mari

!. Dr-lacan-ah and . Oui, Comment cela s'est-il fait ? Votre mari?

S. Mme and . Parti,

, Dr Lacan-C'était tout de même quelque chose d'établi, et pas si récent

S. Mme and . -non,

, Dr Lacan-Cette instance de divorce, qui est-ce qui en a eu l'initiative ?

S. Mme, Les deux, peut-être moi, mais enfin c'est les deux

. Dr-lacan-c'est-les-deux, Quelle est sa part dans l'affaire ? Si mes souvenirs sont bons

S. Mme and . -non, présenté comme cela? Il était entièrement d'accord. Il ne l'a pas fait parce qu'il a tenu un argument. Il n'avait pas assez d'argent pour me donner, exactement, c'est l

, Dr Lacan-C'est votre sentiment?

S. Mme and . Qu,

, Dr Lacan-C'est quand même vous qui l'avez demandé. Et à la suite de quoi ? Ce n'était pas absolument de plein gré ?

S. Mme and . -non,

, Dr Lacan-Si vous l'avez demandé, c'est pour une raison, sur laquelle j'ai eu des renseignements plutôt vagues

S. Mme,

, Dr Lacan-Ah ! Oui, trompée avec qui ?

S. Mme, Avec une femme, avec une dame, une de ses anciennes malades

!. Dr-lacan-ah and . Oui, J'aimerais quand même-je fais là un petit saut-que vous essayiez de me parler de vous

, Mme S.-(secoue la tête)

, Dr Lacan-C'est parce que je m'intéresse à ce qui se passe pour vous. Si vous pouviez me donner le sentiment, la manière dont vous avez ressenti tout cela. Cela suppose que je vous laisse un simple choix du moment où vous partirez pour m'éclairer sur?

S. Mme, Sur le fait que j'ai demandé le divorce ?

. Dr-lacan-non, est pas tellement ça qui m'importe, c'est de savoir comment vous sentez les choses, parce que bien sûr tout cela me paraît tout à fait raisonnable. Si votre mari vous a trompée, je ne vois pas pourquoi vous le supporteriez mieux que cela n'est supporté généralement. Jusqu'ici, tout est compréhensible. Mais j'aimerais en savoir plus. Je veux dire, je vous comprends très bien dans ce que vous me racontez là. Mais vous, dans tout ça ? J'aimerais bien savoir pourquoi, à votre sentiment

S. Mme,

, Dr Lacan-Vous croyez ?

S. Mme and . Oui,

, Dr Lacan-Comment se passaient les examens ?

, peur de l'oral. J'aime pas l'oral

D. Lacan-qu, est-ce qui se passait aux oraux ? Vous aviez eu peur, c'était bien légitime que vous ayez peur

S. Mme,

, Dr Lacan-À quoi cela tenait, cela, que vous ne puissiez plus parler ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Que vous n'étiez pas seule ? Que vous n'étiez pas seule à quoi ? Pas toute seule à répondre ? Mme S

, Dr Lacan-C'est cela, à ne pas répondre. Mais ce "pas toute seule, p.379

S. Mme,

, Dr Lacan-Ce n'est pas tout à fait la même chose que ce que vous m'avez dit tout à l'heure. Vous m'avez dit que vous n'aviez pas travaillé assez

S. Mme,

, Dr Lacan-En n'étant pas toute seule. Cela veut dire quoi ? Que vous sentiez

S. Mme,

, Dr Lacan-Vous avez dit un peu plus en disant que vous n'étiez pas toute seule. Cela implique l'idée d'une présence

S. Mme,

, Dr Lacan-Tâchez de me donner un peu une vue de cela. Une présence... une présence étrangère à la vôtre ?

S. Mme and . -non, une présence comme la mienne. Mais ce n'était pas moi. Enfin, j'essaie de traduire

, Dr Lacan-Comment se manifestait

S. Mme and . Voix, La présence visuelle, je ne peux dire. Quelquefois, j'avais l'impression

D. Lacan-quelquefois,

S. Mme,

, Dr Lacan-C'était très flou ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Depuis quand ce n'est plus pareil ?

S. Mme, Je ne peux pas ressentir la même chose

, Dr Lacan-Donc, cela, c'est une difficulté de votre jeunesse ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Tâchez de me donner une idée plus précise. Vous m'avez parlé aussi de voix

S. Mme,

, Dr Lacan-Comment l'entendez-vous ? C'est cette présence qui avait cette voix ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Mais comment l'entendiez-vous ?

S. Mme and . Mienne,

, Dr Lacan-Comme la vôtre ?

S. Mme, Comme une voix qui ne m'était pas inconnue. Il me semblait entendre ma voix

, Dr Lacan-Comment l'entendiez-vous, cette voix, ce son de votre voix ? C'était parce qu'elle disait quelque chose ?

S. Mme, Je me souviens d'une fois, entre autres, d'une impression en marchant, que quelque chose ou quelqu'un m'arrêtait et me faisait regarder une façade de maison

, Dr Lacan-On m'a parlé de cette histoire

S. Mme, Pour le moment, je ne sais pas. Tandis que les derniers temps, ce n'était pas tout à fait pareil. L'année dernière, Peut-être que cela m'a marquée

, Dr Lacan-L'année dernière, à quoi faites-vous allusion ?

S. Mme and . Fait-que-j, aie demandé le divorce. C'est moi qui l'ai demandé. J'avais mon mari qui était d'accord. J'avais l'impression que je n'étais pas toute seule à agir

. Dr-lacan-c'est-À-dire and . Quoi, Si je vous comprends bien, vous dites d'une part cela, c'est terminé, ce sentiment de présence mais, d'un autre côté, vous dites que cela a repris

S. Mme, entendais plus parler, après, ce n'était plus la même chose. Cela n'a pas duré, ce sentiment d'avoir quelqu

. Dr-lacan-c'est-À-ce-quelqu'un-qu'est-due, Je peux bien vous poser cette question, c'est parce que j'essaie de comprendre... vous avez le sentiment que cette demande en divorce vous a été inspirée par

S. Mme and . -ce-n,

, Dr Lacan-Alors, remettez les choses au point. C'est vous qui pouvez me dire de quoi il s'agit, parce que tout cela, c'est vous qui l'avez éprouvé

S. Mme,

, Dr Lacan-Tâchez de me faire sentir par quel biais vous avez fait quelque chose, sous l'inspiration, si je puis m'exprimer ainsi, de quelque chose qui n

S. Mme, est seulement par la jalousie que j'ai demandé le divorce. C'est cela qui m'a fait

, Dr Lacan-La jalousie, cela passe pour être quelque chose à quoi on participe. Donc, pourquoi l'attribuez-vous, si je vous entends bien, à une présence étrangère ?

S. Mme, Je n'ai pas dit que c'était une présence étrangère. Je me trouvais quelquefois dans la situation qu'il y ait une personne étrangère

, Dr Lacan-C'est la personne dont vous étiez jalouse ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Donc, cela, ce n'est pas

S. Mme, Ce n'est pas cela quand je me trouvais devant quelqu'un... il m'arrive quelquefois... il m'était arrivé d'avoir la sensation d'avoir une autre personne à côté de moi

, Dr Lacan-Mettez les points sur le i

S. Mme, Tout de suite, là ? Dr Lacan-Vous n'avez pas le sentiment de présence étrangère ?

S. Mme and . -non,

, Dr Lacan-Quand est-ce arrivé la dernière fois, ce sentiment de présence étrangère quand vous vous trouvez devant quelqu'un ?

S. Mme and M. Czermak, Cela m'est arrivé une fois depuis que je suis ici

, Dr Lacan-Vous avez eu le sentiment en parlant avec Czermak, vous aviez quelqu'un... Où est-ce qu'elle se situe, cette présence étrangère ?

S. Mme and . Moi,

, Dr Lacan-Quand vous étiez avec Czermak, vous étiez assise en face de lui, comme vous l'êtes. Cette personne qui était derrière vous était assise aussi ?

S. Mme and . -non,

, Dr Lacan-C'est arrivé une fois... et vous l'avez signalé ?

S. Mme and . -non, Je le lui ai dit après ; je me rappelle pas à quelle époque, quinze jours, dix jours, pas tout de suite

, Dr Lacan-Quel pouvoir a-t-elle sur vous, cette présence étrangère ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Quand c'est arrivé. Vous dites vous-même que maintenant elle n'est pas là

S. Mme and . Défavorable,

D. Lacan-oui, Il m'en a parlé comme cela au passage. Ce qu'il m'a dit, c'est que ce n

S. Mme, est pour cela que je vous dis : quelquefois, cela paraît favorable. D'autres fois, je me suis rendu compte que c'était défavorable. Favorable par moments

, Dr Lacan-Pourquoi ? Parce que cette présence a joué un rôle dans le sentiment, si c'est exact que vous l'avez eu, que cette maison voulait dire quelque chose ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Voulait dire quoi ?

S. Mme, un jour j'aurais certainement des choses avec des gens qui habiteraient dans cette maison, qu'il fallait que je retienne cela

, Dr Lacan-Est-ce qu'il y a d'autres moments où vous avez eu, comme cela, ce sentiment de choc ou de bien-être ?

S. Mme, 'ai dû l'avoir, mais je ne me souviens plus. Depuis quelques mois, je me sens moins bien

, Dr Lacan-Depuis quelques mois, ce n'est plus drôle du tout ?

, Quand est-ce que vous avez acquis la conviction que votre mari s'occupait de quelqu'un d'autre ?

S. Mme and . -en, , 1973.

, Dr Lacan-Cela fait un bon moment déjà

S. Mme, Cela a fait un an l'année dernière

, Dr Lacan-Cela faisait un an ?

S. Mme and . De, , 1976.

, Dr Lacan-Pourquoi dites-vous cela faisait un an l'année dernière ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Si c'est en 1973, cela faisait plus

S. Mme,

, Dr Lacan-Quand est-ce que vous avez fait cette

, Mme S.-La demande de divorce ?

, Dr Lacan-Cette tentative de vous pendre, d'abord... c'est à quelle époque ?

S. Mme, Je ne sais pas quand exactement, mais cela doit être entre mars et avril ; je ne me souviens plus très bien

, Dr Lacan-De quand ?

S. Mme, , 1975.

, Dr Lacan-Et puis la récidive, à savoir la tentative de vous couper la gorge ?

S. Mme, Je ne sais plus définir les temps exacts, juillet-août, je ne sais plus. C'est flou

, parler ; c'est pour cela que je pose cette question. Votre demande de divorce, qu'est-ce que vous en attendez ? Je veux dire qu'il y a une personne qui peut-être là-dedans intéressé

S. Mme,

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous comptez en faire ? Demander à en avoir la garde ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Ce n'est pas superflu : quels sont vos rapports avec votre petite fille ? Quel âge a-t-elle ?

S. Mme, Sept ans et demi. Mais je m'entends bien avec ma fille

, Dr Lacan-Oui, je n'en doute pas. Vous vous sentez bien avec votre fille ?

S. Mme,

. Dr-lacan-oui, Je dis bien sûr pour vous encourager à m'en parler. Quand elle est née, cela vous a été facile de vous en occuper ?

S. Mme, . -non, and . Vu-le-docteur-czermak, Quand elle est née, la première journée, j'avais peur

.. De-ne-pas-y-arriver, La première journée, j'ai eu peur, un être aussi fragile, cela me paraît normal

, Dr Lacan-Je ne suis pas du tout en train de chercher l'anormal. J'essaie de

S. Mme, 'ai cru que je n'arriverais pas à élever ma fille, que je n'arriverais à rien

, Dr Lacan-À quoi ça tient, ça ?

S. Mme, on rate déjà quelque chose, on a l'impression de rater tout ; c'est tout. Cela ne paraît pas très normal ?

, Dr Lacan-Cette enfant, vous l'avez eue au bout de combien de temps de mariage ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Vous n'aviez pas voulu plus tôt ?

S. Mme, On ne la voulait pas tout de suite, plus tôt, c'est cela. Tous les deux, il n'y a que moi

, Et vous, quand vous étiez petite fille, comment les choses se sont-elles passées pour vous ?

S. Mme, Je n'avais pas de frère, pas de soeur, je suis fille unique

, Dr Lacan-Comment était votre mère avec vous ?

S. Mme and . Gentille,

, Dr Lacan-Elle ne s'est pas sentie embarrassée d'avoir un enfant ?

S. Mme, . .. Oui, and . Si, un peu embarrassée d'avoir une enfant. J'ai été élevée en nourrice, jusqu'à quatre, cinq ans. Après, je suis revenue dans ma famille

, Dr Lacan-Parlez-moi un peu de vos parents. Cela fait partie

S. Mme, Mon père s'est peut-être un peu plus occupé de moi que ma mère. Il se sentait certainement plus solide que ma mère

, Dr Lacan-Qu'est-ce qu'elle n'avait pas de solide, votre maman ?

S. Mme,

D. Lacan-oui, Cela tenait à quoi ? Où est-elle maintenant ?

S. Mme and . Paris,

, Dr Lacan-Comment était-elle ?

. Mme-s.-gentille,

, Dr Lacan-C'est à dire pleine d'intentions

S. -. Mme, qu'elle ne pouvait pas réaliser

Q. .. Dr-lacan-quelqu'un-dans-votre-genre,

S. Mme, Elle m'a fait justement douter de moi

, Dr Lacan-Depuis quand le dites-vous ?

S. Mme, Depuis peu de temps... depuis un an... depuis mon échec auprès de mon mari

, Dr Lacan-On m'a dit que vous l'aviez vue, cette personne ?

S. Mme and . Vue,

, Dr Lacan-Vous l'avez vue combien de fois ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Vous n'avez pas l'air

S. Mme, Je n'aime pas à repenser

, Dr Lacan-C'est peut-être une personne qui vous intéressait

S. Mme and . -j'essaie-de-l'oublier,

, Dr Lacan-Cela vous embête quand on vous en parle ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Pourtant, vous lui auriez dit, à elle, des choses qui ne prouvaient pas un manque d

S. Mme, Ce n'est pas un manque d'intérêt. Il ne faut pas repenser à quelqu'un qui vous a pris votre mari

, Dr Lacan-En quoi est-ce qu'il est pris ? Il n'est pas pris. Un mari, cela ne se chope pas comme cela

S. Mme and . Qu, elle a employé, elle a pris l'homme, elle n'a pas pris le mari ; c'est cela, la phrase me revient. Je me rappelle très bien

, Dr Lacan-Elle s'est exprimée comme cela ? Elle a pris l'homme et pas le mari ?

S. Mme, est pour cela que le terme m'est resté. Cela se prend. C'est comme cela que ça s'est fait

, Dr Lacan-Elle ne lui demande pas de divorcer

S. Mme, Vous n'en savez rien, et moi non plus

. Dr-lacan-si and .. Le-soin,

S. Mme, (elle pleure) C'est obligatoire, de continuer dans ce sens ?

M. P. Dr-lacan-Écoutez, Je ne vois absolument pas en quoi le fait que vous ne vous dominiez pas

S. Mme, Je n'aime pas y repenser, je n'aime pas

, On ne peut tout de même pas dire que pour moi, qui essaie de m'introduire dans cette histoire, cela ne soit pas quelque chose qui quand même m'éclaire sur la façon dont vous ressentez cet événement, Dr Lacan-Je vous demande pardon d'avoir insisté

S. Mme, Vous n'avez jamais subi d'échec ? Quand on constate, à un moment, à quarante ans : j'ai échoué là, j'ai échoué là, j'ai échoué là

. Dr-lacan-oui, Vous n'avez pas échoué en tout ?

S. Mme and . Dira,

, Dr Lacan-Vous m'avez dit... vous voulez que je vous passe un mouchoir ?

S. Mme, . -non, and . Cela-ne-fait-rien,

, Du moment que vous me dites que vous n'avez pas échoué en tout, dites-moi en quoi vous n'avez pas échoué

S. Mme, Je crois qu'avec ma fille, je n'ai pas échoué, jusqu'à maintenant. Maintenant, j'ai peur

, Dr Lacan-Quand vous dites "j'avais", cela veut dire que

S. Mme, Pour le moment, je suis ici, je ne peux pas m'en rendre compte. Avant, j'étais malade

, Dr Lacan-Parce que vous considérez qu'avant, cela veut dire quoi ?

S. Mme and . Naissance, Et avant le divorce avec mon mari

-. Dr-lacan,

S. Mme, je pense que cela va se faire bientôt, p.385

, Dr Lacan-Ah, oui. Mais vous considérez que c'est fait ?

S. Mme, Il est parti, il n'est plus avec moi, il vient tous les jours, mais il n'est plus avec nous

, Dr Lacan-Il vient tous les jours où ?

S. Mme, Il venait tous les jours chez moi pour voir sa fille

, Dr Lacan-Il a changé de domicile ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Il est avec cette personne ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Alors, dites-moi en quoi vous n'avez pas échoué. Quels sont les événements heureux, d'après vous ?

S. Mme, je n'étais pas mal. J'avais une bonne clientèle. Et puis quand même, j'ai eu des années avec mon mari qui étaient plus qu'heureuses. Mais il y a eu un échec après

, Dr Lacan-Il y a quand même d'autres personnes que votre mari et votre fille qui sont en cause

S. Mme,

, Dr Lacan-Vous avez des amis. Parlez-moi un peu de vos amis

S. Mme, De nos amis, plutôt, puisqu'ils étaient communs aux deux. Un couple qui nous touchait de près, de l'âge de mes parents

, Dr Lacan-Vos parents réciproques... comment c'est, du côté de votre mari ? Qu'est-ce qu'il a comme parents ?

S. Mme, Une mère, qui est une ancienne postière, et un père qui était directeur technique dans les travaux publics. Vous me demandez de parler de qui ? De mes amis ou de ses parents

, Dr Lacan-Je parle de ses parents à lui, parce que cela ne me paraît pas dépourvu d'intérêt, cela compte, les parents dans la façon

, Mme S.-Son père est très gentil

, Dr Lacan-Avec qui ?

S. Mme, Avec tout le monde. Sa mère est très différente

D. Lacan-racontez,

S. Mme, Sa mère ? Dr Lacan-Qu'est-ce qui ne va pas ?

S. Mme, E. -je-n'ai-jamais-eu-À-m'en-plaindre, . Est, and . Gentille, Elle est un peu... que son fils était à elle (manuscrit : "ses fils étaient"). Très gentille... Mon beau-père... on avait envie de se confier à lui. Mon autre belle-soeur, c'était pareil

, Et puis un autre couple, la dame est morte. Il n'y a plus que le monsieur, qui était aussi bien un ami de mon mari que de moi. C'étaient ses amis les plus proches. Et puis en troisième, une dame qui était avec nous

, Dr Lacan-Qui était cette dame ?

S. Mme, Une filleule d'adoption

, Dr Lacan-Adoption de qui ? De vous ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Qui était cette jeune personne ?

S. Mme, Une jeune femme qui est ma filleule d'adoption

, Dr Lacan-Elle s'occupait de votre fille

S. Mme, Moi j'habitais loin de mon lieu de travail et je ne pouvais pas laisser ma fille toute seule

, Elle allait à l'école maternelle et ensuite à la grande école ; il n'était pas question que je puisse laisser ma fille toute seule. Cette personne était plus proche. C'était une personne totalement étrangère, qui se trouvait toute seule, qui est venue à la maison

, Dr Lacan-Et qui sont ces gens du 88 ?

S. Mme and . Mort, Il était avec sa femme, les deux sont morts

, Dr Lacan-À quel moment de votre vie cela s'est-il passé ?

S. Mme, Quand je les ai rencontrés ?

, Dr Lacan-Vous les avez rencontrés en deux temps. Vous avez d'abord eu l'annonce que

S. Mme, Je ne sais plus à quel âge j'ai eu cette annonce que vous dites

, Dr Lacan-C'est vous qui avez employé ce terme ; vous m'avez dit tout à l'heure

S. Mme,

, Dr Lacan-C'était avant votre mariage que vous avez eu ce sentiment ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Ce sentiment de bien-être

S. Mme,

, Dr Lacan-Donc, vous considérez après coup que cela voulait dire quelque chose. Vous l'aviez noté, sur le moment

S. Mme and . Oui, Il fallait que je m'attache à regarder cette maison, je ne sais pas pourquoi, j'étais obligée de regarder cette maison, quelqu'un allait jouer un rôle dans cette maison

, Dr Lacan-Combien de temps, puisqu'ils ont tous disparu ?

S. Mme, On est encore en rapport avec leurs enfants

, Dr Lacan-C'est arrivé plusieurs fois dans votre vie, ces sortes de

S. Mme and .. -l'impression-de-voix, l'impression de double et de voix

, Dr Lacan-Vous cataloguez cela expressément comme impression de double et de voix ? En d'autres termes, quand vous éprouvez ce sentiment, vous vous y reconnaissez, vous savez que vous vivez dans ce registre-là

, Dr Lacan-Depuis quand vous êtes-vous repérée comme-on peut quand même bien employer un terme que je vais oser comme cela, vous me direz si c'est un terme qui vous paraît déplacé-comme personne "habitée", en quelque sorte, est-ce que cela vous semble

S. Mme and . Fort,

, Dr Lacan-Depuis quand avez-vous eu cette espèce... malgré tout, quand cela arrive, c'est un petit choc quand même

S. Mme,

, Dr Lacan-C'est cela que je saisis mal et sur quoi j'aimerais que vous m'éclairiez... je veux dire la façon dont vous ressentez cette impression de double et de voix. Est-ce que quand vous me parlez de présence derrière vous, que vous avez encore expérimentée une fois pendant que vous étiez en face du Docteur Czermak

S. Mme and O. S. ,

, Dr Lacan-Donnez-moi l'idée de cet autre phénomène

S. Mme and . Dimanche, , 1975.

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui s'est passé ?

S. Mme, Je me souviens très bien ; une impression d'éclatement dans la région occipitale, avec une impression... d'abord, j'ai eu très chaud derrière la tête, très chaud... puis des rayonnements, et en même temps dans ma tête, un feu d'artifice, je me suis sentie très bien, magnifiquement, bien avant que tout cela éclate, j'étais en forme, éblouie

, Dr Lacan-Là, je vais faire état de quelque chose que je ne sais que par le Docteur Czermak, comment le saurais-je autrement ? Est-ce que c'est exact que c'est la nuit où votre mari n

S. Mme and . -c'est-le-lendemain,

, Dr Lacan-C'est le soir même du dimanche que vous avez éprouvé cela ? Qu'est-ce que vous avez pensé de l'épisode de la vieille ? D'après ce que j'ai compris, cela faisait déjà un moment que cela traînait

S. Mme, Mais il était tout le temps resté là

, Dr Lacan-C'était la première fois qu'il découchait. Bon. Vous me dites que le lendemain, vous avez éprouvé d'abord un sentiment... vous m'avez dit un sentiment de bien-être

S. Mme, Mais ce n'est pas par rapport à mon mari. C'est parce que j'avais promené ma fille ; j'étais sortie l'après-midi du dimanche avec mes parents et la marraine de ma fille ; je l'ai ramenée dans mes bras, elle dormait dans la voiture, je l'ai prise dans mes bras et je l'ai couchée

, Je me suis sentie bien 925 et j'ai dit que j'avais enfin réussi avec Françoise. Et puis je me suis sentie très bien, une grande chaleur dans la tête, mais magnifiquement bien. Après, j'ai eu cette impression-là. La personne qui garde ma fille m'a dit : pourvu que ça dure

, Dr Lacan-Après, quoi ? Qu'est-ce qui est arrivé ?

S. Mme, Une lourdeur dans la tête, une lourdeur dans la région occipitale, comme une masse

. Manuscrit, J'ai eu un sentiment de plénitude, de bien-être, je me suis dis je vais réussir

, Dr Lacan-Est-ce que cela s'est reproduit ?

S. Mme, Ce sentiment-là, jamais, sauf l'impression que j'ai la perte des mots, la perte de beaucoup de choses

, Dr Lacan-La perte des mots, cela ne date pas d'hier

S. Mme, Mais plus que cela encore

, Dr Lacan-Ce sentiment de perte des mots, c'est bien cela que vous m'avez dit tout à l'heure, qui était au principe de vos échecs aux examens. Est-ce qu'il y avait aussi, quand vous étiez aux examens, le sentiment de cette présence ?

S. Mme,

D. Lacan and -. ,

S. Mme,

, Dr Lacan-Expliquez-moi cela. Qu'est-ce qu'il y avait de double dans cette présence ?

S. Mme, L'impression de quelqu'un derrière moi, le double de moi-même

, Dr Lacan-Et puis l'autre

S. Mme and . Ma-fille, autre derrière moi, debout ; comme si elle était là pour m'empêcher de parler... je ne sais pas m'habiller, je ne sais pas

, Dr Lacan-Vous avez l'impression de vous entendre, cela veut dire qu'elle parle ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Elle parle comment, elle vous interdit de souffler mot ?

S. Mme, comme si elle m'empêchait de parler

. Dr-lacan-essayez, qui le dira si ce n'est pas vous ?

S. Mme and .. -comme-si-j'entendais,

, Dr Lacan-À quel âge cela s'est-il produit pour la première fois, si vous pouvez répondre ? Cela n'est pas survenu uniquement au moment où vous aviez à répondre à des examens

S. Mme, Je ne me souviens plus, mais c'était avant. Et puis, je me souviens peut-être d'un événement chez ma nourrice. On m'avait mise, pour me punir, dans un pavillon d'entrée de cave. Je me souviens de cela. J'ai eu l'impression que ce n'était pas moi qu'on punissait, Cela doit être même avant les examens

, Dr Lacan-Vous vous souvenez de cet événement comme ayant été marquant

S. Mme and . -c'était-une-punition, Si on m'avait mise là, je ne me souviens plus le pourquoi de la punition, mais j'avais l'impression que ce n'était pas moi qui était punie. Après, je ne me souviens plus

, Dr Lacan-Là, c'est quand même quelque chose de différent ; vous dites : ce n'était pas moi qui étais punie

S. Mme, Il n'y a pas tellement longtemps que ce souvenir-là m

, Dr Lacan-Il vous est revenu quand ?

S. Mme and . De-septembre, Depuis quelque temps, je repense beaucoup plus à mon passé que je n'y avais songé

D. Lacan-qu, est-ce qui, pour vous, vous paraît expliquer cela, que vous repensiez beaucoup plus à votre passé ?

S. Mme, ne sais pas ; mais j'ai des souvenirs qui reviennent du passé, d'événements que j'avais l'impression d'avoir complètement oubliés ; je n'y pensais plus jamais... des souvenirs qui me reviennent de mon enfance et de ma petite enfance

, Dr Lacan-Vous dites que ce n'était pas vous qui étiez là ?

S. Mme and . Souviens, Je me revois petite derrière cette porte ; dans le fond, c'était comme si on ne m'avait pas punie ; je le prenais bien, pourtant je devais avoir certainement très peur. C'est peut-être là que j

D. Lacan-là,

S. Mme,

. Dr-lacan-c'est-vous-qui-Êtes-le-double, Qu'est-ce que cela fait, quand on se sent le double, c'est comme si vous disiez que vous étiez une ombre

, Dr Lacan-Je n'avais pas peur, cela veut dire quoi ?

S. Mme and . Difficile, Il me semble qu'une force me disait de ne pas avoir peur

, Dr Lacan-Une force vous disait... donc, c'était quand même bien de vous qu'il s'agissait

S. Mme and . -c'est-la-première-fois-où-j'ai,

-. Dr-lacan,

S. Mme, Comme devant cette maison ; j'ai traversé la rue, je n'avais aucune raison de regarder cette façade de maison

, Dr Lacan-Racontez-moi les autres cas où cela s'est passé

S. Mme,

, Dr Lacan-Vous savez quand même que c'est arrivé pas mal de fois

S. Mme,

, Vous savez que ce sont des choses qui arrivent, et quand même, vous les mettez toutes dans la même série. Est-ce que chaque fois que cela vous arrive, vous avez le sentiment que ce n'est pas original, que c'est quelque chose que vous connaissez bien ?, Dr Lacan-Assez pour que vous sachiez que cela ne vous épate pas

S. Mme,

, Dr Lacan-Quel rapport pensez-vous qu'il y ait entre ce sentiment et... tout à l'heure j'ai employé le mot "habitée

S. Mme, Un autre événement, quand j'étais avec mon mari. La première fois, entre autres, que j'ai vu mon futur mari

, Dr Lacan-C'était aussi une petite chose de cette nature ?

S. Mme and . -c'est-pour-cela-que-j'ai-dit-le-mot, En général, c'étaient des événements qui m'étaient plutôt favorables. Alors, c'était favorable, maintenant, on ne peut plus parler de la même façon

, Dr Lacan-C'est la tonalité de ces choses qui a viré ?

S. Mme, impression que c'est moins favorable, mais j'en tenais compte d'une certaine façon

, Dr Lacan-Qu'est-ce que nous faisons maintenant ?

S. Mme, Je voudrais bien rentrer chez moi

, Dr Lacan-Vous voulez rentrer chez vous ? Où est-ce qu'elle est, la fille, maintenant ? Mme S.-Chez moi

, Dr Lacan-Qui est-ce qui s'occupe d'elle ?

S. Mme, Toujours la personne qui était avec nous

, Dr Lacan-Toujours la personne... est-ce qu'on vous l'a amenée ici ?

S. Mme and . Une-fois, non, avant-hier mercredi. Depuis près d'un mois

, Dr Lacan-Quel est le rapport entre cette "habitation" et vos deux tentatives ? Est-ce que vous en voyez un ?

S. Mme,

, vos tentatives qui sont apparemment justifiées par l'état que nous avons vu tout à l'heure, c'est-à-dire vous et l'autre... est-ce que vous avez le sentiment que c'était quelque chose d'autre que cela, qu'après tout vous êtes capable de supporter, que c'était quelque chose d'autre qui vous faisait sortir de vos gonds

S. Mme and . -non,

, Dr Lacan-Vous n'allez pas recommencer ces trucs ?

S. Mme and . -non,

, Dr Lacan-Vous avez quand même quelque chose qui vous accroche

S. Mme,

, Dr Lacan-Vous me dites cela comment ? Pour me faire plaisir ?

S. Mme and . -non, parce que j'ai senti que je pouvais... que j'essaierais de faire le mieux pour ma fille

, Dr Lacan-Dans ces deux tentatives, est-ce que c'est vrai que vous vous êtes sentie habitée ?

S. Mme, cela choque mais c'est pourtant cela

, Dr Lacan-Vous avez le sentiment que là... vous me dites

S. Mme, je me sens bien. Je veux reprendre l'ardeur à faire quelque chose, à moins (de) me diminuer

, Dr Lacan-Comment est-ce que cela va continuer, la vie ? Vous allez maintenant aller à votre travail ?

S. Mme, . -si-c'est-possible, and . Sûr,

, Dr Lacan-Ils ont dû un peu s'égailler, vos clients

S. Mme and . Oui, Je ne sais pas, je ne les ai pas revus, cela fait trois semaines-un mois que j'ai arrêté mon travail. Cela dépend du temps que je vais rester ici

, Dr Lacan-On va tâcher de vous remettre le plus rapidement possible en circulation

C. 'est-ce-qui-semble-le-plus-raisonnable, Est-ce que vous pensez que vous êtes folle, dites ? Mme S.-Par moments

, Dr Lacan-Parce qu'ici, il y a des dingues

S. Mme, Comme on a tous le même régime, on fait tous la même chose, on arrive à douter de soi

, Dr Lacan-Non, bien sûr que cela ne réconforte pas. C'est bien pour cela que plus tôt vous serez sortie, mieux cela vaudra

S. Mme,

, Dr Lacan-Cela dépend du Docteur Czermak. Bien sûr, le Docteur Czermak va suivre mes conseils

, Je dirai plus, ce serait plutôt de vous que cela dépendrait. Il est mieux que vous sortiez d'ici quand vous serez dans votre assiette

S. Mme,

, Dr Lacan-Alors, vous allez lui dire, au Docteur Czermak ?

