4.5 Conclusion

Nous avons présenté dans ce chapitre le système SVALABARD, un outil de dessin pour la modélisation 3D dans un contexte de conception créative. Sa réalisation met en œuvre les lignes directrices que nous avions proposé dans le chapitre précédent. Ainsi, le mode de communication choisi entre l'homme et la machine est le dessin libre. Mais plus qu'un simple interpréteur de dessins, nous avons montré que la conception même de SVALABARD est axée sur un approche globale d'intégration de l'outil logiciel dans le processus créatif.

C'est pourquoi nous avons proposé une métaphore de table à dessin virtuelle, prenant sa source dans:

  1. le concept original des feuilles d'interaction: chacune de ces feuilles d'interaction évoque un niveau sémantique du dessin de conception (spéculatif, prescriptif et descriptif), leur association créant un lien entre ces trois modes. La feuille de dessin, associée à son espace d'interaction (tablette écran), permet le dessin libre et spéculatif, avec des outils inspirés des méthodes habituelles (calques pliables, brosses de dessin). La feuille augmentée, associée à la tablette standard, présente l'interprétation géométrique du dessin et offre des interactions permettant la saisie de données précises sur les éléments du dessin. La feuille 3D, enfin, est le support de présentation de l'objet créé, permettant sa visualisation en trois dimensions et sa présentation. Le comportement de ces feuilles inscrit l'utilisateur dans une démarche non guidée, tout en offrant, par leur superposition graphique, une vision globale du projet et de sa compréhension par le système.
  2. l'utilisation de périphériques d'entrée non-standard: employés dans un modèle d'interaction instrumentale et au maximum de leurs possibilités, ils permettent une réalisation efficace de la manipulation directe. Cela permet alors une vision claire et non ambiguë des possibilité du système, tout en procurant des interactions naturelles (basées sur le dessin et l'interaction bimanuelle).
Nous pensons que cette approche permet alors de qualifier un tel système d'outil de conception.

Nous avons aussi proposé des filtres de traitement en temps réel du dessin en perspective, des interpréteurs permettant de déterminer la structure du dessin. Reprenant en partie des traitements éprouvés, nous y avons toutefois introduit des algorithmes originaux permettant leur adaptation au dessin d'architecture en perspective: la détection des phases de dessin et la fusion de segments. Ces deux traitements permettent l'interprétation de dessin libre et ont des répercussions importantes sur le système. Ils permettent en effet de ne pas contraindre le dessin à réaliser par l'utilisateur, de ne pas trop orienter sa démarche par la finalité du système, en prenant en compte les spécificités du dessin de conception (révisions de traits, détails et environnement, traits de construction).

Enfin, plus qu'une application, SVALABARD peut être vu comme une architecture modulaire pour un système d'aide à la conception, pouvant être amélioré et configuré selon les besoins. C'est un système ouvert, à tous les niveaux: interactions, comportements et filtres de dessin.

Dans le prochain chapitre, le dernier de cette partie, nous identifions les apports essentiels de notre approche, ainsi que les points indispensables à sa finalisation (modules à rajouter et évaluation). Nous analyserons alors ses forces et ses faiblesses, et tenterons de répondre aux questions plus générales qu'elle soulève.

stuf
2005-09-06