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21èmes Rencontres Jeunes Chercheurs (RJC 2018)

« Des données à la théorie en Sciences du Langage »
31 mai et 1er juin 2018
Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

 

Créées en 1998, les Rencontres Jeunes Chercheurs de l’École Doctorale « Langage et langues » (ED 268, Université Sorbonne Nouvelle) offrent la possibilité aux chercheurs en formation, inscrits en Doctorat ou en Master Recherche, ainsi qu’aux jeunes docteurs, de présenter leurs travaux sous forme de communication orale ou de poster. Le thème de cette année, « Des données à la théorie » s’intéressera à différents aspects de l’élaboration des recherches en linguistique.

Qu’elles soient recueillies en situation expérimentale, écologique ou issues de corpus de diverses origines, les données ont la part belle dans les recherches en sciences du langage : la théorie est souvent définie comme une description cohérente et efficace de données. Ainsi, l’activité de recherche pourrait se décrire comme une succession d’étapes allant de la récolte de données à leur traitement selon une théorie appropriée. L’étude de nouvelles données peut donc permettre de renforcer certaines théories, ou au contraire de les remettre en question, voire de les réfuter complètement. En effet, la force d’une théorie scientifique dépend de sa réfutabilité par de nouvelles données, comme le démontre Karl Popper1. Par exemple, on voit comment Greenberg2 a défini des “universaux du langage” en se basant sur un échantillon de langues (par exemple 30 en 1963). Par la suite, la prise en compte de nouvelles données, la description de nouvelles langues ont remis en cause la notion d’universel telle que posée par Greenberg. On parle à présent plutôt de tendances que d’universaux absolus.

 Cependant, le recueil et la sélection des données posent tous deux de nombreuses difficultés d’ordres épistémologiques et méthodologiques. Il s’agit d’adopter une méthode en lien avec les objectifs de la recherche tout en tenant compte des contraintes et problématiques propres aux sciences humaines et sociales.

Celles-ci comprennent entre autres les questions du naturel des données, de la mise en parallèle de données (par exemple l’appariement de groupes), et de l’utilisation de données qui n’ont pas été récoltées par le chercheur lui-même

Lors de l’analyse elle-même, les théories adoptées par le chercheur constituent un biais inévitable dans le traitement des données. En histoire des théories linguistiques, ces questions épistémologiques tiennent une place centrale. Cette discipline étudie entre autres le traitement des données empiriques du langage par les grammairiens et les linguistes à des périodes différentes, en montrant par exemple comment les premières descriptions des langues européennes se sont opérées par un transfert théorique du modèle gréco-latin (Auroux 1994)3.

Aujourd’hui, les études quantitatives, la linguistique expérimentale et le recours aux statistiques tentent de réduire le biais lié à la subjectivité du chercheur (échantillons plus larges, protocoles stricts, calculs des marges d’erreur...), grâce au développement de l’informatique : constitution de grands corpus oraux et écrits (CIEL-F, CFPP, etc.) et développement de nombreux logiciels de traitement des données (Praat, R, LeTrameur, Toolbox, etc.). Ces nouvelles méthodes impliquent un rapport aux données totalement différent de celui des études qualitatives plus anciennes, et ont elles-mêmes leurs limites : par exemple les erreurs de transcriptions d’un manuscrit ancien peuvent entraîner des interprétations erronées s‘il n'y a eu aucune lecture du texte source. De manière générale, l’analyse de données par des chercheurs qui n’ont pas participé à leur constitution, et qui ignorent parfois le contexte de recueil des productions, peut poser quelques problèmes pour leur interprétation.

De fait, l’articulation entre les données et la théorie ne s’avère pas toujours aller de soi, le chercheur doit sans cesse questionner la théorie à travers ses analyses et résultats. Tous ces questionnements seront au cœur des discussions de cette 21ème édition des Rencontres Jeunes Chercheurs. Outre les exemples sus-cités, tous les champs disciplinaires en sciences du langage sont bienvenus.

Océane Advocat nous propose la constitution d’un corpus d’entretiens médicaux et d’entretiens cliniques avec des psychanalystes où la réalisation d’une recherche de terrain de ce type donne lieu à la production de données qui entrent parfois difficilement dans certaines catégories définies en sciences humaines, telles que dans les dichotomies entre théories et données, et entre données écologiques et expérimentales.