S. Mme, Que je me sens bien ?

, Dr Lacan-Vous allez lui dire quand ça sera la vérité ; cela paraît aller de soi. Qu'est-ce que vous pensez de ces histoires

S. Mme, Je ne sais pas, justement, cela m'ennuie, je ne sais pas ce que c'est

, Dr Lacan-Cela s'est renouvelé, depuis le 19 janvier ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Pour l'instant, est-ce que vous avez cette impression ?

S. Mme, éprouve une très grande fatigabilité, comme si j'étais vieille, vieille... l'impression que je pourrais m'endormir pour un an maintenant

, Dr Lacan-Ce n'est pas grave, de s'endormir

S. Mme, Je mangerai un petit peu, et quand je suis fatiguée, je dormirai. C'est une réaction que je n'avais pas avant

D. Quoi,

S. Mme, Cela m'arrive, j'ai été fatiguée, tandis que là je me sens

J. ,

, Dr Lacan-Vous avez d'autres symptômes ?

S. Mme,

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous prenez comme drogues ?

S. Mme, . -de-l'anafranil, and . Du-nozinan,

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous en pensez ? Cela vous a tout de même calmée ?

S. Mme, . Eu-ensuite-des, and . Perfusions, Je me suis retrouvée avec des oedèmes et une espèce de dermatose

, Dr Lacan-Quelle espèce de dermatose ? Vous avez de l'eczéma ?

S. Mme and . Quand-même-le-matin,

, Dr Lacan-Un eczéma au réveil, ce n'est pas

S. Mme, des dermatoses, surtout la jambe gauche, mais bien sûr les deux jambes, mais prédominance de la jambe gauche. Là ce sont des phénomènes

, J'avais l'impression, parce que depuis un mois, ici il y a tellement d'autres choses, je le ressens moins. Ici, on peut dormir

, Dr Lacan-Eh bien

, Voilà ce qu'on peut dire. La psychose est plus commune qu'on ne croit. Elle est même assez répandue, Dr Lacan-On n'en saurait pas autant si elle n'était pas venue ici

, Dr Czermak-Il y a eu quand même les phénomènes graves de l'année dernière. Elle a traversée des moments catatoniques

, Dr Lacan-Ce ne sont pas des choses sur lesquelles je puis trancher

, Dr Czermak-Elle semble avoir été pendant deux mois dans un état grave. L'entourage s'en est beaucoup préoccupé

, Dr Lacan-L'entourage, c'est-à-dire ?

, un ancien patient aussi, qui s'est attaché à la famille et qui s'occupe beaucoup d'eux depuis qu'il est veuf. Ils ont pris en main toutes les affaires, littéralement, la gestion de son cabinet, avec les histoires de papiers et de divorce aussi

, Dr Lacan-Elle a continué sa routine

, Elle a commencé à perdre ses clients. Ceux de son entourage qui lui étaient le plus attachés s'en sont alarmés

. Puis and . Redouter-de-sortir-dans-la-rue, Quand les gens étaient chez elle, elle écoutait aux portes, avec l'impression qu'il s'agissait d'elle, qu'il y avait des micros partout. Cela avait pris une ampleur assez grande

, Dr Lacan-C'est un cas où il faut parier

, Dr Faladé-Vous faites quel pari ?

, Dr Lacan-Je fais le pari qu'elle va reprendre ce que j'ai appelé tout à l'heure sa routine

, Pour ma part, j'aimerais qu'elle reste quelque temps après, de façon à en mesurer les effets

-. Dr-lacan, Il est certain que c'est parce que je l'ai poussée dans ses retranchements qu'elle a eu ceci, qui est tout de même très favorable : elle a eu une réaction émotionnelle qui répond à la situation objective. 21 janvier... nous sommes le 16... cela va la suivre ici ? Dr Czermak-J

, Dr Lacan-Elle a eu certainement, une année, à proprement parler une poussée psychotique. C'est làdessus que porte le pari. C'est-à-dire que cela ne va pas durer

, Dr Czermak-Encore faut-il que la clientèle ne l'ait pas complétement abandonnée

, Dr Lacan-Elle est évidemment à suivre

, Dr Czermak-Elle a tout de même des gens sur qui elle peut compter

, Dr Lacan-C'est certain que c'est une situation favorable et que les gens qui ont gardé le contact ont nagé pendant toute une année

, Dr Czermak-Je crois qu'ils n'y tenaient pas

, Dr Lacan-Vous l'avez vu, le mari ?

, Dr Czermak-Il se sent très coupable. Il prend toutes les fautes sur lui. Il a tout accepté entre les avocats

, Dr Lacan-Il se sent très coupable, c'est-à-dire qu'il est décidé à aller ailleurs !

, Le mari et la mère souhaitaient que sa femme soit soignée, mais devant l'opposition de sa fille et de son gendre, il a baissé les bras. Cela fait maintenant trois ans. C'est maintenant seulement que la mère de la patiente a eu recours à un psychiatre, et qu'elle commence à émerger. Elle a eu une rechute. Il s'est passé la chose suivante : la première fois où j'ai vu le père, j'ai mis beaucoup de temps à le voir, le père, parce qu'il était coincé au domicile avec sa femme. Il m'a expliqué que sa femme allait beaucoup mieux. Le lendemain, il m'a téléphoné pour me dire que sa femme avait une rechute, et qu'elle ne pourrait pas venir à un deuxième rendez-vous. Il a amené ensuite sa femme

D. Lacan-enfin, vous voyez quel est mon sentiment après cet entretien. C'est quand même (manuscrit : "un cas où il faut") parier. (au Docteur Faladé) : Qu'est-ce que tu en penses, toi ? Dr Faladé-Je voulais vous faire préciser qu'effectivement

, Dr Lacan-On a le sentiment que la psychose n'a pas gagné

, Dr Faladé-Il y a cette réaction favorable, à la fin, quand elle a revu sa fille, quelque chose qui s'est passé pour elle, dont elle n'avait pas vraiment conscience, qui est en relation avec sa fille

. Madame,

S. Mme, 42 ans. Kinésithérapeute. En instance de divorce

, Amenée à Henri Rousselle le 20 décembre 1975 par une amie sur les conseils du Dr B consulté quinze jours auparavant

, Se dit ruinée, mais porte un million d'AF sur elle. Veut voir son enfant une dernière fois puis se tuer. Évoque des dangers imprécis, mais imminents la conduisant à un état de panique. Sent le monde hostile. Les gens la critiquent, murmurent, s'est sentie récemment écoutée et espionnée ; vit cloîtrée depuis plusieurs semaines. Arrêts de la pensée. Note hypocondriaque à type de sensation de réplétion de la nuque, Extrême sentiment d'incapacité

, En novembre 1975 elle demande le divorce. L'époux rentre de plus en plus tard jusqu'à la nuit du 18 janvier où elle l'attend en vain. Le lendemain matin, se sent comme son enfant, vieillie. Au soir, l'ayant couchée, éprouve brusquement, après une journée paisible, un "bien-être", "impression de réussir quelque chose", "comme un filet de capillaires, une forte chaleur dans la tête. C'est brillant, rayonnant comme un feu d'artifice, broiement avec une étoile, le visage libéré, l'impression de grandeur

, La poussée psychotique qui suit-et qui est actuellement en partie recouverte par l'amnésie-se développe en trois phases : la première de janvier à mars marquée par des moments plus ou moins longs (parfois quelques jours) de prostration et d'excitation catatonique, d'errances nocturnes, d'incontinence sphinctérienne, de propos qualifiés d'incohérents par l'entourage

, La seconde de mars à août : reprend le travail, mais sur un(e) mode "automatique ", se sent "robotisée

. La-troisième-d'août-À-décembre, amenée en vacances par une amie, elle revient chez elle affolée, assurée que "tout a disparu". Le tableau est de plus en plus dépressif, apparaissent ces craintes délirantes persécutives "on me critique

, Depuis janvier elle a fait deux tentatives de suicide, l'une par pendaison, l'autre en essayant de se trancher la gorge. A ébauché la réalisation de l'une et de l'autre sans les mener à terme, à l'insu de son entourage. Elle ne sait plus quand

, ils se chargent de l'enfant, pendant l'année 1975 elle lui témoignera soit un attachement farouche soit des mouvements violents de rejet. encore : qu'est-ce qui a disparu quand son mari lui a été "volé" ? Si l'on part de ce qui a été le plus clair, il y a bien en effet cette manifestation ponctuelle, cet événement : le départ du mari. ­ Élaboration. Si on pense au déclenchement d'une psychose, il y aurait à chercher là quelque chose jouant le même rôle que l'émergence de Un-père dont parle Lacan. On pourrait dire alors que c'est la soustraction du mari qui a cette valeur analogique. Quand Lacan écrit (sexualité de l'homme) [?], le point d'exception que désigne n'a pas comme seule version la découverte de la castration ; ce peut être aussi le Nom-du-Père, puisque c'est en son nom [?] si la mère le veut bien, que se véhiculent les interdits, Ses relations avec l'enfant ont changé

­. Élaboration, ;. Le-cas-de-mme, and S. , Au moment où ce support, qui est en même temps une limite, s'en va, elle semble se retrouver devant un : "il n'y a plus de limite

S. ­-chez-mme, cette équivalence Nom-du-Père/jouissance peut-être pointée dans ce phénomènes de bascule au moment du décrochage du mari : ceci lui est retiré, cela vient à la place

, On pourrait dire [?] quand [?] elle est sollicité(e) par l'Autre, quand émerge la fonction d'un Autre questionneur, d'un Autre juge, apparaît [?] un petit autre, double. La "présence" comme corrélative de l'absentement de la patiente dont l'identité vacillerait alors "je ne suis plus seule"). De fait, à propos du départ de son mari, elle n'évoque aucun phénomène de dédoublement, comme si celui-ci était bien lié à la présentification d'une fonction de limite, ­ Quelque chose se déclenche chez la patiente quand elle est en position d'être jugée

­. Du-double-dont-parle-mme and S. , C'est une chose d'entendre une voix qui raconte de véritables histoires, c'en est une autre de sentir un simple point d'émergence, plus que flou. Mme S. s'inscrit peut-être sur "le versant de la psychose en témoignant de cette inhibition très particulière aux examens

, Avec un psychotique, sa phrase aurait eu plutôt cet écho : mais bien sûr, c'est parfait, vous comprenez tout? Avec Mme S., de part en part "raisonnable", c'était quelque chose comme : ici je comprends, mais là je ne vous suis plus, expliquez-moi, qu'est-ce que vous en pensez? En un mot

. ­-lacan-d, être peu impératif, de placer le moins possible la patiente en position d

, je vous demande pardon", rien n'était de l'ordre du "coupable" ; c'était un "je prends acte". je suis ici pour vous poser des questions, vous pour y répondre ; vous me [?] donnez là "une bonne information" ; vous me communiquez un signifiant, il ne sera pas perdu

M. Michel and H. ,

. Paru-dans-le-discours-psychanalytique, Sur l'identité sexuelle : à propos du transsexualisme, pp.312-350, 1996.

. Dr-lacan-parlez-moi-un-petit-peu, Mettez les choses en train si vous voulez-mettez les choses en train vous-même. Dites-moi pourquoi vous êtes ici. Dites-moi l'idée que vous vous faites de tout cela

, Dr Lacan-(souriant) C'est tous des médecins, vous savez, ici

H. Michel,

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous avez à raconter ?

H. Michel, . Petit, and . Revêtu-des-vêtements-de-fille, Je ne me rappelle pas à quelle date cela remonte, parce que j'étais vraiment tout petit. Je me suis rappelé des événements, c'est qu'étant petit, je caressais les vêtements féminins

H. Michel,

D. Lacan-oui,

H. Michel and . Ai-continué-À-me-travestir-en-cachette,

, Dr Lacan-Donc, vous admettez que c'est un travestissement

H. Michel,

, Dr Lacan-En cachette de vos parents ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Ils devaient bien savoir, vos parents, ils s'en apercevaient quand même

H. Michel and . -non, je faisais cela tous les matins et tous les soirs, dans la salle de bain, quand mes soeurs se changeaient pour se coucher

, Dr Lacan-À qui ?

H. Michel, À mes soeurs, les deux plus jeunes soeurs et des fois, dans la journée

, Dr Lacan-Pourquoi vous dites "je revêtissais, On dit d'habitude "je revêtais

H. Michel, ai un très mauvais français, parce que j'ai été toujours très handicapé à l'école, avec mon problème. Dans mon travail, toujours je pensais à ce problème-là, et ça m'a toujours tout gâché dans ma vie

, Dr Lacan-Donc, vous reconnaissez que ça vous a tout gâché et vous appelez ça vous-même un travestissement. Donc, cela implique que vous savez très bien que vous êtes un homme

H. Michel,

, Compte rendu d'une présentation de malade, où l'on entend la résistance à entendre, ou se laisser toucher, de la part des médecins psychiatres, car la morale fait écran

, Dr Lacan-Et pourquoi, à votre sentiment, pourquoi est-ce que vous aviez ce goût ? Est-ce que vous avez un soupçon d'idée ?

H. Michel and . -non, Je sais que quand j'ai des vêtements sur le corps, cela me procure le bonheur

, Dr Lacan-C'est à quel titre que ces vêtements vous procurent ce que vous appelez vous-même le bonheur ? Qu'est-ce qui vous satisfait ?

H. Michel, Ce n'est pas sur le plan sexuel ; c'est sur le plan? enfin, moi, j'appelle ça sur le plan du coeur. C'est intérieur

, Dr Lacan-Vous appelez ça?

H. Michel,

, Dr Lacan-Peut-être vous pourriez essayer, là, puisque nous sommes ensemble et que je m'intéresse à ce dont il s'agit? ça provient du coeur? c'est cela que vous venez de dire

H. Michel, . Déjà-tout-le-caractère-d'une-femme, . Bien-sur-le-plan, and . Sentimental?,

-. Dr-lacan and . Plan?,

H. Michel,

, Dr Lacan-Peut-être vous pouvez m'éclairer ça un peu : sur le plan sentimental

H. Michel, est-à-dire que c'est une qualité, j'appelle ça une qualité

D. Lacan-dites?,

H. Michel, . Suis-douce, and . Gentille,

D. Lacan-oui,

H. Michel, Mais je ne vois pas d'autre qualité, à part ça? surtout la douceur

, Dr Lacan-Vous avez eu une relation sentimentale ?

H. Michel, Et en fin de compte, je n'en ai aucune. Ni l'un ni l'autre ne m'attirent, aussi bien les femmes, parce que je ne peux pas me ressentir homme vis-à-vis d'une femme et puis avec un homme, c'est plus fort que moi, Avec des hommes et puis avec des femmes

, Dr Lacan-Vous avez essayé deux fois, quand ?

H. Michel, ai vingt-deux ans passés. J'ai essayé il y a un peu plus d'un an

, Dr Lacan-Racontez-moi comment s'est produit votre choix

H. Michel, Je n'ai pris aucun choix. Mon choix, c'est que ni l'un ni l'autre ne m'attirent

, Dr Lacan-Non, non. Comment avez-vous choisi le partenaire masculin ?

H. Michel and . -c'est-une-coïncidence,

, Dr Lacan-Une coïncidence-qu'est-ce qui s'est présenté comme ça ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez des rapports mutuels ?

H. Michel, Tout ce qui se pratique. Pas vraiment tout

, Dr Lacan-Comment avez-vous rencontré ces partenaires ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Des amis d'enfance? Bon. Désignez-les par un nom

H. Michel, Le premier garçon que je suis sorti avec s'appelait André et le deuxième s'appelait Patrick

, Dr Lacan-Oui, alors André, c'est celui que vous avez rencontré quand ?

H. Michel, Il y a un an

, Dr Lacan-Et le deuxième ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Ils avaient votre âge ?

H. Michel, Le premier était un peu plus vieux, le second était un peu plus jeune

, Dr Lacan-Quand les aviez-vous connus, dans votre enfance ?

H. Michel and . Premier, André, je l'ai connu à l'âge de six ans

, Dr Lacan-Vous l'avez connu comment ?

H. Michel and . -À-l'école,

, Dr Lacan-Écoutez, mon vieux ; vous avez quand même de la barbe au menton, vous n'y pouvez rien

H. Michel, Je fais tout pour la cacher

, Dr Lacan-Vous la cachez? qu'est-ce que vous faites pour la cacher ?

H. Michel, Je me rase de très près, puis je me maquille

, Dr Lacan-Ça a duré combien de temps, ces relations, avec André par exemple ?

H. Michel,

, Dr Lacan-En quoi consistent-elles ?

H. Michel, Sur le plan rapports? on s'est caressés, on s'est embrassés et puis c'est tout. Moi, je voulais savoir si je pouvais ressentir? me prendre pour une femme vis-à-vis d'un homme. Je me suis aperçu que je ne pouvais pas me sentir

D. Lacan-oui, Alors, vous avez fait aussi allusion à d'autres expériences, c'est-à-dire?

H. Michel and . Femme,

, Dr Lacan-Avec une?

H. Michel and . Femme,

, Dr Lacan-Une ou des ?

H. Michel, Un peu plus. J'ai connu trois femmes, trois femmes avec qui j'ai eu des rapports

, Dr Lacan-Vous pouvez aussi, peut-être, les désigner par leur nom

H. Michel and M. Première-que-j'ai-connue,-c'est, J'ai eu quelques rapports sexuels qui étaient très mauvais parce que c'est avec elle que j'ai eu ma première pénétration

, Dr Lacan-Où l'aviez-vous pêchée, cette Monique ?

H. Michel and . -c'est-À-la-campagne,

, Dr Lacan-Oui, comment l'avez-vous rencontrée à la campagne ?

H. Michel, est des amis qui m'ont emmené pour goûter à la campagne et puis on s'est connus comme ça

, Dr Lacan-Elle avait quel âge ?

H. Michel, Un an de plus que moi. Elle avait dix-neuf ans, moi j'en avais dix-huit

D. Lacan-oui, Donc, c'est avec une femme que vous avez commencé ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Dites m'en un peu plus

H. Michel, Sur la deuxième que j'ai connue ?

, Dr Lacan-Restez sur cette première. Vous avez été jusqu'à-vous venez de le dire, c'est le mot que vous avez employé-la pénétrer

H. Michel and . Eu, le plaisir que ça procure à l'homme, mais il y avait quelque chose de plus fort en moi qui me contredisait

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui vous contredisait, comme vous dites ?

H. Michel, étais dans les bras d'une femme ; j'ai eu beaucoup de difficultés à la pénétrer ; je n'étais pas dans mon élément

, Dr Lacan-Vous vous êtes quand même senti homme, vous êtes pourvu d'un organe masculin

H. Michel, Juste au moment où j'ai eu le plaisir lors du rapport sexuel. Pour moi, c'était un plaisir qu'on ne peut pas refuser

, Dr Lacan-Qu'est-ce que veut dire, ça, obligé ?

H. Michel,

, Dr Lacan-À ce moment-là, quelle idée vous faisiez-vous de vous ? Celle d'être ce qu'on appelle un garçon ? Vous le dites vous-même

H. Michel, Quelle était l'idée d'avoir été un garçon lors de ce rapport-là ?

D. Lacan-oui, Pourquoi est-ce que vous n'êtes pas habillé en femme ?

H. Michel, Depuis que je suis à l'hôpital, je ne suis pas habillé en femme, c'est normal. J'ai eu tellement de contrariétés quand j'étais habillé en femme, que maintenant, je ne peux plus être habillé en femme dans la rue

, Dr Lacan-Parce qu'il vous est arrivé de vous promener dans la rue en femme ?

H. Michel and . Eu-de-gros-problèmes, parce que, quand je rencontrais des gens qui me connaissaient, il y en avait certains qui parlaient entre eux, d'autres qui me montraient du doigt, d'autres qui essayaient de vouloir mieux me connaître, de vouloir sortir avec moi

, Dr Lacan-Qui c'était, ceux-là ?

H. Michel, était des gens dans la rue. Ils voyaient que j'étais en travesti. Ils profitaient de la situation, c'étaient des éclats de rire

, Dr Lacan-Vous avez parlé de gens qui vous reconnaissaient, donc c'est qu'ils vous connaissaient déjà, p.402

H. Michel and . -non, ils voyaient que j'étais un homme. J'ai beaucoup de difficultés pour me déguiser correctement. J'ai trop de difficultés, beaucoup de choses avec les traits de mon visage. Il y avait des jours où j'étais un homme travesti ; certains profitaient, quand j'étais dans cette situation

, Dr Lacan-En quoi consistait l'abus ?

H. Michel and . Paris, des travestis qui sont sur les trottoirs, parce qu'ils sont obligés de faire comme ça. On me bousculait pour me parler on me disait : viens, etc. Moi, je ne répondais pas

, Dr Lacan-C'étaient des gens de quel acabit ?

H. Michel, qu'est-ce que ça veut dire ? Dr Lacan-C'étaient des gens de quel âge ?

H. Michel, Vingt-quatre ans, trente ans, c'étaient des jeunes

, Dr Lacan-Oui, bon. Alors, venons à la dite Monique. Ça a duré combien ?

H. Michel, On se voyait pour le week-end, parce que moi, je travaillais à la campagne

, Dr Lacan-Si je me permets de dire quelque chose, c'est que ce n'était pas un divertissement très divertissant

H. Michel, On allait au bal, on allait se promener. J'avais une moto à cette époque-là

, Dr Lacan-Ça se passait régulièrement tous les week-ends ? Et alors, qu'est-ce vous faisiez le reste du temps ?

H. Michel and . Semaine,

, Dr Lacan-Vous travailliez où ?

H. Michel and G. La-société,

D. Lacan-oui,

H. Michel,

, Dr Lacan-Vous reveniez à Paris, alors ?

H. Michel, habitais là-bas. J'habitais dans une roulotte, près d'un champ. C'est un monsieur qui m'avait prêté une roulotte

, Dr Lacan-Vous m'aviez dit que vous aviez été emmené à la campagne

H. Michel, Par des gens. Ensuite, j'avais une moto, je me suis établi là-bas. J'ai connu des gens et j'ai connu Monique, je me suis établi là-bas. J'ai pris ma moto, j'ai quitté mes parents

, Dr Lacan-Vous avez quitté vos parents à quel âge ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Dix-huit ans. Vous êtes sûr de ces dix-huit ans ?

H. Michel, À quelques mois près, oui. J'ai fait mes trois jours quand j'ai été exempté, j'avais dix-huit ans et demi, dix-huit ans et quart, dix-huit ans et quelque chose, quelques mois

, Dr Lacan-Vous n'aviez pas quitté le domicile de vos parents, avant ?

H. Michel and . -non,

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous avez fait, p.403

H. Michel, L'école primaire, j'ai eu mon certificat d'études ; j'ai fait deux ans de cours professionnels

, Dr Lacan-Cours professionnels pour quoi ?

H. Michel, Pour le dessin industriel. J'ai été embauché avec mon père, j'étais sous contrat

, Dr Lacan-Pourquoi ? Votre père est là-dedans ?

H. Michel, . Dans-le-dessin-industriel, and . Dans-son-usine, sous contrat, à l'âge de quatorze ans ; mais ça n'a pas duré longtemps-l'usine elle a coulé, cela a duré un an et demi. J'ai été obligé de changer de métier pendant une certaine période de temps, pendant quatre, cinq ans. J'étais monteur-câbleur

D. Lacan-bon, Alors, cette Monique, elle travaillait où, elle ? Michel H.-Je ne sais pas

, Dr Lacan-Comment ?

H. Michel, . Ne, and . Pas,

, Dr Lacan-C'était à quel endroit ?

H. Michel and . -savigny-sur-brie,

, Dr Lacan-Où est-ce, ça, Saint-Calais ?

H. Michel and . -c'est-À,

, Dr Lacan-Vous reveniez voir vos parents ?

H. Michel and . -non, c'est eux qui venaient me voir. Ils venaient passer le week-end à la campagne

, Dr Lacan-Vous avez des frères ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Le frère a combien de plus que vous ?

H. Michel, Il a trente-deux ans. Il a donc dix ans de plus que moi

, Dr Lacan-Qu'est-ce qu'il fait ?

H. Michel and . Principe, Mais là, il a perdu son emploi, il fait la ferraille, il fait le rempaillement des chaises, il est routier

, Dr Lacan-Où est-ce qu'ils habitent, vos parents ?

H. Michel and . Moulineaux,

, Dr Lacan-Parlez-moi un peu de la façon dont vous avez eu une enfance heureuse

H. Michel, Quand j'étais tout petit, c'est ma mère qui me disait ça, j'étais un gamin terrible, très agité, très nerveux et je ne faisais que des bêtises. Bien entendu, ma mère elle me donnait des fessées, puis après

, Dr Lacan-Ça, vous vous en souvenez ?

H. Michel, Je me rappelle de quelques petites bêtises

, Dr Lacan-Dites-les

H. Michel, Je me rappelle d'une poupée à une de mes soeurs que j'avais mise dans la chaudière, par méchanceté, j'avais fait ça. Je me rappelle aussi que je disais des grossièretés

, Dr Lacan-Méchanceté veut dire quoi ? Que ça l'a embêtée ?

H. Michel, Je suis jaloux de mes soeurs ; je suis jaloux et, par méchanceté, j'avais donc cassé sa poupée, p.404

, Dr Lacan-Vous êtes jaloux? qu'est-ce que ça veut dire, ça ?

H. Michel, Depuis tout petit, je me rappelle très bien que je regardais mes soeurs avec envie. J'ai toujours voulu? j'aurais aimé être à leur place

, Dr Lacan-À leur place veut dire quoi ?

H. Michel, Être une fille, comme mes soeurs

, En quoi est-ce qu'une fille, pour vous, à ce moment-là, en quoi est-ce qu'une fille était différente d'un garçon ? Quand on est petit

H. Michel, Quand j'étais petit, la seule chose, c'étaient les vêtements qui me donnaient ce désir-là

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? Qu'elles étaient mieux habillées

H. Michel, Non, c'était pareil. Mais c'était les vêtements qui étaient doux

, Dr Lacan-Vous êtes sûr que les vêtements de filles sont plus doux que les vêtements de garçons ?

H. Michel, Je l'ai constaté, effectivement. Moi, je les trouve plus chauds sur mon corps

, Dr Lacan-C'est cela que vous appelez une réponse du coeur ?

H. Michel, La peine du coeur que j'ai, c'est autre chose. C'est parce que je suis un homme. C'est ça

, Dr Lacan-Dites-en plus, là

H. Michel, Je me rappelle, quand j'ai essayé de me castrer moi-même

, Dr Lacan-Ah oui, vous avez essayé ça ? Alors, racontez-moi un peu ; c'était quand, ça ?

H. Michel, Ça remonte à après les vacances 1975, septembre peut-être

, Dr Lacan-Il n'y a pas longtemps

H. Michel,

D. Lacan-racontez,

H. Michel, Et puis je n'étais pas dans mon élément avec ce médicament. Comme on dit dans le terme des drogués, ça fait flipper. Ce jour-là, je flippais et j'avais retrouvé mon personnage

, Dr Lacan-Vous aviez retrouvé votre personnage ?

H. Michel, J'étais dans l'entrée avec une lame de rasoir et puis un morceau de bois, quelque chose comme ça, quelque chose de dur. J'avais posé mon sexe dessus et puis voilà

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui est arrivé ?

H. Michel and . -rien, Je me suis coupé seulement la peau, puis j'ai piqué une crise de nerfs parce que j'avais trop mal

, Dr Lacan-Qu'est-ce que c'était, cette lame ?

H. Michel, Une vieille lame de rasoir toute rouillée

-. Dr-lacan and . Rasoir?,

H. Michel and . -c'était-une-lame-gillette, une lame normale comme dans les rasoirs mécaniques

, Dr Lacan-Ce n'est pas tellement facile à manipuler

H. Michel and . -non, mais j'ai l'habitude de toucher aux lames de rasoir

, Dr Lacan-Et pourquoi était-elle toute rouillée ?

H. Michel, Je m'en sers pour travailler chez moi, pour mes travaux, pour gratter les carreaux avant de mettre la peinture dessus, Parce que je n'avais que ça

, Dr Lacan-Pourquoi n'aviez-vous pas une lame de rasoir ?

H. Michel, Parce que je me rase avec un rasoir mécanique où la lame est incorporée dans un petit machin en plastique

D. Lacan-bref,

H. Michel and . -non, ça m'a fait trop mal. J'ai piqué une crise de nerfs

, Dr Lacan-Il y avait le copain, là ?

H. Michel, Il a appelé la police. On a dit que j'avais eu une crise de nerfs

, Dr Lacan-En quoi cela consiste, une crise de nerfs dans cette occasion ?

H. -. Michel,

, Dr Lacan-C'est ça qui, à votre idée?

H. Michel and . Ça,

, Dr Lacan-La police, qu'est-ce qu'elle a fait ?

H. Michel,

, Dr Lacan-À quel hôpital ?

H. Michel and . Corentin-celton,

, Dr Lacan-Et où est-ce, ça ?

H. Michel, À côté de mairie d'Issy. C'est à 300 m de la mairie

, Dr Lacan-Qu'est-ce que c'est, mairie d'Issy ?

H. Michel, Issy-Les Moulineaux, c'est où j'habite, c'est où il y a la mairie, c'est à 500 mètres, c'est à côté de Corentin-Celton

, Dr Lacan-Bon, qu'est-ce qui vous est arrivé ?

H. Michel and . Spécial, J'avais des dessous féminins, une chemise de nuit et un peignoir. Quand je suis arrivé, j'avais toujours ma chemise de nuit

, Dr Lacan-Quelles sont les manifestations de cette crise de nerfs ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Quelles ont été les manifestations ?

H. Michel, Je tremblais, je respirais très mal

, Dr Lacan-C'est ça, que vous appelez une crise de nerfs ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Jusqu'à maintenant ?

H. Michel and O. -jusqu'à-maintenant,

, Dr Lacan-Bon, alors, vous avez été visité par un médecin?

H. Michel and . -c'est-seulement-un-psychiatre, On m'a envoyé à Villejuif. Parce que j'y avais été déjà auparavant

, Dr Lacan-On vous a fait un pansement ?

H. Michel and . -non, j'ai seulement demandé à ce qu'ils me donnent quelque chose? Ils ne se sont pas occupé de moi étant donné qu'ils croyaient que j'avais déjà été à Villejuif. Auparavant, j'avais déjà été à Corentin-Celton. Une journée avant

, Dr Lacan-Vous en sortiez. Pourquoi ?

H. Michel, Parce que j'avais pris une quantité très abondante de médicaments

, Dr Lacan-Donc, c'est sous le coup des médicaments que vous aviez pris. Que vous aviez pris d'où ? C'est à l'hôpital qu'ils vous les avaient donnés ?

H. Michel, Quand j'étais sorti de désintoxication, j'avais des ordonnances pour des médicaments? Dr Lacan-Lorsque vous êtes sorti de désintoxication? désintoxication de quoi ?

H. Michel and . Drogue,

, Dr Lacan-Vous étiez là sous le coup de ce que vous avez vous-même appelé la drogue. Qu'est-ce que c'était, cette drogue ?

