Poétique des strophes de Verlaine : analyse métrique, typographique et comparative - TEL - Thèses en ligne Accéder directement au contenu
Thèse Année : 1996

The Poetics of Verlaine's Stanzas: Metrical, Typographical and Comparative Analysis

Poétique des strophes de Verlaine : analyse métrique, typographique et comparative

Jean-Louis Aroui

Résumé

This Ph-D disseration is primarily the study of Paul Verlaine's stanzas (second half of XIXe century). The analysis is metrical (study of rhymes, etc.), but also typographical. Stanzas used by Verlaine have been coded in a computerized data bank given in the appendices of the dissertation ; they are systematically compared with the uses of earlier poets and with the stanzas of Béranger's songs. A new code for the formalisation of stanzas is proposed, which works with Poetry but also with Songs. Conclusions propose a metrical and cognitive model of the French stanza, based on the theory of prototypes. The appendices contain a glossary, a critical and chronological bibliography on French stanza studies published until 1900, and three data banks (on Verlaine's poems, Béranger's songs and on the stanzas catalogue by Martinon) ; these data banks are given on paper and in a diskette.
Le but principal de la thèse a été d'établir une analyse serrée des formes strophiques et typographiques employées par Paul Verlaine. Pour cela, une étude préalable des théories et méthodes consacrées à la strophe française classique était nécessaire, ce à quoi s'attache la première partie, intitulée " Théories et méthodes dans l'étude de la strophe française ". Le premier chapitre de cette partie propose un langage formel permettant l'encodage des strophes et des couplets de chansons dans des bases de données informatisées. L'encodage des données est la tâche préliminaire nécessaire à tout travail métrique portant sur des corpus importants. Le chapitre suivant est de nature théorique. Y sont présentées les différentes définitions de la strophe qui sont habituellement formulées par les métriciens, et on constate une grande hétérogénéité dans les critères définitoires qui sont avancés. Chacun de ces critères est ensuite discuté. On voit ainsi l'importance de la typographie dans l'appréhension de la métrique des textes. Sans être vraiment de nature métrique en lui-même, le blanc typographique détermine (et facilite) profondément notre perception des régularités métriques dans la poésie écrite. Les rimes sont également un facteur très important, puisque c'est la périodicité des schémas rimiques qui fonde la nature métrique des strophes. De ce point de vue, il faut distinguer les schémas qui mettent en équivalence deux modules rimiques simples (a et a) de ceux qui comportent des modules complexes (ab et ab par exemple). Seuls les seconds font typiquement des strophes. En effet, une strophe typique est formée de modules complexes, c'est-à-dire comprenant chacun au moins deux timbres rimiques différents. Cette complexité modulaire est nécessaire à l'effet d'alternance qui est essentiel au lyrisme français. On arrive ainsi à expliquer pourquoi les distiques (aa), généralement, ne font pas des strophes, alors que les autres formules de rimes en font. Benoît de Cornulier a montré la parenté des (aa) avec les autres schémas de rimes (il y a dans tous les cas une constitution modulaire interne) il est montré ici ce qui les en différencie. D'une manière générale, malgré la structure modulaire et arborescente des strophes françaises, on ne peut se passer de la notion d'alternance en métrique : elle est nécessaire pour expliquer des phénomènes aussi fréquents que l'alternance en genre ou l'alternance réglée, dans un même texte, de deux formes strophiques différentes, phénomènes qui échappent à l'arborescence simple (des strophes alternes rimées en (abba) ne forment pas des superstrophes FMMF MFFM, comme le prouve la possibilité d'un nombre total de strophes impair). Ce chapitre consacré à la théorie des strophes fait aussi une présentation critique des modèles de Martinon, Mazaleyrat et Cornulier. La seconde partie de la thèse, " Quantains, typographie et macrostructures chez Verlaine ", est consacrée à l'étude des strophes verlainiennes, sur la base des principes qui ont été posés dans la première partie (pertinence du paramètre typographique, constitution modulaire des strophes). Chaque forme employée par Verlaine est replacée dans son histoire, du Moyen-Âge jusqu'à la fin du XIXe siècle, et comparée aux usages propres à la chanson. Cette approche historique des formes strophiques a été rendue possible par l'élaboration de trois bases de données, consacrées respectivement aux Œuvres poétiques complètes de Verlaine, aux Chansons complètes de Béranger (corpus choisi comme témoin des pratiques métriques des chansonniers), et au Répertoire général de la strophe française de Martinon (1911). Ont été aussi exploités systématiquement les travaux métriques de István Frank (sur les