Christine Chabot traite de la suffixation dite « facultative » du génitif –ŭi du coréen moderne, et a pour but de démontrer que les théories précédentes sur la suffixation facultative ne suffisent pas à expliquer la possible omission du génitif. Elle souhaite démontrer que les théories se basent non seulement sur des données, mais aussi qu’elles peuvent être complétées ou enrichies à la lumière de données nouvelles, et qu’un corpus construit spécifiquement dans le but de répondre à une question théorique est un outil indispensable dans ce type d’étude.

Jeanne Disdero-Lee aborde la définition la définition du protocole de recherche appliqué à une étude de cas concernant un petit échantillon d’étudiants en dernière année de Master dans le domaine de l’enseignement de l’interprétation simultanée vers la langue B par une analyse issue du cadre conceptuel du Modèle d’efforts de D. Gile.

Massinissa Garaoun cherche à développer la description formelle des emprunts de préfixes nominaux morphologique au berbère, en observant leurs occurrences auprès de deux parlers appartenant à l'aire dialectale jijélienne : celui du centre-ville de Jijel (la Citadelle), et celui de la confédération bilingue (arabe - berbère) des Bni Mâad de Ziama-Mansouriah.

Yulia Perova Nouvelot analyse les erreurs dans les constructions avec la préposition na dans les travaux écrits des étudiants francophones apprenant le russe. Cette étude s’appuie sur les données du corpus numérique Russian Learner Corpus et vise à identifier les erreurs les plus fréquentes ainsi que les sources possibles de leur apparition.

Émilie Riguel apporte un nouvel éclairage sur l’acquisition et l’usage du placement de la particule adverbiale au sein des phrasal verbs transitifs directs chez le jeune enfant anglophone. Les analyses effectuées dans cette étude s’appuient sur les données longitudinales du discours oral spontané de deux enfants unilingues anglophones.

L’étude de Minjing Zhong est centrée sur la reconstitution de l’écriture en temps réel avec le logiciel GenoGraphiX qui enregistre et visualise le processus de la rédaction dans le cadre de la génétique textuelle avec un corpus composé de textes écrits en français par des étudiants chinois ayant fait des études universitaires en France.

Directrices de rédaction

Julie Marsault, Nadia Bacor

Comité de rédaction

Nadia Bacor, Vanda Enoiu, Julie Marsault, Muhammed Hussein Mousavinasab, Pierre Vermander, Benoit Vezin

Comité scientifique

Martine Adda-Decker, Jose Aguilar, Angélique Amelot, Nicolas Aubry, Nicolas Audibert, Jacqueline Authiez-Revuz, Michelle Auzanneau, Jean-Claude Beacco, Irmtraud Behr, Tiphanie Bertin, Violaine Bigot, Philippe Boula de Mareuil, Cédric Brudermann, Maria Candea, Mariella Causa, Jean-Louis Chiss, James Costa, Lise Crevier-Buchman, Jacques David, Jeanne-Marie Debaisieux, Matteo De Chiara, Didier Demolin, Martine Derivry, Claire Doquet, Serge Fleury, Cécile Fougeron, Jean-Marie Fournier, Cédric Gendrot, Kim Gerdes, Daniel Gile, Luca Greco, Yana Grinshpun, Jean-Patrick Guillaume, Olivier Halevy, Pierre Halle, Rouba Hassan, Frederic Isel, Guillaume Jacques, Takeki Kamiyama, Dominique Klingler, Marie-Christine Lala, Florence Lefeuvre, Dominique Legallois, Cécile Leguy, Suzanne Mauduit-Peix, Aliyah Morgenstern, Catherine Muller, Samia Naïm, Jean-Paul Narcy-Combes, Gabriella Parussa, Marie-Anne Paveau, Claire Pillot-Loiseau, Konstantin Pozdniakov, Christian Puech, Nicolas Quint, Sandrine Reboul-Touré, Rachid Ridouane, Anne Salazar Orvig, Didier Samain, Dan Savatovsky, Valérie Spaëth, Sofia Stratilaki, Isabelle Tellier, Pierre-Yves Testenoire, Cécile Van den Avenne, Georges-Daniel Véronique, Patricia Von Münchow, Corinne Weber, Naomi Yamaguchi

Comité d’organisation des RJC 2018

Nadia Bacor, Camille Dupret, Vanda Enoiu, Auphélie Ferreira, Amal Khaleefa, Mezane Konuk, Julie Marsault, Sara Mazziotti, Masud Mohammadirad, Amelia Pettirossi, Pierre Vermander, Benoît Vezin.