H. Michel and . -À-cette-Époque-là,

, Dr Lacan-Des piqûres de quoi ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Et vous dites que sous le coup de ce drogage morphiné, vous vous sentiez plus à l'aise ?

H. Michel, Plus d'énergie, oui. J'oubliais tout, sauf que j'étais une femme, parce que j'étais habillé en femme

, Dr Lacan-Vous oubliiez tout, sauf?

H. Michel, Sauf moi-même, habillé en femme

, Dr Lacan-Pendant que vous étiez sous le coup de la drogue, vous vous sentiez quoi ?

H. Michel,

, Dr Lacan-En d'autres termes, ce que vous apportait la drogue, c'était l'oubli

H. Michel, Et cela me calmait aussi

, Dr Lacan-Il y a combien de temps de cela ?

H. Michel, ai dû commencer à me droguer à l'âge de dix-neuf ans, et j'ai arrêté il y a un an passé maintenant, un an et trois mois peut-être et

, Dr Lacan-Vous avez recommencé ?

H. Michel, Je n'ai pas fait de piqûres. J'ai fumé et j'ai pris des acides

, Dr Lacan-Fumé quoi ?

H. Michel and . -de-l'herbe,

, Dr Lacan-De l'huile ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous avez pris comme acide ?

H. Michel, On appelle ça des pyramides, je ne sais pas qu'est-ce que c'est exactement

D. Lacan-bon, où en êtes-vous maintenant ? pas trop souvent, pour ne pas faire trop de bêtises, ne pas trop vagabonder, On était très bien élevés. Ils sont très gentils

, Dr Lacan-Quel était l'ordre de gentillesse de chacun ? Ils avaient la même gentillesse tous les deux ?

H. Michel and . Oui,

, Dr Lacan-Votre père et votre mère ?

H. Michel, Ma mère était un peu plus coléreuse

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui en faisait voir ?

H. Michel and . Principalement, Puis mon frère aussi

, Dr Lacan-Un frère qui avait dix ans de plus que vous. Ce que vous avez pu connaître? Il ne lui faisait pas le même genre de misères

H. Michel and . -non, c'est différent. C'est dehors que cela se traduisait. Il était très méchant. Il tapait les gens. Il faisait des bêtises

, Dr Lacan-Et vous ?

H. Michel, . -c'est-différent,-j'étais-le, and . Petit, je faisais des bêtises de gamin. J'avais un caractère très gentil. Je n'en faisais qu'à ma tête, mais je me suis calmé vers l'âge de dix ans

, Dr Lacan-Parlons des autres femmes

H. Michel, Je l'ai connue peut-être une semaine. On a eu un rapport ensemble et je l'ai quittée

, Dr Lacan-Où est-ce que vous l'avez rencontrée, celle-là ?

H. Michel, Elle était caissière et je l'ai connue chez des amis

, Dr Lacan-Chez quels amis ? C'est toujours chez les amis que vous aviez à la campagne ?

H. Michel and . -non,

, Dr Lacan-C'était où ?

H. Michel, . -c'était-À-fontenay-aux-roses, and . Qu, ils habitaient, ces amis-là. J'ai été à Fontenay-aux-Roses chez eux, et puis il y avait une jeune fille que j'ai rencontrée. Cela doit être le lendemain que je suis sorti avec

, Dr Lacan-Un rapport sur quelle initiative ?

H. Michel and . Le,

, Dr Lacan-Bien entendu. Mais de qui venait l'idée du rapport ?

H. Michel, De nous deux. C'était un rapport mutuel. On était entraînés, quoi

, Dr Lacan-Alors, ce rapport, vous l'avez eu pour essayer ?

H. Michel and . -non, c'est obligé, j'étais dans ses bras, elle était dans mes bras. C'était un engrenage, on était obligés d'y aller. Je ne pouvais pas la repousser alors

, Dr Lacan-Qui est-ce qui faisait tourner l'engrenage, c'était elle ou c'était vous ?

H. Michel and . Deux, On ne pouvait pas s'arrêter. On s'est embrassés, on s'est caressés, puis ça allait de plus en plus loin

, Dr Lacan-Et vous ne vous souvenez même pas de son nom, p.409

H. Michel, Je ne l'ai connue qu'une semaine. Son nom me reviendra

D. Lacan-oui, Et ça se passait où, ça ?

H. Michel and . Fontenay,

, Dr Lacan-Vous aviez le sentiment de faire une expérience ?

H. Michel, ça a été tellement vite, que je n'ai pas eu l'impression de tout ça

, Dr Lacan-Donc, c'était elle qui prenait l'initiative ?

H. Michel, On a eu ce rapport quand même ; c'est venu comme ça. Oui, certainement qu'elle avait ça en tête. Cette fille avait certainement ça en tête, oui. Dr Lacan-Elle avait quel âge, pp.celle-là

H. Michel, À peu près mon âge, dix-huit ans

, Dr Lacan-Qu'est-ce qu'elle faisait ?

H. Michel and . -c'est-elle-qui-est-caissière-À-paris-médoc,

, Dr Lacan-Ça ne prouve pas d'une façon manifeste que vous aviez vis-à-vis des femmes une aversion

H. Michel, En revanche, la dernière que j'ai connue, elle s'appelle Andrée. J'ai vécu un an avec elle en concubinage. Quand je l'ai connue, je lui ai fait part de mes désirs féminins

, Dr Lacan-De vos désirs de vous habiller en femme ?

H. Michel, Elle ne l'a pas très bien pris. Enfin, elle était forcée quand même. Alors, on a vécu ensemble. Moi, j'étais toujours habillé en femme à la maison

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous faisiez, à ce moment-là ?

H. Michel, Je faisais des travaux, des bricoles à la maison. Je ne travaillais pas. On a eu quelques rapports par la suite avec elle et lors des rapports?

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez des rapports ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Qu'est-ce que c'est qu'un rapport sexuel ?

H. Michel and . Pénétration, J'étais habillé en femme toujours, même lors de la pénétration et je me sentais femme lors du rapport sexuel

, Dr Lacan-Expliquez ce que vous appelez vous sentir femme

H. Michel, avais une personne à mes côtés qui admettait que je sois femme. Alors, j'arrivais à oublier que j'étais un homme

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous voulez exactement ?

H. Michel, Je ne vis que pour être une femme. Depuis tout petit, j'ai toujours eu ce désir-là et tout ce qui est autour de moi ne m'intéresse pas, je ne m'intéresse à rien. Là, maintenant, j'ai goût à rien

, Dr Lacan-Quel serait votre voeu ?

H. Michel and . Femme,

, Dr Lacan-Ça, vous savez bien que vous ne pouvez pas devenir une femme

H. Michel and . Sais, mais? On peut avoir quand même l'apparence d'une femme. On peut changer un homme sur le physique extérieur, les traits

, Dr Lacan-Vous devez savoir qu'on ne transforme pas un homme en femme

H. Michel and . Fait,

, Dr Lacan-Comment ? Une femme a un utérus

H. Michel, Pour les organes, oui. Mais je préfère sacrifier ma vie, ne pas avoir d'enfants, ne rien avoir mais être une femme

, Dr Lacan-Non, mais même une émasculation ne vous rendra pas femme

H. Michel,

, Dr Lacan-Vous avez lu pas mal de choses ?

H. Michel, Il y a des gens qui posent des questions et ils donnent des réponses. J'ai appris beaucoup de choses : qu'on peut déjà se faire castrer, avoir des seins avec des hormones, qu'on peut vraiment arriver à métamorphoser un homme en femme, Sur des problèmes à peu près identiques au mien

, Dr Lacan-Lui donner l'apparence d'une femme

H. Michel, Ils disent même qu'un homme pourrait être beaucoup plus élancée, beaucoup plus belle, beaucoup plus douce qu'une vraie femme. Ils disent beaucoup de choses

, Dr Lacan-Quand vous avez fait ces lectures ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Alors, ça vous a rendu l'espoir ?

H. Michel and . -non, Mais cela ne m'a rien rapporté. Déjà, je savais par avance, je savais effectivement ces opérations, mais là j'ai eu beaucoup plus de détails ; ils expliquaient la manière?

, Dr Lacan-Vous le saviez déjà. Qu'est-ce qui vous a donné l'envie d'avoir plus de détails ?

H. Michel, est un problème qui m'intéresse, j'en sais plus long là-dessus, enfin

, Dr Lacan-Dites-moi votre position maintenant

H. Michel,

, Dr Lacan-Vous avez entrepris des démarches, c'est-à-dire?

H. Michel, La première chose, quand je suis travesti, c'est mon visage. J'ai été voir des esthéticiens pour voir s'ils pouvaient me faire crédit, s'il y avait une possibilité de crédit. Puis, ça a été un échec. Ils m'ont dit de travailler pendant deux mois, d'aller dans un hôpital et voir s'ils pouvaient faire quelque chose pour moi. J'étais couvert par la Sécurité sociale. J'ai entrepris aussi d'autres démarches. J'ai essayé de contacter le milieu où vivent les travestis. Ce n'est pas une chose que j'aurais aimé faire

, Dr Lacan-Un ?

H. Michel and . Mac, Quand je suis couvert par la Sécurité sociale, j'ai des papiers à remplir pour voir si mon cas nécessite d'être pris en charge par l'État. Cette démarche-là, c'est mes parents qui l'ont envisagée. Avant de vouloir me pendre, dernièrement, j'ai voulu voir un docteur, voir s'il n'y avait pas une solution. Le docteur m'a confié à un de ses amis qui était psychiatre, pour faire des opérations pour ma transformation et après pour que je travaille pour lui. Mais je n'ai pas été au bout de cette démarche-là. Je la renie

, Dr Lacan-Vous êtes venu ici à cause de votre tentative de vous suicider ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Par quel procédé ?

H. Michel, Avec une chaîne, je voulais me pendre

, Dr Lacan-Vous trouvez que c'est une solution ?

H. Michel, Il n'y a pas de solution pour moi

, Dr Lacan-Et les médecins d'ici, quel sentiment avez-vous de ce qu'ils vous disent ?

H. -. Michel, Je n'arrive pas vraiment à tenir le coup, parce qu'il me manque quelque chose. Cela fait maintenant quatorze jours que je n'ai plus mes vêtements de femme, sauf la nuit. La nuit, quand je dors à l'hôpital, j'ai une combinaison, puis un dessous féminin. Mais la journée, je n'ai rien du tout, cela me manque énormément

, Dr Lacan-En quoi est-ce qu'un vêtement de femme est plus satisfaisant ? Il y a des vêtements d'hommes très chics

H. Michel, avais un costume, il y a six mois de ça, qui était vraiment magnifique

, Dr Lacan-Vous parlez de quoi ?

H. Michel, Un costume d'homme

, Dr Lacan-Là, vous n'aviez pas le même plaisir

H. Michel, Quand je suis habillé en femme, c'est tout mon corps qui éprouve une satisfaction, un bonheur, d'une façon différente. Je retrouve vraiment ma personnalité, mon caractère, ma douceur, je retrouve tout ça. Ça se voit, mes gestes sont différents, mon comportement aussi

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez vous intéresser à tout ?

H. Michel, Si je pouvais sortir, je m'intéresserais à la nature, je m'intéresserais à beaucoup de choses, mais déjà, chez moi, je dessine, je fais des poèmes, je fais beaucoup de choses. Je ne reste pas inactif. En revanche

D. Lacan-qu, est-ce que vous appelez faire des poèmes ? Est-ce que vous pouvez donner une idée de ces poèmes ? Est ce que vous les savez par coeur ?

H. Michel, . Ne, . Ne-pense, and . Pas, Le dernier que j'ai fait, c'est à l'hôpital, ici, je me confondais avec une fleur ; j'ai fait parler une fleur et cette fleur, c'était moi

, Dr Lacan-Vous n'êtes pas contre

H. Michel, Ce n'est pas vraiment une poésie, c'est des vers

, Dr Lacan-Il arrive qu'une poésie soit en vers

H. Michel, Il faut que je vous la lise ?

, Dr Lacan-Si ça ne vous ennuie pas (sur cette page est reproduit le manuscrit du poème)

, Dr Lacan-C'est vous qui parlez, alors vous vous adorez vous-même ?

H. Michel and O. -c'est-Ça,

, Dr Lacan-En somme, vous vous adressez à vous-même ?

H. Michel and . Ça,

, Dr Lacan-Corinne, qui c'est ?

H. Michel and . Moi, J'ai changé de nom pour mieux recevoir mon état féminin

, Dr Lacan-Alors, il y a quand même à la fin trois signatures différentes

H. Michel, L. Première, . Deuxième, and . La-troisième,

, Dr Lacan-Oui et alors ?

H. Michel, La première, c'est que je suis un homme, Michel, comme ça s'écrit

, Dr Lacan-Vous vous appelez Michel ?

H. Michel and . Deuxième, Il n'y a pas longtemps. J'ai changé de nom : Corinne. Et de là, j'ai brûlé mes papiers

, Dr Lacan-Où avez-vous pris cette idée du nom

H. Michel, Il vient de mon enfance. J'ai bien connu une petite fille qui avait six ans

C. , À partir de ça, je n'ai connu personne d'autre, de fille qui s'appelait Corinne. C'est un nom qui me plaît, alors je me le suis donné

, Dr Lacan-Oui? Est-ce que votre mère vous a parlé de votre enfance ?

H. Michel and . -j'avais-essayé-d'écrire-un-livre-sur-ma-vie-de-travesti, Puis je l'ai déchiré. Pour écrire ce livre, j'ai demandé l'aide de ma mère pour retrouver mon enfance, parce que j'ai pensé que c'était depuis mon enfance que j'étais comme ça

, Dr Lacan-Qu'est-ce qu'elle vous avait rappelé de votre enfance ?

H. Michel and . Cauchemar, C'est d'ailleurs pour ça que je couchais avec mes parents le soir, parce que j'avais peur de ce cauchemar-là

, Dr Lacan-Vous vous souvenez que vous aviez peur de ce cauchemar ? Vous n'en aviez pas perdu la mémoire ?

H. Michel, Pendant beaucoup de temps, je ne me rappelais plus. Ma mère me l'a rappelé

, Dr Lacan-Qu'est-ce que c'était, que ce cauchemar ?

H. Michel, étais petit, c'est une femme qui dans mon cauchemar, qui venait faire du mal à ma famille. Elle coupait des jambes, il y avait du sang dans ce cauchemar-là. Son visage m

, Dr Lacan-Ça vous est arrivé, après tout, de vous couper vous même. Cela ne vous paraît pas avoir un rapport avec ce rêve ?

H. Michel, Non je ne crois pas. J'ai fait pas mal de rapprochements avec mon rêve, d'ailleurs un peu vite. Les rapprochements que j'ai faits avec cette femme blonde? Ce cauchemar-là je l'avais oublié et pourtant il y a un an, je me suis teint les cheveux en blond. J'avais les cheveux beaucoup plus foncés et dernièrement je me suis coupé les cheveux, j'ai mis une perruque blonde. J'ai fait la comparaison, le rapprochement : la femme blonde et moi qui suis blond. Ce rapprochement-là, je l'ai fait. Il y a la méchanceté aussi, la méchanceté de la femme blonde, peut-être que c'est la méchanceté, la peine que je donnais à mes parent en me travestissant, je me faisais du mal à moi-même

, Dr Lacan-Ce poème s'appelle aussi?

H. Michel, . -ce-soir-là, and . Qu, il y avait une dame, dans l'hôpital où je suis, qui s'est mise à hurler ; elle avait une crise ; cela m'a fait un choc, ces hurlements

, Dr Lacan-Comment sont ses traits ?

H. Michel, Très forts, un visage creusé, un visage d'homme d'ailleurs. Quand j'ai revu ce visage

, Dr Lacan-Comment savez-vous que c'est le même visage ?

H. Michel, Après, je suis venu demander un médicament à l'infirmier, parce que j'avais peur du noir. Les hurlements, cela m'a enclenché quelque chose et j'ai eu peur du noir comme quand j'étais petit et pourtant je n'ai pas peur du noir, Je me rappelle de l'avoir revu, je retombais dans mon rêve

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez "trop creuser votre passé

H. Michel, ai trop essayé de savoir d'où cela provenait. Cela vient peut-être de ce rêve. Cela vient peut-être depuis que je suis né

, Dr Lacan-Qu'est-ce qu'elle faisait la femme blonde, en rêve ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Elle coupait des membres exactement comme vous avez voulu vous couper un membre. Après tout, c'est peut-être?

H. Michel, Dans mon rêve, elle ne m'a jamais fait de mal, cette femme blonde. Elle faisait surtout du mal à mes parents

, Dr Lacan-À la famille, à qui encore ? À vos frères, bien sûr

H. Michel, Les membres, les pieds. Je me rappelle les pieds seulement

, Dr Lacan-Et le rapprochement ne vous frappe pas ? Le fait que vous ayez essayé de?

H. Michel, Si le rapprochement? ça ne concorde pas vraiment effectivement

, Dr Lacan-Ce membre? qu'est-ce que vous en avez fait, la première fois où vous vous êtes aperçu qu'il existait

H. Michel, Quand j'étais tout petit, vous parlez ? Je ne m'en rappelle pas

, Dr Lacan-Ça ne vous est jamais arrivé, de vous masturber ?

H. Michel and . Sûr,

, Dr Lacan-Vous vous en occupiez, quand vous vous masturbiez

H. Michel, Je mets ma main entre mes deux cuisses, posée contre non sexe

, Dr Lacan-Vous savez très bien le terme qu'on emploie. C'est le terme bander

H. Michel and . Tout,

, Dr Lacan-Vous éjaculez, à vous mettre ce sexe entre les cuisses ?

H. Michel, À poser ma main sur ce sexe, bien sûr en donnant une certaine pression sur ma main

, Dr Lacan-Oui et cela aboutit à une éjaculation

H. Michel, Je pratique toujours la masturbation comme ça, maintenant encore. J'ai mal au sexe quand je me masturbe autrement. J'ai essayé de me masturber normalement deux fois

, Dr Lacan-Comment savez-vous que c'est une masturbation normale ?

H. Michel, Je sais que moi, c'est pas normal. D'ailleurs, je ne peux pas me laver l'intérieur du sexe, parce que ça me fait mal de déculotter mon sexe puis laver l'intérieur. Je ne me suis jamais lavé l'intérieur, Entre amis on parle comme ça, en plaisantant et on arrive à savoir

, Dr Lacan-Quand vous pénétrez une femme, vous êtes en érection, vous bandez

H. Michel, À chaque fois que j'ai des rapports, la fille est toujours obligée de me toucher, parce qu'autrement je n'arrive pas à bander. Il m'est arrivé des fois de redescendre au moment où je commençais à pénétrer

, Dr Lacan-Alors, qu'est-ce que vous demandez, maintenant ?

H. Michel and . Devenir-une-femme, Vu le problème, d'une autre manière, devenir une femme en servant de cobaye ; devenir une femme si mon état de santé le nécessite, j'ai envisagé plein de choses

, Dr Lacan-Si vous n'êtes pas en bonne santé, si vous êtes malade?

H. Michel,

D. Lacan-oui, Qu'est-ce que vous en pensez, de cette hypothèse que tout ça ne soit que maladie ? Michel H.-Je ne pense rien

, Dr Lacan-Vous pouvez y penser, que ça ce soit une mauvaise position dans le monde, si je peux dire

H. Michel, Si je suis malade, je suis toujours un homme, non ? La position envers moi-même

D. Lacan-oui,

H. Michel and . Normale,

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous envisagez comme solution, si vous êtes malade d'être un homme ?

H. Michel, Continuer à me prendre pour une femme et oublier mon personnage, en espérant que je n'aurai pas des angoisses d'être un homme

, Dr Lacan-Parce que? qu'est-ce que vous appelez angoisses ?

H. Michel,

, Dr Lacan-C'est terrible, mais il faut que vous vous y fassiez

H. Michel, je ne peux pas l'admettre, d'être un homme. C'est pour ça que je veux me tuer

, Dr Lacan-Alors, vous trouvez que c'est la bonne solution ?

H. Michel, Je n'en ai pas trouvé de meilleure. J'ai essayé de travailler pour pouvoir envisager des opérations. Mais j'ai piqué des crises de nerfs, parce que ce travail-là, je pourrais le faire en femme

, Dr Lacan-Quelle sorte de travaux pourriez-vous faire en femme ?

H. Michel, La dernière fois que j'avais travaillé, c'était le nettoyage des moquettes des restaurants, avec une brosse, de la lessive et frotter la moquette

, Dr Lacan-Vous trouvez que c'est un travail très reluisant, de frotter des moquettes ?

H. Michel and . -c'est-le-chômage-qui-m, a donné ce travail-là. Je n'ai pas eu le choix. J'ai pris ça parce qu'il fallait bien prendre quelque chose. J'ai bien essayé de retrouver dans mon métier

, Dr Lacan-Il y a combien de temps que vous n'avez pas travaillé dans le dessin industriel ?

H. Michel, Cela fait deux ans, un an et demi

, Dr Lacan-Alors, la roulotte ?

H. Michel, À la campagne ? Je vous parle de quoi ? De la roulotte ?

. Dr-lacan-la-roulotte, Votre mère a été l'aînée d'une nombreuse famille. Elle était dans une roulotte à ce moment-là. Vous en savez quelque chose ?

H. Michel, Pas du tout ; je sais qu'elle a eu une enfance très malheureuse. C'est elle qui faisait toutes les corvées. Elle se faisait taper par sa mère

, Dr Lacan-Ça, vous le savez quand même ; si vous le savez, c'est parce qu'elle vous l'a raconté

H. Michel and . Ça,

, Dr Lacan-Quel rapport y a-t-il dans votre esprit entre cette roulotte, la roulotte maternelle et celle dont on vous a

H. Michel, Aucun rapprochement, parce que quand j'étais à la campagne

J. Préféré-Être-dans-une and M. , On m'a proposé une roulotte. Je n'ai pas eu le choix, je l'ai pris. C'était vraiment une coïncidence

. Dr-lacan-c'est-une-coïncidence, Vous étiez dans le même genre de roulotte

H. Michel,

, Dr Lacan-Qui est-ce qui vous a fait cadeau de cette roulotte ?

H. Michel, est un paysan de la campagne qui avait une roulotte

, Dr Lacan-Et vous considérez qu'un paysan qui a une roulotte, c'est tout ce qu'il y a de normal qu'il vous la passe ?

H. Michel, On s'arrangeait entre nous

, Dr Lacan-On s'arrangeait, cela veut dire que vous l'avez payée ?

H. Michel, Il ne fallait pas qu'il soit perdant. Il me prêtait sa roulotte

, Dr Lacan-Il vous la prêtait ou il vous l'a donnée ?

H. Michel, Il me la prêtait

D. Lacan-qu, est-ce que vous allez faire maintenant ? Il faut tout de même que vous sortiez d'ici

H. Michel, est pour ça que j'ai fait mes valises. Ce que je vais faire ? Comme avant, je n'ai pas le choix. Rester enfermé chez moi

, Dr Lacan-Chez vous, où est-ce ?

H. Michel, Chez mes parents, ils veulent me reprendre

, Dr Lacan-Ils veulent vous reprendre et ils savent que vous allez vivre chez eux, ne pas sortir ?

H. Michel and . Ça,

, Dr Lacan-Il est assez probable que tout de même vous montrerez le nez dehors

H. Michel and . -non, je me rappelle une fois, je n'avais pas mangé pendant une semaine, j'avais des sous pourtant pour acheter à manger. Je ne voulais pas me dévêtir pour faire les commissions. Pourtant, le magasin était à côté de chez moi, j'ai préféré rester une semaine sans manger

, Dr Lacan-C'était où, cela ?

H. Michel and . Moi,

, Dr Lacan-Parce que vous habitiez tout seul là depuis quand ?

H. Michel, habitais dans cet appartement-là depuis six mois, cinq mois auparavant. J'avais un autre appartement où je suis resté peut-être huit mois

, Dr Lacan-Qui est-ce qui vous payait le loyer ?

H. Michel,

, Dr Lacan-Donc, vos parents veillent sur vous

H. Michel,

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous en pensez ?

H. Michel, Des fois, je m'en irai n'importe où puis je ne reviendrai jamais, pour ne pas poser de ces problèmes-là à mes parents

, Dr Lacan-Comment envisagez-vous d'aller n'importe où ?

H. Michel and . Maroc,

D. Maroc,

H. Michel and . -non, ce n'est pas n'importe où ; c'est dans le but de pouvoir travailler. Travailler, puis pouvoir? Dr Lacan-Pouvoir quoi ?

H. Michel and . Opérer,

, Dr Lacan-C'est cela qui vous oriente vers le Maroc, parce que vous croyez qu'au Maroc on vous opérera ?

H. Michel and . Sûr,

, Dr Lacan-Comment savez-vous ça ?

, Dr Lacan-Vous faire opérer, c'est quoi ? C'est essentiellement vous faire couper la queue

H. Michel, Il y a la castration, mais il y a aussi la transformation du corps, les hormones !

, Dr Lacan-Les hormones, ça vous paraît fixer spécialement votre espoir. C'est la seule chose qui vous soutienne, pour l'instant ?

H. Michel, Il y a ça, bien sûr et principalement c'est mon visage, parce que je ne peux pas le cacher sous des vêtements. Mon visage? il choque dans la rue n'importe qui le verra?

, Dr Lacan-Alors, c'est pour cela que vous allez voir des chirurgiens esthétiques. Qu'est-ce que vous attendez de la transformation de votre visage ?

H. Michel, Puis il y a des opérations qui s'effectuent sur le menton, sur le nez. Obligatoirement, cela peut embellir le visage. Je ne dis pas pour cela qu'on a un visage de femme après une opération comme ça

. Dr-lacan-pauvre-vieux,

D. , Czermak : dites-moi, alors, qu'est-ce que vous comptez en faire ?

, Dr Czermak-Je suis dans l'embarras. Je suis plutôt embarrassé. C'est bien pourquoi je vous l'ai montré

, Dr Lacan-Il finira par se faire opérer

, Dr Czermak-Les chirurgiens de Corentin-Celton ont proposé à sa mère de le faire opérer pour quatre millions dans le privé !

, Dr Lacan-C'est le type même du type qui arrive à se faire opérer. Il arrivera sûrement à se faire opérer, il faut s'y attendre. On appelle ça couramment le transsexualisme

, Mme Suzanne Ginestet-Delbreil-Et après, qu'est-ce qui se passera ?

, Dr Czermak-Le devenir ne semble pas très brillant pour un certain nombre d'entre eux

, Dr Alain Didier-Weil-Mais, monsieur, est-ce qu'il est vraiment impensable d'espérer qu'on puisse l'aider à envisager une opération analytique ?

, On n'arrivera à rien. Cela a été fait, ça n'a rien donné. Cela date de la petite enfance. Il est décidé pour cette métamorphose, Dr Lacan-On n'arrivera à rien

, Dr Alain Didier-Weil-Cela renvoie à une impuissance pour nous qui est presque aussi insupportable que ce qu'il vit lui-même

, Dr Lacan-Je n'ai pas vu le moindre élément qui me permette d'en espérer un résultat

, Dr Czermak-Quel risque y a-t-il à essayer de le suivre ?

, Dr Lacan-Essayez de savoir comment il s'en tirera. Ça serait curieux, intéressant, de savoir comment il arrivera, en fin de compte, à se faire opérer

X. Dr, Son impossibilité à se sentir femme dans les bras d'un homme. Il va trouver, il me semble, la même chose?

, Dr Czermak-Ça ne l'intéresse pas d'être femme dans les bras d'un homme. Il dit qu'il trouve sa satisfaction quand il est habillé en femme. Il dit : c'est pour moi-même que je veux me faire opérer

M. Dr-Élisabeth, On peut supposer qu'à la suite de cette opération, toute la jouissance sera éteinte pour lui

. Dr-lacan-exactement and . Ça, Comme il l'a bien manifesté, ni avec un homme ni avec une femme, il n'aura plus de jouissance

, Dr Czermak-La satisfaction essentielle, c'est celle de son corps revêtu de la douceur des vêtements féminins. C'est cela qui domine chez lui

, Dr Lacan-C'est cela qui domine et c'est très spécifique dans ce cas-là

, Dr Czermak-Il y a une dimension de cet ordre-là chez sa mère. Sa mère a un rapport aux étoffes

M. Dr and . Qu, on pourrait penser à un rapport avec le fétichisme ? Est-ce que les vêtements pour lui ne sont que l'occasion pour qu'il soit femme ?

, Dr Lacan-Il est certain que c'est l'affinité de cela avec le fétichisme qui me paraît le point le plus caractéristique

, été frappée que ce soit tellement de son visage qu'il parle et qu'il dise, Il revenait beaucoup là-dessus

, il s'accommoderait de ne pas se faire opérer, parce que cela venait pour lui en deuxième position. Ce qui importait, c'est le visage, pouvoir dissimuler le caractère masculin du visage. Il est dans une position un peu fluctuante. Certains jours, il dit que ce qui domine, c'est le plaisir d'être travesti et, pour peu que son visage se modifie, il s'en accommoderait

, Dr Faladé-Son visage le gêne beaucoup. Il a la crainte de la foule quand il est habillé en femme

, Dr Czermak-Pas seulement. Un jour qu'il était seul, habillé en femme devant le miroir, il a brisé le miroir

, Dr Faladé-Je crois que l'apparence joue quand même beaucoup pour lui. Dans son dire premier, c'est ce qui m'avait frappée

, Dr Czermak-D'un jour sur l'autre, les choses sont un peu oscillantes. De temps en temps, c'est du côté de l'apparence, ce qui est primordial. D'autres jours, c'est la modification radicale qui domine

, Dr Lacan-C'est bien en cela que je crois qu'il n'y a aucune prise

, Dr Czermak-Cela se retrouve constamment

, Dr Lacan-Sur ces deux champs

, Dr Faladé-Ce qui m'a semblé intéressant aussi, c'est dans une certaine situation d'être obligé de faire l'homme car, dans ses relations avec la femme, il lui a fallu faire l'homme et, en faisant l'homme, il lui a fallu aller jusqu'au bout? Il était dans un engrenage, c'est quelque chose qu'il faisait et il fallait aller jusqu'au bout

D. Lacan-si and S. ,

, Il lui fallait à ce moment-là répondre à une certaine image de l'homme, Dr Faladé-Cela m'a beaucoup frappée

, Dr Czermak-Ça a été une brève étape, très rapidement dépassée. C'est avec la fille qu'il a oubliée

, Dr Faladé-Avec la première dans cette maison de campagne, ses copains avaient une certaine attitude et l'obligeaient, lui aussi, à donner cette illusion

, Dr Czermak-Très rapidement après, il en est venu au point de se satisfaire d'une vie entre femmes

, avec la fille dont il a partagé la vie un an, il lui a posé comme exigence qu'elle accepte de le voir habillé en femme et il a dit nous avons vécu comme deux gouines

, Dr Faladé-La première, c'était différent, puisque dès le départ, ils s'étaient entendus comme cela. Mais je parle de la toute première et de la seconde. Il s'est trouvé dans une situation où il fallait faire l'homme

M. Bernard and D. ,

, cas numéro 5 sur le site de P. Valas. La retranscription de l'entretien proprement dit est précédée par une partie "observation médicale" et une autre

, Dr Lacan-Je ne suis pas sans avoir entendu parler de vous par le Docteur Czermak, qui s'intéresse beaucoup à vous. J'ai eu déjà quelques repérages sur ce qui se passe

M. Bernard and D. , Il y a maintenant une prise de conscience. J'ai voyagé beaucoup, à cause de mon métier

, Dr Lacan-Quel est votre métier ?