troubadours), de Mölk & Wolfzettel (sur les trouvères), de Chatelain (sur les formes du XVe siècle), de Laumonier (sur Ronsard et son époque), de Fromilhague (sur Malherbe et son époque), et les relevés métriques établis par divers collaborateurs du Centre d'Études Métriques de l'Université de Nantes (sur Malherbe, Saint-Amant, Viau, Tristan, Desbordes-Valmore, Lamartine, Hugo, Gautier, Baudelaire, Rimbaud, Laforgue). Outre les formes strophiques proprement dites, cette partie de la thèse étudie les usages typographiques de Verlaine en matière de "parastrophes", c'est à dire de groupes de vers démarqués par des blancs, les vers eux-mêmes pouvant être segmentés (coupés sur deux ou plusieurs lignes) et les groupes de vers pouvant être rassemblés dans des groupes de dimension supérieure, des "superparastrophes", notamment au moyen de pointillés. Ce travail a été fait à partir d'une exploitation systématique des éditions originales et des manuscrits disponibles. La partie analytique est aussi l'occasion, à maintes reprises, de discussions théoriques sur des formes particulières. Par exemple, l'analyse en strophe "centaure" du septain (ababccb) par Cornulier est mise en doute par la possibilité d'une analyse trimodulaire, ceci sur la base d'arguments cognitifs (dans de nombreuses formes métriques -- et parfois non métriques -- l'élément plus long est généralement placé après : cf. le décasyllabe 4-6, le dizain classique, etc.). La troisième partie de la thèse tire des conclusions sur les strophes de Verlaine, et fait quelques propositions théoriques sur la strophe française classique en général. Les parastrophes de Verlaine, qui apparaissent dans plus de 10 % de ses poèmes, ont une fonction tantôt paragraphique, tantôt de clausule. Elles ont généralement une unité syntactico-sématique, comme les paragraphes de la prose, mais les clausules sont parfois sujettes à un "enjambement" avec le groupe précédent ; la parastrophe reste donc une forme poétiquement marquée. Au niveau des strophes, est montrée la nécessité d'étudier des formes généralement ignorées des métriciens, en particulier le monostiche. Celui-ci peut être périodique (et alterner avec d'autres types de quantains), et peut être une clausule, métrique ou parastrophique. La clausule métrique apparaît comme une forme intermédiaire des deux autres : formellement, elle est une unité métrique autonome (elle scande la borne inférieure du texte), fonctionnellement, ele joue le même rôle de clausule que le monostiche parastrophique. L'originalité du distique strophique (démarqué par des blancs) tient chez Verlaine à la variété des mètres utilisés. Les tercets sont tantôt rimiquement autonomes, tantôt enchaînés, tantôt vont par paire. Au niveau du quatrain, Verlaine se distingue par un emploi abondant du quatrain embrassé, habituellement beaucoup plus rare que son comparse croisé. Les poèmes en quintils sont rares mais de forme extrêmement variée. On constate aussi une recherche de formes originales avec le sizain, même si la forme classique (aabccb) est largement majoritaire. C'est à partir du sizain que Verlaine commence à respecter ce que l'on appelle traditionnellement la "césure strophique", c'est-à-dire une tendance au marquage des frontières modulaires par des frontières syntactico-sémantiques. Les strophes de plus de six vers ont été rarement employées par Verlaine. La conclusion consacrée à la strophe française classique en général montre que la variété des paramètres constitutifs de la strophe, et la nature perceptive de celle-ci (la métrique ne se préoccupe au fond que de phénomènes de perception) rendent possible une approche "prototypique" de la strophe française classique. On voit ainsi très bien quelles sont les formes qui se raprochent le mieux du prototype, et celles qui s'en éloignent. Cette approche cognitive est possible à la condition de ne pas oublier que les objets métriques ont aussi un aspect culturel : une loi cognitive telle que la "loi du moindre effort" (Grimaud/Baldwin) est sans doute mobilisée dans la tradition des strophes françaises, mais est absente d'autres traditions (troubadours, Grands Rhétoriqueurs, poésie scaldique...). Le tome 2 de la thèse comprend les annexes : un glossaire des termes techniques, une " Bibliographique critique et chronologique des études sur la strophe française publiées depuis 1900 ", et les trois bases de données consacrées à Verlaine, Béranger et Martinon (à la fois sous forme imprimée et sous forme de fichiers informatiques insérés dans une disquette).

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tel-00728377 , version 1 (05-09-2012)

Identifiants

  • HAL Id : tel-00728377 , version 1

Citer

Jean-Louis Aroui. Poétique des strophes de Verlaine : analyse métrique, typographique et comparative. Linguistique. Université Paris VIII Vincennes-Saint Denis, 1996. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-00728377⟩
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