Le cas des Druzes en Israel
Les Maîtres du secret. L'identité communautaire et ses manifestations au Proche-Orient
Résumé
The Druze community certainly stands as one of the most fascinating Middle-Eastern religious minority. For long, the secrecy of their religious beliefs has stirred the imagination of western travelers and caused accusations from their neighbors. Today, the Druze community is split between Lebanon, Syria, and Israel. One is prone to question their communal political line for they never claim nationalism nor a recognition of their particular. Instead, each local community seems to have developed a different way to relate to the authority of the State they happen to belong to. This thesis offers a thorough exploration of the social organization of the Druze in Israel. It argues that the specific play between the mundane realm and the religious organization based on initiation and encompassing forms of ascetism allows a very specific way to exist in a modern and somehow alien state, while retreating inside its own identity and territorial belonging (a cluster of villages in the northern slope of Galilee). This thesis also demonstrates that religion is not a mere question of beliefs, dogma or law, but rather a matter of everyday interactions where the religious references literally woven the entire social structure. Very different in this regard from their neighbors who invests ritual of commemoration and foundation and develop elaborated exegesis of their sacred texts, the Druzes value repeated mundane actions performed by their members to perpetuate their identity.
La communauté druze est l'une des minorités religieuses les plus fascinantes du Proche-Orient. Longtemps le caractère secret de leur religion a alimenté les fantasmes des voyageurs occidentaux et suscité accusations et pamphlets de la part de leurs voisins arabes. Aujourd'hui, cette minorité répartie entre le Liban, la Syrie et Israël soulève des interrogations plus politiques puisque loin d'avoir formulé des revendications à caractère nationaliste, chaque communauté a développé une attitude distincte vis-à-vis de l'Etat dans lequel elle est insérée. Cet ouvrage, qui propose une analyse de l'organisation sociale dans la communauté druze israélienne, renouvelle les perspectives d'étude sur les minorités religieuses au Proche-Orient en montrant comment il est possible de constituer et de perpétuer une spécificité sans revendiquer une identité nationale. Le caractère novateur de ce travail est d'avoir reconsidéré les relations entre le politique et le religieux dans cette communauté en soulignant qu'il n'y a ni une simple séparation, ni au contraire une totale imbrication entre ces deux domaines, mais des formes d'interconnexion qui varient selon le niveau de réalité dans lequel elles se manifestent. Si au niveau local, les hommes politiques et les personnages religieux se distinguent, au niveau global de la communauté, un seul personnage, le chef spirituel détient à la fois une fonction religieuse et une fonction politique qui lui permet de définir les limites de sa communauté et d'en être le guide. Le grand intérêt de cette contribution est aussi de montrer que la religion n'est pas simplement affaire de croyance , de dogme ou de Loi, mais qu'elle s'inscrit dans des structures d'interaction sociale. A la différence d'autres religions communautaires qui jouent sur les rites commémoratifs de leur fondation et qui développent des exégèses élaborées sur les textes sacrés, la religion druze privilégie l'action répétée de ses membres comme mode de perpétuation de son identité.
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