M. Bernard and D. Publicité,

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez représentant en publicité ?

M. Bernard and D. , Aller voir les commerçants, les industriels, leur vendre quelque chose. Je vends de la publicité dans le journal

, Dr Lacan-De la publicité à propos de quoi ?

M. Bernard, Pour la fédération des donneurs de sang bénévoles

, Dr Lacan-Ils font un journal ?

M. Bernard-d.-c'est-pour-cette-fédération, À cause de cela, j'ai voyagé beaucoup. Déjà, à force de voyager, j'ai beaucoup de problèmes. Je me demandais toujours pourquoi un client me parlait. Je me suis aperçu que les clients parlaient d'un tas de trucs, de leurs problèmes commerciaux, de leurs problèmes d'industrie ; cela marchait ou cela ne marchait pas. Je refoulais leurs problèmes et je les répétais. Je me suis dit : pourquoi tant de problèmes ? Je me suis rendu compte que c

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez "refouler

M. Bernard and D. , Dès l'instant que j'avais écouté leurs problèmes, je les avais enregistrés, et un jour ou l'autre, cela remontait à la surface. Je me suis rendu compte que moi-même j'avais des problèmes. J'ai fait un retour en arrière pour me rappeler tous les traumatismes que j'ai dû subir chez mes parents. J'avais notamment un traumatisme sexuel qui me tourmentait beaucoup

, Dr Lacan-Dites-moi bien cela

M. Bernard, Il m'était arrivé quelque chose quand j'étais gosse, qui m'avait amené ce traumatisme. J'avais un copain qui s'appelait Christian W. Il était plus âgé que moi. Il me payait le cinéma, il me donnait des bonbons. Comme mes parents ne s'entendaient pas, j'allais inconsciemment avec lui, Je sentais que j'avais été perturbé très jeune, mais je n'arrivais pas à m'en rappeler

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez "aller inconsciemment

M. Bernard and D. , Il me payait le cinéma. Mes parents ne s'entendaient pas du tout, ils étaient séparés

, parce que je suis obligé de faire attention à qui je parle, avec qui faire un tour, etc., etc. Des problèmes sexuels m'ont perturbé. Je sais que mes parents m'ont beaucoup perturbé, ont amené chez moi une instabilité. Je ne comprenais pas d'où elle venait. Je croyais que c'était moi, je me sentais coupable ; maintenant je sais que cela provient de mes parents : je ne vais plus les voir, tout au plus une fois par an, et cela suffit. Ce sont des gens névrosés qui ne se rendent pas compte qu'ils rendent malades les autres, J'avais besoin de prendre conscience. J'aurais été de ceux qui n'ont pas besoin de faire le point tous les mois

, je suis sûr de moi, je suis maintenant moi-même, je sais ce que j'aime et ce que je n'aime pas

, Dr Lacan-Vous savez cela ?

M. Bernard-d.-je-n'aime-pas and L. Publicité, Je voudrais dès maintenant faire autre chose. J'aime la stabilité ; je ne me sens plus un garçon instable. J'aime les femmes, bien sûr (avant j'hésitais). Je sais qu'il ne faut pas trop parler

, Dr Lacan-Vous ne voudriez pas dire tout ce que vous savez ?

M. Bernard and D. , Oui parce que malgré tout j'ai évolué. Cette prise de conscience me permet de comprendre pas mal de choses (?) les bases de la psychologie. Je voudrais les garder pour moi si un jour je peux les écrire

, Dr Lacan-Oui, c'est là vers quoi vous tendez ?

M. Bernard-d.-non,

, Dr Lacan-Expliquez-moi

M. Bernard, Mes parents m'ont perturbé. Après, je n'ai plus travaillé à l'école et j'ai fait un peu n'importe quoi. Mon frère Serge écrivait en script

, Dr Lacan-Votre frère Serge était l'aîné ?

M. Bernard-d.-l'aîné-de-la-famille,

, Dr Lacan-Il est l'aîné de votre père ?

M. Bernard and D. , Il y a Serge ; il y a moi

, Dr Lacan-Votre père

M. Bernard-d.-oui, plusieurs femmes, plusieurs enfants, à gauche, à droite. Il s'est marié deux fois

, Un de mes frères a été élevé par des putains ; il y en a deux autres qui sont plus jeunes. On est quatre. Il ne nous a jamais servi de pension, rien. Il s'en foutait. Mon père est matraqué ; cela m'a marqué mais, maintenant, je m'en fous. En fin de compte, je pense que c'est le déséquilibre de mes parents qui m'a donné beaucoup de difficultés, parce que si mes parents avaient été plus équilibrés, je n'aurais pas passé par une névrose ; je n'aurais pas été à V. ; je n'aurais pas été ici non plus. Ils m'auraient appris à étudier des choses intéressantes, alors que je n'ai jamais étudié, Il a été marié en Algérie, il est venu en France avec sa femme

, Dr Lacan-Comment avez-vous fait ?

M. Bernard and D. , ai commencé à m'occuper de publicité, par une annonce dans le journal

, Dr Lacan-Vous avez connu des gens qui ont voyagé ?

M. Bernard-d.-personnellement-non, Mais à force d'aller ici et là, cela donne plus ou moins une idée. J'avais envie de voyager. J'ai voyagé avec des copains. Un jour, je me suis retrouvé tout seul. Il fallait que je m'affronte, je me suis affronté

, Dr Lacan-Vous avez compris quoi ? Il n'y a vraiment aucune raison qu'après avoir été informé, je ne vous questionne pas sur le nommé J

M. Bernard, Je voulais vous en parler

, Dr Lacan-Vous n'en soufflez pas un mot

M. Bernard and D. , Je voulais vous en parler, parce que le Docteur Czermak vous en a parlé. C'est un garçon qui a pratiqué une influence sur moi. Il a trafiqué, en pratiquant l'hypnose sur moi

, Dr Lacan-Comment l'avez-vous connu ?

M. Bernard-d.-un-jour,-en-province and . Dans-un-café,

, Dr Lacan-Vous considérez que cela a de l'importance ?

M. Bernard and D. , Depuis trois ans que je connaissais ce type-là, j'avais tendance à ne plus me rappeler de certains souvenirs qui étaient plus récents. Dès qu'il a commencé à draguer ma femme? Dr Lacan-Qui appelez-vous votre femme ?

M. Bernard-d.-joëlle-que and M. Czermak,

. Dr-lacan-oui,

M. Bernard-d.-c'est-ma-fiancée, On est sorti ensemble, et puis on a vécu ensemble, il y a un an et quatre mois. Depuis que j'ai rencontré ce R., je ne me rappelais plus certains souvenirs. Dès qu'il a commencé à draguer ma femme, j'ai fait le rapprochement avec le Café des Fleurs, qu'il avait fait la même chose avec une autre

, Dr Lacan-Quel est l'accent que vous mettez dans le Café des Fleurs ?

M. Bernard-d.-c'était-le-nom-du and . Café,

, Dr Lacan-Vous considérez que cela a de l'importance ?

M. Bernard,

, Dr Lacan-Quel rapport cela a-t-il avec les Fleurs ?

M. Bernard and D. , Café des Fleurs, c'est le Café des Fleurs, je l'ai rencontré dans ce café. C'est là que j'ai connu cette fille. Et c'est là que j'ai rencontré ce type pour la première fois. On s'est rencontré par épisodes et il m'a fait entrer à la Fédération. Il a gagné de l'argent sur mon dos, sur le dos d'un monsieur qui s'appelait V

, Dr Lacan-Expliquez-vous

M. Bernard-d.-À-la-fédération, Ce gars-là, il embauche des gens, parce qu'il est représentant, et il les a fait travailler pour lui

, Dr Lacan-En quoi consiste ce chiffre d'affaires des donneurs de sang ?

M. Bernard-d.-nous-les-représentants and L. V. , On a 30 % de commission, et le reste pour les donneurs de sang. Ce gars-là m'a embauché ; il me faisait travailler dans ses régions. Il a un ensemble de régions ; quand il me fait travailler, il gagne de l'argent dans son département. Déjà, il voulait me faire évoluer d'après lui ; il m'avait donné le baratin qu'il fallait dire aux clients, on part en province, on va dans les villes, on fait de la publicité auprès des industriels et on est payé à la commission

, Dr Lacan-Qu'est-ce que c'est ce baratin ?

M. Bernard, En plus de cela, on fait une revue publicitaire, et nous la mettons dans les emplacements intérieurs. C'est la propagande. Il me donnait des trucs pour se baser d'après lui. Après je me suis aperçu? il est très fort d'esprit. Il a été aux Indes. Il pratique l'hypnotisme, etc. Il a beaucoup d'influence. Souvent, à Toulouse, quand j'étais avec lui, j'avais une espèce de somnolence, je n'arrivais plus à sentir mon cerveau ; il était vide. Cela, il l'a fait une fois, c'est là que je me suis retrouvé à l, Je donne des affiches, des tracts à tout le monde

, Il ne pouvait plus partir : il tremblait, c'était la première fois que je le voyais perdre son sang-froid. Il boit beaucoup. Il dit que cela le stimule, cela l'aide. Il ne vit que pour l'esprit, La dernière fois que je l'ai rencontré

, Maintenant je ne tiens plus à le voir, mais je sais qu'il m'a plusieurs fois pratiqué son influence. Il m'a fait engueuler avec un copain

, La dernière fois que j'ai parlé avec lui, il m'a dit : pour influencer les gens, il y a les mots, certains mots

, Dr Lacan-Quelle idée avez-vous de la télépathie ?

M. Bernard and D. , Je ne tiens pas à en entendre parler, cela ne m'intéresse pas. Je sais que la télépathie? quand on dit un mot à quelqu'un, il le répète un mois après ou un an après, c'est cela de la télépathie

, Dr Lacan-Il répète un mot qu

M. Bernard-d.-oui, si par exemple je raconte un discours et que quelqu'un m'écoute, mon discours, il le répète : c'est une forme de télépathie

, Dr Lacan-C'est pas ce qu'on entend usuellement par télépathie

M. Bernard and D. Télépathie, je ne veux pas trop en entendre parler. Depuis que je connais ce mec-là avec sa télépathie et son hypnose?

, Dr Lacan-Qu'est-ce que c'est, l'hypnose en question ?

M. Bernard and D. ,

, Dr Lacan-Se concentrer? qui est-ce qui se concentre ?

M. Bernard and D. , Il met les mains comme cela, sur la personne. Il laisse parler les gens. Il dit deux, trois, quatre mots pour qu'on ne les oublie pas. C'est ce qu'il a fait avec moi

, Dr Lacan-En quoi donc a consisté l'hypnose ?

M. Bernard-d.-c'est-une-forme-d'hypnose, D'après moi, c'est un problème très vaste. Inconsciemment dans la rue, on a tendance à écouter les problèmes des autres ; c'est déjà une forme d'hypnose

, Dr Lacan-Cela fait partie de l'hypnose ?

M. Bernard, De rencontrer une fille qui ne peut plus se sentir soi-même, c'est déjà une forme d'hypnose. Et cela je l'ai lu dans un bouquin d'hypnose. Et puis, j'ai été voir un médium, quand j'ai eu ce problème à C. avec ce garçon

, Dr Lacan-Essayons de mettre là-dedans quelques dates, quand avez-vous été à T. avec ce garçon ?

M. Bernard and D. , il y a un peu plus d'un an. Là, il m'a dit : tu as été hypnotisé

, Dr Lacan-J'aimerais que vous précisiez ces questions de date

M. Bernard, Il m'avait appris le métier de la publicité. Il m'avait donné son baratin pour que je pense bien, On travaillait dans la même société

, Dr Lacan-C'était de l'hypnose cela ?

M. Bernard-d.-je-pense-que and . Oui, Ce sont des choses qui ne m'intéressent pas. C'est un casse-tête, mais je sais qu'il l'a pratiquée

, Dr Lacan-Il vous l'a dit lui-même ?

M. Bernard and D. , Il m'a dit : j'ai déjà pratiqué l'hypnose sur, je ne peux pas l'attaquer quelqu'un qui ne s'en n'est pas aperçu. C'est là que j'ai lu un bouquin là-dessus. On peut faire croire à quelqu'un qu'il ne sent plus son bras ou sa tête, etc. Il a pratiqué cela sur moi. Maintenant

, Dr Lacan-C'est peut-être pour cela que vous préféreriez ne pas en parler

M. Bernard and D. , Je sais qu'il a trafiqué sur moi l'hypnose, et puis il va aux Indes, tout ça? Dr Lacan-Le fait d'aller aux Indes?

M. Bernard-d.-oui, mais c'est pour apprendre la médiumnité. Les gens sont médiums aux Indes. La plupart des gens vivent dans le spirituel

, Dr Lacan-Qu'est-ce qu'il vous a dit ?

M. Bernard-d.-je-m'en-fous,

, Dr Lacan-Vous ne vous en foutez pas tellement, puisque, si j'ai bien compris, quand vous êtes arrivé ici

M. Bernard and D. , Je ne sais pas ce qu'il a pratiqué exactement, s'il me l'a fait en bien ou en mal

, Dr Lacan-Vous savez qu'il vous a fait quoi ?

M. Bernard-d.-de-l'hypnose, Mais dans quel but ? Je ne sais pas. Il prenait du pognon sur moi. S'il ne m'avait pas mis sous mon hypnose, je lui aurais sûrement pas fait gagner de l'argent

, Il y a quelque chose qui ne me semble pas très clair

M. Bernard and D. Yeux, On ne doit pas trop parler pour amener les gens où on veut. C'est cela, d'après moi, On les regarde dans les yeux, et on les fait parler, et puis on leur répond comme on veut

, Dr Lacan-Quels étaient les mots ?

M. Bernard-d.-par-exemple and S. Lui-disais, Il me disait : "pourquoi pas ? Peut-être" ; ou il disait

, Dr Lacan-En quoi consistait la valeur hypnotique de ces mots, p.425

M. Bernard and D. , Je me suis aperçu que chaque fois qu'il me disait quelque chose, je m'en rappelais, alors que si quelqu'un d'autre me parlait, je ne m'en rappelais pas. Pourquoi je m'en rappelais avec lui et pas avec les autres ?

, Dr Lacan-Il était émetteur ?

M. Bernard, Et il m'a dit que j'étais récepteur. Il m'a dit "moi j'émets

D. Lacan-oui, Est-ce que vous n'avez pas eu le sentiment que vous émettiez vous aussi ?

M. Bernard and D. , Moi je ne comprends pas ce que cela veut dire. Émetteur, c'est avoir de l'influence sur quelqu'un, c'est cela ? Et puis récepteur, c'est recevoir cette influence. J'ai été voir un médium il n'y a pas longtemps à Toulon. Comme il avait pratiqué l'hypnose, il m'a dit

, Dr Lacan-Quelle est la distinction ? Est-ce que vous l'avez comprise-entre l'état normal et l'état de veille ?

M. Bernard and D. ,

, Dr Lacan-L'état de veille, c'est cela ?

M. Bernard-d.-c', est pour qu'on puisse rêver tout ce que la personne a dit

, Dr Lacan-Peut-être que cela a de l'importance. Vous considérez que vos rêves sont provoqués ?

M. Bernard and D. , est-à-dire qu'il m'a fait rêver de ma mère

, Dr Lacan-Est-ce que vous croyez que vous n'êtes pas capable de rêver de votre mère sans cela ?

M. Bernard and D. , Je suis persuadé que les gens rêvent un an ou quinze jours après des choses qu'ils ont vécues et connues. Le rêve ne peut pas provenir d'autre part

, Dr Lacan-Le rêve est toujours provoqué

M. Bernard, Si on rêve d'une pierre qu'on a vue là-bas, si on rêve d'un

, Dr Lacan-C'est toujours lié à des actions?

M. Bernard-d.-d'après-moi, Il faut guider son cerveau sur les choses qu'on veut regarder et éviter les choses qu'on ne veut pas regarder. Il y a des choses que je n'aime pas faire et il y en a une que j'aime faire. Une chose que j'aime faire maintenant, c'est d'habiter de moins en moins en ville, cela vous détraque. Les gens bougent, marchent, crient. Il faut se boucher les oreilles pour ne pas entendre tout cela

, Dr Lacan-Vous vous sentez tout à fait ?

M. Bernard, Très bien, très bien

, Dr Lacan-C'est votre sentiment ?

M. Bernard-d.-non,

, Dr Lacan-Dites-moi bien où vous en êtes

M. Bernard and D. , Je souhaite travailler modérément, surtout ne pas écouter les problèmes des autres, s'occuper de moi et vivre pour moi. Faire le plus de bien possible sur terre, sans quoi on n'est rien, juste des pions. Essayer de vivre une vie normale, et vivre surtout à la campagne, La campagne fait beaucoup de bien

, Dr Lacan-Ce n'est pas pressé, nous avons à parler

M. Bernard and D. , C'est une interdiction ?

, Dr Lacan-Ce n'est pas une interdiction. Je préfère que nous poursuivions ce débat. C'est un véritable débat, puisqu'aussi bien cela va avoir des conséquences?

M. Bernard and D. , Quelles conséquences ? Je ne me suis jamais vu aussi entouré ? Dr Lacan-Est-ce que cela vous gêne ?

M. Bernard-d.-non,

, Dr Lacan-Que tout le monde prend intérêt?

M. Bernard and D. , On peut m'apporter, et je veux apporter, j'en prends conscience. J'aimerais qu'on se dise? Dr Lacan-Que voudriez-vous qu'on vous dise ?

M. Bernard and D. , Est-ce que je vous ai apporté quelque chose ?

, Dr Lacan-Peut-être?

M. Bernard, Il me disait que Jésus-Christ c'est un type qui a eu des idées. D'après moi, il a voulu être le fils de ce qu'on ne connaît pas. Nous, on connaît la terre, mais tout ce qu'on ne connaît pas c'est au-delà. D'après moi, Jésus-Christ, ce n'est pas le fils de Dieu, c'est le fils de l'au-delà, de ce qu'on ne connaît pas, mais c'était un homme tout à fait comme nous. Mon copain J. a dit qu'il devait avoir un cerveau? le cerveau est formé de beaucoup de cellules, de milliards de cellules, et Jésus-Christ avait développé certaines de ces cellules, Il y a des gens qui écrivent. Il y a une chose

, Dr Lacan-Un grand hypnotiseur ?

M. Bernard, D. Doit-Être-un, and . Hypnotiseur,

, Dr Lacan-Il semble quand même que c'est là quelque chose qui vous importe beaucoup, et en même temps que vous avez une certaine répugnance?

M. Bernard, Je ne savais pas que l'hypnose était une chose qui existait ; cela existe. C'est le sixième sens, Non ça m'importe pas beaucoup

, Dr Lacan-C'est le sixième sens ?

M. Bernard, Si on s'affronte, on écoute pas mal de choses. Si on entend les gens, on a tendance à vivre sous leur influence. Par exemple, on peut être docteur ou psychiatre, parce quelqu'un vous l'a dit. On le fait, et on croit que c'est nous qui le faisons. On fait tout cela un peu d'après les autres

, Dr Lacan-Expliquez-moi quelles sont vos intentions

M. Bernard-d.-de-me and . Marier, d'avoir un petit garçon ou une petite, et de gagner de l'argent, suffisamment pour vivre bien ; et de donner le maximum à mes enfants, puisque mes parents m'ont négligé. Je ne leur en veux pas, s'ils m'ont négligé c'est qu'ils l'ont été

, Dr Lacan-Avec qui voulez-vous vous marier ?

M. Bernard-d.-avec-joëlle and . Ma-fiancée.-c'est-ma-fiancée, on vit ensemble depuis quatorze mois. J'ai vécu avec d'autres femmes, mais je suis bien avec elle. Elle a des qualités, elle n'est pas trop dépensière, c'est une femme très propre ; elle est économe, elle n'aime pas trop sortir. Elle n'est pas trop jolie, mais ce qu'on demande dans la vie, ce n'est pas toujours une femme jolie. Les femmes jolies, c'est tellement bête ; quand elles sortent dehors, on ne les retrouve plus le soir

, Dr Lacan-Elle a une stabilité ?

M. Bernard-d.-oui, elle a failli la perdre ; elle a tout de même une stabilité ; elle est pas trop déséquilibrée

, Dr Lacan-Est-ce que le fait d'être traumatisée la met dans une meilleure condition ?

M. Bernard-d.-elle-n'en-souffre-pas, Tout le monde en a une, elle est plus ou moins faible ou forte. Tout le monde en a une

, Dr Lacan-Maintenant, ce qui vous pend au nez?

M. Bernard-d.-je-connais-un-copain, il s'appelle Jean-Claude P. ; c'est un névrosé à fond, un nerveux, un type qui picole, qui gueule tout le temps. Je ne veux pas l'écouter. Quand je vais le voir, je fais comme si j'étais sourd. Je veux voir les gens qui parlent peu mais qui disent des choses. Je veux me marier

, Dr Lacan-Ce P., il date de quand dans votre vie ?

M. Bernard and D. ,

, Dr Lacan-Vous l'avez connu après B

M. Bernard and D. , Je l'ai connu après B. Cela fait deux ans à peu près

, Dr Lacan-Quelle fonction joue-t-il ?

M. Bernard, Il a eu une mère qui a eu 6 enfants. Il est dans la publicité comme moi. Il essaie de gagner sa vie. Il est quand même un névrosé ; il est passé dans certaines classes de la société où on l'obligeait d'être névrosé. Il a été un peu en prison, il a fait des conneries. Obligatoirement, c'est un traumatisé. Quand on rencontre des gens traumatisés, on les reconnaît

, Dr Lacan-Expliquez-moi comment votre mère vous a amené des troubles

M. Bernard, Quand elle mettait une assiette pour manger, elle disait : vous me gâchez ma vie. On était 4 enfants chez nous. Mon père, un mec, un Portugais, était parti, il n'y avait pas d'argent. Elle avait une tendance à nous rendre malade, Elle avait souvent des dépressions ; elle traînait dans la rue

M. Bernard-d.-maintenant and . Compris-que-ma-mère,

, Dr Lacan-Quels ont été les moments les plus difficiles ? 428

M. Bernard-d.-c'est-quand-mon-père and . Parti, J'ai ramassé ma mère saoule. Ma mère buvait. Cela m'a beaucoup frappé, l'histoire de boire un verre de vin en cachette. Je croyais que c'était moi le coupable

, Dr Lacan-Vous considériez que de ne pas aimer l'alcool, c'était une faute ?

M. Bernard, Un enfant a tendance à évoluer sur sa mère ; il n'a pas de base équilibrée. Moi, ça m'a déséquilibré et je me suis rééquilibré par moimême, parce que j'ai souffert ; il a fallu que je me trouve dans ces circonstances difficiles pour faire une prise de conscience, autrement, je n'aurais pas compris. Dans un sens, je ne regrette pas, dans un autre sens, je regrette. Je m'estime quand même intelligent, Je n'aimais pas l'alcool parce que ma mère l'aimait beaucoup

, Dr Lacan-En somme, ce que vous avez appris, c'est pas que l'hypnotisme existe

M. Bernard-d.-bien-sûr-que-cela-existe, Je vais vous expliquer ce que c'est. C'est quand un enfant est mal élevé par son père, il est sous l'influence de son père, des amis de son père. L'hypnotisme c'est reproduire toutes les conneries de son père. C'est cela

, Dr Lacan-Oui, c'est cela

M. Bernard-d.-même, Pierre Daco disait que si par exemple on prenait conscience de tout le noyau inconscient qui est là, il y a des enfants qui pourraient devenir fous et d'autres très intelligents

, Dr Lacan-De quoi ?

M. Bernard-d.-que-c,

, Dr Lacan-Et finalement ?

M. Bernard-d.-finalement, je suis (note : un héros) heureux. Je ne regrette qu'une chose, c'est de ne pas avoir eu des parents meilleurs. J'aurais voulu me représenter un père digne et je ne l

, Dr Lacan-Quand vous êtes venu ici, cette question d'hypnose?

M. Bernard and D. , Je me suis aperçu que j'avais vécu sous l'influence de mon père?

, Dr Lacan-Est-ce que eux aussi vous hypnotisaient ?

M. Bernard and D. , dès l'instant qu'on vit avec quelqu'un? avec sa mère, et que l'enfant prend tout ce que sa mère lui donne, il est placé sous une forme d'influence

, Dr Lacan-Cela me paraît évident

M. Bernard and D. , Il paraît évident que c'est une forme d'hypnose. J'ai essayé d'apprendre tout cela pour voir, mais je voudrais d'abord renforcer ma personnalité, apprendre l'anglais, l'algèbre et ces choses-là, Je pense que cela peut m'aider

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous voulez étudier encore ?

M. Bernard-d.-la-dactylographie, U. Tas-de, and . Choses, pour avoir une personnalité assez forte pour ne pas me laisser influencer par autrui. Je sens maintenant qu'on ne m'influence plus comme avant. Mon père est venu ici, je lui en ai parlé ; j'avais envie de lui dire ce que je pense de lui

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous lui avez dit ?

M. Bernard and D. Qu, Quand on fait des enfants, on leur donne à manger. Il m'a donné à manger, merci, mais on ne laisse pas les enfants traîner dans la rue, on ne crie pas devant eux. Il ne m'a pas répondu. Si je l'ai vexé

, Dr Lacan-À quoi avez-vous reconnu qu'il était vexé ?

M. Bernard and D. Qu, il a baissé la tête, parce qu'il ne voulait pas me répondre, c'est évident. Pour répondre à ces choses-là, il faut avoir? Donc mon père, je ne lui en veux pas. Avant cette réunion, je savais déjà que le Dr Czermak s

, Dr Lacan-Vous le saviez ?

M. Bernard and D. Savais,

, Dr Lacan-C'est certain qu'il s'intéresse à vous?

M. Bernard and D. , Je me sens très bien maintenant, je me sens d'attaque pour aborder la vie. Avant, quand je voyais un enterrement, j'avais un peu peur, maintenant, c'est une chose naturelle. On n'a même pas à pleurer quand ces choses-là arrivent

, Dr Lacan-Y a-t-il un enterrement qui vous ait affecté ?

M. Bernard and D. , enterrement de mon grand-père. Ma mère a voulu que je l'embrasse, j'ai eu peur

, Dr Lacan-Votre grand-père, lequel ?

M. Bernard-d.-le-père-de-ma-mère.-c'est-juste-cela-qui-m'a-frappé, Ils étaient 12 enfants, chez ma mère. Ma mère a souffert. Elle a répercuté ses souffrances sur nous. Elle n'apprenait pas à l'école, elle n'a jamais appris à l'école. Mon père n'a pas appris à l'école. L'école ne les intéressait pas eux-mêmes, nous ça ne nous intéressait pas non plus, pourquoi voulez-vous que ça m'intéresse ? On allait à l'école, et sortis de là, pour faire un devoir, il n'y avait plus personne. Ma soeur a été malade des nerfs aussi

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez moi-même ?

M. Bernard-d.-c'est-Être-conscient-de-savoir-que-je-fume-une-cigarette-;-si-je-n'en-fume-que-trois-parce-que-j'ai-trop-fumé,-j'en-fumerai-trois, On peut même prendre le rêve d'un patient et essayer de rêver son rêve pour pouvoir comprendre son rêve. Il n'y a pas de problème, cela se fait. Freud l'a fait. Tout ce qui est pensé peut être fait, tout ce qui parle a toujours une réponse, en fin de compte c'est cela. Je suis content de le savoir. L'inconscient, au départ, on ne le trouve pas ; mais on se rend compte que l'inconscient existe. Si on fait une prise de conscience, si on a connu beaucoup de gens et on se retrouve seul

, Dr Lacan-Cet état d'illumination?

M. Bernard,

, Dr Lacan-Vous avez compris quelque chose

M. Bernard and D. , avais un traumatisme homosexuel et je n'arrivais pas à m'en rappeler. J'ai trouvé la cause de ma perturbation. Je sais qu'un traumatisme sexuel non résolu

, Dr Lacan-Donnez-moi un échantillon d'hallucination éprouvée

M. Bernard, Quand on se trouve avec une fille, on ne sait pas quoi faire. On pense, on pense, et à force de penser, on arrive à penser que quelqu'un vous parle. La personne qui vous parle c, On a un trouble homosexuel dans ce truc à poubelle

, Dr Lacan-Rendez-moi cela sensible

M. Bernard, Je me demandais pourquoi je fuyais les filles et pourquoi j'avais des tendances?

, Dr Lacan-C'était toujours votre W. qui était là

M. Bernard-d.-j'arrivais-pas-À-comprendre, on ne s'en rappelle pas? Cela fait tout de même 15 ans en arrière. C'est dur de chercher, quand on cherche ça tourne? J'ai fait des tas d'hypothèses. Et puis un jour j'ai pensé à ce type-là et puis je me suis rappelé. J'en avais subi une perturbation

, Dr Lacan-Comment se manifeste votre?

M. Bernard, Et je me disais : ce n'est pas normal qu'il me touche. À elle, je lui disais de me toucher ; elle me disait : mais tu es détraqué? J'ai réfléchi et elle me disait : ça ne se fait pas. Tout se fait en amour? parce que j'ai réfléchi là-dessus et je me suis dit : ce gars-là me touchait et me, Ce gars-là me touchait, et moi je voulais toujours qu'il me touche

J. 'ai-commencé-À-m'intéresser-À-la-psychanalyse and À. Freud,

, Dr Lacan-C'est d'elle que c'est venu, ces lectures ?

M. Bernard-d.-c', est moi qui ai décidé de les lire, mais elle m'en avait parlé ; elle m'a dit : j'essaie de comprendre un peu Freud, un peu Pierre Daco. C'est là que j'ai compris un minimum de choses

, Dr Lacan-Donc c'est par elle que vous avez eu cette idée ?

M. Bernard and D. , Nous avons trouvé le bouquin dans une bibliothèque ? Je me suis acheté un bouquin de Freud, parce que quelquefois j'ai des angoisses

, Dr Lacan-Vous avez entendu parler de Freud avant ?

M. Bernard-d.-tout-le-monde-me and . Disait, On fait ressusciter les gens qui sont morts dès l'instant qu'on parle d'eux, on les fait ressusciter. Même s'ils sont morts, ces gens-là avec leurs bouquins, ils aident. Il faut rendre service à son prochain

, Dr Lacan-Que désirez-vous faire par la suite, p.431

M. Bernard-d.-pas-m'intéresser-À-la-psychanalyse, Ce que j'aurais aimé faire, c'est médecin, mais 20 ans d'études? Je préfère vendre des fringues à mon compte aux Puces, gagner de l'argent et vivre simplement

, Dr Lacan-Vous parliez d'écrire ?

M. Bernard-d.-oui and . Le-ferai,

, Dr Lacan-C'est par là que vous pensez que vous atteindrez l'immortalité ?

M. Bernard-d.-oh, Dès l'instant qu'on a pensé à quelqu'un, c'est rendre service, c'est pouvoir aimer son prochain. Freud a rendu service à la société, il est mort. On a plus ou moins tendance à le rendre immortel. C'est cela, mais on meurt tous, bien sûr ; ce n'est qu'un passage, la vie

, Dr Lacan-Qui vous a aidé ?

