Les traditions techniques lithiques à l'Épigravettien: Analyses de séries du Tardiglaciaire entre Alpes et Méditerranée - TEL - Thèses en ligne Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2004

Les traditions techniques lithiques à l'Épigravettien: Analyses de séries du Tardiglaciaire entre Alpes et Méditerranée

Résumé

Since the 1960s, the Italian lithic collections have been approached mainly on the basis of an analysis grid worked out by G. Laplace (1964). This method, aiming at a classification of retouched tools by types, allowed to produce a first evolutionary framework for the lithic industries discovered in the Italian peninsula, and especially so for the post-LGM phase: the Epigravettian (20.000 - 10.000 BP). Our analysis focuses on the technical traditions of lithic production which characterise the epigravettian human groups, which peopled the Southern Alps and Venitian Prealps (Italy) during the Lateglacial (Montoya 2004). Two reference collections were used as a basis for this study: the lithic collection of Saint Antoine - Vitrolles from the French Southern Alps and Val Lastari from Venetian Prealps in Italy. To supplement these analyzes, some technical elements of comparison were required in other lithic series from Venetian Prealps: the Tagliente shelter, the Villabruna shelters and the Dalmeri shelter.Contrarily to the previous linear model of evolution, our study highlights many technical transformations which took place within the lithic production system, and also changes within the artistic expression of portable art. The analysis of the methods and knapping techniques used to produce tools blanks and armatures between 14.000 and 10.000 BP (uncalibrated, as the following dates) suggests a progressive simplification, in three steps, of lithic production concepts. Through time, there is a reduction in the number of chaîne opératoire methods. During the earliest phase (before 13.000 BP), four different chaînes opératoires are performed to produce four different objectives of débitage (two ranges of bladelets, blades and laminar flakes), each following a specific method. While four different chaînes opératoires could also be used during the second phase (13.000 – 11.250 BP), only two methods were actually followed to produce four ranges of blanks: a method for both bladelets and large bladelets, and a ‘facial' method for both blades and laminar flakes. This concept of “facial” débitage for the production of blades is quite original. Following this method, the knappers combined strong technical constraints, which made it possible to produce broad and robust blanks, with important sharp properties. During the third and last phase (11.250-10.000 BP) only one and single method of débitage was used to obtain the whole desired set of blanks (blades, bladelets, flakes).
In parallel with the simplification of the methods of lithic production, transformations also occur in portable art, in technique as well as in style. We highlight two different styles of pictorial representation. The earliest, dating back to the end of the old Dryas (before 13.000 BP), is a naturalist style. The artist reproduces accurately anatomical details and proportions. From 12.000 BP onwards, we note a loss of exactitude and precision, with more abstract figures, and sometimes even with schematic ones. The changes occurring in both the technical and the artistic field reflect changes in the social structure of the Lateglacial human groups.
Depuis les années 1960, les collections lithiques italiennes sont abordées principalement sur la base d'une grille d'analyse, élaborée par G. Laplace (1964). Cette méthode, portée sur le classement par types des différents outils retouchés, permis de poser un premier cadre évolutif des différentes industries lithiques mises au jour dans la péninsule italienne et en particulier de sa phase post-glaciaire : l'Epigravettien (20 000- 10 000 B.P.). Notre analyse s'est portée sur les traditions techniques lithiques des groupes humains épigravettiens des Préalpes du Sud françaises et de Vénétie (Italie) au Tardiglaciaire (Montoya, 2004). Deux collections de référence ont servi de base à cette étude : la collection lithique de Saint Antoine – Vitrolles dans les Alpes du Sud françaises et celle de Val Lastari dans les Préalpes de la Vénétie en Italie. Pour compléter ces analyses, des éléments techniques de comparaison ont été recherchés dans d'autres séries lithiques des Préalpes italiennes : l'abri Tagliente, les abris Villabruna et l'abri Dalmeri. Contrairement au modèle d'évolution linéaire des industries en vigueur avant cette analyse, notre étude a mis en évidence de nombreuses transformations techniques qui se sont opérées à l'intérieur du système de production lithique et dans une moindre mesure, des changements au sein de l'expression artistique des œuvres d'art mobilier. Les analyses des méthodes et techniques de débitage des supports d'outils et d'armatures ont révélé entre 14 000 et 10 000 BP (non Cal.) une simplification progressive, en trois étapes, des concepts de production lithique des sociétés épigravettiennes. On observe ainsi en diachronie une réduction du nombre de chaînes et de schémas opératoires mis en œuvre. Dans la plus ancienne phase (antérieure à 13 000 BP), les quatre objectifs de débitage identifiés (deux gammes de lamelles, lames, éclats laminaires) sont produits à partir de quatre chaînes opératoires disjointes mises en œuvre chacune, avec un schéma spécifique. Si quatre chaînes opératoires distinctes ont pu être déterminées au cours de la seconde phase (13 000- 11 250 BP), les artisans épigravettiens ont employé seulement deux schémas pour l'obtention de quatre gammes de supports : une méthode pour le débitage de lamelles et de grandes lamelles, et un schéma « facial » pour la production de lames et d'éclats laminaires. Ce concept de débitage « facial », révélé pour le débitage des lames, apparaît comme très original. Lors de l'application de ce schéma, les tailleurs ont conjugué de fortes contraintes techniques qui ont permis de produire des supports larges et robustes avec d'importantes propriétés tranchantes. La dernière étape (11 250–10 000 BP) de cette évolution des concepts de débitage épigravettien est marquée par l'utilisation d'un seul et unique schéma opératoire pour obtenir l'ensemble des supports désirés (lames, lamelles, éclats).
A cette simplification des méthodes de taille, s'opère en outre en parallèle des transformations dans les techniques et les modes d'expressions de l'art mobilier. Nous avons ainsi pu mettre en évidence l'existence de deux styles différents de représentations picturales. Le plus ancien, daté de la fin du Dryas ancien (antérieur à 13 000 BP), fait référence à un style naturaliste. A ce titre, les traits de l'artiste semblent reproduire fidèlement la réalité en insistant sur certains détails anatomiques et en conservant le mieux possible les proportions du sujet. A partir de 12 000 BP, on observe une perte de l'exactitude et de la précision lors de la représentation des sujets, avec des figures plus abstraites parfois même schématisées. Ces modifications observées dans les domaines techniques et artistiques témoignent des nombreux bouleversements qui ont affectés la structure des sociétés fossiles tardiglaciaires.
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Dates et versions

tel-00273284 , version 1 (14-04-2008)

Identifiants

  • HAL Id : tel-00273284 , version 1

Citer

Cyril Montoya. Les traditions techniques lithiques à l'Épigravettien: Analyses de séries du Tardiglaciaire entre Alpes et Méditerranée. Anthropologie sociale et ethnologie. Université de Provence - Aix-Marseille I, 2004. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-00273284⟩
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