M. Bernard and D. , Tout seul, je me suis aidé

D. Czermak,

, on ne s'entend pas pour l'amour. Elle m'a parlé du Chinois et il m'a dit : elle vous a demandé avant, pendant ou après ? Dans le lit, elle m'a parlé d'un homme? Je faisais l'amour ; pendant que je faisais l'amour avec elle, elle parlait toujours d'un Chinois qui faisait l'amour 6/7 fois

, Dr Lacan-Quelqu'un vous a aidé ?

M. Bernard, Joëlle m'a dit qu'elle connaissait un mec qui faisait ça cinq, six fois, et même neuf fois, et elle m'a dit : encore mieux que toi. Cela m'a beaucoup frappé, Je n'arrivais plus à faire l'amour avec Joëlle. C'est parce que

, Dr Lacan-C'est cela que vous appelez l'hypnose ?

M. Bernard-d.-c', est une forme d'influence, d'après moi, c'en est une. Maintenant, moi, l'hypnose, j'ai 25 ans, j'ai pas étudié, peut-être que je vais l'étudier

, Dr Lacan-Comment vous la ressentez cette hypnose ?

M. Bernard and D. , Il faut en prendre conscience. J'avais un conflit psychologique. Je savais qu'il avait beaucoup d'influence et qu'il m'a donné un peu de son influence, Comment peut-on appeler cela ? Dr Lacan-Maintenant, vous considérez que vous véhiculez?

M. Bernard-d.-je-suis-moi-même, Je suis moi-même. Même si un docteur me dit : mettez des lunettes, maintenant si je dois les mettre le plus souvent pour ma vue, je les mettrai plus souvent. Mais pour être soi-même

, Dr Lacan-Toutes ces épreuves que vous avez vécues ?

M. Bernard-d.-j'en-tire-une-bonne-chose, J'en tire que dans la vie, on a toujours à apprendre quelque chose, même des plus cons, même des plus fous. Il y a un malade qui parle toujours de la Paimpolaise. C'est un problème homosexuel, je le sais. On parle toujours de ce qui vous traumatise. Mais maintenant, je me sens moi

, Dr Lacan-Vous faites confiance ?

M. Bernard and D. , On peut faire confiance à tout le monde

, Dr Lacan-En tout cas, pour l'instant, vous faites confiance à vous-même

M. Bernard and D. , Je vous dis ce que je pense, mais ce que vous pensez, vous, c'est peut-être autre chose : c'est vous qui le pensez

, Dr Lacan-Ce que je pense, c'est que quand même, après ce que vous avez traversé

M. Bernard-d.-j'en-suis and . Conscient,

, Dr Lacan-Il ne vous vient pas à l'idée que vous pouvez en avoir peut-être d'autres ?

M. Bernard-d.-non, l'angoisse provient d'un sentiment de culpabilité. Cela provient d'être plus faible vis-à-vis de ses copains

, Dr Lacan-Supposez que vous vous trouviez de nouveau plus faible que tel ou tel copain. Cela n'est pas impensable que de nouveau?

M. Bernard and D. , Je ne veux pas me comparer à personne. Moi, je suis comme ci, et si mon copain me dit que je suis comme ça, lui il est comme ça. Son père, sa mère, c'est son problème. Moi, je l'écoute, il n'a qu'à m'écouter. J'aurai une femme, j'aurai des enfants

, Dr Lacan-Vous ne considérez pas que cette idée d'avoir des enfants d'une femme qui n'est pas absolument sûre?

M. Bernard and D. , Après ils ont des regrets. Un homme demande une femme pour vivre, pour faire l'amour. Montrez-moi le véritable amour

, Dr Lacan-Vous ne considérez pas que Joëlle a prise sur vous ?

M. Bernard-d.-bien-sûr,

, Dr Lacan-Je voudrais savoir si vous êtes vous-même?

M. Bernard and D. , Je suis moi-même, elle est elle-même. Si je vis avec elle, elle va m'apprendre à tenir une cuillère, à devenir plus soigneux

, Dr Lacan-C'est elle qui va vous apprendre ?

M. Bernard and D. , Dès l'instant qu'elle est soigneuse, elle m'apprendra à le devenir. Je n'ai pas appris chez mes parents

, Dr Lacan-Vous ne pensez pas que cela peut être une répétition de ce qui s'est passé avec votre mère ?

M. Bernard and D. , Pas du tout, avec ma mère j'étais inconscient. Maintenant, je suis conscient qu'elle peut m'apporter cela, qu'elle peut me donner cela

, Dr Lacan-Vous ne trouvez pas qu'elle ressemble un peu à votre père ?

M. Bernard-d.-au-début,

, Dr Lacan-Vous lui avez dit qu'elle n'était pas souriante. Quelle était la référence ?

M. Bernard and D. Mère,

, Dr Lacan-Votre mère n'est pas souriante ?

M. Bernard, Je me suis aperçu que j'avais tendance à voir ma mère dans Joëlle mais c'était une erreur totale. Joëlle, c'est Joëlle et ma mère, c'est ma mère. Cette application, on a besoin à 14 ans, à 15 ans, on a besoin d'une femme qui s'occupe de vous, Vous avez vous-même remarqué que Joëlle n'était pas souriante

, Dr Lacan-Il ne vous vient pas à l'idée qu'elle ressemble à votre mère ?

M. Bernard and D. , Elle ne ressemble pas à ma mère. J'ai une idée, tout le monde a une idée. Les gens qui se marient? par exemple, un garçon qui a eu une mère très féminine, il va avoir tendance à chercher une mère très féminine

, Dr Lacan-Vous trouvez que Joëlle est très féminine ?

M. Bernard and D. , Elle l'est à sa façon, elle n'est pas comme je voudrais qu'elle soit. Elle est comme elle est. Les qualités qu'elle a

. Dr-lacan-c'est-votre-idée,

M. Bernard-d.-une-belle-fille, il faut qu'elle se montre, une fille qui est moins belle, c'est différent. Ce que je regarde, c'est le caractère plus que la beauté. Vous avez peut-être une femme très féminine, cela ne me regarde pas, on pense tous comme on veut

, Dr Lacan-Vous pensez que vous devez vous marier avec Joëlle ?

M. Bernard-d.-quand, On pourrait crever demain matin, partir en Amérique? Dr Lacan-Vous avez l'idée de partir en Amérique ?

M. Bernard-d.-on-se-rend-compte and . Qu, On a tendance à vouloir faire le maximum de choses, à en profiter. Si je peux, j'irai faire un tour à Istanbul, ou faire le tour du monde avec un sac au dos. J'essayerai de le faire, j'essayerai de faire le maximum de choses. Mais moi, je suis venu ici pour faire le point. Le docteur est venu voir si j'étais fatigué

, Dr Lacan-Vous ne croyez pas que vous pouvez la laisser reglisser ?

M. Bernard-d.-non and . Trouvé-mon-problème, Joëlle est intéressante ; elle ne parle pas beaucoup, elle n'est pas trop intelligente. Mais je n'aime pas qu'on soit trop intelligent. Elle ne pense pas beaucoup. On est heureux, on habite en plein Paris. J'allais souvent au cinéma avant

, Dr Lacan-Cela perturbe ?

M. Bernard and D. ,

, Je n'ai pas peur de la solitude, et les gens ont peur de la solitude. La solitude m'apporte quelque chose, elle me permet une bonne chose, c'est de ne pas trop refouler les problèmes. Je veux bien voir les gens, peut-être le dimanche ; mais écouter les gens le moins possible

, Dr Lacan-Vous êtes épatant

M. Bernard and D. , Je suis épatant. Si vous saviez combien en trois ans j'ai souffert

, Dr Lacan-Maintenant vous êtes arrivé

M. Bernard and D. , Je me suis demandé : pourquoi ceci, pourquoi cela, pourquoi je fume, etc. Je suis allé un peu chez le médecin ; il me regardait dans les yeux

, Dr Lacan-Qui est-ce ?

M. Bernard-d.-le-docteur-du-dispensaire-de and S. , où il y a la caisse des impôts, il y a un dispensaire, un petit dispensaire où le docteur pratique la psychologie, ou la psychotte, mais il ne fait rien pour aider les gens. Au lieu de leur dire "parlez-moi de votre père et de votre mère

D. Lacan-le-docteur-sabourin, comment est-ce que vous êtes allé le voir ?

M. Bernard and D. , Quand ce copain a voulu me prendre ma femme

, Dr Lacan-Il vous a (?) cela ?

M. Bernard and D. , Non il n'a pas (?) parce que ça n'a pas marché, il me l'a dit. De toute façon, c'est un problème entre nous. C'est un détraqué, il a un problème sexuel. Il avait dragué ma femme, il n'a pas réussi à coucher avec parce qu'il a un gros sexe

, Dr Lacan-Pour vous dire cela c'est qu'il avait quand même essayé

M. Bernard and D. , Il avait essayé, mais moi je me sentais coupable, parce que je me suis dit? Dr Lacan-Il a quand même essayé

M. Bernard, Attention, il l'a influencée ; elle s'est détachée de moi, elle est partie

, Dr Lacan-Alors comment se fait-il que maintenant?

M. Bernard, Maintenant je m'en fous, parce que je me rends compte qu'elle a été influencée

, Dr Lacan-C'était un coup d'hypnose

M. Bernard-d.-c', est plus ou moins une forme d'hypnose. Les gens évoluent dans la mesure où leurs parents ont été ceci ou cela. Les gens ne prennent pas conscience que ces influences peuvent gâcher leur vie

, Dr Lacan-Vous, vous n'avez aucun doute que la vôtre sera gâchée ?

M. Bernard-d.-j'estime-que-je-suis and . Conscient, Si je veux vendre des fringues-il y a beaucoup de gens qui en vendent, c'est pas trop fatigant. Mon boulot j'en ai marre, aller chez des gens, coucher à l'hôtel ; enfin, maintenant, j'ai fait ma prise de conscience. Vous me laissez partir chez moi aujourd'hui ? Vous ne me gardez pas ? Quelle heure est-il : 1 h 30? comme cela, je vais pouvoir aller manger

, Dr Lacan-Vous êtes évidemment un homme heureux

M. Bernard-d.-oui,

, Dr Lacan-Maintenant vous êtes tiré d'affaire

M. Bernard-d.-pas-qu'un and . Peu, Croyez-moi que je ne suis pas près de revoir les gens qui m'ont rendu malade

D. Lacan-au-revoir,

, Dr Lacan-C'est un cas ce garçon. Qu'est-ce que vous en pensez ? C'est un homme heureux

, Dr Czermak-Je l'ai trouvé bien gai

, Dr Lacan-Vous ne l'avez pas toujours connu comme cela ? Il paraît se croire guéri ; cela me paraît être l'idée la plus dangereuse. Je le vois revenir ici dans un mois

, Dr Czermak-Elle a été lui dire qu'elle l'avait trompé avec un autre, qu'elle allait le quitter

, Dr Lacan-C'aurait été un bonheur. Mais cela va l'affecter

, Il est difficile d'être sincère. J'ai eu le sentiment, au cours de l'entretien que nous avons eu, que c

, Dr Lacan-L'effet sensible, c'est de le mettre dans cet état d'euphorie

, Il n'est pas plus euphorique qu'à son entrée. Il avait des moments d'effondrement où il avait le sentiment que son corps s'échappait en morceaux

, Dr Lacan-Il a eu l'idée, à ce moment précis, de dire ce qui se passait ?

, Dr Czermak-Il était déjà dans cette note-là, mais avec des moments d'effondrement. Alors que maintenant, les moments d'effondrement sont plus rares. J'avais le sentiment qu'il était dans une confusion entre sa pensée et celle des autres, qu'il essayait de cliver ce qui venait de lui et des autres

, était difficile de mettre la main sur le phénomène

, Dr Lacan-Le mot que vous releviez tout à l'heure dans sa bouche, c'était précisément quoi ? Ce n'est pas

, lorsque je le questionnais sur une espèce de brouillage de la pensée, lui ou les autres, j'ai eu le sentiment qu'il avait eu des phénomènes d'articulation silencieuse, au moment où je posais la question : comment est-ce qu'il a fait pour se débrouiller avec ce brouillage ? C'est par la bouche qu, Dr Czermak-Il m'avait dit : étant donné que par la bouche on peut penser

D. Lacan-qu, est-ce que nous en faisons ? Il est évident que si on le garde, nous serons tenu pour responsable de ce qui suivra

, Dr Czermak-Je le laisse sortir ces jours-ci et je garde le contact avec lui

, Dr Lacan-Je suis sûr qu'elle va le vider, et je ne sais pas comment il va prendre cela. Je ne sais pas comment il se retournera

, Elle n'a pas connu son père ; elle va lui téléphoner pour le rencontrer à l'occasion des fêtes de Noël

, Dr Lacan-Elle est sur ce chemin ?

, Dr Czermak-Je me suis entretenu quelquefois avec elle, je n'ai pas d'argument pour l'affirmer. J'ai le sentiment qu'elle est psychotique ; on ne peut pas dire que c'est quelqu'un de très égaré

, Dr Lacan-On pourrait les voir

D. Czermak-oui,

, Dr Lacan-Cela nous met au 27

, Dr Czermak-Je peux lui dire de venir, bien sûr

, Dr Lacan-Si vous avez le sentiment qu'elle est psychotique, il n'y a aucun avenir

, Dr Czermak-En tout cas, au minimum, c'est quelqu'un de très égaré

, Dr Lacan-Être psychotique, c'est se croire une névrose

D. Czermak-le-frère and S. , a souffert de petites crises tétaniques. Il s'est livré à des braquages, des partouzes au domicile familial à 15-16 ans, et tout le reste de la famille était à côté

, Dr Lacan-C'est quand même une névromanie

, Dr Czermak-Qui fait penser à ce qu'il disait sur les émetteurs-récepteurs. L'ami n'a rien dit de tel

, Se plaint de phénomènes qualifiés d'hypnotiques et de télépathiques, d'une pensée trop rapide. S'estime sous l'emprise d'un camarade : Jacques B. Se sent "récepteur" d'un "émetteur", "mélangé entre lui-même et les autres". Être récepteur, sous l'influence de quelqu'un veut dire, explique-t-il que s'il a envie d'acheter cette petite statuette (celle qui est sur le bureau du médecin) c'est qu'il est "récepteur", qu'il se sentira "poussé à faire le contraire de ça, ne pas acheter la voiture, acheter autre chose pour être différent, À l'entrée, quinze jours avant la présentation, volubile, familier, exalté avec des moments d'effondrement

, Histoire de la maladie

, Cinq ans auparavant, rencontre en province un dénommé "Jacques", qui est représentant également, avec lequel il travaillera par la suite à la Fédération des Donneurs de Sang

, Attiré par l'aspect énigmatique du garçon, ses excès de boisson, son savoir des pensées orientales, ses voyages en Inde, son histoire douloureuse d'enfant livré à lui-même, va "se baser sur lui

, ce camarade séduit l'amie d'alors du patient. Se disputent puis se réconcilient. À partir de cette date, se sent pris de somnolence en face de Jacques

, En 1973, l'ayant quitté après un repas, éprouve somnolence, "la pensée tourne", "se sent pressé à se suicider

, En septembre 1974, se lie à Joëlle, l'amie actuelle qualifié de "fiancée" ; de parents tôt divorcés, élevée par des grands-parents maternels, n'a jamais connu son père, personnage égaré, sans repère dans l'existence

, Impuissance lors de leur première rencontre et rapports sexuels normaux à la seconde, mais l'amie au lit évoque le souvenir de l'amant précédent qui "lui le faisait sept fois". Se sent incapable. Ne vient pas à leur troisième rendez-vous. La semaine suivante : revenu d'une tournée en province avec Jacques, s'est senti "sous influence" et, au lieu de se rendre à l'endroit du rendez-vous habituel, aboutit dans un café place Clichy. Perplexe, angoissé. Hospitalisé à VilleÉvrard un mois, Leurs rencontres ont lieu dans la garçonnière du père de Bernard, prêtée à ce dernier pour qu'il puisse également y amener ses amies

, de Bernard, n'ayant jamais rencontré son géniteur, voulant savoir "qui il est et ce qu'il est", qui interroge Bernard sur ce sujet. P., perplexe lui-même sur "ce qui est et ce qu'est" son père, va le questionner. Ce dernier vivant en concubinage

. Parallèlement, Joëlle a retrouvé la trace de son père, lui a téléphoné. Elle doit reprendre contact avec lui vers Noël pour une rencontre

, Il le questionne. Il lui demande également, sous forme allusive, s'il ne serait pas hypnotiseur. Trouve confirmation de toutes ses impressions dans l'attitude comme dans les réponses anodines de Jacques. Ce dernier finira cependant par lui dire explicitement qu'il l'hypnotise. Le même jour

B. D. Après-quinze-jours-À-l'hôpital and . Reste-exalté, Freud et Pierre Daco" des théories sur le refoulement, l'inconscient, le traumatisme, estime avoir compris la psychologie, projette de rompre avec Jacques et de fonder un foyer avec Joëlle, voulant une "bonne ménagère, femme d'intérieur", méconnaissant le désir formulé de celle-ci de rompre avec lui, comme ses infidélités avouées, n'est plus déprimé, émet, à partir de bribes lus dans

. Bernard-est-le-second-de-quatre-enfants, précédé d'un frère, suivi d'une soeur et d'un cadet)

, On ne doit pas trop parler pour amener les gens où on veut. C'est cela, d'après moi. On les regarde dans les yeux, et on les fait parler, et puis on leur répond comme on veut, mais très peu. Il répondait très peu. C'est cela, l'hypnose, dire, deux, trois mots pour que la personne ne les oublie pas et pour qu'elle les développe moralement.") Si les trois hospitalisations de D. font suite à ses face à face avec J. B., il faut voir dans ces rencontres le point d'achoppement où D. trouve dans ce personnage le support d'un questionnement sur son identité (cf

C. 'est-lorsque-la-séparation-géographique and J. B. , il ne ressent qu'une somnolence qu'il n'attribue pas sur le fait à J. B. L'émergence du délire semble donc survenir au moment où l'image spéculaire fait défaut. L'importance d'une position homosexuelle passive est ici à noter, d'autant plus qu'à en croire l'anamnèse, lors de son premier rapport sexuel, le sujet, pris dans l'impossibilité de s'identifier au détenteur du phallus, a vu surgir en lui, sous forme hallucinatoire semble-t-il, une voix lui rappelant une scène de séduction homosexuelle

H. Monsieur,

, Cette présentation correspond au cas numéro 6 du site de Patrick Valas. Les compléments de la retranscription de l'entretien ont été reportés dans la suite de la présentation

M. H. Le, , 1976.

, Dr Lacan-Alors, comment est-ce que vous allez aujourd'hui ? Ça va ?

M. H. ,

D. Lacan-moi, je vous laisse la parole, parce que vous en avez pas mal à raconter. Quel âge, maintenant ? M. H.-Je vais avoir 52 ans

, Tâchez de dire la vérité. C'est sans espoir, on n'arrive jamais à dire la vérité, mais si vous faites un effort, ça ne sera pas plus mal

M. H. ,

, Dr Lacan-Écoutez, mon vieux, commencez par où vous voudrez

M. H. Oui, depuis quelques mois, depuis un an, trois ans, j'ai des impressions qui me viennent à l'esprit, de m'entendre penser

, Dr Lacan-De vous entendre penser ?

M. , Il me semble que quand je pense quelque chose, j'ai l'impression que tout le monde m'entend. Quand je pense à quelque chose... le mal par exemple... les grossièretés qui me viennent à l'esprit... j'ai l'impression que le monde m'entend... quand on m'entend, cela me fait mal. Cela va faire trois ans au mois de mars

.. .. Dr-lacan-oui,

M. H. , ai des moments, comme ça, où je suis vraiment désarçonné... par exemple quand il y a des amis à la maison

, Dr Lacan-À la maison, quelle maison ?

M. H. ,

, Dr Lacan-Parlez m'en, de votre chez vous

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Vous êtes où ?

M. H. and -. , en banlieue. C'est très bien, maintenant, c'est habitable? Quand je l'ai achetée, ce n'était pas habitable, c'était une vieille bicoque. Voilà. Depuis, je vis avec ma femme, mais il me semble qu'avec ma femme

, Dr Lacan-Il vous semble que

M. H. , Elle m'a déjà dit qu'elle (manuscrite : "est à 2 doigts") avait besoin de la rupture

, Dr Lacan-Elle vous a dit cela ? Ce n'est pas une chose que vous avez comprise ? Elle vous l'a dit ?

M. H. Oui, elle me l'a dit. Elle continue à rester ; j'ai contribué à habiter à la maison. Je fais toujours la gueule

, Dr Lacan-Les invités, vous leur faites la gueule ? Vous leur faites la gueule à cause de ce sentiment pénible que vous avez ? Qu'est-ce que ça veut dire, ce que vous pensez ? Vous pensez quoi ?

M. H. ,

, Dr Lacan-Donnez-moi une idée de ces grossièretés

M. H. -con, enculé" manuscrit. Mot "poulet" rayé), etc. Je ne sais pas. Des choses comme ça, qui me viennent à l'esprit

, Dr Lacan-Vous avez le sentiment que les autres le perçoivent ?

M. H. -c'est and . Cela,

, Dr Lacan-Parlez-moi un peu de votre femme

M. H. and -. Femme, je l'ai connue ici quand elle était infirmière ; j'étais malade, il y a à peu près de cela 8, 9 ans

, Dr Lacan-8, 9 ans, cela fait quand ? Cela fait 8 ou 9 ans ?

M. H. , Cela fait 9 ans que je la connais, 8 ans que je suis marié ; j'ai un gosse avec elle, aujourd'hui il a 7 ans. Avec ma femme

, Dr Lacan-Plus ou moins bien, cela veut dire quoi ? Vous vous entendez très mal, si je comprends bien

M. H. -non, est parce que ma femme me reproche que je ne fais plus rien à la maison, que je tourne en rond, etc. Je suis désarçonné. Quand il vient des amis à la maison, c'est toujours un peu dur pour moi. Ou je ne dis rien, ou je mets le nez dans ma soupe... je baisse la tête, comme s'il allait m'arriver un malheur

. Dr-lacan-oui, Pourquoi étiez-vous ici

M. H. , étais ici parce que j'avais fait une dépression. Je faisais de la persécution

, Dr Lacan-Vous êtes sorti de prison ?

M. H. Une-très-grosse-peine,

, Dr Lacan-Peut-être vous voulez me raconter

M. H. Fait, 18 ans de prison pour une attaque à main armée

, Dr Lacan-Où est-ce que ça s'est passé, ça ?

M. H. -dans-le-loir, -. , and C. ,

, Dr Lacan-Racontez-moi un peu cette histoire

M. , -Tout bêtement, quand j'étais jeune

, Dr Lacan-Expliquez-moi plutôt

M. H. Connu-une-femme-qui-faisait-le-trottoir,

, Dr Lacan-Sur quoi ?

M. H. , Elle ne voulait pas que je travaille ; moi, j'étais engagé dans la Marine ; c'est dans les derniers jours que je l'ai connue ; c'est avant ma rupture avec elle

.. , c'était mon premier coup que je faisais

, Dr Lacan-Comment est-ce que vous avez été conduit à faire ce premier coup ?, p.442

M. H. Ma, mère était malade ; j'avais besoin d'argent, et puis je ne voulais pas travailler. Alors, voilà c'est parti comme ça, tout banalement. J'ai rencontré des mauvais garçons un jour. Ils m'ont dit : on a ça à te proposer ; c'est du tout cuit, il n'y a qu'à prendre l'argent, on s'en va. Quand je suis arrivé là-bas, c'était tout autrement

, Dr Lacan-Qui c'était, comme victime ?

M. H. ,

, Dr Lacan-Alors, qu'est-ce qui s'est passé là ?

M. H. ,

.. Dr-lacan-ah-oui, Rentrez un petit peu dans les détails

M. H. , Eh bien on lui a chauffé les pieds pour qu'il nous dise où était son argent

, Dr Lacan-Chauffé les pieds avec quoi ?

M. H. -une-bougie,

, Dr Lacan-Ah oui

M. , -J'ai été condamné aux travaux forcés à perpétuité

, Dr Lacan-Vous avez été condamné aux travaux forcés à perpétuité ; cela ne va pas de soi. Comment est-ce que

M. H. -À-l'époque,-c'était-pour-faire-des-exemples, On m'a condamné assez lourdement. J'ai fait appel pour vice de forme. J'ai été transféré dans le Loiret, à Orléans, où on m'a condamné à mort. J'ai été gracié ensuite. J'ai été un an aux chaînes... enchaîné. Après, on m'a transféré dans une centrale de rééducation, et c'est qu'avec ma bonne conduite, j'ai réussi à avoir des grâces successives

, Dr Lacan-Comment est-ce que, Vous me dites que vous avez été condamné à mort

M. H. , On m'a gracié de la peine de mort

, Dr Lacan-On vous a gracié, pourquoi ?

M. H. , Mes co-inculpés étaient beaucoup plus chargés que moi. Ils avaient de nombreuses affaires sur les reins. Il y en a un qui a été exécuté ; moi, j'ai réussi à être gracié

, Dr Lacan-Ce n'est pas habituel. Comment avez-vous obtenu cette grâce ?

M. , On n'en voit pas tous les jours. Mais le président de la République, à ce moment-là, c'était M. Auriol, qui a trouvé que je méritais une grâce, qui m'a gracié de la peine de, Ce n'est pas habituel, ce n'est pas habituel, bien sûr

D. Lacan-qu, est-ce qui lui a donné l'idée de cette grâce, puisque vous étiez condamné ? Comme vous le dites

M. H. , Un co-inculpé à moi a été guillotiné et moi j'ai réussi à me sauver, à être gracié de la peine de mort

, Dr Lacan-Comment vous avez fait cette réussite ?

M. H. -Ça, J. Ne, and . Pas, Il faudrait demander au président de la République Auriol. Je ne m'en souviens plus. Il m'a gracié comme ça, tout bonnement, parce qu'il a trouvé que c'était la première fois que je faisais ça

, Dr Lacan-Mais vous avez fait quelque chose pour l'obtenir cette clémence ?

M. H. Oui and . Eu-une-bonne-conduite, Pendant un an que je suis resté aux chaînes, j'ai eu une bonne conduite

, Dr Lacan-Qui était le complice ?

M. H. -c'était-un-nommé and C. ,

, Dr Lacan-Il avait fait un meurtre ?

M. , On a découvert des affaires qui appartenaient à l'ancienne victime. Il a été condamné deux fois, une fois aux travaux forcés à perpétuité, une fois à mort, et on l'a guillotiné. Les autres

, Dr Lacan-Vous étiez combien ?

M. H. , On était quatre avec l'indicateur. Et tout le monde a été condamné aux travaux forcés à perpétuité

. Dr-lacan-oui and . Qu, on m'a dit-parce que, forcément, je ne suis pas sans avoir recueilli, non des bruits, mais des choses, comme ça, qu'on a pu savoir de l'énorme aventure qui est la vôtre-on a fait une enquête

M. H. Si,

, DR Lacan-Il a été découvert comme ça, découvert comme vous l'avez dit ?

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Mais comment est-ce que vous le saviez ?

M. H. -le-jour-où-on and . Partis, C'est au cours du trajet que j'ai appris cela. Ils me l'ont dit au cours du trajet. J'ai voulu descendre à Orléans, pour partir, et puis je ne sais pas, j'ai continué mon chemin, J'ai continué mon chemin avec eux

, Dr Lacan-Vous avez continué votre chemin parce que vous aviez envie de faire un mauvais coup

M. H. ,

, Dr Lacan-Oui, ce n'est pas eux qui vous ont forcé

M. H. , Ils ne m'ont pas forcé. Ils m'ont fait miroiter que je pouvais avoir beaucoup d'argent et que cela me permettrait de guérir ma mère

, Dr Lacan-Parlez moi d'elle un peu

M. H. -de-ma-mère, Elle m'a abandonné et c'est mes grands-parents, ses parents à elle, qui l'ont forcée à dire où j'étais. Alors, on est allé me rechercher dans un square où elle m'avait abandonné. Ce sont mes grands-parents qui m'ont élevé. À l'âge de 14 ans, quand j'ai été à l'âge de travailler, ma mère m'a repris pour travailler, Ma mère m'a abandonné quand j'étais tout petit

, Dr Lacan-Quel âge aviez-vous à l'époque ?

M. H. , avais 17 ans. C'était en 1942, je crois. C'était la guerre

, Dr Lacan-Racontez-moi un peu

M. , Vous n'êtes pas sans savoir que la France était divisée en deux parties à l'époque, une partie occupée par les Allemands et une partie libre. À un moment donné, les Allemands ont envahi toute la France. C'est alors qu'on a sabordé la flotte. À ce moment-là, j'ai été renvoyé dans mes foyers, et je suis entré dans la Résistance, Je suis parti à la flotte de Toulon, au 13° dépôt d'équipage ; je suis resté là-bas, puis ensuite il y a eu le sabordage

, Dr Lacan-Je croyais que vous aviez fait à ce moment-là... que vous étiez rabattu sur le ministère de la Marine

M. , Je suis allé à la Marine à Paris, au ministère de la Marine. À ce moment-là, j'ai connu une femme de mauvaise vie

, Dr Lacan-Vous n'avez donc pas été démobilisé ?

M. H. Si, parce que les Allemands nous ont démobilisés... les célibataires, j'étais au front de l'Est, j'étais sous le régime de Pétain. Il y en a qui se débrouillaient pour travailler, pour faire entrer dans la Résistance

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous avez fait dans la Résistance ?

M. , On a fait la guerre comme ça. Je suis revenu, on a fait tout le tour des îles pour la France, comme propagande ; je suis revenu à Paris, je me suis fait démobiliser. Je n'ai pas voulu continuer mon contrat. À ce moment-là, avec le général De Gaulle, on pouvait faire la résiliation, et j'ai demandé ma résiliation de contrat et je suis parti dans mes foyers, Je n'ai pas fait grand-chose, la guerre a été terminée et on m'a rappelé

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez vos foyers, à ce moment-là ?

M. H. -c'était-ma-mère, J'étais chez ma mère

, Dr Lacan-Il est mort

M. H. , je crois qu'il est toujours en vie. Il doit être très vieux, maintenant, mais je crois qu'il est toujours en vie

, Dr Lacan-Quels étaient vos rapports avec ce beau-père ?

M. , Il était très gentil avec moi, Très bien, très amicaux

. Dr-lacan-oui, expliquez-moi vos rapports avec votre mère

M. H. , Avec ma mère, c'était un peu difficile. Elle m'a abandonné tout petit

, Dr Lacan-Elle vous a abandonné, pourquoi ?

M. H. , Je pense que c'était du désespoir qu'elle avait. Chez mes grands-parents, j'ai pas été trop mal élevé et puis

, Dr Lacan-Puis quoi ?

M. , Mon grand-père est mort avant. Ma grand-mère m'a laissé seul ; quand j'ai été à l'âge de travailler, à 14 ans, à la fin de mes études, j'ai commencé à travailler comme garçon boucher, cela n'a pas duré longtemps. Ensuite, j'ai fait des baraquements pour les Allemands ; on faisait beaucoup de baraquements, qui partaient sur l'Est à ce moment-là. Et ma mère... elle a toujours préféré mon frère... mon demi-frère, à moi. La première fois où elle a versé des larmes à mon sujet, Je suis resté chez eux jusqu'à l'âge de raison

.. Dr-lacan-votre-demi-frère, qui est-ce, votre demi-frère ? C'est donc un frère qu

M. H. , Il y a ma soeur, qui s'appelle H comme moi. H m'a reconnu et a quitté ma mère quelque temps après ma naissance. Alors, ce sont mes grands-parents qui se sont occupés de moi et qui m'ont élevé. On a eu toujours des rapports très bien avec mon demi-frère et ma demi-soeur, mais ce n'était pas le grand amour

, Dr Lacan-Vous aviez votre vie quand ?

M. H. , Toutes les premières années. Moi, j'aimais beaucoup mon frère et ma demi-soeur, mais eux

, Dr Lacan-Et pourquoi ?

M. , -Peut-être que j'étais différent d'eux, certainement même

, Dr Lacan-Expliquez-moi

M. H. -mon-père, pas par ma mère, parce que je lui en ai parlé une fois... qui était mon père... elle m'a jamais répondu à ce sujet, mais j'aurais préféré être avec ma mère qu'avec mes grands-parents ; mes grands-parents étaient tellement gentils avec moi que

, Dr Lacan-Où est-ce qu'ils vivaient, vos grands-parents ?

M. H. , Ils vivaient dans la même maison que ma mère, à V. Chacun avait son coin. J'étais avec mes grands-parents, et mon frère et ma soeur étaient avec ma mère

, Dr Lacan-Écoutez, ce qui nous intéresse le plus pour l'instant, c'est cet état dont vous vous plaignez

M. H. Oui, Je ne me souviens plus à quel sujet c'est venu. Qu'estce que je peux me rappeler ? Je pensais mal à ce moment-là. Une personne est passée à côté de moi et m'a fait sentir qu

, Dr Lacan-Ce que vous veniez de

M. H. -de and . Penser,

, Dr Lacan-De dire ou de penser ?

M. H. -de and . Penser,

. Dr-lacan-est-ce and . Qu, il vous est arrivé des choses qui ressemblent à cela, à ce sentiment que les voisins savent ce que vous pensez ? Les voisins qui ne sont d'ailleurs pas des voisins, qui sont des invités

M. H. , Avec tout le monde, je crois, un peu avec tout le monde. J'ai beau me raisonner, d'un seul coup... ma femme elle-même m'a dit que je lui racontais des bêtises, que si on pense

, Dr Lacan-On entend ?

M. H. -on-devine, , pp.peut-être

, Dr Lacan-Je ne suis pas du tout sûr qu'on entende

M. H. Si,

, Dr Lacan-Ils partent de quelle idée ? Ils partent de celle que vous êtes un-ce que vous avez appelé vous-même... un mauvais garçon ? Cela ne leur paraît pas invraisemblable ?

M. H. , Cela leur paraît même vraisemblable. Je crois qu'ils ont pensé que j'étais un mauvais garçon

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous faites, comme travail ?

M. , Je suis agent hospitalier dans un hôpital

, Dr Lacan-Qu'est-ce que cela veut dire, agent hospitalier ?, p.446

M. H. , je fais un peu de tout : je lave par terre, je fais les carreaux... il y a pas mal de cancéreux ; je ramasse la pisse, la merde, etc. Ce truc m'a toujours rebuté, mais comme il n'y a pas de travail et que j'ai un passé très lourd

, Dr Lacan-Vous avez fait, à un moment donné, un autre métier

M. H. Oui, pendant mon séjour en prison, à taper à la machine, sur une grande machine intertype, linotype ; ce métier, je l'ai exercé pendant plus de 6 ans

, Dr Lacan-Pourquoi en avez-vous eu marre ?

M. H. , Comme ça, il me semblait que je n'étais plus capable de faire mon métier

, Dr Lacan-Il vous semblait... vous avez eu des preuves ? Vous avez fait des cafouillages ?

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Vous aviez appris à la prison ?

M. H. Oui, En général, ceux qui travaillent à l'imprimerie de M, c'est ceux qui sont le mieux notés. Ils apprennent divers métiers comme maçon, comptable, comme cela. Mais je ne suis pas resté longtemps à l'imprimerie. Enfin, si, je suis resté longtemps, 5, 6 ans, j'avais appris à la prison. Là-bas, on m'avait mis à l'imprimerie

, Dr Lacan-Racontez-moi un peu

M. H. ,

, Dr Lacan-Remettre de l'ordre dans la comptabilité

M. , Il y en avait qui crevaient de faim, d'autres qui mangeaient à leur faim. J'ai voulu m'opposer à cela. J'étais tout seul, je n'étais pas assez fort ; il y avait une mafia entre nous, qui empêchait de mettre de l'ordre dans la comptabilité, Qui était très trafiquée ; la comptabilité a toujours été trafiquée

, Dr Lacan-Vous vous êtes battu, cela veut dire quoi ?

M. H. Des-coups-de-poing,

, Dr Lacan-Des coups de poing à qui ?

M. , -À un flic qui (blanc) de me punir

. Dr-lacan-est-ce and . Qu,

M. H. -j'étais-peu-Être-un-peu-trop and .. , maçonnerie") ; là cela n'allait pas non plus. Ensuite, on m'a fait changer de phase, parce qu'il y avait plusieurs phases : le centre d'orientation où on est tout seul, où on apprend à faire des tas de choses ; on a fait des lampions... moi, je suivais des cours par correspondance à ce moment-là. Ensuite, quand on sort, il y a la phase 2 qui est le travail soit dans un atelier

, Dr Lacan-C'était dans la phase 3 qu'on vous avait chargé d'être comptable ?

M. H. -c'est and . Dans, Après, il y a la phase 4, semi-liberté où les gens travaillent à l'extérieur et viennent coucher à la prison le soir. Là, je suis entré en phase 4, mais je n'ai pas pu continuer. J'ai fait une dépression

, Dr Lacan-Cette dépression a correspondu avec

M. H. Oui, cela s'est enchaîné ; j'étais persécuté

, Dr Lacan-Vous étiez persécuté ?

M. H. Oui, Quand j'étais dehors, j'avais peur qu'on le sache. J'avais l'impression que c'était écrit sur mon visage, que je sortais de prison. J'avais toujours l'impression... C'est le docteur H qui m'a pris en charge, qui m'a amené dans son service à la Santé. C'est lui qui m'a fait libérer de la prison, Et maintenant

, Dr Lacan-C'est quand vous avez eu la liberté conditionnelle ?

, Dr Lacan-Cela avait un rapport, votre dépression, avec ce sentiment d'être, d'être, comme vous dites, persécuté ?

M. H. and -. Docteur,

, Dr Lacan-Je comprends mal. Votre femme, vous avez fait sa connaissance à Pinel ?

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Elle y est toujours ?

M. H. -non and . Elle-travaille-À-v-maintenant, Non, j'ai fait sa connaissance ici, mais elle a fait autre chose en attendant de partir ; elle travaillait dans d'autres pavillons. Ensuite, elle est rentrée à V, sur les instances d'une dame G

, Dr Lacan-Qui est-ce ?

M. H. , La chef des infirmières, je crois. Ma femme a été reçue seconde ici au stage des infirmières. Alors elle est partie à V

, Dr Lacan-Alors, est-ce qu'elle vit là ?

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Quels ont été vos rapports avec votre femme ?

M. H. , ai des rapports tout ce qu'il y a de plus amicaux avec elle ; on s'aimait beaucoup tous les deux. On a réussi à se débrouiller tous les deux. Il y a quatre/cinq ans, j'ai acheté une maison valable

, Dr Lacan-Comment ça s'est passé avec elle ?

M. ,

, Dr Lacan-Au point de vue, par exemple, de votre sensibilité à sa conduite à elle

M. H. , Ma femme m'a toujours beaucoup aimé. Et moi, j'ai toujours beaucoup aimé ma femme

. Seulement, j'ai fait une dépression ; j'ai fait une autre dépression ; c'est ce que je vous expliquais tout à l'heure, et j'ai été envoyé en maison de repos ; et en maison de repos, on m'a fait entendre que j'étais cocu quoi?C'était pas vrai

, Dr Lacan-Vous l'avez cru ?

M. H. , Et on a eu des passages très difficiles ensemble. Maintenant, cela va un peu mieux

, Dr Lacan-Qu'est-ce que ça veut dire, dans son intention ?

M. H. , Que je tourne un peu trop en rond quand je suis à la maison, je ne lis plus, je n'ai plus aucune occupation

, Dr Lacan-Vous avez écrit ?

M. H. Le-monde, Je correspondais avec des gens, j'écris un peu pour moi ; je voulais raconter ma vie mais comme elle (manuscrit : "était tellement épouvantable") elle (rayé : est pleine de choses pas tellement belles), je pense qu'il vaudrait mieux ne plus parler de cela

-. Dr-lacan and . Manuscrit, Ce n'est pas une vie très reluisante en effet") (rayé : Qu'est-ce que vous voulez dire ? ne pas raconter des faits très reluisants ?)

M. H. , (rayé : raconter une vie gâchée) (manuscrit : oui, c'est) une vie de chien

, Dr Lacan-À ce moment-là, ça prenait quelle forme, ce sentiment d'être cocu ? Vous étiez jaloux ? M. H.-J'étais un peu jaloux de ma femme

, Dr Lacan-Un peu veut dire quoi ?

M. H. -ma-femme,-c'est-ma-femme, À l'époque, quand je pensais ça, j'aurais aimé, à l'époque, ne pas penser que j'étais cocu par ma femme. C'est une chose qui était dans mon imagination. Ma femme ne m'a jamais fait cocu. Elle a son travail, elle aime beaucoup son travail

, Dr Lacan-Mais voyons, ces invités que vous injuriez mentalement, après tout c'est cela ; est-ce que vous les injuriez en pensant ça

M. H. , Oh non, pas ça, non ! Non, mais c'est machinal chez moi

. Dr-lacan-si-tout-À-l'heure and . Vu-juste, dénoncé-c'est comme ça que ça s'appelle-dénoncé votre complice en disant que vous étiez au courant? M. H.-Je l'ai dénoncé bêtement, parce qu'à ce moment, c'était l'inspecteur B qui s'occupait de l'affaire, ou P, peut-être, et il m'a dit

, Dr Lacan-Cela, vous ne vous le reprochez pas ?

M. H. Si,

, Dr Lacan-Dites-moi quel est votre sentiment

M. H. , Mon sentiment, c'est qu'il valait pas grand-chose, celui-là, il valait encore moins que moi. Mais je me reproche

, Dr Lacan-Il vous a embobiné

M. H. , Il m'a embobiné, de l'argent, une autre vie, que je pourrais mener beaucoup de choses, et c'est ce qui m'a conduit à aller à T. c'est là que j'ai fait mon coup

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui vous a conduit à aller à T ?

M. H. , Eh bien, c'est eux. C'est eux qui m'ont fait miroiter que je pouvais gagner de l'argent facilement

, Dr Lacan-L'inspecteur? il vous avait fait miroiter?

M. H. Oui, il m'avait fait miroiter 2, 3 ans de prison. Comme j'étais primaire, je pouvais m'en tirer facilement

, Dr Lacan-Primaire, ça veut dire ?

M. H. ,

D. Lacan-le-premier-coup and O. ,

M. H. , Et voilà, ça s'est passé comme ça. Il y a douze ans de ça. Le Docteur H m'a fait libérer sur une bonne conduite que j'avais eue en prison

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous appelez bonne conduite ? Pour vous, pas pour le docteur H ?

M. ,

, Dr Lacan-Vous étiez dans votre coin, sauf quand vous étiez comptable et que vous ne restiez pas dans votre coin

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Bonne conduite? ça se discute

M. H. -je-n'ai-pas-réussi-À-rester-comme-comptable, Ce n'était donc pas une réussite à l'époque? il m'a dit : on va vous faire travailler à l'air, vous respirerez un peu mieux

D. Lacan-oui, Qu'est-ce que vous pensez de tout ça

M. H. -du-système-de-la-prison, Le système peut être bon s'il est fait avec une certaine personnalité, s'il est mené par un directeur qui a une bonne personnalité. Dans cette (rayé : "maison") (manuscrit : "prison avant l ? n'y avait que les?) subitement, on ne sait pas pourquoi, on a pris des gens (manuscrit : "récidivistes") qui sont arrivés là (manuscrit : "qu'ont voulu") jouer les gros bras. Il y avait du trafic, il y avait des choses qui se passaient

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Vous ne l'avez jamais fait parce que vous n'y êtes pas arrivé

M. H. , Mon idée, c'était de le faire, c'était de faire respecter certaines choses, pour que les gens de l'hôpital mangent tous à peu près à leur faim

, Dr Lacan-Les gens de l'hôpital ?

M. , -Pardon? les gens de la prison

C. Dr-lacan-oui? and ?. M. Oui,

, Dr Lacan-Oui, c'est le même système ?

M. H. -oh and !. , Mais enfin? parfois? on a l'impression qu'on est bouclé, qu'il faut une permission. Il y a les permissions, mais enfin, ce n'est tout de même pas une prison ; c'est autre chose

, Dr Lacan-Parce que c'est vous qui avez parlé d'hôpital. Vous avez fait ce qu'on appelle un petit lapsus. C'est vous qui avez parlé tout à l'heure

M. H. Oui, . Le-connais-bien, and . Maintenant, Je suis allé déjà. Je m'ennuie profondément. Je n'aime pas être hospitalisé. C'est le Docteur H qui m'a dit : on va prendre le taureau par les cornes et vous faire hospitaliser ; là, on sera apte à vous équilibrer au moyen de médicaments

, Dr Lacan-Vous en prenez, ici ?

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Cela ne vous empêche pas de continuer à penser qu'on connaît vos pensées ? Est-ce que moi, je connais vos pensées ? Est-ce que vous m'avez traité de je ne sais quoi ?

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Vous voyez que je ne le sais pas, puisque je vous le demande

M. H. , Je traite") (manuscrit "tous") ces gens qui m'écoutent?

, Dr Lacan-Vous les traitez mentalement ?

M. H. , je ne les traite pas mentalement, mais enfin c'est assez ennuyeux, ce n'est pas plaisant quoi? Dr Lacan-Est-ce que ce sont aussi des enculés ?

M. , Je ne pense pas, non (il rit)

, Dr Lacan-Est-ce qu'ils le savent ?

M. H. -je-ne-sais-pas, Il faudrait peut-être leur demander. Enfin, j'ai beaucoup de mal ; je fais des efforts ; j'ai du mal à me tirer de là. Quand je m'aperçois que je pense mal

, Dr Lacan-Vous devez tout de même un peu vous rendre compte que si vous pensez que les autres pensent que vous pensez mal, c'est peut-être simplement dû au fait que vous pensiez mal

M. H. Oui, J'ai horreur de ces interrogatoires-là, parce qu'hier, j'ai subi un interrogatoire qui a duré 3 heures

, Dr Lacan-Un interrogatoire par qui ?

M. H. -par-le-commissaire-de-police, Pas hier, mais il y a quinze jours, pour essayer de me faire sauter mon i.s., mon interdiction de séjour, car je suis toujours interdit de séjour, n'est-ce pas, en S et en L ; là où j'ai été jugé et là où j'ai travaillé. Chaque fois, je suis obligé de leur dire : je suis à tel endroit. Cela, c'est insupportable, parce que quand je suis en vacances, j'aimerais bien que ce soient des vacances, pas des trucs où je les ai dans le dos ; souvent, souvent je pense que c'est ça, les flics sont toujours autour de moi

, Dr Lacan-Ils vous font siffler dans les oreilles

M. , -Pour me faire voir qu'ils sont là

, Dr Lacan-Ils veulent vous faire voir ? Là, c'est un peu fort

M. H. , mais c'est une façon pour eux de me faire comprendre qu'ils sont là, qu'ils sont pas loin

, Dr Lacan-Ils ne sont jamais loin

M. , Ils ne sont jamais loin. Partout où je vais, c'est comme ça

, Dr Lacan-Voyons, c'est fatigant, cela

M. H. -À-qui-vous-le-dites-!-c,

, Dr Lacan-Est-ce qu'ici aussi, cela continue ?

M. H. ,

, Dr Lacan-Ils vous sifflent dans les oreilles

M. H. Oui,

, Dr Lacan-En tout cas, ils savent que vous êtes ici ?

M. H. Oui, Il n'y a pas de travail, je n'ai pas de diplômes, alors? je serai bien obligé de retourner là-bas

, Dr Lacan-Est-ce que à l'hôpital vous étiez... disons simplement? vous êtes surveillé ?

M. H. , non ! Ah, non ! Dr Lacan-Pas dans votre travail

M. H. , Peut-être un moment donné, je l'ai cru, les premiers temps que j'étais là-bas. Je pensais être persécuté, mais pas aujourd'hui. Je ne crois pas. Sauf une fois, on a voulu me suivre, mais je les ai déroutés, j'ai pris le métro qui passait à côté de moi en vitesse

, Dr Lacan-Il y a combien de temps que ça s'est passé, cela ?

M. , Il y a 7 ans, 6 ans? On voulait savoir ce que je faisais. J'avais une tête peut-être douteuse

, Dr Lacan-Pourquoi ? Vous avez une tête douteuse ?

M. , Je me préfère pas, si vous voulez, je m'aime pas beaucoup

, Dr Lacan-Il n'y a en effet pas de quoi ! Ceci dit à quoi cela se voit ?

M. H. -je-ne-sais-pas,

, Dr Lacan-Vous ne savez pas quoi ? Vous ressemblez à lui, par exemple, ou à n'importe qui. Cela ne rayonne pas de votre tête

M. H. , c'est bien vrai. J'ai toujours pensé que j'étais assez douteux

D. Lacan-qu, est-ce que ça veut dire douteux ? Vous pensez que l'on doit voir du premier coup d'oeil que vous avez eu cette vie d'enfer ?

M. H. , Les garçons de l'hôpital avec qui je travaille sont des primaires, mais pas si sots que ça. Ils m'avaient laissé entendre plus d'une fois à table que je pouvais sortir de prison

, Dr Lacan-Oui, ils le savent ?

M. , Ils se le disaient entre eux, pour que je l'entende

, Dr Lacan-Ils se disaient entre eux pour que vous entendiez ?

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Vous êtes sûr de ça, de l'avoir entendu, d'avoir entendu ce qui se disait entre eux ?

M. , Il me semble, oui. Maintenant, je ne suis plus sûr, mais il me semble

, Dr Lacan-Vous en êtes sûr, ou vous n'en êtes pas sûr ?

M. H. , 'en suis sûr, oui, ils ont lancé des vannes plusieurs fois

, Dr Lacan-Comment appelez-vous cela ?

M. H. , appelle ça des vannes. C'est un terme qu'on emploie peut-être pas ici, on l'emploie en prison sûrement. Vannes, cela veut dire envoyer des boniments

M. H. Dr-lacan-c'est-Ça-que and . Vannes,

, Dr Lacan-Des vannes, cela veut dire faire allusion à votre passé

M. H. -À-mon-passé and O. ,

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui va arriver maintenant ?

M. H. , Je vais essayer de guérir (manuscrit "de cette maladie

, Dr Lacan-Qu'est-ce que votre maladie, à votre idée ?

M. H. -c'est-(rayé, l'impatience") de mal penser, de mal agir, vis-à-vis d'autrui, d'autres personnes

, Dr Lacan-Une pensée, ce n'est pas une action

M. H. -bien-sûr,

, Dr Lacan-Même en pensant des mots injurieux comme cela, vous les gardez pour vous

M. H. Oui, je n'ai jamais parlé, ça n'est jamais sorti de moi

, Dr Lacan-Vous êtes néanmoins sûr que cela se communique ?

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Très sûr. Là, comme ça, dur comme fer, vous en êtes sûr ?

M. , Un jour, il y a une infirmière qui m'aime beaucoup, qui s'occupe de moi, elle a dit : "quel fumier, celui-là" et j'ai pensé que c'était pour moi, Il y a des fois non, mais il y a des fois oui

D. Lacan, Quel fumier, celui-là", c'était pour vous ?

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Alors, vous continuez à l'aimer beaucoup ?

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Néanmoins, elle pense que vous êtes un fumier, selon vous

M. H. , Elle m'avait (rayé : "fait", manuscrit "envoyé") une carte? elle est partie aux sports d'hiver, elle m'a donné une carte avec ses meilleurs voeux

, Dr Lacan-Une carte avec ses meilleurs voeux pour un fumier ?

M. , Elle est très gentille ; là, elle a peut-être oublié

, Dr Lacan-Elle a oublié que vous étiez un fumier ?

, (il rit) Oui ! Oh, vous savez, je sais très bien où j'en suis ; je sais que je ne suis pas un type exemplaire, je suis une espèce de petit salopard

, Dr Lacan-Vous pensez que vous êtes un (manuscrit : "fumier-? Quoi ? ? Illisible)

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Si vous le pensez vous-même, avouez que cela vous aide à croire que les autres le pensent aussi

M. H. , on m'a dit : vous ne vous aimez pas ; quand vous vous aimerez, mieux, cela changera. Quand je me regarde

D. Qu, est-ce qui va se passer maintenant ? Selon toute apparence, votre femme va vous laisser tomber comme une crêpe ; selon toute apparence, d'après ce que vous dites vous-même, qu'elle vous a dit expressément

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Non, mais écoutez, c'est vous qui venez de le dire

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Mais quand même?

M. H. , Je ne pense pas qu'on se quitte, quand même

E. Est-partie-de-rien, Je pense que?

, Dr Lacan-Vous pensez que ça va durer ?

M. , Ça va durer, oui. Ça sera très difficile mais ça durera

, Dr Lacan-Donc, vous ne la croyez pas

M. ,

, Dr Lacan-Expliquez un peu ce qu'est votre vie en commun

M. H. Dit-tout-À-l'heure, On a eu un enfant qu'on adore. Cet enfant travaille bien à l'école, on est contents, le gosse est tout pour nous. Il chérit sa mère encore plus que moi ; elle aime beaucoup le gosse et je l'adore. Alors, il y a déjà ça. C'est une chose énorme

, Dr Lacan-Comment cela ?

M. H. , est moi qui ai fait les démarches pour elle. Elle voulait tellement voir Israël ; elle est un peu mystique

, Dr Lacan-Parlez-moi un peu d'elle, voir comment elle est? mystique ? Elle n'est pas juive ?

M. H. Si,

, Dr Lacan-Elle est juive? parlez-moi un petit peu d'elle? ce que vous appelez être mystique

M. H. , une religion à l'autre. Elle veut m'entraîner un peu partout. Moi, je ne crois en rien. Là, on doit passer quelques jours à l'Arche, je ne sais pas si vous connaissez. Elle dit que ça me fera énormément de bien

, Dr Lacan-Quand est-ce que vous allez partir ensemble ?

M. , Au mois de mars, le 7 mars

, Dr Lacan-C'est seulement après qu'elle partira?

M. H. , Au mois d'avril

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous en savez, de l'Arche ?

M. H. , Je sais que c'est une communauté qui s'est créée et où les gens travaillent par leurs propres moyens, vivent par leurs propres moyens. C'est une communauté qui a l'air très sérieuse et très emballante. De ce côté, nous avons fait une mauvaise expérience, nous avons été dans le L, pas loin de L, dans un petit village où on a passé les vacances. Il fallait travailler là-bas, apprendre quelque chose, la sculpture sur pierre ou sur bois. Il n'y avait pas de poterie, c'est dommage, parce que ma femme avait fait de la poterie, et puis il y avait du tissage à l'ancienne. Ma femme a réussi à faire une espèce de chasuble pour elle. Elle a été très complimentée. Elle était très bien. Elle, ça lui a plu, mais moi, je m'ennuyais ; je suis assez sauvage

, Dr Lacan-Comment s'appelle cet endroit, près de L ?

M. H. ,

, Dr Lacan-Qui est-ce qui l'organise ?

M. H. , était les jeunes qui avaient fondé ça, et qui s'étaient réfugiés à la campagne, et qui ont lancé cette chose

, Dr Lacan-Cette chose s'appelle comment ?

M. H. -le and B. , tout court, où ils font de la sculpture sur pierre, sur bois aussi

-. Dr-lacan and . Schafer, Broca" en note, manuscrit "M. Fourton")-vous connaissez ça, le B ? "Dr Schafer" (rayé) Broca (manuscrit)-Oui j, écrit et rayé au-dessus de

. Guattari,

M. H. Voilà,

, Dr Lacan-Les flics, qu'est-ce qu'ils disent ?

M. H. , Ils disent par exemple, en parlant d'un type : c'est un salaud, pp.celui-là

, Dr Lacan-Quel type ? Quels flics ?

M. H. , Je ne sais pas, je ne l'ai jamais su, je n'ai jamais cherché. J'ai pensé que c'était la probation

C. Détenus, qui sont comme moi en liberté, et dont certaines personnes, des (rayé partiellement : "indicateurs"-corrigé manuscrit "éducateurs"), en général, s'occupent

, Dr Lacan-Ce sont des flics ou ce sont des in/é-di/du-cateurs ?

M. H. , Pour moi, il n'y a pas de différence

, Dr Lacan-Les flics dont il s'agit, c'est des gens que vous rencontrez dans la rue ?

M. H. , Je ne sais pas. Ils m'ont fait pas mal de misères

, Dr Lacan-Vous êtes harcelé par les flics (point d'interrogation rayé)

M. H. Voilà,

, Dr Lacan-Par les flics, la probatoire

M. H. , étais très bien avec un "in-é-dit-du-cateur". Il m'avait appris la musique, des choses de l'art, tout ça. C'était un "in-é-dit-du-cateur

, Dr Lacan-C'était un flic ?

M. H. -c'était-un-flic-si-on and . Veut, Il était de l'autre côté de la barrière, c'est sûr

, Dr Lacan-Du côté de quelle barrière ?

M. , Une assistante sociale m'a dit : mais oui, vous devriez écrire. Avec cet "in-é-dit-du-cateur" qui était très gentil, j'ai (rayé "dé") noué une certaine amitié. J'ai écrit, aucune réponse, En prison, il y a le côté des surveillants

D. Lacan-oui,

M. , Tout mon courrier. Certaines lettres peuvent êtres interceptées

, Dr Lacan-Sont interceptées à cause de quoi ? Pourquoi certaines et pas toutes ?

M. H. , exagère peut-être un peu en disant (manuscrit "toutes") certaines. Cette lettre que j'ai écrite à M. l'éducateur... je pense que lui m'aurait répondu, parce qu'on était de très bons amis. Or, il ne m'a jamais répondu et j'ai vu que ma lettre a été interceptée

, Dr Lacan-Il ne peut pas y avoir d'autre raison ?

M. H. -je-ne-pense-pas,

, Dr Lacan-À savoir que peut-être il vous a oublié

M. H. Oui, il y a ça aussi, après des années de prison (manuscrit : "est-ce un lapsus

, Dr Lacan-Ça ne vous vient pas à l'idée, ça ? Peut-être qu'il en a eu sa claque de vous répondre, p.455

M. , Peut-être sa claque de me répondre ; c'est ça

, Dr Lacan-Ce n'est pas la première chose qui vous vient à l'idée, que simplement il en fait assez pour vous ? M. H.-Oui, je ne sais pas, je ne peux pas dire

, Dr Lacan-La première idée qui vous est venue, c'est que la lettre était interceptée

M. H. Oui, c'est cela, la première idée. Par la suite, j'ai réfléchi, j'ai pensé que peut-être, il y avait peut-être assez de moi

, Dr Lacan-Cela vous est venu quand même en second, ça ? Et cela ne vous est pas apparu le plus vraisemblable ? Vous êtes revenu quand même à l'idée que sa lettre était interceptée

M. , Si j'écrivais encore une fois, il me répondrait peut-être

, Dr Lacan-Cela vous est venu à l'idée, ça ? La lettre ne serait pas interceptée ?

M. H. , Comme il est à Nice maintenant, il aurait très bien pu recevoir cette lettre, et puis penser à autre chose, comme vous disiez tout à l'heure (rayé : "à d'autres occupations qui sont plus prenantes que la mienne". Manuscrit : "il a peut-être d'autres chiens à fouetter"), puisque maintenant je suis libre et que j'ai ma maison, que je ne suis pas sous les ponts. Alors, il s'est peut-être dit : maintenant

, Dr Lacan-Néanmoins, si vous y reveniez, vous enverriez une seconde lettre. Il est probable que s'il se souvient de vous

M. H. Oh, il se souvient de moi, il se souvient de moi

, Dr Lacan-Ça, vous êtes sûr ?

M. H. Oh and O. ,

, Dr Lacan-C'est impliqué dans ce que vous dites, quand on vous a connu

M. H. , On m'a demandé... un journaliste m'a demandé si je pouvais écrire des choses sur moi dans le Canard Enchaîné

, Dr Lacan-D'où sortait-il, ce journaliste ?

M. H. , Je n'étais pas là, c'est ma femme qui a reçu le coup de téléphone, qui m'en a parlé

, Dr Lacan-À ce journaliste ?

M. H. , Pour lui dire que j'avais été remis en liberté, étant donné que j'avais toujours eu une bonne conduite, et qu'on ne me donne pas la faveur de me faire sauter mon i.s., mon interdiction de séjour

. Dr-lacan-alors and &. Qu, est-ce que vous pensez, puisque c'est vous qui lui avez dit cela ? Qu'est-ce que vous pensez qu'il va en faire ? Qu'est-ce que vous voulez

M. H. -c'est-surtout-une-idée-de-ma-femme, Elle trouve idiot que je ne soit pas réhabilité après 12 ans de (rayé "liberté

, Dr Lacan-Donc c'est votre femme qui vous encourage

M. H. Oui, c'est ma femme, parce que c'aurait été moi, j'aurais laissé tomber il y a longtemps

.. Dr-lacan-en-somme,-c'est,

M. H. , est ma femme qui dirige un peu à la maison. D'abord, elle a un salaire beaucoup plus élevé que le mien

, Dr Lacan-C'est elle qui tire les ficelles du Canard

M. H. , Elle ne tire pas les ficelles, mais comme c'est venu comme ça

, Dr Lacan-Qui est-ce qui a eu l'initiative, c'est elle ou c'est le Canard ?

M. H. -je-crois-que-c'est-le-canard, Je crois que c'est le journaliste qui a eu mon adresse par une assistante sociale, ou quelque chose comme ça, pour s'occuper de moi. L'assistante sociale qui m'a fait sortir s'occupe toujours de moi ; c'est une très brave femme

E. Malheureusement, . Se-heurte-en-haut, and . Lieu,

, Dr Lacan-Quel procureur ?

M. H. -le-procureur-qui-s'occupe and .. , vous savez qu'il y a un procureur dans chaque département

, Dr Lacan-Alors, vous pensez que le procureur s'occupe de vous

M. H. Maintenant and O. , On ne retire pas un carnet à un interdit de séjour, à n'importe qui, quand même, c'est une pièce qui est très

, Dr Lacan-Qui est très ?

M. H. Qu, il faut toujours avoir sur soi. Si on se fait arrêter dans la rue, il faut absolument montrer son carnet d'interdiction de séjour

, Dr Lacan-On vous l'a retiré, cela veut dire quoi ?

M. , Je crois que c'est en bien

, Dr Lacan-Cela a été à la suite de l'affaire... il y a quelques jours

M. H. Oui,

, Dr Lacan-On ne vous l'a pas retiré

M. H. Si, on me la retiré, on l'a emp

, De quoi disposez-vous pour l'instant, comme pièces d'identité ?

M. , -Ma carte d'identité nationale et ma carte de Sécurité sociale

, Dr Lacan-En somme, tout va bien se passer quand vous allez

M. H. Oui,

M. H. , Si c'est elle qui s'occupe de moi, on ne me fera rien. Je me laisserai aller

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous dites, que vous vous laisseriez aller ?

M. H. , Je voulais avoir une maison à moi et élever mon gosse dans cette maison. J'ai acheté une maison avec un grand terrain. Cette maison, je l'ai retapée. Maintenant, je suis bien chez moi

, Dr Lacan-Vous avez envie de

M. H. Dans-le-midi,

, Dr Lacan-Vous n'avez plus envie de cette maison ?

M. H. , Quand je suis chez moi, je suis très bien. Mais je suis devenu instable, et j'aurais préféré aller dans le Midi, où il fait plus chaud, où les choses sont plus clémentes. C'est dur à comprendre

-. Dr-lacan and . Reçois, Cela semble être dans votre bouche, une véritable assurance que vous avez enfin quelqu'un, quelque chose... et maintenant, vous dites que vous n'avez plus envie d'elle. Est-ce que vous avez envie de votre femme ?

M. H. , Depuis quelque temps, non

, Dr Lacan-Enfin, j'appelle les choses par leur nom (manuscrit : "vous n'avez plus envie de la baiser

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Vous avez compris... il vaut mieux le dire. Il faut mettre les points sur le si

, et puis par ses directives") elle me fait penser plutôt à ma mère qu'à ma femme

, Dr Lacan-À une mère... (rayé "et" ; manuscrit "à") la vôtre ?

M. H. , Puisque je n'en ai jamais eu, ma femme, c'est un peu ma mère aussi. Elle est très gentille, malgré son caractère impossible

, Dr Lacan-Ceci dit, c'est tellement une mère que c'est aussi un berceau

, Dr Lacan-Je veux dire par là, vous l'avez dit, c'est elle qui a des invités à la maison. Pourquoi est-ce que vous n'allez pas avec elle en Israël ?

M. H. Ne, rayé "suis" ; manuscrit "veux") pas (ajout manuscrit "être") juif, et ensuite, si je dois me convertir un jour, je le ferai pour ma femme

, Dr Lacan-Vous croyez que si vous allez en Israël, vous deviendrez juif ?

M. H. , Elle ne m'en a pas parlé ; elle emmène le gosse, mais pas moi. Et puis ensuite, je n'ai pas le temps, puisque je reprends mon travail

, Dr Lacan-Pour les grandes vacances, vous irez où ?

M. H. -j'irai-dans-ma-famille,

. Dr-lacan-alors, . H. Dans-le-midi-prend-la-forme-de-la-famille-de-votre-femme-?-m, and . Oui,

, Dr Lacan-Vous aimez bien qui ? Votre femme ou sa famille ?

M. H. Ma-femme and .. Ma-famille,

, Dr Lacan-Vous comptez sur eux ?

M. H. ,

, Dr Lacan-Est-ce que notre conversation a amené pour vous quelque chose ?

M. H. Oui, elle m'a amené une libération de mes idées. Cela m'a amené un peu la libération de toutes ces idées qui me viennent à la tête, où je deviens impoli

, Dr Lacan-Là, c'est plutôt (manuscrit "a") vous que (manuscrit "je me suis intéressé

M. H. Oui,

, Dr Lacan-Vous allez en permission ?

M. H. ,

, Dr Lacan-Ce soir ?

M. H. ,

. Dr-lacan-bon and . Eh-bien, Madame m'a parlé de vous. Vous allez passer combien de temps chez vous ?

M. H. , Je pars ce soir, je reviens lundi matin. Trois jours, deux jours, deux jours et demi

, Dr Lacan-Au revoir, bon séjour. (Le malade sort

.. .. Dr-lacan-oui, Non seulement il croit à sa femme, mais il dit qu'elle est sa mère (rayé : "pour remplacer" ; manuscrit "Etant donné") la mère qu'il a eue, ça devient sublime. Alors, s'il part ce soir

, Dr"rayé. Manuscrit "Mr" Adam-Il allait de plus en plus mal

, Madame Schafer) : Voilà ce que j'ai dit pendant que vous n'étiez pas là. J'ai mis en valeur la forme de ce mot qui est insubmersible. Lui me dit qu'il va de plus en plus mal. Je ne sais pas si le fait d'avoir eu une conversation... J'ai eu le sentiment qu'il est vraiment accroché à la, Dr Lacan-Il allait de plus en plus mal ? Cela, comment le savoir

, Dr Schafer-Est-ce que vous ne pensez pas qu'il peut, pour sa femme, éventuellement, devenir dangereux ? C'est une question que je vous pose

, Je ne pense pas du tout que malgré qu'il a chauffé les pieds à quelqu'un, qu'il puisse recommencer avec sa femme. Vous, vous vous posez la question ?

, Dr Schafer-Oui, je me pose la question

, Dr Lacan-Je crois qu'il attend beaucoup de sa femme, évidemment ; que cela peut avoir beaucoup de conséquences, Dr"rayé. Manuscrit "Mr" Adam-Pour sa femme ou pour lui

. Dr-lacan-non and . Lui, Je n'ai pas oublié les tentatives de suicide

H. Monsieur,

H. Monsieur, Cinquante deux ans. Garçon de service à l'hôpital P. marié, un enfant âgé de sept ans

, Arrêt de travail de trois mois précédent la dernière hospitalisation. Mésentente familiale. Recrudescence des sentiments de persécution, à son travail, et des pensées obsédantes ("fuites"). Envie de partir ailleurs

O. Anamnèse, L. Le-patient-lui-même, and . Docteur, H et par un infirmier du service qui le connaît depuis 1964. L'évocation de sa vie passée est souvent difficile, jamais réellement douloureuse

. , Reconnu par le premier mari de sa femme qui lui donne son nom, mais qu'il n'a pas lui-même connu. Un demi-frère et une demi-soeur (de pères différents). Abandonné "dans un berceau dans un square", recueilli et élevé par ses grands-parents maternels

, Rappelé sur les bateaux français sous contrôle américain dans le Pacifique. Résilie son engagement au bout de quatre ans à la suite d'une permission en France où il fait la connaissance d'une prostituée qui le "subjugue" à Pigalle

, Cambriolage avec deux complices et l'aide d'un indicateur dans la maison isolée d'un médecin du Loiret-Cher en 1946, suivi immédiatement de son arrestation

, Un de ses complices est guillotiné.) Sa peine de mort est commuée en travaux forcés à perpétuité, suivie d'une réduction progressive de peine pour bonne conduite, après avoir passé six ans en cellule isolée. Progressivement, apprend le métier de linotypiste, Condamnation aux travaux forcés à perpétuité, puis à mort puis gracié

, Travaille en imprimerie. Puis sept hospitalisations en trois ans, entrecoupées de brèves sorties ou de séjours en maison de repos. Fait la connaissance et se marie en 1968 avec une infirmière de son service (divorcée, deux enfants). Naissance d'un fils en 1969. Début de travail à l'hôpital P. Maison de repos en 1973, dispute avec sa femme

, Circonstances de l'acte délictuel et de l'emprisonnement :-La victime aurait eu les pieds et les organes génitaux brûlés au chalumeau, puis se serait lors du procès, "acharné" sur lui, le prenant pour le chef de bande. Lors de la préparation du "casse", aurait appris un meurtre resté impuni de l'un de ses complices

, En prison même, se fait justicier dans le milieu carcéral ; ennuie avec les codétenus (note manuscrite : "ou comme un "flic", ce qui dans l'int. de la prison ne pourrait être qu'un gardien ou un administrateur, ou un indic") ; déplacements en diverses sections de rééducations jusqu

. Hôpital/prison,

, lorsque bénéficiant d'une plus grande liberté dans les ateliers de la prison, il a l'impression que les autres détenus parlent de lui, savent ce qu'il pense, le traitent de salopard, etc. : hospitalisation de deux mois à la Santé. Puis retour à la prison avec un régime de semi-liberté : aggravation des mêmes phénomènes, envie de fuir, se réfugie dans les gares lors des permissions, entend des sifflements dans la rue, pense qu'on a posé des micros, que la police le suit partout où il va : deux (chiffre rayé) hospitalisation(s), sous régime pénitentiaire, C'est lors des réductions de peine progressives pour "bonne conduite" en prison et à l'approche de sa sortie définitive que les troubles apparaissent la première fois

, Mêmes phénomènes : impression de pensée devinée, d'être surveillé, suivi, de "sentir" la prison

, Deux tentatives de suicide, vers sa sixième hospitalisation à Pinel, deux ans environ après sa sortie de prison, l'une par section des veines du pli du coude, l'autre nécessitant réanimation, après prise de barbituriques

, et en 1973 où se manifeste plus précisément la mésentente conjugale et l'accentuation du phénomène plus spécialement sur le versant : pensées obsédantes, montée d'injures en lui (salopard, enculé, fumier, etc.) plus précisément quand il est dans une relation d'échange (allumer sa cigarette par exemple) avec quelqu'un, ce qu'il appelle ses "fuites" ; besoin alors de quitter la pièce ou de penser à son fils. Impression de s'entendre penser. Ces phénomènes sont apparus surtout le, (?) mars 1973 à son travail

, Enrichissement circonstanciel des phénomènes élémentaires : impression (souligné avec un point d'interrogation ?) que sa femme le trompe lors d'une longue séparation en 1973, que ses belles-filles deviennent des "putes" en grandissant, augmentation de la fréquence des "mauvaises pensées" quand il rencontre par exemple le médecin du service où il travaille qui a opéré trois fois son fils (hernies

, Sentiment que la police ne l'a "jamais laissé tranquille" depuis la prison (interceptions de lettres, filatures, interrogatoires

, Doutes sur la signification persécutive ou non des événements objectifs et réels post-pénitentiaires (travail avec d'anciens détenus à l'hôpital) P, prise de son carnet d'interdiction de séjour)

, Présentation Homme de 52 ans, portant barbe grisonnante, présent et bien orienté, attentif aux questions, détendu progressivement jusqu'à la fin de l'entretien. Rassuré. S'exprime clairement directement ; vocabulaire non carcéral

, On pouvait penser à une pathologie carcérale, le diagnostic différentiel n'étant pas toujours aisé à effectuer. M. H. lui-même insistait au début davantage sur les pensées compulsionnelles que sur les persécutions. Il attribuait ses troubles aux conditions de la vie carcérale qu'il avait longtemps subies, où les détenus sont à tout instant surveillés, vus, écoutés, épiés : le judas, Lors de l'arrivée du patient à Sainte-Anne, le diagnostic de psychose ne parut pas immédiatement évident

M. H. , cita la phrase d'un de ses compagnons de détention

, Toutefois il est apparu assez rapidement qu'il s'agissait bien d'un cas de psychose et que M. H. ne reviendrait jamais délinquant. Mais la délinquance avant la détention constitua sans doute une protection contre la psychose

, Jusqu'au jour de la présentation son état s'aggrava : la veille, il avait fait une fugue. La présentation, selon ses dires, a eu un effet libérateur et il va mieux. Mais il vient d'être renvoyé de son travail et sa femme parle de le quitter

, Lacan mit l'accent sur l'acte de dénonciation que M. H. commit à l'égard de son complice, ce qui valut à ce dernier d'être exécuté, L'effet bénéfique de la présentation est sans doute à rapporter au fait que

, Mais les thèmes de "mouchard" et de "fumier" ne se recouvrent pas complétement

. Peut-on-dire-que-le-fait-d, être un mouchard a été forclos et que cela lui revient du dehors sous la forme de la conviction qu'on entend ses pensées ? Parce qu'il aurait dit une fois ce qu'il ne devait pas dire, désormais ce qu'il ne dit pas s'entend, se sait

. Le-thème-de-l, aveu se retrouve dans son histoire : sa mère fut forcée par les grands-parents de dire où elle l'avait abandonné

, Mais ne s'agit-il pas plutôt ici de méconnaissance ? Tout en le méconnaissant, il sait qu'il est un mouchard et l'on peut dire qu'il a même cherché à le faire savoir lorsqu'il s'est occupé de la comptabilité

D. Le-thème, fumier" paraît plus fondamental. Sa conviction est que tout le monde peut voir qu'il est une personne "douteuse", autrement dit qu'il n'y a aucun doute qu'il est un "petit salopard

, S'il entend ou croit entendre l'infirmière parler d'un fumier, il est convaincu que c'est de lui dont il s'agit

, On peut dire qu'il s'identifie à cet être de fumier, adoptant par là le langage de l'Autre à son égard : il y aurait chez lui coalescence entre S barré et A. C'est comme du fumier qu'il fut traité en prison, c'est comme du fumier qu'il fut abandonné par sa mère dans un square. La psychose se déclare à partir du moment où sa "bonne conduite

, 2° la conviction que les autres le pensent, le savent et le disent

, 3° les injures qu'il ne put s'empêcher de penser

, Cette assompt()ion de son destin d'objet de rebut conduit à se demander ce qui l'a arrêté sur la voie du suicide

. Le-thème-de-la-grâce-entre-ici-en and . Jeu, Tandis que la reconnaissance de sa bonne conduite précipite le délire, c'est en tant que fumier qu'il est gracié ou sauvé : une première fois par les grands-parents qui le recueillent, une seconde fois par le président de la République (le "Docteur

, est sa foi en l'Autre. C'est sur lui qu'il (?) prend tous les manquements, innocentant l'''Autre. Sa mère, si elle l'a abandonné "c'était du désespoir qu'elle avait". Sa femme, il "y croit" comme dit Lacan et "ne la croit pas" quand elle lui dit vouloir le quitter : elle ne peut être défaillante, Ce qui le différencie des autres paranoïaques et qui limite les manifestations du délire

M. Gérard and L. , l'homme aux paroles imposées, 1976.

, Cet entretien a été publié par les docteurs Marcel Czermak et Jean-Louis Duhamel dans Le Discours Psychanalytique en 1992 927 et figure aussi en annexe dans l'ouvrage de Marcel Czermak Patronymies considérations cliniques sur les psychoses

M. G. Entretien-de-jacques-lacan-avec and . Lumeroy,

. Dr-lacan-asseyez-vous, Il y a des tas de choses qui sont un peu éclairées. Parlez-moi de vous. Je sais pas pourquoi je ne vous laisserai pas la parole. Ce qui vous arrive, Vous avez parlé avec M. Czermak et M. Duhamel

G. L. , Je n'arrive pas à me cerner

, Dr Lacan-Vous n'arrivez pas à vous cerner ? Expliquez-moi ce qui se passe

G. , Il y a une équivalence entre les deux mondes dans mon imagination, et non pas une prévalence entre le monde et la réalité, ce qu'on appelle la réalité. Il se fait une disjonction, Je suis un peu disjoint au point de vue langage disjoint au niveau du langage, disjonction entre le rêve et la réalité

, Parce que Gérard Lumeroy, ce n'est pas

G. L. Oui, R. De-connaître, and . Roussel, quand j'avais vingt ans, j'étais en maths supérieures... depuis, je m'intéressais aux faits physiques, et on a beaucoup parlé de couches et de sous-couches intellectuelles. Le rapprochement avec le langage... le langage pourrait présenter des couches et des sous-couches. Par exemple, sur mon nom ; j'avais décomposé mon nom en Geai

. Dr-lacan-geai-rare,

G. L. , avais décomposé de manière un peu ludique. J'avais morcelé mon nom pour créer. Je n'avais pas vu les travaux de Raymond Roussel, qui sont un peu, Ce que j'ai à vous dire c'est

, Dr Lacan-Et puis quoi donc ? Ce qui se passe pour vous... qu'est-ce que vous appelez la parole, que vous dites, vous, la parole imposée ?

G. L. , La parole imposée, c'est l'émergence qui s'impose à mon intellect et qui n'a aucune signification au sens courant. Ce sont des phrases qui émergent, qui ne sont pas réflexives, qui ne sont pas déjà pensées, mais qui sont de l'ordre de l'émergence

.. Dr-lacan-allez-y,

G. L. Émergent-comme-si-j'étais-peut-Être-manipulé and .. , je ne suis pas manipulé, mais je n'arrive pas à expliquer moi-même ; j'ai beaucoup de mal à vous expliquer ; j'ai du mal à cerner le problème, du mal à cerner cette émergence. Je ne sais pas comment elle vient, s'impose à mon cerveau, cette émergence. Cela vient d'un seul coup : "vous avez tué l'oiseau bleu" "c'est un anarchic system"... des phrases qui n'ont aucune signification rationnelle dans le langage banal et qui s'imposent dans mon cerveau, qui s'imposent à mon intellect

M. Czermak and J. L. Duhamel, L'homme aux paroles imposées, Le Discours Psychanalytique, 1992.

, Dr Lacan-Donnez-moi d'autres exemples

G. L. , est surtout que je suis très complexé, très agressif par moments. J'ai souvent tendance

, Dr Lacan-Vous êtes agressif, qu'est-ce que ça veut dire ?

G. L. , Quand j'ai un contact sensible, je suis agressif intérieurement... je ne peux plus le dire

, Dr Lacan-Vous allez arriver à me dire ça, comment ça se passe

G. L. Compenser, Je suis agressif, pas physiquement, mais intérieurement. J'ai tendance à compenser au niveau des phrases imposées ; j'ai tendance à récupérer les phrases imposées ; j'ai tendance à trouver tout le monde gentil

, Dr Lacan-Prenez votre temps, prenez bien votre temps pour vous y retrouver

G. L. , Il y a plusieurs niveaux de voix

, Dr Lacan-Pourquoi appelez-vous cela des voix ?

G. L. , Parce que je les entends, je les entends intérieurement

D. Lacan-oui,

G. L. , je suis agressif, et intérieurement j'entends les gens par télépathie. Par moments, j'ai des phrases émergentes qui sont sans signification

, Dr Lacan-Donnez un échantillon

G. L. , ll va me tuer l'oiseau bleu

, qui est la contraction de mots entre assassinat et assistanat, qui évoque la notion d'assassinat

, Dites-moi, on ne vous assassine pas ?

G. L. , Je vais continuer sur une sorte de récupération inconsciente. Par moments, j'ai des phrases émergentes, agressives et insignifiantes dans le langage courant, et par moments, j'ai des récupérations de cette agressivité et j'ai tendance à trouver tout le monde gentil, beau, etc. Cela béatifie, canonise certaines personnes que j'appelle saintes. J'ai une camarade qui s'appelle Barbara, cela donne Sainte Barbara. Sainte Barbara est une phrase émergente, mais moi, je suis dans une phase agressive. J'ai toujours cette disjonction entre les deux qui se complètent

D. Lacan-oui, Alors, parlons, si vous le voulez bien, plus précisément des phrases émergentes. Depuis combien de temps émergent-elles ? C'est une question qui n

G. L. -non and N. , Depuis que j'ai fait... on m'avait diagnostiqué en mars 1974 un délire paranoïde

, Dr Lacan-Qui est-ce qui dit cela, délire paranoïde ?

G. L. , Un médecin, à l'époque. Et ces phrases émergentes

, Dr Lacan-Pourquoi vous tournez-vous vers M

G. L. Qu,

, Dr Lacan-Vous avez senti une présence moqueuse ? Il n'est pas dans votre champ

G. L. -j'entendais-un-son,

, Je le connais bien, il ne se moque sûrement pas de vous

G. L. ,

. Dr-lacan-oui, c'est plutôt son genre, parce que je vous dis que je le connais. D'ailleurs, je connais toutes les personnes qui sont là. On ne les aurait pas fait venir si je n'avais pas parfaitement confiance en elles

G. L. , D'autre part, je pense que la parole peut faire la force du monde, en dehors des mots

. Dr-lacan-justement and . Tâchons-de-voir, Vous avez déjà parlé tout à l'heure, émis votre doctrine ; et en effet, c'est une sacrée embrouille

G. L. , Il y a un langage très simple que j'emploie dans la vie courante, et il y a d'autre part un langage d'influence imaginative, où je disjoins du réel, des personnes qui m'entourent ; c'est cela le plus important ; mon imagination crée un monde dit réel

, D'autre part, ces phrases imposées, dans la mesure où elles émergent pour aller quelquefois agresser la personne, sont des ponts entre le monde imaginatif et le monde dit réel

, Dr Lacan-Oui, mais enfin, il reste ceci que vous en faites, vous en maintenez parfaitement la distinction

G. L. Oui, en maintiens parfaitement la distinction, mais le langage, la fluence de l'imagination n'est pas du même ordre intellectuel ou spirituel que ce que je dis ; c'est un rêve, une sorte de rêve éveillé

D. Lacan-oui,

G. L. , Je ne crois pas inventer. C'est disjoint, mais cela n'a aucun... je n'arrive pas... en vous répondant, j'ai peur de me tromper

, Dr Lacan-Vous croyez que vous vous êtes trompé en répondant ?

G. L. , Je ne me suis pas trompé ; toute parole a force de loi, toute parole est signifiante, mais apparemment, au premier abord, elles n'ont pas un sens purement rationnel

, Dr Lacan-D'où avez-vous appris ce terme : toute parole est signifiante ?

G. L. -c'est-une-réflexion-personnelle,

-. Dr-lacan and . Ça,

G. L. De-ce-monde and . Disjoint,

, Dr Lacan-Vous n'êtes pas sûr de

G. L. , Je ne suis pas sûr d'avoir conscience de ce monde disjoint. Je ne sais pas si le

D. Lacan-si-le,

G. L. -le-rêve and L. Monde, construit par l'imagination, où je trouve mon centre de moi-même, n'a rien à voir avec le monde réel, parce que dans mon monde imaginatif, dans le monde que je me crée au niveau de la parole, j'en occupe le centre. J'ai tendance à créer une sorte de mini-théâtre, où je serais une sorte de metteur en scène, à la fois créateur et metteur en scène

, Dr Lacan-Oui, là vous n'êtes pas un geai rare, si tant est que

G. L. -non and . Le-geai-rare,-c'est-dans-le-monde-imaginatif, Le Gérard Lumeroy, c'est le monde communément appelé réel, tandis que dans le monde imaginatif, je suis Geai rare Lumeroy. C'est peut-être à partir de mon mot

, avais employé un terme dans un de mes poèmes

, Dr Lacan-Dans un de vos poèmes ?

G. L. -j'étais-le-centre-solitaire-d'un-cercle-solitaire, Je ne sais pas si ce n'a pas été dit. J'ai trouvé cela assez joli

, Dr Lacan-Mais c'est tout à fait exact

G. L. -je-suis-le-centre-solitaire, . Une-sorte-de, and . Dieu, de démiurge d'un cercle solitaire, parce que justement ce monde est muré, et je n'arrive pas à le faire passer dans la réalité quotidienne... tout ce qui se masturbe

D. Lacan-qu, est-ce que vous en pensez finalement, d'après ce que vous dites, il semblerait que c'est de ça qu'il s'agit ; vous avez le sentiment qu'il y a un rêve qui fonctionne comme tel

G. L. Oui, Une tendance, dans la vie

, Dr Lacan-Dites-moi

G. , Je ne suis pas très en forme ce matin pour parler

?. G. Dr-lacan-et-pourquoi,-diable,

, Dr Lacan-Vous avez été angoissé, de quel côté est-ce ?

G. L. -je-ne-sais-pas, Je suis angoissé. L'angoisse aussi est émergente ; elle est quelquefois en relation avec le fait de rencontrer une personne. D'autre part

-. Dr-lacan and . Fait, de parler avec moi ? Est-ce que vous avez le sentiment que je ne comprends rien à cette affaire qui est la vôtre ?

G. L. , Je ne suis pas sûr que l'entretien puisse débloquer certaines choses. Un temps, j'avais une angoisse émergente, qui était purement physique, purement sans relation avec un fait social

, Dr Lacan-Oui, c'est la façon dont je m'introduis dans ce monde

G. L. -non, j'avais peur de vous, parce que je suis très complexé. Vous êtes une personnalité assez connue. J'avais peur de vous rencontrer. C'était très simple, comme angoisse

D. Lacan-oui, Et quel est votre sentiment des personnes qui sont là, qui écoutent avec beaucoup d'intérêt ?

G. L. -c'est and . Oppressant, C'est pour cela que j'ai du mal à parler. Je me sens angoissé et fatigué, et ça bloque ma tendance à

, Dr Lacan-Oui, mais ça, qui avez-vous vu en 1974 ? Comment est-ce qu'elle s'appelait la personne qui vous a parlé ?

G. L. -le-docteur and G. ,

-. G. Dr-lacan, ce n'était pas le premier psychiatre que vous voyiez ?

G. L. Si and . Le-premier,

, Dr Lacan-Qui vous a amené au Professeur H

G. , -Mes parents. J'avais des problèmes d'opposition à mes parents

, Dr Lacan-Vous êtes le seul enfant ?

G. L. , Je suis fils unique, oui

, Dr Lacan-Qu'est-ce qu'il fait, votre père ?

G. L. ,

, Dr Lacan-Visiteur médical, qu'est-ce que c'est que cette fonction ?

G. L. , Il travaille pour un laboratoire pharmaceutique ; cela consiste à aller voir les médecins pour présenter ses produits pharmaceutiques ; c'est une sorte de représentant

, Dr Lacan-Il fait partie de

G. L. and L. ,

, Dr Lacan-Vous, vous avez été orienté ? Vous m'avez dit tout à l'heure que vous aviez fait math. sup

G. L. ,

, Dr Lacan-À ?

G. L. ,

D. Lacan-oui, Parlez-moi un peu de vos études

G. L. , À quel niveau ? J'ai toujours été un élève assez paresseux. La nature m'avait doué. J'avais toujours tendance à me reposer sur mon intelligence, plutôt que sur le travail. En math. sup, j'ai lâché parce que

-. Dr-lacan,

G. L. ,

, Dr Lacan-Vous avez eu un problème sentimental ?

G. L. Eu, des soucis avec un problème sentimental ; en novembre, j'avais commencé math. sup. à S., puis j'ai craqué au bout de deux mois à cause d'un problème sentimental. Après, j'ai abandonné math. sup

, Dr Lacan-Vous avez fait une dépression nerveuse liée à

G. L. , À cette déception sentimentale

, Dr Lacan-Cette déception sentimentale concernait qui ?

G. L. , Une jeune femme que j'avais connue en colonie de vacances. J'étais moniteur, elle était monitrice

D. Lacan-oui, Je ne vois pas pourquoi vous ne me diriez pas comment elle s'appelait

G. L. -nicole and P. ,

. Dr-lacan-oui and . Donc-en, Vous en étiez où de votre scolarité ? Il faut bien appeler ça comme cela, 1967.

G. L. , avais eu des problèmes parce que j'étais paresseux, mais la paresse, c'est une maladie. J'étais déjà très troublé depuis l'âge de quinze ans, et j'avais des palpitations affectives, à cause de mes relations orageuses avec mes parents

, Vous m'avez déjà un peu situé votre père

G. L. , parce que mon père, visiteur médical, travaillait en province. Ma mère était une femme très angoissée, très silencieuse, et comme moi-même j'étais très rétroactif... très, très réservé le soir... le repas du soir était très silencieux, il n'y avait pas de contact affectif véritable de la part de ma mère

, Donc, j'ai été élevé par cette mère très angoissée, hyper sensible, en butte quelquefois à des scènes de ménage avec mon père quand il revenait en week-end ; il y avait une atmosphère assez tendue et angoissante. Je crois que par un phénomène d'osmose, j'ai été moimême très angoissé

, Dr Lacan-Quand vous parlez de phénomène d'osmose, quelle idée vous faites-vous de l'osmose en question, vous savez tellement bien distinguer le réel

G. L. , de l'imaginaire ?

O. Dr-lacan-c'est-cela, Entre quoi et quoi se passe l'osmose ?

G. L. -entre-quoi and . Quoi-se-passe-l'osmose, Je crois qu'il y a d'abord une prise de conscience entre ce que l'on appelle le réel... il se crée une tension psychologique

, Dr Lacan-À quel psychiatre ?

G. L. -au-docteur and G. , Depuis longtemps, je parlais du hiatus entre le corps et l'esprit, et il y avait une... j'ai été obsédé par... je vous parle de l'époque, qui n'est plus valable maintenant... j'ai mené une sorte de... (G. L. semble très ému)... toute une notion de corps électriques apparemment reliés et qui apparemment se disjoignent

, Dr Lacan-À l'époque, quelle époque ?

G. L. , Comment passer d'un fait biologique à un fait spirituel ? Comment le partage se fait-il entre le corps et l'esprit ? En somme, comment la pensée a une interaction neuronique ? Comment la pensée s'est formulée, comment la pensée peut arriver à émerger de ces interactions neuroniques, de ces développements hormonaux

, Dr Lacan-Mais vous savez que nous n'en savons pas plus que vous

G. L. , avais été amené à penser que vu que la biologie prenait ses ondes dans le cerveau, j'avais été amené à penser que la pensée, ou l'intelligence, était une sorte d'onde de projection, d'onde vers l'extérieur. Je ne sais pas comment ces ondes se projetaient vers l'extérieur, mais le langage

, Dr Lacan-Vous êtes incontestablement poète, oui

G. L. and .. ,

, Dr Lacan-Vous avez des choses écrites par vous ?

G. L. Oui,

, Dr Lacan-Vous en avez où ?

G. L. , Le Docteur Czermak m'avait demandé de les amener

J. , par l'action poétique, de trouver un rythme ou balancement, une musique. J'ai été amené à penser que la parole est la projection de l'intelligence qui s'élève vers l'extérieur

, Dr Lacan-L'intelligence, la parole. C'est ça que vous appelez... intelligence, c'est l'usage de la parole ?

G. , je ne suis pas d'accord avec vous quand vous dites que l'intelligence seulement c'est la parole. Il y a l'intelligence intuitive, qui n'est pas traduisible par la parole, et justement, je suis très intuitif, et j'ai du mal beaucoup à logifier... je ne sais pas si c'est un mot français, c'est un mot que j'ai inventé. Ce que je vois par moments, il m'arrivait de dire, Je pensais que l'intelligence était une projection ondulatoire vers l'extérieur

, ce sont des images qui passent, et je n'arrive pas à

, Dr Lacan-Parlez-moi un peu de ces images qui passent

G. L. -c'est-comme-au-cinéma and C. Qu, on appelle cinéma en médecine. Cela part à toute vitesse, et je ne saurais pas formuler ces images dans la mesure ou je n'arrive pas à les qualifier

, Dr Lacan-Tâchons de serrer cela d'un peu plus près quand même. Quel rapport, par exemple, y a-t-il entre ces images et une chose que je sais, parce qu'on me l'a dit, qui tient une grande place chez vous. L'idée du beau. Est-ce que c'est sur ces images que vous

G. ,

G. L. -c'est and . Cela,

D. Lacan-qu, est-ce qui est beau, mis à part vous ? Parce que quand même, vous pensez que vous êtes beau ?

G. L. Oui,

, Dr Lacan-Les personnes à qui vous vous attachez, est-ce qu'elles sont belles ?

G. L. -je-recherche-dans-un-visage-sa and . Luminosité, toujours cette projection, un don lumineux, je recherche une beauté qui irradie ; ce n'est pas étranger au fait que je dise que l'intelligence est une projection d'ondes. Je recherche des gens qui ont une intelligence sensible, cette irradiation du visage qui met en relation avec cette intelligence sensible

, Dr Lacan-Parlons de la personne dont vous étiez préoccupé en 1967... la nommée Nicole. Est-ce qu'elle irradiait ?

G. L. Oui and E. Irradiait, Enfin, j'ai rencontré d'autres

, Dr Lacan-D'autres personnes irradiantes ?

G. L. , Sexuellement, je suis autant amoureux d'une femme que d'un homme. Je parlais des relations physiques avec les hommes. J'ai été attiré uniquement à cause de ce rayonnement à la fois intellectuel et sensible

, Enfin, ce n'est pas forcé que je participe, mais je vois ce que vous voulez dire. Mais enfin, vous n'avez pas attendu 17 ans pour être touché comme cela, sensiblement par la beauté, Dr Lacan-Je vois très bien ce que vous voulez dire

G. , Pour une question

, Dr Lacan-Dites moi

G. L. , d'opposition avec mes parents. Ma mère était très silencieuse, mais mon père, quand il revenait le week-end, pour des questions d'éducation, pour des questions au niveau de la vie courante, de la vie scolaire ou de la vie de l'éducation, avec les conseils qu'il me donnait, j'étais assez réfractaire, assez révolté, très indépendant déjà, et j'étais irrité par les conseils que voulait me donner mon père, comme si j'avais eu la possibilité déjà d'outrepasser par moi-même

, Dr Lacan-Qu'est-ce qu'il a dit à H

G. , Je ne m'en souviens plus

, Dr Lacan-Il a dit que vous étiez un opposant ?

G. L. , Il m'a fait parler, ensuite il m'a fait sortir et il a parlé à mon père, il n'a pas donné de diagnostic devant moi

D. Lacan-le-mot-complexé-pour-vous-signifie and .. , c'est spécialement centré sur, disons, les choses sexuelles ? Ce que vous appelez être complexé, c'est cela ? Est-ce que c'est cela que vous voulez dire quand vous avez déjà employé cinq ou six fois le mot

G. L. , Ce n'est pas seulement au niveau sexuel. C'est aussi au niveau relationnel. J'ai beaucoup de mal à m'exprimer

. Dr-lacan-mais, pourquoi vous dites : pas rejeté ? Vous sentez que vous êtes rejeté ?

G. L. Oui, C'est par peur, c'est une certaine angoisse, une peur de parler, de... j'ai un esprit de l'escalier, je n'ai pas du tout le sens de la répartie, j'ai tendance à me replier sur moi-même à cause de cela. J'ai beaucoup de mal... je m'arrête quelquefois, je n'arrive pas... Le fait que j'ai eu peur de vous voir

, Dr Lacan-Vous vous sentez en état d'infériorité en ma présence ?

G. L. , ai dit tout à l'heure, je suis complexé par les relations. Comme vous êtes une personnalité très connue, cela m'a angoissé

, Dr Lacan-Comment est-ce que vous savez que je suis une personnalité connue ?

G. L. ,

, Vous avez essayé ? Vous avez lu. C'est à la portée de tout le monde, Dr Lacan-Ah oui, vous avez essayé ? (M. G. L. sourit)

G. L. , je ne me souviens plus. J'ai lu cela très jeune, vol.18

, Dr Lacan-Vous avez lu des trucs que j'avais pondu quand vous aviez 18 ans ?

G. L. Oui,

, Dr Lacan-Cela nous met en quelle année ça ?

G. L. , , 1966.

, Dr Lacan-Cela venait de sortir

G. L. , Je ne me rappelle pas... non, c'est ça... non, j'avais

, Dr Lacan-Vous étiez à ce moment-là à la clinique C

G. L. ,

, Dr Lacan-Tâchez de retrouver

G. , Je devais avoir 20 ans, ce devait être en, 1970.

, Dr Lacan-Qu'est-ce qui vous a poussé à ouvrir un peu ces sacrés bouquins ?

G. L. , est sous l'influence d'un camarade qui m'avait parlé... j'ai feuilleté... il y avait beaucoup de termes très

, Dr Lacan-Très quoi ?

G. , Très complexes

, Dr Lacan-Oui, c'est plutôt le fait que cela entraîne couramment. Cela vous impressionne ?

G. L. , Ça m'a plu

D. Lacan-bon, Allons, tâchez quand même de revenir. Sale assassinat politique. Pourquoi ces assassinats ?

G. L. -non,

G. L. , Dr Lacan-L'assistanat et l'assassinat, vous en faites la différence, ou bien tout cela est-il équivoque ?

, Dr Lacan-C'est équivoque ?

G. ,

-. Dr-lacan, De quand date cette embrouille que j'appellerai comme ça sonore ? Quand est-ce que les mots, laissons de côté l'histoire de votre nom de Lumeroy, Geai Rare, ça

G. L. ,

, Dr Lacan-En d'autres termes, il n'y a plus de différence entre assistanat et assassinat, vous dites que cela confine un

G. , Leur poids dans la mesure où ce n'est pas réflexif

, Dr Lacan-C'est-à-dire que vous n'y ajoutez pas votre réflexion ?

G. , -Non, cela émerge, cela vient spontanément. Enfin, par rafales, quelquefois spontanément

, Dr Lacan-Par rafales ?

G. L. , Par rafales ; justement, je pensais

, Dr Lacan-Alors, pendant la rafale

G. , En allant la voir au Ranelagh, elle chantait et je l'avais connue. Elle s'appelait Béatrice et la Sainte Béatrice est le 13 février ; je me suis aperçu, en regardant mon dictionnaire... pas mon dictionnaire, mon calendrier, de cela, et comme elle m'avait demandé de venir la revoir, parce que je lui avais dit des choses assez belles sur son tour de chant... j'avais écrit un souhait : de l'espace où je vous lis, ne s'est pas Béatrice en fête... j'avais écrit dixt ? (10 jours), à la fois le fait que cela fait 10 jours que j'aurais pu souhaiter, la distance entre 13 et 23, Je pensais justement qu'il y avait peut-être une relation rationnelle, bien que ce ne soit pas émergent, vol.10

, Dr Lacan-En fête, c'est quoi ? C'était la fête ?

G. L. -c'était-la-fête, Il y a un autre mot comme "écraseté", qui est à la fois écrasé et éclaté. J'avais écrit un poème que j'appelais Vémur, qui est une sorte de contraction de Vénus et Mercure. C'était une sorte d'élégie. Mais je ne l'ai pas ici, parce que... il y avait aussi un mot "choir

. Dr-lacan-et-qui,-en-dehors-de-nicole, pour l'appeler par son nom, et le Vémur, qui vous a vémuré ? Dites-moi cela

G. L. ,

, Dr Lacan-Parlez m'en un peu

G. L. -c'était-une-poète and . Également, Elle travaillait au piano seule et elle travaillait au piano à quatre mains, elle dansait

, Dr Lacan-Elle était également illuminante ?

G. L. Qu, elle était très marquée par les médicaments qu'elle avait subi ; son visage avait grossi, plus tard, quand j'ai continué de la voir, parce que je suis parti de l'hôpital en juin 1970, ou en juillet 1970. Elle est sortie en février, et ensuite, quand je l'ai revue, elle avait maigri

, Je cherche une personnalité dans la salle, peut-être cette dame... dommage qu'elle soit maquillée. La dame qui a le foulard rouge avec les yeux bleus

, Dr Lacan-Alors, elle ressemblait à cette dame ?

G. L. -elle-lui-ressemblait-un-peu and O. M. Dominique,

, Dr Lacan-Est-ce qu'il vous arrive de vous maquiller, à vous ?

G. L. Oui, Cela m'est arrivé, oui (il sourit). Ça m'est arrivé vers 19 ans parce que j'avais l'impression... j'étais complexé au niveau sexuel. J'avais l'impression, Parce que la nature m'avait doté d'un phallus très petit

, Dr Lacan-Racontez-moi un peu cette histoire

G. L. , avais l'impression que mon sexe allait en rétrécissant, et j'avais l'impression que j'allais devenir une femme

D. Lacan-oui,

G. L. , avais l'impression que j'allais devenir un transsexuel

, Dr Lacan-Un transsexuel ?

G. L. , C'est-à-dire muter au point de vue sexuel

, Dr Lacan-C'est cela que vous voulez dire ? Vous avez eu le sentiment de quoi ? Que vous alliez devenir une femme ?

G. L. Oui, avais des habitudes, je me maquillais, j'avais la volonté aussi de connaître... j'avais cette impression angoissante de rétrécissement du sexe et en même temps, la volonté de connaître ce qu'était une femme pour essayer d'entrer dans le monde d'une femme et dans la formulation intellectuelle

, Dr Lacan-Vous avez espéré cette sorte... c'est quand même une sorte d'espoir

G. L. -c'était-un-espoir,

.. Dr-lacan-c'est-une-expérience-que, quand même vous gardez une queue masculine oui ou non ?

G. L. Oui,

, Dr Lacan-Bon, alors en quoi est-ce une expérience ? C'était plutôt de l'ordre de l'espoir. En quoi estce une expérience ?

G. L. , En espérant que c

, Dr Lacan-C'est-à-dire que vous espériez expérimenter, si on peut une fois encore jouer avec les mots. C'est resté au stade de l'espoir... mais enfin, vous ne vous êtes jamais senti être une femme ?

, Dr Lacan-Oui ou non ?

G. L. , Vous pouvez répéter la question ?

, Dr Lacan-Je vous ai demandé si vous vous étiez senti être femme ?

G. L. -le-fait-de-sentir-psychologiquement, Avec cette sorte d'intuition

D. Lacan-oui, Est-ce que vous vous êtes vu comme femme, puisque vous parlez d'intuition... les intuitions c'est des images qui vous traversent. Est-ce que vous vous êtes vu femme ?, pardon, pardon, d'intuition

G. L. , je me suis vu femme en rêve, mais je vais essayer

, Dr Lacan-Vous vous êtes vu femme en rêve. Qu'est-ce que vous appelez rêve ? G. L.-Rêve ? Je rêve la nuit

, Dr Lacan-Vous devez tout de même vous apercevoir que ce n'est pas la même chose, le rêve la nuit

G. L. -et-le-rêve-Éveillé,

, Dr Lacan-Et le rêve que vous avez appelé vous-même éveillé, et auquel, si j'ai bien compris, vous avez rattaché la parole imposée. Bon, est-ce que c'est un phénomène de la même nature, ce qui se passe la nuit, à savoir ces images qu'on voit quand on est endormi, est-ce de la même nature que les paroles imposées ? On parle très grossièrement, là

G. L. ,

, Dr Lacan-Donc, pourquoi qualifiez-vous de rêves vos paroles imposées ?

G. L. , Les paroles imposées, ce n'est pas un rêve. Vous n'avez pas bien compris

, Dr Lacan-Je vous demande bien pardon. J'ai très bien entendu que vous avez épinglé ça du mot rêve

. Cela and . Entendu-de-votre-bouche, Vous avez parlé de rêve, même en y ajoutant éveillé, c'est quand même vous qui avez usé du mot rêve

G. L. Oui and . Usé-de-ce-mot, mais les phrases imposées sont un peu entre le cercle solitaire et ce que j'agresse dans la réalité

, Dr Lacan-Bon, alors, oui. Est-ce que c'est ce pont qui agresse ?

G. L. -c'est-le-pont,

, Dr Lacan-Alors, c'est vous-même qui le dites, ces paroles

G. L. ,

, Dr Lacan-Ces paroles qui vous traversent expriment votre assassinat. C'est très près de ce que vous venez de dire vous-même, quand vous dites, par exemple, ils veulent me monarchiser, ça, c'est quelque chose que vous dites

G. L. -c'est-une-parole-imposée,

;. G. Dr-lacan-bon and . Oui, parce que vous ne voyez pas du même coup que les "ils" en question sont des gens que vous injuriez, vous leur imputez bien de vouloir vous monarchiser l'intellect. Vous êtes d'accord ?

, Dr Lacan-De deux choses l'une, ou les paroles surgissent comme ça, elles vous envahissent

G. L. Oui,

, Dr Lacan-Oui ?

G. L. , Elles m'envahissent, elles émergent, elles ne sont pas réflexives

D. Lacan-oui, Alors, c'est une seconde personne qui réfléchit là-dessus, qui y ajoute ce que vous y ajoutez, ce que vous y ajoutez en vous reconnaissant jouer cette part là. Vous êtes d'accord ?

G. L. Oui,

, Dr Lacan-Vous y ajoutez quoi par exemple ? Ils veulent me monarchiser l'intellect ?

G. L. , Cela ne m'est jamais arrivé de rajouter des phrases à cette phrase, ils veulent me monarchiser l'intellect. Mais la royauté n'est pas vaincue, ou est vaincue

, Dr Lacan-C'est vous-même qui faites la distinction de la réflexion que vous y ajoutez, et en général, cela commence en effet, ce n'est pas le seul cas, vous y ajoutez un mais

G. L. , Ils veulent me monarchiser l'intellect, émergence. Mais la royauté n'est pas vaincue, c'est une réflexion

-. Dr-lacan and . Vous,

G. L. Oui, tandis que l'émergence s'impose à moi. Ça me vient comme ça, et c'est une sorte de pulsions intellectuelles qui viennent, qui naissent brutalement, et qui viennent s'imposer à mon intellect

, Dr Lacan-Dans le cours de notre entretien

G. L. ,

, Dr Lacan-Vous en avez eu beaucoup ; pourriez-vous peut-être les reconstituer

G. L. , Ils veulent me tuer les oiseaux bleus

, Dr Lacan-Ils veulent me tuer les oiseaux

G. L. , Les oiseaux bleus. Ils veulent me coincer, ils veulent me tuer

, Dr Lacan-Qui sont les oiseaux bleus ? C'est les oiseaux bleus qui sont ici ? G. L.-Les oiseaux bleus

, Dr Lacan-Qu'est-ce que c'est, les oiseaux bleus ?

G. L. and -. Départ, était une image poétique, en relation avec le poème de Mallarmé, l'Azur

, Dr Lacan-Oui

G. L. ,

, Dr Lacan-Alors, c'est quoi ? C'est les infinis ? Traduisons oiseau bleu par infinie liberté. C'est les infinies libertés qui veulent vous tuer ? Il faut quand même savoir si les infinies libertés veulent vous tuer

G. , Je vis sans borne, n'ayant pas de bornes

, Dr Lacan-Il faut tout de même savoir si vous vivez sans bornes ou si vous êtes dans un cercle solitaire, parce que le mot cercle implique plutôt l'idée de borne

G. L. Oui,

, Dr Lacan-L'image du cercle solitaire

G. , Au niveau du rêve, au niveau du non-imaginatif créé par mon intellect ? Dr Lacan-Non, mais il faut tout de même bien aller au fond des choses

G. L. -c'est-très-difficile and P. Q. ,

, Dr Lacan-Qu'est-ce que vous créez ? Parce que pour vous le mot créer à un sens

G. L. -dès-l'instant-que-cela-Émerge-de-moi,-c'est-une-création.-c'est-un-peu and . Ça, Il ne faut pas se lier. Le fait de parler de ces cercles solitaires et de vivre sans bornes, il n'y a pas de contradiction, dans mon esprit je ne vois pas de contradiction. Comment vous expliquer ? Je suis dans un cercle solitaire parce que je suis en rupture avec la réalité. C'est pour ça que je parle de cercle solitaire

, Dr Lacan-Vous avez distingué tout à l'heure le monde de la réalité, dont vous dites vous-même que c'est des trucs comme ça, comme cette table, cette chaise. Bon, vous avez semblé indiquer que ça, vous le considérez comme tout le monde, que c'est au niveau du sens commun que vous l'appréhendez. Alors, portons la question sur ce point. Est-ce que vous créez d'autres mondes ? Le mot créer

G. , Je crée des mondes à travers ma poésie, à travers ma parole poétique

D. Lacan-oui,

G. L. Oui,

, Dr Lacan-C'est une question, ça

G. L. Oui, elles créent des mondes. Elles créent des mondes, la preuve, c'est que

, Dr Lacan-La preuve, c'est que

G. L. , Je viens de vous dire que "ils veulent me tuer l'oiseau bleu" implique un monde où je suis sans bornes. On revient, je reviens dans mon cercle solitaire où je vis sans bornes. C'est confus, je sais

, Dr Lacan-Je viens de vous faire remarquer que le cercle solitaire n'implique pas de vivre sans bornes, puisque vous êtes borné par ce cercle solitaire

G. L. Oui,

D. Lacan-oui, Tout ça est très juste, à ceci près que le cercle solitaire est borné

G. L. , I1 est borné par rapport à la réalité tangible, mais ça n'empêche pas le milieu de ce cercle de vivre sans bornes. Vous pensez en termes géométriques

, Dr Lacan-Je pense en termes géométriques, ça c'est vrai, et vous, vous ne pensez pas en termes géométriques ? Mais vivre sans bornes, c'est ça qui est angoissant, non ? Ça ne vous angoisse pas ? G. L.-Si ça m'angoisse

. Dr-lacan-bon, il est arrivé une anicroche au moment où vous êtes entré ici. C'est ça qui a déterminé votre entrée ici. Si j'ai bien entendu, une tentative de suicide. Qu'est-ce qui vous avait poussé jusque-là ? C'est toujours la Dominique en question ?

G. , -Non, non, non, non. C'était pour des raisons de télépathie

D. Lacan-justement, avons pas encore abordé ce mot. Qu'est-ce que c'est que la télépathie ? G. L.-C'est la transmission de pensée

, Dr Lacan-Vous êtes émetteur ?

G. , -Peut-être ne m'entendez-vous pas

, Vous êtes un émetteur télépathique. En général, la télépathie c'est de l'ordre de la réception, non ? La télépathie c'est quelque chose qui vous avertit de ce qui est arrivé ?, Dr Lacan-Non, je vous entends très bien

G. L. , Non, ça c'est de la voyance. La télépathie, c'est la transmission de pensée

, Dr Lacan-Alors, à qui transmettez-vous ? À qui par exemple ?

G. L. , Je ne transmets aucun message à personne. Ce qui me passe à travers mon cerveau, c'est entendu par certains télépathes récepteurs. Je ne sais pas si

, Dr Lacan-Par exemple, est-ce que moi, je suis récepteur ?

G. , Je ne sais pas, je ne sais pas, parce que

, Dr Lacan-Je ne suis pas très récepteur, puisque je manifeste que je patauge dans votre système. Les questions que je vous ai posées prouvent que c'était justement de vous que je désirais vos explications. Je n'ai donc pas reçu tout ce que comporte ce que nous appellerons provisoirement votre monde

G. L. , Un monde à mon image

, Dr Lacan-Est-ce que ces images existent ?

G. L. Oui,

, Dr Lacan-Ça, c'est vous qui recevez, puisque vous les voyez

G. L. -la-télépathie-se-fait-au-niveau-de-la-parole, la phrase émergente et les réflexions que je peux avoir... parce que j'en ai de temps en temps

, Dr Lacan-Oui, vous réfléchissez tout le temps à vos phrases

G. L. , Je ne sais pas ce qui est rendu par télépathie, mais ce ne sont pas des images qui sont transmises par télépathie. Enfin, je suppose

, Dr Lacan-Oui, mais à quoi voyez-vous que l'autre les reçoit ?

G. , Si jamais je les agresse, si jamais je dis des choses qui ne me semblent pas... je sais que les médecins qui ne me semblent pas... je sais que les médecins, à Pinel, m'ont posé plusieurs fois la question. C'est un raisonnement que je fais. Quand je vais chez une personne, je vois si son visage se fige, ou s'il y a des différences de l'expression, Par leurs réactions

, Dr Lacan-Moi, par exemple, est-ce que je vous ai reçu ?

G. ,

, Dr Lacan-Non ?

G. L. ,

, Dr Lacan-Parce que tout prouve que je nageais dans les questions que je vous ai posées ; c'était plutôt le témoignage que je nageais. Qui est-ce qui a reçu ici

G. L. , Je ne sais pas, je n'ai pas eu le temps de regarder les personnes. D'autre part, l'assistance des psychiatres, qui sont habitués à se concentrer et à ne pas réagir

, Dr Lacan-Vos copains de Pinel ?

G. L. and -. Pinel,

, Dr Lacan-Depuis combien de temps ça dure, la télépathie... à savoir ce figeage auquel vous remarquez qu

G. L. , Cela date de mars 1974, quand G. m'a diagnostiqué un délire paranoïde

, Dr Lacan-Vous y croyez, vous, à ce délire paranoïde ? Moi, je ne vous trouve pas délirant

G. L. , À l'époque, ça l'était. À l'époque, j'étais très excité, je voulais

, Dr Lacan-Vous vouliez ?

G. L. , Je voulais sauver la France du fascisme

.. Dr-lacan-oui,

G. L. , écoutais la radio, j'écoutais l'émission de radio sur France-Inter à 10 heures

P. Bouteiller and . De-son-Émission, Je ne savais pas que j'avais des auditeurs qui avaient ce don-là

, Dr Lacan-Vous avez eu, à ce moment-là, le sentiment qu'on pouvait vous entendre à la radio ?

G. L. Oui, Et j'ai une autre anecdote, quand j'ai eu ma tentative de suicide. Il y avait Radioscopie. Je réfléchissais, et la dame... ils ont parlé un moment ; ils ont fait un rire d'entente entre eux, et je parlais ; je ne me rappelle plus ce que je disais, mais enfin, ils ont dit

, le directeur du Canard Enchaîné. C'était après ma tentative de suicide. À la fin de l'entretien, ils ont parlé. C'est bien connu que le Canard Enchaîné est un peu anticlérical, et ils parlaient juste à la fin de l'entretien de cet anticléricalisme, et j'ai dit : "Roger... est une sainte

G. L. -je-ne-tranche-pas,

, Dr Lacan-Alors, c'est à cause de cette télépathie d'émission, c'est à cause de cette télépathie bien distinguée de la voyance, que vous avez fait cette tentative ?

G. L. , ce n'est pas à cause... j'injuriais mes voisins, j'étais très agressif, j'injuriais mes voisins

, Dr Lacan-Vous les injuriiez ?

G. L. and -. Qu, Je les injuriais, et un après-midi, à ce moment-là

, Dr Lacan-Et quoi ?

G. L. De-médicaments and .. ,

D. Lacan-oui,

G. , -Alors, j'étais très angoissé déjà qu'on puisse entendre certaines de mes pensées

, Dr Lacan-Oui, parce que ces injures étaient en pensée ?

G. L. -en-pensée, Ce n'était pas face à face. C'était l'appartement au-dessus. J'étais en train de les agresser, je les agressais, je les ai entendus crier

G. L. -j'étais-très-dépressif.-j', étais déjà très angoissé de savoir que certaines personnes peuvent percevoir certaines de vos pensées ou certains de vos fantasmes plus ou moins baroques. J'écoutais en même temps la radio, et je racontais des choses un peu insignifiantes et banales, et à la radio, j'ai eu l'impression qu'on se moquait de moi. J'étais vraiment au bout du rouleau, parce que depuis un certain temps, à cause de cette télépathie, j'avais d'autres voisins injuriés qui me regardaient de travers

, Dr Lacan-Non mais... qu'est-ce que ça résout, ça, de vous suicider ?

G. L. -c'est-une-Échappée and .. , Alors qu'intellectuellement, j'étais contre l'esprit suicidaire. J'avais une phrase : "la vie en tant que moyen de connaissance". À tous les moments de désespoir que j'ai eu depuis que je suis malade, à quinze ans, j'ai toujours cette phrase qui me revenait : "si je meurs, il y a des choses que je ne peux pas connaître

, Dr Lacan-Vous croyez à la réincarnation ?

G. L. , Je crois à la métempsychose. À un certain moment, vers 18 ans, je pensais être la réincarnation de Nietzsche

, Dr Lacan-Vous pensiez être la réincarnation de Nietzsche ? Oui ? Pourquoi pas ?

G. L. Oui and E. V. , quand j'avais vingt ans, j'ai découvert Artaud. À mon collège privé, en seconde, j'étais tellement intéressé, ce n'était pas tellement l'harmonie... ma pensée, mon évolution spirituelle

, Dr Lacan-À ce moment-là

G. L. , Ombilic des Limbes, et j'ai acheté les oeuvres complètes d'Artaud, et vers 20 ans, j'ai eu l'impression que j'étais la réincarnation d'Artaud. Artaud est mort le 4 mars 1948. Moi, je suis né le 2 septembre 1948. Lui était né le 4 septembre 1893, et on était tous les deux du signe de la Vierge ; et comme j'avais la distance de mars à septembre, j'avais l'impression que son esprit et son âme avaient émigré pendant six mois et que cette âme, cet esprit, s'étaient réincarné en moi, 1948.

, Dr Lacan-Vous y croyez vraiment ?

G. L. , Artaud ou de Nietzsche, mais je crois toujours à la réincarnation, parce que très jeune, j'ai eu un rêve qui était une sorte de double réincarnation, un rêve dans la nuit, un rêve nocturne. J'avais peut-être 89 ans. Je ne connaissais absolument rien... à cet âge-là

, Dr Lacan-Un rêve dans un rêve

G. L. , Et je pensais que j'avais connu ce château avant, alors que j'avais une autre vie, avant le Moyen Âge, à l'époque, je me souviens que je connaissais ce château, bien qu'il soit un peu délabré

, Dr Lacan-Alors, ce château était d'avant le Moyen Âge ?

G. , Le rêve du rêve était peut-être à l'époque du Moyen Âge aussi, et il s'est peut-être écoulé 50 ou 100 ans pour que le château soit un peu délabré. Mais ça, c'est une hypothèse que je formule, Peut-être qu'à l'époque du Moyen Âge, la vie ne dépassait pas 35 ou 50 ans

, Dr Lacan-Donc, c'est une hypothèse que vous avez émise

G. L. Eu, des phénomènes de lévitation. J'ai été formé très jeune, à onze ans. Un jour

, Dr Lacan-Ce que vous appelez être formé, c'est quoi ? C'est avoir des érections ?

G. L. -c'est and . Cela,

, Dr Lacan-Alors ?

G. L. Eu-un-rêve-de-lévitation,

, Dr Lacan-Oui, racontez

G. L. , étais en train de me masturber, et j'ai eu un déploiement de jouissance extrême ; j'ai eu la sensation de m'élever dans les airs

. Dr-lacan-oui, Dites-moi, qu'est-ce que vous allez faire maintenant ?

G. L. , Je vais continuer à essayer de me soigner, Maintenant ? À court terme ou à long terme ? Dr Lacan-À long terme

G. , Je n'ai aucune idée, je n'ai aucune formulation sur l'avenir

, Dr Lacan-Vous avez des études en train

G. L. ,

, Dr Lacan-Vous êtes pour l'instant travaillant nulle part

G. ,

, Pinel, il faut quand même en sortir un jour. Comment envisagez-vous de reprendre ?

G. L. -si-je-réussis-À-me-désangoisser,-À-trouver-une-possibilité-de-dialogue, il y aura toujours ce phénomène de télépathie qui me nuira, parce que je ne pourrai pas agir, toutes mes actions seront aussitôt reconnues par télépathie, par ceux qui m'entendent, sans m'entendre même... je ne pourrai pas vivre dans la société tant que cette télépathie existera, parce que je ne pourrai pas vivre dans la vie sociale, dans le courant social, sans être prisonnier de cette télépathie. Parce que les gens entendent mes pensées, je ne pourrai pas avoir un travail dans la vie courante

, Dr Lacan-Cela va un peu mieux depuis quand ?

G. L. , Depuis une quinzaine de jours. J'ai eu de nombreux entretiens avec M. Czermak et M. Duhamel, cela m'a un peu débloqué. Mais du fait que mon jardin secret est perçu par certaines personnes, que mes pensées et mes réflexions sont

, Dr Lacan-Votre jardin secret, c'est le cercle solitaire ?

G. , où les réflexions que je peux avoir sur différents sujets, etc. comment pouvez-vous avoir une activité professionnelle si une partie de ceux qui vous entourent perçoivent votre réflexion et sont court-circuités ? Même si on vit d'une manière complétement directe, il y a des choses... si j'étais amené dans un cercle d'études à diriger des gens et que l'on m'entende, cela ne serait pas possible à vivre. Il y a environ un mois, j'étais vraiment très mal. Je restais constamment allongé sur mon lit à dormir. J'étais brisé. J'avais envisagé de me suicider encore une fois, parce que l'on ne peut pas vivre avec cette télépathie, Jardin secret où les réflexions ce sont les images

, Dr Lacan-Qui n'a pas toujours existé ? Les paroles imposées sont d'avant ?

G. L. , Les paroles imposées et la télépathie ont commencé en mars 1974... au moment du délire paranoïde, quand je voulais combattre les fascistes, etc

, Dr Lacan-Au temps où vous voyiez H

G. ,

, Dr Lacan-À ce moment-là, est-ce que vous aviez des phénomènes du genre paroles imposées ou télépathiques ?

G. L. -non, . Ce-n'était-pas, and . Ça, J'ai eu 25 électronarcoses, 13 à N et 12 à 0. Peut-être que cela... je suis angoissé de plus en plus. Je n'arrive plus à me concentrer

, Dr Lacan-C'est ce que vous pensez : votre drame d'être malade, c'est l'électronarcose

G. L. , Ces électronarcoses ont été faites pour me soigner, parce que j'étais vraiment délirant. J'ai passé pas mal de tests dans ma vie, quand ils m'ont amené à la clinique de S., je délirais tellement

. Intellectuellement, entendais des voix qui me posaient des questions sur la France fasciste... j'avais l'impression que j'étais en philo ou en math élém

J. Il and . Bourret, Par pensée, je faisais se tuer Jean-Claude Bourret et Jean R., en s'étranglant l'un l'autre. À ce moment-là... j'avais aussi l'obsession de la fraternité... j'ai été amené à la clinique de S., je répondais par symboles mathématiques. J'avais l'impression qu'on me posait des questions, le directeur me posait des questions. Il fallait que je réponde pour que la France soit sauvée du fascisme. On me posait des questions, et ces réponses, je les donnais très ouvertement ; c'étaient des séries mathématiques ou des symboles poétiques, Je croyais que les fascistes avaient pris le pouvoir et qu'ils avaient pris d'assaut la maison de l'ORTF

, Dr Lacan-Enfin, qui est-ce qui a raison, les médecins ou vous ?

G. L. -je-ne-sais-pas and .. ,

, Dr Lacan-Vous vous en remettez aux médecins

G. L. , Je m'en remets aux médecins, en essayant de conserver mon libre-arbitre

, Dr Lacan-Vous avez le sentiment que vous donnez une place sérieuse au libre-arbitre ; dans ce que vous venez de me raconter, vous subissez, vous subissez certaines choses qui vous échappent

G. L. Oui and M. .. ,

, Dr Lacan-Oui, mais ?

G. L. , Je crois que c'est le problème le plus crucial. Comme je vous l'avais dit au début, c'est que je n'arrive pas à me cerner

. Dr-lacan-bien, Je serais content d'avoir quelques échantillons de vos

G. , De mes écrits ? Dr Lacan-On se reverra dans quelques jours

G. L. Merci and M. ,

. Dr-lacan-quand-on-entre-dans-le-détail, on voit que les travaux cliniques qui sont décrits dans les traités classiques n'épuisent pas la question. J'avais quelqu'un que j'ai examiné, je ne sais quand, il y a un mois et demi, quelque chose comme cela

. Ça and . Une-psychose-lacanienne...-enfin, Ces paroles imposées, l'imaginaire, le symbolique et le réel. C'est même en quoi je ne suis pas très optimiste pour ce garçon. Il a quand même le sentiment que les paroles imposées se sont aggravées, c'est-à-dire que le sentiment qu'il appelle télépathie est un pas de plus. Jusque-là, il se contentait d'avoir des paroles imposées, mais c'est d'ailleurs très spécifiquement ce sentiment d'être aperçu qui le désespère. Je dois dire qu'il n'y a plus moyen de vivre, de s'en sortir. Je ne vois pas du tout comment il va se retrouver. Il y a des tentatives de suicide qui finissent par réussir. Oui. C'est quand